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II. L'APPROCHE PARTICIPATIVE EN QUESTION.

Lorsqu'on évoque cette notion on pense tout de suite a des méthodologies telles que la méthode active de recherche et de planification participative (MARP) en français ou Rapid Rural Appraisal (RRA) en anglais. On pense a des noms très connus comme ceux de Mamadou Bara GUEYE, de Robert CHAMBERS, ainsi qu' à d'autres références non moins importantes.

L'approche participative renvoie également à la PEDAGOGIE DIOBASS mise au point par Emmanuel NDIONE, Hughes DUPRIEZ et Pierre JACOLIN. Sûrement il existe d'autres méthodes et d'autres pédagogies relevant de la participation. Nous parlerons rapidement de la MARP et de DIOBASS, et nous appesantirons plus loin sur la radio rurale. Mais d'abord, qu'est-ce que la MARP ?

Définition de la MARP.

La MARP est une puissante méthodologie pour la recherche dans le développement rural.

Elle est basée sur le travail d'une équipe interdisciplinaire qui combine diverses techniques pour la collecte et l'analyse de l’information.

Les techniques requièrent que l'équipe dialogue d'une manière extensive et informelle avec les populations locales et prenne en compte les conditions et règles locales en même temps qu'elle utilise l'information de seconde main telle que les cartes dé jà existantes et les rapports administratifs.

La MARP est utilisée pour obtenir l'information à temps, à un coût réduit, d'une manière pertinente et endogène en tant que base utile pour la planification et le développement de l'action.

La MARP repose sur des procédures systématiques mais elle n’utilise pas des questionnaires; ce n'est pas une enquête formelle.

La MARP peut prendre plusieurs jours ou plusieurs mois quant à son application, en fonction des objectifs que l'on veut atteindre, de la taille du milieu rural, de la disponibilité des routes et des moyens de transport.

MARP a été développée dans les années 1980 en Afrique de l'Ouest et est devenue l'une des plus productives et des mieux connues des nouvelles approches de la recherche en développement.

Au total, on peut définir la MARP comme une séquence systématique d'activités interdisciplinaires pour la production de l'information pertinente sur les conditions de vie en milieu rurale et ce d'une manière itérative et efficace.

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La MARP, est intensive et expéditive, caractérisée par un apprentissage accéléré et une efficience de l’effort.

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Elle est basée sur de petites équipes interdisciplinaires, qui permettent l'exploration de sujets qui ne s'analysent à l'aide d'une seule approche disciplinaire.

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Elle emploie des méthodes spécifiques choisies à partir d'une panoplie d'outils et de techniques relevant de plusieurs disciplines.

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Elle concerne le savoir local, le combinant avec l'expertise scientifique moderne.

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Elle permet une compréhension très poussée à travers des tournées rapides de l'interaction de terrain.

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Elle atteint la pertinence, à un coût faible d'un point de vue du temps et de l'argent investi

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Elle teste et vérifie les découvertes à travers des techniques spéciales d'observation directe, les d'essais et de triangulation.

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Elle réduit d'une manière significative le processus de la planification, la mise en oeuvre et l'analyse de la recherche.

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Elle est scientifique, pratique et utilise une méthodologie amicale.

Des équipes de terrain appliquent l'approche participative de plusieurs manières et selon des étapes que l'on pourrait résumer de la manière suivante :

  1. L’information/connaissance (étude de milieu)
  2. L'auto sensibilisation ou prise de conscience
  3. L'identification des problèmes et des solutions (hiérarchisation)
  4. L'auto programmation
  5. L'auto/organisation
  6. La formation technique
  7. Le suivi/évaluation
  8. L'auto évaluation

A toutes ces étapes de la démarche, les villageois sont actifs et responsables des idées et des actions à engager.

Quant à la pédagogie DIOBASS,

Hugues DUPRIEZ la résume de la manière suivante:

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C'est dit-il, une démarche d'auto apprentissage pour les paysans et les cadres

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C'est un dialogue entre les paysans sur les sujets qui les intéressent

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C'est un dialogue entre les paysans, les techniciens et les cadres pour faire connaître, échanger et valoriser le savoir de chacun.

Ca se passe comment ?

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On travaille en groupes pour profiter des connaissances des uns et des autres et faire avancer l'intelligence collective.

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Les observations, les analyses et les propositions sont matérialisées par la réalisation de maquettes. On parle du concret dans un langage que tout le monde comprend.

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Chacun, animateur ou paysan, pose des questions pour orienter et approfondir la réflexion en tenant compte de tous les aspects des problèmes.

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On cherche et on découvre par l'échange, plutôt que d'écouter des messages préparés ailleurs. On augmente la connaissance et la compréhension avant de trouver des solutions.

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On encourage les paysans et les techniciens à bouger, à se rencontrer et à s'organiser de façon autonome.

De quoi part-on ?

Des problèmes écologiques rencontrés dans un terroir, des problèmes techniques de l'agriculture, de l'élevage, de la programmation des activités des organisations paysannes, de l'évaluation des projets, du suivi de la recherche paysanne, de la santé et de la résolution des problèmes fonciers etc.

De façon générale conclut DUPRIEZ, on aborde des thèmes choisis par des organisations paysannes qui désirent parler de leurs problèmes et échanger leurs idées avec d’autres.

En conclusion de cette revue de la MARP et de la pédagogie DIOBASS, un mot sur la panoplie des outils disponibles et utilisés. Pour l'exemple, nous ne citerons que les outils techniques utilisés par .la MARP : l'observation directe qui emprunte à la quintuple question de quintilien : quoi? qui? où? quand? pourquoi? comment?

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La confection des cartes et de maquettes participatives : cartes physiques, cartes sociales, cartes thématiques, les cartes de suivi de l'impact d'une action, les transects participatifs, les calendriers saisonniers, le profil des activités et des routines quotidiennes, l'interview semi structurée; on utilise également d'autres types d'interview (interviews de groupes, interview de personnes-clé, interview communautaire), les profils et récits historiques, les diagrammes de Venn ( pour la connaissance des groupes sociaux et des institutions ; des relations sociales dans le village), les matrices qui aident à mettre en ordre et à structurer les informations recueillies et planifiées, l'utilisation d’auxiliaires audiovisuels tels que les diapos, l’album photo, la cassette audio, la boîte à images, la vidéo et la radio rurale.

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