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5. MATÉRIELS DE CHANTIER UTILES

Il existe plusieurs sortes de matériels servant aux travaux de construction en milieu marin. Toutefois, leur prix d'achat élevé fait que la plupart de ces matériels restent hors de portée des coopératives villageoises, des artisans et des petits entrepreneurs.

Dans le présent ouvrage, on se fonde sur l'hypothèse que le matériel lourd est généralement loué ou prêté par les pouvoirs publics, le Service des travaux publics ou des entrepreneurs locaux. Lorsqu'on prévoit de réaliser des travaux en milieu marin, il est recommandé de faire à l'avance l'inventaire des matériels de chantier (types, dimensions, etc.) dont on peut disposer à proximité du village ou du point de débarquement.


Figure 64 Grue sur chenilles

La figure 64 représente une grue sur chenilles classique. Comme son nom le laisse entendre, cette grue se déplace sur des chenilles en acier. C'est la sorte de grue la mieux adaptée à la construction de brise-lames, car elle est très stable, ne nécessite pas d'appuis latéraux mobiles (contrairement aux grues sur pneumatiques) et risque moins de perdre son équilibre sur un enrochement inégal et de basculer dans l'eau. La principale caractéristique de cet engin consiste dans sa capacité nominale de levage, dont dépend la portée maximale de la grue avec une flèche de dimension donnée.

La figure 65 présente quelques dispositifs de levage courants dont peut être munie une grue sur chenilles.


Figure 65 Dispositifs de levage

La figure 66 montre une grue sur chenilles à dragline. Comme son nom l'indique, une dragline consiste en un godet racleur qui est tramé sur le sol ou le fond marin aux fins de dragage.

La dragline a été l'engin de dragage classique à proximité du rivage jusqu'à ce qu'apparaisse l'excavateur hydraulique (un engin beaucoup plus petit et plus facile à transporter sur de longues distances).


Figure 66 Dragline


Figure 67 Excavateur hydraulique

La figure 67 représente un excavateur hydraulique classique. Cet engin, du fait de sa polyvalence, joue de nos jours un rôle primordial dans de nombreux travaux en milieu marin.

Presque toutes les marques d'excavateurs hydrauliques proposent une gamme complète de godets et de bras interchangeables. Habituellement, les travaux en mer nécessitent un long bras permettant d'accroître le plus possible la portée.

On peut aussi placer les excavateurs hydrauliques sur des barges spéciales, de façon à pouvoir les utiliser comme engins de dragage (figure 69). Dans ce cas, on les équipe d'un grand godet.


Figure 68 Drague suceuse à couteau

La figure 68 montre une drague suceuse à couteau, qui consiste en un couteau (ou désagrégateur) rotatif couplé à une conduite d'aspiration. Le couteau désagrège la roche tendre (le corail, par exemple), et la conduite d'aspiration évacue la matière draguée un peu plus loin. Ce matériel est très coûteux et doit être utilisé uniquement lorsque d'importants travaux de dragage s'imposent. Une drague suceuse à couteau démontable (que l'on peut séparer en quatre pièces ou plus en vue de son transport) est dépourvue de système de propulsion et nécessite l'intervention d'un remorqueur ou d'un bateau de pêche.


Figure 69 Excavateur monté sur barge

La figure 69 présente un excavateur hydraulique monté sur un ponton en acier. Cette combinaison de matériel est parfaitement adaptée aux excavations en eau peu profonde et aux travaux en milieu marin en général. Avant de choisir ou de construire un ponton pour un excavateur particulier, il importe qu'un ingénieur d'expérience effectue des calculs de stabilité, afin de s'assurer que la barge convient bien à la dimension de l'engin et de déterminer la nature et le nombre des dispositifs d'arrimage destinés à maintenir l'excavateur en place. Il ne faut pas se servir de l'excavateur avant de l'avoir solidement arrimé au ponton. Un deuxième bateau ou une barge non pontée sert généralement à évacuer les matières draguées.


Figure 70 Bouteur

La figure 70 représente un bouteur classique, que l'on peut équiper d'un godet ou d'une simple lame. Ce type d'engin s'avère indispensable lorsqu'il faut déverser de la blocaille en mer afin d'édifier un brise-lames; il permet en effet d'égaliser le cœur de l'ouvrage une fois ce déversement effectué.

Le bouteur arrive en queue de liste des engins le plus couramment employés sur les chantiers en bord de mer. Il faut noter que tous ces engins sont équipés de chenilles, et non de pneus. Si les chenilles viennent au contact de l'eau de mer, il est conseillé de les laver à l'eau douce à la fin de chaque journée de travail.

Si on ne dispose pas de camions à benne basculante résistants. on peut utiliser des tracteurs de ferme ordinaires et des remorques (figure 71) pour transporter blocaille, agrégat ou sable jusqu'au chantier. Bien que cette façon de procéder nécessite davantage de main-d'œuvre, cela ne devrait guère soulever de difficultés à l'échelon local (village). Les remorques, si possible en acier, doivent être protégées à l'intérieur par un revêtement en bois. Le bois prolonge en effet la vie utile des remorques en absorbant les chocs résultant du déversement des pierres. De façon générale, il faut être particulièrement attentif lorsqu'on fait circuler des véhicules à pneus sur la surface accidentée du cœur d'un brise-lames en enrochement.


Figure 71 Ensemble tracteur et remorque ou camion équivalent


Figure 72 Bétonneuse à moteur à essence

En principe, le béton devrait être toujours mélangé dans une bétonneuse appropriée. Il existe des bétonneuses de capacités diverses, permettant de préparer la quantité de béton frais requise. A l'échelon d'un village, il convient d'acheter une petite bétonneuse, comme celle qui est illustrée à la figure 72. Ces machines sont mues par des moteurs à essence ou des moteurs diesel et peuvent parfaitement fonctionner pendant des années pour peu qu'elles soient convenablement entretenues. Il faut impérativement veiller à ce qu'aucune trace de béton durci ne subsiste dans le tambour malaxeur, car cela nuirait à l'efficacité du processus de mélange.

La figure 73 présente toute une série de matériels qu'il est, dans certains cas, judicieux d'acheter en vue de les destiner par la suite à un usage général au profit du village. Ces matériels sont les suivants:

Il est également utile de se procurer un chalumeau oxyacétylénique alimenté par une bouteille d'oxygéne et une bouteille d'acétylène placées côte à côte sur un porte-bouteilles portable. En fait, il faut généralement deux bouteilles d'oxygène pour chaque bouteille d'acétylène.


Figure 73 Série de matériels à usage général Figure 73a Compresseur


Figure 73b Génératrice et groupe de soudage


Figure 73c Vibrateur pour béton


Figure 73d Appareil de compactage


Figure 73e Sonnette simple

La figure 74 montre une plate-forme flottante fabriquée à l'aide de fûts métalliques usagés. On peut aussi construire des plates-formes flottantes en bois en y ajoutant des bidons en plastique faisant office de flotteurs supplémentaires.

Si on dispose d'un poste de soudage sur place, il est alors indiqué de construire une plate-forme en acier soudé que l'on installe ensuite sur des fûts.

Les plate-formes ont de multiples usages et servent en particulier à transporter des matériaux et des machines légères dans des endroits autrement inaccessibles.

Pour plus de précisions sur les mesures de prévention de la corrosion, on se reportera au chapitre 8.


Figure 74 Plate-forme flottante

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