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8. EXPLOITATION DES RESSOURCES FORESTIERES

L’exploitation forestière ligneuse au Sénégal, notamment celle pour la production de charbon de bois, depuis quelques années déjà, est domiciliée dans le Sud et le Sud-Ouest du pays (régions de Tambacounda et de Kolda) pour satisfaire les besoins des grands centres de consommation que sont la zone de Dakar et les villes du Centre Nord (Kaolack, Thiès, Diourbel et Ndar). Depuis les années cinquante, l’exploitation charbonnière, de type minier, s’est déplacée de la région de Thiès (70 km de Dakar), à celles de Tambacounda et de Kolda, dont les chef-lieux sont situés respectivement à 400 et 700 km de Dakar. Comme l’illustre le tableau n° 11, le niveau de la production contrôlée de charbon a connu une progression quasi constante, allant de 120.000 quintaux en 1950 à 1.000.000 qx en 1994, avec des pointes atteignant 1.500.000 qx en 1988 et 1993.

Le caractère minier de cette exploitation menée par des coopératives et autres organismes d’exploitation forestière, dont la plupart des membres ne sont pas originaires des chantiers d’exploitation et utilisent une main d'œuvre étrangère (les Sourgha guinéens), s’explique d’une part, par le non respect des normes de coupes arrêtées, ce qui risque de compromettre la bonne régénération végétative des souches, et d’autre part la non mise en défens des aires exploitées, lesquelles sont généralement perdues pour la forêt, car étant quasi toujours récupérées par les populations locales pour l’installation de nouveaux champs de cultures.

En analysant l’évolution spatiale de l’exploitation forestière pour la production nationale de charbon de bois durant la période 1950-1999 on peut faire les observations suivantes :

La région de Thiès (70 km de Dakar), a été l’une des deux principales zones d’exploitation de 1950 à 1966, en participant parfois jusqu’à concurrence des deux tiers de la production totale de charbon de bois ; elle a été fermée définitivement à l’exploitation à partir de 1983.

Celle de Saint-Louis (Ndar), située au Nord du pays, à 200-300 km de Dakar, quoique se trouvant dans une aire écologiquement sensible, a joué entre 1970 et 1982, un rôle de premier plan dans l’exploitation charbonnière, du fait d’abord de la mise en œuvre du plan d’aménagement des peuplements naturels d’Acacia nilotica (Gonakié) de 1969 à 1973 et ensuite de la décision prise par l’Administration forestière d’orienter les exploitants forestiers vers cette région pour l’utilisation de l’important volume sur pied de bois mort de Gonakié, mortalité causée par l’absence de crues du fait de la sécheresse.

La région de Kaolack (200-250 km de Dakar) quant à elle, a occupé une place de choix dans cette activité de 1959 à 1987, avec un lourd tribut payé par le couvert forestier dont une bonne partie était composée par les ‘’Forêts du Rail’’, des massifs situés de part et d’autre du chemin de fer Dakar-Tambacounda-Bamako.

La région de Tambacounda (400-500 km de Dakar) a pris le relais à partir de 1985, avec des niveaux de prélèvement de l’ordre d’un million de quintaux par an.

Enfin, la région de Kolda (700 km de Dakar) dont la contribution à la production de charbon entre 1990 et 1999, est passé de 3,95 à 66,67 %.

Ainsi l’exploitation ligneuse au Sénégal a toujours été gérée par les autorités dans le sens plus de satisfaire la demande sociale (la couverture des besoins énergétiques des ménages des centres urbains) que de se limiter aux possibilités réelles de nos formations forestières, ce qui s’est traduit par une régression régulière de la superficie de ces dernières.

Il faut cependant se féliciter de l’engagement pris par les nouvelles autorités, en place au lendemain des élections présidentielles de mars 2000, de gérer le secteur forestier suivant le principe du développement durable, en faisant notamment que les prélèvements pour la production de combustibles ligneux ne puissent plus dépasser le croît végétatif, le gap devant être couvert par d’autres sources d’énergie, telles le gaz butane, le pétrole lampant, les déchets agricoles, …

 

 

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