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ROTIN OU PORC-ÉPIC: LES AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE LA CONSERVATION D'UN PRODUIT FORESTIER NON LIGNEUX DE VALEUR ÉLEVÉE AU CAMEROUN, DANS LA RÉGION DE YAOUNDE

Louis Defo

Résumé

Le rotin est un des PFNL les plus importants de la région de Yaoundé. Dans le cadre d'une étude menée sur le rotin dans cette région, on s'est concentré sur l'attitude des populations locales vis-à-vis de l'exploitation du rotin, par rapport à la chasse commerciale ou l'extraction du bois d'œuvre. Il s'agissait de tester l'hypothèse du recours aux PFNL comme solution alternative.

L'exploitation de rotin (récolte, vente des matières premières, transformation du produit) présente des avantages certains pour la population locale. Toutefois, elle présente également des inconvénients considérables. Les avantages sont liés à sa relative abondance, son importance socio-économique, sa demande potentiellement élevée en volume et d'autres paramètres de son exploitation. Les désavantages sont essentiellement du au fait que l'exploitation du rotin s'oppose à d'autres formes d'exploitation forestière moins durables, telles que celles que nous avons citées ci-dessus. Souvent, lorsqu'on demande aux exploitants de rotin: «le rotin ou la chasse ?» ils répondent: «le rotin et la chasse».

Mots clés: Rotin (cannes), chasse, produits forestiers non ligneux, région de Yaoundé

Introduction

Depuis quelque temps, de nombreux organismes donateurs et institutions de recherche voient dans l'exploitation des PFNL un moyen de contribuer à la préservation de l'environnement, tout en améliorant les conditions de vie de la population rurale (Godoy et Bawa, 1993; NC-IUCN, 1997). C'est également le cas au Cameroun, où de nombreux PFNL sont étudiés pour leur potentiel commercial et leur possible contribution à la conservation de l'environnement. Parmi ceux-ci, le rotin est le PFNL le plus important de la région de Yaoundé et sa commercialisation fait l'objet de nombreuses études actuellement menées par l'APFT11. En étudiant le comportement des exploitants agricoles dans les villages où on exploite le rotin, on a établi une comparaison entre, d'une part, la chasse, le piégeage et l'abattage des arbres pour le bois d'oeuvre et, d'autre part, l'exploitation du rotin.

Le site d'étude

Le site d'étude correspond à la région d'approvisionnement en matières premières de rotin et produits dérivés, destinés aux marchés de Yaoundé et se concentre en particulier sur l'axe Yaoundé-Ebolowa. D'un point de vue floristique, cette région appartient au plateau du Sud-Cameroun et se situe dans la zone climatique équatoriale-guinéeenne, couverte par des forêts semi-caducifoliées, où dominent les espèces appartenant aux familles des Sterculiaceae et Ulmaceae (Letouzey, 1985).

A partir du 14ème siècle, les tribus des Ewondos et des Assimi se sont installés dans cette région et se sont répartis en de nombreux hameaux de tailles variables (Mveng et Beling-Nkouma, 1983). Il s'agit de sociétés morcelées dont la structure politique est fragmentaire et où les principales activités économiques sont l'agriculture de subsistance et quelques cultures commerciales, en particulier le cacao. D'autres activités non agricoles, telles que la pêche, la chasse, l'extraction de sable, l'artisanat et la cueillette de PFNL sont également très pratiquées. Toutefois, la proximité de Yaoundé, métropole tentaculaire comptant environ 1 million d'habitants, a intensifié la demande pour de nombreux produits forestiers, à un tel point que pour beaucoup de ces produits, les ressources sont actuellement très menacées.

La méthodologie

Le travail de terrain s'est déroulé entre avril 1997 et février 1998, et a commencé par des visites préparatoires dans 19 villages aux environs de Yaoundé. Au moyen d'observations de terrain et d'interviews informels, ces visites ont permis d'obtenir des informations utiles pour le choix des sites représentatifs qui allaient faire l'objet d'une étude plus approfondie. Parmi les 19 visités, on a sélectionné 7 villages ou hameaux en se basant sur les critères d'accessibilité et du nombre de cueilleurs et artisans de rotin résidant dans ces villages.

Pour ces études approfondies, des interviews formelles ont été réalisées à l'aide d'un questionnaire (n=84), basé sur une stratification de la population. Parallèlement à ces interviews, des discussions informelles ont été engagées, tant individuellement que collectivement, avec des personnes impliquées ou non dans l'exploitation du rotin. De plus, des observations directes sur le terrain et des collections de plantes (avec l'aide de botanistes) ont enrichi les interviews et précisé nos relevés.

Le rotin: une ressource abondante et importante

Bien qu'on n'ait pas réalisé d'inventaire, la ressource de rotin est considérée comme abondante et largement disponible dans la zone d'étude. Malgré les défrichements importants et un degré d'exploitation en hausse depuis quelques années, on trouve des populations de rotin à proximité des plantations de cacao, à une distance moyenne inférieure à une heure de marche. Non seulement, le rotin est largement disponible mais également il est facilement accessible d'un point de vue traditionel. En effet, aucune barrière sociale ou culturelle n'entrave son exploitation et dans de nombreux villages, les habitants sont libres de récolter le rotin dans la forêt sans aucune formalité préliminaire.

L'importance du rotin, surtout des espèces Laccosperma secundiflorum et Eremospatha macrocarpa a été constatée à plusieurs niveaux dans les villages étudiés. Environ 35% des ménages sont impliqués dans l'exploitation du rotin (la récolte et le commerce de la cane brute, pour sa transformation en objets d'art ou artisanat) et les exploitants agricoles y consacrent une grande partie de leur temps (en moyenne 13 jours par mois pour les artisans). En terme de création de revenus, comme nous pouvons le voir dans le tableau 1, l'exploitation de rotin est une activité très rentable.

Tableau 1: Revenu annuel pour les exploitants de rotin (en francs CFA).

Activités

Revenu mensuel moyen

% du revenu total

Activités agricoles

219 000

21,6

Artisanat de rotin

216 000

21,3

Vente de cane brute

166 000

16,4

Marché d'horticulture

136 000

13,4

Production de cacao / café

115 000

11,4

Chasse

94 000

9,4

Exploitation d'autres PFNL

50 000

5

Elevage de petits animaux

18 000

1,5

Total

1 014 000

100

Figure 1: Produits locaux faits de rotin, en vente sur le bord des routes (Photo: T. Sunderland).

Nous pouvons remarquer dans ce tableau que la contribution du rotin aux revenu global est importante, non seulement par sa valeur absolue ou relative, mais également et surtout par les bénéfices "immédiats" qu'il procure. Cela fait du rotin un moyen important pour obtenir des liquidités nécessaires au paiement de biens essentiels, tels que les médicaments ou les taxes scolaires. Son importance est d'autant plus grande que la majorité de la population manque cruellement de liquidités. La grande confiance auparavant portée sur le cacao pour générer des revenus financiers a été sérieusement affectée par la chute des cours du cacao en 1989/90 et le rotin a alors gagné en importance pour l'économie financière locale.

4.1. Qui exerce ces activités?

L'exploitation du rotin (récolte et transformation) est essentiellement pratiquée par des hommes qui sont en général jeunes et mariés. D'après les enquêtes préliminaires, 94% des cueilleurs sont des hommes ayant entre 16 et 40 ans et 78,8 % d'entre eux sont mariés. Dans cette catégorie, on trouve également un certain nombre de chasseurs (Dounias, 1993; Dethier, 1995). Le fait que la chasse et l'exploitation du rotin soient pratiquées par les mêmes membres de la communautés laisse à penser que ces deux activités sont entreprises simultanément et qu'il existe une certaine compétition entre elles.

4.2. Les effets de la variation saisonnière

Contrairement à l'exploitation d'autres PFNL, tels que la mangue sauvage (Irvingia gabonensis), les noisettes (Coula edulis) et le bon-bon de brousse (Trichoscrypha arbora), l'exploitation de rotin peut se faire durant toute l'année car la partie récoltée du rotin fait partie de la structure végétative de la plante (la tige). Le rotin n'est pas concerné par les effets néfastes de la variation saisonnière sur la création de revenus directs, comme c'est le cas à partir des PFNL basés sur les organes reproducteurs des plantes. La chasse et l'exploitation du bois d'œuvre connaissent également les effets d'une variation saisonnière. Par exemple, lors de la saison sèche, les chasseurs ne peuvent placer des pièges car les sentiers empruntés par les animaux ne sont pas visibles durant cette période de l'année. Aussi, lors des périodes de pluies intenses, l'extraction du bois d'œuvre ne peut avoir lieu, en raison des difficultés d'accès et de transport. L'exploitation du rotin est donc la seule activité pouvant être pratiquée tout au long de l'année et assurer un revenu régulier.

4.3. L'intensité du travail

L'exploitation du rotin présente un avantage supplémentaire par rapport à l'exploitation d'autres PFNL, car il s'agit d'une activité nécessitant une main d'œuvre importante. Or une main d'oeuvre bon marché et facilement disponible est souvent la principale richesse des populations rurales. En outre, tant la récolte que la transformation du rotin sont des activités très manuelles. Bien que l'exploitation du rotin demande beaucoup de temps et que cela puisse apparaître comme un désavantage en terme de productivité, ce facteur peut être néanmoins considéré comme un avantage en terme de conservation, dans la mesure où cette activité occupe les agriculteurs et les détourne de la chasse par piégeage. La comparaison, qu'il s'agisse d'un point de vue de compétitivité économique ou de rémunération du temps de travail, entre l'énergie, les finances et l'évaluation d'une activité nécessitant une main d'œuvre abondante en milieu rural, est souvent considérée comme une stratégie pour la conservation.

4.4. L'intensité du capital

En terme d'investissement nécessaire à l'établissement d'une activité artisanale, la création d'une entreprise rurale d'artisanat de rotin requiert un investissement peu élevé pour la provision du capital financier et technique. Celui-ci est normalement limité à 5 000 francs CFA pour les petites entreprises de fabrication de paniers et à moins de 20 000 francs CFA pour l'industrie artisanale de meubles en rotin. Si on compare ces chiffres au besoin en capital d'autres activités, la transformation du rotin est une activité particulièrement accessible. Par exemple, l'exploitation du bois d'oeuvre nécessite le location ou l'achat d'une tronçonneuse, ainsi que des frais d'exploitation très élevés. De même, l'achat de munitions pour les fusils de chasse (le plus souvent de fabrication artisanale) représentent également un investissement extrèmement élevé. Ces investissement dépassent de loin les moyens de la majorité de la population rurale.

Les limites du rotin en terme de conservation

Bien que l'exploitation du rotin soit une activité importante et source de nombreux avantages pour les populations rurales, la majorité des personnes interviewées durant cette enquête ont indiqué qu'ils n'ont pas l'intention d'abandonner la chasse pour se consacrer exclusivement à l'exploitation du rotin (voir tableau 2). Lorsqu'on leur a demandé s'ils arrêteraient la chasse commerciale pour pratiquer l'exploitation du rotin, la majorité des personnes interrogées (soit 68%) ont répondu par la négative, 20% ont répondu qu'ils en avaient l'intention et les 12% restants étaient indécis. Des réponses similaires ont été apportées par les exploitants de bois d'œuvre: 50% des personnes interrogées n'ont pas l'intention de renoncer à cette activité pour pratiquer l'exploitation du rotin, 25% le feraient et 25% étaient indécis. Les raisons avancées par les personnes interrogées se trouvent dans le tableau 2.

Tableau 2: Les raisons données par les villageois pour ne pas abandonner la chasse en faveur du rotin (n = 23).

«La chasse et l'exploitation du rotin sont deux activités complémentaires, toutes deux sont sources de revenus»

43%

«La chasse est une activité plus rentable»

23%

«L'exploitation du rotin est une perte de temps»

22%

«Le transport des produits vers Yaoundé est difficile et pose de nombreux problèmes »

4%

«Les animaux consomment les cultures doivent donc être surveillés»

4%

«La chasse permet de consommer la viande de brousse »

4%

Total

100%

5.1. Complémentarité entre la récolte de rotin, la chasse et les autres activités

Comme le montre le tableau 2, il existe une complémentarité importante entre l'exploitation de rotin et d'autres types d'exploitation forestière telles que la chasse. Cette complémentarité se situe au niveau économique, c'est-à-dire en terme de revenus. Bien que le rotin fournisse certainement des revenus plus élevés, les populations rurales n'ont pas l'intention d'abandonner la chasse et l'exploitation du bois car toutes ces activités sont lucratives. Ce fait ne doit pas nous étonner car la diversification des sources de revenus est précisément la clé de bon nombre de stratégies de subsistance des populations rurales. En effet, 86% des exploitants agricoles interrogés exercent d'autres activités créatrices de revenus. Cette tendance est d'autant plus marquée depuis la chute du cours du cacao, durant la période1989/90, qui a fait prendre conscience aux agriculteurs qu'il n'était ni nécessaire, ni souhaitable de «mettre tous ses _ufs dans le même panier».

5.2. L'exploitation du rotin et la chasse: deux activités menées simultanément

De nombreux exploitants, à la recherche de rotin, profitent de leur déplacement dans la forêt pour pratiquer la chasse. La forêt secondaire, habitat privilégié de nombreuses espèces de rotin, est également le meilleur habitat de nombreuses espèces animales, dont la viande est fort prisée, tant pour la consommation que pour la vente. L'installation de pièges ne demande donc pas beaucoup d'efforts supplémentaires aux exploitants du rotin. De plus, en effectuant de longs déplacements dans la forêt à la recherche de nouvelles ressources de rotin, les cueilleurs peuvent mieux identifier les passages utilisés par les animaux (et vice-versa).

5.3. Deux activités se finançant l'une et l'autre

Une grande partie du revenu obtenu lors de la vente de cannes de rotin à l'état brut ou le commerce des articles en rotin est consacrée à l'achat de biens de première nécessité (sel, savon, kérosène) ou d'articles de luxe tels que l'alcool. L'argent permet également d'acheter les fils d'acier servant à fabriquer des pièges ou des cartouches (pour ceux qui chassent avec des armes à feu). Certains cueilleurs de rotin utilisent une partie du revenu obtenu grâce à la vente, pour financer des petites exploitations de bois d'oeuvre.

Inversement, la vente de bois coupé ou de viande de brousse peut également financer le travail du rotin. La majorité de la population rurale est peu familiarisée avec l'épargne et tend à dépenser tous ses revenus provenant du commerce de rotin, sans économiser suffisament d'argent en vue de leur prochain déplacement en ville pour la vente de leur produit ou pour l'achat de matériaux de base nécessaires à leur entreprise artisanale de rotin (laques, vernis, essence). Pour remédier à cette difficulté, nombreux sont ceux qui ont recours à la chasse et à la vente de viande de brousse. C'est ainsi que, le long des routes et dans les villes les plus proches, on vend couramment des porcs-épics ou d'autres animaux faciles à capturer.

5.4. Des activités complémentaires lors des changements de saisons

Lors de notre enquête, une des personnes interrogées dans le village de Ozam - un homme bien connu de 40 ans pratiquant la récolte ainsi que l'artisanat du rotin - à qui nous avons demandé pourquoi il n'abandonnait pas l'exploitation du bois pour se concentrer sur le travail du rotin, a donné la réponse suivante :

«Durant la période des vacances, il y a de nombreux marchands de rotin à Yaoundé et les prix baissent, alors je préfère vendre du bois en attendant le moment où le marché est plus favorable».

Figure 2: Piège utilisé pour attraper les animaux (Phot: T. Sunderland).

5.5. Autres contraintes au développement du rotin comme seule activité forestière

Si le rotin procure de bons revenus, il faut préciser que son exploitation n'est pas seulement coûteuse en main d'œuvre, elle constitue également un travail souvent fastidieux et qui peut être dangereux. En premier lieu, il faut souvent parcourir de grandes distances dans la forêt avant de trouver des ressources adéquates (7 km en moyenne), alors que les pièges pour la capture d'animaux sont souvent placés à seulement 2 km en moyenne du village. De plus la récolte en elle-même est souvent très pénible: les tiges sont recouvertes de longues épines et lors de la découpe d'une canne, il arrive fréquemment que des branches mortes tombent de la couverture forestière. Les cannes fraîchement cueillies sont rassemblées en fagots pouvant facilement atteindre 50 kg et sont transportées sur la tête vers le village. Dans le cas où les cannes brutes sont acheminées vers un centre urbain (souvent Yaoundé) pour y être vendues, les problèmes de transport sont considérables. En plus de la difficulté de se procurer l'argent nécessaire au transport de la marchandise, il s'agit de trouver un véhicule adéquat et d'avoir assez de liquidités à disposition pour corrompre les policiers sur la route (la récolte est illégale sans un permis d'exploitation valide).

A cet égard, il ne faut pas s'étonner que de nombreux cueilleurs se plaignent des difficultés liées au commerce du rotin et jugent que les revenus ne sont pas proportionnels au temps de travail, à l'énergie investie et aux risques pris. Tout compte fait, cette activité est considérée comme une activité faiblement rémunératrice, car les difficultés réduisent les avantages comparatifs de revenus finaux relativement élevés. Dans certains villages, l'exploitation du bois d'œuvre est plus intéressante que celle du rotin: elle est dix fois plus rentable en termes de rémunération du temps de travail.

Dans de nombreux villages, il y a plus de chasseurs que d'exploitants de rotin et la chasse commerciale est culturellement plus importante que le travail du rotin. Le groupe Fang-Beti a certainement accumulé une longue expérience dans exploitation du rotin, mais celle-ci se limite au niveau local. Dans certaines régions, les compétences techniques nécessaires pour entreprendre l'exploitation et la transformation du rotin à grande échelle font défaut. Il arrive souvent que la population soit plus familiarisée avec les techniques de piégeage qu'avec celles de l'industrie artisanale du rotin.

5.6. L'hypothèse de substitution

Certaines formes d'exploitation forestière étant davantage en accord avec les programmes de conservation des ressources, on a développé l'hypothèse d'une exploitation alternative des PFNL. Selon cette hypothèse, les agriculteurs par exemples pourraient abandonner des activités comme la chasse en faveur d'activités forestières plus «durables» (et légales) telles que l'exploitation du rotin, à condition que les revenus soient équivalents.

La création de revenus de substitution dans un contexte de détérioration des conditions de vie (selon la Banque Mondiale, le nombre de foyers ruraux au Cameroun vivant au-dessous du seuil de la pauvreté est passé de 49% à 71% entre 1983 et 1993) ne semble pourtant pas une proposition réaliste. Le besoin d'un revenu régulier en espèces fait en sorte que la conservation n'est guère une préoccupation immédiate pour de nombreuses communautés. L'altruisme nécessaire pour renoncer à certaines sources de revenus liées à la forêt ne peut se faire que dans une situation de confort relatif, souvent à partir d'autres sources de bien-être.

Conclusion

L'exploitation du rotin présente indubitablement des intérêts en terme d'exploitation forestière: le rotin a une ressource relativement abondante et procure des revenus élevés, tant par la vente du matériel brut que par celle des produits finis. L'exploitation du rotin n'est pas affectée par des variations saisonnières qui entravent le potentiel commercial d'autres PFNL. De plus, les marchés de produits en rotin sont importants et augmentent rapidement.

Cependant, comme nous avons pu le constater d'après les résultats de notre étude, si l'exploitation du rotin est souvent considérée comme une forme d'exploitation durable, elle est souvent entreprise en combinaison avec d'autres formes d'exploitation forestières non-durables et sources de dégradation. Cette diversification des activités est due au besoin immédiats de revenus en espèces.

Il est également clair que la population a besoin de revenus plus importants, générés à partir du commerce existant et que cela représente un véritable défi pour les partisans du développement durable. Une question se pose: comment accroître la rentabilité des ressources, en améliorant les revenus des principaux acteurs impliqués, sans pour autant entraver le potentiel de production à long-terme ? La réponse à cette question nécessite une étude pluridisciplinaire plus approfondie, tenant compte des aspects écologiques et socio-économiques de ce secteur.

Enfin, selon les recherches présentées dans cet article, il est clair que la situation n'est pas «...rotin ou porc-épic ?», mais bien «rotin et porc-épic» !

Remerciements:

L'auteur remercie les Drs E. Dounias, T. Trefon, E. de Garine de l'AFPT, O Ndoye de CIFOR, le professeur J.L Dongmo de l'Université de Ngaoundere et E. Ngwan Achu de l'Université de Yaoundé I, pour leur contribution et l'importance de leurs recherches qui ont influencé le travail présenté dans cet article.

Références

11 Avenir des Peuples des Forêts Tropicales

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