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8. DISCUSSION DES RESULTATS 1

1 Cf. Section 10: Postface.
De l'analyse qui précède, il ne ressort pas encore clairement si la sardine pêchée dans la zone comprise entre le détroit de Gibraltar et le cap Blanc (Mauritanie) appartient à un ou plusieurs stocks indépendants. Les résultats doivent donc être interprétés en fonction des deux hypothèses: existence d'un seul, ou de plusieurs stocks unitaires dans cette région.

Les analyses de prise et d'effort montrent que si la pêche dans chaque zone porte sur un stock indépendant, celui de la Zone A serait pleinement exploité, tandis que celui de la zone C le serait à un niveau proche du rendement potentiel maximum. Aucune estimation n'a peut être avancée pour la Zone B.

L'analyse des populations virtuelles indique que le taux de mortalité par pèche serait du même ordre dans les trois zones. Par conséquent, si les stocks des Zones A et C sont exploites au voisinage de leur niveau maximum, il en serait de même en Zone B.

L'utilisation d'un modèle de rendement par recrue montre que la production pourrait être accrue substantiellement en intensifiant la pêche. Si la conclusion des analyses des prises et des efforts est exacte, c'est-à-dire s'il est vrai que les flottilles prélèvent une quantité de sardine proche du rendement potentiel maximum, la pêche doit donc avoir provoqué une baisse du recrutement. Les renseignements dont on dispose à ce jour sur l'effectif des classes d'âge semblent d'ailleurs indiquer qu'une telle baisse a pu effectivement se produire.

Par conséquent, les résultats obtenus jusqu'ici ne sont pas contradictoires: ils indiquent que les stocks étaient à peu près exploités à plein en 1976. Etant donné que la mortalité par pèche serait du même ordre dans toutes les zones, la conclusion précédente s'appliquerait quelle que soit l'hypothèse retenue quant à l'existence d'un seul stock dans la région ou de plusieurs indépendants.

La prospection acoustique a fourni une estimation de la biomasse de sardine en janvier 1977 dans les zones A et B. Des estimations de biomasse peuvent également être déduites des résultats de l'analyse des populations virtuelles en multipliant les effectifs de chaque classe d'âge par le poids moyen du poisson à ces âges. L'estimation de la biomasse du stock exploité peut encore être tirée de l'équation (B = biomasse, C = captures, F = taux de mortalité par pêche.

Les données sur le poids moyen de la sardine a différents âges ont été fournies par Rami (non publiées), qui les a calculées à partir de la taille moyenne du poisson par groupe d'âge et de la relation entre la longueur et le poids - ceci en Zone A au cours du premier trimestre 1977 (Tableau 10).

Tableau 10

LONGUEUR ET POIDS MOYENS DE LA SARDINE, PAR CLASSES D'AGE, AU COURS DU PREMIER TRIMESTRE 1977

Age

Longueur moyenne

Poids moyen

I

153.0 mm

27.9 g

II

174.8 mm

42.2 g

III

185.3 mm

49.0 g

IV

200.6 mm

64.7 g


Tableau 11

ESTIMATIONS DE LA BIOMASSE TOTALE DE SARDINE OBTENUES A PARTIR D'UNE PROSPECTION ACOUSTIQUE ET DE L'ANALYSE DES POPULATIONS VIRTUELLES ET DE LA BIOMASSE EXPLOITEE CALCULEES A PARTIR DES DONNEES DE CAPTURE ET DE MORTALITE PAR PECHE

Méthode d'évaluation

Biomasse (tonnes)

Prospection acoustique

Analyse des populations virtuelles

Capture taux de mortalité par pêche

Zones

Janvier 1977

Janvier 1976

Moyenne 1976

Zone




A )

1 040 000

357 000 1

220 000

B )

380 000 1

149 000

C )

Pas observée

550 000 1

256 000

Total

> 1 040 000

1 225 000

625 000

1 Non compris les classes d'âge V et VI, qui ne jouent toutefois qu'un rôle insignifiant.
Les données du Tableau 10 ont été utilisées pour évaluer la biomasse de chaque zone. Pour calculer la taille du stock exploité, on a pris F=0,8 pour les trois zones.

Les résultats des différentes estimations figurent dans le tableau 11, qui laisse apparaître des différences importantes selon la méthode employée. Toutefois, il y a lieu de tenir compte d'une part, de ce que le "calcul de la dernière colonne (a partir des captures et des mortalités par pêche) ne détermine que la biomasse du stock exploité, d'autre part, du fait que les autres méthodes incluent dans leur estimation toutes les classes d'âge, même celles qui ne sont pas encore pleinement recrutées. En utilisant les données de l'analyse des cohortes pour calculer le tonnage du stock exploite, on a obtenu respectivement pour les zones A, B et C les chiffres de 311 000, 206 000 et 267 000 tonnes, qui sont très voisins des estimations figurant dans la dernière colonne du Tableau 11. Il faut cependant noter que l'analyse des cohortes et le calcul à partir des captures et de la mortalité par pêche ne sont pas indépendants: le taux de mortalité par pêche est, en effet, tiré de l'analyse des populations et l'on peut, par conséquent, s'attendre un certain parallélisme dans les résultats.

Reste une différence importante entre les estimations fournies par la prospection acoustique et par l'analyse des cohortes. Il peut y avoir à cela plusieurs raisons. L'analyse de cohortes estime la dimention du stock tout entier exploité dans une zone donnée à une certaine date, que le poisson soit présent ou non a ce moment-là dans la zone en question. La prospection acoustique mesure la quantité de poisson réellement présente dans la zone prospectée. Si une partie du stock de la zone C se déplace en hiver dans la zone B, cette fraction sera incluse dans l'estimation par échosondage de la zone B. D'autre part, la prospection acoustique peut aboutir a une surestimation par détection d'autres espèces pélagiques, ou à la suite d'un biais lors de l'estimation de la constante d'étalonnage ou pour toute autre raison. Enfin, on peut aboutir à des valeurs execessives du coefficient de mortalité par pêche si l'on a pris par hypothèse des valeurs par trop inexactes de la mortalité finale par pêche ou de la mortalité naturelle. Ces possibilités d'erreur viennent à leur tour affaiblir la conclusion d'une similitude du niveau d'exploitation dans les trois zones.


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