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4. MESURES DE CONTRÔLE ET DE RESTAURATION DES HABITATS

Des actions volontaires de contrôle et de restauration des habitats n’ont lieu pour le moment qu’à Mayotte. En Union des Comores, étant donné la situation économique, de telles actions ne seront envisageables qu’inclues ou menées en parallèle avec d’autres actions limitant la déforestation et promouvant une agriculture plus intensive et raisonnée.

4.1. Mesures de contrôle

4.1.1. Contrôle biologique

Jusqu’ici, aucune tentative de contrôle biologique par introduction d’insecte ou de champignon n’a été mise en œuvre à Mayotte ou en Union des Comores.

En revanche, le contrôle par l’élevage de certaines plantes envahissantes telles que G. sepium, L. leucocephala, S. campanulata et surtout L. glutinosa n’est pas négligeable. En effet, on compte en 2001 plus de 15 000 têtes de bétail ovin et 23 000 têtes de bétail bovin pour la seule île de Mayotte (Vandamme 2001), et 234 000 têtes de bétail toutes catégories confondues en 2000 en Union des Comores (Stratégie nationale pour la conservation de la diversité écologique en Union des Comores 2000), qui exercent une pression énorme sur ces plantes fourragères. Malgré cela elles parviennent à pulluler. A Mayotte l’intense développement de L. glutinosa est sans doute amplifié par la perte de vitesse progressive de l’agriculture. La perte de vitesse de l’agriculture dans l’archipel signifierait sans aucun doute une explosion de population de ces espèces envahissantes utilisées en fourrage.

4.1.2. Contrôle chimique

Aucun essai de contrôle chimique des populations envahissantes n’a été rapporté. Même l’utilisation d’herbicide reste rare, aussi bien à Mayotte qu’en Union des Comores. Les raisons principales de cet état de fait sont:

• les difficultés d’approvisionnement (évoquées même à Mayotte);

• le coût élevé des intrants quand ils ne sont pas fournis par un donneur à travers son projet en Union des Comores ou du fait de l’absence de subventions à Mayotte;

• le manque de disponibilité de main d’œuvre à coût réduit, cet argument semblant jouer (aussi bien en Union des Comores qu’à Mayotte où la main d’œuvre illégale anjouanaise semble nombreuse).

4.1.3. Contrôle mécanique

C’est l’essentiel des activités mises en place dans les cultures pour contrôler les populations d’espèces envahissantes en Union des Comores et à Mayotte. Ce contrôle se base sur une phytotechnie traditionnelle. Les espèces non utilisées en fourrage sont souvent conservées comme paillage en parcelle. De l’étude de Vandamme (2001) à Mayotte, il ressort que les agriculteurs ont une bonne connaissance des espèces envahissantes. Sur les 22 espèces principalement rencontrées sur les parcelles, 7 ne trouvent pas d’utilisation en paillage du fait de leur capacité reconnue par les agriculteurs à se multiplier facilement végétativement. Parmi ces espèces on trouve L. camara, M. pudica ou Senna sp. L’utilisation des envahissantes en paillage est un des concepts de l’agro-écologie, spontanément appliqué par les agriculteurs. Elle propose un recyclage intelligent de la biomasse produite.

Les projets de contrôle mécanique en zone naturelle ou présentant une biodiversité élevée ne semblent exister qu’à Mayotte. L’absence de contrôle mécanique en Union des Comores est entre autres due à son coût élevé. Les travaux à Mayotte visent essentiellement le contrôle des populations de L. camara (à Pointe Saziley notamment) et de lianes (M. peltata, S.comorensis, Ipomoea sp.) dans les réserves forestières.

4.2. Activités de restauration

Dans les années récentes, seule Mayotte semble avoir développé des activités de restauration forestière dans les zones écologiquement riches.

En 1995-1996, une tentative d’éradication de la vigne marronne (R. alceifolius) a été menée mais a échoué. La première phase de travaux d’arrachage et replantation immédiate avec des espèces arborées (au prix de 85 000 euros pour quelques hectares) n’a pas eu de suite entre autres car les éleveurs locaux ont remis en valeur les parcelles sans respecter le cahier des charges de leur utilisation (plantules endommagées par le bétail…). C’est une situation regrettable comme R. alceifolius demeure à ce jour encore cantonné à la région de Coconi où il pourrait toujours être contrôlé.

Outre ce projet avorté, on distingue essentiellement deux types de projets de restauration, particulièrement intéressants: