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Introduction

En l’an 2000, selon les perspectives des Nations Unies (1995), près d’un homme ou d'une femme sur deux vivra en ville. Pour bien prendre la mesure du phénomène, rappelons qu’en 1950, moins d’un tiers seulement de la population mondiale était urbaine, soit 740 millions de citadins pour environ 1,8 milliard de ruraux. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la population urbaine était surtout concentrée dans les pays développés. Aujourd’hui, la répartition de la population a bien changé, l’urbanisation concerne au premier chef les pays en développement. En 1996, sur les deux milliards et demi de citadins, 1,5 milliard vivent dans les villes de ces pays. L'urbanisation rapide est donc une des caractéristiques majeures des pays du tiers monde. Actuellement, 38 pour cent de la population des pays en développement réside dans les villes contre seulement 17 pour cent en 1950. L'Amérique latine est aussi urbanisée que l'Europe (74 pour cent d’urbains), et déjà un tiers de la population africaine demeure en ville (34 pour cent), soit la même proportion qu’en Asie (35 pour cent).

Ces dernières années, la croissance de la population urbaine mondiale s’est ralentie. Elle était de 3,5 pour cent par an à la fin des années 50, elle n’est plus que 2,5 pour cent par an actuellement, mais reste bien plus forte que celle de la population rurale qui ne croît que de 0,5 pour cent par an[1]. Là aussi, la situation diffère suivant les continents. En Asie, la croissance urbaine annuelle a dépassé les cinq pour cent à la fin des années 50 pour tomber aujourd’hui à 3,2 pour cent par an. Déclin de la fécondité et ralentissement de l’exode rural se conjuguent pour expliquer cette variation de rythme de croissance de l’urbanisation. Le rythme de croissance de la population urbaine a atteint presque cinq pour cent par an en Afrique au lendemain des indépendances (au début des années 60). Cette croissance se ralentit progressivement résultant de plus en plus du mouvement naturel. Les migrations ne se sont pas pour autant fortement ralenties, les mouvements restent intenses, seulement le départ des uns compense davantage l’arrivée des autres. Ainsi la ville d’Abidjan a reçu 100 000 personnes supplémentaires âgées de plus de 15 ans durant la période 1988-1992, mais cet accroissement résulte de la différence entre 465 000 entrées et 364 000 sorties de personnes durant la même période (CERPOD, 1995). Il faut donc gérer aujourd’hui les conséquences d’une forte croissance dont le pic est déjà derrière nous, mais dont il faudra supporter les conséquences dans les cinquante années à venir du fait de l’inertie des phénomènes démographiques. Mais même si le rythme d’urbanisation des villes africaines tombe à deux pour cent par an, la population urbaine doublera encore en 35 ans. Le phénomène urbain constitue une préoccupation majeure, même dans le cas des centres urbains moins peuplés, car le rythme de la croissance démographique est souvent sans rapport avec celui du développement des capacités de production économique de ces cités.


[1] Résultat de la différence entre 1,5 % de croissance naturelle, moins 1 % d’exode rural.

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