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IV. SITUATION SPECIFIQUE DE QUELQUES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX ANIMAUX.

4.1. Les fourrages mellifères

Les abeilles sont des insectes d'une grande importance pour le miel et de la cire qu'ils produisent. Le miel est utilisé dans l'alimentation et dans la pharmacopée traditionnelle, tandis que la cire intervient dans l'industrie. Or, la culture des abeilles, pour la production du miel et de la cire, est la forme d'élevage qui utilise essentiellement la végétation de la forêt pour son épanouissement. Les abeilles extraient des arbres de la forêt et des champs les pollens, les sucs et les résines qui leur permettent de fabriquer le miel et la cire essentiels à la survie des larves.

 

4.1.1/ Disponibilité du fourrage mellifère

Au Niger, le miel et la cire sont produit et exploités de manière artisanale. Ces produits sont disponibles sur toutes les régions du pays. Cela est dû à la disponibilité de la matière première (les fleurs des arbres) et des conditions climatiques favorables. La diversité des plantes visitées par les abeilles fait du miel du Niger d'une qualité variable très appréciable.

Espèces mellifères du Niger

Acacia albida Acacia nilotica Acacia pennata

Acacia seiberiana Agnogessus leocarpus Albizzia lebbeck

Albizzia chavaleri Anacardium occidentalis Butyrospermum parkii

Dichrostachys cinerea Diospyros mespilliformis Gardenia ternifolia

Guiera senegalensis Mangifera indica Mitragyna inermis

Moringa oleifera Parkia biglobosa Parkinsonia aculeata

Pilostigma reticulatum Combretum sp Prosopis juliflora

Tamarindus indica Borassus aethiopum Vitex doniana

 

4.1.2/ Production et exploitation

La production du miel au Niger se fait dans des régions spécifiques distinguées par le type de formations forestières différentes dans autres zones du pays.

Il s'agit de la région de Makalondi (ouest du pays), de Gaya (sud du pays), de Madarounfa (sud-est du pays), de Mayahi (centre du pays), de Magaria et de Matameye (centre est du pays). Ces zones disposent de formations forestières de type soudano-sahélienne.

Dans ces zones, l'exploitation et la production du miel et de la cire se font à travers des structures bien organisées qui sont les coopératives. Mais les moyens de production demeurent toujours traditionnels.

Sur les marchés, on remarque la présence d'une importante quantité de miel et de cire dans les zones de productions. Mais les données ne sont pas disponibles en terme de quantité produite par les coopératives. Pourtant dans toutes les coopératives, la rémunération du gérant est faite en fonction de la quantité de miel produite. Souvent, le gérant a toujours manipulé la quantité produite dans le sens d'augmenter la production pour rendre élever sa rémunération. D'autre part, la production et l'écoulement du produit se font de façons informelles ce qui rend difficile les statistiques.

Cependant, pour la seule coopérative de Macaroni, la production annuelle de miel est estimée à plus 5 tonnes.

De plus, il n'existe pas de données disponibles sur le contrôle de qualité du miel nigérien. Cependant, les utilisateurs du miel s'accordent à dire que le miel est de très bonne qualité du fait de la composition florale dont il provient.

 

4.1.3/ Les tendances à la consommation et à la commercialisation

La consommation du miel reste encore presque un luxe au Niger. Et compte tenu de sa valeur nutritionnelle et de sa haute utilisation dans la pharmacopée traditionnelle, le prix dépasse largement le pouvoir d'achat du consommateur ordinaire. Le prix appliqué sur le marché est de 1000 fcfa le pot de 250 g soit 4.000 fcfa le kg.

Par contre, le miel fait l'objet d'un commerce fleurissant au Niger. La production est principalement orientée vers les marchés urbains où elle se vend très cher. Là où les coopératives fonctionnent de manière acceptable, celles-ci constituent des centres de collectes qui revendent le produit à des preneurs réguliers.

L'exportation du miel du Niger vers les pays limitrophes comme le BurkinaFaso, le Nigeria, le Bénin est aussi importante que la commercialisation à l'intérieur du pays. Cela est du au fait que les populations partagent beaucoup les marchés transfrontaliers et ont la facilité de mouvement à travers les frontières.

 

4.1.4/ Contraintes

Elles sont d'ordre technique et institutionnel. Sur le plan technique, les moyens de production (ruche) restent traditionnels. Il y a fréquemment une pénurie de produits d'emballage (pots). Les ruches sont en pailles et souvent non sécurisantes lors de l'exploitation du miel. En effet les exploitants utilisent le feu pour éloigner ou isoler les abeilles de la ruche, ce qui constitue un risque, car la ruche, et au-delà de la brousse, peu prendre feu et évoluer vers un feu de brousse.

Sur le plan institutionnel, les coopératives n'existent que de nom. Il y a de sérieux problèmes de fonctionnement et presque tous les membres du bureau ne connaissent ou ne jouent pas convenablement leur rôle. D'autre part, les règles démocratiques ne sont pas observées.

 

 

4.1.5/ Perspectives d'amélioration

La production du miel et de la cire, fait partie des potentialités non exploitées au Niger. En effet, selon le Chef du Service Aménagement de la Faune et de Apiculture (SAFA) à la Direction de la Faune, de la Pêche et de la Pisciculture (DFPP), il existe un capital appréciable des plantes capables de supporter une production de miel pouvant servir les circuits de commercialisation tant interne qu'externe. D'autre part, il existe le capital animal (abeilles) pouvant soutenir cette production.

Il suffit tout simplement de moderniser la filière en dotant les producteurs de matériels modernes, mais aussi de restructurer les coopératives pour qu'elles soient démocratiquement opérationnelles. C'est ainsi qu'on facilitera les collectes de données, mais aussi le circuit de commercialisation

Du point de vue opérationnel, pour améliorer la production du miel et de la cire au Niger, il y a lieu de :

Protéger le potentiel floral encore disponible et capable de supporter une production commercialisable ;

Réorganiser les structures d'exploitation (coopérative) en leur donnant un caractère plus démocratique ;

Réorganiser les filières de commercialisation pour les orienter vers les marchés plus profitables ;

Intégrer la production de miel dans un cadre de Gestion des Ressources Naturelles.

 

4.2/ Etude de cas d'un PFNL touristique et en voie de disparition : les girafes

 

4.2.1/ Historique

D'après Mauny, 1957, les girafes étaient largement représentées en Afrique de l'Ouest au début du 20ème siècle notamment au Sénégal, Gambie, Mauritanie, Mali, Niger et Nigeria.

L'introduction des armes à feu (entraînant chasse et braconnage intensifs), jointe à une pression anthropique de plus en plus forte (expansion de l'agriculture, du défrichement et du déboisement) ont entraîné, dès les années cinquante, la disparition massive des girafes dans toute l'Afrique de l'Ouest. Ainsi, en moins de trente ans, il ne subsistera, des grands troupeaux de girafes que quelques dizaines d'individus, répartis sur une région de 100 km2 environ, au Niger, à une centaine de kilomètres à l'est de Niamey.

Les girafes de la région de Kouré et du Dallol Bosso sont donc non seulement les dernières girafes du Niger, mais aussi les dernières girafes de toute l'Afrique de l'Ouest.

En 1976, la Direction des Eaux et Forêts, Chasse et Pêche, du Ministère de l'Economie Rurale et du Climat, lance un cri d'alarme en faveur de la girafe au Niger. Elle présente alors un plan de protection qui demeurera sans suite.

En 1981, le Fonds Mondial pour la Nature (WWF), par l'intermédiaire de Pierre Pfeffer, offre son soutien logistique au garde-chasse de Tillabery, responsable de la protection des girafes. Malgré cette action ponctuelle, le nombre de girafes n'a cessé de se restreindre. Sur requête du WWF, la coopération française finança en 1990 une étude concernant l'évaluation du nombre de girafes, la définition de leur zone d'habitat et les raisons de leur déclin au Niger (Ciofolo, 1990).

La continuité de ce travail fut assurée en 1991 par l'Alliance Mondiale pour la Nature (UICN), à l'origine d'une étude concernant les relations entre communautés agraires et pastorales d'une part, et la faune sauvage (girafe) d'autre part, dans la région de Kouré et du Dallol Bosso Nord (Ciofolo, 1991).

De septembre 1992 à mars 1993, la Commission Européenne initia une étude concernant l'analyse du comportement alimentaire de la girafe dans la région de Kouré et du Dallol Bosso Nord.

De ces premières études devait naître, dès fin mai 1994, le programme : "Faune (girafes), Environnement et Gestion de Terroirs dans la région de Kouré et du Dallol Bosso Nord" ou projet PURNKO présenté à la Commission Européenne en collaboration avec l'Organisation Néerlandaise de Développement (SNV). Ce programme a démarré en octobre 1995. Parallèlement, la Caisse Française de Développement, par l'intermédiaire du Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM), a accordé un fonds essentiellement dévolu à la valorisation du tourisme et à la sensibilisation des populations au problème de la girafe

 

4.2.2/ Le milieu physique d'évolution des girafes

Les girafes évoluent la plupart de leur temps sur les plateaux cuirassés ou "Fakara" qui représentent environ 96% du site, mais aussi dans la forêt de Gorou Bassounga dans la région de Gaya. La végétation est de type brousse tigrée à Combrétacées, composée notamment de :

- Guiera senegalensis - Sclerocarya birrea - Lannea acida

- Boscia angustifolia - Boscia senegalensis - Combretum micranthum

- Combretum nigricans - Acacia ataxacantha - Acacia macrostachya

- Balanites aegyptiaca - Acacia pennata - Croton zambesicus

- Dichrostachys cinerea - Commiphora africana - Bombax costatum

- Prosopis africana - Cassia siberiana - Guiera senegalensis

- Detarium microcarpum

 

4.2.3/ Evolution des populations de girafe

Les observations effectuées par les volontaires de la paix de février 1993 à janvier 1995 ont permis de recenser 62 girafes (Tableau N°23).

Ce chiffre correspond à une estimation basse de la population car il est possible que quelques girafes n'ayant pas ou peu fréquenté la région de Kouré n'aient pas été observées. A cette époque le sex-ratio est équilibré (32 femelles pour 30 mâles) et les individus non adultes représentent un tiers de la population.

 

Tableau N°23 :Composition de la population de girafes du Niger en janvier 1995,

septembre 1996 et décembre 1997 (Source : Ciofolo et al, 1998)

Date du recensement

Age

Sexe

au 24/1/95

au 1/9/96

au 1/12/97

Girafons et Jeunes

Femelles

4

0

6

(de 6 à 18 mois)

Mâles

5

0

8

Subadultes

Femelles

1

3

3

(18 mois à 4 ans)

Mâles

11

5

5

Adultes

Femelles

27

23

23

(plus de 4 ans)

Mâles

14

18

16

Total

62

49

61

 

Tableau N°24 : Evolution du nombre de girafes de 1990 à 1999

Année

1990

1995

1996

1997

1998

1999

Nombre

50

62

49

61

69

81

En septembre 1996, il ne reste que 49 girafes. Ce grand nombre de disparitions s’explique principalement par les tentatives de captures effectuées par les militaires entre le 2 avril et le 29 août 1996 (Sadou, 1996). Outre ces tentatives de captures, de nombreux cas de braconnage ont été régulièrement constatés depuis plusieurs années (Ciofolo, 1993). En décembre 1997, la population a pratiquement retrouvé son niveau de janvier 1995. 60 girafes sont identifiées, soit une augmentation de 27% par rapport à septembre 1996. Toutefois, elle reste encore fragile et nécessite une protection totale durant de nombreuses années pour écarter tout risque d’extinction.

 

4.2.4/ Déplacement des girafes

Dès les premières pluies, à partir du mois de mai, les 2/3 des girafes investissent les plateaux forestiers de la région de Koure. Elles y demeureront jusqu'en octobre ou novembre, selon le régime des pluies, se nourrissant sur les arbustes de la brousse tigrée. A partir du mois de novembre, au fur et à mesure de la baisse de productivité de la brousse, les girafes se déplacent vers le Dallol où elles séjourneront durant toute la saison sèche. Dès le mois de mars cependant, leurs va-et-vient sont permanents entre les plateaux et le Dallol (nouvelle pousse des acacias). Ces mouvements existent depuis plusieurs années et sont très certainement déterminés par le cycle annuel de la végétation (Ciofolo, 1995). Certains individus effectuent régulièrement des déplacements plus importants vers les régions de Fandou et de Gaya. D'autres franchissent régulièrement la frontière, en provenance du Mali. On doit donc considérer le fait que la population de girafes du Niger comprend un noyau central évoluant entre la brousse tigrée de la région de Kouré et le Dallol au niveau de Harikanassou et Kannaré, et plusieurs noyaux périphériques dans la zone de Fandou, la forêt de Gorou-Bassounga, la Réserve Naturelle de Monzonga.

La plupart de ces migrations existent depuis de nombreuses années et mettent en évidence la capacité des girafes à délaisser une région devenue défavorable pour elles et à en investir une nouvelle. A ce titre, il est possible que l'investissement de la brousse tigrée de Fandou par certaines girafes au cours des hivernages 96 et 97 soit dû aux captures effectuées, durant toute cette période, dans la région de Kouré. Contraintes à la fuite, les girafes auraient alors trouvé à Fandou une zone plus calme. Une situation analogue s'est d'ailleurs produite dans la région d'Ayorou, totalement délaissée par les girafes en raison du braconnage important et de la grande sécheresse de 1984. Il est également vraisemblable que les girafes qui vivaient près de Gaya il y a 20 ans aient été contraintes, en raison du défrichement lié au développement de l'agriculture dans cette région, à investir la région de Kouré et du Dallol Bosso Nord.

 

4.2.5/ Plantes forestières consommées par les girafes

Les observations conduites par le projet PURNKO ont montré que les girafes consomment plus les espèces arborées et arbustives suivantes :

- Acacia albida - Acacia laeta - Acacia nilotica

- Acacia raddiana - Acacia senegal - Acacia seyal

- Balanites aegyptiaca - Bauhinia rufescens - Cassia sieberiana

- Combretum glutinosum - Ficus platyphylla - Lannea acida

- Parinari macrophylla - Piliostigma reticulatum - Prosopis africana

- Pterocarpus erinaceus - Sclerocarya birrea - Terminalia avicennioides

- Ziziphus mauritiana - Acacia ataxacantha - Acacia macrostachya

- Acacia pennata - Boscia angustifolia - Boscia senegalensis

- Combretum aculeatum - Combretum micranthum - Combretum nigricans

- Commiphora africana - Croton zambesicus - Gardenia ternifolia

- Grewia bicolor - Guiera senegalensis - Maerua angolensis

- Prosopis juliflora

Cette liste n'est pas exhaustive et la girafe consomme probablement d'autres plantes en plus de celles qui ont été relevées lors des observations. La consommation de Detarium microcarpum par exemple, qui n'a pas été observée entre septembre 1996 et novembre 1997, a été enregistrée à plusieurs reprises au mois de décembre 1997. Durant la saison des pluies, la girafe consomme essentiellement des espèces présentes dans la brousse tigrée. Durant la saison sèche, les espèces arborées du Dallol (Acacia albida, Combretum glutinosum, Balanites aegyptiaca, Ziziphus mauritiana, Acacia laeta et Acacia nilotica) représentent la plus grande part du régime. Cette période correspond, pour ces espèces, à la reprise foliaire, à la floraison et à la fructification.

L'analyse plus fine du nombre d'espèces consommées au cours des mois de l'année et du taux de représentation de chacune des espèces dans le régime, pour chaque mois, confirme l'adaptabilité du régime alimentaire de la girafe et sa capacité de sélection des espèces consommées (Fig. 1 et 2). Ainsi (Ciofolo et al, 1998) :

- la consommation d'Acacia albida débute fin octobre (feuillaison), augmente régulièrement en novembre et décembre (floraison) puis en janvier et février (fructification) pour cesser totalement par la suite.

- la consommation de Balanites aegyptiaca augmente régulièrement entre janvier et avril (feuillaison et floraison), décroît en mai et juin et s'annule durant les mois d'hivernage. Elle reprend en octobre, et surtout en novembre, période de maturation des fruits.

- Certaines espèces ne sont prélevées qu'à des stades bien précis : Combretum aculeatum pendant sa floraison. D'autres sont consommées durant toute la saison sèche, d'octobre à mai, à tous les stades de leur cycle végétatif (Combretum glutinosum).

Le régime alimentaire est particulièrement varié durant les mois de transition entre la brousse tigrée et le Dallol, en mai et en novembre (15 espèces différentes sont alors consommées et bien représentées dans le régime).

Enfin, il est à signaler que les girafes peuvent lécher et ingérer de la terre, surtout à proximité des termitières.

 

 

 

 

Fig.1  : Evolution mensuelle de la consommation des espèces représentant au moins 10% du régime alimentaire pendant un mois de l’année. ( Source : Ciofolo et al, 1998)

 

 

Fig.2 : Nombre d’espèces consommées et taux de représentation de chaque espèce dans le régime, par mois. (Source : Ciofolo et al, 1998)

4.2.6/ Organes végétaux ingérés par les girafes

La girafe sélectionne soigneusement les feuilles, bourgeons, fleurs et fruits dont elle se nourrit. D'une manière générale, les girafes consomment une grande variété de feuilles et de tiges terminales, ainsi que de jeunes épines et les bourgeons.

Durant la saison des pluies, de juin à septembre, le régime alimentaire de la girafe comporte plus de 90% de feuilles et de tiges qui sont, en très grande partie, celles des acacias arbustifs de la brousse tigrée. Certaines tiges, comme celles de Cissus quadrangularis, épaisses et riches en eau, sont également très appréciées. Les fleurs (Acacia nilotica, Combretum micranthum) et les fruits (Citrullus lanatus, Citrullus colocynthis) composent environ 7% du régime à cette époque.

Les feuilles et les tiges constituent également la plus grande partie du régime en saison sèche, de novembre à mai. Cependant, ce régime semble se diversifier avec une augmentation notable de la consommation de fruits (Combretum glutinosum, Citrullus lanatus, Citrullus colocynthis) et de fleurs (Combretum glutinosum, Combretum aculeatum, Parinari macrophylla, Gardenia ternifolia) dont l'ensemble représente, à cette époque, plus de 20% du régime alimentaire.

 

4.2.7/ Capacité de charge

Pour tenter d'appréhender l'impact de la girafe sur son milieu, et pour comparer cet impact à celui des animaux domestiques, le projet PURNKO a procédé en 1996 à l'évaluation de la capacité de charge de la brousse tigrée de Kouré. Cette capacité de charge correspond à la production foliaire de la brousse tigrée (matière sèche) sur la consommation d'un animal domestique d'une espèce donnée pendant ses 6 mois de séjours.

Les résultats montrent que la capacité de charge actuelle de la brousse tigrée est largement supérieure à la consommation de tout le cheptel actuel. Par ailleurs, si la consommation des animaux domestiques pendant six mois est de 16747, 2 tonnes, celle des 60 girafes est de 129,6 tonnes, soit seulement 0,76 % de la consommation totale (16876, 8 tonnes).

 

4.2.8/ Retombées économiques liées à l'activité touristique en zone girafe

Le revenu annuel généré par l'activité touristique dans la zone girafe dépasse les 6.000.000 fcfa (PURNKO, 1998). Ces retombées économiques se repartissent de la façon suivante : 50 % vont aux guides, 35 % à l'association des guides et 15 % à la caisse villageoise.

 

4.2.9/ Perspectives

En tant que sous-produit forestier de la zone de Kouré et du Dallol Bosso, la population de girafes du Niger est d'une importance très particulière. C'est pour cela, il faut évoluer dans le sens d'une protection intégrale de cette ressource. Les actions en cours ou à envisager concernent : la Réserve de la Biosphère, la valorisation touristique, la sensibilisation.

Le classement en Réserve de la Biosphère répond aussi à une préoccupation majeure qui est la conservation de la brousse tigrée de la région de Kouré, habitat et pâturage des girafes en saison des pluies, ressource naturelle essentielle pour les communautés rurales. En effet, les éleveurs l'utilisent pour y faire paître leurs troupeaux, surtout durant l'hivernage, mais aussi en fin de saison sèche. Les agriculteurs y prélèvent leur bois de cuisine et de construction, ainsi que les fruits, feuilles et écorces, entrant dans la préparation de la nourriture ou dans celle de nombreux médicaments (Ciofolo, 1991, 1993, 1994 ; Plans villageois de Développement, PURNKO, 1998). Par conséquent, la connaissance et la surveillance de la zone occupée par les girafes sont fondamentales, tant sur le plan socio-économique (modes d'appropriation des ressources et gestion de l'espace par les villageois) qu'écologique (situation du couvert végétal, existence de points d'eau, état du sol). Cette connaissance se fera à travers :

- L'analyse spatio-temporelle : Cette étude est d'une importance capitale, tant pour le choix des villages concernés par le "produit girafe" que pour l'organisation de l'activité touristique. Elle montrera les relations qui s'établissent entre les girafes et les populations dans les zones à forte concentration humaine. Ces constats peuvent être la base de la redéfinition de l'équilibre entre l'homme et la faune en vue de la pleine acceptation, par les paysans, de la création de la Réserve dans leur région.

- L'étude du comportement alimentaire jointe à celle de l'état de l'habitat, fournit de précieuses indications pour la mise en œuvre de certaines actions : mise en défens, reboisement, amélioration des techniques d'émondage, plantation de certaines espèces, par exemple. La connaissance des préférences alimentaires de la girafe devrait amener les paysans à protéger certaines espèces (Acacia albida ou Combretum glutinosum par exemple) et, par voie de conséquence, à réduire notablement les dégâts commis par les girafes sur certaines de leurs cultures (niébé, mangues).

- L'étude de la démographie permet de suivre l'évolution numérique de la population de girafes et d'anticiper sur son devenir.

- La sensibilisation à la girafe en tant que ressource mais aussi en tant que partie intégrante du patrimoine culturel du Niger doit être poursuivi tant au niveau des populations directement concernées qu'au niveau des autorités. Elle doit être complétée par des actions au niveau des écoles : observations des girafes par les enfants puis responsables politiques, afin d'assurer aux girafes une protection maximale.

- La formation des agents forestiers et des services techniques intervenant dans la Réserve et dans la zone girafe d'une manière générale. Cette formation doit concerner la gestion de la population de girafes, le suivi scientifique de cette population, la lutte contre le braconnage et le soin aux girafes blessées

 

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