Les visites de terrain ont été réalisées à Loum, dans le département du Moungo, à cent kilomètres au sud de Douala et à Edéa, plus précisément à Kopongo, à près de cinquante kilomètres au nord de Douala, sur l’axe Douala-Yaoundé.
Rapport de la visite de terrain de Loum
• Réserve forestière de Loum
1. Géographie
- 100 km au sud de Douala, au pied du Mont Koupé, dans le Département
du Moungo, Arrondissement
de Loum.
- Population d’environ 100 000‚ majoritairement allochtones
- Altitude: environ 1000m d’altitude.
- Superficie d’environ 900 ha (contre 1100 ha à la création).
- Sols volcaniques.
- Réserve créée dans un but de protection de la forêt.
- Réserve située à proximité de bananeraies et de la Nationale n° 3.
2. Aspects écologiques et techniques
- Zone de forêt côtière atlantique à Lophira alata et à Pycnanthus angolensis.
- Espace anciennement exploité pour la production de bois.
- Sol riche (présence de cendres volcaniques).
- Flore riche et diversifiée.
- Régénération avec des essences locales (exemples: Bubinga, Moabi, Framiré).
- Anciennement exploitée pour la production de bois d’œuvre (Bubinga, Teck par exemple).
- Rôle écologique indéniable: existence d’une station de
captage d’eau alimentant la SBM (Société de
Bananeraies de la Mbomé, une agro-industrie), aussi bien que les populations
locales.
- Présence de nombreux pièges dans la réserve, indicateurs de la présence d’une faune.
3. Aspects socio-économiques
- Les populations locales exploitent la réserve librement pour l’agriculture (vivriers et cacaoyers).
- La présence d’exploitations paysannes dans la réserve
due sans doute à la forte pression sur terres
agricoles existant dans la zone.
- Pression accélérée avec la crise économique des années 90.
- La station de captage d’eau alimentant la Société des
Bananeraies ravitaille aussi les populations
locales.
- La communauté locale est constituée d’une population hétérogène,
majoritairement non-autochtones,
ce qui rend difficile le dialogue avec les gestionnaires de la réserve.
4. Aspects politico-institutionnels
- Dans le passé, la réserve était gérée par l’Office national
de développement des forêts (ONADEF),
une structure du Ministère de l’environnement et des forêts chargée du
reboisement/enrichissement.
- Cependant, suite à la récente décision de fermeture de cette
structure et en attendant la mise en
place effective de sa remplaçante, il y a un manque de ressources humaines et
de matériels
nécessaires pour un contrôle et une gestion effective de la réserve.
- Absence de concertation/dialogue entre les différents acteurs.
- Absence d’un plan de gestion défini et actualisé.
- Résultats de la recherche faiblement pris en compte dans la gestion de la réserve.
•Réserve forestière de Mujuka
1. Géographie
- 70 km au sud de Douala, au pied du Mont Koupé, dans le Département
du Moungo, Arrondissement
de Loum, à environ 30 km de la réserve de Loum.
- Créée en 1932.
- Population essentiellement migrante.
- Superficie d’environ 5000 ha.
- Réserve située à proximité de plantations industrielles de la
Cameroon Development Corporation
(CDC) et de la Nationale n° 3.
- Sols sableux.
2. Aspects écologiques/techniques
- Zone de forêt côtière atlantique à Lophira alata et à Pycnanthus angolensis.
- Espace anciennement exploité pour la production de bois d’œuvre (Bubinga, Doussié, Moabi).
- Sol riche (présence de cendres volcaniques).
- Flore riche et diversifiée.
- Faune sauvage presqu’inexistante.
3. Aspects socio-économiques
- Les populations locales exploitent illégalement la réserve pour
agriculture (vivriers et cacaoyers) et
abattages d’arbres pour bois-énergie.
- Ici aussi, forte pression de la population sur les terres de
la réserve découlant sans doute de la
proximité de la Nationale 3 et des villes de Douala et Mbanga.
- Pression accélérée à cause de la proximité de la CDC occupant
les terres cultivables les plus
proches.
- Les agents des eaux et forêts délivrent environ 10-15 procès-verbaux par mois.
4. Aspects politico-institutionnels
- Insuffisance du personnel du Service des eaux et forêts (1 Chef de poste forestier et 4 agents)..
- Manque de moyens financiers et matériels.
- Cependant, récente tentative (initiée par le MINEF en collaboration
avec les autorités administratives
locales) de dialogue et participation avec les populations locales.
- Pas d’actions à ce jour par rapport aux recommandations faites.
- Résultats de la recherche faiblement pris en compte dans la gestion de la réserve.
Conclusions
En général, les deux réserves visitées se caractérisent par:
•Faible capacité de contrôle de la part du personnel du MINEF (personnel insuffisant et vieillissant)
•Forte influence des administrations/institutions sur la gestion
•Développement d’activités anthropiques frauduleuses
(agriculture et coupe de bois aux dépens de la
forêt) ayant pour conséquence, un paysage presque totalement agricole à certains
endroits.
Recommandations
Au regard de l’importance multifonctionnelle de ces deux réserves, il est suggéré, entre autres:
•De penser à concilier les aspects conservation et production
dans le développement d’une politique
de gestion, vue la pression de la population riveraine sur les réserves.
•D’associer tous les acteurs (Etat, populations riveraines,
industries, recherche, etc.) dans la gestion
des réserves.
Il est à noter que le MINEF envisage une révision de sa politique de gestion des réserves forestières et des aires protégées du pays, et prévoit de mettre en place, dès 2004, des projets pilotes de réhabilitation dans certaines réserves.
Rapport de la visite de terrain d’Edéa
1. Visite du site de la Forêt Communautaire
Assistance du Comité de Gestion et du chef de poste forestier
Présentation du site par le Délégué Adjoint de l’association de la forêt communautaire. Distance du village : 05 km et étendue : 1 500 ha
2. Etat du processus d’acquisition de la Forêt Communautaire
Lettre d’intention adressée aux autorités compétentes du MINEF
Accord effectif pour réserver la forêt
Inventaire multiressource prévu pour la prochaine étape
3. Echanges
Questions de compréhension par rapport au droit de propriété, au genre, etc.
La problématique de l’utilisation des bénéfices
Le coût de l’opération, le modèle de gestion, les relations entre le MINEF et l’ONG Cameroon Ecologie
La représentativité du Comité de Gestion.
Conclusion : La visite de terrain a été riche et productive. Elle a permis de discuter du statut, de l’évolution et de la faisabilité de la forêt communautaire de Kopongo.