Bien que Madagascar dispose de 4.500 km de côtes, moins de la moité seulement offre la possibilité d'une exploitation rentable par chalutage. Les fonds de pêche peuvent être divisés en trois ensembles géographiques : les zones Nord-Ouest, les zones Sud-Ouest et les zones Est. Les zones de chalutage sont surtout concentrées le long des côtes Nord-Ouest et Ouest, c'est à dire entre le Cap Saint Sébastien au Nord et la région de Morombe au Sud. En fonction des potentialités des différents fonds ou des prises maximales équilibrées, la côte occidentale a été subdivisée en 10 zones de chalutage ou d'aménagement. Depuis la campagne 1989, la côte Est a étéeégalement subdivisée en 4 zones. Le potentiel des crevettes exploitable par les chalutiers industriels est estimé à 8.000 tonnes environ. La plus grande concentration des crevettes (65% du potentiel) se trouve dans la partie Nord-Ouest de Madagascar (zones l à VI) qui ne constitue que moins d'un quart de la côte malgache.
Zone | Délimitation | Potentiel exploitable (tonne) |
---|---|---|
I | Entre le Cap Saint Sébastien au Nord et la pointe d'Angadoka au Sud | 1.600 |
II | Baie de Narindra | 760 |
III | Baie de Mahajamba | 320 |
IV | Entre l'embouchure de Mariarano au Nord et le phare de Katsepy au Sud | 310 |
V | Entre le phare de Katsepy au Nord et le Cap d'Amparafaka au Sud | 910 |
VI | Entre le Cap d'Amparafaka au Nord et Nosy Voalavo au Sud | 1.270 |
VII à X | Au Sud de Nosy Voalavo | 2.500 |
XI à XIV | Entre le Cap d'Ambre au Nord et Mahanoro au Sud | >300 |
I à XIV | environ : | 7.970 tonnes |
Source: Rapport d'activités 1990 de la DPA.
La flotte des chalutiers industriels crevettiers de Madagascar est passée en 23 ans de 7 à 49 bateaux. Durant cette même période les captures en crevettes se sont développées de 775 tonnes à 7.000 tonnes environ. Actuellement, la pêche industrielle est réalisée par 6 sociétés :
la Société Malgache de Pêcherie (SOMAPECHE), à Mahajanga et qui fonctionne depuis 1967 (date à laquelle a débuté l'exploitation industrielle des ressources crevettières). Elle utilise 16 chalutiers opérant dans les zones II à X ;
les Pêcheries de Nossi-Be (PNB), créées en 1970 à Nosy-Be et qui opèrent actuellement avec 16 bateaux oeuvrant dans la zone l et les zones VI à X ;
la Société des Pêcheries du Boina (SOPEBO), basée à Mahajanga et qui provient de la conversion en 1982 de l'ex-FAMAKO créée en 1974. Elle exploite 12 chalutiers dans les zones II à X ;
la REFRIGEPECHE-EST créée en 1982, basée à Toamasina et qui dispose de 2 chalutiers opérant dans les zones XII à XIV ;
Chalutier industriel crevettier
la REFRIGEPECHE-OUEST, installée à Mahajanga en 1987 et qui exploite 2 chalutiers opérant dans les zones VII à X ;
le Groupe KALETA qui arme un chalutier travaillant dans les zones VII à X. II a commencé ses activités en octobre 1990.
Chacune de ces sociétés possède ses propres équipements et installations à terre qui reçoivent et traitent les prises des chalutiers.
La flotte de pêche, actuellement au nombre de 49 chalutiers de 150 à 1.250 CV, est composée de deux types de chalutiers (voir tableau 12) :
les chalutiers glaciers, qui ne sont pas équipés de moyen de réfrigération à bord et qui utilisent de la glace pour le stockage des produits ; leur autonomie ne dépasse pas 12 jours.
les bateaux congélateurs qui effectuent des marées de 20 à 30 jours, ayant un moteur de puissance plus élevée que celui des glaciers et qui sont équipés de moyen de congélation.
Depuis 1980, le nombre global des chalutiers augmente lentement compte-tenu de la mesure prudente prise par l'administration pour limiter l'effort de pêche. Mais parallèlement on note à partir de 1984 une extension de l'exploitation avec le renouvellement des anciens bateaux, la rénovation des équipements et des installations. Si en 1980 les bateaux congélateurs de 25 mètres environ jugés plus rentables ont dominé à 47,5%, leur pourcentage a diminué progressivement, essentiellement au profit des bateaux congélateurs de plus de 25 mètres et ceci est lié au développement de l'exploitation des zones Sud du Cap Saint André.
Bateaux | 1980 | 1985 | 1990 | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Type | Lht | C V | Nb | % | Nb | % | Nb | % |
Congélateur | >25 m | >500 | 6 | 15,0 | 18 | 39,1 | 22 | 44,9 |
Congélateur | 25 m | 500 | 19 | 47,5 | 10 | 21,7 | 7 | 14,3 |
Glacier | >25 m | >500 | 15 | 37,5 | 18 | 39,1 | 20 | 40,8 |
TOTAL | 40 | 100,0 | 46 | 100,0 | 49 | 100,0 |
Sources: Rapport de terrain No 13 et Rapport d'activités 1990 de la DPA.
L'engin utilisé est le chalut à panneaux dont la forme et la taille diffèrent suivant les navires et les armements. La technique de chalutage qui domine actuellement est celle du type «Floridien» à double tangons.
Chalutier à tangons
Source : Anonyme, (1986).
La capture annuelle des sociétés industrielles tourne autour de 7.000 tonnes (tableau 13), chiffre avoisinant la prise maximale équilibrée. En 1990, la capture totale était de 6.967 tonnes. Cette capture est en légère baisse par rapport à celle de 1987 et 1988 (respectivement 7.855 t et 7.163 t). Sur la même période, l'effort de pêche a augmenté régulièrement, passant de 226 × 103 à 252 × 103 HPP. La baisse des captures peut s'expliquer en partie par la fluctuation normale des stocks exploités. Mais on ne peut pas écarter le fait que cette baisse indique un signe de surexploitation de certaines zones de pêche car on observe une baisse de rendement de production par heure de chalutage : en 1990 le rendement descendait jusqu'à 27,6 kg/h, tandis que pour les années précédentes il oscillait entre 33 et 35 kg/h. Il faudrait attendre les résultats des prochaines campagnes pour mieux cerner les facteurs et les raisons de cette baisse de production. Sil'on se base sur le principe fondamental de la dynamique des stocks exploités, on peut déduire que le niveau d'exploitation actuel avoisine la limite optimale et que toute augmentation inconsidérée de l'effort appliqué entra înerait des effets indésirables tant sur le volume de capture que sur le rendement horaire moyen et par conséquent affecterait la rentabilité des opérations.
Zone | Potentiel | Année | ||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Efforts | Tonnage | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | |||||||
E | C | E | C | E | C | E | C | E | C | E | C | |||
I | 70 | 1.600 | 27,5 | 1.237 | 28,8 | 1.458 | 24,5 | 1.919 | 24,7 | 1.484 | 25,0 | 1.459 | 26,7 | 1.575 |
II | 13 | 760 | 17,5 | 751 | 18,3 | 610 | 17,5 | 795 | 16,5 | 620 | 22,9 | 613 | 23,8 | 723 |
III | 4 | 320 | 10,8 | 350 | 7,7 | 360 | 7,0 | 324 | 5,4 | 374 | 8,3 | 355 | 9,0 | 366 |
IV | 6 | 310 | 10,3 | 341 | 10,7 | 431 | 10,1 | 530 | 7,1 | 350 | 8,3 | 429 | 8,6 | 349 |
V | 50 | 910 | 16,5 | 457 | 19,5 | 581 | 26,2 | 937 | 19,5 | 505 | 19,6 | 547 | 19,3 | 614 |
VI | 80 | 1.270 | 20,2 | 596 | 25,8 | 751 | 30,5 | 906 | 35,0 | 951 | 42,4 | 979 | 41,3 | 1.043 |
VII à X | 80 | 2.500 | 76,9 | 2.359 | 85,8 | 2.657 | 84,3 | 2.308 | 93,6 | 2.748 | 101,1 | 2.410 | 101,3 | 2.108 |
XI à XIV | 20 | 300 | 5,6 | 67 | 8,3 | 75 | 26,1 | 135 | 15,1 | 131 | 20,8 | 171 | 22,4 | 189 |
TOTAL | 323 | 7.970 | 185,3 | 6.158 | 204,8 | 6.923 | 226,2 | 7.855 | 218,0 | 7.163 | 248,4 | 6.963 | 252,4 | 6.967 |
E = Effort : × 1.000 HPP (heures de pêche pondérées)
C = Capture : tonne
Sources: Rapports d'activités 1989 et 1990 de la DPA.
La première évaluation du stock a été réalisée par J. Marcille en 1978. Un système d'aménagement de la pêcherie industrielle crevettière était mis en place, basé sur le principe d'ajuster l'effort de pêche à l'optimum préconisé, puis d'étudier les éventuelles réactions de ces stocks pour pouvoir identifier les mesures d'aménagement acceptables. L'unité d'effort retenue est l'heure de pêche effective d'un chalutier glacier de 160–170 CV. Une relation entre la puissance motrice des navires et leur rendement par heure de chalutage a été retenue pour servir de base de détermination du rapport entre les différents navires et le navire de référence.
Les espèces capturées sont par ordre d'importance :
- Penaeus indicus | ou “White” (80% environ de la capture) ; |
- Penaeus semisulcatus | ou “Tiger” |
- Metapenaeus monoceross | ou “Pink”, ou “Calendre” ; |
- Penaeus japonicus | ou “Tiger” ; |
- Penaeus monodon (camaron) | ou “Flower”. |
Le cycle de vie de la crevette
Source : Anonyme, (1991).
La côte occidentale a été subdivisée en dix zones de chalutage et la côte orientale en quatre zones. Alors que le découpage de la côte Est a été fait dans l'optique de collecter des données statistiques de pêches dans la région, le découpage de la côte Ouest avait pour but, outre la collecte des données assez fines de statistiques, une meilleure gestion des stocks. Cinq des zones de cette côte sont attribuées à partir de 1986 en exclusivité à trois sociétés industrielles des pêches, tandis que les zones VII à X sont exploitées en commun par cinq sociétés (PNB,SOMAPECHE, SOPEBO, REFRIGEPECHE-OUEST et KALETA).
Les mesures d'aménagement en vigueur concernent une limitation du nombre et de la puissance motrice des chalutiers industriels engagés dans cette pêcherie. Compte-tenu de la potentialité de chaque zone, les efforts de pêche sont ajustés à un certain niveau permettant à la fois l'exploitation optimale des ressources et celle des moyens disponibles. Les interventions sur la régulation de l'effort de pêche se situent à 3 niveaux :
la caractéristique technique des engins : la dimension des mailles d'un filet est fixée à 20 mm étirée minimum et la longueur totale de corde de dos de chalut d'un bateau ne doit pas dépasser 77 m.
le nombre de licences attribuées : toute nouvelle acquisition ou construction de chalutier nécessite l'avis préalable de la Commission interministérielle des pêches maritimes. Il appartient à cette dernière de faire l'analyse de toute nouvelle demande, en se référant aux recommandations scientifiques antérieures ou en cours et surtout à l'évolution globale du niveau d'exploitation annuel. Ainsi il a été proposé de ne plus augmenter le nombre des licences et de n'autoriser les opérations de remplacement qu'entre des unités de même puissance motrice.
le nombre d'autorisations allouées : Se basant sur la potentialité de chaque zone, le nombre de bateaux pouvant travailler simultaément dans une zone donnée est fixé et révisé annuellement par la Commission interministérielle des pêches maritimes. Au début de chaque campagne, toutes les sociétés sont notifiées de leur quota respectif d'autorisations pour chaque zone. Le nombre d'autorisations ainsi allouées est de plus en plus supérieur au nombre de bateaux en exercice (tableau 14). Ce système offre aux armateurs une marge de manoeuvre de plus en plus grande pour réguler leurs efforts de pêche afin d'exploiter de façon optimum toutes les zones.
Année | 1980 | 1985 | 1990 |
---|---|---|---|
Nombre de licences | 40 | 46 | 49 |
Nombre d'autorisations | 42 | 62 | 79 |
Sources : Rapport de terrain No13 et Rapport d'activités 1990 de la DPA.
L'évolution des captures de la pêche crevettière industrielle au cours de deux dernières années (tableau 13) montre que la baisse de production a lieu presque uniquement dans les zones VII à X, zones exploitées communément par plusieurs sociétés. ll est également reconnu que dans ces zones, cette baisse est liée à la baisse du rendement des pêches et au calibre des crevettes. Cette situation est dûe à un effort de pêche excessif pendant les périodes de recrutement de crevettes en début et en fin de saison. Pour remédier à cette situation, une étude doit être entreprise rapidement dans ces zones. Par ailleurs, le séminaire organisé par le CNRO et le Projet régional pour le développement et l'aménagement des pêches dans l'Océan Indien Sud Occidental (OISO), en juin 1989 sur l'aménagement des pêcheries de crevettes côtières de la zone I (Nord-Ouest de Madagascar) a démontré que :
l'attribution de cette zone en exclusivité à la société PNB a eu comme résultat de permettre à cette société, par'un dosage judicieux de l'effort de pêche en début de saison, d'augmenter les captures annuelles d'une centaine de tonnes ;
ces captures seraient susceptibles d'une augmentation supplémentaire de cent tonnes en modulant l'ouverture de la pêcherie en début de saison ;
cette augmentation concerne essentiellement les crevettes blanches car les crevettes brunes, exploitées pendant la nuit surtout aprés mai, sont sous-exploitées. Toutefois, leur exploitation demanderait une augmentation importante de l'effort qui ne serait probablement rentable que si elle pouvait s'exercer sans investissements nouveaux. (Anonyme, 1989)
Il serait souhaitable que cette expérience de la zone l soit étendue à d'autres zones attribuées en exclusivité à des sociétés.
La pêche crevettière industrielle, lors de chaque opération de chalutage, capture non seulement des crevettes, mais également des poissons dits d'accompagnement. Cependant, une grande proportion de ces poissons de différentes valeurs commerciales est, soit rejetée à la mer (Leiognathus equula, Gazza minuta), soit gardée à bord pour être commercialisé sur le marché local comme poissons de table (Otolithes argenteus, Psettodes erumel) lorsque les rendements en crevettes sont faibles et que les capacités de conservation sur les chalutiers sont, de ce fait, sous-employées. Les rapports entre les quantités de crevettes et de poissons capturés dans le chalut varient de 1:1 à 1:5 (c'est à dire que les poissons représentent 50% à 83% des captures), selon les zones et les saisons. On estime que la flottille crevettière malgache rejette annuellement entre 18.000 et 24.000 tonnes de poissons. Une faible partie seulement de ces captures est débarquée. En 1990, 2.277 tonnes de poissons seulement étaient commercialisées, ce qui représentait environ 10% des prises globales de poissons d'accompagnement.
Tableau 15 : Débarquement des poissons d'accompagnement
(en tonnes)
Année | Quantité |
---|---|
1985 | 651 |
1986 | 1.089 |
1987 | 1.604 |
1988 | 1.590 |
1989 | 1.940 |
1990 | 2.277 |
Source: Rapport d'activités 1990 de la DPA.
En 1990, la REFRIGEPECHE-EST a débarqué 765,5 tonnes de poissons, soit 34% de la totalité des produits mis à terre. Les sociétés SOMAPECHE et SOPEBO, grâce à la création de SOGEDIPROMA, ont commercialisé 1.055 tonnes (46%) des poissons ainsi récupérés.
L'industrie crevettière est une source d'emploi non négligeable avec plus de 2.250 salariés à plein temps. Des efforts sont déployés pour former les agents nationaux, notamment sur les technologies nouvelles de façon à pouvoir se substituter progressivement au personnel expatrié. Ainsi, au cours de cette dernière décennie, une trentaine de marins malagaches ont bénéficié de stage de perfectionnement ou de formation à l'extérieur pour le compte des sociétés. Plus de 25 postes en mer dont ceux de capitaine, chef mécanicien et second mécanicien, sont actuellement confiés à des nationaux. Le taux d'occupation de ces postes par des expatriés est passé de 62.5% en 1980 à 36.9% en 1985 pour s'élever légérement à 39,5% en 1988/1989. Cette dernière phase étant étroitement liée aux récentes opérations de renouvellement, elle correspond à l'acquisition d'unités techniquement avancées.
Année | A terre | En mer | Total | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Nationaux | Expatriés | Nationaux | Expatriés | |||
Permanents | Saisonniers | |||||
1980 | 606 | 452 | 14 | 709 | 56 | 1.837 |
1985 | 564 | 579 | 20 | 910 | 79 | 2.152 |
1990 | 857 | 823 | 22 | 1.292 | 83 | 3.077 |
Sources : Rapport de terrain No13, recensement 1990.
Les crevettes produites par les sociétés sont destinées à l'exportation. Elles sont conditionnées sous deux principales formes suivant les besoins des clients (tableau 17) :
Auparavant, plus de 80% des captures étaient transformées en crevettes étêtées. Depuis 1983, avec le développement de la production de crevettes d'aquaculture en Asie du Sud-Est, le marché de crevettes étêtées au Japon (premier importateur mondial de crevettes) accuse une baisse sensible en prix constant. Elles sont généralement surgelées en bloc dans des emballages consommateurs (inner carton), conservées et expédiées dans des cartons paraffinés (master carton)
La recherche croissante de valeur ajoutée conduit certaines sociétés à s'orienter de plus en plus vers la production de crevettes entiéres. Ainsi, d'après les analyses, pour un même kilo de captures traitére ou en queue, l'écart moyen de recette en devises est de l'ordre de 3.000 FMG en faveur de la crevette entière. Cette nouvelle orientation justifie également le maintien sinon l'augmentation du nombre des chalutiers producteurs de crevettes entière et l'extension ou la réhabilitation des moyens de traitement et de stockage à terre.
Produits | 1985 | 1990 | ||
---|---|---|---|---|
Poids(t) | % | Poids (t) | % | |
Crevettes entières | 793 | 18,6 | 2.346 | 42,2 |
Crevettes étêtées | 3.469 | 81,3 | 3.100 | 55,8 |
Crevettes décortiquées | 17 | 0,1 | 112 | 2,0 |
TOTAL | 4.267 | 100 | 5.558 | 100 |
Sources: Rapport de terrain No13 et statistiques de la DPA.
A priori, le problème du marché extérieur de la crevette ne se pose pas. Chacune des sociétés dispose d'un contrat de marché avec leur société-mère. Actuellement, les crevettes sont expédiées principalement dans 2 pays : le Japon et la France dont la Réunion. Toutefois, il faudrait noter qu'en 1990 pour la première fois plus de 26 % de crevettes exportées ont été envoyées aux Pays-Bas. Malgré le système FOB pratiqué par les sociétés, les prix à l'exportation restent tributaires, d'une part, des fluctuations du dollar E.U. et d'autre part, de l'offre et de la demande.
La capacité de production de la pêcherie traditionnelle reste souvent limitée par l'insuffisance des moyens financiers pour acquérir les investissements nécessaires. Ainsi, les pêcheris traditionnels par valakira ont toujours essayé dans le temps d'acheminer leurs captures par leurs propres moyens vers les centres de traitement et de collecte des opérateurs industriels ou artisanaux. Plus récemment les sociétés de collecte tendent à financer la construction des valakira et viennent chercher, mais irrégulièrement, les crevettes.
La pêcherie artisanale qui utilise les mini-chalutiers d'une puissance inférieure ou égale à 25 CV partage souvent les fonds de pêche avec les chalutiers industriels. En pratique, la plupart des armateurs de mini-chalutiers travaillent sous contrôle des sociétés industrielles. Celles-ciles approvisionnent en glace, carburant, vivres, pièces de rechange et deviennent acheteurs exclusifs des mises à terre à des prix fixés par les sociétés industrielles.
Actuellement, selon R. Rabesalama (1990), il existe quatre formes d'actions qui pourraient améliorer la coopération entre les pêcheries industrielle, artisanale et traditionnelle:
la collecte: en plus de l'opération de collecte surplace, certaines sociétés industrielles se sont organisées de façon à instaurer des points de collecte suffisamment desservis et ont mis en oeuvre des moyens de transport plus appropriés. Pour les villages les plus enclavés, de vieux bateaux (chalutiers désarmés) assurent la collecte des captures des pêcheurs traditionnels qui sont ravitaillés régulièrement en glace;
la location-vente : certaines sociétés confient par voie d'accord des vedettes à des particuliers quitravaillent pour leur propre compte. Les produits issus de cette opération sont livrés en totalité à la société industrielle qui assure l'avitaillement des vedettes. A chaque fin de marée, une partie des captures est comptabilisée et retenue par l'armateur pour couvrir l'amortissement de la vedette et les frais d'avitaillement de sorte qu'au bout de quelques années, la vedette devient la propriété du contractant ;
l'assistance : cette forme consiste à faire travailler en permanence des particuliers avec leur propre vedette dans une zone généralement assez éloignée de leur port d'attache. Un bateau ou une barge porte-container assure réguliérement leur avitaillement et la collecte des captures en mer. L'exploitation des vedettes se trouve ainsi à leur niveau optimal ;
le droit de pêche (contrat) : des particuliers ont, ces derniers temps, passé un contrat avec les sociétés responsables des zones respectives pour pouvoir y faire travailler leur vedette. A cet effet, la totalité des captures réalisés dans la zone de convention doit être cédée à la société.
Pour permettre à l'administration halieutique de maîtriser la gestion de l'ensemble de cette pêcherie, les efforts futurs devraient se concentrer sur une meilleure connaissance du potentiel de toutes les zones dont notamment celles des côtes Sud-Ouest et de l'Est.
Les résultats obtenus depuis la mise en application de la responsabilisation des sociétés pour exploiter rationnellement les zones Nord-Ouest paraissent encourageants. Avec une meilleure connaissance du potentiel exploitable de chaque zone, cette formule pourrait être généralisée.
L'exploitation rationnelle des stocks des pontes de mars-avril nécessite une collaboration entre les pêcheurs artisanaux, traditionnels et les armateurs industriels. La multiplication des différentes formes de coopération dans ce sens se trouve justifiée et connaîtra une évolution certaine.
La recherche d'un rendement plus élevé conduit les armateurs à dresser un planning de renouvellement de leur flotille. Cette modification se caractérise entre autre par le remplacement de chalutiers congélateurs de 25 m de long par d'autres plus grands. Ce processus est lié au développement de l'exploitation de zones plus éloignées des ports d'attache des sociétés.
L'implantation des sociétés de pêche semble assez bien répartie du moins sur la côte Nord-Ouest, zones reconnues comme les plus productrices. L'utilisation de petits chalutiers glaciers dans les zones proches des bases des sociétés semble être la solution la plus adéquate et se revéle trés rentable.
Le niveau d'exploitation actuel avoisine l'optimum. Un gel immédiat de l'attribution des licences de chalutage sur la côte Ouest de Madagascar s'avère nécessaire en attendant la réévaluation de certains stocks, notamment ceux qui se trouvent au Sud du Cap Saint André.
Pour améliorer leurs chiffres d'affaires et les résultats économiques, les sociétés s'engagent à :
rationnaliser l'effort de pêche (par répartition judicieuse de l'effort de pêche et par une meilleure détermination de la période de fermeture);
diversifier leurs activités;
élargir leur collaboration avec les pêcheurs traditionnels et artisanaux;
augmenter les débarquements de poissons d'accompagnement;
introduire de nouvelles technologies de traitement et de préparation de leur produit selon les besoins de leurs clients.
La malgachisation du personnel navigant devient de plus en plus une nécessité économique des sociétés à cause du coût élevé de la main d'oeuvré expatriée.
Malgré certains efforts observés ces dernières années sur la récupération des poissons d'accompagnement par les sociétés industrielles, les quantités rejetés en mer tous les ans oscillent autour de 20.000 tonnes, soit 90 % environ des poissons pêchés par les chalutiers crevettiers. Outre le gaspillage économique, le problème de dégradation des plages et les protestations des riverains et des pêcheurs traditionnels se posent. Compte-tenu de la demande croissante des poissons pour le marché local, il devient primordial que ces sociétés débarquent une quantité plus importante de ces poissons d'accompagnement.
On distingue deux périodes principales en ce qui concerne les activités de la pêche aux thonidés à Madagascar :
celle de 1971 à 1975 pendant laquelle la technique de capture utilisée était uniquement la canne;
celle de 1986 à aujourd'hui, dominée par la pêche à la senne et à la palangre (longue ligne).
Le démarage des opérations pour la période 1971–1975 a été stimulé par les prospections réalisées par la société japonaise Kaigai Gyogyo Kabushiki Kaisha (KGKK) dans la sous région du Sud-Ouest de l'Océan Indien. Un accord fut conclu en 1971 avec la KGKK pour la conduite d'une pêche exploratoire du listao ou Katsuwonus pelamis dans le but de constituer une société mixte en cas de résultats positifs. La campagne de prospection réalisée de février 1972 à janvier 1973 par trois canneurs glaciers (de 30m de long jaugeant 190 tonneaux et ayant un moteur de 190 CV) accompagnés d'un navire mère a été entreprise dans la zone comprise entre Nosy-Be, les Comores et les îles Aldabra. Les mises à terre ont été alors de 4.000 tonnes environ. Ce qui encouragea les deux parties a créer en 1973 la société mixte dénommée Compagnie Malgache Nippone de Pêcherie ou COMANIP. Cette société arma neuf canneurs glaciers sensiblement identiques, de 37 à 40 m de long et jaugeant 192 à 214 tonneaux. Ces bateaux travaillaient à partir d'un navire mère mouillé en rade d'Hellville et utilisé pour congeler et stocker les captures. La production totale a atteint, en huit mois, en 1973, 3.782 tonnes dont 3.299 tonnes de listao. En 1974, elle a été de 11.183 tonnes avec 80 % de listao, 17% d'albacore (Thunnus albacares) et 3 % de patudo (Thunnus obesus). La COMANIP, en raison de la chute des prix du thon sur le marché mondial dut cesser ses activités en 1975, année au cours de laquelle elle réalisa durant trois mois (janvier à mars) 1.764 tonnes de capture.
En dehors des opérations effectuées par la KGKK relayée par la COMANIP, il faudrait citer les prospections réalisées par la société japonais Toshoku avec un canneur de janvier à septembre 1973 dont l'objectif était aussi de constituer une compagnie mixte nippo-malgache, et celles menées par la société Malgache Nippone de Viande Concentrée (MANIVICO) avec un canneur affrêté de septembre 1973 à juillet 1974. Les pêches exploratoires conduites par ces deux sociétés n'ont pas abouti à des suites positives.
Pour cette période 1971 à 1975, il faudrait donc retenir que Madagascar a voulu profiter de l'opportunité offerte par des sociétés japonaises, que ont une tradition ancienne en matière de pêche thonière, pour essayer de créer des sociétés d'exploitation des thonidés de droit malgache. Malheureusement les activités thonières ont dû être arrêtées pour des problèmes découlant de la baisse des prix du thon sur le marché international. Aucune infrastucture à terre n'a été construite, les activités ont été promues par des opérateurs étrangers et arrêtées pour des raisons externes à Madagascar.
Les activités thonières à compter du 28 janvier 1986, date à laquelle fut signé l'accord de pêche entre la Communauté Economique Européenne et Madagascar, ont été préparées par une série de prospections des thonidés commencée depuis décembre 1979 par un senneur de la Mauritius Tuna Canning Entreprise Ltd, stimulées par l'exploitation des thons dans les eaux Seychelloises par quatre senneurs français en novembre 1982, douze senneurs franco-ivoiriens en 1983, trente deux en 1984, auxquels s'ajoutaient seize navires espagnols et un mauricien. Au total en décembre 1984, on recensait 49 senneurs autorisés à travailler dans les eaux seychelloises. L'année 1984 a donc vu un transfert massif des senneurs de l'Océan Atlantique vers l'Océan Indien. Là encore pour Madagascar ce fut l'offre des pays pêcheurs des thonidés qui ont permis de relancer l'exploitation de ces grands poissons pélagiques dans les eaux malgaches.
L'accord de pêche passée en 1986 avec la CEE pour une période renouvelable de trois ans (mai 1986 à mai 1989 et puis mai 1989 à mai 1992) avait pour but, d'une part, de répondre positivement au souhait de la partie communautaire qui voulait avoir un accès dans toutes les eaux de la sous-région du Sud-Ouest de l'Océan Indien et d'autre part, de tirer le maximum de profits du passage saisonnier des thons dans les eaux malgaches par la pratique de vente de licences.
Les autres accords (onze) passés avec le Gouvernement malgache depuis 1986 reposent tous sur ce mode d'exploitation considéré comme une solution provisoire en attendant une autre solution mieux intégrée dans l'économie nationale : celle de la création des sociétés mixtes. Cette intention, la partie malgache l'a confirmée dans les accords qui ont été passés avec l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (en mai 1986), la KGKK (en août 1986), et la société japonaise HOSUI (en juillet 1990).
Par ailleurs, une société mixte de droit malgache, la MADIEX a affrêté six bateaux pour les faire travailler dans les eaux malgaches. En 1990, cette société a pêché 134 tonnes.
Dans le domaine de la transformation, il faut mentionner l'usine de conserverie de thon à Antsiranana, inaugurée en 1991, qui pourra traiter dans sa phase de croisère 50.000 tonnes de thons par an.
Enfin, dans le domaine de l'appui au développement de l'activité thonière à Madagascar, il faut citer (i) le projet régional thonier exécuté dans le cadre de la Commission de l'Océan Indien et conçu pour servir de base à la promotion de l'exploitation thonière dans chaque pays membre (Comores, Madagascar, Maurice, La Réunion), (ii)l'étude de la migration des thons dans l'Océan Indien à travers une convention passée avec l'Institut Japonais de Recherches sur les Ressources Marines (JAMARC) et (iii) le projet d'instaurer une organisation des pays producteurs (propriétaires de la ressource) de thons, initié par les Seychelles et qui permettrait d'adopter une stratégie commune d'exploitation des ressources thonières qui sont communes parce que migrantes.
Actuellement Madagascar a délivré à travers les accords cités supra, cinquante neuf licences dont seize pour des palangriers. Un projet pour la constitution d'un armement de pêche aux thons à la canne est en cours d'exécution. La société de droit malgache qui serait créeée est appelée à ravitailler la conserverie installée à Antsiranana.
Ainsi, à compter de 1986, cette deuxiéme phase du développement de la pêche thonière à Madagascar a débuté par l'offre de la CEE pour pouvoir étendre les zones d'activités de ses armateurs. L'on note une diversification des techniques de pêche utilisées (à la senne, à la palangre, et peut être aussi à la canne) ainsi que des partenaires extérieurs. La vente de licences permet d'attier des armateurs qui sont des associés potentiels pour la mise en place de sociétés mixtes. Cette deuxiéme période est aussi marquée par la mise en place de la conserverie de thons ainsi que par une amélioration trés nette des services de la Société d'Etudes de Construction et de Réparation Navale (SECREN). Ce qui permet de fixer beaucoup plus les thoniers dans les eaux malgaches. Enfin, il faut noter la volonté des pays de la sous-région du Sud-Ouest de l'Océan Indien de s'associer pour une meilleure exploitation de leurs ressources thonières.
Pour les senneurs, on peut les caractériser selon le classement en vigueur à l'International Commission for the Conservation of Atlantic Tuna (ICCAT) :
catégorie 5 : senneurs de 450 à 800 tonneaux de jauge brute (tjb), 350 à 500 tonnes de capacité en cale ;
Thonnier-senneur (64 m de Lht et 1200 de tjb)
Source: Anonyme, (1986).
catégorie 6 : senneurs de 800 à 1.200 tjb, ayant jusqu'à 800 tonnes de capacité en cale;
catégorie 7 : senneurs de plus de 1.200 tjb, disposant d'environ 1.000 à 1.200 tonnes de capacité en cale.
Ainsi, au cours de la campagne 1990, les navires français se répartissent en 5.unités de catégorie 5, 11 de catégorie 6 et 6 de catégorie 7. La flotille espagnole dispose de 6 bateaux de catégorie 6 et 16 de catégorie 7.
Sur les quatorze palangriers qui ont obtenus des licences en 1990, 4 jaugent entre 300 et 350 tjb, 6 entre 400 et 450 tjb et 4 entre 700 et 750 tjb.
Enfin, il faudrait signaler que les deux canneurs basques qui réalisent actuellement une campagne exploratoire pour complèter l'étude de faisabilité d'une société mixte de pêche thonière à la canne ont, le premier 41,8m de longueur hors tout (Lht), 408,4 tjb, 270m3 de capacité de cale, et le second 25,3m de Lht, 145,8 tjb, 130m3 de capacité de cale.
La vente de licences de pêche aux thons a permis une recette en devises de l'ordre de 2,13 milliards de FMG (1,3 million de dollars) en 1989. Cependant la somme perçue en 1990 est chiffrée seulement à 245,5 millions de FMG. La différence est dûe au fait qu'en 1990, il n'y a pas eu de versement effectuée se rapportant aux volets «Compensation financière» et «Programme Scientifique».
II faudrait signaler par ailleurs les rentrées de devises résultant des opérations d'avitaillement (seulement pour la vente du sel - 300 millions de FMG), de réparation navale (8.300 millions de FMG) et d'autres services (transbordement, relève d'équipage, etc.). De plus, des marins malgaches sont recrutés par les armateurs étrangers qui travaillent dans les eaux malgaches. La récupération des poissons de rebut et leur commercialisation sur le marché locale contribuent au ravitaillement de la population locale en protéine d'origine animale, toutefois ces poissons acquis gratuitement viennent concurrencer les mises à terre des pêcheurs traditionnels. La conserverie d'Antsiranana est un pôle de développement de différentes activités dans la région. Par ailleurs elle est un garant important des débouchés pour les sociétés mixtes à créer.
Les initiatives de développement de la pêche thonière ont été stimulées par l'intervention d'armateurs étrangers qui n'ont lancé la phase d'exploitation qu'après des séries de prospection;
La pêche thonière artisanale ou traditionnelle n'existe quasiment pas. Certains thons mineurs comme le thazard rayé ou Scomberomorus commerson sont l'espèce cible de certaines pêcheries traditionnelles de la côte Ouest. La production reste relativement peu importante;
Les captures thonières actuelles sont totalement orientées vers le marché extérieur. La création de conserveries permet d'apporter des valeurs ajoutées à la production;
La vente de licences n'est qu'un palliatif qui toutefois permet d'attirer des partenaires potentiels pour la création de sociétés mixtes de pêche;
Les eaux malgaches sont relativement moins riches en thons que d'autres zones de la région du Sud-Ouest de l'Océan Indien. Des accords réciproques d'accès dans la zone économique exclusive des différents pays sont tout à fait indispensables pour asseoir le développement des sociétés de droit malgache;
Les actions communes au niveau régional pour une amélioration de l'exploitation thonière ont été presque spontanées. Cela confirme la nécessité d'une approche régionale de l'aménagement des pêcheries thonières.
L'année 1990 a été marquée par différentes prospections du développement de la pêche industrielle aux poissons. La société PECHEXPORT basée à Mahajanga a opéré avec deux bateaux-mères équipés chacun de vedettes motorisées ou doris pour la pêche à la ligne de fond ou palangrotte. Ce sont des bateaux affrêtés auprès d'une société d'armement mauricien “Sea Falcon”, pour une durée d'un an:
“Star Hope” (750 CV et 500 m3 de cale de stockage) équipé de 13 petites vedettes annexes de 10 CV chacune,
“Faki” (1.100 CV et 750 m3 de cale) avec 18 vedettes de 8 CV.
En 3 mois (dernier trimestre 1990) la production de poissons déclarée par cette société était de l'ordre de 228 tonnes. Toute la production était destinée à l'exportation.
La Société de Pêche Hauturière (SPH) a été autorisée à faire une pêche exploratoire sur la côte Est, entre Manakara et Antalaha. Le bateau utilisé, l'“Aldebaran” (13,2 m et 248 CV) appartient à un armement réunionais. Les engins utilisés sont la ligne de traîne et la ligne dormante fixe. Entre mi-septembre et début décembre 1990 (32 jours de mer), cette société a produit 9 tonnes de poissons, expédiés presqu'en totalité à la Réunion.
La SOMAPECHE a réalisé avec un seul bateau, le “Vezo II” (chalutier désarmé) une pêche de requin de profondeur pour produire principalement le foie. Entre le mois d'août et la mi-novembre 1990, elle a produit: 5,9 tonnes d'huile et 11,2 tonnes de chair de requin qui sont exportés vers le Japon à des prix intéressants (respectivement de US $ 5,0 et US $ 0,8 le kilo). Ces premiers résultats sont assez satisfaisants.
De cette première expérience on peut faire les constatations suivantes:
La pêche industrielle orientée spécialement vers les captures des poissons a marqué l'année 1990. II est à signaler que la totalité de cette production était destinée à l'exportation;
La période assez courte de l'exploitation des sociétés ne permet pas de démontrer les aspects économiques de cette nouvelle activité. Toutefois, la poursuite d'activité en 1991 par deux des trois sociétés permet de penser que la pêcherie industrielle aux poissons pourrait être économiquement intéressante.
L'aquaculture en eau douce est encore peu développée à Madagascar. Elle consiste plus particulièrement en l'élevage de poissons dans les étangs et les rizières.
Bassins de pisciculture
Dans l'histoire du développement de l'aquaculture en eau douce on peut distinguer trois grandes périodes. La première qui est la plus longue a couvert la phase de 1914 à 1963 pendant laquelle diverses espèces de poissons, telles que tilapia et carpe commune, qui constituent la base de la pisciculture malgache actuelle, ont été introduites à Madagascar. Selon A. Kiener (1963) il existait fin 1962, 85.000 étangs de pisciculture familiale répartis dans toute l'île, plus particulièrement dans les faritany de Fianarantsoa et d'Antananarivo (respectivement 65% et 26% de tous les étangs). Ce qui est confirmé par l'existence un peu partout de stations piscicoles productrices d'alevins. Au début des années 60, il y avait 12 stations piscicoles principales et 30 stations piscicoles secondaires gérées par le Service piscicole des Eaux et Forêts. C'est à cette époque qu'a débuté à Madagascar la pratique de la rizipisciculture.
La deuxième période entre 1964 et 1984 est marquée par une forte diminution des étangs piscicoles familiaux qui sont descendus jusqu'à 6.000 environ selon les rapports officiels de 1984. Les principales raisons avancées pour expliquer ce déclin sont la méconnaissance des techniques d'élevage, l'inexistence d'encadrement technique des pisciculteurs par manque de vulgarisateurs spécialisés, l'insuffisance d'appui financier et surtout le manque d'alevins d'espèces intéressantes. Néanmoins, durant cette période, le projet PNUD/FAO/MAG/76/002 «Développement de la pêche continentale et de l'aquaculture» a réalisé:
les travaux d'aménagement et de construction des stations piscicoles d'Analabe, d'Ambatofotsy - Ambatolampy et de Sisaony;
l'élevage expérimental de Chanos chanos en bassins côtiers, à Antsiranana;
l'élevage expérimental d'acadja à Ambila, dans la lagune des Pangalanes.
La troisième phase a commencé en 1985 avec l'appui du projet MAG/82/014 «Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale» dont les activités principales étaient la formation, la mise en place d'un réseau de vulgarisateurs et la gestion de la station piscicole d'Ambatofotsy/Ambatolampy dans la région de Vakinankaratra. Ce projet a également assuré l'encadrement technique de 7 pisciculteurs privés, producteurs d'alevins, sur la trentaine qui a été identifiée. Quant au projet MAG/88/005 «Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins», il a débuté en 1989 prenant la relève du projet MAG/82/014 pour consolider les acquis de ce dernier, mais en plus, sa zone d'activité s'est élargie jusqu'au faritany de Fianarantsoa (le précédent projet s'était limité à six fivondronampokontany du Vakinankaratra dans le faritany d'Antananarivo). Le projet actuel met particulièrement l'accent sur la mise en place d'un réseau de producteurs privés d'alevins. Au cours de la campagne 1990/1991, 22 pisciculteurs dont 8 anciens vulgarisateurs ont été opérationnels comme producteurs d'alevins. IIs ont distribué aux rizipisciculteurs 189.930 alevins et ont gardé 41.632 alevins pour leur propre exploitation. Ces résultats encore minimes laissent tout de même apparaître les avantages d'un tel système d'approche. Toutefois, il faut attendre la fin de l'actuel projet pour pouvoir tirer des conclusions.
Un autre projet PNUD/FAO/MAG/86/005 «Développement agricole intégré de la région du lac ltasy» vulgarise également la pisciculture en rizières et en étangs. Comme à Antsirabe l'accent est mis sur la mise en place d'un réseau de producteurs d'alevins en milieu rural. Au cours de la campagne 1990/1991 la production des six premiers producteurs opérationnels s'élève à 126.000 alevins. Le projet a commencé aussi à étudier l'élevage en cage pour tenter de rehausser la production du lac Itasy qui baisse depuis quelques années.
II existe à Madagascar actuellement deux stations de recherche piscicole et 31 stations piscicoles de production d'alevins. Les stations de recherche sont du ressort du Département des Recherches Forestières et Piscicole (DRFP) du Ministère de la Recherche Scientifique et Technologique pour le Développement. Les activités de recherche dans les stations d'Andasibe et de Kianjasoa (Moyen Ouest) sont extrêmement réduites par l'insuffisance de crédit.
Les stations piscicoles productrices d'alevins sont gérées par la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture. La vocation essentielle de ces stations est la production d'alevins cessibles pour la pisciculture en étang et en rizière. La station piscicole est donc considérée comme le support indispensable à toute action de vulgarisation et de développement de la pisciculture en attendant que se mette en place un réseau artisanal de production d'alevins. Sur les 31 stations piscicoles productrices existantes, il n'y en a que 6 qui fonctionnent, 4 sont réhabilitées et 21 stations sont inactives ou abandonnées, certaines depuis quelques dizaines d'années. La réhabilitation ne concerne que les stations implantées dans des zones à forte demande d'alevins ayant la possibilité d'obtenir un niveau de production rentable. Les efforts dans ce sens ont été entrepris en 1989 sur le financement du Fonds National de Développement et d'Equipement (FNDE). Les travaux financés par ce budget ont permis la réhabilitation des stations d'Ambatolaona (faritany d'Antananarivo), d'lvoloina (faritany de Toamasina), de Fanjahira et de Manamby (faritany de Toliara).
En ce qui concerne les stations piscicoles secondaires (superficie inférieure à 1 ha), certaines d'entre elles devront être définitivement abandonnées car elles sont inactives depuis des décennies. D'autres, justifiant économiquement une réhabilitation pourraient, une fois remises en état, servir d'appui logistique au secteur privé qui les ferait fonctionner comme station de production d'alevins. Pour ce faire, le Gouvernement pourrait proposer au secteur privé deux solutions: soit confier la station à un privé (individuel ou société/ association) soit la doter d'un statut de ferme dirigée par un gérant disposant d'une pleine autonomie de gestion.
Parmi les stations actives, seules les stations d'Ambatolampy (dans le faritany d'Antananarivo) et d'Ampamaherana (dans le faritany de Fianarantsoa, réhabilité en 1989 par le Bureau International du Travail ayant une gestion semi-autonome et bénéficiant de l'appui technique du projet MAG/88/005 ont une production qu'on peut qualifier de convenable (pour la saison 1990/91, 2.370.000 alevins sur 2.792.000 pour toutes les stations). Sur la production de 2.370.000 alevins, 1.570.350 ont été livrés aux paysans pisciculteurs et 563.200 déversés dans différents plans d'eau. Les autres stations gérées comme un service administratif ont toutes des productions insuffisantes. Bien sûr, les raisons de ces carences peuvent avoir d'autres causes (aléas climatiques, non-maîtrise d'eau, écoulement d'alevins non encore possible par suite de l'absence de vulgarisation de la pisciculture dans la région, etc.), mais il est certain que l'absence d'une gestion autonome est la principale raison du manque de productivité de ces stations (M.Kiriloff, 1989).
D'autres facteurs qualifiés d'endogènes qui pourraient avoir une certaine influence sur l'activité des stations piscicoles peuvent également être mentionnés. Parmi ces facteurs, on peut énumérer entre autres : la politique dans le domaine de recrutement et la formation des cadres des stations piscicoles ainsi que la pénurie en matériel et en équipement. L'enquête réalisée en mars-avril 1989 auprès des cadres décentralisés de la DPA a démontré que les chefs des stations piscicoles ont :
peu d'années d'expériences dans la réalisation de leurs attributions ;
dans la majorité des cas, une formation de base inadéquate pour l'exécution de leurs attributions ;
des possibilités très limitées d'améliorer leur connaissance du métier.
A part les problèmes de personnel, les stations sont en général très mal équipées car 6 d'entre elles n'ont disposé au total, à l'époque de la réalisation de l'enquête, que d'une seule voiture, de deux motos et de trois machines à écrire. Aucune station n'était dotée de téléphone.
Il faut encore noter qu'il n'existe pas pour le moment à Madagascar de pisciculture industrielle. Les stations piscicoles d'Ambatofotsy/Ambatolampy et d'Ampamaherana sont gerées par le projet MAG/88/005 à la manière des fermes intégrées pour l'établissement d'un bilan technico-économique.
L'analyse technico-économique des résultats d'élevage expérimental de truites mené à Manjakatompo a montré que l'exploitation ne pourrait être rentable que si la station piscicole avait une autonomie financière et de gestion. Pour mieux valoriser la station, les opérations à entreprendre sont les suivantes :
élaborer et appliquer un nouveau schéma de production et un planning d'élevage, conformément aux conditions du milieu ;
rechercher une formule d'aliment économique à base d'ingrédients locaux ;
étudier le marché.
Avant de passer à la caractéristique de la production, il semble nécessaire de rappeler qu'entre 1957 et 1982, sur 23 espèces de poissons d'eau douce introduites à Madagascar, 5 ne s'étaient pas acclimatés. Les introductions les plus réussies d'espèce sont celles de la carpe, qui est un poisson de rizière par excellence, du tilapia et du cyprin doré. Des essais de reproduction et d'élevage de l'Heterotis niloticus ont été tentés avec succès mais il s'agit plutôt d'un poisson de grands lacs ou de barrages. La reproduction induite de 2 espèces de poissons exotiques, la carpe argentée et la carpe marbrée a été réalisée en 1982. La reproduction de ces poissons est positive et il est fort probable que ces espèces contribueront au développement de la pisciculture à Madagascar.
Malgré toutes ces actions, la production obtenue jusqu'à présent reste modeste. Elle était en baisse passant de 880 tonnes en 1960 à un peu plus de 230 tonnes en 1990 (production contrôlée par le projet MAG/88/005). Cette chute de la production aquacole est dûe à la régression rapide de la pisciculture en étangs. L'augmentation de la rizipisciculture (160 tonnes en 1990) n'a pas compensé la baisse de la pisciculture en étangs. Il faut cependant constater qu'au cours des trois dernières années, ces tendances négatives se sont infirmées car pendant les campagnes 1988/89, 1989/90, 1990/91 la cession d'alevins a spectaculairement augmenté (tableau 18). Les raisons sont les suivantes :
Cette tendance à la hausse se poursuivra dans les prochaines années avec l'amélioration de gestion des stations et la mise en place d'un réseau de producteurs privés d'alevins en milieu rural.
Le niveau de production, malgré ce renversement positif est encore loin des prévisions du développement de l'aquaculture préparé au cours des années 70 qui prévoyait une production piscicole de 3.000 à 5.000 tonnes en 1990. Toutefois les moyens prévus pour soutenir cette production faisaient défaut. La production actuelle (230 tonnes) ne constitue que 0,2% de la production halieutique globale à Madagascar réalisée en 1990 (103.700 tonnes).
Campagne | Alevins distribués |
---|---|
1975 / 1976 | 223.286 |
1979 / 1980 | 450.000 |
1984 / 1985 | 135.369 |
1985 / 1986 | 198.828 |
1986 / 1987 | 420.486 |
1987 / 1988 | 522.000 |
1988 / 1989 | 730.000 |
1989 / 1990 | 1.313.600 |
1990 / 1991 | 2.405.000 |
Sources : Cahier d'information des pêches No3, 1990 et statistiques de la DPA.
Ce niveau de production reste bas, malgré des conditions climatiques favorables permettant la pratique de la pisciculture (ressources en eau, pluie, température, évaporation), la disponibilité en abondance de rizières irriguées et l'existence de lacs, lagunes et autres réservoirs favorables à l'élevage en cage et en enclos.
Les raisons de cette situation, quoiqu'incomplètes, ont été déjà évoquées auparavant. Il reste encore àvérifier les facteurs de rentabilité de cette activité, probablement le plus important actuellement vu le processus de la privatisation du secteur économique. Il est important pour la DPA d'apprécier la rentabilité de la station piscicole et le prix de revient des alevins cedés aux paysans au prix de 20 FMG l'unité car seules les activités rentables ou susceptibles de le devenir peuvent intéresser le privé.
A partir d'un calcul basé sur la station piscicole d'Ambatolampy, ayant une gestion semiautonome, une production relativement élevée et bénéficiant de l'appui technique du projet PNUD/FAO, on estime que l'exploitation était déficitaire aussi bien en 1987/88 qu'en 88/89 (M. Kiriloff, 1989). En 1987/1988 la perte atteignait le niveau de 19,4 millions de FMG pour un chiffre d'affaires d'environ 20 millions, tandis qu'en 1988/89 la perte a diminué jusqu'à 14,1 millions de FMG pour un chiffre d'affaires de 32,1 millions de FMG. En conséquence le prix de revient de l'alevin rendu aux paysans a baissé respectivement de 59,8 FMG à 37,2 FMG par unité. Les raisons de cette baisse du prix sont l'augmentation de la production d'alevins et surtout la diminution des coûts de transport (qui constituent le poste le plus important des charges d'exploitation de la station piscicole). On ne dispose pas encore des données de la compagne 1989/90, mais il est probable que le prix de revient pourrait diminuer encore et se rapprocher de 30 FMG l'alevin grâce à une croissance significative de la cession d'alevins aux paysans et grâce au développement des activités annexes et aux actions entreprises pour diminuer les coûts de transport.
Si l'on prend en compte les résultats de la dernière campagne des producteurs privés d'alevins (1990/91), on constate qu'ils sont encourageants malgré la partielle application des techniques préconisées et les surfaces enétangs encore faibles (une dizaine d'ares). Il faudrait attendre encore deux ou trois campagnes pour vérifier la rentabiliter de l'exploitation des producteurs privés d'alevins. D'ores et déjà on peut constater que la maîtrise technique et la gestion conditionnent les résultats de ces producteurs privés. Il faudra donc, quelques années de formation et de suivi pour que les producteurs d'alevins atteignent des résultats de croisière et deviennent des pisciculteurs accomplis.
Dans l'état actuel des choses, il semble nécessaire de poursuivre pendant quelques années la subvention de certaines stations piscicoles principales jusqu'à ce que la production des producteurs privés d'alevins se développe et prenne le relais des stations qui pratiquent la production d'alevins. Par la suite quelques stations devraient être conservées pour assurer : (i) la production et la distribution de géniteurs certifiés, (ii) la formation d'agents de vulgarisation et de producteurs privés, (iii) la recherche appliquée.
L'élevage des poissons et d'autres produits halieutiques dans les eaux marines à Madagascar se limite pour l'instant aux élevages espérimentaux effectués par l'administration de : Chanos chanos (milkfish), huîtres Crassostrea cuculata et Crassostrea margaritarea et crevettes côtières Penaeus monodon et Penaeus indicus.
Des élevages expérimentaux de Chanos chanos ont été menés en 1978 et en 1979 dans un bassin de 166 ares de la Compagnie Salinière d'Antsiranana. Les objectifs recherchés étaient notamment d'accroître l'approvisionnement en poisson du marché local. Ces expériences ont démontré que la production pouvait atteindre un rendement de 570 kg/ ha en 4 mois sans alimentation artificielle à partir de larves collectées dans les eaux côtières (chiffres supérieurs à ceux réalisés en Indonésie). Les résultats encourageants ont incité les experts à recommander de poursrivre les essais d'élevage pour connaître la capacité de productivité totale et maximale d'un bassin piscicole pendant une année et le bilan technico-économique de l'exploitation. Par manque de financement cette recommandation n'était pas réalisée jusqu'en 1989, date à laquelle la DPA a commencé à construire, sur le budget du Fonds National de Développement et d'Equipement, une ferme aquacole à Antsahanibingo (Mahajanga) orientée vers l'élevage de Chanos chanos, en association avec les crevettes marines. Ces investissements auraient dû se terminer en 1991. La privatisation de la station est à l'étude.
Madagascar possède très certainement un potentiel en matière de conchyliculture (élevage d'huîtres ou de moules). A partir de 1986, des élevages d'huîtres en casier ont été expérimentées à Sarodrano (Toliara), à partir de jeunes huîtres détroquées de différentes provenances. Cette expérience se proposait, outre la mise au point de techniques de collecte des naissains et d'élevage, de faire le bilan économique de l'exploitation et de recueillir les informations sur les marchés et les prix. L'analyse technico-économique de ces élevages expérimentaux a permis d'identifier les problèmes inhérents à l'élevage et à la gestion du centre, les éléments de surcoût de production ainsi que les conditions de rentabilité de l'exploitation. Elle a montré que l'exploitation était déficitaire. Ni en 1987 ni en 1989, l'élevage n'a été complet. Cette étude a recommandé que le centre soit doté d'une réelle autonomie financière, les conditions d'exploitation étatique n'ayant pas permis d'optimiser les rendements.
Les prospections faites en 1986 et en 1990 ont démontré l'existence à Madagascar, notamment sur la côte Ouest, de plusieurs dizaines de milliers d'hectares de terrain propice à l'aquaculture de crevettes (52.800 ha avec un potentiel de production estimé à 58.000 t/an). Avant d'envisager l'exploitation industrielle, une phase pilote visant à démontrer la faisabilité technico-économique de l'aquaculture de crevettes à Madagascar a été réalisée avec l'appui du projet MAG/88/006 «Aquaculture des crevettes - ferme pilote» et d'un opérateur privé (les Pêcheries de Nossi-Be).
La construction de la ferme expérimentale située à Nosy-Be a commencé en septembre 1988, les travaux ont été achevés en janvier 1989, tandis que les opérations d'élevage avaient débuté en mai 1989. Les installations comprennent 1 écloserie, 1 bâtiment d'exploitation, 9 bassins en terre couvrant une superficie de 8 ha. Depuis juillet 1989, date des premiers ensemencements, la ferme a réalisé 33 élevages représentant une production de plus de 20 tonnes de crevettes. Les élevages ont permis de tester les deux espèces retenues Penaeus monodon et Penaeus indicus à des densités différentes, nourries avec des aliments différents. L'écloserie de la ferme a démontré la fiabilité du système en produisant plus de 6 millions de post-larves en un an.
Ferme pilote d'aquaculture de crevettes
Sources : Anonyme, (1989).
Les résultats préliminaires indiquent que :
seul Penaeus monodon présente des caractéristiques de croissance satisfaisante et un poids moyen final (30 à 40 g selon la filière) correspondant à un produit de haut de gamme (moins sensible, dans un contexte de concurrence internationale active, aux variations de prix enregistrées ces dernières années);
la reproduction en captivité de Penaeus monodon est maintenant parfaitement contrôlée dans les installations de Nosy-Be ;
la technique d'élevage semi-intensif semble être à cette phase d'expérimentation la plus adéquate pour Madagascar. L'élevage se pratique dans des bassins en terre de grande superficie, équipée d'une installation de pompage permettant de renouveler l'eau quotidiennement;
la production industrielle des crevettes d'élevage passe nécessairement par l'utilisation d'un aliment composé de bonne qualité, fabriqué à l'échelle industrielle mais qui n'est pas disponible pour l'instant à Madagascar. Les résultats obtenus avec l'aliment composé à partir d'ingrédients locaux uniquement (soja, maïs, tourteaux de coton et d'arachide, brisure de riz, manioc, etc.) sont inférieurs à ceux obtenus avec les aliments importés composés, en grande partie, de farine de poisson et de premix.
Actuellement le problème majeur semble être la production en masse à Madagascar d'aliments riches en protéine. Mis à part cette contrainte, on ne peut sous-évaluer d'autres contraintes telles que l'accessibilité des zones souvent très difficile et la faiblesse du peuplement de certaines régions.
II semble que les investissements initiaux seront assez lourds car ils devront prendre en compte la réalisation d'infrastructures de base nécessaires (routes, port, unités de préconditionnement, liaison radios, etc.). Les problèmes logistiques sont tels que le développement de l'activité ne parait envisageable qu'à travers de grosses structures pilotées par des opérateurs privés. A partir de ces centres de développement une activité semi-industrielle (ferme satellite) pourrait se développer en profitant des structures créées par les fermes «industrielles». Mais il est certain que ce type d'entreprise exclut la ferme de type artisanal compte-tenu de la nécessité de recourir au pompage et à un apport d'aliment.
Généralement on peut constater que les résultats obtenus par le projet pilote de Nosy-Be sont positifs et proches des prévisions. Cette année, sur la base des données collectées, le projet établira le niveau de rentabilité d'une ferme crevettière.
Sans attendre les résultats définitifs renforcés par une solide étude de faisabilité en cours, le gouvernement est déjà sollicité par des opérateurs, tant nationaux qu'étrangers, intéressés pour implanter des élevages de crevettes marines dans les différentes régions de la côte occidentale malgache.
L'analyse menée ci-dessus sur l'aquaculture permet de tirer des remarques générales suivantes:
il n'existe pas encore à Madagascar de pisciculture industrielle. Les stations productrices d'alevins existantes ont le statut d'un service administratif du ministère;
la production aquacole est depuis plusieurs années en baisse, provoquée par la régression de la pisciculture en étang. La rizipisciculture commence de nouveau à se développer mais son niveau de production reste encore faible. Actuellement la pisciculture ne constitue que 0,2 pour cent de la production halieutique globale à Madagascar;
parmi les principales raisons pouvant expliquer cette situation, on peut citer : le manque d'une réelle autonomie tant financière que de gestion des stations piscicoles, la méconnaissance des techniques d'élevage d'une partie des cadres responsables du développement de ce sous-secteur, l'encadrement technique très limité des pisciculteurs par manque de vulgarisateurs spécialisés ;
la production d'alevins dans la plupart des stations piscicoles est déficitaire, à cause de son niveau de production insuffisant (souvent beaucoup plus bas que la capacité technique de la station) ainsi que de moyens humain, technique et financier limités;
le processus de privatisation de la production d'alevins vient de commencer grâce à la création d'un réseau de producteurs paysans. II faudra encore quelques années pour former ces producteurs et confirmer la rentabilité de cette production artisanale ;
certaines stations principales de production d'alevins sont donc indispensables pour le développement de pisciculture et ceci pour les années à venir. Par la suite, le relais sera, en partie ou en totalité, pris par le réseau de producteurs artisanaux;
parmi les différentes expériences réalisées actuellement en mariculture, la plus prometteuse en terme de revenu économique potentiel semble être l'élevage de crevettes. Pour cette activité, le secteur privé peut jouer parfaitement son rôle de promoteur et d'investisseur. Les premiers résultats étant positifs, la crevetticulture peut contribuer d'une manière subtantielle à l'amélioration de la balance du commerce extérieur.