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2. DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE ET UTILISATION DES RESSOURCES GENETIQUES DE LA FORET


Le tableau de l'annexe 2 présente les 50 essences indigènes jugées les plus importantes ainsi que les utilisations principales qui en sont faites. Ces données sont issues d'une enquête rapide menée auprès d'une vingtaine de personnes ressources.

Les espèces non cultivées sont très majoritairement utilisées pour le bois, qu'il soit de construction, de chauffage, pour les piquets ou la sculpture. Cependant, les formations forestières naturelles où existent ces essences ne sont pas gérées de manière rationnelle (absence d'inventaire, de cartographie et de plan de gestion). De plus, il n'existe pas de véritable filière bois du fait de la quasi-absence de matériel d'exploitation et de transformation, de l'insuffisance de la desserte et de l'absence d'utilisation de ces essences dans les constructions modernes qui se substituent progressivement aux habitations traditionnelles. Tous ces facteurs, couplés à des difficultés d'ordre foncier (privatisation des espaces naturels à Wallis surtout), constituent un obstacle à une plus grande utilisation de cette ressource. Il faut également mentionner la diminution sensible des formations naturelles (forêts denses humides et forêts littorales) et donc celle des ressources potentielles.

Les espèces partiellement cultivées, quant à elles, sont utilisées exclusivement pour d'autres produits que le bois: aliments, fourrages et produits non ligneux. Les deux seules exceptions notables sont le cocotier et l'arbre à pain qui sont utilisés pour le bois, les fruits et les feuilles. Les obstacles à une plus grande utilisation de toutes ces espèces partiellement cultivées sont la petitesse du marché intérieur du Territoire, la quasi-absence d'exportations des produits artisanaux (qui de toute façon sont très hypothétiques) et une substitution progressive de la pharmacopée traditionnelle par la médecine moderne.

Par conséquent, parmi les espèces présentes dans le tableau de l'annexe 2, principalement celles utilisées pour le bois représentent les possibilités de développement les plus importantes.

A l'exception d'une minuscule parcelle de Tectona grandis à Wallis, la seule essence exotique plantée sur le Territoire de Wallis et Futuna est Pinus caribaea. Actuellement, elle peut être jugée comme importante pour son rôle dans la conservation/protection des sols et des eaux. Malgré l'ancienneté des premières plantations (1974) et l'étendue actuelle de ces massifs (400 ha), Pinus caribaea est aujourd'hui pratiquement inutilisé. A cela plusieurs raisons: absence de document de gestion, inexistence d'une filière bois, insuffisance de la desserte (à Futuna), difficultés foncières (à Wallis, le plus grand massif de Pinus caribaea appartenant à une collectivité a été privatisé au début des années 90), absence de sylviculture (éclaircie, élagage). En 1997, le CIRAD forêt[2] a réalisé une étude sur les propriétés physiques et mécaniques de Pinus caribaea à partir d'échantillons de Wallis. Son bois a été jugé au moins aussi bon que celui de Pinus radiata, actuellement importé (sous forme de sciages traités principalement), ce qui autoriserait son utilisation dans la construction. Il faut donc espérer pour l'avenir une utilisation de Pinus caribaea sous forme de sciages et de bois rond.

Il n'y a jamais eu de véritable étude réalisée sur les connaissances des communautés locales concernant les arbres et leurs utilisations. Il faut tout de même citer deux documents intéressants:

- «Arbres et arbustes de Wallis et Futuna» rédigé par une classe de BEPA (Brevet d'enseignement professionnel agricole) en 1992. Cet ouvrage fournit sommairement les utilisations des principaux arbres et arbustes du Territoire.

- «Les plantes dans la médecine traditionnelle de Wallis et Futuna», mémoire de Maîtrise de sociologie de Robert Laufoaulu.

Le tableau présenté dans l'annexe 3 indique la localisation et le type de gestion des 17 essences jugées les plus importantes. Comme il n'existe aucune réglementation sur la gestion/conservation des forêts et des arbres, les premières colonnes du tableau sont vierges. Quant au nombre d'arbres matures des différentes essences pour chaque catégorie d'utilisation des terres, il est très difficile d'être plus précis. En effet, à l'exception d'Artocarpus altilis et de Cocos nucifera, très largement répandus et dont la présence de plus de 1 000 arbres matures a pu être indiquée, il est impossible pour les autres espèces de préciser la moindre donnée chiffrée sans un minimum d'inventaire. Tout au plus, il est possible de dire que les arbres matures des essences de forêt dense ont la chance de se retrouver en plus grand nombre à Alofi qu'à Futuna et qu'à Wallis, ce qui devrait être l'inverse pour les essences de forêts littorales.


[2] Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, France

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