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C. Principes directeurs

Les principes directeurs traitent des différentes dimensions des plans de gestion des feux. Cette section résume les aspects spécifiques qui devraient être considérés pour chacun d’entre eux. Bien que les principes directeurs soient groupés selon les catégories social et culturel, économique, environnemental, institutionnel et amélioration de la capacité de gestion des feux, ils sont tous étroitement liés entre eux. Certains aspects figurent sous plus d’un Principe de manière à renforcer ces liens.

C.1 Social et culturel

Principe 1 Moyens d’existence durables

L’utilisation appropriée et la gestion des feux encourageront les moyens d’existence durables.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• éteindre activement les feux non planifiés qui menacent les biens et les moyens d’existence ;

• autoriser et encourager la gestion à bon escient et l’utilisation responsable du feu pour une sylviculture, une agriculture, une gestion durable des bassins versants et de l’élevage et pour la conservation de la biodiversité, toute en équilibrant ces objectifs avec le besoin de protéger les populations, les collectivités, les organisations et les gouvernements des effets indésirables et nocifs du feu ;

• planifier et entreprendre de façon active des programmes de réduction du combustible comme méthodes rentables de prévention des incendies et de réduction du risque d’incendie;

• promouvoir l’utilisation de feux planifiés sur de vastes territoires afin de restaurer ou de maintenir les régimes naturels des feux, faciliter la gestion des territoires, et réduire le risque d’incendies de végétation destructifs et à grande échelle ;

• permettre les feux d’origine naturelle de se développer selon une gamme appropriée de fréquence, de saison et d’intensité dans des écosystèmes dépendants du feu pour des bénéfices sociaux et économiques, aussi bien que pour le maintien des habitats, et pour la réduction du coût d’extinction des incendies ;

• encourager le suivi efficace et l’évaluation de l’impact des feux planifiés et non planifiés.

Principe 2 Santé et sécurité humaine

La santé et la sécurité humaines seront améliorées si l’on réduit au minimum les effets négatifs du feu.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• veiller à la sécurité des pompiers, des gestionnaires du feu et du public dans toutes les activités concernant le feu ;

• poursuivre et encourager un programme de prévention des feux efficace qui minimise le nombre et les impacts des incendies ;

• développer ou adapter un système existant d’évaluation du risque des incendies, en conjonction avec une prévision météorologique fiable, pour fournir des évaluations des risques et des dangers aux organismes, propriétaires fonciers et populations ;

• utiliser des systèmes de détection et d’alerte précoce, pour réduire les impacts des incendies de végétation sur la santé et la sécurité ;

• fournir un enseignement et une formation aux populations à risque et aux personnes intéressées ;

• mener des activités de réduction des risques d’incendie sur une base communautaire durant tous les stades de l’activité de gestion des feux : avant le feu, durant l’épisode de feu et après le feu ;

• équilibrer les effets négatifs et positifs du feu sur les collectivités lorsque l’on utilise le feu comme outil d’aménagement du territoire ;

• conférer aux collectivités la responsabilité de la gestion des feux et de ses effets sur la santé, la sécurité et le bien être.

Principe 3 Utilisations traditionnelles du feu

Les utilisations traditionnelles du feu sur les terres des peuples autochtones et des communautés rurales traditionnelles devraient demeurer une pratique pour ces communautés et être adaptées à l’environnement actuel.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• poursuivre l’utilisation traditionnelle du feu pourvu que tout impacts potentiels négatifs sur les communautés rurales et les ressources soient prévenus ou diminués ;

• rassembler et maintenir les coutumes et connaissances traditionnelles des autochtones et des peuples traditionnels, et intégrer leurs pratiques à un programme moderne de gestion des feux ;

• maintenir une gamme de paysages et d’environnements qui fournissent une diversité d’habitats, d’espèces, de ressources, et des opportunités de récréation, de commerce, d’utilisations communautaires et de pratiques culturelles et religieuses.

C.2 Économique

Principe 4 Protéger les personnes et les biens

Les impacts destructifs des incendies sur les personnes, la propriété et les ressources devraient être réduits au minimum, s’ils ne sont pas totalement évités.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à:

• réduire au minimum et prévenir la probabilité d’incendies grâce à la connaissance, la formation, la planification participative et la préparation, et aux systèmes appropriés de prévention et d’extinction ;

• répondre rapidement et avec sécurité aux incendies de végétation ;

• gérer le feu de manière active afin de protéger les personnes, les biens et les ressources durant les opérations d’extinction, y compris l’utilisation du feu comme moyen de lutte ;

• opérer en respectant l’environnement lors de l’extinction des feux et lors de la restauration des terrains endommagées ou modifiées pour diminuer les impacts graves à long terme ;

• agir sur la planification, la construction et la localisation de nouveaux bâtiments ainsi que la gestion de la végétation adjacente pour réduire au minimum le risque de dégâts causés par les incendies et décourager les aménagements inappropriés dans les écosystèmes sujets aux incendies ;

• agir sur la planification et la mise en œuvre d’activités utilisant le feu dans les domaines de l’agriculture, de la forêt ou d’autres activités afin de minimiser le risque de dommages liés aux incendies sur les ressources, les biens et les personnes,

• allouer des moyens basés sur la probabilité d’éclosion et le comportement attendu du feu, en équilibrant les coûts de prévention contre les incendies, de préparation préalable et d’extinction.

Principe 5 Impact économique

Un programme effectif et efficace de gestion des feux requiert un équilibre entre les avantages que la société reçoit de l’utilisation du feu et les coûts, dégâts ou impacts indésirables causés par les incendies de végétation.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• prendre pleinement en compte les bénéfices pour l’écosystème, les coûts et les résultats économiques découlant de l’utilisation du feu pour la gestion des ressources et le bien du public ;

• identifier les avantages découlant de la diminution des effets indésirables ou des dégâts occasionnés aux terrains et aux ressources par les incendies de végétation ;

• développer et mettre en œuvre toutes les stratégies de gestion des feux et les programmes d’utilisation du feu pour maximiser aussi bien les avantages écologiques et environnementaux que la rentabilité économique ;

• développer des méthodologies et des normes pour quantifier les effets positifs et négatifs du feu et pour évaluer les dégâts causés par le feu, y compris les effets sur les valeurs non marchandes ou les valeurs non liées aux produits, aussi bien que sur d’autres valeurs sociales et environnementales.

C.3 Environnemental

Principe 6 Interactions entre le changement climatique et le feu

Les interactions du changement climatique avec le couvert végétal et les régimes du feu devraient être comprises et prises en considération de manière appropriée dans le processus de planification et de mise en œuvre de l’utilisation des feux.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• définir les impacts du changement de climat régional sur les caractéristiques de l’écosystème et les régimes du feu ;

• modifier les plans et les politiques de gestion des feux pour prendre en considération les changements observés ou prévus dans le type de végétation et de combustible, les conditions de propagation du feu, et les risques d’incendies additionnels comme conséquence du changement climatique ;

• utiliser les combustibles forestiers pour la production d’énergie avec le double objectif de réduire les risques d’incendies et la consommation de combustibles fossiles ;

• maximiser le piégeage du carbone dans les écosystèmes – spécialement lors de la restauration des écosystèmes dégradés – sans accroître le risques d’incendies et promouvoir la régénération de puits de carbone ;

• minimiser l’émission de gaz à effet de serre qui sont produits lors des grands incendies en restaurant et en maintenant des régimes de feux appropriés ;

• réduire au minimum et prévenir les conséquences à court et à long terme de la réduction de la végétation par l’incendie, telles que l’érosion du sol, les glissements de terrain, les inondations, la pollution des voies d’eau et la désertification.

Principe 7 Effets du feu sur les écosystèmes

Le feu devrait être géré de manière responsable du point de vue de l’environnement pour garantir un fonctionnement adéquat et des écosystèmes durables dans l’avenir.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• maintenir ou restaurer les régimes de feux appropriés afin d’augmenter la vigueur et la diversité des populations d’espèces et de communautés de flore et de faune autochtones dans les écosystèmes dépendants du feu ;

• protéger les écosystèmes sensibles au feu ;

• reconnaître que les brûlages dirigés localisés de manière stratégique ayant quelques impacts négatifs à court terme sur l’environnement peuvent être nécessaires pour la protection à long terme des paysages et des biens communautaires ;

• appliquer des principes de gestion de l’environnement et prêter attention à la prévention des perturbations environnementales résultant des activités de gestion des feux ;

• planifier les opérations de préparation au feu et d’extinction avec une vue holistique du paysage, prenant en considération les valeurs de l’héritage archéologique, historique, culturel et traditionnel ;

• promouvoir le rétablissement des processus écologiques en régénérant la flore et la faune naturelles qui auraient pu être menacés, endommagés ou éliminés par les opérations d’extinction du feu ;

• réduire au minimum et prévenir l’introduction et la propagation des plantes et animaux envahissants ou présentant un danger pour la pérennité des écosystèmes, des maladies des plantes, des insectes ravageurs et des contaminants biologiques après les feux ou les activités d’extinction ;

• mener des brûlages dirigés de manière à réduire au minimum la propagation d’espèces exotiques et à favoriser ou rétablir des espèces naturelles ou autres espèces préférée,.

C.4 Institutionnel

Principe 8 Législation et gouvernance

Toutes les activités de gestion des feux devraient être basées sur un cadre juridique et être appuyées par des politiques et des procédures claires.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• utiliser les principes directeurs et les actions stratégiques comme une base pour le développement et la mise en œuvre de la législation nationale ou locale ;

• mettre en œuvre tous les aspects des principes directeurs et des actions stratégiques appropriés à chaque régime de feux ;

• développer des directives pour le brûlage dirigé qui s’adaptent au cadre juridique et aux politiques ;

• reconnaître que la mise en œuvre des actions stratégiques peut avoir un impact sur, ou subir une influence d’autres secteurs tels que les forêts, l’agriculture, la conservation et la protection de l’environnement, la gestion de la qualité de l’air, la climatologie, l’hydrologie et la gestion de l’utilisation des terres dans un sens plus large ;

• réduire au minimum l’incidence des incendies de végétation causés par l’homme ;

• satisfaire les objectifs de gestion intégrée des terres tels que la gestion des ressources, de l’environnement et de la sécurité ;

• reconnaître le rôle prépondérant des gestionnaires fonciers en ce qui concerne les questions relatives au feu et aux autres utilisations de la terre.

Principe 9 Approche multi-parties prenantes

Une gestion des feux réussie requiert des approches participatives avec des responsabilités de direction et de gestion qui soient partagées de manière appropriée entre les propriétaires publics et privés, les services de lutte contre l’incendie et les populations locales intéressées.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• réduire au minimum les incidences des incendies ;

• faire se rejoindre des objectifs de gestion intégrée du territoire tels que la sécurité, et la gestion de l’environnement et des ressources ;

• reconnaître le rôle prépondérant des gestionnaires des territoires sur la question du feu ainsi que sur d’autres questions d’utilisation du territoire ;

• assurer une approche coordonnée pour une gestion efficace des feux dans les zones où de multiples organisations ou porteurs d’enjeux ont des responsabilités et des intérêts dans le programme de gestion des feux ;

• reconnaître et utiliser la connaissance, le leadership et l’expertise des citoyens locaux et des collectivités locales ;

• faire participer la population aux niveaux international, régional, national, sub-régional et local afin que les processus soient ouverts et accessibles aux gens de différentes origines et cultures (spécialement les communautés autochtones et rurales traditionnelles) ;

• encourager la participation inter-sectorielle au développement et à la mise en œuvre de plans, y compris les populations locales, les propriétaires fonciers, les services de secours, les services chargés de l’application de la loi,  les services médicaux, les organisations non gouvernementales et les médias ;

• admettre que les plans de gestion des feux et les occurrences du feu au niveau local peuvent avoir des impacts sur l’environnement au niveau international et mondial ;

• comprendre les différents contextes et les rôles des services de lutte contre l’incendie des milieux urbains et des constructions et les services de lutte contre l’incendie des espaces naturels et ruraux, et utiliser chacun d’eux au mieux sur la base des forces de chacun ;

• former et équiper des groupes de volontaires, des membres de collectivités ainsi que des travailleurs ruraux afin de renforcer leur rôle et leur efficacité dans les activités de gestion des feux.

C.5 Amélioration de la capacité de gestion des feux

Principe 10 Coopération

Peu d’États et aucune collectivité ou organisme n’a la capacité de gérer seul chaque situation. Comme les feux ont généralement une incidence sur plusieurs juridictions, les organismes devraient développer des accords de coopération pour réduire les impacts transfrontaliers.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• encourager l’utilisation de la terminologie, des systèmes et des normes communs pour améliorer la coopération internationale ;

• promouvoir les échanges permanents de connaissance, de technologie et de moyens afin de faciliter une intervention internationale rapide sur les incendies ;

• participer aux activités, forums, réseaux et organisations internationaux pour renforcer la capacité des entités nationales et internationales, et apporter une réponse internationale rapide ;

• utiliser des directives et exemples disponibles d’accords mis en œuvre avec succès en tant que cadre pour le développement d’instruments contraignants et non contraignants.

Principe 11 Transfert de connaissance

L’accès à la connaissance et son application appropriée sont essentiels dans toutes les activités de gestion des feux.

Les aspects de ce principe comprennent mais ne sont pas limités à :

• entreprendre une recherche scientifique de haute qualité en vue de la création de nouvelles connaissances et confirmer l’utilité de la connaissance pratique des pompiers pour appuyer la création ou l’amélioration des politiques, règlements, directives et pratiques ;

• développer un flux d’information dans les deux sens de sorte que les connaissances locales sur les aspects historiques et environnementaux de l’utilisation du feu puissent être reconnus et utilisés par les gestionnaires et les chercheurs ;

• fournir la connaissance appropriée et le développement de compétences au personnel concerné par la gestion des feux afin qu’il soit compétent dans ses rôles et ses tâches ;

• mettre en place une communication efficace et fournir un enseignement aux collectivités sur les questions de gestion des feux pour accroître la préparation et la réactivité de la population ;

• recueillir la connaissance locale traditionnelle et utiliser cette connaissance dans les aspects appropriés du programme de gestion des feux ;

• sensibiliser les populations locales et les personnes intéressées au fait que le feu appliqué et géré de manière appropriée peut apporter des bénéfices économiques, culturels et écologiques ;

• traduire le matériel technique, de recherche et scientifique, pour le rendre accessible et au niveau technique requis pour les responsables, les pompiers et les populations sur le plan local.


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