Session 4,1 - La situation du marché et de son contrôle en Europe
Session 4,2 - Marché et contrôle de la commercialisation des produits provenant de l'agriculture biologique/appui de la coopérative agricole
Mme. F. Focqué, F
Papier non reçu
Résumé
Introduction
Commercialisation de produits biologiques par la MIBA
F 1) Le Bourgeon, une marque déposée pour les produits de l'agriculture biologique
F 2) Agriculteurs biologiques (reconnus ou en voie de reconversion) au sein du rayon d'activité de la MIBA:
F 3) Prix de vente du bio-yoghourt
F 4) Prix du lait et prime "bio"
F 5) Exemple de matériel publicitaire: "Enfin"
F 6) Depuis le 3 mai 1988 et jusqu'à fin décembre 1989, 815'094 kg de lait biologique ont été transformés en bio-yoghourt et en poudre de lait bio.
F 7) + F 8) Représentations graphiques
Hans Ulrich Pfister
Ing. agr. EPF
Directeur de la MIBA, Bâle
Préconisant une nouvelle politique agricole qui favoriserait la qualité plutôt que la quantité, la MIBA a décidé de commercialiser des produits biologiques. Conjointement avec d'autres grands détaillants du nord-ouest de la Suisse, elle vend depuis l'été 1988 des bio-yoghourts au lait entier portant le label Bourgeon (= marque déposée de l'Association Suisse des Organisations d'Agricultures Biologiques-écologiques). Cette action-pilote doit permettre de savoir dans quelle mesure les difficultés économiques, écologiques et politiques de l'agriculture suisse pourraient être résolues à partir du marché.
Le lait Bourgeon utilisé pour la fabrication du bio-yoghourt est collecté à part et transporté à Bâle où il est transformé le plus rapidement possible. Ce bio-yoghourt contient un tiers de moins de sucre et deux fois plus de fruits qui proviennent, eux aussi, d'exploitations travaillant biologiquement. Il est vendu en gobelets dé 180 g, non polluants. Son prix doit couvrir tous les coûts et comprend une prime de 15 cts (par kg de lait bio) qui est allouée aux producteurs de lait agréés par l'ASOAB. Pour ce bio-yoghourt, il n'a pas été fait davantage de publicité que pour les produits usuels et la publicité a été limitée à l'essentiel.
De mai 1988 à fin 1989, 815'094 kilos de lait Bourgeon ont été transformés en yoghourt et en poudre de lait biologiques. Pour la même période, la vente du bio-yoghourt a rapporté Fr. 122'264.10 de prime aux producteurs de lait concernés.
Si dans un premier temps, les ventes ont été plus fortes que prévu, par la suite, un certain fléchissement s'est fait remarquer, dû probablement à l'apparition sur le marché des yoghourts "Bifidus" et "Bulgare". Cependant, le bon accueil réservé à l'action-pilote de la MIBA est un encouragement à la poursuite et à l'élargissement de la gamme Bourgeon: yoghourt en gobelet de 500 g, serré et lait de consommation. S'il devait y avoir une restriction, elle proviendrait uniquement de l'approvisionnement en lait et en fruits.
Il est à craindre, malheureusement, que le marché à lui seul ne puisse influencer la politique agricole. Faute d'une prise de conscience par la population (donc du consommateur), une intervention du législateur ne serait pas à exclure au cas où l'on voudrait généraliser l'agriculture biologique ou écologique.
Bâle, le 26 mars 1990
Pf/jg
Mesdames et Messieurs,
Depuis 10 ans, j'assume la direction de la MIBA Fédération laitière du Nord-Ouest de la Suisse, organisation de trois cents sociétés de laiterie et de fromagerie comprenant 3'825 producteurs de lait. La production de lait commercial dans notre rayon est de 230 millions de kilos par an. Notre mandat principal consiste à approvisionner en lait et produits laitiers les quelques huit cent mille habitants de notre région.
A proximité de la ville de Bâle, il existe depuis de nombreuses années des exploitations agricoles pratiquant les méthodes culturales dites biologico-organiques. L'Ebenrain de Sissach, école d'agriculture de Bâle-Campagne, a contribué de manière décisive à l'élaboration de ces méthodes.
Dans les marchés stagnants - et le marché des denrées alimentaires en fait partie - deux percées sont possibles: la production de masse superrationnalisée et la production de spécialités. Cette constatation est valable pour les paysans, les transformateurs et les vendeurs.
Par sa décision de commercialiser des produits "Bourgeon", la MIBA a voulu apporter sa contribution à l'édification d'une politique agricole reposant sur de nouvelles valeurs, plus qualitatives que quantitatives. Pour ce faire, entre producteur et consommateur, il s'agira de redéfinir, justement, cette notion de qualité. Il y a flans ce terme une dimension hygiénique et esthétique aujourd'hui dominante. Quand lui ajoutera-t-on une autre notion, celle de la saveur? Certains producteurs et certaines organisations, telle la MIBA, ont compris cette nécessité et fournissent, à des prix élevés, au marché ou dans des magasins, des produits plus savoureux, adaptés à des consommateurs de plus en plus conscients de l'importance d'une préservation des milieux naturels.
Depuis le début de l'été 1988, le commerce de détail du nord-ouest de la Suisse (Coop Bâle ACV, Migros Bâle et MIBA) proposent, en gobelets de 180 grammes, des bio-yoghourts MIBA au lait entier portant le label "Bourgeon". Le lait servant à la fabrication de ces yoghourts provient d'exploitations travaillant selon le Cahier des charges pour la commercialisation des produits de l'agriculture biologique, édité par l'Association Suisse des Organisations d'Agricultures Biologiques/écologiques (ASOAB). Cette action pilote a pour but de permettre à la Fédération laitière MIBA et aux grandes chaînes de distribution participantes de savoir dans quelle mesure les difficultés économiques, écologiques et politiques de l'agriculture suisse peuvent être résolues à partir du marché.
Label collectif de l'Association Suisse des Organisations d'Agricultures Biologiques-écologiques (ASOAB)
Ce label ne peut être apposé que sur les produits issus d'exploitations agricoles reconnues comme biologiques
Pourquoi? "Bio", c'est devenu un mot à la mode, un argument publicitaire. Le consommateur, bien souvent, se trouve dans l'incapacité de juger si le produit qu'on lui propose provient 'effectivement de l'agriculture biologique. Aussi, afin de protéger le consommateur, les diverses organisations d'agriculture biologique ont résolu ensemble ce problème en créant un label protégé.
Ce label ne peut être apposé que sur les produits issus d'exploitations agricoles tenues par des agriculteurs qui respectent le Cahier des charges pour la commercialisation des produits de l'agriculture biologique. Ces exploitations sont soumises à des contrôles réguliers et leurs produits méritent dès lors la confiance des consommateurs.
Total 70
Dont producteurs de lait commercial 45
Actuellement, le lait de 10 fournisseurs ayant un contingent annuel global de 782'000 kilos est utilisé pour la fabrication du bio-yoghourt au lait entier MIBA. Huit autres exploitations (contingent de 390'000 kilos) pourraient livrer, mais sont assez éloignées de Bâle.
Collecte du lait
Le lait utilisé pour la fabrication du bio-yoghourt est collecté séparément selon le principe suivant: chaque producteur bio dispose lie boit les marquées de vert. Ces dernières sont prises en charge à la ferme par un véhicule et transportées à Bâle où le lait est ensuite traité de la manière suivante:
Processus de fabrication
Le lait collecté séparément doit être transformé le plus rapidement possible en yoghourt. Pour ce faire, il est tout d'abord pasteurisé. Contrairement au mode de fabrication des autres yoghourts, le lait n'est pas homogénéisé. De la poudre de lait biologique est ensuite ajoutée, ceci afin que la composition du produit fini satisfasse aux exigences de l'Ordonnance sur les denrées alimentaires.
Une culture bactériologique caractérisée par son acidité douce provoque enfin le caillage du lait. Il en résulte du yoghourt qui est soit vendu comme yoghourt nature, soit transformé en yoghourt aux fruits, par mélange de fruits et de sucre. Les bio-yoghourts au lait rentier MIBA contiennent un tiers de moins de sucre et deux fois plus de fruits. Les fruits entrant dans la composition de ce yoghourt proviennent, au même titre que le lait, d'exploitations respectant le Cahier des charges de l'ASOAB. Seul le sucre n'est pas d'origine biologique, car la mise en valeur séparée de betteraves sucrières issues d'une production biologique n'existe pas actuellement en Suisse.
Les yoghourts biologiques sont vendus dans un gobelet non polluant de marque K 3 (carton et polystyrène). Depuis le 1er avril 1990, un nouveau couvercle en papier remplace l'ancien couvercle en aluminium
L'ASOAB exerce également son contrôle au niveau du processus de fabrication.
Détermination du prix
Nous nous appuyons sur les comptes de la Station fédérale de recherches de Tänikon (FAT) pour les exploitations appliquant la méthode d'agriculture biologique organique. S'y ajoutent les coûts du transport, du traitement à part à la laiterie, du contrôle, de la vente et de la gestion. Le prix du produit doit couvrir tous les coûts. Le supplément de prix est de 30 centimes par gobelet de 180 grammes,
Le bio-yoghourt est plus cher, en voici les raisons:
- "Prime bio" (15 cts par litre de lait transformé en produits biologiques) allouée aux producteurs de lait bio reconnus par l'ASOAB
- Collecte séparée du lait
- Fabrication séparée
- Production en petites quantités
- Fruits plus chers
- Teneur en fruits élevée
PRIX DU LAIT ET PRIME "BIO" - PRINCIPE: L'AGRICULTEUR BIO DOIT RESTER MEMBRE DE SA SOCIÉTÉ
Les bio-yoghourts au lait entier MIBA sont plus chers que les autres yoghourts. Le prix du yoghourt nature est fixé à Fr. 1.10 et celui du yoghourt aux fruits à Fr. 1.20. Cette majoration de prix se justifie par l'augmentation des frais d'exploitation constatée à tous les niveaux du processus de fabrication. De plus, un kilo de lait provenant d'une exploitation biologique contrôlée coûte 15 centimes de plus que celui d'une exploitation conventionnelle. Cette différence se répercute également sur le prix de vente du produit.
Concrètement: celui qui achète des bio-yoghourts au lait entier MIBA paie une prime de 15 centimes par litre de lait transformé en produits biologiques. Cette prime est intégralement versée sur un fonds de compensation des prix géré par l'ASOAB. Grâce à ce fonds chaque fournisseur de lait de la MIBA travaillant conformément au' Cahier des charges de l'ASOAB bénéficie d'une prestation financière supplémentaire, proportionnelle à ses livraisons de lait.
La prime allouée aux producteurs de lait biologique, les exigences particulières quant à la qualité des fruits, la teneur en fruits plus élevée ainsi que les frais supplémentaires engendrés par la collecte et la mise en valeur séparée du lait justifient le prix plus élevé du produit fini.
Marketing
Enfin
Il existe à présent des yogourts fabriqués à base de produits répondant aux strictes directives régissant l'agriculture biologique contrôlée et qui, de ce fait, portent le label de qualité «bourgeon». Ces yoghourts, appelés bio-yogourts au lait entier Miba, sont fabriqués à base de lait provenant d'une production bio-organique et de fruits provenant de cultures bio-organiques. Ils sont particulièrement veloutés, particulièrement pauvres en sucre et d'une teneur en fruits particulièrement élevée. Les bio-yoghourts au lait entier Miba existent dans les arômes Nature, Fraises et Cerises. La fraîcheur Miba.
Marketing
Il est clair qu'il doit se distinguer du concept classique de la publicité, de la présentation et de l'information. Nous n'avons donc pas fait davantage de publicité que pour les produits usuels et nous pour en sommes tenus dès le début à une publicité informative, simple, objective et limitée à l'essentiel. Il n'est pas dans les intentions de la MIBA de soutenir les produits "Bourgeon" aux dépens des autres produits laitiers.
Premiers résultats
Pour la même période, la vente du bio-yoghourt MIBA au lait entier a rapporté aux producteurs de lait participant à l'action, par l'intermédiaire du fonds de solidarité, le montant net de Fr. 122'264.10 (= prime de 15 cts/kg).
BIO-YOGHOURT MIBA - ÉVOLUTIONS DES VENTES: MAI 88 - DEC 89
BIO-YOGHOURT MIBA - ÉVOLUTION DES VENTES: MAI 88 - DEC 89
Les ventes de bio-yoghourt MIBA au lait entier (marque Bourgeon) se Sont développées, dans un premier temps, au-delà de nos prévisions les plus optimistes et cela malgré le prix relativement élevé de Pr. 1.10 (nature) et Fr. 1.20 (aux fruits). Ces derniers temps, nous constatons malheureusement un certain fléchissement des ventes qui gui est dû, vraisemblablement, à l'apparition sur le marché des deux nouveaux yoghourts "Bifidus" et "Bulgare".
Relevons cependant que sans marketing - en particulier sans publicité - même un yoghourt Bourgeon ne se vend pas bien. Nous sommes en train d'élaborer de nouveaux moyens publicitaires pour les points de vente.
Perspectives
II est important que les produits provenant de cultures biologiques contrôlées soient reconnaissables et qu'ils inspirent confiance aux clients. Avec sa marque déposée "Bourgeon", l'ASOAB a créé pour le client suisse un moyen de s'y retrouver dans la multitude déconcertante des labels.
Le bon accueil réservé par le marché à notre action pilote encourage la MIBA et ses partenaires à la poursuivre et à la développer. Un élargissement de la gamme des produits Bourgeon par les yoghourts en gobelets de 500 grammes, par du serre et du lait de consommation est envisageable. Les restrictions ne proviendraient pas du marché mais de l'offre de lait et de fruits.
L'approvisionnement en lait et en additifs pour le yoghourt se heurte à deux limites:
- La faible densité laitière, c'est-à-dire les grandes distances entre les fermes contrôlées travaillant biologiquement, rend économiquement et écologiquement absurde la collecte de la totalité du lait disponible.- Les fruits qui entrent dans la fabrication des yoghourts sont disponibles en des quantités nettement trop faibles.
Le programme "Bourgeon-MIBA", dont les débuts sont prometteurs, ainsi que d'autres indices prouvent qu'en Suisse, l'agriculture biologique représente un moyen pour sauvegarder les exploitations paysannes familiales. Il s'agit donc d'exploiter toutes les possibilités qui se présentent. Les paysans disposes à se reconvertir devront être soutenus, l'objectif restant la conversion de l'ensemble des producteurs d'une même société de laiterie.
Les transformateurs et commerçants des denrées alimentaires auront la tâche de préparer, en collaboration avec les producteurs, les structures appropriées à ce marché. Les grandes chaînes de distribution du nord-ouest de la Suisse (Coop Bâle ACV, Migros Bâle, MIBA) sont disposées à promouvoir les produits Bourgeon.
Il est à craindre, malheureusement, que le marché ne puisse à lui seul influencer de manière décisive notre politique agricole et, faute d'une prise de conscience suffisante de la part de la population, une intervention du législateur n'est pas à exclure si l'on entend généraliser un jour l'agriculture biologique ou écologique.
Bâle, le 26 mars 1990
Pf/jg
