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6. Les industries forestières en Haïti

Le bois a toujours occupé une place importante dans l’économie nationale. Ce statut aurait atteint son point culminant avec la concession de l’exploitation de la Forêt des Pins située dans le Massif de la Selle à la compagnie américaine Société Haïtiano-Américaine pour le Développement Agricole (SHADA) en 1945. Deux concessionnaires ont pris tour à tour la relève. Puis ce a été le tour du Ministère de l’Agriculture de faire fonctionner la scierie à travers son Service Déconcentré jusqu’en 1983. Depuis il n’y a jamais eu à proprement parler d’industrie forestière de grande envergure en Haïti.

La filière bois comprend aujourd’hui  quelques entreprises travaillant le bois importé pour la fabrication de meubles et de portes comme Promobois, Tebo S.A, Meubles Bois et M&S. Comme nous l’avons souligné plus haut, les tentatives de collecte et d’estimation du volume de bois traité par ces établissements se heurtent au climat de méfiance qui règne et à la politique de langue de bois que pratiquent les hommes d’affaires. Bien que l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) parle de ces industries dans son dernier rapport, les données font terriblement défaut. Nous les avons contacté pour avoir des compléments d’informations. Mais ils refusent la divulgation des données compte tenu, ont soutenu les Responsables, du caractère confidentiel de ces informations. Mis à part ces boiseries, l’industrie forestière compte un certain nombre de particuliers constituant le secteur informel de cette filière. Il s’agit surtout :

De l’équarrissage et de mise en planche des madriers qui arrivent à Port-au-Prince. Il existerait une dizaine de scieries œuvrant aux environs du marché de la Croix-des-Bossales et de la Cité Soleil. Il ne nous a pratiquement pas été possible de collecter la moindre information auprès de ces gens qui se montrent très peu bavards d’autant que leurs activités tournent en partie autour des madriers de pin coupés et sciés illégalement.

De la commercialisation de perches ou «bois dur ». Malheureusement, aucune donnée quantifiée n’est disponible sur cette activité. Cependant deux mémoires de sortie sont en cours pour essayer d’y voir clair. En attendant, les renseignements dont nous disposons des charpentiers et des revendeurs nous permettent de dire que ces perches viennent par bateau de la presqu’île de la Grande Anse et qu’elles peuvent être utilisées à deux reprises dans le coulage des dalles de béton à raison de 3 par pied carré. La surface de dalle construite annuellement devrait donc pouvoir nous donner une idée. La tendance serait cependant à la diminution du volume de perches utilisées dans le coffrage étant donné la promotion des étais métalliques lancés par l’entreprise du nom de Bilkwik et des dalles préfabriquées de la Société Atlas qui tirent d’ailleurs exclusivement parti du nouveau type de coffrage.

De la vente de «bois gras ». Il est difficile de caractériser cette activité qui, il faut le rappeler, est interdite par la loi.

De la commercialisation du bois d’œuvre (feuillus de grande valeur comme le Lysiloma latisilica, le Catalpa longissima, le Swittenia mahogani etc.). Pas de données sur ce volet.

De la production et de la commercialisation du charbon de bois. La carbonisation se fait de manière artisanale à partir de meules de 5 à 10 sacs de charbon de 38 kilogrammes. Le rendement pondéral est de l’ordre de 20% pour les charbonniers chevronnés mais nettement inférieur pour les novices. En 1990, le Bureau des Mines et de l’Energie a recensé près de 65.000 charbonniers à travers le pays dont plus de 10.000 seraient des charbonniers à plein temps. Avant les années 80, les presqu’îles du Nord-Ouest et du Sud-Ouest étaient pratiquement les seules à approvisionner Port-au-Prince en charbon de bois. Néanmoins, à partir de 1986, toutes les régions s’adonnent à la production du charbon de bois de sorte à ce que certaines supplantent même la région du Sud. Le tableau suivant en donnent une idée.

 

 

Provenance du charbon de bois en pourcentage de 1979 à 1990

Département

1979

1985

1990

Nord-Ouest

50

33

21

Sud

30

36

2

Centre

10

15

13

Ouest

10

7

31

Sud-Ouest (Grande Anse)

0

-

13

Sud-Est

0

9

3

Artibonite

0

-

13

Nord

0

0

4

Source : ESMAP, 1991 citant Karl Voltaire, Université de Maine

Signalons que très récemment, des démarches ont été entreprises par des industriels nationaux et étrangers auprès du Ministère de L’Agriculture en vue du montage de meules pour la production annuelle de 200.000 sacs de 140 livres de charbon de bois.

 

 

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