Previous PageTable Of ContentsNext Page

3. MOTEURS DU CHANGEMENT ET IMPLICATION SUR LE SECTEUR

3.1. Secteurs d’Influence

3.1.1. Démographie et Urbanisation

De 10 815 694 habitants en 1988, la Côte d’Ivoire compte au dernier recensement de 1998, 15 366 672 habitants. Ce qui correspond à un taux d’accroissement annuel moyen de 3,3 % sur la période 1988 – 1998. Ce taux, bien que légèrement en baisse par rapport à celui de 1975- 1988 ( 3,8 %) demeure toujours l’un des plus élevés de l’Afrique au sud du Sahara. La Côte d’Ivoire se caractérise par une présence sur son sol d’une proportion importante de population étrangère. Celle-ci se chiffre à 4 000 047 personnes en 1998 contre 3 039 037 personnes en 1988. La répartition géographique de la population fait apparaître un déséquilibre entre la zone de forêt située dans la moitié sud du pays (78% de la population totale) et la zone de savane ( 22% ).

La densité moyenne nationale qui est de 48 habitants au km2 présente une très grande disparité au niveau régional et départemental. En effet, la région des lagunes qui concentre près du quart de la population totale a une densité de 273 habitants au km2. Cette forte densité résulte de l’effet du poids démographique de la ville d’Abidjan avec 2 877 948 habitants. La majorité de la population de la Côte d’Ivoire vit encore en milieu rural. La répartition selon le milieu de résidence donne 57 % vivant en milieu rural et 43 % dans les villes. Le taux d’accroissement moyen annuel de la population rurale observé sur la période 1988 - 1998 est de 2,8 % contre 2,9 % en 1975 - 1988.

3.1.2. Développement Agricole

L’analyse des statistiques de production, de l’emprise des terres cultivées sur le territoire et de la typologie des exploitations, montre que l’agriculture ivoirienne demeure extensive et grosse consommatrice d’espace. D’une spéculation à l’autre et d’une année à l’autre, la production totale exprimée en tonnes de produits s’est accrue. Cet accroissement n’est nullement le fait d’un gain de productivité; mais il est étroitement lié à l’accroissement des superficies cultivées et du nombre des actifs du secteur. Au niveau des superficies, les spéculations agricoles couvraient en 1965 une superficie totale de 1 900 000 ha soit 6% du territoire national. En 1975, elles en occupaient 11 % et en 1990, 23 % soit 7 500 000 ha

La production agricole demeure encore la base de l’économie ivoirienne. Le secteur agricole a représenté près de 30% du PIB sur la période 1990- 1997, 70% des recettes d’exportation et emploie 2/3 de la population active. Les productions sont fortement centrées sur les cultures d’exportation et particulièrement dominée par le binôme Café- Cacao. Arrivent, en second plan, les cultures vivrières les plus importantes comme le riz, l’igname, la banane plantain, le manioc et le maïs.

Premier producteur mondial de cacao, second exportateur africain d’hévéas, troisième producteur mondial d’huile de palme, et de café, le pays est aussi un gros exportateur de coton. Les autres produits d’exportation sont notamment la banane, l’ananas, l’anacarde, les mangues et les plantes ornementales. La filière café-cacao représente en valeur, les 2/3 des exportations agricoles, agroalimentaires et forestières, soit près de la moitié des exportations. Les exportations de café et de cacao contribuent à environ 30% des recettes fiscales de l’Etat. La production de cacao a atteint 1 403 000 tonnes en 1999 – 2000 soit 45% de la production mondiale. Celle du café est en moyenne de 379 000 tonnes

La production nationale de coton a atteint en 1999/2000 un niveau record de plus de 390 000 tonnes pour une superficie d’environ 291 000 ha repartis entre 160 000 planteurs. Les filières de l’hévéa et du palmier à huile sont caractérisées par un vieillissement du verger, surtout en ce qui concerne les plantations villageoises. Les prix ont également chuté au cours des dernières campagnes. Les filières ananas banane sont confrontées à des problèmes de compétitivité et aux règles de l’OMC. Des actions rigoureuses sont à entreprendre pour leur survie. Au niveau de la canne à sucre, des plantations villageoises ont été mises en place récemment pour faire place aux plantations industrielles trop coûteuses. La principale menace de la filière réside dans la fraude à l’importation du sucre.

Au plan des mesures structurelles, l’Etat dans sa stratégie de désengagement des secteurs productifs, s’est déjà désengagé des différentes filières à travers la privatisation de certaines entreprises agricoles: Palmindustrie, Compagnie Ivoirienne de Développement du Textile (CIDT) et les Sociétés sucrières. Pour diversifier la production, des tentatives de développement de nouvelles cultures telles que l’anacarde, l’avocat, la mangue, la papaye, les agrumes à essence et les plantes ornementales sont en cours. Ces filières connaissent-elles aussi diverses difficultés de développement.

La production vivrière estimée à 8,9 millions de tonnes en 1999, occupe plus de 2 300 000 actifs agricoles pour une superficie estimée à 2 448 000 ha. Elle se valorise à 1 084 milliards de Fcfa en 1999 avec une contribution de 11,4% à la réalisation du PIB, soit une valeur ajoutée de 885 milliards. Elle est également assez diversifiée. Les principaux produits vivriers sont: l’igname (2 961 000 T), le manioc (1 692 000 T), la banane plantain (1 400 000 T). A l’exception du riz et des pénuries saisonnières des produits tels que la banane plantain et l’igname, la production vivrière est globalement excédentaire. Cette production repose sur de petites exploitations de subsistance à faible productivité. Ainsi plus de 60% des exploitations en vivriers n’excède pas 5 ha et les techniques de production restent encore rudimentaires.

Les aménagements réalisés par l’Etat sont pour la plupart sous-exploités (29 % des superficies aménagées sont mises en valeur) et les lourds investissements réalisés pour le développement de la culture maraîchère n’ont pas donné les résultats escomptés. La population autochtone s’est donc désintéressée de ce sous-secteur qui est aujourd’hui occupé à 80 % par des non ivoiriens.

3.1.3. Elevage, Chasse et Pêche

L’élevage représente moins de 1% du PIB; il s’est développé depuis près d’une vingtaine d’années grâce à l’appui financier de l’Etat et au dynamisme d’opérateurs privés. En 1992 le taux de couverture par la production nationale était de 42 % pour la consommation de viande et des abats et de 100 % pour les œufs.

Quant à la chasse, malgré la fermeture actuelle, le gibier est chassé et sa viande consommée et commercialisée partout dans le pays. La viande de brousse moins chère est préférée à la viande bovine. Les prélèvements sont évalués à environ 118 000 tonnes l’an. Selon Caspary et Al, la viande de brousse a rapporté en 1989 35 milliards de Fcfa soit 1,7 % du PIB. Du fait de l’interdiction de la chasse, le secteur évolue dans un système informel pour lequel les données statistiques sont quasi – inexistantes.

Au niveau de la pêche, la consommation totale annuelle en poisson et produits halieutiques en 1997 avoisine les 200 000 tonnes; alors que la production nationale au cours de la même période est estimée à 75 000 tonnes.

De 73 000 tonnes à 79 000 tonnes de 1998 à 1999, la production artisanale de poisson et de produits halieutiques représente 63,2 % de la production totale. Le secteur de la pêche et de la pisciculture contribue à hauteur de 0,3 % à la réalisation du PIB. Les importations se chiffrent à 280 000 tonnes environ soit 102, 6 milliards de Fcfa

3.1.4. Mines et Energies

Dans sa politique de diversification des ressources, le Gouvernement a entrepris un vaste programme de prospection, de recherche et d’exploitation minière. Ainsi d’importants gisements de nickel, de cobalt, d’or et de manganèse ont été découverts; mais leur exploitation n’est pas entrée dans sa phase active, à l’exception des mines d’or d’Ity et de Angovia respectivement par SMI et CMA dont la production se situe à 3 300 kg par an.

La technique d’exploitation généralement utilisée (lixiviation), ajoutée à l’exploitation artisanale des zones diamantifères de Séguéla et de Tortiya contribuent à la dégradation du couvert végétal par la destruction de superficies forestières plus ou moins importantes.

La politique énergétique de la Côte d’Ivoire vise en effet, avant tout, la valorisation des ressources énergétiques nationales que sont les hydrocarbures, l’hydroélectricité, la biomasse, le solaire et l’énergie thermique; ainsi que la satisfaction des besoins au moindre coût et la couverture du territoire national notamment en électricité aux fins de freiner l’exode rural en créant sur place les conditions de vie relativement confortables pour tous.

La Côte d’Ivoire a produit environ 4 milliards de KWh dont 34 % d’hydroélectricité et 3 millions de tonnes métriques de pétrole en 1997. Les champs gaziers ont produit 40 milliards de m3 de gaz au cours de la même période.

Le bilan énergétique de la Côte d’Ivoire établi en 1990 ( Plan National de l’Energie, DCGTX) fait apparaître la prédominance de la biomasse au niveau de la production et de la consommation d’énergie (71 à 73 % ) surtout par les ménages.

La cuisson des aliments se fait donc dans des foyers à bas rendement énergétique; ce qui nécessite, pour satisfaire les besoins, de grandes quantités de bois énergie. En estimant sur la base des données du recensement de 1998, et celles relatives aux prévisions de consommation d’énergie en 2020, la population globale de la Côte d’Ivoire aura été multipliée par 3,3; la consommation de biomasse énergie devrait être multipliée également par 3,3; alors que le niveau de production de biomasse du domaine forestier rural hors forêts classées estimé en 1986, équivaudrait à 65 % de la consommation en 2020. Au niveau des forêts classées, la production est estimée à 6 millions de tonnes équivalent à 20 % de la consommation en 2020. L’équilibre entre l’offre et la demande de biomasse énergie ne peut donc être atteint sur ces bases.

3.1.5. Infrastructures

La qualité et l’importance des infrastructures économiques et sociales développées par l’Etat permettent à la Côte d’Ivoire d’assurer plus facilement la promotion de l’investissement privé et donc d’accroître l’activité économique.

La Côte d’Ivoire dispose aujourd’hui d’un réseau routier de plus de 100 000 km, dont 4 500 km de voies bitumées; une voie autoroutière de 155 km, une voie côtière transafricaine déjà en service, des routes non revêtues sont tout de même praticables à 90 % en toute saison.

Le réseau ferroviaire d’Abidjan à Ouagadougou est de 1 284 km dont 627 km en Côte d’Ivoire et 657 au Burkina Faso

Avec ses 520 km de littoral, la Côte d’Ivoire exploite sa façade maritime qui est une porte naturelle sur le monde extérieur avec deux ports: le Port d’Abidjan l’un des plus importants d’Afrique noire francophone; le Port de San-Pédro ouvert en 1971 est essentiellement tourné vers l’exportation.

Les transports aériens sont assurés à partir de trois aéroports internationaux que sont Abidjan, Yamoussoukro et Bouaké.

Dans son programme, le Gouvernement prévoit la privatisation de l’entretien routier et la gestion de certaines infrastructures routières vitales pour l’économie. Cette privatisation devrait en améliorer la qualité. De même les ports d’Abidjan et de San – Pédro sont en phase d’acquisition d’équipement et de simplification des procédures pour accroître leur efficacité et leur trafic.

Le secteur des télécommunications de la Côte d’Ivoire a été libéralisé et privatisé en 1997. Ce secteur a connu une expansion rapide au cours des cinq dernières années. Le nombre d’abonnés au téléphone au 31 décembre 1999 était de l’ordre de 430 000 dont 211 000 pour le réseau fixe et 219 000 abonnés pour les réseaux mobiles cellulaires. Ce chiffre a pratiquement doublé aujourd’hui.

Le projet de la téléphonie rurale a connu un engouement au sein des populations. Malgré cet engouement et la forte demande des communautés villageoises, la CI Telcom n’a équipé que 98 villages au 02 février 1997, date de sa privatisation. Le programme de Côte d’Ivoire Télécom, prévoit la couverture de 516 villages dont 478 déjà en service et 38 en cours de réalisation et prendront fin au cours de l’année 2001.

3.2. Moteurs du changement

3.2.1. Politiques et Institutions

Au niveau politique, l’avènement de la deuxième république ouvre de nouveaux horizons pour des changements notables dans la gestion des ressources naturelles. Le discours – programme du nouveau Gouvernement propose un allègement des pressions sur la forêt par la sédentarisation des exploitants agricoles, l’amélioration des rendements et la promotion du gaz naturel comme source d’énergie domestique.

L’ouverture à la démocratie et au respect des règles établies pourrait également induire des comportements préjudiciables à la gestion des espaces protégés du fait des revendications sociales face à la faiblesse des moyens de l’Etat.

La régulation des flux migratoires par la création d’un Service de l’immigration, le désengagement progressif de l’Etat des secteurs productifs, la libéralisation des prix des produits agricoles et forestiers etc.….sont autant de facteurs d’influence à prendre en compte.

Au niveau institutionnel, la reforme de l’exploitation forestière mise en place depuis quelques années commence à donner ses premiers fruits; surtout au niveau du reboisement, des infrastructures sociales et de l’emploi en milieu rural.

La gestion des aires protégées par la création de l’office des parcs, et le financement des activités forestières à travers une fondation ou un fonds forestier national vont largement influencer le secteur.

Le plan Foncier Rural dont l’adoption récente de la loi foncière va modifier de façon notable le régime de la propriété foncière. La création d’un Ministère autonome des Eaux et Forêt aura également des impacts positifs sur la prise en compte des problèmes forestiers.

3.2.2. Aspects Socio-culturels

La surexploitation de la forêt résulte de deux phénomènes: l’exode rural des populations des zones centre, nord et nord – est vers le sud forestier pour la culture du café et du cacao principalement et l’immigration croissante des populations étrangères. Ce qui crée le déséquilibre évoqué tantôt avec 78 % de la population totale contre 22 % pour les zones de savanes.

Les techniques culturales inadaptées, le faible rendement des cultures en général et la disponibilité quasi-permanente de la main d’œuvre agricole sont des facteurs essentiels pour l’extension des superficies cultivées réduisant ainsi les superfi cies forestières.

3.2.3. Aspects Economiques

Le pays dispose d’atouts importants en terme d’infrastructures économiques et sociales, de ressources humaines en qualité et en quantité, d’un climat favorable au développement agricole, d’une population jeune et dynamique, d’une main d’œuvre abondante et souvent bon marché; mais souffre du manque de ressources financières nécessaire à la mise en valeur de ces atouts. L’épargne intérieure est faible ou quasi inexistante.

Le pays connaît également un faible niveau de transformation des produits bruts. Le prix des matières premières est bas, le revenu par tête d’habitant est faible face à un coût de la vie en hausse constante.

 

 

Previous PageTop Of PageNext Page