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ANNEXE 13
Revue des sites potentiels pour l'aquaculture dans les eaux continentales tunisiennes

par

M.M.J. Vincke

Les sources d'approvisionnement en poissons d'eau douce et d'eau saumâtre (eaux continentales) sont les retenues artificielles ou barrages, les retenues collinaires, les petits étangs du nord tunisien, certains lacs salés, les sources et réservoirs d'oasis, les forages (artésiens ou pompés), les bassins de stockage d'eau d'irrigation et les étangs de pisciculture des stations expérimentales.

1. Les barrages

Durant les dernières décades, de nombreux barrages à usages multiples ont été construits en Tunisie, aussi bien pour satisfaire les besoins en eau potable et industrielle des agglomérations urbaines (Tunis, Sousse, Monastir) que pour produire de l'énergie électrique, irriguer des cultures, régulariser des cours d'eau et réduire les dégâts causés par les inondations périodiques.

Certains de ces barrages ont été empoissonnés, mais à une échelle très réduite. La production piscicole de l'ensemble des barrages tunisiens est très faible, alors que leur potentiel est relativement élevé. La mission a visité les barrages suivants: Nebhana (7.4.82), Bourguiba-Sidi Saad (7.4.82), Kasseb (19.4.82), Bou Heurtma (19.4.82), Mellègue (20.4.82) et Sidi Salem (20.4.82). Elle a rassemblé les renseignements et les données de base nécessaires à la préparation d'un plan de développement de la pêche et de l'aquaculture dans les principaux barrages du pays. La liste de ces retenues artificielles et leurs caractéristiques se trouvent au tableau 1.

Une description sommaire des principaux barrages est donnée ci-après.

1.1 Barrage de Ben Métir

Le barrage de Ben Métir a été construit en 1954, sur l'oued El Lil, au sud-ouest d'Aïn Draham. Le barrage, d'une hauteur de 60 m, est composé de trois parties: la partie centrale qui est un barrage poids évidé à confreforts indépendants; l'aile droite qui est un barrage poids et l'aile gauche constituée d'un barrage à enrochements.

La crête du barrage est à la côte 441 et la longueur totale du couronnement est de 483 m.

La superficie du bassin versant est de 108 km2. Avec une précipitation moyenne annuelle de 1 200 mm, le débit annuel moyen est de 60 millions de m3. Résidu sec: 1 g/1.

La retenue maxima est à la côte 440 et à ce niveau la superficie du réservoir est de 350 ha, avec une capacité totale de 73 millions de m3. Le débit de l'évacuateur de crues qui se trouve à la côte 425, est de 610 m3/s. Le débit total des deux vannes de fond est de 380 m3/s.

L'envasement du réservoir est minime et il n'y a pratiquement pas de sédiment du fait qu'une grande partie du bassin versant se trouve en forêt.

Le réservoir de Ben Métir approvisionne Tunis (120 000 m3/jour) et sert à l'irrigation de la basse vallée de la Medjerda. Il y a également une centrale électrique produisant 20 millions de Kw/h.

Tableau 1

Retenues de barrage - caractéristiques générales

BarragesGouvernoratsAnnée d'achèvementSuperficie (ha) à la côte normaleCapacité de la retenue à la côte normale
(millions m3)
Ben MétirJendouba1954290  57,2
BezirkCap Bon1959102    6,5
Bir M'ChergaZaghouan1971   705 1  52,9
Bou HeurtmaJendouba1976894117,5
ChibaCap Bon1963   272 2    7,8
Gdir el GoulaTunis1968    7    2,8
KassebBéja1969437  81,9
LakhmessKef1966   102 3    8,0
MasriCap Bon1965  95    6,9
MellègueKef19551 472 4267,7
NebhanaKairouan1968532  87,2
Sidi SaadKairouan19829 000   200,0
Sidi SalemBéja19824 300   555,0
Superficie totale: 18 208 ha

Notes: 1 volume de 52,9 millions de m3, vraisemblablement à la côte 122,50 (retenue normale)

2 272 ha à la côte de retenue normale de 78 m (= volume: 4 millions de m3). Selon l'EGTH (Etudes et Grands Travaux Hydrauliques), la superficie ne serait que de 142 ha (= volume: 7,8 millions de m3)

3 102 ha à la côte de retenue normale 517

4 770 ha à la côte moyenne de 250. Selon l'EGTH, la superficie serait de 1 472 ha à la côte de retenue normale, avec une capacité de 267,7 millions de m3.

Faune ichthyologique: nombreux barbeaux. On y a déversé du black-bass en 1965 (Rhouma, 1975) et de la truite arc-en-ciel (1 050 truitelles en 1967, Nasfi, 1976). Ces déversements n'ont pas été suivis et il n'est pas possible de dire si ces introductions ont été un succès. Le réservoir n'est pas exploité actuellement.

1.2 Barrage Kasseb

Le barrage construit sur l'oued Kasseb à 22 km à l'ouest de Béja, a été mis sous eau en 1969. Le barrage voûte de 57,6 m de hauteur et de 245 m de développement en crête, a créé une retenue d'une capacité utile de 80 millions de m3 d'eau douce, à la côte 292. A cette côte, la superficie de la retenue est de 437 ha, avec une profondeur de 57 m. Le niveau est assez constant, avec des fluctuations d'environ 5 m.

L'eau accumulée dans le réservoir est destinée à l'alimentation en eau potable de la ville de Tunis et ne sert donc pas à l'irrigation.

Le bassin versant est rocheux et relativement bien boisé ce qui fait qu'il n'y a pas de transports importants, que l'envasement est minime et que le barrage n'est pas équipé d'une vanne de dévasement.

Le déversoir a une longueur de 51 m et un débit maximum évacué de 460 m3/seconde. Depuis sa mise sous eau, le déversoir du barrage Kasseb n'a fonctionné que deux fois, mais plus aucune fois depuis 1973.

Une usine hydro-électrique d'une puissance installée de 660 Kw est implantée à 400 m en aval du barrage. Cette usine est alimentée par une conduite forcée d'un diamètre de 1 250 mm. L'énergie produite en année moyenne est de 3 600 000 Kw/h.

A la sortie de l'usine (bassin de restitution), une conduite d'adduction amène l'eau du barrage Kasseb au réservoir (7 ha), et à l'usine de traitement des eaux de Gdir El Goulla, à proximité de Tunis. Le débit au départ du barrage Kasseb est pratiquement constant: 108 000 m3 par jour.

Faune ichthyologique: de nombreux barbeaux se trouvent près de la tour de prise. Le gardien du barrage en capture régulièrement à la ligne. Comme nous avons pu le constater lors de notre visite, ce sont des spécimens de 25 à 30 cm. Le gardien les consomme frits. La plus grosse prise a été un barbeau d'environ 3 kg.

La carpe commune a été déversée dans le barrage Kasseb en 1974–75, mais personne n'en a jamais capturé.

Ce réservoir n'est pas exploité par l'O.N.P.

1.3 Barrage de Bou Heurtma

Le barrage du type barrage par enrochement, se trouve à 18 km au nord-est de Bou Salem. Il est alimenté par les eaux des oueds Guezala et Ellil. Il est à noter que l'Oued Ellil alimente déjà le barrage de Ben Métir qui se trouve près de Aïn Draham et qu'une partie des eaux de Ben Métir sont récupérées à Bou Heurtma.

Les travaux de construction ont commencé en 1972 et se sont terminés en 1976, avec le concours financier de la République Fédérale Allemande (7 millions de Dinars tunisiens).

Le barrage, mis sous eau en 1976, a une hauteur au-dessus de l'oued de 44 m. La crête de la digue se trouve à la côte 228. L'évacuateur de crues avec seuil déversant est à la côte 221. Son débit est de 2 500 m3/s. Le bassin versant a une superficie de 45 000 ha.

La capacité à retenue normale (à la côte 221) est de 117 millions de m3 et la superficie du réservoir est alors de 800 ha. Généralement les fluctuations du niveau de l'eau n'excèdent pas 2 à 3 m.

L'eau était pratiquement à la côte 221 lors de la visite de la mission (19.4.82), mais le déversoir ne fonctionnair pas.

Le barrage est muni d'une vanne de fond dont le débit est de 160 m3/s. Le débit de la conduite de prise d'eau est de 2,6 m3/s. La conduite d'irrigation a un diamètre de 1 600 mm.

L'apport d'eau moyen annuel attendu est de 75 millions de m3 et l'apport utilisable net est de 60 millions de m3. Selon les renseignements obtenus au C.T.D.A. de Jendouba, l'utilisation actuelle pour l'irrigation par conduite est de 20 à 30 millions de m3/an.

On opère également des lâchures annuelles de 15 à 20 millions de m3 directement dans l'oued Medjerda. Ces lâchures permettent aux agriculteurs d'irriguer leurs terres par pompage direct dans l'oued.

L'irrigation est prévue sur 18 000 ha mais seulement 10 000 ha sont irrigués actuellement. L'Office de Mise en Valeur du périmètre de Jendouba (OMVPI) gère l'eau dans les 6 périmètres. Les principales cultures irriguées sont l'assolement céréales-fourrages, les betteraves sucrières, les agrumes et quelques cultures maraîchères.

Faune ichthyologique: le réservoir Bou Heurtma n'a pas encore été stocké et l'on y trouve seulement des barbeaux. Le réservoir n'est pas exploité par l'O.N.P.

1.4 Barrage Mellègue

Le barrage Mellègue, ou barrage de Nebeur, a été construit en 1949–1956 sur l'Oued Mellègue, à environ 7 km à l'Oued de Nebeur. La mise en eau s'est effectuée en 1956.

L'Oued Mellègue prend sa source en Algérie et son bassin versant a une superficie de 10 200 km2. La pluviométrie moyenne annuelle est de 400 mm et l'apport annuel moyen est de 150 millions de m3.

Le barrage, du type voûtes multiples de grande portée, a une hauteur au-dessus du niveau de l'oued de 65 m (côte 270). Sa longueur en crête est de 470 m. Le déversoir, du type saut de ski avec étalement de la lame, a un débit maximum prévu de 5 400 m3/s.

Il y a généralement deux périodes de crues: de septembre à novembre et de février à fin avril et parfois jusqu'au 15 mai. Le déversoir de barrage Mellègue n'a plus fonctionné depuis 1973.

A la côte 270 (côte maximum de la retenue) le réservoir a une superficie de 1 600 ha et la longueur de la retenue est de 18 km.

A la côte moyenne 250, la superficie de la retenue est de 770,5 ha, avec une profondeur de 45 m.

Les prises d'eau de la centrale électrique se trouvent aux côtes 216 (prise d'eau basse) et 240 (prise d'eau haute) avec un débit de 25 m3/s.

L'envasement du réservoir est important et pose de sérieux problèmes. Les eaux de l'Oued Mellègue sont très boueuses, surtout en périodes de crues. La quantité maximum enregistrée a été de 120 g de sédiments par litre. Le barrage est équipé de deux vannes de dévasement (extracteur de vase système S.E.G.T.P.) fonctionnant à la côte 207. Il y a également deux vannes de fond d'un débit total assuré de 600 m3/s.

Le barrage sur l'Oued Mellègue a été crée à trois fins: la régularisation interannuelle de l'Oued Mellègue, l'irrigation de la basse vallée de la Medjerda et la production d'électricité (possibilité annuelle: 5 millions de Kw/h).

L'eau d'irrigation est lâchée directement dans l'oued d'où elle est pompée par les agriculteurs.

Les eaux du réservoir sont relativement douces en périodes de crues avec un résidu sec de l à 1,5 g/l, mais à l'étiage la salinité augmente et atteint alors 2 à 2,5 g/litre.

Faune ichthyologique: les barbeaux sont assez abondants. Le réservoir a été empoissonné par l'O.N.P. en 1964. On y a déversé des carpes communes, des mulets et du black-bass. Depuis 1964, le réservoir est exploité par l'O.N.P. (Rhouma, 1975 et 1978).

Selon les renseignements obtenus sur place, le black-bass est une espèce très appréciée, mais très rare, sans doute à cause de la forte turbidité des eaux. La carpe commune ne se serait pas installée, vraisemblablement pour les mêmes raisons. Les mulets se sont très bien adaptés et parfois on capture, à la ligne, des exemplaires de 3 à 4 kg. Ce mulet est fort apprécié, mais selon certains consommateurs, son goût serait légèrement différent de celui élevé en eaux saumâtres.

Exploitation piscicole du réservoir: se fait par l'O.N.P. La production a atteint 5,2 tonnes en 1968 et 2,4 tonnes en 1970 (Rhouma et El Ouaer, 1978). Les captures des années 1979–81 se trouvent au tableau 2.

Tableau 2: Barrage Mellègue. Production annuelle

AnnéeQuantité (kg)Valeur (dinars)
1979  4 920 2 683
198011 47115 381
1981 4 431  8 826

Source: Service de l'Informatique. Office National de la Pêche (ONP)

Des données concernant la composition des captures, les techniques de pêche et la commercialisation se trouvent à la section 3.

1.5 Barrage Sidi Salem

Le barrage, en cours de finition, est situé à 24 km au nord-ouest de Testour, sur l'Oued Medjerda.

Le barrage, d'une hauteur de 57 m, est du type digue à noyau central vertical en argile et à recharges en matériaux marno-greseux et argilo-sableux. La longueur en crête est de 340 m. La crête est à la côte 122.

La capacité à retenue normale (= côte 110) est de 555 millions de m3 pour une superficie de 4 300 ha.

Le barrage est équipé d'un évacuateur de surface en béton pour les crues exceptionnelles d'une capacité d'évacuation d'environ 4 200 m3/s. L'évacuateur des crues courantes et la prise d'irrigation se trouvent à la côte 70 avec un débit maximal de l'évacuateur d'environ 760 m3/s.

L'aménagement de Sidi Salem est à buts multiples:

  1. irriguer environ 10 600 ha de périmètre à créer dans les régions de Testour, Medjez El Bab et du Cap Bon;

  2. sauvegarder quelques 6 000 ha d'agrumes des périmètres existants du Cap Bon;

  3. améliorer la production agricole d'environ 38 000 ha de la basse vallée de la Medjerda;

  4. contribuer à satisfaire les besoins en eau potable et industrielle de l'agglomération urbaine de Tunis, du Cap Bon et de Sousse;

  5. fournir de l'énergie électrique (puissance 20 MW).

1.6 Barrage Nebhana

L'ouvrage de Nebhana, qui se trouve à environ 23 km au nord-ouest de Sbikha, est un barrage poids en terre et enrochement avec noyau d'argile et recharge amont en terre, construit sur l'Oued Nebhana. La construction du barrage a débuté en 1965 et la mise sous eau s'est effectuée en 1968–1969. Le barrage a une hauteur de 62 m et une longueur en crête de 500 m (côte 237,5). Le niveau des plus hautes eaux est à la côte 230. A cette côte la retenue est de 86 millions de m3 et la superficie est de 532 ha. La côte 230 n'a été atteinte qu'au début des années 70 et depuis 1973–74 il n'y a plus eu de crues et le déversoir n'a plus fonctionné.

Le débit maximum de l'évacuateur est de 3 900 m3/seconde. Le débit de la prise d'eau est de 2,2 m3/s. La salinité est d'environ 1 g/litre.

Lors de la visite de la mission (7.4.82), le niveau de la retenue était à côte 215 avec une profondeur de 40 m. L'eau était assez claire, bleuâtre et la température de surface était de 12,8°C. La nappe d'eau s'étend actuellement jusqu'à 7 km en amont du barrage et le volume d'eau n'est plus que 1 de la capacité totale. Le déficit en eau est pratiquement permanent depuis 1978.

L'évaporation est assez intense (1,60 à 2 m par an), de l'ordre de 5 à 10 millions de m3/an, et les pertes d'eau sont d'environ 15 millions de m3/an. L'envasement important de la retenue pose également de nombreux problèmes.

Les périmètres irrigués de l'aménagement du Nebhana. L'eau du réservoir de Nebhana est amenée en conduite fermée jusque dans la région de Sousse, de Monastir et de Bekalta (134 km) et sert à l'irrigation de 13 périmètres d'une superficie totale de 5 000 ha.

L'Office de mise en valeur du Nebhana (OMIVAN) a sa direction générale à Sousse. La Direction Régionale de Sbikha est responsable des périmètres de Sbikha (1 164 ha irrigués) et de Fadeloun (161 ha) et emploie 26 personnes, dont 20 font l'entretien du réseau d'irrigation et 6 personnes qui s'occupent de la vulgarisation.

La section de vulgarisation a un programme de crédit en nature (engrais, produits pour traitement phytosanitaire, etc.) et pour 1982 le crédit s'élève à 25 000 dinars. Le taux de recouvrement des prêts est de l'ordre de 75%. La section de vulgarisation a également créé une coopérative de services mais qui a des problèmes de fonctionnement.

L'arboriculture (abricotiers et agrumes) est la principale spéculation dans les périmètres de Sbikha et de Fadeloun. Au début du projet de mise en valeur le débit pour l'irrigation du périmètre de Sbikha était de 500 1/s. Les investissements accrus en agriculture irriguée ont augmenté les besoins en eau et aggravé le déficit existant depuis 1978, et actuellement on ne dispose plus que de 350 l/s pour irriguer le même périmètre. L'eau d'irrigation est donc rationnée à un certain nombre de m3 par hectare et par semaine. Au moment des pluies (octobre à mars) on n'irrigue plus les arbres fruitiers et de juillet à mi-novembre, on n'alimente pas la région de Sousse.

Pour augmenter le volume d'eau d'irrigation dans le secteur de Sbikha, on a installé quatre forages, tous pompés, qui se déversent directement dans les buses d'irrigation, en passant chacun par un bassin collecteur et à ciel ouvert d'environ 20 m3. Ces collecteurs se vident et se remplissent, d'une manière irrégulière, en fonction des besoins en eau d'irrigation, et ne peuvent pas être utilisés pour l'aquaculture.

En 1981, l'OMIVAN a vendu 8 millions de m3 d'eau aux agriculteurs à un prix qui varie de 4 à 12 millimes le m3, selon la distance de transport de l'eau.

Faune ichthyologique du réservoir Nebhana: les barbeaux sont assez abondants. En 1967 on y a déversé 73 carpes communes, 550 tanches (Tinca tinca) et 22 truites arc-en-ciel (Salmo gairdneri) (Nasfi, 1976). Aucune de ces espèces introduites ne se retrouve en 1980 dans les pêches de l'ONP.

La retenue Nebhana est exploitée irrégulièrement par l'ONP qui n'y a effectué des pêches qu'en avril, mai et juin 1980. La production totale de ces trois mois a été de 8 872 kg, dont 8 778 kg de barbeaux, 52 kg de mulets, 18 kg de saupes (Boops salpa) et 24 kg de divers.

D'autres informations concernant la pêche dans la retenue Nebhana se trouvent à la section 3.

1.7 Barrage Bourguiba - Sidi Saad

Ce barrage, implanté sur l'Oued Zéroud, est en cours de finition et sera réceptionné provisoirement en juin 1982. La fermeture s'est effectuée en février 1982 et lors de la visite de la Mission (7.4.1982), la profondeur d'eau en face du barrage atteignait déjà 12,50 m à la côte 244,5.

A retenue normale (côte 282), la profondeur sera de 40 m. A ce niveau, la retenue aura une superficie de 9 000 ha et le débit sera de 200 millions de m3. Entre les côtes 230 et 270, il y aura un volume d'environ 120 millions de m3 dont on va disposer de la manière suivante:

-évaporation et réserves60 millions de m3
-irrigation25 millions de m3
-alimentation de la nappe35 millions de m3

La retenue est alimentée par deux oueds: l'Oued El Hateb, dont l'eau a un résidu sec de 3 à 4 g/l, et l'Oued El Hadjed dont la salinité atteint 9 g/l à l'étiage. Cette salinité sera moins élevée (entre 1,5 et 3 g/l) en période de crues (septembre à fin décembre).

Le barrage permettra, d'une part, de régulariser le débit de l'Oued Zéroud et d'éviter les inondations dans la région de Kairouan et, d'autre part, d'alimenter la nappe d'eau et d'irriguer 4 000 ha. Une étude est en cours pour l'irrigation d'un premier périmètre de 1 200 ha.

L'irrigation ne se fera que de janvier à août et l'eau sera stockée au moment des crues.

Faune ichthyologique: présence d'espèces autochtones, particulièrement de barbeaux. Aucun déversement d'espèces introduites ou de mulets n'a été effectué dans l'Oued Zéroud.

1.8 Barrage Lakhmess

Ce barrage a été construit en 1966, sur l'Oued Lakhmess, à environ 15 km au sud-est de Siliana. Le barrage fait partie de l'aménagement hydro-agricole de la plaine de Siliana.

La superficie du bassin versant est de 131 km2 à laquelle il faut ajouter la suralimentation par les 32 km2 du bassin versant de l'Oued Bou Abdallah. L'apport annuel moyen est de 6 millions de m3 d'eau douce (résidu sec: 0,5 g/1; Rhouma et El Ouaer, 1978). La capacité maxima du réservoir est de 14 600 000 m3 avec un volume annuel prévu pour l'irrigation de 7 millions de m3. Le débit maximum de l'évacuateur est de 1 000 m3/s.

L'ouvrage sur l'Oued Lakhmess est un barrage homogène en terre d'une hauteur de 32 m (côte 525,50 m) et la longueur de la crête est de 660 m. A retenue normale, à la côte 517, le réservoir a une superficie de 102 ha.

Le réservoir, par une conduite enterrée en béton armé, centrifugé et précontraint d'un diamètre de l m, alimente le périmètre irrigué de Siliana d'une superficie totale de 1 120 ha, dont 864 ha de cultures annuelles et 256 ha d'arboriculture.

Faune ichthyologique: peuplement naturel. Pas de renseignements disponibles au sujet d'éventuels empoissonnements. Ce réservoir n'est pas exploité actuellement.

1.9 Barrage de Bir M'Chergua

Le barrage de Bir M'Chergua, situé à environ 47 km au sud-ouest de Tunis (route Tunis-El Fahs), a été construit en 1971 sur l'Oued Méliane.

L'ouvrage est un barrage homogène homogène en terre de 43 m de hauteur à la côte 137,50. La longueur en crête est de 1 300 m et la capacité maxima de la retenue est de 130 millions de m3. La retenue normale, à la côte 122,50 a une superficie de 705 ha.

Le barrage de Bir M'Chergua a été crée pour régulariser le cours de l'Oued Méliane et éviter les inondations des plaines au sud-est de Tunis. L'eau est lâchée directement dans l'Oued Méliane par une conduite qui se déverse dans l'ouvrage de restitution.

Faune ichthyologique: essentiellement des barbeaux et quelques anguilles (Anguilla anguilla). Pas de renseignements disponibles au sujet d'éventuels empoissonnements. Cette retenue est exploitée irrégulièrement par l'ONP, qui y a pêché à quatre reprises en 1980 (mois de mars, avril, mai et août). Les captures totales de ces quatre mois s'élèvent à 3 485 kg, dont 3 405 kg de barbeaux et 80 kg d'anguilles.

1.10 Barrage Bezirk

La retenue de Bezirk se trouve à 5 km au nord de Menzel Bou-Zelfa, sur l'Oued Bezirk. Ce barrage, tout comme celui de Chiba, fait partie du programme de mise en valeur du Cap Bon. Le barrage de Bezirk a été construit en 1959.

Le barrage de Bezirk, d'une hauteur de 22 m et d'une longueur en crête de 280 m (côte 59), est en terre avec noyau central en argile. La retenue a un volume de 6 millions de m3 et une superficie de 102 ha. L'évacuateur a un débit de 300 m3/s. L'eau a une salinité moyenne de 1,6 g/1 (Rhouma et El Ouaer, 1978). Les eaux du réservoir et de 4 forages alimentent le périmètre d'irrigation de Menzel Bou-Zelfa d'une superficie irrigable de 2 000 ha, dont 1 500 ha plantés en agrumes.

L'eau des forages est pompée dans deux bassins de stockage d'une capacité totale de 9 000 m3. L'eau distribuée annuellement par 80 km de conduites est d'environ 5 millions de m3 dont 1 million de m3 provenant des forages.

Faune ichthyologique: peuplement naturel. Pas de renseignements disponibles concernant d'éventuels empoissonnements. Ce réservoir n'est pas exploité actuellement.

1.11 Barrage Chiba

Ce barrage en terre a été construit en 1963 sur l'Oued Chiba, à environ 15 km au nord-ouest de Korba (Cap Bon).

L'aménagement de Chiba fait partie du programme de mise en valeur du Cap Bon.

Le barrage de Chiba a une hauteur de 26 m et une longueur en crête de 220 m. A retenue normale (côte 78), le volume de la retenue est de 4 millions de m3 pour une superficie de 272 ha. L'eau a une salinité moyenne de 1,5 g/l. Le débit de l'évacuateur de crues est de 270 m3.

En plus de l'eau du réservoir, 4 forages se déversent dans 4 bassins de stockage d'un volume total de 15 000 m3 et alimente les conduites d'irrigation (80 km de longueur).

Le périmètre irrigable par le barrage sur l'Oued Chiba couvre 1 200 ha, dont 1 000 ha pour primeurs et 200 ha pour agrumes. L'eau distribuée annuellement s'élève à 5 millions de m3 dont 4 millions de m3 proviennent du réservoir et 1 million de m3 des forages.

Faune ichthyologique: peuplement naturel. Pas de renseignements disponibles au sujet d'éventuels déversements d'alevins d'espèces introduites ou autochtones. Ce réservoir n'est pas exploité actuellement.

1.12 Barrage-Réservoir de Gdir El Goulla

Ce barrage-réservoir, construit en 1968, se trouve à environ 15 km à l'ouest de Tunis. Il réceptionne les eaux, arrivant sous conduite, du barrage Ben Metir et du barrage Kasseb, avant de passer à l'usine de traitement des eaux qui alimente Tunis.

Le barrage a une longueur en crête de 680 m et une hauteur de 27 m. Le volume de la retenue utile est de 2 800 000 m3 pour une superficie de 7 ha.

Faune ichthyologique: pas de données disponibles.

1.13 Barrage Masri

Le barrage sur l'Oued Masri a été construit en 1965. Il se trouve à environ 10 km au sud de Grombalia.

L'aménagement sur l'Oued Masri est composé de deux barrages: la retenue collinaire sur l'Oued Tahouna (capacité 800 000 m3) dont l'eau est dérivée, par une conduite, dans la retenue Masri et le barrage Masri lui-même. C'est un barrage en terre, d'une hauteur de 38 m (côte 166) et une longueur en crête de 290 m. A retenue normale (côte 161) le volume d'eau est de 7 millions de m3 pour une superficie de 95 ha. Le débit de l'évacuateur est de 300 m3/s.

Le barrage de Masri a été créé pour l'irrigation d'agrumes dans les périmètres irrigués de Beni-Khaled (1 800 ha) et de Bou-Argoub (300 ha). Le volume d'eau distribué annuellement est de 4 millions de m3.

Faune ichthyologique: pas de données disponibles.

2. Les retenues collinaires

Les retenues collinaires sont des plans d'eau de capacité relativement réduite et dont la superficie varie entre 0,5 ha et une dizaine d'hectares. Ces retenues d'eau sont créées par la construction de digues en terre, barrant des têtes de vallées relativement encaissées, immédiatement en aval de sources. Les eaux qui s'accumulent ainsi en amont de ces petits barrages, servent généralement à l'irrigation des terres immédiatement en aval de la retenue.

Les eaux des retenues collinaires sont assez claires, généralement douces et potables. Cependant, certaines retenues ont une faible salinité (résidu sec entre 0,9 et 2,8 g/l).

Il existe actuellement une quinzaine de retenues collinaires surtout dans le nord et dans la presqu'île du Cap Bon. La liste et les principales caractéristiques de ces retenues collinaires se trouvent au tableau 2.

Le 19 avril 1982, la Mission a visité des retenues collinaires: Nacherine, Réhib, Beni Atta et Caab Ed Doud et a rassemblé les données disponibles concernant les autres retenues collinaires.

Tableau 2: Retenues collinaires. Caractéristiques générales

Nom du barrageLocalisationCapacité à la côte normale 106 m3Surface correspondante (ha)Résidu sec (g/1)
GouvernoratOued
Beni AttaBizerteBeni Atta0,2  5,601,1
NacherineBizerteNacherine0,415,102,8
RehibBizerteRehib---
Chaab El DoudBizerteChaab El Doud0,5  8,102,5
NechmaBizerteEl Nechma0,4  6,00-
MallahaBizerteMallaha0,3--
Abdel MonamNabeulAbdel Monam1,131,000,9
MlaabiNabeulMlaabi3,598,000,9
TahounaNabeulTahouna0,912,50-
Hammam BourguibaJendoubaChabat Roualine0,4  5,60-
BadrounaJendoubaJenane Zitoun0,2--

Source: Direction des Etudes et Grands Travaux Hydrauliques (E.G.T.H.) Division des barrages (1982)

2.1 Retenue collinaire Nacherine

Cette retenue qui a été érigée en 1962–63 se trouve à environ 21 km au sud de Bizerte, sur la route Bizerte-Tunis. La digue est en terre avec la pente intérieure recouverte de moellons; la pente extérieure (aval) est engazonnée. La digue, d'une hauteur de 14 m, est équipée d'un déversoir en béton. Le seuil du déversoir est à environ 9 m au-dessus du fond. Quand le réservoir est plein (9 m de profondeur), la superficie de retenue est d'environ 14 ha. Au niveau moyen, la profondeur est d'environ 2,50 m.

La retenue est alimentée par une source et par les pluies. L'eau stockée sert à l'irrigation mais lors de la visite, la vanne de la conduite était fermée. Certains agriculteurs pompent directement dans le réservoir pour irriguer leurs cultures, après avoir obtenu une autorisation du Ministère de l'Agriculture.

D'après Rhouma et El Ouaer (1978), des carpes communes ont été déversées dans la retenue Nacherine en 1976. On y trouve également des barbeaux. Selon le gardien du barrage, cette retenue a été pêchée deux fois par une équipe de l'ONP qui y a capturé des carpes. Comme tout le poisson a été ramené à Tunis, il n'a pas pu consommer de carpes.

Les statistiques de l'ONP mentionnent une seule pêche en juin 1980. On y a capturé 28 kg de poisson, dont 16 kg d'anguilles et 12 kg classés dans la rubrique “divers”.

2.2 Retenue collinaire Rehib

La construction de cette retenue a débuté en 1981 et est actuellement en cours de finition. Le barrage se trouve à environ 1,5 km au sud du village Ali Chebab (route d'El Alia à Metline). Le barrage est en terre avec la pente amont recouverte de moellons. Le déversoir est en cours de construction.

La retenue, qui aura une profondeur d'environ 5 m, servira à stocker l'eau des pluies qui sera relâchée dans l'oued d'où les agriculteurs la reprendront par pompage.

2.3 Retenue collinaire Beni Atta

Le barrage, d'une hauteur de 13 m, a été construit en 1963. Il se trouve à environ 2 km au sud du village de Béni Atta, sur l'oued du même nom. Le seuil du déversoir se trouve à 10,50 m au-dessus du fond. A noter que le déversoir n'a fonctionné que trois fois depuis 1963.

Lors de la visite, la profondeur était de 7,50 m et à ce niveau la superficie de la retenue était d'environ 3 ha. La retenue est alimentée par une source permanente et par les eaux de pluies. L'eau, qui a un résidu sec de 1,1 g/l, sert à l'irrigation et est transportée par conduites jusque dans les champs. Les vannes d'alimentation sont munies de compteurs d'eau. La vanne à la sortie de la retenue est ouverte en juillet et débite jusqu'à ce qu'il ne reste qu'environ 1,50 m d'eau au-dessus de la prise d'eau (généralement en septembre-octobre).

La retenue est peuplée de barbeaux et vers les années 1977–78 on y a déversé quelques grosses carpes miroir en provenance de la retenue Nacherine. Ces carpes se sont reproduites et, selon les personnes interrogées sur place, il y aurait maintenant des carpes de 5 à 10 kg. Ces personnes ont mangé de la carpe frite à l'huile d'olive et l'ont appréciée.

Certaines années, aux basses eaux (septembre-octobre), il y a eu des mortalités. Les poissons, et notamment des carpes, ont pourri sur place, dégageant une odeur nauséabonde dont se souviennent les villageois.

Ce réservoir n'a pas été pêché jusqu'à présent, malgré l'existence d'un peuplement de carpes miroir relativement abondant. Les personnes interrogées sur place n'ont exprimé aucune réticence quant à consommer des poissons d'eau douce et particulièrement de la carpe miroir, même si elles ont exprimé une préférence pour le mulet. Les gens se demandent pourquoi la pêche est interdite dans la retenue.

2.4 Retenue collinaire Chaab Ed Doud

Le barrage, d'une hauteur de 21 m a été construit en 1964. Cette retenue se trouve à 5 km à l'ouest de celle de Beni Atta, sur la route Beni Atta-Ras El Djebel. A la côte de retenue maximum, la profondeur est de 19 m avec une capacité de 5 000 m3. Il y aurait déjà une couche de sédiments d'environ 10,45 m d'épaisseur dans le réservoir. Lors de la visite (29.4.82) la profondeur était de 12,45 m et la superficie sous eau était d'environ 5–6 ha. L'eau du Chaab Ed Doud aurait un résidu sec de 2,5 g/l (Rhouma et El Ouaer, 1978). La retenue est alimentée uniquement par les pluies.

L'eau de la retenue sert à l'irrigation par conduites enterrées amenant l'eau sur les champs. Les retenues de Beni Atta et Chaab Ed Doud sont interconnectées et irriguent 130 ha du périmètre de Ras El Djebel.

Le réservoir n'est jamais mis complètement à sec pour éviter l'envasement des conduites.

Selon le gardien du barrage, quelques barbeaux peuplent la retenue mais aucun empoissonnement n'y a été effectué jusqu'à présent, sauf en 1980 où il y a eu un déversement de Gambusia (vraisemblablement G. holbrookii) pour lutter contre les moustiques. Rhouma (1975) signale que l'INSTOP a mis des carpes miroir dans la retenue en 1973. Il est probable que ces carpes ne se sont pas installées, car le gardien du barrage n'en a jamais vu.

Par contre, les Gambusia se sont bien acclimatés et se reproduisent abondamment. Il y a aussi de nombreuses grenouilles et des sangsues.

La retenue Chaab Ed Doud n'est pas exploitée jusqu'à présent par l'ONP.

2.5 Retenue collinaire Nechma

Se trouve à environ 5 km au sud de la retenue Chaab Ed Doud et n'aurait pas encore été empoissonnée. Cette retenue a été pêchée une fois par l'ONP, en Mars 1981. On y a capturé 72 kg, uniquement du barbeau qui a été transporté et commercialisé à Tunis.

3. La pêche dans les retenues de barrages et retenues collinaires

Le peuplement piscicole de la majorité des barrages du nord et du centre de la Tunisie est composé des espèces autochtones suivantes: Aphanius fasciatus, A. ibericus, Atherina mochon, Barbus barbus, B. callensis, Leuciscus hispanicus, Phoxinellus sp. et Pseudophoxinus chaignoni (Nasfi, 1976 et Zaouali, 1979). A l'exception des barbeaux qui atteignent une taille de 40 cm, les autres espèces ne dépassent pas 10 cm. Dans certaines retenues artificielles il y a également des anguilles (Anguilla anguilla) et différentes espèces de mulets qui y ont été introduites par l'INSTOP et l'ONP.

Zaouali (1979) mentionne également que Alosa fallax algeriensis migre de la mer vers les eaux continentales au moment de la reproduction qui se fait en eaux douces. Cette espèce ne fait que de courts séjours dans les eaux intérieures, elle est peu abondante et sa chair est assez peu estimée par les consommateurs locaux. Il n'est pas certain que cette Alose a pu se trouver dans les retenues au moment de la fermeture des barrages.

A ces espèces autochtones, il faut ajouter les mulets qui se sont très bien acclimatés dans les retenues de Mellègue et de Nebhana, et les espèces introduites qui ont été déversées dans un certain nombre de plans d'eau, mais sans grand succès.

Des alevins de différentes espèces de mulets (Mugil cephalus, M. labrosus, M. auratus et M. ramada) ont été déversés dans les retenues des barrages Mellègue et Nebhana et des mulets se retrouvent dans les captures effectuées par l'ONP dans ces deux retenues.

Les espèces introduites et déversées dans certaines retenues sont les suivantes: carpe commune variété miroir, rotengle, black bass, brochet, truite arc-en-ciel, tanche et sandre. Pour la majorité de ces espèces il n'y a pas eu de recaptures régulières et on peut donc considérer qu'elles ont disparu, à l'exception de la carpe commune, du black bass et de la truite arc-en-ciel. L'exploitation des retenues de barrage est un monopole de fait de l'ONP et le secteur privé ne participe pas à la pêche.

A noter que des privés ont pêché clandestinement des barbeaux dans le barrage de Bir M'Cherga. L'ONP, estimant qu'il s'agissait de braconnage, a entamé des poursuites judiciaires à l'encontre de ces pêcheurs.

L'ONP s'est intéressée à l'exploitation des barrages et retenues collinaires à partir de 1974–75, mais la pêche dans ces plans d'eau a toujours été une activité secondaire. Durant les trois dernières années (1979–1981), l'ONP a pêché dans les réservoirs suivants: Bir M'Cherga, Mellègue et Nebhana et dans les retenues collinaires Nacherine et Nechma.

Les pêches sont irrégulières et se décident en fonction de certains critères:

Jusqu'à présent, l'ONP a plutôt fait des pêches de prospection et d'inventaire en vue d'obtenir des renseignements sur la composition de la faune ichthyologique et de se faire une idée des possibilités d'exploitation de telle ou telle retenue.

Les équipes de pêche de l'ONP recherchent particulièrement les plans d'eau où se capturent les mulets et les anguilles qui sont considérés par l'ONP comme les seules espèces ayant une réelle valeur commerciale.

A noter que les mulets approvisionnent le marché tunisien tandis que les anguilles sont toutes exportées. La consommation interne d'anguilles est nulle en Tunisie, car c'est une espèce dite “sans écailles”, et pour des raisons socio-culturelles, les tunisiens ne mangent pas d'anguilles. C'est d'ailleurs pour les mêmes raisons qu'il y a une réticence en ce qui concerne la consommation de la carpe miroir qui ne possède pratiquement pas d'écailles.

Les anguilles sont peu abondantes et, jusqu'à présent, n'ont été capturées par l'ONP que dans les barrages Bir M'Cherga, Mellègue et Nacherine. Pour augmenter la production d'anguilles dans les barrages, l'ONP envisage la capture d'anguillettes pour les déverser dans certaines retenues.

Pour la pêche dans les retenues artificielles, l'ONP dispose généralement de 3 unités. Chaque unité est composée comme suit: une barque à rames, en bois et à fond plat (longueur: 4 m; largeur: 1,20 m; creux: 0,50 – 0,60 m), deux pêcheurs par barque et 5 filets tramails en nylon (fil: 10 000; mailles: 3 à 4 cm de noeud à noeud; longueur: 40 m; chute: 3 m). L'équipement (embarcations et engins de pêche) est transporté par camion et une camionette pick-up bâchée transporte les pêcheurs.

L'équipement d'une unité (barque et filets) est attribuée à chaque équipe (2 hommes: un rameur et un pêcheur) par tirage au sort pour éviter qu'une équipe s'approprie l'unité de pêche qui lui semble la plus performante, espérant ainsi obtenir des primes de production plus élevées.

Les pêches se font aussi bien de jour (2 à 3 poses/jour) que de nuit, en fonction des lieux et de l'abondance du poisson. Le nombre de jours ou de sorties par mois est très variable. Les équipes pêchent généralement entre 3 et 12 jours par mois dans le même lac.

Les captures sont transportées chaque jour en camion, directement, à Tunis. Le poisson est vendu frais, au marché de gros, aux détaillants qui le revendent aux consommateurs avec théoriquement 20% de bénéfice.

Jusqu'en 1970, l'ONP avait des points de vente dans les principales localités du pays. Ces installations devaient faire mieux connaître le poisson à l'intérieur et promouvoir les ventes et la consommation. Le coût de cette opération étant trop élevé, l'ONP a finalement cédé ces points de vente au secteur privé.

Aucune des espèces introduites (carpes, truites, rotengles, brochets, black-bass, tanches et tilapia) n'est capturée dans les retenues pêchées par l'ONP, à l'exception de quelques carpes dans l'étang El Habibia et dans le barrage Nebhana. A noter cependant que ces carpes n'apparaissent pas comme telles dans les statistiques de l'ONP où elles sont vraisemblablement reprises sous la rubrique “divers”. D'après les renseignements obtenus au Marché de Gros de Tunis, on y a vendu occasionnellement quelques carpes miroir à 0,250 dinars le kg.

Les résultats des pêches effectuées en 1979, 1980 et 1981 dans les différentes retenues, et la composition pondérale des captures, se trouvent aux tableaux 3 à 7.

Tableau 3 Barrage Mellègue. Composition des captures.

Source: Service de l'Informatique, ONP, Tunis

AnnéesCaptures totales
(kg)
BarbeauxMuletsMulets GMulets fem.Bigerans MBigerans GAnguillesBouilla-baisseMerlans GDivers
kg%kg%kg%kg%kg%kg%kg%kg%kg%kg%
1979 (a)                     
 Septembre2 095                    
 Octobre2 825                    
Total4 920                    
1980                     
 Avril     5625 - 31 - - - - - - - 
 Juin2 134807 - 1 327 - - - - - - - 
 Juillet1 527403 876 217 - 3   2 26 - - 
 Août3 567869 - 2 265 269 3 7 - 117 37 - 
 Septembre3 601345 - 2 438 723 - 1 - 94 - - 
 Octobre   559105 - 444 7 - - - 3 - - 
             - -   -   
Total11 444  2 55422,38767,76 72258,79998,760,0580,0720,012402,1370,300
1981                     
 Mai   622283   339               
 Août1 44170   1 266 95     5     5 
 Septembre1 57820   1 008 543     2     5 
 Octobre   79246   552 191     3     - 
Total4 4334199,5--3 16571,482918,7----100,2----1,00,02

Note: (a) Composition des captures inconnues.
Mulets G = grands mulets (généralement M. cephalus et M. labrosus)
Mulets fem. = mulets femelles pour préparation de boutargue
Bigerans = mulets de taille inférieure à 18–20 cm, généralement M. aurata et M. saliens
Bigerans M = petits mulets moyens
Bigerans G = petits mulets plus grands
Bouillabaisse = mélange de petits poissons, de différentes espèces autres que barbeaux mulets et anguilles
Merlans G = grands merlans. Vraisemblablement erreur de détermination (car il n'y a pas de merlans en eau douce)

Tableau 4 Barrage Nebhana - Composition des captures
Source: Service de l'Informatique, ONP, Tunis

AnnéesCaptures totales (kg)BarbeauxMulets GSaupesDivers
kg%kg%kg%kg%
1980         
 Avril4 5484 530---18---
 Mai4 2044 180-----24 
 Juin   120     68-52-----
Total8 8728 77898,9520,6180,2240,3

Tableau 5 Barrage Bir M'Cherga - Composition des captures
Source: Service de l'Informatique, ONP, Tunis

AnnéesCaptures totales (kg)BarbeauxAnguilles
kg%kg%
1981     
 Mars1 2681 268100--
 Avril1 2801 220 60-
 Mai   897   877 20-
 Août     40     40100--
 Total3 4853 40597,7802,3

Tableau 6 Retenue collinaire Nechma - Composition des captures
Source: Service de l'Informatique, ONP, Tunis

AnnéesCaptures totales (kg)Barbeaux
kg%
1981   
 Mars7272100

Tableau 7 Retenue collinaire Nacherine
Source: Service de l'Informatique, ONP, Tunis

AnnéesCaptures totales (kg)AnguillesDivers
kg%kg%
1980     
 Juin281657,11242,9


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