CHAPITRE I
LA MISSION ET LES OBJECTIFS DE LA STRATÉGIE NATIONALE DE COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT
Situation actuelle
I1 y a, en Guinée-Bissau, des projets de développement mal adaptés à la situation du pays; quelques-uns d'entre eux ont même contribué à créer certains déséquilibres dans l'économie du pays, et à augmenter sa dette extérieure.
En général, ceci est dû au fait que la conception et les plans d'action de ces projets n'ont pas pris en compte les mentalités, besoins et capacités des techniciens locaux, ainsi que des populations auxquelles ils sont destinés.
I1 est indispensable de garder à l'esprit que le succès des projets de développement dépend de la participation active et consciente de tous ceux qui devront en bénéficier, à travers le dialogue et la concertation.
Faisant le point sur la nécessité d'une stratégie de communication pour le développement, on constate:
- l'inexistence d'une stratégie nationale de communication pour le développement;
- l'absence, dans les programmes des organes de la communication sociale du pays, de contenus qui pourraient entraîner la promotion et mobilisation de la société civile pour des actions de développement, surtout dans le milieu rural;
- l'absence d'un circuit institutionnel d'information entre les différents intervenants dans le processus de développement, surtout entre les institutions et les citoyens.
Mission de la stratégie nationale
La stratégie nationale de communication pour le développement a pour mission de servir de cadre de référence évolutif et flexible qui permettra, à travers le dialogue entre les différents acteurs du développement, de concevoir des projets qui prennent en compte les capacités et les idées des bénéficiaires, favorisent leur mobilisation {communication sociale) et assurent une formation (communication éducative) pour mener à bien les actions de développement.
Sa mission est de permettre l'instauration d'un climat de confiance entre le gouvernement et ses partenaires (internes et externes), en vue d'une action concertée pour le traitement de la problématique du développement national, et afin d'éliminer la division entre "décideurs", "exécutants" et "bénéficiaires" .
La stratégie nationale de communication pour le développement doit constituer un forum au sein duquel tous les acteurs du développement auront la possibilité de se concerter et d'exposer leurs idées avec la plus grande transparence.
Objectifs généraux
- promouvoir la participation de la société civile à la définition et à la mise en oeuvre des grandes orientations de développement du pays, en favorisant le dialogue entre tous les acteurs du développement sur ces actions;
- appuyer les initiatives des communautés de base dans les différents secteurs du développement, en favorisant l'échange des informations, des savoirs et des techniques entre les communautés;
- permettre à tous ceux qui ont la responsabilité de diffuser des informations ou d'introduire des innovations dans les différents secteurs du développement de disposer des instruments de communication sociale et éducative leur permettant de faire cette diffusion dans les meilleures conditions;
- promouvoir, pour tous les intervenants en milieu rural, des systèmes de vulgarisation, d'encadrement, de formation et de communication basés sur des stratégies de dialogue, de concertation et de participation, plutôt que sur des stratégies de messages verticaux.
En outre, la stratégie nationale de communication pour le développement doit contribuer à la consolidation de la démocratie, y compris la prise de conscience, par les citoyens, de leurs droits et devoirs, et par l'Etat, de ses responsabilités et de son autorité.
Objectifs spécifiques
La stratégie nationale de communication pour le développement doit contribuer à la mise en oeuvre des politiques sectorielles prioritaires du gouvernement dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'énergie, de l'agriculture, de l'habitat et des autres secteurs.
La stratégie nationale de communication pour le développement doit appuyer tous les secteurs et domaines de développement de la Guinée-Bissau, notamment;
le secteur économique et financier;
- au niveau de la production: les domaines de l'agriculture, de l'élevage, des forêts, de la recherche agronomique, de la pêche, de l'énergie, de l'industrie, des ressources naturelles, du tourisme, de l'environnement et de l'artisanat;
- les domaines du dispositif social, des infrastructures de transport et communications, habitat et urbanisme;
- le domaine du commerce;
- le domaine social, en particulier les affaires sociales et la promotion féminine, la jeunesse, la culture et le sport.
Cet appui doit se manifester concrètement à travers les activités suivantes;
- contribuer à la mise en oeuvre des politiques sectorielles du gouvernement sur la base du dialogue et de la concertation de l'Etat avec ses différents partenaires (internes et externes);
- contribuer au développement d'une meilleure formation, motivation et information des cadres, responsables de la mise en oeuvre des projets de développement;
- contribuer, à travers la vulgarisation et la formation continue des populations, à l'information et au transfert des savoirs et techniques concernant les activités du développement;
- contribuer à l'émergence d'un cadre législatif qui permettra le dialogue, la responsabilisation ainsi que l'amélioration des rapports entre le secteur public et la société civile en matière de développement;
- contribuer à la valorisation de la culture bissau-guinéenne et favoriser la cohésion sociale et le développement harmonieux du pays;
- contribuer à la défense des intérêts des populations, notamment des femmes, en particulier en ce qui concerne l'éducation et la santé;
- contribuer à la décentralisation de la communication sociale afin que les communautés de base aient accès aux informations, et que les programmes reflètent les problèmes et les aspirations des individus, des familles et des communautés;
- contribuer à une meilleure circulation de l'information sur les calendriers de commercialisation des produits alimentaires, leur prix, leur disponibilité sur le marché, etc.;
- contribuer à l'échange d'expériences entre les différents intervenants dans les actions de développement, notamment entre les différentes associations de base;
- promouvoir une ample campagne de protection afin de contribuer à l'équilibre des ressources naturelles et de l'environnement;
- contribuer, par l'application de méthodes participatives, à l'acquisition et à la consolidation des comportements, attitudes et connaissances des populations;
- contribuer à l'identification et à l'intégration d'une composante de communication dans tous les projets et programmes de développement;
- contribuer à la formation et à la consolidation des valeurs de la famille afin de mieux gérer son équilibre;
- promouvoir des consultations avec les partenaires au développement, en vue de mobiliser leur participation à l'élaboration et à la mise en oeuvre de la stratégie nationale de communication pour le développement.
Potentialités et facteurs limitants
On constate qu'il existe des conditions favorables à la mise en oeuvre de la stratégie nationale de communication pour le développement, étant donné la volonté de tous les intervenants dans le processus de développement, aussi bien du gouvernement, qui a mis en oeuvre ce séminaire, que des bailleurs de fonds, par le discours qu'ils ont prononcés lors de la séance d'ouverture, que des populations et des ONG, par leur participation aux travaux de ce séminaire.
Pourtant, il est évident qu'en dehors des potentialités mentionnées ci-dessus, il existe de sérieux obstacles à la mise en oeuvre d'une stratégie nationale de communication pour le développement, notamment:
- manque de définition conceptuelle de la communication pour le développement au niveau des agents chargés d'intervenir dans ce domaine, soit par manque de formation, soit par manque d'encadrement institutionnel approprié;
- manque de ressources matérielles et financières qui permettraient la mise en oeuvre de la stratégie nationale de communication pour le développement;
- insuffisance des infrastructures existantes, notamment sur les plans de l'énergie et des voies d'accès;
- division, ou manque de contact, entre le monde rural et le monde urbain, en ce qui concerne les systèmes de valeurs et les normes culturelles.
Recommandations
- L'inscription de la communication pour le développement comme une priorité dans le programme de travail du gouvernement;
- une stratégie nationale de communication pour le développement servant de cadre de référence à tous les partenaires au développement;
- un volet communication inclus dans tous les aspects de la politique globale du pays afin de permettre la circulation bidirectionnelle des informations.