Maroc

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DONNEES PHYSIQUES ET POPULATION

Le Maroc, situé au nord-ouest du continent africain, a une superficie totale de 446 500 km². La superficie cultivable s'élève à 8 millions d'hectares, soit 18% de la superficie totale du pays. La superficie cultivée s'élève à 7 212 000 ha, soit 16% de la superficie totale du pays et 90% de la superficie cultivable.

La population est estimée à environ 26 millions d'habitants, soit une densité de 59 hab. /km², mais ce chiffre cache une grande variation entre les zones côtières où la densité est la plus forte, les zones montagneuses et les zones désertiques où la faible population est concentrée près des oasis. La population est à 54% rurale.

TABLEAU 1
Caractéristiques du pays et population

Superficie du pays 1994 44 650 000 ha
Superficie cultivable 1992 8 000 000 ha
Superficie cultivée 1990 7 212 000 ha
Population totale 1994 26 488 000 hab.
Densité de population 1994 59 hab./km²
Population rurale 1990 54 %
Accés à l'eau potable    
Population urbaine 1990 100 %
Population rurale 1990 18 %

Le secteur agricole représente entre 12 et 20% du PIB du pays et emploie environ 47% de la population active. Les zones irriguées, bien que représentant moins de 20 % des surfaces cultivées, contribuent à environ 45% de la valeur ajoutée agricole.

Climat et ressources en eau

La pluviométrie moyenne, de 340 mm par an, varie de plus de 450 mm au nord, où une agriculture pluviale est encore possible, à moins de 150 mm/an vers le sud-est, où l'irrigation est une nécessité absolue, qu'elle provienne de grands périmètres ou qu'elle reste limitée aux oasis. Plus de 50% des apports pluviométriques sont concentrés sur 15% de la superficie du pays.

Les ressources en eaux sont évaluées à 30 km³, dont 22,5 km³ en eaux de surface et 7,5 km³ en eaux souterraines (figure 1). Les ressources mobilisées étaient de 11 km³ en 1992 dont 7,5 provenant d'eaux de surface et 3,5 km³ d'eaux souterraines. L'utilisation des eaux de surface est régularisée par des barrages qui permettent d'étaler la ressource en eau dans le temps, la rendant ainsi disponible durant les périodes les plus sèches. En 1990, 34 barrages étaient en service, avec une capacité totale de 11 km³ Treize de ces barrages desservent les grands périmètres irrigués gérés par des Offices régionaux de mise en valeur agricole (ORMVA).

Maroc

TABLEAU 2
Bilan hydrique

Ressources en eau:      
Précipitations moyennes   336 mm/an
    150,0 km³/an
Ressources en eau renouvelables internes - totales   30,0 km³/an
Ressources en eau renouvelables internes - par habitant 1994 1 133 m³/an
Ressources en eau renouvelables globales   30,0 km³/an
Indice de dépendance   0 %
Capacité totale des barrages 1992 11,0 km³
Eau désalinisée 1992 3,4 10 6 m³/an
Prélèvements en eau:      
- Agriculture 1991 10 180 10 6 m³/an
- Collectivités 1992 543 10 6 m³/an
- Industrie 1992 322 10 6 m³/an
Total   11 045 10 6 m³/an
par habitant 1991 436 m³/hab/an
en % des ressources renouvelables internes   36,8 %
Autres prélèvements   - 10 6 m³/an
Eaux usées      
Production 1992 220 10 6 m³/an
Traitement   - 10 6 m³/an
Réutilisation des eaux usées traitées   - 10 6 m³/an

TABLEAU 3
Irrigation et drainage

Potentiel d'irrigation 1993 1 653 000 ha
Irrigation:      
1. Irrigation, maîtrise totale/partielle: superficie équipée 1989 1 093 200 ha
- irrigation de surface 1989 986 000 ha
- irrigation par aspersion 1989 103 200 ha
- micro-irrigation 1989 4 000 ha
Partie irriguée à partir des eaux souterraines 1989 31 %
Partie irriguée à partir des eaux de surface 1989 69 %
Partie de la superficie équipée réellement irriguée   - %
2. Superficie irriguée par épandage de crues 1989 165 000 ha
3. Marais et bas-fonds équipés   - ha
4. Autres marais et bas-fonds cultivés   - ha
5. Superficie en cultures de décrue   - ha
Superficie totale avec contrôle de l'eau (1 +2+3+4+5) 1989 1 258 200 ha
- En pourcentage de la superficie cultivée 1989 17,4 %
- Augmentation sur les 10 dernières années   - %
- Partie irriguée par pompage   - %
Gestion des périmètres en maîtrise totale/partielle: Critère      
Grands périmètres > - ha 1989 431 650 ha
Périmètres moyens   - ha
Petits périmètres < - ha 1989 661 550 ha
Nombre total de ménages      
Cultures irriguées:      
Production totale de céréales irriguées 1990 1 025 000 t
en % de la production totale de céréales 1990 15,4 %
Cultures irriguées (maîtrise totale/partielle) 1990 1 073 000 ha
- céréales 1990 410 000 ha
- arboriculture 1990 186 000 ha
- légumes 1990 140 000 ha
- fourrages 1990 100 000 ha
- autres 1990 237 000 ha
Drainage - Environnement:      
Superficie drainée   - ha
en % de la superficie cultivée   - %
Superficie protégée contre les inondations   - ha
Superficie salinisée par l'irrigation   - ha

Les prélèvements en eau pour l'agriculture représentent 92% du total des prélèvements en 1992 (figure 2). La production hydro-électrique était de 1 500 GWh en 1991, soit 30% de la production énergétique totale du pays. En 1990, 236 000 points d'eau (puits 91%, sources 8%, points d'eau de surface 1%) étaient recensés en zone rurale, soit environ 1 point d'eau pour 50 habitants, dont 16% équipés d'un moyen d'exhaure, mécanique ou motorisé. Une enquête sanitaire a montré que 84% des points d'eau fournissent de l'eau non potable. Finalement, 10% de la population rurale est desservie de manière satisfaisante par des systèmes collectifs et 8% bénéficient de réseaux de distribution, soit un taux de couverture en milieu rural de 18%.

DEVELOPPEMENT DE L'IRRIGATION

L'irrigation est un secteur stratégique au Maroc. Les superficies avec contrôle de l'eau, soit 1,26 million d'hectares environ, ne représentent que 17% des superficies cultivées, mais 76% du potentiel d'irrigation. La superficie d'irrigation par épandage de crues s'élève à 165 000 ha, le reste étant des périmètres en maîtrise totale/partielle (figure 3), dont deux tiers environ sont irrigués par des eaux de surface (figure 4).

La technique d'irrigation est surtout l'irrigation de surface (figure 5), l'irrigation par aspersion n'étant pratiquée que dans certains aménagements en grande hydraulique. Les principales cultures irriguées sont les céréales (figure 6).

FIGURE 1: Répartition des ressources en eau par grands bassins

FIGURE 2: Prélèvements en eau (total: 11,05 km³ en 1992)

FIGURE 3: Répartition des superficies avec contrôle de l'eau (1989)

La grande hydraulique

Dès les années 60, l'accent a été mis sur la construction de barrages et les aménagements en grande hydraulique, comme le montre la figure 7. Ces périmètres de grande hydraulique (pour des surfaces supérieures à 30 000 ha) sont gérés de manière décentralisée par les ORMVA, au nombre de neuf, couvrant une superficie totale de 431 650 ha en 1989 et 496 000 ha en 1993.

L'aspersion n'est utilisée que sur 23,5% des surfaces irriguées dans les ORMVA.

Le Code des investissements agricoles (1969 - en cours de révision) définit la participation des agriculteurs au financement des équipements et à la couverture des charges de fonctionnement des réseaux.

Le coût de gestion des périmètres en grande hydraulique varie de 6 à 12 $EU/ha, et le coût des entretiens des équipements externes de 6 à 17 $EU/ha. Le coût de l'énergie représente en effet une part importante de la redevance hydraulique. Ainsi, l'irrigation par aspersion entraîne un surcoût dû à l'énergie de 144 $EU/ha.

FIGURE 4: Origine de l'eau d'irrigation, maîtrise totale/partielle (1989)

FIGURE 5: Techniques d'irrigation, maîtrise totale/partielle (1989)

FIGURE 6: Cultures irriguées, maîtrise totale/partielle (1990)

FIGURE 7: Evolution des aménagements en grande hydraulique

La petite et moyenne hydraulique

Aux superficies de grande hydraulique décrites plus haut, il faut ajouter environ 826 550 ha en petite et moyenne hydraulique (l'irrigation par épandage de crues incluse), dont 416 550 dans les zones gérées par les ORMVA, et le reste en dehors (figure 8). Environ 397 000 ha de ces zones en petite et moyenne hydraulique sont irriguées par des eaux pérennes, 265 000 ha le sont à partir d'eaux saisonnières et 165 000 ha par épandage des crues (figure 9).

Les périmètres de montagne utilisent le plus souvent l'eau des sources et fonctionnent en distribution gravitaire.

Le principe de la distribution - tant en grande hydraulique qu'en petite et moyenne hydraulique - est le tour d'eau. L'unité de mesure la plus fréquente en gravitaire est constituée par une "main d'eau" correspondant à un débit de 30 l/s. Cette unité sert ainsi de base au dimensionnement des réseaux en grande hydraulique.

ENVIRONNEMENT INSTITUTIONNEL

Dans le sous-secteur de la gestion des ressources en eau, c'est le Conseil supérieur de l'eau et du climat qui est le principal organisme impliqué. Il est mandaté pour coordonner la politique de développement des ressources hydriques par l'examen des politiques de développement du secteur, l'approbation de plans directeurs régionaux liés au développement des ressources hydriques (préparés par la Direction de l'équipement rural), l'arbitrage de conflits en matière d'allocation des ressources en eau et l'élaboration de politiques pour la préservation de la qualité de l'eau. L'administration hydraulique assure le secrétariat de ce Conseil qui réunit les principales administrations concernées par le secteur, des représentants élus, des organisations socio-professionnelles, les autorités locales et des représentants des différents types d'utilisateurs d'eau.

Dans le sous-secteur de l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement, les principaux organismes concernés sont:

FIGURE 8: Répartition des superficies avec contrôle de l'eau en grande hydraulique et en petite et moyenne hydraulique (incluant l'irrigation par épandage de crues) (1989)

FIGURE 9: Typologie des superficies irriguées en petite et moyenne hydraulique en fonction de la disponibilité de l'eau 11989)

Dans le secteur de l'agriculture irriguée, les principaux organismes impliqués sont:

En 1994, l'adoption d'un nouveau Code de l'eau était imminente.

EVOLUTION DE LA GESTION DES RESSOURCES EN EAU

Les ressources en eaux superficielles sont limitées et une économie de ces ressources est nécessaire dans le but de satisfaire les besoins en eau potable, en eau industrielle et en eau agricole pour le XXIème siècle. Si globalement la demande en eau est satisfaite, certaines régions souffrent d'une demande trop importante, phénomène exacerbé durant les années de faible hydraulicité.

La multiplication du nombre de barrages est l'un des éléments choisis pour augmenter la ressource. Mais il s'agit aussi de préserver la ressource existante. Ainsi, l'envasement des barrages actuels représente près de 50 millions de mètres cubes par an, et la capacité déjà perdue en 1990 est de 800 millions de mètres cubes (7% de la capacité totale). Un programme de protection des barrages contre l'envasement est donc en cours de réalisation. Un autre élément choisi est l'extraction de plus en plus importante des ressources souterraines. Mais le coût de mobilisation des ressources est très élevé et certains aquifères sont déjà surexploités.

La politique actuellement souhaitée par le Gouvernement passe donc par une gestion de la demande, en modérant ou en réorientant celle-ci, en réduisant les pertes, en protégeant la qualité des ressources et en maximisant les effets socio-économiques de l'utilisation de l'eau.

Un Programme national d'irrigation à l'an 2000 (PNI 2000) a été adopté en 1992, dont les objectifs sont:

Le programme concerne 250 000 ha en équipements nouveaux et 200 000 ha en réhabilitation.

Enfin, une réflexion est menée sur la structure de la propriété foncière caractérisée par la prédominance de la petite propriété foncière (moins de 5 ha), le morcellement des exploitations, l'absence de titres fonciers et de sécurité foncière, et ses implications sur la gestion des périmètres et de la ressource.

PRINCIPALES SOURCES D'INFORMATION

AIGR [Amicale des ingénieurs du génie rural]. 1991. Annuaire 1990 du Génie rural.

Banque mondiale. 1993. Morocco Irrigated areas agricultural services project. Rapport 11947-MOR.

BRGM/SOGREAH/SCET/CINAM. 1991. Etude du Schéma directeur national d'approvisionnement en eau potable des populations rurales. Mission d'évaluation globale de la situation actuelle d'AEP du milieu rural, PNUD.

Conseil supérieur de l'eau. 1991. Aménagement des bassins versants et protection des barrages contre l'envasement.

Conseil supérieur de l'eau. 1993. Aménagement hydro-agricole - Situation actuelle et perspectives.

Direction des statistiques. 1994. Annuaire statistique du Maroc 1993.

Lahlou, O. 1988. L'aménagement hydro-agricole, cas du périmètre irrigué marocain.

Nadifi, K., & Wahabi, R. 1993. Water resources in Morocco: The state of art and the future prospects. Communication présentée au Symposium régional sur l'utilisation et la conservation des ressources en eau.

SCET-AGRI & GERSAR. 1987. The Moroccan irrigation potential.

SCET-AGRI & GERSAR/Banque mondiale/PNUD/Gouvernement français. 1984. Study on options and investment priorities in irrigation development. Morocco country case study. 2 volumes.

PNUD. 1985. Options and investment priorities in irrigation development. Rapport MOR/SR2.


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