Table des matières - Précédente - Suivante


Chapitre 12 : Une nouvelle approche de lutte antiérosive en Haïti


Problematique
Diagnostic du milieu
Les stratégies traditionnelles paysannes et leurs limites
Les actions d'améliorations engagées


Bernard Smolikovski, Directeur du PRACTIC (1988- 1992),
Mission de coopération à Praïa, République du Cap Vert
Eric Roose, Directeur de Recherche en Pédologie, ORSTOM, Montpellier, France
Michel Brochet, Directeur des études, ENSAT/CNEARC, Montpellier, France

EXEMPLE D'UN TRANSECT CALCAIRE-BASALTE DANS LES COLLINES DU SUD QU'HAITI

Problematique

UN CONTEXTE PARTICULIER

Depuis les années 1950, Haïti subit une dégradation accélérée de son espace rural et de ses ressources naturelles. Mais bien que son agriculture traverse une crise particulièrement difficile, elle représente toujours l'un des moteurs de son économie.

La malnutrition dans les campagnes, la baisse des exportations (50% ces 10 dernières années), l'exode rural important et l'incapacité des familles à épargner, plongent le paysan haïtien dans un cycle de décapitalisation dont il aura du mal à se sortir, les revenus agricoles très faibles (ils sont passés de $ 450 à $250 en 1992) ne permettant même plus à la majorité d'entre eux de renouveler leur capital animal et leur capital outil. De plus la démographie élevée accentue la pression foncière. Ainsi la mise en culture de plus en plus rapprochée diminue les temps de jachère, provoque le surpâturage et favorise la dégradation des sols.

Celle-ci ne s'exprime pas seulement par une baisse de la fertilité mais aussi par une accélération des pertes en sol, les facteurs du milieu physique étant naturellement fragiles: 60% des terres cultivées sont situées en montagne sur des pentes très fortes (de 20 à 80%) et le régime des pluies souvent violentes favorise le ruissellement. Le corollaire de tous ces facteurs est une baisse de la productivité du travail devant laquelle la production de charbon de bois apparait comme une alternative à l'amélioration des revenus agricoles. Cette production provoque un déboisement anarchique qui accélère la détérioration des ressources naturelles, véritable support des exploitations agricoles.

Cette décapitalisation ainsi provoquée s'accompagne d'une perte de la cohésion sociale et oblige le paysan haïtien à adopter une attitude de survie, ce qui rend plus difficile la gestion collective de l'espace (contrôle des parcours du bétail, de la coupe des ligneux) nécessaire à la réussite des actions d'aménagement et de lutte antiérosive (LAE).

L'ECHEC DES STRATEGES DE LAE DITES "MODERNES"

Depuis les années 1960 jusqu'en 1990 les instances étatiques, conseillées par les organismes internationaux et les bailleurs de fonds, ont cru voir dans la résolution des problèmes liés à la conservation des ressources naturelles la solution à la crise du secteur rural. Le contexte particulier d'Haïti a favorisé la mise en oeuvre de nombreuses actions et projets s'appuyant sur une stratégie "moderne" d'équipement rural et a, ainsi, largement contribué à faire de ce pays un "laboratoire de la lutte antiérosive".

Malheureusement, cette conception de l'aménagement de l'espace se résumait le plus souvent à des actions de "mise en défens" (DRS) ou de conservation de l'eau et des sols (CES), faisant de la lutte antiérosive une discipline isolée. Elles n'ont donné que des résultats mitigés et discutables et se sont souvent soldées par un échec.

En effet, la stratégie utilisée consistait à donner la priorité à l'aménagement d'un espace dont l'unité était le bassin versant, en privilégiant la cohérence physique des processus. Elle accordait la priorité à des équipements structurants (routes, pistes rurales, correction de ravines, canaux de contour, murs secs en pierre, terrasses radicales) dont la plupart ont été réalisés avec l'aide des populations concernées en contre partie d'une rémunération (en argent ou en vivre). Il devait avoir rapidement des effets sur la conservation des ressources naturelles.

Cet échec s'explique essentiellement par le fait que "l'intérêt général" joue le rôle central. Il légitime l'aménagement et fait de la conservation des sols (CES) l'objectif prioritaire, excepté pour le paysan haïtien. En effet ce dernier perçoit le projet comme un moyen de bénéficier d'un revenu immédiat à défaut d'offrir une perspective d'amélioration des rendements et du revenu agricole à court terme en utilisant les techniques de conservation proposées.

Il n'existe d'ailleurs aucune relation directe entre ces techniques et l'ensemble des contraintes auxquelles font face les paysans. Cette inadéquation entre propositions et contraintes résulte d'une méconnaissance profonde des rationalités économiques paysannes, du fonctionnement des systèmes d'exploitation agricole en général et des problèmes fonciers en particulier.

En effet ceux-ci se caractérisent par un système d'héritage qui favorise le morcellement des propriétés et l'indivision, augmente l'insécurité foncière et le risque vivrier par la diminution des surfaces en culture.

Or, la mise en place des ouvrages nécessite de sacrifier une certaine portion de la surface cultivable, déjà restreinte, sans possibilité d'amélioration des rendements avant de nombreuses années. Ils exigent un surcroît de travail pour leur entretien, travail qui ne peut être assuré que par le paysan lui-même. De plus ces techniques ne réduisent pas la dégradation des terres entre les ouvrages et n'améliorent pas leur productivité. Elles sont peu efficaces et augmentent parfois les risques (débordement, ravinement, glissement) en déséquilibrant le versant. Aussi, pour éviter ces types de problème, ces aménagements sont souvent réalisés sur des terres marginalisées par les agriculteurs.

De même, les recherches entreprises se préoccupent plus de la sélection des espèces et de la profondeur ou de l'inclinaison des terrasses, que des modes d'intégration de l'arbre ou de la structure mécanique aux systèmes d'agriculture traditionnels.

Enfin, le type d'organisation des projets devrait être remanié: population utilisée comme réservoir de main d'oeuvre sans réelle participation de celle-ci, manque de suivi et d'évaluation des actions engagées.

Il existe donc une incohérence totale entre les objectifs d'un projet privilégiant la logique d'équipement et les objectifs des populations concernées (rarement concertées). La situation est telle qu'il n'est plus temps de défendre (DRS), ni même de conserver (CES) les sols. En effet la population augmentant rapidement, il faut nécessairement améliorer la production sans dégrader l'environnement.

UNE NOUVELLE APPROCHE PARTICIPATIVE : LES PROJETS SALAGNAC/AQUIN ET PRATIC1

[ 1 Projet de Recherche appliquée à l'Aménagement intégré des Terroirs Insulaires Caraïbes. ]

Depuis 1985, une autre approche, s'appuyant sur une logique de développement rural, se développe. Elle vise principalement à résoudre les problèmes immédiats des populations (sécurité alimentaire, amélioration des revenus, valorisation du travail) à travers une meilleure gestion de leur espace en utilisant des techniques adaptées au contexte haïtien tout en sauvegardant l'environnement et le capital foncier. La conservation des sols et de l'eau n'est plus un but en soi mais devient un des moyens d'établir des systèmes de production stables.

Cette approche, encore appelée la gestion conservatoire des eaux, de la biomasse et de la fertilité des sols (GCES), se propose d'améliorer l'infiltration au champ afin d'augmenter la production de biomasse (donc les rendements) en couvrant mieux le sol et de rétablir l'équilibre des bilans des matières organiques et minérales du sol. Par conséquent, elle cherche à réduire les effets de l'érosion et des transports solides en modifiant les systèmes de production tout en responsabilisant les paysans face à leur environnement.

Elle a été adoptée par deux projets de la coopération française, Salagnac-Aquin (1978-92) et PRATIC (1988-92), dont les interventions2 sur le transect Petite rivière de Nippes-Salagnac-Aquin (figure 75), visent à favoriser l'intensification et la diversification des productions agricoles tout en stabilisant les versants: nouvelles cultures de rente, augmentation des rendements des cultures vivrières sur les espaces présentant de bonnes potentialités afin de libérer les zones les plus fragiles de la pression culturale (travail du sol fréquent et surpâturage) et de les reconvertir en zone d'arboriculture fruitière et forestière, amélioration des conditions de l'élevage, etc...

[ 2 Ces interventions ont été brutalement interrompues suite à la suspension de la coopération, décision survenue après le coup d'état de septembre 1992. ]

FIGURE 75 : Carte d'Haïti

- figure a

- figure b

Elle s'est appuyée sur les principes suivants:

- Permettre dès la conception du projet une participation paysanne. C'est un élément déterminant de l'orientation des actions de protection et une condition sine qua non pour assurer le succès du projet, les paysans étant les seuls capables d'assurer l'entretien des aménagements à l'échelle de la parcelle et/ou du versant.

- Renforcer les méthodes traditionnelles de conservation de l'eau et des sols. Les paysans haïtiens ont d'ailleurs eux-mêmes adopté des stratégies traditionnelles de lutte antiérosive et d'amélioration de la fertilité des sols leurs permettant de survivre.

- Choisir en priorité des zones qui ont conservé un maximum de potentialités en matière de production agricole.

- Intervenir au niveau de la parcelle et du versant, puis, à chaque fois que cela s'avère possible, à l'échelle du bassin versant. L'aménagement est donc pensé à l'échelle de la parcelle, puis de l'exploitation et enfin du terroir. La conception d'une opération d'aménagement "à la parcelle" n'est pas une alternative à une opération d'aménagement au niveau d'un bassin versant. Ces niveaux ne relèvent pas de la même stratégie d'intervention (logique de développement rural et logique d'équipement). Elles doivent au contraire être complémentaires.

- Accompagner les actions de conservation des sols par des actions convergentes permettant l'amélioration des systèmes de production (intensification et diversification des systèmes de cultures, amélioration des systèmes d'élevage, création d'opérations d'épargne et de crédit).

- Mettre en place un mode de relations contractuelles permettant de définir avec précision les conditions de l'intervention et les relations projet-paysans. Il faut en effet bien définir les actions qui relèvent de la responsabilité stricte de chaque paysan (aménagement à la parcelle), celles à la charge des communautés rurales (routes, pistes rurales, citernes communautaires, correction de ravines), et enfin les engagements du projet.

- Permettre une action de programmation, de suivi et d'évaluation (mesure des effets).

Ce type d'opération nécessite beaucoup de temps (8 à 10 ans) pour modifier sensiblement les systèmes de production et infléchir les pratiques tout en responsabilisant les paysans face à la gestion de leur environnement.

Trois phases sont nécessaires :

- 1ère phase: réalisation d'un diagnostic du milieu de façon à connaître les potentialités et contraintes du milieu physique, les processus de dégradation des sols (où, quand et comment se manifestent-ils) mais aussi les stratégies paysannes en matière de fonctionnement des exploitations et des techniques de gestion de l'eau et de la fertilité. Ce diagnostic permet le dialogue avec les communautés et la mise en confiance.

- 2ème phase: expérimentations en milieu réel pour établir un référentiel technique (comparaison des techniques traditionnelles avec les techniques proposées).

- 3ème phase: évaluation des résultats par les communautés et les techniciens, puis planification des aménagements à l'échelle du versant et du bassin versant.

FIGURE 76

: Coupe agro-écologique schématique du transect (d'après Guarrigue et Smolikowski, 1990)

Diagnostic du milieu

DIVERSITE DES MILIEUX NATURELS

Cette diversité résulte de l'interaction de plusieurs facteurs dont les plus importants sont la nature des matériaux, les bioclimats, la topographie.

Quatre grandes unités agro-écologiques (figure 76) ont pu être déterminées ainsi que leurs sous-unités. Elles sont fondamentales dans l'explication et la compréhension des choix que font les agriculteurs au niveau de la répartition spatiale des cultures et de l'utilisation des sols sur chaque parcelle. Il s'agit:

Unité 1: Mornes et plateaux calcaires d'altitude. Ils s'étendent de 500 à 900 m et sont représentés par des sols ferrallitiques vers le haut et des sols calcimagnésiques vers le bas. La pierrosité est importante et la fertilité organique faible. Les précipitations sont fréquentes et parfois intenses (60 à 80 mm/h). Les vents peuvent être violents et présenter des contraintes supplémentaires aux cultures dont l'association de base est constituée par le maïs-haricot-patate douce parfois renforcée par le choux pommé et l'igname. C'est la zone la plus déboisée du transect à l'exception des zones densément peuplées grâce à la présence du jardin, toujours en propriété, entourant la maison d'habitation: le jardin devant "porte kaye" encore appelé "lakou".

Unité 2: Versants et bas-fonds marno-calcaires. C'est une zone d'émergence de sources. Elle est caractérisée par des sols plus favorables aux cultures pérennes (vertisols, sols bruns calcaires). Les précipitations y sont assez importantes pour permettre deux saisons de culture avec l'igname, le maïs, le sorgho et le haricot noir principalement. Les bananes, le café et le malanga (Xanthosoma spp) se rencontrent aussi dans les endroits plus frais (ravines, bas-fonds). Le boisement est très important avec une dominance de "l'arbre véritable" plus vulgairement appelé l'arbre à pain (Artocarpus incisa var. non semifera).

Unité 3: les mornes andésitiques ou basaltiques. Cette unité agro-écologique est moins bien arrosée (1200 mm/an) et ne dépasse pas 300 m d'altitude. La saison sèche assez marquée ne permet qu'une saison de cultures: sorgho, arachide, pois congo et parfois maïs. Les sols d'origine volcanique présentent de bonnes aptitudes agronomiques, mais souvent pentus, ils sont soumis à une forte érosion de surface par ruissellement diffus ou en griffes et rigoles.

Unité 4: la plaine d'Aquin. Elle est située entre le niveau de la mer et 300 m d'altitude. Elle se caractérise par un climat tropical sec où la pluviométrie annuelle est comprise entre 600 et 1000 mm avec de grandes variations interannuelles et une saison sèche de 6 à 8 mois. Les sols sont vertiques et peu filtrants sur pentes faibles (3 à 10%). Les systèmes de cultures sont centrés sur diverses associations: maïs, niébé, sorgho, pois congo, vigna. Le ravinement fréquent est provoqué par des espaces de concentration de l'eau de pluie (routes, chemins).

DIVERSITE DES SYSTEMES DE PRODUCTION

Plusieurs facteurs expliquent cette diversité:

- Une pression sur le foncier inégale selon les zones;

- Des modes de tenure complexes dont les quatre plus importants sont, classés par ordre de sécurité décroissante, la propriété, la terre héritée formellement divisée, la terre héritée informellement divisée, la terre héritée indivise, auxquels il faut rajouter les modes de faire-valoir: faire-valoir direct (le plus courant), le fermage (60 à 120 $/ha:an), et le métayage (part versé au propriétaire de 1/3 à 1/2) système adopté par les plus démunis;

- La main-d'oeuvre disponible, vendue ou achetée;

- La disponibilité en capital-bétail.

Ces facteurs endogènes déterminent trois grandes classes de systèmes d'exploitation qui se caractérisent par des niveaux socio-économiques hétérogènes:

- Faible: paysans ayant très peu de terre en propriété (moins de 1 hectare) mais plutôt en métayage, de très faibles ressources de trésorerie, et une épargne sur pied (animaux) réduite. Ils sont obligés le plus souvent de vendre leur force de travail pour améliorer leur revenu. Pour certains c'est une phase de démarrage de l'exploitation, pour d'autres c'est un état permanent dont la cause principale est la rente foncière qui empêche tout processus d'accumulation.

- Moyen: la SAU (entre 1 à 3 ha.) suffit pour alimenter toute la famille. Le chef d'exploitation est donc moins dépendant des paysans aisés et du marché, mais aussi moins intégré à celui-ci. L'accumulation est basée sur la production agricole. Elle peut être ralentie par l'agrandissement de la famille. L'exploitation oscille entre les deux niveaux extrêmes avec un équilibre dynamique.

- Elevé: la SAU (plus de 3 ha.) permet une production supérieure aux besoins de la famille. Le cheptel a atteint une taille suffisante pour servir d'épargne productive. En général les processus d'accumulation ont pour origine un héritage important et/ou une double activité (menuiserie, maçonnerie,...). Ces exploitations drainent une main d'oeuvre importante et augmentent leur capital rapidement.

Cette hétérogénéité dans les systèmes d'exploitations agricoles permet d'expliquer les différents modes de gestion des ressources naturelles et leur niveau de dégradation: ainsi les stratégies du maintien de la fertilité seront différentes; de même des charges à l'hectare du bétail, sur des exploitations présentant peu de surface, favoriseront le tassement puis le ruissellement et enfin l'érosion; la vente de la force de travail ou le travail sur des terres à faible sécurité foncière ne favorise pas l'investissement maximum en travail et donc n'incite pas à la protection de l'espace cultivé. Il est d'ailleurs à noter que les terres en indivision présentent des stades de dégradation avancés: tassements très importants, roche-mère affleurante, absence d'arbres, fertilité très faible.

DIVERSITE DES PROCESSUS DE DEGRADATION

La grande diversité dans les facteurs précédemment cités (milieu agro-écologique et systèmes d'exploitation) expliquent également la diversité des processus de dégradation de la couverture pédologique qui s'effectue en trois temps:

- Minéralisation continue et rapide des matières organiques non compensée après le défrichement (peu ou pas d'enfouissement de M.O.) et accélérée par l'érosion diffuse (sélective).

- Glissement progressif des couches superficielles par un travail répété du sol sous les cultures vivrières occupant très temporairement le sol (sur pente le travail du sol est toujours réalisé du haut vers le bas).

- Développement du ruissellement et du ravinement suite au tassement du sol par le bétail au piquet et sur les chemins, et surtout suite à la diminution de la capacité de stockage d'eau dans les sols décapés par l'érosion mécanique sèche (anthropique). Dans les zones de substrats calcaires la pluie d'imbibition est de 70 à 80 mm sur les sols profonds ferrallitiques et de moins de 30 mm sur les terres finies ou les rendzines. Or des pluies supérieures à 60-80 mm/h tombent chaque année (3 à 6) ainsi que des cyclones (un tous les 4 à 10 ans) avec des pluies de 400 mm en 5 jours.

L'érosion en nappe ne semble pas très importante dans l'unité 1: on observe rarement de véritables croûtes de battance mais souvent le rejet d'agrégats, la fonte des buttes et le tassement de la surface du sol. Les sols argileux, bien structurés, calciques et caillouteux sont très résistants: le splash dégage des agrégats.

L'érosion linéaire est partout présente sous forme de griffes (unité 1) (canaux de quelques centimètres), rigoles (décimètres) évoluant rapidement en ravines actives (mètres) (unité 2, 3 et 4) si on n'intervient pas. En effet les terres où la roche-mère affleure ("terre finie"), les chemins et les pistes, les jachères surpâturées et les sols vertiques sur basaltes sont à l'origine du ruissellement dangereux sur les fortes pentes. Les sols bruns sur basalte imperméables, ruissellent énormément (Pi = 2 à 5 mm en humide).

L'érosion en masse s'effectue lentement par creeping et érosion mécanique sèche (travail du sol) sur fortes pentes et par érosion régressive sur pentes convexes à partir du réseau de ravines (unité 3 surtout).

L'érosion des berges est très active dans les plaines où les rivières surchargées de sédiments (unité 4) changent fréquemment de lit.

D'une façon générale, l'érosion est plus importante sur les sols basaltiques ou andésitiques que sur les sols calcaires, mais les conséquences économiques varient suivant la nature du sous-sol. En effet, sur le substrat basaltique ou andésique, la vitesse d'altération de la roche-mère est élevée et la pédogénèse assez rapide: les possibilités de restaurer la fertilité du milieu après dégradation sont relativement bonnes; tandis que sur le substrat calcaire la vitesse de la pédogénèse est beaucoup plus faible: la restauration de la fertilité, une fois le capital sol entamé ou détruit, est réduite.


Table des matières - Précédente - Suivante