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7. MANOEUVRE DE FILAGE ET DE VIRAGE

Nous allons décrire l'utilisation d'une palangre de fond sur un bateau d'une douzaine de mètres, fréquentant les eaux côtières, à peu de distance de son port d'attache, équipé d'un vireur et monté par un équipage de cinq hommes.

La préparation de la palangre est effectuée à quai et comprend les étapes suivantes:

Durant la route vers les lieux de pêche, le patron s'occupe de la navigation en surveillant le sondeur et les repères placés sur la côte (figure 3).

Le filage

A l'arrivée sur les lieux de pêche, le patron ralentit l'allure, note la position et la profondeur, place le bateau dans le sens du courant, ou du vent si celui-ci est le plus fort, et ordonne de filer la palangre (figure 28). Ensuite, son travail va consister à conduire le bateau, suivre l'évolution des fonds et surveiller sur l'arrière l'ensemble de la manoeuvre.

Le filage se fait dans le sens du courant, en ligne droite ou en ligne brisée, mais de façon à toujours maintenir un certain angle entre cap et courant pour ne pas mêler la ligne-mère aux avançons.

Avec le bateau à demi-vitesse, le matelot chargé des bouées met à l'eau celle à pavillon et, éventuellement, le flotteur (figure 35). Il laisse ensuite filer l'orin jusqu'à la première ancre, laquelle est jetée par-dessus bord sur ordre du patron (figure 36).

Celui-ci accélère alors l'allure et la palangre défile rapidement, passant par-dessus le tableau arrière dans la gouttière disposée à cet effet; les hameçons sont éjectés les uns après les autres de la caisse de rangement. L'extrémité de cette ligne est alors amarrée au début de la ligne contenue dans la seconde caisse et ainsi de suite jusqu'à la dernière (figure 37). En outre, lors du mouillage sur des fonds accidentés, des bouées secondaires pourront être intercalées entre deux éléments de palangre.

Deux hommes s'occupent de la manutention des caisses pendant la manoeuvre. Lorsque le dernier bac se présente, un matelot amarre l'extrémité de la palangre à la deuxième ancre (ou sur l'orin, à quelques mètres au-dessus de celle-ci) pendant qu'un autre vérifie l'orin, le flotteur et la bouée.

Lorsque l'ancre est posée sur la lisse, le matelot responsable donne un signal à la passerelle pour ralentir. Le bateau avance un peu et la ligne principale déjà à l'eau se tend sur l'arrière. La ligne tire le mouillage qui s'en va à l'eau (figure 38) et l'on balance alors l'orin et la bouée. Le patron note alors la position de fin de filage (l'extrémité de la palangre).

Au moment du filage, des hameçons défilent à pleine vitesse dans une zone de travail restreinte et relativement encombrée; il y a donc des risques. Un bon éclairage du pont sera nécessaire si la manoeuvre a lieu de nuit.


Figure 35

Figure 35. Filage de la bouée et de son flotteur.


Figure 36

Figure 36. Mise à l'eau du premier mouillage.


Figure 37

Figure 37. Filage de la palangre.


Figure 38

Figure 38. Mise à l'eau du dernier mouillage.


Pendant le temps de pêche, durée qui est à l'appréciation du patron, le bateau peut rester sur zone, au mouillage ou en dérive près de son engin, ou rentrer au port et y revenir au moment prévu pour le relevage. Il ne faut pas que bouées et flotteurs éventuels aient trop de flottabilité; un tel excès, conjugué avec un fort vent et/ou courant, pourrait «lever» le mouillage de la palangre et faire dériver cette dernière (figure 39).

De même, il faut éviter de caler la palangre très près de récifs rocheux ou coralliens, car le vent et/ou le courant peuvent diriger les orins vers les récifs où ils risquent de rester accrochés (figure 40). Pour récupérer la ligne, cela peut prendre du temps et les manoeuvres seront parfois dangereuses.

Le virage

Le virage commence, en général, par la dernière extrémité filée. Habituellement, le relevage de la ligne s'effectue par le côté avant ou, éventuellement, tout à fait sur la proue. Pour faciliter le relevage et assister ainsi le vireur, le bateau doit se mettre en position avec l'aide du moteur et du gouvernail. Avant de commencer le virage, il est conseillé de déterminer la direction et la force du courant; si celui-ci est fort, la manoeuvre s'opère dans sa direction mais, le plus souvent, elle s'effectue à contre-courant.

Lorsque le patron décide de relever la ligne, le bateau fait route sur l'une des bouées d'extrémité. Parvenu près de la bouée, un matelot attrape l'orin, éventuellement entre le flotteur et la bouée, et embarque ces derniers. L'orin est alors envoyé au vireur et halé jusqu'à venir à l'aplomb du mouillage (figure 41).

Dès qu'il sent la résistance du mouillage, l'homme en poste au vireur appuie d'un coup sec pour décrocher l'ancre du fond puis, lorsque celle-ci arrive le long du bord, le vireur est stoppé et le mouillage embarqué.

Le virage de la ligne-mère commence alors (figure 30). Le patron va exercer une surveillance continue sur la palangre. Il assure la conduite du bateau et son maintien au meilleur cap par rapport à une éventuelle dérive due au courant ou au vent et prête également attention à la tension supportée par la ligne. Pour ne pas risquer la rupture de la ligne, le bateau doit toujours venir un peu au-devant de la palangre. La vitesse du bateau doit donc être un peu supérieure à la vitesse de relevage, ces deux vitesses devant rester à peu près constantes (rapport vitesse bateau/vitesse relevage légèrement supérieur à 1). Le patron contrôle au sondeur la nature du fond et note la position lors de prises intéressantes. En outre, il lui faut repérer au fur et à mesure du relevage l'arrivée d'avançons ou d'hameçons détériorés qui seront à changer.


Figure 39

Figure 39. Une trop grande flottabilité en surface peut faire décoller le mouillage du fond;
la palangre risque alors de dériver avec le courant.


Figure 40

Figure 40. Eviter de caler la palangre près de récifs rocheux ou coralliens;
la palangre risquerait de s'accrocher et son relevage pourrait être difficile.


Figure 41

Figure 41. Manoeuvre pour virer la palangre.


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