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Le bambou en Chine

Lian Tairan

LIAN TAIRAN est ingénieur forestier au Ministère chinois des forêts. Cet article a paru originellement dans China Reconstructs, revue internationale chinoise publiée à Beijing.

Un cinquième des bambous existant dans le monde se trouve en Chine soit 300 variétés occupant une superficie totale de 20000 km2. On ne peut guère voyager dans le pays sans en voir partout, sous une forme ou une autre.

L'emploi des bambous est surtout répandu au sud du Yang-tsê. Il n'est guère de maison où l'on ne trouve des objets faits de ce matériau: lits, chaises, coffres, paniers, balais, baguettes à riz et même chapeaux. Les bambous sont utilisés dans la construction de maisons, de clôtures, de ponts lancés au-dessus des torrents de montagne et de radeaux. Leur verdure et leur grâce embellissent les villages, les sites touristiques et les lieux historiques, tandis que leurs cépées vigoureuses affermissent les digues le long des fleuves.

Les pousses, succulentes, servent à confectionner des plats délicats; séchées, elles peuvent être consommées plus tard. Les feuilles fournissent un remède contre la fièvre, et le suc sécrété par les nœuds des tiges calme les nausées.

Nul ne saurait dire depuis combien de temps les Chinois utilisent le bambou. Il y a quelque 6000 ans, le caractère zhu désignant le bambou était gravé sur des poteries de la culture néolithique de Yangshao. Dans la province du Zhejiang (Tchö-kiang), il y a 4000 ans, on se servait de paniers en bambou. Avant l'invention du papier, les caractères chinois étaient écrits sur des lames de bambou les découvertes les plus anciennes faites à ce jour remontent à la période des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.). Dans le projet de conservation des eaux du Dujiangyan, vieux de 2000 ans et toujours en service dans la province du Sichuan (Set-chouan); des gabions en bambou remplis de pierres étaient utilisés pour retenir l'eau lors de la construction des digues et des barrages. Des tuyaux de bambou amenaient l'eau aux terres cultivées. Au cours du Ve siècle av. J.-C., on réduisait en pâte la partie intérieure des tiges de bambou pour en faire du papier. Au Xe siècle, des tubes de bambou étaient utilisés dans le mécanisme de mise à feu des canons.

D'innombrables variétés

La plupart des bambous se trouvent en Asie du Sud-Est, région chaude et humide, souvent balayée par les moussons. Le sud et le sud-est de la Chine, c'est-à-dire la région au sud du Yang-tsê, en font partie. Des peuplements luxuriants de nombreuses variétés différentes y couvrent de grandes étendues.

Deux espèces principales poussent bien en Chine, l'une dans les zones tropicale et subtropicale, formant des touffes denses à partir de rhizomes souterrains, l'autre dans la zone tempérée, poussant à partir des nœuds d'un long rhizome horizontal sous la forme de tiges clairsemées.

Sous la dynastie des Xi Jin (265-420), Dai Kaizhi mentionne 70 variétés dans son Registre des bambous. Parmi les 300 variétés reconnues en Chine de nos jours beaucoup sont rares ou peu communes, telles que le bambou géant Mao, le «bambou d'eau» aux tiges rectilignes, le gracieux bambou «queue de phénix» et le délicat bambou pourpre. Un bambou lianescent, qui atteint souvent 30 m de longueur, pousse dans les forêts tropicales de l'île de Hainan.

Un cinquième de la production mondiale de bambou est cultivé en Chine où l'on ne cesse de lui trouver de nouvelles utilisations

Le bambou tacheté (Phyllostachys bambusoides f. tanakae) présente des taches brun-jaune sur la tige et les branches. Cette espèce rare pousse dans la province du Hunan. Sa station est une réserve naturelle.

Sylviculture du bambou

Le bambou est économiquement intéressant du fait qu'il pousse vite, arrive rapidement à maturité et a un rendement élevé. Le bambou Mao atteint 20 m de hauteur en trois mois, et on peut l'exploiter entre quatre et six ans. Il peut donner à l'hectare jusqu'à 30 t par an. Sa croissance demande la moitié ou les deux tiers du temps nécessaire pour un bois ordinaire, et son rendement est double.

En 1949, le gouvernement, les instituts de recherche forestière et les planteurs de bambous entreprirent d'étendre les surfaces de bambouseraies. Vers la fin des années cinquante, des instituts de recherche firent des essais de variétés méridionales dans le nord de la Chine. Ils choisirent tout d'abord des versants ensoleillés dans la vallée du Huang-ho (fleuve Jaune), où l'eau est abondante. Ils réussirent finalement à acclimater le bambou Mao au nord du Yang-tsê et à le faire pousser jusque dans la province de Liaoning, dans les régions froides du nord-est. A l'heure actuelle, on trouve des bambous jusqu'à 40° de latitude. Beijing à elle seule en a 20 variétés.

Un organisme spécial de recherche scientifique, relevant du Ministère des forêts, travaille actuellement sur la sylviculture des bambous. Il vulgarise des méthodes modernes de culture, s'occupe de prévention des maladies et parasites, et entretient un certain nombre de pépinières de bambous, telles que celle de l'université de Zhongshan à Guangzhou (Canton), une plantation dans le jardin botanique de Hangzhou et un jardin à la Faculté d'agriculture du Henan (Ho-nan).

Dans le district d'Anji de la province du Zhejiang (Tchö-kiang), l'une des principales zones de culture des bambous, l'Académie des sciences forestières de Chine a créé un jardin de bambous de 15 ha renfermant une centaine de variétés rares en vue de l'étude, de la recherche et de l'enseignement. Au début des années soixante-dix, l'Institut de recherche forestière de la province du Guangdong (Kouang-tong) a mis au point un nouveau bambou hybride, baptisé chengmaging, en croisant le bambou Bambusa pervariabilis, résistant et élastique, avec Sinocalamus latiflorus, espèce à croissance rapide et à haut rendement, et avec Bambusa textilis, espèce tendre et flexible. La nouvelle race, qui allie un fort rendement et une qualité élevée à de bonnes caractéristiques de résistance et de souplesse, est utilisée dans la construction de maisons et la confection de cordages. Elle mûrit deux fois plus vite que les variétés ordinaires.

Les emplois du bambou ne cessent de s'étendre. Autrefois brûlé comme bois de feu, il entre maintenant dans des centaines de produits, depuis le contre-plaqué et les matières plastiques jusqu'aux meubles et autres articles durables. Dans les zones rurales, on l'emploie depuis longtemps pour construire des maisons. Dans les régions de minorités nationales du Sud, ces maisons reflètent souvent les particularités culturelles de leurs constructeurs.

Pour étendre l'usage du bambou, les services de construction en étudient les propriétés mécaniques. L'industrie moderne du bâtiment l'utilise pour les échafaudages. On en fait des tremplins de plongeon. Une nouvelle application intéressante est un béton armé utilisant le bambou à la place des barres d'acier.

The buffaloes of CHINA

par W. ROSS COCKRILL

Un nouvel aperçu du «tracteur vivant» - rôle passé, présent et futur du buffle dans l'agriculture chinoise... Ouvrage illustré de photographies en couleurs et de beaux dessins au trait.

N'existe qu'en anglais.

PUBLIÉ PAR LE COMITÉ AUSTRALIEN DE LA CAMPAGNE MONDIALE CONTRE LE FAIM ET L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE


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