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Chapitre 6

Aspects écologiques du développement de l'irrigation

Le développement de l'irrigation peut avoir des effets positifs et négatifs sur l'environnement. Un système d'irrigation est viable s'il évite les impacts négatifs.

L'aspect positif de l'irrigation découle de l'intensification de la production des cultures vivrières et fourragères sur les terres les plus fertiles, permettant à un pays d'atténuer la pression sur les terres marginales actuellement sous cultures pluviales ou pâturages. Ces terres sont d'ores et déjà soumises à un processus de dégradation (appelé, dans les zones semi-arides, désertification). Pour les populations qui, pendant des générations, ont assuré leur subsistance en cultivant des terres non irriguées, le passage à l'agriculture irriguée risque de poser des problèmes d'ordre social. Cependant, ce changement sera de toute façon inévitable dans les zones où la dégradation des terres devient aiguë. Là où l'expansion de l'irrigation est possible, elle peut représenter une option constructive pour prévenir la famine ou une migration massive.
Le développement de l'irrigation peut avoir des impacts négatifs sur l'environ-nement tant hors du site que sur le site. Les effets hors site peuvent se produire en amont de la terre qui doit être mise en valeur, par exemple s'il faut construire un barrage sur un fleuve pour l'approvisionner en eau d'irrigation. En aval de la zone irriguée, l'environnement peut être endommagé par l'eau excédentaire qui s'y déverse, si elle contient des concentrations nocives de sels, de déchets organiques, d'organismes pathogènes et de résidus agrochimiques.
Les effets potentiels sur le site sont ceux qui nous intéressent le plus directement. Les terres irriguées, en particulier dans les vallées fluviales où les nappes d'eau tendent à être élevées, doivent, d'une manière générale, être drainées, faute de quoi elles sont exposées au double fléau de l'engorgement et de la salinisation. Le drainage de l'eau souterraine étant une opération complexe, astreignante et coûteuse (souvent plus onéreuse que l'installation du système d'irrigation lui-même), il est tentant de mettre en route les nouveaux projets d'irrigation, sans se préoccuper du drainage, ou en remettant cette opération au moment où la nécessité s'en fera effectivement sentir. Le problème est que, si l'on attend le dernier moment, le coût de l'installation des drains peut être prohibitif.
Il ne nous appartient pas dans cette publication de faire une étude approfondie du drainage. Nous nous contenterons de dire ici que ceux qui conçoivent des systèmes d'irrigation doivent être conscients de l'éventuelle nécessité de drainer et d'en tenir compte dans leurs plans. Tout au moins, les irrigateurs doivent, dans chaque zone, surveiller la hauteur de la nappe phréatique, au moyen de puits d'observation (piézomètres). En prélevant des échantillons de l'eau qui se trouve dans ces puits, on peut surveiller la qualité de la nappe souterraine vers laquelle la fraction de l'eau d'irrigation qui a lessivé le sol s'infiltre. Ce système de contrôle permettra d'être averti à temps d'un risque éventuel de salinisation, et d'adapter les pratiques d'irrigation en conséquence. Même si avec les petits systèmes d'irrigation le risque d'engorgement et de salinisation est moindre qu'avec les grands, le risque de dégradation du sol ne doit jamais être ignoré.

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