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Chapitre VII: Références

A/Le projet HIFCO au Pérou:

Où?: situé au milieu d'exploitations agricoles abandonnées et de pâturages endommagés, le projet de l'HIFCO - le projet du jardin potager intégré familial/communautaire (Huerto Intégral Familiar Communal) - près de Pucallpa dans la région amazonienne du Pérou, est un exemple qui montre bien la façon dont des pratiques forestières durables peuvent contribuer à la fois à la restauration écologique et à la préservation des cultures.

Pourquoi?: lorsqu'une route a été mise en service de Lima à Pucallpa au milieu des années 60, de nombreuses forêts de la région de Pucallpa ont rapidement disparu en raison de la colonisation et du défrichement agro-pastoral. En même temps, les arborigènes ne pouvaient plus accéder à leurs terres traditionnelles. En 1985, lorsque l'HIFCO commença à être appliqué, il y avait essentiellement dans la région des pâturages à faible productivité et des terres agricoles détériorées contenant beaucoup de résidus de pesticides.

L'expérience de l'HIFCO résulte de la nécessité d'une production alimentaire fiable sur des sites endommagés et du désir des indiens locaux Shipibo de reconstituer leurs terres. Sous l'égide de l'AIDESEP, l'Association Inter-ethnique pour le Développement de la Forêt Péruvienne, l'association fondatrice représentant 300000 indigènes amazoniens de 60 groupes ethniques, 11 hectares de pâturages abandonnés ont été affermés, et un système agricole durable qui utilise des cultures associées et des fossés d'infiltration ont été mis en place.

Résultats: bien que les conditions initiales des sols fussent médiocres (le pH du sol était de 3,5, trop acide pour la plupart des cultures), on a commencé à mettre au point un programme rigoureux d'amélioration des sols. La matière organique, telle que la litière de feuilles et les déjections animales, ajoutée aux buttes a transformé les pâturages abandonnés en une petite exploitation très productive. En 1990, 4,5 hectares avaient été revitalisés et mis sous cultures intensives avec un pH du sol de 5,2; les rendements étaient plus importants que ceux des exploitations agricoles «modernes» environnantes, même sans l'utilisation d'engrais ou de pesticides artificiels...

Limitations: bien que jusqu'ici l'HIFCO ait eu beaucoup de succès, il fait face à de redoutables défis, en particulier en ce qui concerne la vulgarisation de ses concepts.

Références: ce compte-rendu est tiré de Bruce Cabarle, «Ecofarming in the Peruvian Amazon: An Indigenous Response», rapport d'un voyage du World Resources Institute, mars 1991, pp.1-8.

Bruce Cabarle. associé, Programme sur la Foresterie et l'Utilisation des Terres, WRI, Washington D.C., 1990.

Elizabeth Darby Junkin. «The Monte: Why the Indigeneous Peoples of the Amazon Basin Want to be Part of Saving the World's Largest Rainforest», Buzzworm: Environmental Journal, vol.2, No (1990), p.36.

B/Un suivi évaluation finalisé: le recueil de données sur les espèces au Costa Rica:

Le Costa Rica est le premier à mettre en place un nouveau modèle de recueil d'informations de terrain et de caractérisation des espèces en mobilisant des «parataxonomistes» locaux. L'Institut National de la Biodiversité (INBIO), fondé en 1989 avec l'aide du gouvernement, est une organisation privée à but non lucratif basée à Heredia. Elle sert de centre de tri pour l'information et l'enregistrement de données sur la flore et la faune du Costa Rica - entre 500000 et 1 million d'espèces au total - et a entamé une étude nationale exhaustive de ces espèces. Le nom, la localisation, l'état de sa conservation et l'utilisation commerciale potentielle de chaque espèce sont catalogués sur un ordinateur. En utilisant cette base de données, les chercheurs peuvent trouver des utilisations chimiques possibles parmi de nouvelles espèces de plantes sauvages décrites. Des plantes ne présentant pas de dommages causés par les insectes ou les champignons, par exemple, peuvent contenir des produits naturels répulsifs pour les insectes, inhibiteurs de croissance ou antibiotiques. De telles découvertes valent de l'or pour les firmes agro-chimiques, pharmaceutiques ou biotechnologiques. Au prix d'une consultation, l'INBIO aide les utilisateurs commerciaux à «prospecter» dans le catalogue. Le premier gros client de l'INBIO a été la société Merck & Co Inc., la plus grande société mondiale de produits pharmaceutiques, qui a déjà derrière elle une longue histoire de développement de produits pharmaceutiques à base de souches naturelles. En échange d'échantillons de plantes, d'insectes et de microbes fournis par l'INBIO, Merck a accepté de payer à l'INBIO 1 million de dollars plus les royalties sur la vente de tout produit développé ultérieurement par Merck. Merck comme INBIO espèrent que les produits chimiques actifs trouvés dans les échantillons pourront ensuite être synthétisés dans les laboratoires plutôt que ramassés dans la forêt. Une partie du financement de la recherche ira ensuite au Système National des Aires de Conservation du Costa Rica pour préserver la diversité biologique sur place.

Références:

(a) Instituto Nacional de Biodiversidad (INBIO), Heredia, Costa Rica
(b) Laura Tangley, «Cataloguer la diversité du Costa Rica», Bioscience oct. 90
(c) William Booth, «U.S. Drug Firm Signs Up To Farm Tropical Forests», Washington Post, (21 sept. 91)

C/La remise en état des gisements de pétrole du Koweit:

Situation: on a éteint le dernier des 650 feux de puits de pétrole au Koweit le 6 novembre 1991, après huit mois d'efforts intensifs menés par des équipes de lutte contre l'incendie venant de partout dans le monde. Les feux ont été maitrisés des mois plus tôt grâce à une nouvelle technique utilisant l'azote liquide. (a)

Des 935 puits du pétrole du Koweit, 749 avaient été endommagés ou sabotés pendant la Guerre du Golfe persique et 650 d'entre eux étaient en feu ou en train de jaillir leur pétrole. La Compagnie pétrolière du Koweit a employé environ 9000 ouvriers de 32 pays pour remettre ses puits en production. (b)

Avant la guerre, le Koweit pouvait produire quelque 272000 tonnes métriques de pétrole par jour (c)

Début novembre 1991, la production atteignait 44200 tonnes métriques par jour. Les dirigeants koweitiens avaient l'espoir de voir la production monter à 54000 tonnes métriques par jour avant la fin de 1991, puis jusqu'à 204000 t.m./j (environ 75 % de la capacité d'avant-guerre) d'ici la fin de 1992. La raffinerie de Mina Al-Ahmadi, endommagée par la guerre, était presque en état de reprendre sa production en septembre 1991. (d)

Les fonctionnaires koweitiens ont estimé que la quantité de pétrole brut perdue pourrait finalement se monter à 3 % des réserves prouvées totales du Koweit, soit à 385 millions de t.m. En janvier 1991, le Koweit estimait ses réserves totales à 12,8 milliards de t.m. (e)

Méthodes-Résultats: beaucoup de spécialistes ont au début pensé qu'il faudrait deux à trois ans pour éteindre les flammes des puits de pétrole. Mais les feux furent éteints bien avant la fin du programme le plus optimiste, en partie grâce à une nouvelle technique où de l'azote liquide a été pulvérisé sur les flammes ou pompé dans des douilles métalliques placées au sommet des puits en flammes. Ce liquide intensément froid a privé les flammes d'oxygène, ce qui les a éteintes.

Coût: le gouvernement koweitien a dépensé quelque 1,5 milliards de dollars pour éteindre ces incendies, mais a réussi à éviter 12 milliards de pertes supplémentaires en muselant les puits avec trois mois d'avance.

Limitations: bien que l'on ait éteint les incendies en novembre, beaucoup restait encore à faire. Les fonctionnaires koweitiens estiment que de 3,4 à 6,8 millions de t.m. de pétrole restaient encore dans les flaques autour des puits endommagés, attendant d'être vidangées. Les résidus des flaques de pétrole ont mis dangereusement en péril l'environnement fragile du désert, tuant des milliers d'oiseaux migrateurs qui ont souvent confondu les flaques de pétrole avec de l'eau.

Références:

(a) Jennifer Parmelee. «Kuwaiti Emir Snuffs Out Last Iraqi-Lit Oil Fire», Washington Post (7 nov. 91), p.A1

(b) Richard L. Holman. «Kuwait Dousing Halfway Done», Wall Street Journal (12 sept. 91, New-York), p.A12

(c) «Kuwait's Last Oil-Well Fire From Gulf War is Put Out», Wall Street Journal (7 nov. 91, New-York)

(d) «Kuwait's Oil Industry Slowly Recovering», Oil and Gas Journal, vol. 89, No 35 (2 sept. 91), p.36

(e) «More Nations Join Kuwait Well Fire Campaign», Oil and Gas Journal, vol. 89, No 33 (19 août 91), p.19

D/Les marées noires dans le Golfe créent une dette environnementale massive:

Constat: les déversements délibérés de pétrole à partir du terminal de l'île de la Mer au Koweit par les soldats irakiens le 19 janvier 1991 a dévasté des centaines de km de rivages et a provoqué des destructions indicibles sur la vie marine dans le Golfe Persique. Ces impacts ont été aggravés par les caractéristiques naturelles du Golfe Persique. Non seulement ce Golfe est étroitis il faut environ 3 ans à son courant pour se renouveler. Le littoral comprend de nombreux marais salants, des lagunes, des étangs intermittents (a), des récifs coralliens, des champs d'algues et certaines forêts côtières de mangroves. (b)

Les premières estimations de la quantité de pétrole déversée, d'abord à partir du terminal de l'île de la Mer, variaient beaucoup. Vers le milieu de 1991, on estimait qu'il y avait environ 950000 m3 déversés: c'était 20 fois plus que le déversement de pétrole en 1989 de l'Exxon Valdez en Alaska. En juin 1991, les officiels saoudiens ont rapporté que le terminal et les pétroliers coulés perdaient toujours environ 400 m3 de pétrole par jour, mais on estimait qu'en août les fuites étaient de 75 t.m. par jour.

Tentatives: les efforts de nettoyage ont rencontré peu de succès. Des barrages flottants et des tamis ont été déployés pour protéger les prises d'eau des installations de désalinisation et des raffineries saoudiennes. En juin, Aramco, la Saudi Arabian Oil Co, et l'Administration saoudienne de la Météorologie et de la Protection de l'Environnement (MEPA) ont affirmé avoir écopé environ 300000 m3 de pétrole brut. ce qui représente la plus importante récupération de pétrole d'une marée noire. Mais comme aucune des baies ou entrées n'étaient protégées, 20000 à 30000 oiseaux ont été tués, et les marais salants ont été colmatés par le pétrole. De plus, l'incendie des puits du Koweit ont émis de grandes quantités de suies dont certaines sont tombées dans les eaux du golfe.

Conséquences: la détermination des dommages à long terme est difficile. Les débats sur les impacts à long terme de la fuite de l'E.V. continuent toujours; certaines études suggèrent qu'il faudra des décennies avant que les colonies d'oiseaux de mer, les organismes marins récupèrent toujours complètement.

Méthodes: la valeur des techniques de nettoyage reste également indéterminée. Certains scientifiques, par exemple, se demandent si la pulvérisation d'eau chaude à haute pression pour enlever le pétrole (cas de l'E.V.), n'est pas susceptible de retarder la récupération d'un écosystème.

Les officiels saoudiens ont refusé l'introduction de bactéries consommatrices de pétrole dans le golfe car c'est toujours une technique relativement risquée. Ils ont aussi refusé la pulvérisation des lignes côtières avec des engrais à base d'azote qui aurait pu permettre de dégrader le pétrole, mais aurait pu aussi causer des explosions de colonies d'algues dans le golfe.

Références:

(a) John Horgan, «The Muddled Cleanup in the Persian Gulf», Scientific American, vol. 265, 1991

(b) World Conservation Monitoring Centre (WCMC), «Gulf War Environmental Information Service: Impact on the Marine Environment», WCMC, Cambridge, Royaume-Uni, 31 janvier 1991.

E/L'épuisement de la couche d'ozone et le réchauffement climatique global:

Constat: une étude sur l'épuisement de la couche d'ozone a décrit un phénomène, jusqu'ici inconnu, qui pourrait avoir des conséquences importantes sur le rythme du réchauffement climatique mondial. Le phénomène provient d'un double rôle des CFC's: dans la basse atmosphère, ils s'échauffent et contribuent ainsi à l'élévation globale de la température mais, dans la stratosphère, ils deviennent la source principale du chlore qui détruit le bouclier d'ozone de la Terre. Les CFC's piègent si efficacement la chaleur qu'on pense qu'ils sont responsables de près de 25 % du réchauffement supplémentaire de la basse atmosphère survenu au cours de la décennie écoulée.

Impacts: les scientifiques ont maintenant, pour la première fois, calculé l'impact de la diminution de la couche d'ozone sur le réchauffement climatique mondial, concluant que la diminution de l'ozone strastophérique provoque en fait un effet de rafraîchissement de la basse atmosphère suffisant pour compenser le réchauffement attribué aux CFC's. En fait, l'effet de refroidissement lié à la perte d'ozone peut avoir été assez importante pour compenser une fraction significative du réchauffement lié aux augmentations des émissions de tous les gaz responsables de l'effet de serre pendant la décennie passée - une constatation qui, si elle était confirmée, pourrait partiellement expliquer pourquoi les augmentations de température observées ont été inférieures à celles qui avaient été prévues par les modèles climatiques.

Explication: si le réchauffement par les CFC's est réellement compensé par le phénomène de rafraîchissement qui vient d'être découvert, alors la suppression de l'utilisation des CFC's déjà en cours - ne contribuera pas à diminuer le réchauffement climatique mondial. Le méthane, autre gaz majeur responsable de l'effet de serre, provient d'une grande diversité de sources: l'agriculture irriguée (le riz par exemple), le bétail, les décharges municipales et l'extraction de charbon. Il est difficile de contrôler sa production, mais les scientifiques commencent à concevoir de nouvelles techniques permettant de le maîtriser. Il reste donc que les émissions de gaz carbonique (CO2) - du fait de la combustion des combustibles fossiles et du déboisement - sont alors les principales responsables du réchauffement climatique mondial et, en conséquence, celles qu'il faut réduire de façon significative, en priorité. Selon Mostafa Tolba, directeur exécutif du PNUE, les résultats récents ont montré clairement que «les efforts principaux devraient porter sur le CO2 dont les émissions peuvent être maîtrisées en réduisant la consommation d'énergie fossile, en l'employant plus efficacement et en développant des sources alternatives d'énergie».

Références:

Kathleen B. Hogan, John S. Hoffman et Anne M. Thompson. «Methane on the Greenhouse Agenda», Nature, vol. 354 No 6350 (21 nov. 91)


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