ÉTUDE FAO FORÊTS   107

Cover
Conservation des ressources génétiques dans l'aménagement des forets tropicales
Principes et concepts


TABLE DES MATIERES


Etude fondée sur les travaux de
R.H. Kemp
Supervision scientifique de
G. Namkoong
et F.H. Wadsworth


Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.


M-30
ISBN 92-5-203309-2


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AVANT-PROPOS

La croissance démographique et l'aspiration au développement économique et social ont entraîné une destruction et une dégradation de plus en plus intenses des habitats naturels, et notamment des forêts. Les pertes de ressources naturelles et la dégradation des sols ont déjà des répercussions sur l'économie et le bien-être des populations dans de nombreux pays, plus particulièrement de la zone tropicale. La destruction des habitats entraîne une perte accélérée de ressources génétiques, qui sont essentielles pour l'adaptation et l'amélioration des espèces actuellement cultivées et d'autres dont l'intérêt n'est pas encore connu.

Il est généralement admis aujourd'hui que les réseaux existants d'aires protégées ne sont pas en eux-mêmes suffisants pour assurer une couverture géographique et biologique permettant de conserver la diversité exceptionnelle des forêts tropicales ou des ressources génétiques de leurs principales espèces composantes. Il est d'autre part reconnu que, pour réussir, la conservation doit apparaître non comme une contrainte mais comme une partie intégrante du développement.

Bien que les interventions d'aménagement forestier entraînent dans la composition des écosystèmes des changements plus rapides que ne le font les forces naturelles, et parfois accélèrent ou modifient les successions végétales, on peut les rendre compatibles avec la conservation des ressources génétiques des essences exploitées. Une exploitation rationnelle des forêts pour répondre aux besoins actuels, couplée avec l'entretien d'un réseau d'aires consacrées à la protection des écosystèmes et de leurs fonctions, offre la seule solution permettant une conservation génétique durable.

En accord avec son mandat, la FAO a, au cours des quatre décennies écoulées, publié un certain nombre de manuels sur l'aménagement des forêts tropicales, complétés depuis une vingtaine d'années par des guides sur la conservation des ressources génétiques forestières. Ces documents mettent tous l'accent sur la compatibilité technique de l'aménagement et de la conservation des forêts tropicales.

Le présent ouvrage constitue un premier pas vers une approche plus systématique en vue de fournir des directives pour une harmonisation entre exploitation durable et conservation des ressources génétiques des essences forestières tropicales. De nombreuses prescriptions d'aménagement en vigueur pourraient, moyennant des ajustements mineurs, être plus compatibles avec la conservation. Inversement, des compromis pourraient être apportés aux méthodes actuelles de conservation des ressources génétiques forestières afin de réaliser les grands objectifs de la conservation tout en répondant à la demande pressante actuelle de biens et services fournis par la forêt.

Ce document décrit brièvement les techniques actuelles d'aménagement forestier, illustrées par des études de cas dans trois pays tropicaux. Il passe en revue les stratégies et méthodologies existantes de conservation des ressources génétiques forestières au regard de leur compatibilité avec l'exploitation suivie des ressources à conserver. Il est prévu de publier dans un proche avenir un complément au présent ouvrage qui donnera des directives plus précises sur l'aménagement de tel ou tel type de forêt ou de telle ou telle essence, dans des hypothèses variées de priorité relative de la production et de la conservation, tout en satisfaisant au moins à certaines des exigences de ces deux aspects complémentaires.

J.P. Lanly
Directeur
Division des ressources forestières
Département des forêts

Remerciements

La présente étude est basée sur les travaux de R.H. Kemp (Royaume-Uni) et a été réalisée sous la direction technique du personnel de la Division des ressources forestières de la FAO. Le Professeur Gene Namkoong (Etats-Unis) et le Dr F.H. Wadsworth (Etats-Unis) ont assuré la supervision scientifique de l'étude, qui a également bénéficié des commentaires du Dr J. Wyatt-Smith (Royaume-Uni) et de confrères de l'UICN, de l'Unesco, des Royal Botanic Gardens de Kew (Royaume-Uni) et de l'Oxford Forestry Institute (Royaume-Uni). Nos remerciements vont également au Dr D. Boshier qui a donné des informations sur Cordia alliodora (voir Annexe 1) et à l'Overseas Development Administration (Royaume-Uni) qui a fourni l'information et le matériel relatifs aux études de cas du Ghana et de l'Inde. De précieuses contributions ont été apportées par de nombreux autres collaborateurs, notamment, MM. J.R. Palmer, M.E.D. Poore et T.J. Synnott.

Le plus grand mérite revient cependant aux forestiers et autres responsables des pays concernés dont les efforts persévérants ont permis les réalisations concrètes sur le terrain qui ont fourni l'information utilisée dans ce document. Qu'ils soient remerciés pour le vif intérêt qu'ils portent à la nature, à la complexité et au fonctionnement des forêts naturelles et pour leur empressement à en discuter et à partager leur connaissance de ces problèmes au profit de tous.

Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

Rome © FAO 1994


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TABLE DES MATIERES

Résumé

Glossaire

Clef des sigles

PREMIERE PARTIE

1.   Introduction

2.   La nature des ressources génétiques forestières

2.1   Niveaux et structure de la diversité génétique
2.2   Conservation des écosystèmes
2.3   Conservation des essences principales
2.4   Conservation des provenances
2.5   Valeur de la diversité génétique
2.6   Valeur d'usage et valeur d'option
2.7   Valeur de précaution
2.8   Valeur d'existence
2.9   Localisation des aires de conservation
2.10   Lien avec les forêts de production
2.11   Taille des aires de conservation
2.12   Conservation dynamique
2.13   Perturbation et succession
2.14   Exploitation forestière et diversité génétique

3.   Effets de l'aménagement dans les forêts de production

3.1   Continuité et contrôle
3.2   Influences économiques et commerciales
3.3   Inventaire forestier
3.4   Dynamique de la forêt
3.5   Régénération
3.6   Sylviculture
3.7   Exploitation
3.8   Produits forestiers autres que le bois
3.9   Participation de la population locale

4.   L'avenir des forêts tropicales

4.1   Population et utilisation des terres
4.2   Demande et commerce international des bois
4.3   Forêts tropicales et préoccupations écologiques
4.4   Réseaux d'aires protégées
4.5   Zones tampons

5.   Stratégies de conservation in situ dans les forêts de production

5.1   Politiques nationales
5.2   Information en vue de l'aménagement
5.3   Modes d'aménagement
5.4   Plans d'aménagement

DEUXIEME PARTIE
ETUDES DE CAS

6.   Ghana

6.1   L'économie
6.2   L'environnement
6.3   Diversité
6.4   Aménagement en vue de la production ligneuse
6.5   Politique forestière: production et conservation
6.6   Produits forestiers autres que le bois (“menus produits”)
6.7   Systèmes de taxation forestière
6.8   Inventaire forestier
6.9   Fixation de priorités
6.10   Aménagement et exploitation
6.11   Régénération et sylviculture
6.12   Biologie de la reproduction
6.13   Intégration et sécurité

7.   Brésil: les forêts d'Amazonie

7.1   Cadre juridique
7.2   Fixation de priorités
7.3   Choix d'aménagement
7.4   Forêt secondaire et produits forestiers autres que le bois
7.5   Information, recherche et coordination

8.   Inde: les forêts des Ghāts occidentaux, Etat de Karnataka

8.1   Politique nationale
8.2   Les forêts des Ghāts Occidentaux
8.3   Stratégie de mise en valeur et conservation intégrées

Annexe 1   Méthodologie d'une étude sur la biologie de la reproduction et la génétique de Cordia alliodora

Encadré 1   Le rôle des forêts exploitées dans la conservation de la richesse spécifique et de la diversité génétique

Encadré 2   Aménagement de la diversité par la diversité de l'aménagement

Bibliographie

Photo de couverture: Forêt récemment exploitée au Sarawak (Malaisie). R.H. Kemp

RESUME

Considérations générales

1. On prend à l'heure actuelle de mieux en mieux conscience, au plan tant national qu'international, de la valeur des forêts en tant que ressource naturelle renouvelable et de leur rôle de production d'une grande diversité de biens et services, notamment écologiques. Parmi ces derniers il faut noter le rôle des forêts tropicales comme source de matériels génétiques en vue de l'adaptation et de l'amélioration des plantes actuellement cultivées, et de celles dont l'intérêt n'est pas encore connu.

2. La croissance démographique et l'aspiration au développement économique et social dans la plupart des pays tropicaux entraînent une tendance constante à la diminution des surfaces boisées, en dépit des préoccupations que suscite la forêt tropicale. Elles limitent d'autre part fortement les possibilités d'extension des aires protégées existantes.

3. La diversité biologique exceptionnelle des forêts tropicales en fait une richesse unique au plan national et mondial, mais l'étendue et l'intégrité de cette diversité sont en voie de diminution rapide.

4. La pérennité de la diversité biologique et des ressources génétiques est indispensable au développement durable des nations. La conservation des ressources génétiques des essences forestières et autres végétaux ligneux se relie étroitement à celle des autres formes de biodiversité, et elle est essentielle au maintien des fonctions de production et de protection de la forêt.

5. En dépit de leur importance au plan national aussi bien que local, on a rarement choisi pour la constitution d'aires protégées des forêts renfermant des essences de grand intérêt socio-économique. C'est pourquoi les forêts de production rationnellement aménagées ont un rôle essentiel à jouer dans la conservation des ressources génétiques de ces essences, et sont le complément indispensable des actions de conservation entreprises dans les aires protégées.

6. L'aménagement d'une forêt peut avoir pour principal objet la production ligneuse et autre, la protection des sols et des eaux, ou la conservation de la diversité biologique et des ressources génétiques. Les objectifs de production et de protection peuvent être conciliés avec les préoccupations de conservation, grâce à une planification rationnelle et une coordination intersectorielle des actions au plan national.

7. Les préoccupations internationales concernant la conservation de la biodiversité conduiront vraisemblablement à accroître l'appui aux pays tropicaux, tant sous forme d'aide directe que par des mesures d'ordre commercial. Etant donné qu'il est maintenant reconnu que le réseau d'aires protégées ne peut assurer à lui seul la couverture géographique et biologique nécessaire, l'assistance internationale pourrait à l'avenir se porter de plus en plus vers un appui à des actions d'aménagement forestier prenant dûment en compte la conservation génétique.

Conservation des ressources génétiques forestières

8. Les ressources génétiques sont associées aux différents niveaux de diversité existant dans la nature, des écosystèmes aux espèces, aux populations, aux individus et aux gènes. Ces différents niveaux sont en interaction étroite, et tous doivent être pris en considération lors de la définition des objectifs de conservation et des actions correspondantes à entreprendre.

9. La conservation in situ des ressources génétiques est conditionnée par le maintien des composantes fonctionnelles essentielles de l'écosystème. Elle suppose l'aménagement systématique d'essences choisies dans un réseau d'aires de conservation comprenant des aires intégralement protégées aussi bien que des forêts aménagées et des réserves à utilisations multiples.

10. Les forêts tropicales constituent des écosystèmes dynamiques, susceptibles d'évoluer sous l'effet des perturbations naturelles et des successions végétales; le but de la conservation n'est pas de figer une situation donnée mais de maintenir un écosystème en évolution dynamique.

11. Le manque d'information sur la biologie des populations, les systèmes de reproduction, la variation et la génétique de la plupart des essences forestières tropicales limite les possibilités de gestion systématique de leurs ressources génétiques. Le maintien d'une base génétique large grâce à la conservation d'une gamme de provenances des essences choisies est vraisemblablement la solution la plus sûre jusqu'à ce que l'on dispose de données plus appropriées.

12. Les actions de conservation doivent être planifiées au niveau national, mais une liaison étroite avec les actions au niveau régional et mondial est indispensable à leur succès.

Conservation des ressources génétiques et aménagement forestier

13. L'utilisation ordonnée des forêts pour répondre aux besoins actuels, associée au maintien d'un réseau d'aires destinées à la protection des écosystèmes et de leurs fonctions, offre la seule solution pour assumer la conservation génétique à long terme. Il est particulièrement important d'harmoniser la conservation et l'aménagement en vue de la production de biens et services en ce qui concerne les essences forestières tropicales qui ne sont pas incluses dans des programmes de plantation et de domestication.

14. La prépondérance des intérêts économiques à court terme et des forces de marché sur les considérations écologiques et techniques a souvent provoqué l'échec des tentatives visant à instaurer durablement un aménagement des forêts naturelles et la conservation des essences forestières utiles dans les tropiques.

15. Une information sur la composition de la forêt et sur sa croissance est d'importance décisive tant pour la production soutenue que pour la conservation génétique; des inventaires élargis, comportant des prospections botaniques, des échantillonnages de régénération et une information sur les produits forestiers autres que le bois, peuvent être combinés de manière à servir ces deux objectifs.

16. Certaines interventions sylvicoles, telles qu'une manipulation du couvert pour favoriser certaines essences et certains individus, peuvent entraîner une réduction de la diversité spécifique globale des peuplements. Cependant ces techniques, judicieusement employées, peuvent aussi servir à maintenir ou restaurer la diversité dans des zones choisies.

17. A l'heure actuelle, l'exploitation de bois constitue très souvent la seule intervention à grande échelle d'aménagement dans la forêt tropicale. Elle peut soit réduire, soit accroître la diversité spécifique et intraspécifique. Elle peut en outre contribuer à l'appauvrissement ou à la conservation des ressources génétiques des principales essences exploitées, selon l'époque, l'intensité, la fréquence et la sélectivité des coupes, ainsi que l'efficacité de la protection et de la conduite de la régénération.

18. Une exploitation intensive à grande échelle, à courte rotation, avec un contrôle insuffisant des coupes, risque d'altérer la composition spécifique de la forêt et de nuire à sa structure et à la qualité stationnelle. Les dégâts de coupe touchent indistinctement sur les ressources génétiques, mais des coupes fortes tendent à favoriser les essences pionnières. Si c'était le cas, il faudrait être particulièrement attentif à la conservation de populations et d'espèces rares des stades plus avancés de la succession.

19. Si l'exploitation d'arbres âgés de bonne qualité fait partie des objectifs de l'aménagement visant à la production ligneuse, la pression de la demande des marchés associée à une gestion forestière défectueuse peut conduire à une exploitation très sélective ayant des effets négatifs (ou “dysgéniques”) sur l'évolution future du peuplement. La sylviculture se donne à juste titre pour but d'exploiter les meilleurs arbres possibles, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la capacité de régénération et de la qualité du peuplement futur.

20. L'exploitation de produits forestiers autres que le bois élargira l'éventail des objectifs de l'aménagement, et diversifiera les interventions. Elle est par conséquent susceptible d'accroître les possibilités d'aménagement durable et de conservation des ressources génétiques, à la fois en élargissant la gamme d'espèces qui contribuent à la production et en renforçant l'appui des communautés locales à la conservation de la forêt, grâce aux avantages directs qu'elles en retireront.

Actions nécessaires

21. La continuité de l'aménagement, fondé sur une bonne connaissance de la composition de la forêt et de sa dynamique, est essentielle pour la réalisation des objectifs de production et de conservation des surfaces à présent boisées. L'aménagement forestier doit être réalisé dans le cadre de plans acceptables par tous les usagers des terres, et mis en oeuvre par un personnel compétent, informé et motivé.

22. La contribution que chaque unité de forêt de production peut apporter à la conservation de la biodiversité et des ressources génétiques, et l'établissement d'un ordre de priorités entre les objectifs de production et de conservation, doivent être déterminés dans le cadre d'une stratégie intégrée, fondée sur les politiques nationales, avec des liens appropriés à l'échelon régional et international.

23. L'action intégrée doit aller au-delà de l'aménagement des forêts de production et des aires protégées pour s'étendre à l'industrie forestière, à la commercialisation des produits forestiers et aux autres secteurs dans le contexte de politiques nationales de développement.

24. La participation de la population locale vivant en forêt ou en bénéficiant directement est essentielle au succès de toute action de conservation et d'aménagement, à court terme aussi bien que dans l'avenir lointain.

25. La formulation d'une Stratégie nationale de conservation des ressources génétiques forestières est le meilleure moyen d'assurer l'intégration nécessaire des actions au plan national, et de définir les mécanismes institutionnels appropriés pour les mettre en oeuvre.

26. La formulation d'une telle stratégie nationale de conservation est un point de départ essentiel pour une action plus large de conservation de la diversité biologique terrestre. Elle fournit d'autre part une base solide et crédible pour l'appui international important qui sera nécessaire à la réalisation des objectifs nationaux et mondiaux de conservation.

27. L'ampleur et la complexité des données nécessaires à la poursuite des objectifs nationaux de conservation, de protection et de production exigeront une coordination sous la forme d'un centre national de données sur la conservation, qui devrait faciliter et stimuler la collecte de données, rendre celles-ci aisément accessibles pour leur application sur le terrain, et assurer des liaisons internationales.

28. Le mode d'aménagement à appliquer à chaque forêt ou unité d'aménagement forestier devra être décidé en fonction de son rôle spécifique dans le cadre de la politique nationale de conservation. Cela contribuera à réaliser un équilibre approprié sur l'ensemble du domaine forestier national, en pondérant judicieusement les objectifs écologiques et socio-économiques.

29. Il pourra être nécessaire d'accorder une attention et une priorité particulières à la conservation des ressources génétiques forestières dans certaines parties du domaine forestier de production, par exemple à la limite de l'aire géographique ou écologique d'une espèce donnée, où les populations ont des chances d'être génétiquement distinctes, et où elles peuvent être particulièrement exposées aux perturbations du milieu.

30. Il faudra en outre accorder une attention particulière aux forêts secondaires généralement riches en essences à différents stades de reconstitution, et à la conservation des ressources génétiques d'essences caractéristiques de la phase de maturité ou de la forêt climacique. Cela pourra dans certains cas amener à imposer à un moment donné certaines contraintes à l'aménagement en vue de la production, dans des parties déterminées de l'aire naturelle de certaines espèces ou communautés.

31. De nombreux aspects pratiques de l'attribution, de la durée et de l'exploitation des concessions forestières, qui sont d'importance capitale pour l'aménagement en vue de la production de bois d'oeuvre et autres produits, ont également une influence décisive sur les possibilités de conservation des ressources génétiques. Il pourra être nécessaire de recourir à des compétences particulières en matière d'écologie, taxonomie ou autres pour règler les questions de conservation, par exemple pour déterminer l'emplacement et la répartition des arbres semenciers ou des taches de boisement à soustraire temporairement à l'exploitation, afin d'assurer la régénération et le maintien des niveaux désirables de diversité inter- et intraspécifique.

32. Dans tous les aspects de l'aménagement forestier et de la conservation, le non-respect des prescriptions d'aménagement entraîne fréquemment des dommages inutiles au sol, aux arbres sur pied et à la régénération. Un suivi et un contrôle stricts, s'appuyant sur les critères énoncés dans les plans d'aménagement et dans la stratégie nationale de conservation et tenant dûment compte des préoccupations écologiques, techniques, sociales et économiques, devraient être assurés en permanence dans chaque unité d'aménagement et au niveau national.

33. Des recherches intensives sur de nombreux aspects de la taxonomie, de la dynamique de la forêt et du fonctionnement des écosystèmes, et sur les différentes essences forestières (notamment biologie de la reproduction), sont nécessaires pour la poursuite des objectifs tant de production que de conservation. La fixation de priorités et la coordination de la recherche dans le cadre de la Stratégie nationale de conservation sont indispensables pour assurer l'utilisation optimale des ressources scientifiques limitées qui sont disponibles.

GLOSSAIRE

AllèleL'une des différentes formes possibles d'un gène pouvant occuper un même emplacement (locus) sur un chromosome (voir également gène).
Aménagement forestier [durable]Ensemble des mesures administratives, économiques, sociales, juridiques, techniques et scientifiques visant à la conservation et à l'exploitation rationnelle des forêts dans le cadre d'un plan général d'utilisation des terres techniquement valable et politiquement acceptable. Il comporte divers degrés d'intervention humaine, allant d'actions visant à sauvegarder et entretenir l'écosystème forestier et ses fonctions à des mesures favorisant certaines essences ou groupes d'essences d'intérêt social ou économique particulier en vue d'une production améliorée de biens et services. Ce terme ne peut être défini de manière plus précise que par rapport aux objectifs d'aménagement d'une forêt déterminée, cependant il doit dans tous les cas incorporer les principes du développement durable, qui sont de “répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire leurs propres besoins”. L'aménagement forestier a donc des objectifs essentiels en commun avec la conservation des ressources génétiques. Les deux concepts trouveront leur application la plus effective dans le cadre d'un domaine forestier national.
ApomixieMode de reproduction ne comportant pas de fécondation ou fusion de deux gamètes, de sorte que la descendance est génétiquement identique à l'individu parental.
Auto-écologieEcologie d'une espèce considérée individuellement, par opposition à une communauté ou groupement d'espèces.
Biodiversité (ou diversité biologique)Ensemble des types biologiques, des rôles écologiques qu'ils remplissent et de la diversité génétique qu'ils renferment.
BiomeUnité supérieure de communauté écologique régionale.
ChorologieDescription et délimitation de l'aire de répartition d'une espèce ou autre taxon.
ChromosomeOrganite se présentant sous forme de filament à l'intérieur du noyau cellulaire, constitué essentiellement d'ADN (acide désoxyribonucléique) et d'une gaine protéinique, et renfermant les gènes responsables de la plupart des caractères héréditaires.
ClimaxStade terminal d'une succession écologique.
CommunautéGroupement d'organismes différents vivant en étroite interdépendance et occupant un habitat commun.
Conservation des ressources génétiquesConduite de l'utilisation humaine des ressources génétiques propre à procurer un maximum de bénéfices durables pour la génération actuelle tout en maintenant leur capacité de répondre aux besoins et aspirations des générations futures (voir également conservation in situ et conservation ex situ).
Conservation ex situToute méthode de conservation qui implique le prélèvement de plantes ou de matériel de multiplication (semences, pollen, tissus) de leur site naturel, c'est-à-dire conservation “hors du site” dans des banques de gènes sous forme de semences, de tissus ou de pollen, dans des plantations ou autres collections vivantes telles que peuplements de conservation ex situ.
Conservation in situConservation des ressources génétiques d'espèces choisies “sur le site”, dans l'écosystème naturel ou originel dans lequel on les trouve, ou sur le site précédemment occupé par cet écosystème. Bien qu'elle soit plus souvent appliquée à des populations régénérées naturellement, la conservation in situ peut comporter une régénération artificielle lorsque la plantation ou le semis sont faits sans sélection délibérée et dans la zone même où les semences ou autres matériels de reproduction ont été récoltés.
Dérive génétiqueChangements dus au hasard se produisant dans la composition génétique de petites populations isolées.
DisclimaxStade d'une succession écologique dont l'évolution vers le climax véritable est empêchée par exemple par le feu.
Diversité génétiqueComposante héréditaire de la variation. Elle se situe au niveau du gène, de l'individu, de la population, de l'espèce et de l'écosystème. La diversité génétique est une des composantes de la diversité biologique ou biodiversité (voir ci-dessus).
EcosystèmeEnsemble formé par une communauté biologique et son milieu physique réagissant entre eux en un système fonctionnel.
EndémismeCaractéristique d'un taxon confiné dans une aire restreinte.
EndogamieCroisement entre individus étroitement apparentés.
Ensemble génétiqueEnsemble du matériel génétique d'une population allogame.
EspècePopulation ou ensemble de populations dont les individus peuvent se reproduire entre eux, mais qui ne peuvent échanger des gènes avec des membres d'autres espèces.
Espèces clefs de voûteOrganismes jouant un rôle essentiel dans le fonctionnement d'un écosystème (voir aussi Chapitre I, page 6).
ExogamieReproduction entre individus non apparentés (ou lointains parents).
Flux de gènesEchange de gènes entre populations dû à la dispersion de gamètes ou de zygotes.
Forêt secondaireForêt ayant subi des degrés divers de perturbation par suite de culture itinérante, ou diverses intensités d'exploitation, par opposition à une forêt supposée vierge, ou une forêt parvenue à maturité ayant atteint plus ou moins le stade de climax.
Forêt tropicale humideCe terme désigne la forêt dense des tropiques à courte saison sèche (4 mois) ou sans saison sèche. Il comprend les forêts ombrophiles ou forêts denses équatoriales, et les forêts de mousson sous climat à forte pluviosité et saison sèche marquée.
FrugivoreQui se nourrit de fruits.
GèneUnité de base de l'hérédité; structure physique transmise lors du processus de reproduction, et déterminant les caractères héréditaires de la descendance. Les gènes peuvent prendre des formes ou états différents, appelés allèles.
GénotypeConstitution génétique d'un individu (son ensemble particulier d'allèles).
Groupe écologiqueGroupe d'espèces ayant des exigences écologiques semblables et des rôles identiques dans la communauté, par exemple espèces pionnières.
IsoenzymeVariantes d'une enzyme donnée ayant la même fonction catalytique, mais correspondant à la présence de gènes différents (syn. isozyme).
MutationChangement soudain dans la constitution génétique ou chromosomique, entraînant des changements dans le nombre, la structure, la taille ou l'ordre des chromosomes.
OriginePour un peuplement forestier autochtone l'origine est le lieu où les arbres poussent; pour un peuplement non autochtone l'origine est le lieu où le matériel de reproduction dont il est issu a été initialement récolté (voir aussi provenance).
PeuplementEnsemble d'arbres ayant une uniformité suffisante quant à sa composition floristique, sa structure, son âge, sa répartition dans l'espace, sa condition sanitaire, pour se distinguer des peuplements voisins, et pouvant ainsi former une unité élémentaire sylvicole ou d'aménagement.
PhénotypeEnsemble des caractères observables d'un individu, résultant de l'interaction du génotype avec le milieu.
PopulationEnsemble d'individus apparentés et capables de s'intercroiser occupant une aire particulière, et généralement plus ou moins séparé d'autres groupes analogues.
ProvenancePopulation d'une espèce caractérisée par sa localisation; endroit où un peuplement donné (d'espèce indigène ou non) se trouve (voir aussi origine).
Ressources génétiquesValeur économique, scientifique ou sociale du matériel héréditaire contenu dans une espèce ou dans un ensemble d'espèces.

CLEF DES SIGLES

FAOOrganisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
GCEGroupe de la conservation des écosystèmes (comprenant actuellement des représentants de la FAO, de l'Unesco, du PNUE, du PNUD, de l'UICN et du WWF)
PNUDProgramme des Nations Unies pour le développement
PNUEProgramme des Nations Unies pour l'environnement
UICNAlliance mondiale pour la nature (précédemment Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources)
UnescoOrganisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture
WWFFonds mondial pour la nature
WRIInstitut mondial pour les ressources