COMITÉ DES PRODUITS

GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LES AGRUMES

Douzième session

Valence (Espagne) 22-25 septembre 1998

LES PERSPECTIVES DE DÉBOUCHÉS POUR LES ALIMENTS ET BOISSONS BIOLOGIQUES [ Ce document a été établi par M. Kortbech-Olesen, Conseiller principal en développement des marchés, Centre du commerce international CNUCED/OMC.]



I. INTRODUCTION

1. Le concept d'agriculture biologique participe d'une vision holistique, selon laquelle la nature représente un tout qui dépasse les éléments distincts qui la composent. Les principes et les idées qui sous-tendent l'agriculture sont englobés dans l'écologie, science qui étudie les relations entre les organismes vivants et leur environnement, tout en prenant en compte les aspects économiques et sociaux de la production agricole, au niveau local comme à l'échelle mondiale.

2. L'agriculture biologique vise à soutenir et à renforcer les processus biologiques, en évitant de les remplacer par des remèdes techniques et en adoptant une approche préventive en matière de lutte contre les mauvaises herbes, les ravageurs et les maladies. Il s'ensuit que l'utilisation d'intrants chimiques tels que les engrais et les pesticides synthétiques n'est pas autorisée.

3. L'agriculture biologique s'appuie sur le renforcement de la structure et de la fertilité des sols, de même que sur un choix équilibré de cultures, notamment grâce a l'assolement qui permet d'assurer un roulement entre ces dernières. En outre, on veille à harmoniser l'importance du cheptel d'une exploitation agricole avec la surface disponible, ce qui favorise l'autonomie de l'exploitation au plan des provendes et la conservation des nutriments au sein du système.

4. L'agriculture biologique se caractérise, entre autres, par: l'utilisation de matières organiques pour maintenir dans le sol les ingrédients et les nutriments organiques; le recours à des espèces végétales fixant l'azote; l'emploi de techniques appropriées de gestion des sols, dont le paillage et la jachère; la sélection de variétés résistantes; l'application de systèmes de cultures compatibles, dont les cultures intercalaires, et l'agroforesterie; les pratiques respectueuses du bien-être des animaux; la lutte par des moyens biologiques contre les ravageurs, et l'emploi de techniques de désherbage manuelles, mécaniques et thermiques.

5. Afin de garantir que les produits déclarés biologiques sont effectivement cultivés selon les principes de l'agriculture biologique, il convient de les certifier, c'est-à-dire d'obtenir d'une tierce partie l'assurance écrite que le produit portant l'étiquette "biologique" respecte bien les critères de production applicables au secteur; la certification est donc une condition nécessaire du commerce international de produits organiques/biologiques.

6. Le présent document constitue une introduction aux divers facteurs qui influencent le commerce mondial des aliments et des boissons biologiques/organiques. Il ne vise pas à brosser un tableau général du secteur des agrumes organiques - il y sera néanmoins fait référence à des fins d'information.

II. LES ACTIVITÉS DU CCI DANS LE DOMAINE DES PRODUITS ORGANIQUES

7. En 1997, le Centre du commerce international CNUCED/OMC (CCI) a lancé une étude de marché doublée d'un projet de développement concernant les produits alimentaires et boissons biologiques en provenance des pays en développement. L'objectif de ce projet, financé par le gouvernement du Danemark, est d'aider les pays en développement, notamment les PMA et autres pays en développement à faible revenu, à améliorer leurs exportations de produits agro-alimentaires.

8. La première phase du projet consiste en une étude des débouchés pour les marchés suivants: Allemagne, Danemark, France, Pays-Bas, Suède, Suisse et Royaume-Uni, qui devrait être publiée vers la fin de l'année - à l'heure où nous écrivons, l'enquête n'a couvert que quatre des pays concernés.

9. L'objectif immédiat de cette enquête est une meilleure compréhension des exigences du marché ainsi que du potentiel offert par un éventail de produits spécifiques cultivés selon les méthodes biologiques, et de dresser un bilan des perspectives et des contraintes qui caractérisent aujourd'hui ce secteur; de la sorte, producteurs et exportateurs seront mieux à même d'amorcer la promotion des exportations et les importateurs, on l'espère, de diversifier leurs sources d'approvisionnement.

III. BILAN DE LA DEMANDE

10. L'absence de statistiques officielles sur les échanges mondiaux de produits organiques en rend impossible une description exhaustive. Cependant, l'Europe ( principalement l'UE), les États-Unis et le Japon sont, de très loin, les marchés principaux, même si des pays représentant des marchés plus modestes mais intéressants méritent d'être mentionnés, y compris un certain nombre de pays en développement.

11. Selon les estimations, l'Allemagne, premier marché d'Europe, absorbe un tiers des ventes à l'échelle européenne, suivie de la France, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et d'un certain nombre de marchés plus restreints. D'autres pays, comme l'Italie et l'Espagne, sont d'importants producteurs, notamment de fruits - agrumes compris - et de céréales, et constituent par ailleurs des marchés prometteurs pour les produits alimentaires biologiques.

12. Sur la plupart des marchés, les produits biologiques comptent pour moins d'un pour cent du volume total des ventes. Cependant, dans certains pays comme l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Suède et la Suisse, cette proportion atteindrait 2 à 3 pour cent. Les premières observations indiquent que la demande de produits biologiques connaît une croissance rapide sur la plupart des marchés de référence. Selon les estimations, elle pourrait atteindre, dans certains pays, entre 5 et 10 pour cent des ventes de produits alimentaires d'ici la fin du siècle. Nous donnons, ci-dessous, une description rapide de quelques-uns des marchés concernés:

a) Danemark

13. Avec une population légèrement supérieure à 5 millions d'habitants, le Danemark reste un marché relativement étroit pour la plupart des boissons et denrées alimentaires. Cependant, les ventes d'aliments et de boissons biologiques y ont été estimées à 300 millions de dollars en 1997, soit 2 à 2,5 pour cent du total des ventes au détail de produits alimentaires. Ce volume classe le Danemark parmi les tout premiers pays à l'échelle mondiale pour ce qui est de la consommation d'aliments biologiques par habitant. On observera en outre qu'une augmentation rapide de la consommation a été enregistrée au cours des dernières années. La valeur des produits biologiques devrait donc atteindre, en 1998, 3 pour cent des ventes totales du secteur alimentaire.

14. De nombreux facteurs convergent pour indiquer que le marché danois des produits alimentaires biologiques poursuivra son expansion pendant de nombreuses années: en premier lieu, les consommateurs recherchent de plus en plus une alimentation saine, composée de produits obtenus dans le respect de l'environnement, et ils sont toujours plus nombreux à acheter des produits biologiques. En deuxième lieu, les principaux détaillants font une promotion très vigoureuse des denrées alimentaires biologiques, notamment par un battage publicitaire appuyé par des prix compétitifs. C'est ainsi que Coop Denmark s'est fixé des objectifs de vente ambitieux pour les produits biologiques, sous forme de pourcentage des ventes, assortis d’un calendrier précis. En troisième lieu, les agriculteurs danois, mais aussi le secteur agro-alimentaire, sont de plus en plus conscients des débouchés offerts par les produits biologiques. Enfin, le gouvernement cherche actuellement à promouvoir la production et la consommation de produits biologiques. En conséquence, les observateurs commerciaux et les experts du secteur prédisent que la valeur des produits biologiques pourrait atteindre, d'ici l'an 2000 environ, 10 pour cent du volume total des ventes de denrées alimentaires.

b) France

15. Selon des sources professionnelles, les ventes au détail de produits biologiques ont totalisé, en 1996, environ 650 millions de dollars E.-U., soit près de 0,5 pour cent des ventes totales du secteur alimentaire. Pour l'année 1997, l'estimation est d'environ 770 millions de dollars E.-U., avec un taux annuel de croissance de 20 pour cent environ.

16. Bien que la France figure parmi les premiers producteurs agro-alimentaires et qu'elle exporte de très gros volumes de produits alimentaires et de boissons, son secteur agricole biologique est comparativement moins développé, puisqu'il n'occupait que 0,4 pour cent des terres cultivées en 1995, contre, par exemple, environ 1,9 pour cent en Allemagne et 3,8 pour cent en Suisse. Toutefois, le gouvernement a mis en place des mesures de soutien et de promotion, en vue d'un développement rapide du secteur qui porterait de 4 500 à environ 25 000 d'ici l'an 2005 le nombre des exploitations pratiquant l’agriculture biologique. Ajoutons que plusieurs grosses entreprises agro-alimentaires, de même que les principales organisations de vente au détail, se lancent actuellement dans la production de denrées biologiques, ce qui devrait stimuler considérablement le volume des ventes.

17. Compte tenu de sa production relativement réduite, la France importe des volumes considérables de produits alimentaires et de boissons biologiques, dont une grande partie pourrait être produite localement. Il est peu probable que l'augmentation prévue de la production intérieure réussisse à suivre la cadence d'une demande en croissance rapide. La France restera donc un important débouché pour les exportateurs, notamment ceux des pays en développement.

c) Les Pays-Bas

18. Aux Pays-Bas, la consommation d'aliments biologiques ne représente qu'une part très minime des dépenses alimentaires globales. En l'absence de statistiques officielles, le chiffre d'affaires au détail du secteur a été évalué, en 1997, à 350/400 millions de dollars E.-U., soit près de 1 pour cent du volume total et une proportion assez modeste par rapport à la plupart des marchés voisins. Les principaux facteurs qui limitent la croissance sont: a) les prix relativement élevés, étant donné que, relativement à leurs voisins de l'UE, les consommateurs hollandais consacrent une moindre part de leur revenu disponible à garnir leur table, et que leur choix est étroitement fonction du prix; b) la participation très marginale du secteur de l'épicerie en général à la distribution de produits biologiques. En effet, jusqu'à il y a peu, la plupart des supermarchés n'offraient qu'une gamme très limitée de légumes biologiques.

19. L'année 1996 a toutefois représenté un tournant dans le commerce des produits biologiques aux Pays-Bas, puisque les ventes au détail ont augmenté, cette année-là, de 3 à 5 pour cent. En outre, la plupart des estimations convergent pour enregistrer une accélération de l'augmentation qui aurait porté celle-ci à 10-15 pour cent en 1997. La poursuite de l'expansion du marché hollandais dépendra en grande partie de l'élargissement de la gamme offerte par les supermarchés ainsi que de la capacité des fournisseurs à proposer des produits biologiques à des prix attrayants.

20. En dépit de leur consommation relativement faible, les Pays-Bas importent des volumes considérables de denrées biologiques, en raison de la place qu'ils occupent en Europe pour la finition, l'emballage et la réexportation de produits alimentaires et de boissons biologiques. Les négociants hollandais traitent, en effet, une très grosse part des denrées alimentaires biologiques importées en vrac des pays en développement.

d) Royaume-Uni

21. Le marché britannique des denrées alimentaires biologiques a été évalué, en 1997, à 400-450 millions de dollars E.-U., après avoir quasiment doublé au cours des deux années précédentes. On estime que 60 à 70 pour cent du volume correspondant proviennent des importations, avec des différences très marquées entre les groupes de produits. La part élevée des importations s'explique principalement par le fait que la production biologique demeure relativement faible au Royaume-Uni, soit, semble-t-il, moins de 1 000 exploitations sur un total d'environ 100 000. Les fruits et les légumes figurent au premier rang, avec un total estimé à 45 pour cent, suivi des céréales (15 pour cent), de la viande (11 pour cent) et des produits laitiers (8 pour cent).

22. Dans l'ensemble, l'avenir semble prometteur avec des estimations qui placent le volume des ventes au détail à environ 10 milliards de dollars E.-U. d'ici 10 ans: une telle expansion ferait passer la proportion des produits biologiques de 0,3-0,4 pour cent à plus de 10 pour cent du marché britannique. Cependant, ces prévisions semblent quelque peu optimistes et dépendront de facteurs tels que la régularité des approvisionnements, un soutien plus actif de la part du gouvernement et un rétrécissement graduel de la marge différentielle de prix avec ceux des produits conventionnels. Il ne faut pas sous-estimer, par ailleurs, le rôle que joueront les circuits de distribution, et notamment les supermarchés, dans l'évolution de ce secteur. Signalons, à ce propos, que la plupart des grandes chaînes de distribution au détail visent de plus en plus à élargir leurs gammes de produits biologiques et à en accroître les ventes.

e) Autres marchés importants

23. D'après une étude récente [ Protrade/GTZ, novembre 1997] , le marché allemand des produits alimentaires biologiques aurait atteint 1 400 millions de dollars E.-U. en 1996, soit environ 1 pour cent du marché. Cette part aurait été estimée, pour 1997, à 1,5 pour cent. Aux États-Unis, le marché des produits alimentaires et boissons biologiques a été estimé à 2 800 millions de dollars E.-U. en 1995 et, d'après certains observateurs spécialisés, le marché aurait connu une croissance annuelle d'environ 20 pour cent, ce qui placerait le volume des ventes aux États-Unis à près de 4 milliards en 1997. Quant au marché japonais des produits biologiques, il a été évalué par la Japan External Trade Organisation (JETRO) à environ 200 millions de dollars E.-U. en 1997. Toutefois, selon d'autres sources, ce chiffre atteindrait 1 milliard de dollars E.-U. La prochaine étude du CCI ne manquera pas de fournir des données plus exactes sur ces marchés comme sur d'autres.

24. S'agissant des agrumes biologiques, ces derniers sont distribués sur tous les marchés analysés par le CCI, la principale catégorie étant constituée par les citrons et les oranges suivis des pomélos, et de volumes apparemment insignifiants pour les autres catégories. De manière générale, les consommateurs sont prêts à payer, pour ces produits organiques, un supplément de prix pouvant atteindre 25 pour cent, mais ils exigent en retour un fruit de qualité et de bonne présentation. S'agissant des jus et des concentrés d'agrumes biologiques, c'est à l'orange que revient la première place, suivie du citron - utilisé pour les mélanges ou comme ingrédient - et des pomélos. Les prix d'importation du jus d'orange biologique sont en gros deux fois plus élevés que ceux du jus d'orange conventionnel (FCOJ), alors que le différentiel est moins marqué pour les NFC (jus ne provenant pas de concentrés) ou d'autres jus aux coûts plus élevés. Dans le cas des pomélos et des citrons, selon les informations communiquées par les importateurs, les différences de prix sont beaucoup plus réduites, bien que substantielles.

IV. BILAN DE L'OFFRE DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

25. Tous les grands marchés analysés offrent de bonnes perspectives pour les fournisseurs de produits biologiques non produits localement, tels que le café, le thé, le cacao, les épices, les fruits et légumes tropicaux, les agrumes, etc. A noter que les perspectives sont également excellentes pour plusieurs denrées produites sur les principaux marchés, non seulement pour les productions de contre-saison telles que les fruits et les légumes, mais également pour un grand nombre d'autres produit tels que les grains, les céréales, les légumineuses et les semences; en effet, compte tenu de la croissance rapide enregistrée dans bien des marchés, l'offre locale s'avère insuffisante, du moins à moyen terme.

26. L'analyse conduite par le CCI indique qu'au moins 100 pays produisent des denrées alimentaires et des boissons biologiques en quantités commercialisables, dont: 27 pays en développement du continent africain, 15 pays d'Asie - dont 12 en développement -, environ 25 pays en développement d'Amérique latine et des Caraïbes, 3 pays - dont 1 pays en développement -d'Australasie et du Pacifique, environ 20 pays d'Europe et 7 économies en transition; enfin, les États-Unis et le Canada. Les échanges commerciaux de produits biologiques portent principalement sur les catégories suivantes:

- fruits et légumes frais;

- fruits secs et fruits à coques;

- fruits et légumes traités;

- café, thé et cacao;

- herbes et épices;

- cultures oléagineuses et produits dérivés;

- adoucissants;

- grains/céréales;

- légumineuses séchées;

- viande; produits laitiers, œufs;

- boissons alcoolisées;

- aliments transformés/préparations alimentaires.

27. Il y a également lieu de mentionner certains produits non destinés à la consommation humaine, tels que les aliments pour animaux , les graines oléagineuses et le coton; l'on s'efforcera, dans l'étude à venir du CCI, de donner des détails sur chacun de ces groupes de produits, (produits spécifiques et pays de provenance). On sait que les pays en développement en exportent de grosses quantités, comme les fruits et les légumes, les herbes et les épices, le café, le thé et le cacao; on sait également qu'en revanche, ils n'exportent que très peu de viande et de produits laitiers, de boissons alcoolisées et de préparations alimentaires, avec toutefois de notables exceptions.

28. S'agissant des agrumes, plusieurs pays méritent déjà d'être mentionnés comme producteurs et exportateurs importants, notamment:
Argentine Oranges fraîches (Navel, Valencia), mandarines (Champion, Ellendale, Murcot, Dancy), pomélos.

Produits de transformation, tels que les jus (orange, mandarine, pomélos), les huiles essentielles, les confitures, les écorces en saumure ou confites.

Israël Oranges fraîches (Valencia, Shamouti, Navel), citrons, pomélos blancs et roses, agrumes faciles à éplucher (Satsuma, Menneola, Orlando, Topaz, Tempel), agrumes doux, pomélos, kumquats, limequats, limes.

Les produits de transformation, dont les jus et les concentrés à base d'orange, de pomélo jaune et rose, de citron et de mandarine

Italie Fruits/agrumes frais: citrons, clémentines, mandarines, pomélos (Star Ruby), oranges (Tangelo, Navel, Moro, Tarocco, Sanguinello, Ovali, Valencia Late), oranges amères, kumquats.

Produits de transformation, notamment jus et concentrés d'orange sanguine et autres, jus et concentrés de citron, huiles essentielles (orange, citron, mandarine).

Espagne Une large gamme de fruits frais et de produits de transformation.
États-Unis Oranges fraîches (Navel, Temple, Valencia), citrons, mandarines, tangelos, pamplemousses roses et jaunes, pomélos, limettes, nectarines.

Produits de transformation, notamment jus d'orange et jus de pomélos frais.

29. Plusieurs autres pays produisent au moins un type d'agrumes biologiques, dont les pays d'Afrique suivants: Égypte, Maroc, Soudan et Tunisie; en Amérique latine: Bolivie, Brésil, Costa Rica (jus d'orange), Cuba, Honduras et Mexique; également Australie et Nouvelle-Zélande. D'autres pays produisent également des agrumes biologiques, mais ils n'en ont pas reçu la certification.

V. CONCLUSIONS

30. Le marché des produits alimentaires et des boissons biologiques est en croissance rapide dans la plupart des pays d'Europe occidentale, d'Amérique du Nord, au Japon et en Australie, de même que dans certains pays en développement. La part encore réduite occupée par les produits biologiques sur tous les marchés est l'indice d'un potentiel considérable à long terme. Les attentes concernant la croissance sont mises en relief non seulement par la prise de conscience des consommateurs à l'égard des problèmes de santé et d'environnement, mais également par la promotion plus ciblée et plus vigoureuse de la part des grands groupes de distribution au détail. L'amélioration des produits et l'innovation dans les emballages, entreprises par les transformateurs et par les industriels, renforcée par le soutien des pouvoirs publics dans de nombreux pays, contribueront également à accroître la demande mondiale.

31. A court et à moyen termes, la principale difficulté tiendra davantage à l'insuffisance de l'offre de produits biologiques qu'à l'étroitesse des débouchés. En dépit de l'augmentation rapide de la production intérieure dans de nombreux marchés, en France par exemple, il semble que la demande progresse à une cadence encore plus soutenue. Cette conjoncture ouvre des perspectives pour les fournisseurs, notamment les exportateurs des pays en développement. Outre le fait qu'elle intéresse les opérateurs actuels, elle constitue une incitation pour de nouveaux entrepreneurs.

32. Les pays en développement offrent déjà un large éventail de produits biologiques, et nombre d'entre eux obtiennent d'assez bons résultats. Toutefois, la plupart restent entravés par des facteurs tels que les carences du savoir-faire technique, des pratiques agricoles et des méthodes de production biologique, mais aussi faibles connaissances concernant les marchés, (sélection des produits, des marchés et des réseaux de distribution, concurrence et accès aux marchés). Par ailleurs, tout comme leurs homologues des pays développés, les producteurs doivent affronter les difficultés de la certification, problème d'ordre technique mais aussi facteur d'augmentation considérable du prix de revient, qui se répercute inéluctablement sur le consommateur. Quoi qu'il en soit, la garantie de l'origine biologique est une nécessité pour les importateurs et les industries de transformation, tout comme elle l'est pour les détaillants et les consommateurs.

33. Les agrumes biologiques, frais ou transformés, ont déjà trouvé leur créneau sur le marché, et il semble que l'on puisse prévoir, à peu près partout, une augmentation considérable des ventes à moyen et à long termes. On notera toutefois que la concurrence entre distributeurs d'agrumes biologiques est très probablement destinée à s'intensifier considérablement, notamment sur les marchés producteurs. Le développement de ce secteur nécessitera en tout cas la poursuite des efforts entrepris, tant pour ce qui est des activités de culture et de transformation qu'en ce qui concerne la commercialisation et la distribution, notamment sous l'angle de l'amélioration des produits, de la prospection des marchés et de leur développement.