Table des matièresPage suivante

VUE D'ENSEMBLE

PRODUCTION

Les disponibilités de poisson ont connu une rapide expansion au cours de ces dernières années. La nouvelle édition de La situation mondiale des pêches et de l'aquaculture indique pour 1994 un volume de 109,6 millions de tonnes, tandis que les données provisoires concernant 1995 font apparaître une nouvelle progression de la production totale qui atteindrait 112,3 millions de tonnes. Cette augmentation tient essentiellement à la poursuite d'une croissance rapide de la production aquacole, en particulier en Chine, et au développement accéléré de stocks exploitables extrêmement variables d'espèces pélagiques au large des côtes occidentales de l'Amérique du Sud. De ce fait, tant la production de farine de poisson que l'offre de poisson pour la consommation humaine ont atteint des niveaux records.

En 1995, la production des pêches de capture s'est établie à environ 91 millions de tonnes. Dix pays ont réalisé près de 70 pour cent de ce volume. La production cumulée des pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) a suivi la tendance à une croissance élevée qui l'a caractérisée ces dernières années, marquée par un taux annuel moyen d'accroissement de 6,9 pour cent au cours de la période 1988-1994. En 1994, les PFRDV ont contribué à hauteur de 35 pour cent à la production totale, contre 26 pour cent en 1988.

PRODUCTION DES PÊCHES CONTINENTALES ET MARINES

Les chiffres provisoires concernant la mariculture et l'aquaculture continentale indiquent une augmentation de la production, dont le volume serait passé, selon les estimations, de 18,6 millions de tonnes en 1994 à 21,3 millions de tonnes en 1995, compensant ainsi largement un très léger fléchissement (de 0,02 million de tonnes) des pêches de capture en mer et continentales au cours de la même période.

La croissance rapide de la production aquacole résulte du renforcement de la position prédominante de l'aquaculture asiatique et des différentes espèces de carpes. Cinq pays d'Asie (Chine, Inde, Japon, Philippines et République de Corée) ont contribué pour 80 pour cent au volume de la production aquacole. En 1994, les carpes ont constitué près de la moitié du volume total des produits aquatiques de culture (plantes aquatiques exclues). Même si la contribution des poissons et des crustacés d'élevage à la production halieutique nationale totale est notable, dans la plupart des pays l'aquaculture est axée sur un nombre restreint d'espèces.

UTILISATION

Sur une production halieutique totale évaluée provisoirement pour 1995 à 112,3 millions de tonnes, il a été calculé qu'environ 31,5 millions de tonnes étaient réduites en farine. Ainsi, en 1995, les disponibilités de poisson pour la consommation humaine directe ont-elles été estimées à 80 millions de tonnes, soit 3,4 millions de tonnes de plus qu'en 1994, ce qui représente une progression supérieure au taux estimé de la croissance démographique pour la même année. Par conséquent, les disponibilités moyennes annuelles par habitant de poisson de consommation ont augmenté pour atteindre 14 kg.

UTILISATION MONDIALE DU POISSON

COMMERCE

La valeur du commerce international du poisson ne cesse d'augmenter. En 1985, la valeur des exportations internationales de poisson atteignait 17 milliards de dollars EU. En 1990, elles représentaient 35,8 milliards de dollars et, en 1994, elles avaient atteint 47 milliards de dollars. Le volume accru du commerce international de produits de la pêche en 1994 a été associé à une intensification des échanges de produits de faible valeur tels que la farine de poisson, d'où une augmentation des exportations plus importante en volume qu'en valeur. Les chiffres provisoires disponibles pour 1995 font apparaître une augmentation en valeur des échanges en raison de la hausse des prix. Ces dernières années, la croissance de la valeur des échanges internationaux de poisson a toutefois marqué un certain ralentissement.

Les pays développés ont réalisé environ 85 pour cent en valeur des importations totales de poisson en 1995. Le Japon est resté le principal importateur mondial de produits de la pêche, avec quelque 30 pour cent du total mondial. En 1995, les quantités de poisson importées par les trois principaux pays importateurs (Japon, Union européenne et Etats-Unis) ont augmenté.

Le commerce du poisson représente pour de nombreux pays en développement une source importante de recettes en devises. L'accroissement des recettes nettes en devises réalisé par les pays en développement - après déduction de leurs importations de la valeur totale de leurs exportations - est spectaculaire, de 5,1 milliards de dollars EU en 1985 à 16 milliards de dollars en 1994, une nouvelle augmentation étant probable pour l'année 1995.

PROBLÈMES LIÉS À LA NOTION DE PÊCHES DURABLES

Pendant la première moitié des années 90, la communauté internationale s'est penchée sur un certain nombre de problèmes d'aménagement liés à la notion de pêches durables:

· comment limiter la surexploitation et contrôler la capacité de pêche;

· comment limiter les prises accessoires et les rejets en mer;

· comment atténuer la dégradation de l'environnement des bassins versants et des zones côtières;

· comment remédier à l'incertitude et aux risques.

Les débats ainsi engagés ont donné lieu à la définition de la notion de pêche responsable ainsi qu'à l'élaboration et à l'adoption du Code de conduite pour une pêche responsable par la Conférence de la FAO à Rome, en octobre 1995.

PERSPECTIVES

La prévision à moyen terme de la demande mondiale de poisson de consommation dépend essentiellement de la croissance démographique, des modifications du niveau de revenu par habitant et du rythme du processus d'urbanisation. L'interaction de ces différents facteurs a été prise en considération dans une étude préparée par la FAO en vue de la Conférence internationale sur la contribution durable des pêches à la sécurité alimentaire, tenue à Kyoto en 1995. Cette étude donne une estimation prudente de la demande de poisson de consommation en l'an 2010 (aux prix réels constants de 1990), comprise entre 110 et 120 millions de tonnes (poids vif), contre 75 à 80 millions de tonnes en 1994/95. Cette évaluation repose sur une projection de la demande par habitant et par pays. Selon les prévisions, la demande et l'offre de poisson destiné à être réduit en farine resteront stables à un niveau compris entre 30 et 33 millions de tonnes au cours des prochaines années. (La demande de farine de poisson obéit à un mécanisme complexe et cette projection est établie en l'absence d'études détaillées.) En conclusion, la demande de poisson prévue pour toutes les utilisations sera en l'an 2010 de l'ordre de 140 à 150 millions de tonnes.

ESTIMATIONS PRÉLIMINAIRES: DEMANDE PAR HABITANT ET DEMANDE TOTALE EN L'AN 2010 EXPRIMÉES EN PRIX RÉELS CONSTANTS

Ces dernières années, les gouvernements ont pris des mesures se rapportant aux pêches de capture, en agissant aussi bien séparément que de concert. Il s'agit là d'une évolution prometteuse du point de vue de l'offre future. La FAO estime que les prises potentielles des pêches de capture au niveau mondial sont comprises entre 85 et 90 millions de tonnes selon les modalités de pêche actuelles1 (c'est-à-dire avec surexploitation de certains stocks et sous-exploitation d'autres stocks, et indépendamment de toute augmentation de l'offre par suite d'une diminution des quantités rejetées en mer), et entre 100 et 105 millions de tonnes en cas d'amélioration des systèmes d'aménagement appliqués aux pêches de capture dans tous les océans et avec une réduction sensible des rejets en mer.

1 Les pêches continentales contribuent à hauteur d'environ 6 millions de tonnes par an et, entre 1986 et 1994, les pêches en mer ont oscillé entre 80 et 85 millions de tonnes.
Il existe un potentiel considérable de croissance future de l'aquaculture. Il a été estimé que, dans des conditions favorables, la production (plantes aquatiques non comprises) pourrait atteindre 39 millions de tonnes en l'an 2010.

En l'an 2010, l'offre totale de poisson pour la consommation humaine (calculée en déduisant de l'offre globale le poisson destiné à être réduit en farine) s'établira dans la meilleure des hypothèses à 114 millions de tonnes; dans des conditions moins favorables, ce volume pourrait être nettement inférieur et ne pas dépasser 74 millions de tonnes. Ainsi, seul le scénario optimiste prévoit-il une offre suffisante pour couvrir la demande (aux prix réels constants de 1990) en l'an 2010.

SITUATION PAR RÉGIONS

AMÉRIQUE DU NORD

Avec une production totale de 7,1 millions de tonnes en 1994, l'Amérique du Nord a fourni environ 6 pour cent des captures mondiales.

Pour l'avenir, il est probable qu'en Amérique du Nord la demande de poisson de consommation sera à la fois stimulée par un renforcement de l'image du poisson en tant qu'aliment sain, et freinée par diverses considérations de nature sanitaire et écologique. Il est en somme difficile de quantifier l'impact réel des différents problèmes sur les modèles de consommation. On prévoit néanmoins une augmentation de la demande en poisson et produits de la pêche. Un nouveau renforcement de la tendance à privilégier les espèces de plus grande valeur marchande est également attendu.

La production des pêches de capture en mer de la région a pratiquement atteint un palier, la plupart des stocks de poissons commerciaux étant exploités à plein, voire surexploités.

AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES

La production halieutique de l'Amérique latine et des Caraïbes a culminé en 1994 à 24 millions de tonnes, soit 22 pour cent du total mondial. Les petites espèces pélagiques représentent quelque 75 pour cent des captures totales.

La consommation de poisson a augmenté progressivement au cours des 20 dernières années et continuera probablement de croître à l'avenir. Compte tenu des perspectives de croissance démographique et économique, on estime que la demande progressera d'environ 2 à 3 millions de tonnes d'ici à l'an 2010.

L'accroissement des disponibilités pourrait provenir d'une diminution des rejets en mer et des pertes après-capture. Une plus forte utilisation des petits pélagiques pour la consommation humaine directe pourrait constituer un autre enjeu décisif pour la région. La production de poisson continuera de varier en fonction de l'abondance des stocks de petits pélagiques.

L'aquaculture industrielle tournée vers l'exportation s'est développée notablement dans la région et comporte encore quelques possibilités de croissance. Tous les autres types d'aquaculture tels que l'élevage de poissons d'étang dans des réservoirs, la pisciculture en eau douce, l'élevage de mollusque set de plantes aquatiques ont connu un développement inférieur aux prévisions.

Considérant le rôle déterminant de la demande internationale sur le plan des quantités et des valeurs unitaires, ainsi que l'orientation de l'industrie régionale vers des marchés étrangers, la valeur des exportations de poisson devrait continuer de croître.

EUROPE

La production de poisson revêt une grande importance dans nombre de pays de la région (qui englobe la Fédération de Russie), notamment comme source de devises dans les Etats en transition et comme source d'emploi au sein des communautés côtières. La région est un importateur net, tant en valeur qu'en volume.

La demande de poisson est susceptible d'augmenter à l'avenir, compte tenu de l'image positive du poisson en tant qu'aliment dans la partie occidentale de la région et du retour aux niveaux de consommation antérieurs dans la partie orientale. La production de poisson dans les pays en transition, notamment dans la Fédération de Russie, pourrait bientôt cesser de fléchir et commencer à amorcer une reprise.

Les perspectives futures de la pêche dans les pays industrialisés dépendent principalement de l'efficacité des mesures d'aménagement adoptées dans l'Atlantique Nord-Est. L'élimination des capacités excédentaires et l'exercice d'un contrôle plus direct sur l'effort de pêche pourraient constituer quelques-uns des éléments d'un programme d'amélioration de l'aménagement.

Pour répondre à la demande future, la région dans son ensemble restera un importateur net de poisson.

PROCHE-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Aucun des pays de la région ne dépend de façon notable sur le plan économique du poisson et des produits de la pêche. Les pêcheries sont variées, avec des ressources relativement abondantes au large des côtes atlantiques du Maroc et, à l'opposé, des pêcheries côtières et continentales relativement pauvres en ressources.

On peut raisonnablement s'attendre, du moins jusqu'en 2010, à ce qu'une légère augmentation de la demande puisse être couverte par des débarquements plus importants dans la région. Au Maroc, la consommation de poisson augmentera probablement de façon sensible sous l'effet de la croissance économique et du développement du secteur des pêches. En revanche, elle restera sans doute relativement modérée dans les pays du Proche-Orient. Actuellement, et rien ne devrait changer à l'avenir, les disponibilités de poisson ne jouent pas un rôle déterminant pour la sécurité alimentaire de la sous-région, mais le poisson constitue néanmoins une autre source importante de nourriture.

AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Les pêches jouent un rôle important dans de nombreux pays d'Afrique, en tant que principale source d'approvisionnement en protéines animales et de par leur contribution aux recettes en devises étrangères et à la création d'emplois ruraux. On estime à 8 millions le nombre de personnes employées directement ou non dans le secteur. La production totale des pays de la région (production des flottilles étrangères non débarquées dans la région non comprise) s'est élevée à 3,9 millions de tonnes en 1994. La consommation de poisson pour l'alimentation humaine a diminué récemment, passant d'un niveau moyen de disponibilités par habitant d'environ 9 kg en 1990 à moins de 7 kg en 1994 (équivalent poids vif). Le bilan global des échanges de la région a été positif (en valeur) en ce qui concerne la décennie écoulée, bien que la région participe peu au commerce international.

Les projections de croissance démographique établies par les Nations Unies annoncent pour la région une population atteignant 700 millions d'habitants en l'an 2000 et 915 millions en 2010. En supposant inchangés les niveaux actuels de consommation de poisson pour l'alimentation par habitant, la satisfaction de la demande en l'an 2010 exigerait un accroissement des disponibilités totales de l'ordre de 2 millions de tonnes.

Les possibilités futures d'augmentation des disponibilités de poisson de consommation dans la région sont liées principalement à des programmes d'amélioration de la productivité dans les petits plans d'eau, au développement de l'aquaculture, à une meilleure utilisation des petits pélagiques, à la relocalisation des flottilles étrangères et à l'accroissement des importations. Compte tenu des modestes prévisions de croissance du produit intérieur brut pour les 15 prochaines années, les perspectives futures ne semblent guère prometteuses. On observera vraisemblablement un nouveau fléchissement des importations, des augmentations du prix réel du poisson, une demande soutenue concernant essentiellement les espèces de faible valeur et la poursuite des exportations de la plupart des espèces démersales. Simultanément, l'abaissement des subventions des pouvoirs publics augmentera les coûts de production et affaiblira la compétitivité sur les marchés d'exportation. Les implications en termes de sécurité alimentaire et de disponibilités, comme au niveau des recettes en devises, sont difficiles à quantifier mais pourraient constituer à l'avenir un sujet de préoccupation.

ASIE DE L'EST

La production halieutique est une activité économique importante dans les Etats côtiers de l'Asie de l'Est. La région compte parmi les principales zones productrices de poisson à l'échelle mondiale, avec une production totale de 36,6 millions de tonnes en 1994.

La consommation de poisson dans la région devrait rester élevée et même augmenter encore dans certaines zones (tant en volume qu'en termes de consommation par habitant), à la faveur de la croissance démographique et de l'augmentation du pouvoir d'achat des consommateurs. Le Japon est sans doute une exception, puisque la consommation de poisson y est déjà élevée et que la croissance démographique est pratiquement nulle. Les pêches japonaises ne devraient pas connaître un développement sensible dans les décennies à venir.

La République de Corée libéralise actuellement sa réglementation du commerce des produits de la pêche et ses importations pourraient se développer. Toutefois, le pays restera parallèlement un grand exportateur.

En Chine, la poursuite prévue d'une croissance économique rapide et de l'expansion de la production halieutique permettra un nouvel accroissement de la consommation par habitant. L'aquaculture en eau douce présente un fort potentiel de croissance, principalement grâce à la remise en état des étangs existants, à l'exploitation des zones saturées d'eau et aux vastes étendues de rizières.

ASIE DU SUD ET DU SUD-EST

C'est en Asie du Sud et du Sud-Est que se trouvent certaines des eaux les plus riches en poisson du monde. La production halieutique totale de la région était en 1994 de 19,5 millions de tonnes, soit 27 pour cent des captures mondiales.

La population régionale augmente rapidement et le poisson reste pour la plupart une source traditionnelle de protéines animales. Les marchés intérieurs devraient se développer rapidement à la faveur de la progression des revenus, tandis que la hausse des prix sur les marchés internationaux contribuera à stimuler les exportations d'espèces sauvages et de poissons d'élevage de grande valeur marchande. L'augmentation des revenus se traduira également par une intensification du commerce intrarégional de produits de valeur élevée et de poissons à bas prix. D'ici à 2010, les disponibilités de poisson devront avoir augmenté de 6 millions de tonnes ne serait-ce que pour maintenir les niveaux actuels de consommation par habitant; quant à l'incidence de la croissance économique sur la demande, elle se traduira par la nécessité de disposer de quantités encore plus importantes.

Toutefois, la plupart des espèces pélagiques, des crustacés et des espèces démersales des zones de pêche côtière du golfe de Thaïlande, du golfe du Tonkin, du golfe du Bengale et de la mer de Chine méridionale ont été pleinement exploitées ou épuisées. En dépit du niveau d'exploitation modéré de certains stocks de poisson (anchois par exemple, ainsi que thons et céphalopodes de plus petite taille dans le Pacifique Centre-Ouest), il est évidemment peu vraisemblable de pouvoir répondre à la demande future par des accroissements notables de la production de poisson de mer.

L'aquaculture et, dans une moindre mesure, les pêches continentales, peuvent offrir des possibilités importantes de développement futur pour augmenter la production régionale de poisson, en particulier au Bangladesh, au Cambodge, en Inde, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, au Myanmar, aux Philippines, en Thaïlande et au Viet Nam. Néanmoins, la région devra sans doute faire appel de plus en plus aux importations de produits de la pêche pour assurer ses approvisionnements futurs.

PACIFIQUE SUD

Bien que la région fournisse quelque 2 pour cent seulement de la production halieutique mondiale (captures des flottilles étrangères comprises), le secteur des pêches - avec celui du tourisme - joue un rôle décisif au sein des économies des Etats et des territoires du Pacifique Sud.

Les ressources halieutiques de la région sont vraisemblablement en mesure de répondre à une demande future de poissons sensiblement accrue, bien qu'à cet effet il soit sans doute nécessaire de consommer des quantités supplémentaires d'espèces pélagiques, en particulier dans les zones urbaines et dans d'autres secteurs caractérisés par de fortes concentrations de populations. La promotion de pêches durables et la mise en oeuvre d'arrangements régionaux et nationaux propres à assurer une utilisation judicieuse des ressources halieutiques figurent parmi les principaux enjeux sociaux et économiques du Pacifique Sud, et la plupart des Etats et territoires s'efforcent de résoudre la question de la surexploitation des ressources côtières.

Un recul des importations de poisson et une légère augmentation des exportations, principalement de thon, sont prévus dans les petits Etats insulaires en développement. Le thon frais de qualité sashimi est d'ores et déjà expédié par avion sur le marché japonais, bien que l'éloignement de ses débouchés et différents problèmes de logistique continuent de gêner l'accès à ce marché lucratif. La Papouasie-Nouvelle-Guinée pourrait devenir un important exportateur de thon en conserve vers le marché européen, une fois ses conserveries pleinement opérationnelles.

ÉTUDE APPROFONDIE

SITUATION ACTUELLE ET PERSPECTIVES FUTURES DES DÉBARQUEMENTS DES PÊCHES MARITIMES

Cette étude approfondie, extraite du Document technique FAO sur les pêches n° 359, Chronicles of marine fishery landings (1959-1994): Trend analysis and fisheries potential (1996), présente une première analyse de l'évolution des ressources de la mer telle qu'elle ressort des statistiques de production halieutique de la FAO pour la période 1950-1994, période au cours de laquelle la production maritime de poissons, de crustacés et de mollusques est passée de 18 à 90 millions de tonnes.

QUANTITÉS DÉBARQUÉES TOTALES DES PRINCIPALES ESPÈCES PÉLAGIQUES DE POISSONS DE MER ET TOTAL

QUANTITÉS DÉBARQUÉES TOTALES DES PRINCIPALES ESPÈCES DÉMERSALES DE POISSONS DE MER ET TOTAL

Les premières estimations de la production halieutique mondiale ont été établies par la FAO en 1945. Elles évaluaient les captures totales en mer à 39 milliards de livres (soit 17,7 millions de tonnes), dont 37 milliards de livres correspondaient aux débarquements des pêches commerciales, le restant provenant de la pêche de ravitaillement et de loisir. Déjà à cette époque, le tiers des captures totales était destiné à être réduit en farine ou transformé en huile de poisson. Seules les pêcheries du Pacifique Nord et de l'Atlantique Nord étaient alors bien développées et ces zones assuraient respectivement 47 et 46 pour cent des captures commerciales totales, tandis que les zones méridionales de ces deux océans assuraient chacune 1 pour cent des prises et l'océan Indien 5 pour cent. Ce même rapport faisait état de possibilités considérables de développement des pêches, principalement au large de l'Amérique centrale, des côtes du Pérou et du Chili, dans les Caraïbes, au large des côtes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, des îles du Pacifique Sud et des Indes orientales. Il constatait toutefois que certains stocks étaient d'ores et déjà surexploités et soulignait que les avantages de la reconstitution des stocks dans les eaux européennes au cours de la seconde guerre mondiale ne devaient pas être perdus, une fois les activités de pêche revenues à la normale. Le rapport mettait enfin en évidence, sur la base de données scientifiques, les exigences essentielles en matière de conservation des pêches, en particulier au niveau régional, et recommandait à la FAO de promouvoir la collecte et l'analyse de données de base sur les pêches.

Au cours des 50 années écoulées depuis l'établissement de ce rapport, les pêches ont connu un développement si rapide que rares sont à présent les ressources sous-exploitées, avec un nombre de plus en plus important de ressources surexploitées. Le défi que représente la mise en place d'un système d'aménagement efficace s'est révélé beaucoup plus difficile à relever que les auteurs du rapport FAO de 1945 ne pouvaient s'y attendre.

DIVERS ASPECTS DE L'ÉVOLUTION DES QUANTITÉS DÉBARQUÉES: CONTRIBUTIONS COMPARÉES DES ESPÈCES PÉLAGIQUES ET DÉMERSALES

La production d'espèces marines est passée d'environ 14 millions de tonnes en 1950 à quelque 73 millions de tonnes en 1994, dont 10 pour cent de poissons de mer non spécifiés, habituellement débarqués sans avoir été triés et dont une fraction est transformée en huile ou réduite en farine. La proportion pondérale correspondant aux espèces pélagiques par rapport aux quantités totales débarquées de poisson de mer est passée d'environ 50 pour cent en 1950 à plus de 60 pour cent en 1994. La production de pélagiques a progressé de façon continue, avec des fluctuations importantes correspondant aux variations naturelles de la productivité des ressources ainsi qu'aux alternances d'expansion et de récession des stratégies de pêche. La valeur de la production pélagique est inférieure à celle de la production démersale, mais son importance relative a augmenté progressivement, à tel point qu'en 1993, elle représentait quelque 40 pour cent de la valeur totale des quantités débarquées de poisson de mer contre 50 pour cent pour les espèces démersales et 10 pour cent pour le poisson de mer de type non spécifié. La production démersale s'est caractérisée par une tendance à la croissance jusqu'au milieu des années 70 et a, dans l'ensemble, plafonné depuis lors avec quelques fluctuations. La production de poissons de type non spécifié a continué d'augmenter pendant toute la période considérée, ce qui représente un défaut majeur des données prises en compte.

POTENTIEL DES PÊCHES

La vue d'ensemble qui se dégage de l'état actuel des pêches mondiales confirme les conclusions formulées par la FAO dans son dernier examen mondial de l'état des pêches marines, avec toutefois, compte tenu des nombreuses mises en garde, quelques différences quant au potentiel d'exploitation des pêches.

La présente étude analyse l'évolution des 200 principales ressources ichtyques marines du monde, mettant en évidence la rapide intensification de l'effort de pêche. D'après les résultats, en 1994 environ 35 pour cent des ressources en question se trouvaient en phase de «sénescence» (marquée par une diminution des quantités débarquées), 25 pour cent étaient en phase de «maturité», caractérisée par un niveau d'exploitation élevé et 40 pour cent étaient encore en phase de «développement», tandis qu'aucune de ces ressources ne se trouvait dans la phase d'«inexploitation». (Il s'agit ici de ressources dites «conventionnelles» puisque l'on ne dispose pas de séries chronologiques applicables à l'analyse de l'état des ressources non conventionnelles telles que le krill, les espèces mésopélagiques et nombre de calmars océaniques, généralement considérés comme faisant partie des ressources sous-exploitées.) Cette conclusion a pour corollaire la constatation d'un accroissement progressif du nombre estimé des stocks devant faire l'objet de mesures d'aménagement, passé de pratiquement zéro pour cent en 1950 à plus de 60 pour cent en 1994. Cette évolution souligne combien la mise en application de mesures efficaces pour contrôler et réduire la capacité de capture et l'effort de pêche revêt un caractère urgent.

IMPLICATIONS EN TERMES D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT

Dans le cas de ressources dont le niveau de production actuel n'atteint pas le maximum historique, il semble possible de rétablir de tels niveaux en limitant l'effort de pêche et, dans la plupart des cas, en améliorant parallèlement le rendement par recrû. Cela est réalisable en augmentant de manière significative l'âge à la première capture, en interdisant l'exploitation des alevins, en augmentant la taille des mailles des filets et en fermant, à titre provisoire ou permanent, les zones de pêche contenant de fortes concentrations de jeunes poissons.

Le rendement peut également être amélioré en réduisant les prises accessoires non intentionnelles qui constituent un sérieux problème. Il a en effet été estimé que 27 millions de tonnes de poissons étaient ainsi rejetées chaque année en mer, volume constitué d'espèces de faible valeur commerciale mais aussi d'une fraction importante d'alevins.

La production pourrait augmenter grâce à une intensification des pêches de ressources «en développement», c'est-à-dire de celles qui apportent une contribution encore croissante aux débarquements mondiaux.

En conclusion, il ressort des éléments d'information disponibles qu'un accroissement d'au moins 10 millions de tonnes de la production halieutique est possible et que les débarquements peuvent être encore accrus dans une mesure indéterminée grâce au développement des pêches et à la mariculture.

La FAO a signalé en 1995 dans La situation mondiale des pêches et de l'aquaculture qu'il devrait être possible d'accroître les débarquements de 20 millions de tonnes. La présente étude confirme cette possibilité pourvu que les conditions suivantes soient remplies:

· restauration des ressources détériorées;

· exploitation accrue des ressources sous-utilisées, en évitant toutefois toute surexploitation ainsi que la surpêche des ressources ayant déjà atteint le niveau maximal d'exploitation durable dont elles peuvent faire l'objet;

· diminution des quantités rejetées en mer et du gaspillage.

Table des matières Page suivante