Chapitre précédente Table des matières


13. LES DANGERS DE LA PÊCHE À LA PALANGRE - PRÉCAUTIONS À PRENDRE

Manoeuvre de filage et de virage

Les règles de bon sens en matière de sécurité sont nécessaires pour la pêche à la palangre. Les risques proviennent des lignes et des cordages et surtout des hameçons.

Au cours du filage, la corde peut passer autour d'une jambe, ou un hameçon qui se balançait peut accrocher un bras ou un vêtement. Au cas où la sécurité d'un homme est mise en cause au cours des manoeuvre, il faut toujours avoir un couteau à portée de la main de façon à intervenir rapidement pour pouvoir éventuellement couper la lignemère, un orin ou un avançon (figure 80).

Un râtelier avec un ou deux couteaux est à prévoir en un endroit très accessible sur le pont.

Autre règle générale, les hommes doivent travailler avec des gants.

Un bon lovage mauel, notamment pour le monofilament, doit faire appel au bon sens, et un mauvais enroulement ne peut qu'exposer l'équipage à de désagréables surprises au moment du filage (figure 80a et 81b).

Le matelot chargé de ramasser la ligne dans une caisse, principalement dans le cas d'un vireur classique, doit être protégé des à-coups; il est alors bon de prévoir un taquet; ou autre solide point de manoeuvre, permettant de bloquer une corde en catastrophe si nécessaire (figure 82).

Au virage, il faut être attentif à la tension exercée sur la ligne-mère (figure 81a), notamment lorsqu'un gros poisson arrive en surface et sort de l'eau encore vivant.


Figure 80

Figure 80. Avoir toujours un couteau à portée de la main.


Figure 81

Figure 81. Quelques précautions à prendre.


Figure 82

Figure 82. Garder toujours disponible un point fixe ou un taquet pour
pouvoir tourner un cordage en catastrophe.


Au filage, il ne faut jamais essayer de démêler une ligne pendant que le bateau est en route. L'utilisation d'hameçons amovibles peut permettre des manoeuvre un peu plus sûres puisque les hameçons peuvent être disposés le long du bord à l'instant du filage comme juste après le relevage. Il est certain que l'automatisation de certaines manoeuvre au filage et au virage ne peut que rassurer l'équipage.

Embarquement des captures

Au virage de la palangre, notamment lorsqu'on utilise un vireur, il faut toujours placer un homme en attente de l'arrivée du poisson; il devra avoir à portée de la main plusieurs outils tels que gaffe, croc et haveneau (figure 83) de façon à pouvoir intervenir promptement en cas de décrochage de la capture ou lorsqu'il s'agit d'une grosse prise.

Normalement, si le poisson est de taille moyenne, le matelot embarque la capture en saisissant l'avançon. Si la prise est plus importante, ou sur le point de se décrocher, il accroche la capture et la met à bord à l'aide d'un croc, d'une gaffe ou d'un haveneau tout en maintenant l'avançon (figure 84a et b). Il faut toujours essayer de gaffer un poisson à la tête (figure 85).

Dans le cas d'un requin assez gros (figure 86a), on peut recommander l'utilisation d'un noeud coulant pour en saisir la tête. On fait glisser le noeud coulant autour du requin, on y engage la tête et l'on serre. Le bout peut alors être amené a un treuil ou cabestan pour y être viré. Pour faciliter l'embarquement, un autre cordage sera passé autour de la queue (figure 86a).

Quel que soit le poisson, surtout s'il est assez gros, il faut éviter de mettre la main dans la gueule pour enlever l'hameçon (figure 86b).


Figure 83

Figure 83. Matériel nécessaire pour embarquer ou récupérer le poisson:
(a) haveneau; (b) gaffes; (c) croc.


Figure 84

Figure 84. Comment sortir un poisson de l'eau dans de bonnes conditions:
(a) avec une petite gaffe; (b) avec un haveneau.


Figure 85

Figure 85. Pour embarquer un poisson, gaffer de préférence à la tête.


Accrochage de la palangre sur le fond

Si la palangre accroche le fond, une tension très forte se crée alors sur la ligne-mère et il y a risque de voir une partie de la ligne et des avançons déjà remontés repasser à toute vitesse dans le vireur. Les personnes se trouvant à proximité peuvent alors être blessées.

Pour décrocher la palangre, et éviter aussi de la perdre, on engage un anneau en acier ou en ciment assez lourd (environ 10 kg) sur la ligne et on le fait glisser le long de la ligne-mère jusqu'au fond; on peut espérer ainsi dégager la ligne (figure 87a).

Dans le cas d'accrochages sérieux, ou lorsque les repères en surface ont disparu (coupures d'orins), et si la position est bien déterminée, il y a la possibilité de récupérer la palangre en draguant dans un sens perpendiculaire à l'alignement de la ligne avec un grappin traîné sur le fond (figure 87b).


Figure 86

Figure 86. Faire attention aux gros poissons ou requins.


Figure 87

Figure 87. Systèmes pour (a) décrocher et (b) récupérer la palangre.


Remontée d'un paquet de lignes embouillées

Il peut arriver que la ligne principale, les avançons et les hameçons s'embrouillent; dans ce cas, après avoir bossé la ligne-mère, celle-ci est retirée du vireur et le paquet de lignes embrouillées est embarqué en vrac et mis de côte. La lignemère est ensuite réintégrée dans le vireur pour la poursuite du virage.

Le danger provient également du risque d'accrochage avec les hameçons, ainsi que de la forte tension exercée sur la palangre. Dans ces deux situations, il est préférable de couper et d'enlever quelques avançons et hameçons, de façon préventive, avant d'effectuer l'intervention.

D'une façon générale, il faut assurer la formation et la sensibilisation des matelots, notamment des nouveaux embarqués, en ce qui concerne les risques courus.

BONNE PÊCHE !

POINTS DE VENTE DES PUBLICATIONS DE LA FAO

BackCover

Chapitre précédente Début du chapitre