Previous PageTable of ContentsNext Page

CHAPTER 24
L'ORGANISATION DE LA CONSERVATION ET DE LA GESTION DBS STOCK GENETIQUES POUR LES GROS AMIMUX DE FERME

par

J.J. Lauvergne
I.N.R.A., Département de Génétique animale,
C.N.R.Z., 78350 Jouy-en-Josas, Prance

Résumé

Pour quatre espèces domestiques (ovins, bovins, caprins et porcins) l'auteur est amené à considérer la situation dans trois types de pays: les pays en développement, les pays développés de l'Ancien Monde et les pays neufs.

L'histoire de l'humanité et la configuration géographique des terres font que ces quatre espèces ont une domestication qui a débuté à peu près au centre géographique de l'Ancien Monde (Eurasie et Afrique): au Moyen Orient. Un flux assez constant semble-t-il dans le passé a fait que cette région moyen-orientale a joué le r�le d'un centre de différenciation et de dispersion de génotypes nouveaux qui ont remplacé les vagues plus anciennement arrivées laissant subsister à. la périphéric de l'Ancien Monde les races les plus archai"ques et permettant une classification des races existant encore dans les pays en développement qui occupent la majeure partie de l'aire d'extension de ces espèces dans l'Ancien Monde. Dans ces conditions avec une utilisation plus rationnelle des gènes marqueurs disponiloles (type de pelage, couleur, forme des appendices) on devrait augmenter la precision de l'inventaire encore souvent très approximatif dans les pays en développement.

Dans les pays développes d'Europe occidentale qui forment la deuxième catégorie des pays considérés les populations traditionnelles ont pour l'essentiel disparu pour faire place à. des races modernes de la première génération qui, à. leur tour, sont menacées de remplacement par des races plus selectionnées ou des lignées synthétiques. L'inventaire dans ces pays la est plus précis mais doit être révisé à. intervalles rapprochés.

Dans les pays neufs, c'est-à-dire les pays développés du nouveau monde (Amérique) et de l'Australasie (Australie et Nouvelle-Zélande) le peuplement est beaucoup plus récent et et s'est fait à partir des stocks européens, principalement ceux des races modernes de premiere génération.

Dans les pays développés de l'Ancien Monde les méthodes de conservation sont très variées. On a choisi de les classer selon le degré avec lequel la collectivité contrÔle et finance les operations. Certaines de ces méthodes sont anciennes. .es efforts les plus intéressants actuellement sont faits en Angleterre, en Islande, aux Pays—Bas et en France, mais d'autres pays manifestent une activité en la matière: Italie, Espagne, et Scandinavie en particulier.

Dans les pays neufs on note un alignement avec un certain retard sur les pays développés d'Europe occidentale. En gros les modes de conservation sont les mêmes mais certains sont développés avec une originalité marquee.

24.1 Introduction

Après leur domestication les espèces de ferme suoissent une evolution génétique plus rapide et plus radicale que leurs ancêtres sauvages a cause de leUrs effectifs plus abondants, de la protection de l'homme, de ses soins, et de ses efforts de sélection de plus en plus efficaces.

Dans ce système, les races les plus productives sont amenées à. remplacer celles qui le sont moins.

Par le passé, toutefois, ce phénomène était fort lent, même dans les pays développes où. l'on se préoccupait, il y a encore peu de temps, d'activer ce remplacement plutÔt que de le freiner. Dans ces demières décennies, au contraire, voilà que l'on assiste à une acceleration importante dont les causes ont été analysées dans le rapport ONUAA/PNUE 1975. Cette accélération, conduisant à une dégradation, possitslement irré0ersible, des ressources génétiques, a déclenché la prise de conscience qui nous réunit ici.

24.1.1 Les divers types de pays à. considérer

Cette prise de conscience debute dans des pays développés de l'Ancien Monde dans les années soixante. Dans ce "reste du monde" nous pensons qu'il est nécessaire de considérer, à cÔté des pays en développement, les pays développés du Nouveau Monde (Amérique, Australie, Afrique du Sud).

En effet, les pays développés ont les moyens intellectuels, humains et matériels de réagir, tandis que les pays en développement sont heaucoup plus démunis tout en occupant la majeure partie de l'aire d'extension traditionnelle des quatre espèces considérées dans le présent rapport:

Quant aux pays développés du Nouveau Monde que l'on peut appeler pay neufs, ils ont une repartition ethnique dérivée de celle des pays européens qui leur ont fourni des émigrants, principalement l'Espagne, l'Angleterre, les Pays-Bas, et une dynamique sociale qui leur est propre.

24.2 Le cas des pays en développement

24.2.1 Position du problème

De fait, si dans l'Ancien Monde on regarde la situation des pays développés, on se rend compte que ces pays n'occupent qu'une position marginale sur la carte de l'élevage des quatre espèes qui nous intéressent plus particulièrement ici. En effet ces espèces sont nées d'une domestication moyen-orientale et ont atteint 1'Europe de l'Ouest à. une époque relativement tardive, alors qu'elles se répandaient sur le reste de l'Ancien Monde (Zeuner, 1963; Isaac, 197). Dans ces conditions, les archives génétiques de l'élevage sont plut�t à rechercher dans ces pays d'Asie ou d'Afrique ou c'est Men ce que montre d'ailleurs par exemple Epstein (1971) pour l'Afrique.

De fait l'ethnographie de ces pays en développement a été exposéd dans des inventaires intersp�cifiques mondiaux (Mason, 1969), interspécifiques ou spécifiques régionaux comme les renographies ovines de Terrill (1970, 1979), hovines de la FAO, Joshi et Phillips (1955). Joshi et al.(1957), l'étude ovine méditerraneenne de Mason (1967), celle de Yalgin (1979) sur l'Afghanistan, l'Iran et la Turquie, du CIPEA et al. (1980) sur les animaux trypanotolérants d'Afrique, les livres d'Epstein (1969, 1977) sur la Chine et le Népal, etc.

D'une manière générale, cependant cet inventaire ethnique est très approximatif. D'une part il n'y a pas vraiment de prise de conscience de la part des éleveurs. La denomination et la classification des populations qu'ils exploitent leur sont souvent des notions totalement etrangeres. En outre, les services d l'elevage locaux sont peu étofés et ont d'autres priorites et jusqu'à. tout récemment ont plutÔt encouragé le remplacement des races locales que leur etude et leur conservation.

Comme l'inventaire des ressources est la pierre de touche de toute politique de conservation et de gestion rationnelle des stocks génétiques, cela justifie que pour les pays en développement on s'étende quelque peu sur la question.

24.2.2 La recherche des lois de distribution des stocks génétiques

On congoit aisément qu'un grand pas serait accompli si l'on avait une idée, même approximative, de la manière dont les races ont, dans le passé, été constituées. Gela pourrait faciliter 1'élaboration d'une classification que tout le monde pourrait admettre alors qu'actuellement les classifications proposees ne peuvent avoir cette prétention.

En fait, en raccordant les connaissances des archéozoologues avec celles de zootechniciens qui ont étudié les répartitions locales des populations, on peut aboutir pour les quatre espèces qui nous intéressent à un schéma relativement simple a l'échelle de l'Ancien Monde.

On sait en effet que la domestication de ces espèces a pris place au Moyen Orient il y a peut-être plus de 10 000 ans maintenant (Clason, 1974? BÖkÖnyi, 1976) et que ces centres de domestication ont longtemps fonctionné comme centres de différencialon pour reprendre la conception développée par Vavilov (voir, par exemple, Vavilov, 1951) pour les plantes cultivées. Avec quelques hypothèses simples concernant la migration (isotropie, remplacement par la dernière vague airivante, evolution génétique sinon arrêtée du moins fort ralentie dès que l'on s'éloigne du centre) on aboutit à un schéma où les races sont disposées en aureoles concentriques de plus en plus archaiques à mesure que l'on s'éloigne du centre de différencialon. G'est en gros ce que l'on observe pour les populations ovines par exemple avec les races à. queue courte et sans laine (ou à. toison primitive) que l'on trouve ou que l'on trouvait récemment aussi bien dans le Nord d'Europe, dans l'Ouest de l'Afrique qu'en Extrême-Orient (cf. la classification de Terrill, 1979). Pour les bovins (Bos taurus) de même on trouve les petites races sans bosse à. comes courtes aussi bien dans les ilde l'Atlantique Nord que dans le Golfe de Guinee qu'au Japon, les races les plus évoluées à bosse occupant des zones centrales avec une aureole de races à, bosse intermédiaire (Phillips, 1961).

A l'aide de ces considérations on peut d'ores et déjà, dresser des cartes comme d'ailleurs Mason (1967) pour les moutons méditerranéens et Epstein (1971) pour certains ovins et bovins avaient déjà. commencé à faire.

24.2.3 Les travaux d'inventaire

Si notre exposé précédent est juste ce sont done bien les pays en développement qui recèlent pour l'essentiel les archives génétiques de quatre espèces qui sont considérées ici. Comme il s'agit d'un patrimoine qui appartient à, l'humanité entière, e'est évidemment toute l'humanité qui doit contribuer à le répertories Gela avait été parfaitement compris par les premiers responsables de la Division de Production animale de l'O.N.U.A.A. II y a également toutes les actions bilatérales entreprises dans le cadre de 1'assistance technique que peuvent fournir les pays développés aux pays en développement.

En ce qui concerne le travail sur le terrain notre expérience en Guadeloupe, Iran et Nouvelle-Guinée nous indique qu'il faudrait constituer des équipes pluri-disciplinaires avec géographes, ethnologues, spécialistes des systemes d'élevage, généticiens, et considérer, au moins dans une première approche, surtout les gênes marqueurs à. effets visibles dont on a vu plus haut l'intérêt pour étudier la répartition des races sans négliger toutefois l'emploi des marqueurs biochimiques même si leur emploi même dans les pays développes se heurte encore à certaines difficultés comme nous le verrons un peu plus loin.

A ce propos on peut noter par exemple les rapprochements que l'on a pu faire entre la population ovine corse et la population islandaise à l'aide des variants de couleur de la toison (Lauvergne et Adalsteinsson, 1976).

24.2.4 Conservation et gestion

II semble impossible d'arrêter le mouvement qui consiste à introduire des races exotiques afin d'améliorer génétiquement les populations locales. Aussi bien aux Indes qu'en Afrique le processus est entré dans les moeurs pour les bovins. Récemment en Papouasie-Kouvelle-Guinee nous avons vu la même chose en ce qui concerne le pore (Lauvergne, 1980b). De fait dans certaines zones ces introductions sont justifiées pour autant que le milieu a été amélioré et que l'on ne dispose pas localement de génotypes valables. Dans d'autres cas cependant les introductions n'ont pas de raison d'etre, comme par exemple pour le mouton dans beaucoup de zones moyen-orientales comme le rappelle Yalcin (1979) • H importe done dans un premier temps de contrÔler ces introductions comme les auteurs précéldemment cités s'accordent pour le préconiser. La chose toutefois n'est pas si facile sur le terrain et l'on aurait souvent besoin d'indicateurs pour mesurer le degré d'érosion génétique. A cet égard 1'utilisation des marqueurs à effets visibles peut être préconisée à la suite de Casabianca (1977) qui mesure ce phénomène chez le pore corse autochtone par la proportion d'animaux blancs, ce gêne de couleur caractérisant le pore Large White utilisé pour "améliorer" la race locale.

D'une manière générale, ce genre de protection va exiger une connaissance intime du système d'élevage et plus généralement du systeme agricole de la région, et evra être faite en liaison étroite avec les spécialistes d'autres disciplines. A cet égard l'exemple de 1'étude des pratiques d'élevage de la Castagnicia, en Corse, que Cristofini et al. (1978) définissent en considérant trois critères - 1'action de l'homme sur le territoire, l'apport alimentaire et les actions d'hygiène et de surveillance - est tout à. fait intéressant à considérer.

En tant que mesures non pas seulement preventives il y a la création de troupeaux témoins ou pépinières, 1'action psychologique auprès des éleveurs pour les encourager à. se fédérer et à. défendre leur race et la creation de périmètres dans lesquels 1'introduction du bétail exotique sera prohibée.

En ce qui concerne la gestion proprement dite, il semble que la gestion rationnelle et moderne des ressources génétiques traditionnelles se développe et se développera en etroite association avec les opérations &'amélioration génétique rationnelle des populations susceptibles de l'être et dans les environnements où cette amélioration est possible.

24.3 Le cas des pays développés de l'Ancien Monde

24.3.1 La situation ethnique

Les pays considérés maintenant, e'est-a-dire les pays d'Europe occidentale, n'occupent, on l'a vu, qu'une superficie limitée de l'aire d'expansion des quatre espèces considérées et sont assez éloignés du centre de différenciation moyen-oriental. lis ont de ce fait un échantillonnage relativement réduit du stock génétique traditionnel (par exemple, aucun zébu et pratiquement aucun mouton à. queue grasse ni aucune chèvre à toison fine). Par ailleurs l'apport des sélectionneurs depuis le siècle dernier a conduit à. la disparition en beaucoup d'endroits des populations autochtones primitives au profit de races modemes issues d'un nombre limité de fondateurs, ces races étant à leur tour menacées (cf., par exemple, Lauvergne, 1975h pour 1'érosion génétique des bovins d'Europe).

Dans ces pays là les stocks géné iques à conserver vont done consister essentiellement en des animaux appartenant à. un deuxième stade d'évolution. II n'est qu'à voir le programme du RBST anglais ou la liste des races sous protection en France. Les stocks véritablement anciens sont ainsi d'un intérêt considerable comme le mouton ancien de Gotland, le mouton des Landes de Bruyères des Pays-Bas, les ovins, porcins, caprins et bovins corses et cela d'autant plus que la zone refuge est plus étendue et les troupeaux plus nombreux comme e'est le cas pour la Corse (Lauvergne, 1975a).

24.3.2 Les débuts et la mise en place de la conservation dans sa forme actuelle. les organisroes intéressés

Si l'on envisage des pays comme 1'Angleterre, la Prance et la Hollande on s'apercoit que 1'impulsion première qui, nous l'avons vu plus haut, remonte aux années soixante n'est pas due aux services officiels de 1'élevage des différents Ministères de 1'Agriculture, mais d'initiatives ayant une connotation d'écologie scientifique. C'est ainsi qu'en Angleterre e'est la Zoological Society of London qui s'efforce de créer des lignées dans les zoos, qu'en France la recherche cooperative programméd dans les monts d'Aubrac (RCP Aubrac) où collaborent des chercheurs de l'INRA et du CNRZ (ethnologie francaise) est a l'origine du mouvement de pensée et des actions (Lauvergne et Laurans, 1979). En Hollande ce sont des archéozoologues de l'Institut d'Archéozoologie de Groning qui ont lancé les programmes.

Par la suite la création officielle de sociétés existant déjà d'une manière informelle a eu lieu: Société d'Ethnozootechnie en Prance (1971)» Rare Breeds Survival Trust (RBST) en Angleterre (1973), Stichtung Zeldzame Huisdierrassen (Pondation pour les races domestiques rares) aux Pays-Bas (1976) 1/.

Ces sociétés fédèrent les efforts, donnent des orientations, se substituent a 1'occasion aux livres généalogiques défaillants mais ne sont pas et de loin 1'unique partie prenante dans l'oeuvre de conservation des stocks génétiques menaces des pays developpés de l'Ancien Monde. Sans compter les livres généalogiques soutenus ou non par les services des divers Ministeres de 1'Agriculture, le nombre des organismes intéressés à la sauvegarde dépasse en France la dizaine comme le souligne Vissac (1980) (laboratoires de recherche, pares naturels régionaux, associations culturelles diverses ...) ce qui montre la popularité de ce mouvement de conservation.

24.3.3 L'inventaire

L’inventaire ne pose pas dans ces pays là de problèmes particuliers car, depuis le début du siècle, les traits, listes et monographies des races abondent, de même que les statistiques. II est toutefois à remarquer que 1'encadrement technique de l' élevage ayant privilegié les races très productives les plus rentables dans les milieux intensifies, très souvent on note une tendance à "oublier" les populations marginales. Comme, en outre, la situation peut évoluer très rapidement, il est souhaitable de faire le point à intervalles assez rapprochés. A cet égard 1'expérience frangaise de journées consacrées aux races menacées de disparition organisées en 1974 et 1978 a été très instructive. Actuellement certains pays comme l'ltalie s'orientent dans cette voie. D'autres, comme la Hongrie, ont aussi des statistiques bien à. jour.

24.3.4 Les modes de conservation

La conservation des stocks génétiques des espèces qui nous intéressent est a la fois coûteuse et encombrante lorsqu'on veut avoir des animaux disponibles à tout moment, tandis que la conservation par gamètes interposés pose encore des probl es pour plusieurs espèces.

Les modes de conservation ont été passés en revue dans les rapports ONUAA (1967) et ONUAA/PNUE (1975) et plus récemment par Mason (1979).

Voyons successivement la conservation sur pied et la conservation au stade gamétique ou embryonnaire, puis les autres mesures en faveur de la conservation.

(a) Les modes de conservation sur pied

Pour leur classement on peut tenir compte de facteurs tels que la qualité des éleveurs (privé, amateur, ou professionnel ou bien collectivité) du but (désintéressé, de simple subsistance ou de lucrativité afficheée) du controle plus ou moins étroit exercé, pouvant aller jusqu'au marronnage, etc. Selon l'importance que l'on accordera à tel ou tel critère on bâtira une classification différente.

Nous avons choisi d'une manière qui pourra être considérée comme arbitraire de classer les modes de conservation selon le contrÔle qu'exerce sur eux la collectivité et le coût qa'ila reviennent à cette même collectivité en allant de ceux qui ne coûtent rien et sont peu contrÔlés à ceux qui coûtent le plus et sont entièrement contr�lés.

1/ Voir pour ces trois sociétés la collection des revues ou bulletin qu'elles éditent: respectivement "Ethnozootechnie", "The Ark" et "Zeldzaam Huisdier".

Les élevages amateurs non subventionnés. La tradition des éleveurs amateurs est trè 8ncienne. Elle s'apparente en. quelque sorte au mécenat et on la rencontre dans les cours royales et chez les riches propriétaires terriers ennoblis de fraiche date ou non qui entre-tenaient des troupeaux d'animaux rares pour des raisons parfois mixtes (prestige et utilité). le troupeau Mérino de 1'Electeur de Saxe, du roi Louis XVI, les troupeaux de bovins dits de Pare en Angleterre appartiennent à cette catégorie. Actuellement les éleveurs amateurs sont moins riches et plus nombreux et, si les motivations esthétiques ne sont pas absentes, elles cotoient des motivations économiques (tirer parti de pâturages qui entourent une résidence à la oampagne) et écologiques. Le rÔle des éleveurs amateurs peut être ainsi considérable, ne coûtant rien à la collectivité et procurant des ressources qui seraient sans cela perdues. Parfois de cette manière a été assurée la sauvegarde de races connues: la race bovine des Parcs en Angleterre ou la race ovine d'Ouessant totalement disparue dans son ile d'origine mais préservée grâce aux élevages des "châtelains" (Abbé, 1978) en France continentale.

Les élevages professionels traditionnels. II s'agit cette fois d'eleveurs qui tirent toutes leurs ressources de 1'agriculture et/ou de l'élevage.

Le mode de conservation presuppose la conservation de tout un système d'élevage, chose de plus an plus difficile dans les pays développés mais qui cependant existe encore dans des zones isolées dites zones refuges. Ainsi en Prance continentale trouve-t-on le bovinde Camargue et, en Corse, les ovins et caprins autochtones qui sont un exemple de telle con­servation. En fait ce type de conservation est très menacé et fait souvent place à un type subventionné plus ou moins directement. En effet si la collectivité veut pour des raisons politiques, sociales, territoriales ou touristiques maintenir un type d'occupation du sol, ce peut être une occasion toute trouvée de conserver des stocks génétiques menaces.

Les troupeaux marronnés. C'st un moyen assez pratique pour peu que 1'on dispose d'un espaoe important plus ou moins bien délimité, ile, forêt, haute vallée. On a des exemples dans des iles au large de l'Ecosse. Selon Poplin (1979) la population sauvage des mouflons de Corse ne serait rien d'autre qu'une population issue des toutes premieres importations de moutons domestiques après marronnage. En fait ces populations sont contr�lées au moins théoriquement sinon toujours efficacement par la collectivité à travers les services des Porêts, des Chasses, des Pares Nationaux, etc. qui organisent les reprises, font les plans de tir, etc.

Les pares de vision privés. Sont établis sur une base lucrative et présentent pour l'essentiel des animaux sauvages. On a pu voir que leur r�le de conservation de races domestiques était fort limité du moins dans quatre pays d'Europe occidentals même si en France, par exemple, à une certaine époque ils allaient se njultipliant (Lauvergne, 1980a). A signaler cependant 1'existence en Angleterre tout au moins de fermes de présentation (cf. les numéros de la revue "The Ark")affiliées au RBST mais ayant des buts purement lucratifs pour la plupart et qui sont plus spécialisées dans la presentation d'animaux domestiques que les pares précédemment cites.

Les zoos et pares naturels. II s'agit des grands pares zoologiques qui dans chaque pays se comptent sur les doigts de la main et dont, selon le Professeur Doumenge (Directeur du Zoo de Paris) interviewé par Lecomte et Barloy (1980), la vocation pour conserver des lignes domestiques et les présenter à c�té des espèces animales ira en s'affirmant. Déjà un organisme comme le Zoo de Paris assure la majeure partie de la sauvegarde du Baudet du Poitou, possède un important troupeau de moutons Soay. Même si une redevance d'entrée est percue, c'est quand-même la collectivité qui par son financement permet la survie de telles institutions que le Professeur Doumenge déjà cité voudrait d'ailleurs voir ouvertes gratuite-ment au public.

Le cas des Pares régionaux diffère quelque peu de celui des zoos. Ils ne sont pas dans des zones urbaines. Leur vocation est régionale. II constituent à première vue donc des organismes d'accueil idéaux pour des stocks menaces. En fait 1'expérience francaise montre que cette vocation doit encore s'affirmer et qu'elle a des limites. On ne peut guère recueillir au moins dans im premier temps que des races locales. II faut trouver des gens compétents et une présentation adequate ainsi qu'un financement. C'est ainsi que certains pares préfèrent encadrer et subventionner les éleveurs plutÔt que de se constituer eux-mêmes un troupeau.

Les élevates subventionnés. On vu qu'il était difficile de savoir quand commence le subventionnement de ces élevages car il peut être fort indirect et caché. Pour parler du subventionnement officiellement reconnu on a toute la gamme des mesures telles que primes a. la conservation, primes a la saillie, prix lors de concours, subventions allant aux sociétés d'é1eveurs pour leur fonctionnement, etc.

Les élevages spécialises appartenant à la collectivité. La distinction avec la catégorie zoos et parcs naturels est subtile mais on voudrait considérer ici les troupeaux spécifique-ment conserves comme réserves génétiques sans but démonstratif et lucratif. Ils sont finale-ment assez rares mais certains instituts de recherche ou d'enseignement ont pu dans le passé et peuvent encore assurer de ce fait une conservation de génotypes ou de races. C'est par exemple le cas des mutants nouveaux d'anomalie, de couleur ou de polymorphismes biochimiques qui sont conservés au moins pendant le temps qu'on les étudie. Malheureusement très souvent une fois l'intèrêt scientifique tombé et I'expérience terminée, ils sont détruits faute de structure adéquate pour leur conservation.

Comme exemple de conservation d'une race sur une longue période on a le troupeau Mérinos de Rambouillet, France.

(b) La conservation sous forme de gamètes et d'embryons congelés

La congelation du sperme peut rendre d'immenses services pour la sauvegarde des stocks. Malheureusement cette technique n'est pas (encore) praticable dans toutes les espèces qui nous intéressent.

24.3.5 Autres mesures en faveur de la conservation

- Mesures législatives. Sans prétendre interdire le remplacement des souches traditionnelles, il est des cas où ce remplacement est en quelque sorte déplacé, soit que le degré d'intensification du milieu ne le justifie pas, soit que l'on risque de faire se dégrader la situation sanitaire. Dans ces conditions, il peut être utile de promulguer des lois ou des décrets qui vont protéger les stocks traditionnels dans certaines zones. Ce sera en particulier le cas pour des iles, particulièrement sensibles sanitairement parlant. Ainsi en Islande non seulement on interdit 1'introduction de bétail mais 1'ile est quadrillée en secteurs dont les limites sont infranchissables.

- Mesures indirectes. Si l'idée de conserver les stocks anciens a put se faire jour, e'est dans une large mesure à. cause de l'action des médias: radio, télévision, grande presse. Les responsables ne peuvent négliger ce canal pour présenter au public les realisations, les projets et les espoirs. De même bien évidemment, les jeunes générations doivent être mises au courant du problème et, de ce cÔté là, la parution de manuels bien congus, semble tout à fait nécessaire. A signaler, par exemple, le livre consacré au mouton par des auteurs néerlandais très au fait de ces questions de sauvegarde et qui ont su replacer le problème dans son contexte historique, archéozoologique et ethnozootechnique (Bottema et Clason, 1979).

24.3.6 Gestion des stocks

Les problèmes qui se posent à ce propos concernent le choix des stocks à conserver, la conservation de la variabilité génétique et la mesure des aptitudes. Cela confine au catalogage rationnel des stocks disponibles.

- Le choix des stocks à conserver. A propos des races bovines frangaises traditionnelles trop nombreuses pour etre toutes conservées, Vissac (1973) avait déjà, posé le problème.

L'outil de ce choix est évidemment la connaissance des distances génétiques entre races ou populations que l'on peut connaitre très precisement avec des méthodes de calcul mod.ernes pourvu que l'on puisse mesurer les frequences alleliques à. de nombreux loci et que les hypothèses que l'on est forcé d'introduire au cours des calculs ne s'éloignent pas trop de la réalité. De fait ces recherches, après avoir bénéficié d'un certain engouement et avoir fourni quelques résultats intéressants encore que, au moins partiellement attendus, sur la parenté entre les races bovines (Rendel, 19677; Kidd et Pirchner, 1971; Braend, 1972), semblent maintenant marquer le pas. II est vrai que, dans les cas considers, la derive génétique et les conditions d'échantillonnage ont pu biaiser les ré'sultats de même que l'excès des hypothèses à introduire pour faire avancer l'analyse par ordinateur. On retonibe de ce fait sur la situation des pays en developpement (voir plus haut) qui incite à ne pas négliger les marqueurs à effets visibles, les comparaisons des performances zootechniques, cependant que, dans l'avenir, la connaissance plus precise des séquences des protéiines permettra d'établir des filiations entre les variants à un locus donné.

- Conservation de la variabilité génétique. Pour les petites populations fermées il y a un risque certain qui a été bien compris depuis longtemps (cf. par exemple le troupeau Merinos de Rambouillet, France, dont l'existence est maintenant bicentenaire et où l'on utilise un système de rotation des mâles avec une dizaine de "families"). Actuellement on dispose d'études théoriques (cf. par exemple Rochambeau et al., 1979; Regaudie et Montméas, 1978)f et dans plusieurs pays déjà les éleveurs peuvent être conseillés par ordinateur dans le choix des mâles à utiliser.

- Catalogage des lignées conservées. II s'agit d'une démarche plus élaborée que le catalogage déjà pratique par exemple par Mason (1969) et Qrui ressemblerait à celle existant pour les animaux de laboratoire ou depuis quelques années pour la poule domestique: dormer la liste des lignées conservées et disponibles avec leurs caractéristiques génétiques et zootechniques exactes et détaillées. Cela suppose une étude beaucoup plus poussee.

24.4 Le cas des pays neufs

24.4.1 La situation ethnique

Les pays neufs - Amérique du Sud, du Nord, Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande -ont été peuplés à partir des pays éveloppés d'Europe occidentale et leur évolution ethnozootechnique reflète celle des métropoles d'alors avec, au XlXème siècle 1'influence pré­pondérance de l'Angleterre, première nation à créer les races domestiques modernes. Pour ces pays, l'Angleterre, et plus généralement 1'Europe de l'Ouest, jouent le r�le de centre de differenciation. C'est ainsi que l'on risque de retrouver dans ces pays des variétés qui ont disparu ou presque d'Burope occidentale, et c'est effectivement le cas avec le bétail Criollo d'Amérique centrale et Sud, le vieux bétail canadien frangais du Canada, le Merinos de Camden Park en Australie.

Pour l'Amérique intertropicale et spécialement les Antilles, la situation est un peu différente et 1'influence ethnique europeenne est fortement tamponnée par une influence africaine, ce pour des raisons historiques mais également pour des raisons adaptatives: le boeuf à bosse, la chèvre naine et le mouton sans laine d'Afrique sont résistants, bien plus que les souches européennes. au climat chaud et humide (comme nous avons pu le voir à la Guadeloupe, Lauvergne, 1979).

De fait, pour l'Amérique il s'agit d'une migration d'Ouest en Est ayant le même sens que les migrations traditionnelles que nous avons examinées au chapitre precedent. Pour l'Australie, l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, il y a une sorte d'inversion du sens migratoire traditionnel.

A leur tour, plus récemment, les pays neufs peuvent devenir des centres de différen­ciation qui diffusent leur génotype. C'est le cas pour les Etats-Unis et le Canada avec les bovins laitiers, cependant que récemment un courant de diffusion des genes de bovins à. viande s'était rétabli dans le sens traditionnel.

On pourrait multiplier les exemples montrant l'imbrication et l'enchevêtrement des échanges de reproducteurs qui caracterisent la période actuelle et qui menacent évidemment, non seulement les races traditionnelles, mais même des races créées beaucoup plus récemment.

24.4.2 La mise en place de la conservation, les organismes intéressés

Les rapports concernant l'Amérique du Sud nous montrent que la prise de conscience est bien amorcée dans ce pays là avec un léger décalage temporel sur l'Europe occidentale.

Ainsi, aux Etats-Unis on note la création en 1977 d'une American Minor Breeds Conserv-ancy ainsi que les pays d'Australasie sont bien impliqués dans les activités de la SABRAO (Society for the Advancement of Breeding Researches in Asia and Oceania).

Il semble que, comme en Europe on trouve dans ces pays de nombreuses parties prenantes dans ces activités depuis les services officiels des Ministères de l'Agriculture jusqu'aux associations culturelles animant les musées de plein air en passant par les associations d'éleveurs comme celles de moutons colorés en Australie (Lauvergne, 1980c).

A noter là aussi que l'inspiration écologique est assez constante.

24.4.3 L'inventaire

Lors de la présente conférence nous avons eu une série de rapports sur des pays encore non inventoriés d'Amérique du Sud. On consultera aussi le rapport de Mason (1979) et, pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande, Turner (1980) et Clarke (1980).

24.4.4 Les modes de conservation

Pour autant que l'on sache ils ne se différencient pas fondamentalement de ceux que nous avons passés en revue au chapitre précédent pour les pays développés d'Europe.

A noter cependant le grand développement exemplaire des fermes musées vivants aux Etats-Unis (ALHFAM, sans date) qui peuvent présenter les races traditionnelles parfaitement en situation, un peu comme les parcs régionaux français.

A noter aussi en Nouvelle-Zélande et en Australie l'existence d'une série de populations marronnées aussi bien dans des îles que dans des zones désertiques.

24.4.5 Gestion

Le choix des stocks à conserver. On doit noter que certains pays neufs sont tout à fait idoines pour conserver des races de la première génération de sélection moderne en provenance d'Europe occidentale parfois menacées dans leur pays d'origine.

Conservation de la variabilité, établissement de populations témoins

Dans le futur ces pays dont l'originalité et l'imagination est grande apporteront certainement des solutions nouvelles.

Catalogage. Les problèmes sont les mêmes que dans les pays développés.

24.5 Bibliographie

Abbé, P. 1978. Conservation de la race ovine d'Ouessant. Ethnozootechnie (22), 21-22.

ALHFAM (Association for Living Historical Farms and Agricultural Museums). Sans date. Selected living historical farms, villages and agricultural museums in the United States and Canada. ALHFAM, Washington, p. 86.

Bökönyi, S. 1976. Development of early stock rearing in the Near East. Nature, 264 (5581) 19-23

Bottema, A., Clason, A.J. 1979. Het Schaap in Nederland. Thieme, Zutphen. 174 p.

Braend, M. 1972. Studies on the relationship between cattle breeds in Africa, Asia and Europe: evidence obtained by studies of blood groups and protein polymorphisms. World Rev. Anim. Prod. 8, 9-14.

Casablanca, F. 1977. Enquête sur les reproducteurs porcins corses. Mémoire de 3ème année. Ecole nationale supérieure d'Agronomie de Toulouse.

CIPEA/ONUAA/PNUE. 1980. Le bétail trypanotolérant d'Afrique occidentale et centrale. 2 tomes. Centre international pour l'Elevage en Afrique, Addis Abéba.

Clarke, J.N. 1980. Selected bibliography on sheep and beef cattle breeds in New Zealand. Proc. SABRAO Workshop on Animal Resources in Asia and Oceania. Tropical Agriculture Research Centre, Yatabe, Tsukuba, Ibaraki, 305, Japan. p. 435-437.

Clason, A.J. 1974. Archeozoological research and the earliest stock-breeding in the Near East. Eastern Anthropologist. 27, 521.

Cristofini, B., Deffontaines, J.P., Raichon, C, de Verneuil, B. 1978. Pratiques d'élevage en Castagnicia. Exploration d'un milieu naturel et social en Corse. Etudes Rurales (71-72). p. 89-109.

Epstein, H. 1969. Domestic animais of China. Commonwealth Agricultural Bureaux, Farnham Royal, Bucks, United Kingdom.

Epstein, H. 1971. The origin of the domestic animais of Africa. 2 vol. Africana Publishing Corporation, New York, London, Munich.

Epstein, H. 1977- Domestic animais of Nepal. Holmes and Meiers, New York.

Isaac, E. 1970. Geography of domestication. Prentice-Hall, Englewood Cliffs.

Joshi, N.R., McLaughlin, E.A., Phillips, R.W. 1957. Les bovins d'Afrique: types et races. Etudes agricoles de la FAO n° 37, Rome. 138 p.

Joshi, N.R., Phillips, R.W. 1955. Les zébus de l'Inde et du Pakistan. Etudes agricoles de la FAO n° 19, Rome. 259 P.

Kidd, K.K., Pirchner, F. 1971. Genetic relationships of Austrian cattle breeds. Anim. blood groups. Biochem. Genet. 2 (3), 145-158.

Lauvergne, J.J. 1975a. Situation ethnique comparée de la Corse et de la Sardaigne en 1974. bovins, ovins, caprins et équidés. Dans: Etude pilote sur la conservation des ressources génétiques animales. ONUAA, Rome. p. 17-24. Annexe n° 1.

Lauvergne, J.J. 1975b. Les races bovines menacées de disparition en Europe et dans le

bassin méditerranéen. Dans: Etude pilote sur la conservation des ressources génétiques animales. ONUAA, Rome. p. 25-50. Annexe n° 2.

Lauvergne, J.J. 1979. Compte-rendu de mission à la Guadeloupe, 19-30 mars 1979. Département de Génétique animale, INRA, Jouy-en-Josas. Ronéoté. 4P.

Lauvergne, J.J. 1980b. Le porc indigène de Papouasie Nouvelle-Guinée. Rapport de mission. Dépt. Génétique animale, CNRZ, 78350 Jouy-en-Josas.

Lauvergne, J.J. 1980c. Le petit élevage de moutons colorés en Australie. Ethnozootechnie (à paraître).

Lauvergne, J.J., Adalsteinsson, S. 1976. Gènes pour la couleur de la toison de la brebis corse. Ann. Génét. Sél. anim. p. 153-172.

Lauvergne, J.J., Laurans, R. 1979- Inventaire et conservation du matériel génétique animal de ferme en France et éco—développement. Ann. Génét. anim. 11, 165-185.

Lecomte, J., Barloy, J.J. 1980. Les zoos de l'avenir: des conservatoires d'espèces menacées. Science et Vie. 81 (748), 63-70.

Mason, I.L. 1967. Sheep breeds of the Mediterranean. FAO and CAB, Rome and Farnham Royal, Bucks, United Kingdom.

Mason, I.L. 1969. A world dictionary of livestock breeds. Commonwealth Agricultural Bureaux, Farnham Royal, Bucks, United Kingdom.

Mason, I.L. 1979. Inventory of special herds. (Draft). FAO, Rome.

ONUAA. 1967. Rapport de la réunion du groupe d'étude FAO sur l'évaluation, l'utilisation et la conservation des ressources génétiques animales. Rome 21-25 nov. 1966. ONUAA, Rome.

ONUAA/PNUE. 1975. Etude pilote sur la conservation des ressources génétiques animales. ONUAA, Rome. 70 p. (Texte générale par I.L. Mason et J.J. Lauvergne.)

Phillips, R.W. 1961. World distribution of the major types of cattle. J. Hered. 52, 207-213.

Poplin, F. 1979. Origine du mouflon de Corse dans une nouvelle perspective paiéontologique par marronnage. Ann. Génét. Sél. anim. 11, 133-143.

Regaudie, R., Montméas, L. 1978. Reproduction des Mérinos de Rambouillet. Ethnozootechnie n° 22, 9-16.

Rendel, J. 1967. Studies of blood groups and protein variants as a means of revealing similarities and différences betvreen animal populations. Anim. Breed. Abstr. 35. 371-383.

Rochambeau, H. de, Chevalet, C, Malafosse, A. 1979. Le contrôle de la consanguinité dans les petites populations. Bull. Techn. Dépt. Génét. anim. INRA (France), (31). 122 p.

Terrill, CE. 1970* Sheep breeds of the world. 62nd Ann. Meet. Amer. Soc. Animal Sci. Pennsylvania. State University. 164 P.

Terrill, C.E. 1979. The distribution of breeds of sheep as related to domestication and development of modem genotypes. In: Foote and Bunch "The domestication of sheep". International Sheep and Goat Institute, Logan, Utah. p. 41-111.

Turner, H.N. 1980. Animal genetic resources in Australia. Proc. SABRA0 Workshop on Animal Resources in Asia and Oceania. Tropical Agriculture Research Centre, Yatabe, Tsukuba, Ibaraki, 305, Japan. p. 63-117.

Vavilov, N.I. 1951- The origin, variation, immunity and breeding of cultivated plants (trans. K. Starr Chester). Chronica Botanica. 13 (1/6), 20—43.

Vissac, B. 1973. Pour sauvegarder la variabilité du patrimoine génétique. Un retour possible aux races méprisées. L'Elevage (l9), 61-69.

Vissac, B. 1980. Preserving genetic resources of farm animais in France. Coll. CNR, Rome, Italy, on the preservation of genetic resources in farm animais.

Yalçin, B.C. 1979. The sheep breeds of Afghanistan, Iran and Turkey. FAO, Rome.

Zeuner, F.E. 1963. A history of domesticated animais. Hutchinson, London. p. 201-244.

Organization of the conservation and management of genetic stocks of large farm animals
Summary

Conservation and management of genetic resources necessarily entails an inventory of existing stocks and appraisal of the threats to the survival of some of them.

Inventorz: Ebr large farm animals this inventory is still very fragmentary and superficial in certain regions. It would be possible to improve and complete it by paying more attention to the dynamics peculiar to each type of domestic animal.

Although this science of population dynamics is still in its infancy, it is known, in fact, that domestication of the large mammals took place at a specified period and in specified areas (one or, at the most, two centres of origin for species such as sheep and cattle, for example). Stocks were then built up in differentiation centres which followed one another in time and place, sometimes being merged geographically with the centres of origin.

In the differentiation centres, the animals are numerous and density is higher than elsewhere. Mutations are more frequent and also more likely to persist because stockraising is better conducted there. The genetic composition therefore evolves constantly. The centre imposes its law by spreading new genetio combinations in the peripheral areas where density is lower and evolution slower because there is less technical development.

The oldest breeds are therefore more likely to be found in outlying areas. This would explain, for example, the presence of ancient sheep breeds in north-west Europe (Northern Shorttail) and West Africa, and that of humpless, small cattle in both West Africa and Japan, assuming a centrifugal migration long ago from an old differentiation centre in the Middle East common to the two species.

Thus for each species it is possible to prepare world maps showing the various differ­entiation centres (which continue to operate, moreover, for example the modern herdbooks) and the population zones surrounding them.

In addition to the complication introduced into zonal distribution radiating out from a centre by the existence of a succession of centres from which the radiation is not necess­arily even, one must also expect to find refuge zones: islands, high valleys and more generally areas isolated from general population movements from a certain moment onwards by historical or geographical barriers.

In many cases, particularly in the developing countries, the indigenous populations have been studied only very superficially from the point of view of animal husbandry and genet­ics. A simple approach to genetic classification could be advocated using markers with visible effects: those which determine, for example, colour and type of coat and fleece, presence and shape of appendages such as horns, hump, tassels, ears, tail. However although certain genes, such as those of colour, are well known, at least in certain species, this is not the case for other characteristics such as shape of tail or horns. Studies in this sense should be undertaken.

Of course as soon as it is possible to take samples and examine them in the laboratory, biochemical and chromosomal polymorphisms should obviously be investigated, care being taken to ensure that the sampling is carried out with all necessary precautions.

Examination of performance,such as milk or meat production, may be of only relative importance in difficult environments and tests such as resistance to heat stress, to spec­ific parasites or diseases or to prolonged feed scarcity are to be recommended in many cases.

For all of these studies international collaboration seems necessary. In fact, while developing countries often lack experts and well-equipped laboratories, gaps in one field or another are not rare in developed countries and all capacities should be used. Inter­national agenoies such as FAO and UNEP are quite naturally indicated as being responsible for coordinating these efforts and setting the example. But bilateral and multilateral cooperation prompted by historical or geographical reasons is to be recommended wherever possible: Japan and the south—east Asian countries, Prance and the French-speaking African countries, for example.

It should be noted that during the last few years nations such as China and the USSR which contain genetic resources of great interest for humanity have lagged behind in this inventory. It is to be hoped that they will join in the international effort as soon as possible.

Evaluation of the danger to a population. Together with the classical indicators for identifying populations threatened by extinction already known in the developed countries (periodic census of stockraisers and the cattle they raise, registrations in herdbooks, statistics from insemination centres), less onerous methods are necessary for populations where breeding techniques are not so advanced, such as counting and sampling at the time of transhumance, counting numbers in markets and on the occasion of any transactions or exchanges, etc.

Such methods of immediate intervention on the spot when a population is thought to be endangered can be coupled with rapid genetic inventories such as those based on markers with visible effects which also make it possible sometimes to assess the genetic erosion of a population (e.g. the spread of the white colour in the indigenous Corsican pig population).

In the same line of thought, one might propose more generally a study which has been too long neglected on the demography of populations. Simple genetic parameters such as the system for exchange of sires may in fact provide a great deal of information on the degree of isolation of a given population while ethnological studies on breeding methods and populations of breeders can provide indications of how close a danger is.

Conservation and management;

Passive measures. Inventory and evaluation of dangers very often arouse people's consciousness in a way very favourable to protective measures, particularly in environments already sensitive to ecological issues.

Thus there is already a tendency to avoid ill-timed introduction of exotic cattle where such introduction is unjustified and unfortunately too often facilitated by modern technical resources (ease of transport, freezing of semen, etc.) and by the absence of resistance from traditional livestock raising groups or by a mere unreasoning liking for novelty coupled with ignorance of local genetic resources.

Active measures. Together with traditional and already long—standing measures enabling the State or private individuals to conserve certain breeds (Merinos de Rambouillet in Prance Camden Park Merinos in Australia), other structures are appearing, such as the Regional Parks in Prance, the municipalities of certain villages in the north-east of the Netherlands with Heath sheep, the farms sponsored by the RBST in Great Britain.

Traditional zoos also contribute, although not intensively, to the conservation or at least presentation of certain types. There is in fact a kind of contradiction between the aims of these institutions: presentation and conservation of many wild species with some specimens of each; and what is required to conserve domestic breeds (few species and many individuals from each breed). There are exceptions however (the Natural History Museum of Paris and the Soay sheep, the It'ague Zoo and the Prjewalsky horse).

The experiments undertaken many years ago of releasing domestic animals on ocean islands have also created semi-natural repositories which should he taken into consideration. They are particularly numerous around the edge of the Pacific, on islands belonging to Mexico, Chile, New Zealand and Japan. In this connection it would he interesting for an inter­national conference to he held to explore all the possibilities of this original and apparently inexpensive method of conservation.

These methods are however cut off to a certain extent from everyday life. Jbrtunately there are others which can "be linked directly to the agricultural economy and more generally the policy of various countries, such as:

- assistance to livestock breeders' societies which conserve breeds "for pleasure" but which indirectly make it possible to maintain populations in depressed areas, avoid­ing desertification or merely encouraging people to live the country (Ouessant flock-book in France, Society of Coloured Sheep Breeders in Australia).
- assistance to livestock breeders' societies to ensure the maintenance of breeds economically useful to the community for the utilization of deprived areas within the framework of multi-stage crossbreeding (example of crossbreeding of cattle in the Mediterranean area and of sheep in Great Britain).

More generally, whenever a policy for the protection of a traditional form of agriculture, for reasons which go beyond short-term economic aims, is implemented, attention must be paid to the breeds which should go with it.

Assistance from modern techniques. It has been seen that the introduction of modern techniques has so far led above all to erosion, not always pertinent, of the indigenous genetic stocks. It is obvious however that these techniques could be of great assistance in protecting genetic reserves (freezing of gametes or embryos) on condition that one knows what one wishes to conserve. In this respect the static and dynamic inventory studies we have already contemplated are therefore particularly recommended.

Orgianizaoión de la conservación y mane.jo de los reoursos
genétios de animals grandes de granja
Resumen

La conservación y la ordenaoión de los recursos genéticos pasan necesariamente por una fase de inventario de los recursos existentes y por la apreciación de los peligros que amenazan a algunos de ellos.

Inventario: En lo que se refiere a los animales grandes de granja este inventario es todavîa muy incompleto y superficial en algunas zonas. Seria posible mejorarlo y oompletarlo teniendo más en cuenta la dinámioa propia de este tipo de mamfferos domésticos.

Aunque esta ciencia de la dinamica de las poblaciones se enouentra aún en sus comienzos, se sabe que la domesticacitfn de mamfferos grandes ha sido un fenómeno limitado en el tiempo y en el espacio (uno o a lo sumo dos oentros de origen para espeoies como los carneros y los bovinos por ejemplo). Seguidamente, la multiplioaoión se oper6 a partir de centros que se suoedieran en el tiempo y en el espacio, confundiéndose a veces geogrificamente con los centros de origen.

En los centros de diferenoiación, existen numerosos animales y la densidad cb mayor que en otras partes. Las mutaciones son más numerosas, y además tienen mis oportunidades de oon-servarse ya que en esos centros la crfa del ganado está mejor organizada. La corapoaición genética evoluciona, pues, de manera constante. El oentro impone su ley propagando nuevas combinaciones genlticas en las zonas perifiricas que son de densidad más baja y de evoluci�n más lenta por estar menos desarrolladas técnicamente.

En esta perspectiva, son mayores las probabilidades de que las razas mis arcaicas se encuentren en la periferia. Asi se explicarfa, por ejemplo, la presencia de carneros arcaicos en el Noroeste de Europa (Northern 3hort Tail) y en el Oeste africano, y de bovinos sin joroba y tamano pequeno, lo mismo en el Oeste africano que en el Japon, si admitimos que hubo una migración antigua y centrffuga a partir de un antiguo centro de diferenoiación medio oriental, comûn a las dos especies.

Por consiguiente, es posible trazar para cada espeoie mapas mundiales con los diferentes oentros de diferenciación (que, por otra parte, siguen funoionando, por ejemplo los modernos Herdbooks) y las diferentes zonas de poblaciôn o proliferación que los rodean.

Además de la complioación que para distribuciión zonal en auréola alrededor de un centro représenta la existencia de oentros que se suoeden en el tiempo y cuya irradiaci�n no es por fuerza regular, hay que oontar tambiin con la existencia de zonas de refugiot islas, valles altos y, mis generalmente, zonas aisladas de los movimientos générales de poblacidn por barreras históricas o geográficas a partir de un momento dado.

En muchos casos, especialmente en los pafses en desarrollo, las poblaciones autóotonas sólo han sido estudiadas muy superfioialmente desde el punto de viata zootéonico y genético. Para su caracterización genética cabe preconizar un enfoque "superficial" utilizando los marcadores de efectos visibless los que determinan, por ejemplo, el color y el tipo del pelaje y del vellón, la presencia y la forma de apéndices taies como los cuernoa, la joroba, los colgantes, las orejas y la cola. Ahora bien, si ciertos gènes como los de la coloración son bien conocidos, al menos en algunas especies, no ocurre lo mismo con otroa caraoteres, oomo la forma de la cola o de los cuernoa. Deberfan desarrollarse estudios en este sentido.

Naturalmente, una vez que sea posible tomar muestras y examinarlas en laboratorio hay que explorar los poliformismos bioqulmicos y cromosómicos, pero tomando todas las precauciones neoesarias en la toma de muestras,

El examen de los resultados zootécnicos, taies como la producción de leohe o de carne, puede tener una importancia muy relativa en medios diffciles, y en muchos casos deben recomendarse pruebas taies como la resistencia a la tensión calórica, a tal o cual infestación paraaitaria o microbiana, o a esoaseces o h ambrea prolongadas.

Para todos esos estudios parece necesario un concierto internacional. En efecto, los pafses en desarrollo suelen, sin duda, carecer de especialistas y de laboratorios equipados, pero no son rsraa las lagunas de que en ciertos campos adolecen los pafses desarrollados, y deben utilizarse todas las competencias. Los organismos internacionales como la FAO y el PNUMA son naturalmente los más indlcados para coordlnar estos esfuerzos y dar ejemplo, pero sieœpre que sea posible deben recomendarse cooperaciones bilatérales y plurilatérales inducidas por motivos histórioos o geográîicos. Por ejemplo, el Japón y los paiaes del Sudesta asiatico, Francia y les pafses de expresión francesa en Africa, etc.

Es de notar el retraso acumulado en los ùltimos años por lo que a este inventarlo se refiere por Estados como la China y la U.R.S.S. que encierran recursos genéticos de gran interés para la humanidad. Serf» de desear que entraran Cuanto antes en el concierto internacional.

Apraeiación de las amenasas que penan sobre una población. Además de los indicadores clásicos para localisar poblaciones amenasadas de desaparición, ya conocidos en los paises desarrollados (inventarios peri5dicos de los ganaderos y del ganado que crian, balances de las inscripoiones en los Herdbooks, estadisticas de los centros de inseminación) hacen falta métodos más sencilloa y manejables para poblaciones que se encuentran menos encuadradas técnicam'înxe, como por ejemplo recuentos y sondeos con ocasión de trashumancias y recuentos en low racreados y en todas las transacciones o intercumbios. Taies métodos de intervención en oali«ate y sobre el terreno cuando se supone que una población se encuentra amenasada pueden complétasse con invenïarios genéticos ligeros como aquelloa baeados en marcadores de efecto visible que permitan igualmente juzgar, en ocaaiones sobre la rosión genética de ura población (como el grado de blanoura de la población porcina ocrsa autóctona).

En el mismo orden de cotas,, cabe proposer de maniera gênerai un estudio de la deraograffa de las poblaciones autóctcnas que han estaâodemseiado tiempo desatendidas. Parámetres genéticos simples como el aistema de intercatabio de reproductores pueden efectivamente informer en gran medida sobre el grado de aislaraiento de una población dada, asf como los estudios etnológicos sobre los sistemas de orfa y las poblaciones de ariadores, que permiten apreciar la proximidad de una amenasa.

Ceservación y manejo

Medidas pamlvas. El inventario y la apreoiación de amenazaa o peligros supone en muchos casos una dissposición muy favorable a acoiones de salvaguardia, sobre todo en medios ya ecológicamante sensibles. También se empieza ya a evitarse la introducción intempestiva de ganado exótico alli donde ésta no está justlficada y donde desgraeiadamente se ve facilitada con harta frecuencia por los medios técnicos modernos (facilidades de transporte, congelación del semen...) y por la falta de rssietencia de los centros ganaderos tradicionales, o por el simple e irrazonade gusto de la novedad, amén de la ignorancia de los recurscs geriéticos locales.

Medidas activas. Junto a las iniciativas tradicionales antiguas que han permitido la conservación de rebñanos por el Estado (Merinos de Rambouillet en Francia), o por el sectór privado (Merinos de Camden Park en Australia) se ven aparecer estructuras de enlace, cuales- son los Parques Regionales en Francia, las Lknicipalidades de ciertas oiudades del nordeste de los Pafses Bajos con los carneros de las Landes de Bruyère y las explotaciones patrocinadas por el RBST en Gran Bretana.

Los zoos tradicionales contribuyen ellos mismos, si no de manera intensiva a la conserva-ción, al menos a la presentación de ciertos tipos. Efectivamente, existe una espeoie de contradicción entre los objetivos de estas instituciones (presentación y conservaci<5n de numerosas especies salvajes con algunos ejemplares de cada una de estas especies) y las exigencias de la conservación de las razas domésticas (pocas especies y muchos individuos de cada raza). Sin embargo, existen excepciones (el Museo de Historia Natural de Paris y el carnero de Soay, el Zoo de Praga y el caballo de Prjewalski).

Iniciativas antiguas de abandonar animales domésticos en islas desiertas han creado asimismo reservas seminaturales que deben tomarse en consideración. Están reservas especial-mente numerosas en la periferia del Pacifico, en posesiones mejicanas, chilenas, neozeland-esas y japonesas. Serfa interesante a este respecto que se reuniera una conferencia inter-nacional para explorar todas las posibilidades de este sistema original y aparentemente poco costoso de conservación.

Estos métodos están en cierto modo aislados de la vida cotidiana, aunque afortunadamente existen otros que pueden estar directamente relacionados con la economía agrícola y más generalmente con la política de los diferentes países, como por ejemplo:

-  la ayuda a las sociedades de ganaderos que conservan razas "por gusto", pero que indirectamente permite una especie de mantenimiento de poblaciones en las zonas desfavorecidas, evitando la desertificación o simplemente alentando a las gantes a vivir en el campo (Flockbook Ouessant en Francia, Sociedad de Ganaderos de Carneros de color en Australia).
- ayuda a las sociedades de ganaderos para asegurar el mantenimiento de razas económica-mente utiles a la comunidad, para la explotación de medios desfavorecidos en el marco de cruzamientos múltiples (ejemplo de cruzamientos bovinos en la zona del Mediterrâneo, de cruzamientos ovinos en Gran Bretana).

De manera más generai, cada vez que se formule una política de salvaguardia de un tipo arcaico de agricultura por razones no circunscritas a concepciones económicas a corto plazo, habrá que preocuparse de las razas a las que ha de ser aplicable esa política.

Ayuda de la técnica moderna. Como hemos visto, la introducción de técnicas modernas ha ocasionado mayormente hasta ahora erosiones, no siempre pertinentes, de las poblaciones genéticas aut6ctonas. Resulta evidente, sin embargo, que estas técnicas pueden ayudar a contribuir mucho a la salvaguardia de las réservas genéticas (congelación de gametos, de embriones) a condición, sin embargo, de que se sepa qué es lo que se quière conservar. A este respecto, recomendamos de modo especial los estudios de inventario estáticos y dinámicos que hemos analizado antes.

Previous PageTop of PageNext Page