Previous PageTable Of ContentsNext Page


Annexe 3 DISCOURS D'OUVERTURE

Ministre Chargé des Eaux et Forêts
Royaume du Maroc

M. Amor Ben Romdhane, Représentant de la FAO au Maroc,

M. Tage Michaelsen, Chef, Service de la conservation des forêts, de la recherche et de l'enseignement forestiers, Département des forêts de la FAO,

Mesdames et Messieurs,

C'est pour le gouvernement du Royaume du Maroc un réel plaisir d'accueillir, aujourd'hui, à Rabat, cette consultation d'experts sur l'enseignement forestier, organisée par la FAO en collaboration avec le Ministère de l'Agriculture et le Ministère Chargé des Eaux et Forêts.

Je voudrais tout d'abord vous exprimer tout l'honneur que j'éprouve en procédant avec vous à l'ouverture des travaux de cette consultation et saisir l'occasion pour souhaiter à tous les participants la bienvenue et un séjour agréable dans notre pays.

Mesdames, Messieurs,

Le système d'enseignement et de recherche en général, et agricole en particulier, en tant que vecteur de dynamisation et de croissance, d'entreprise de production scientifique et technologique, a fait l'objet, durant la dernière décennie, d'une revue exhaustive et d'analyse approfondie. Ces dernières ont été effectuées au regard des enjeux que pose le nouveau concept de développement durable et de ses implications politiques, économiques, sociales voire culturelles ainsi qu'aux défis à relever et aux réformes à entreprendre. Plusieurs événements ont marqué cette action depuis la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le développement (CNUED). J'en citerai en particulier, la Conférence mondiale de l'UNESCO sur l'enseignement supérieur, tenue à Paris en 1998 et les multiples études conduites par la FAO, notamment celle de 1997 sur les « Difficultés et chances de l'enseignement et de la formation agricoles pour la décennie 1990 et au delà» et une autre, publiée très récemment, sur «l'élaboration et la révision des cursus de formations forestières, dans les pays en développement ou à économie de transition».

Votre présente consultation revêt une importance capitale, eu égard aux changements globaux des politiques forestières et de leurs implications sur la gestion durable des ressources naturelles que le monde forestier a connus, suite aux recommandations de la CNUED et à travers les processus qui l'ont suivie. Il s'agit tout particulièrement des conventions internationales sur la biodiversité, la lutte contre la désertification et les changements climatiques ainsi que le Panel intergouvernemental et le Forum intergouvernemental sur les forêts.

Mesdames, Messieurs,

Les forêts et les espaces boisés marocains s'étendent sur près de 9 millions d'hectares. Cet ensemble est composé d'une trentaine d'écosystèmes terrestres, complexes et diversifiés, occupant un éventail très large de bioclimats, allant du saharien aux bioclimats hyper humides et de haute montagne.

Espace écologique, richesse économique et bien social, ces milieux ont constitué, depuis toujours, un élément fondamental pour la vie de ses habitants qui bénéficient de droits d'usages, reconnus par la loi, à travers la collecte de bois de feux et de service et le pacage. Ces forêts représentent une grande partie de nos richesses naturelles renouvelables et de notre biodiversité.

La forêt marocaine est un espace boisé multifonctionnel et multi-usages. Ses fonctions, souvent concurrentes, parfois incompatibles, sont susceptibles de varier en importance relative et en priorité dans le temps et dans l'espace. Les problèmes de droits d'usage compliquent davantage la gestion, alors que le renouvellement de la ressource est difficile, aléatoire et souvent lent.

Par conséquent, la problématique forestière est à la fois d'ordre environnemental et socio-économique. Elle conditionne non seulement les stratégies et les choix politiques de développement forestier ou de protection de l'environnement, mais aussi, les orientations en matière d'éducation, de formation et de recherche.

Aussi, la nécessité d'un système de formation et de recherche à même d'assurer à la fois la charge de l'étude des problèmes fondamentaux et de répondre aux besoins d'une gestion rationnelle de la forêt, a-t-elle conduit à la mise en place de structures d'enseignement et de recherche, depuis plus d'un demi-siècle au Maroc. L'option d'un enseignement à deux niveaux complémentaires, le niveau technicien et le niveau ingénieur, a été retenue dans deux établissements, situés à Salé: l'Institut Technique Royal des Eaux et Forêts, créé en 1948, et l'École Nationale Forestière d'Ingénieurs, de rayonnement régional, créée en 1968, avec l'appui du PNUD et de la FAO.

Dès la mise en place de la formation forestière, des efforts continus d'adaptation à l'évolution des besoins de la foresterie et de la société ont été entrepris. Trois tendances fondamentales ont marqué cette évolution. La première demeure axée sur la gestion forestière; la seconde vise à embrasser divers aspects de l'environnement ou, au moins, tous ceux qui s'intéressent à la sauvegarde et à l'aménagement des ressources et la troisième cherche à transcender les deux premières et à confier la responsabilité dans le domaine de la forêt ou de l'environnement à des cadres de fonctions largement polyvalentes, capables d'aborder les synthèses qu'implique un aménagement global de l'espace rural.

Mesdames, Messieurs,

L'analyse stratégique, effectuée récemment par le Département des forêts, sur les grandes tendances des vingt prochaines années, a mis en relief les principaux enjeux, en rapport avec les futurs possibles de la forêt marocaine. De profonds changements de la politique forestière, dans ses orientations et ses modalités de mise en œuvre, sont apparus indispensables. Les enjeux s'articulent autour des axes suivants:

Cette stratégie est axée sur la gestion durable des ressources forestières est actuellement au centre des préoccupations des pouvoirs publics et de la société marocaine. Elle s'est traduite par l'élaboration et la mise en œuvre d'une série d'études d'appui à la planification stratégique et à l'action, dont notamment:

L'ensemble de ces études, réalisées avec l'appui de la Banque Mondiale, de la FAO, de la BAD, de l'Union Européenne et du FEM, a été mis en cohérence dans le cadre du Programme Forestier National (PFN), récemment élaboré et qui constitue le cadre stratégique de développement durable du secteur forestier à l'horizon 2020. Le PFN constitue également une réponse aux recommandations de l'Agenda 21 de la CNUED, du Programme d'action forestier méditerranéen (PAF-MED - 1995), du Groupe intergouvernemental et du Forum intergouvernemental sur les forêts (1996-2000).

Pour atteindre les objectifs du PFN, trois approches principales ont été privilégiées:

Le PFN a été adopté en 1999, comme cadre de planification stratégique pour le secteur forestier et de mise en œuvre de la politique forestière à moyen et long termes.

Le Département Chargé des Eaux et Forêts conduit cette stratégie et les programmes d'action qui en découlent sur des espaces localisés dans lesquels les élus et les usagers sont sensibilisés en vue d'adhérer aux finalités de la gestion durable. Dans ces espaces, la protection et le développement de la forêt sont insérés dans des programmes intégrés qui visent à améliorer les revenus des populations, ce qui nécessite des actions de vulgarisation et de négociation, pour lesquelles l'engagement et les efforts de la société civile sont de plus en plus recherchés.

Ainsi, la gestion durable et multifonctionnelle des forêts marocaines ne peut se raisonner de manière isolée de leur environnement géographique, économique et social; elle doit être perçue comme une composante du développement durable. Ce nouveau concept de la gestion requiert l'appui d'un enseignement adapté et d'une recherche structurée et efficace.

La mise en œuvre du PFN est tributaire du renforcement des capacités institutionnelles du secteur forestier. A cet effet, l'adaptation de la formation et de la recherche constituent des leviers stratégiques sur lesquels il faudrait agir pour une réalisation efficace des plans d'action émanant du PFN. Dans l'un de ses programmes prioritaires du changement «adaptation du forestier à des nouvelles fonctions», le PFN a mis l'accent sur la définition des nouveaux profils. Pour ce faire il a préconisé la révision de certaines formations obsolètes dans les écoles forestières, et l'institution de plan de formation continue.

Mesdames, Messieurs,

Il est évident que les défis que la carrière forestière est appelée à relever dans les prochaines décennies requièrent de nouvelles approches induisant de nouveaux profils forestiers et, de surcroît, de nouveaux objectifs et programmes de formation.

Aussi, suis-je convaincu que cette consultation, eu égard à la pertinence de son agenda, au niveau et à la qualité de l'expertise présente, contribuera à mieux préciser l'environnement actuel de l'enseignement forestier et dégager, non seulement les éléments pour la mise à jour des programmes, mais aussi les mécanismes et les outils, en particulier, ceux relatifs à la coopération régionale et internationale, pour le renforcement des systèmes d'enseignement forestier.

En souhaitant à cette consultation le plein succès dans ses travaux, permettez-moi encore une fois de souhaiter la bienvenue aux participants et de remercier toutes les instances et les personnes qui ont _uvré pour sa concrétisation.

Je vous remercie de votre attention.

Previous PageTop Of PageNext Page