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1. CONTEXTE HALIEUTIQUE GENERAL DE LA MEDITERRANEE

1.1 Océanographie et géographie

La Méditerranée couvre une superficie d’environ 2,5 millions de km². Elle communique avec l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar et avec l’océan Indien par le Canal de Suez. Elle est également reliée à la mer Noire par la mer de Marmara.

Du point de vue hydrologique, la Méditerranée se caractérise notamment par un bilan hydrologique négatif (évaporation plus forte que les précipitations), qui est compensé par des entrées d’eaux de l’océan Atlantique. Elle se caractérise aussi par une forte saisonnalité des températures de surface. Enfin, la Méditerranée se caractérise en particulier par une faible productivité de ses eaux, en raison du manque de sels nutritifs, en particulier à mesure que l’on s’éloigne du Détroit de Gibraltar. Des exceptions à cette règle existent toutefois comme en Adriatique, ou dans la partie nord-occidentale où les eaux sont relativement productives en raison des apports nutritifs continentaux. Considérée pour cette raison comme une mer globalement oligotrophe, c.a.d. peu productive, la Méditerranée tendrait cependant à être de plus en plus mésotrophe en raison de l’apport croissant de matières organiques et minérales issues de l’activité humaine dans l’ensemble du bassin méditerranéen.

Ces principales caractéristiques hydrologiques ont des incidences sur la biologie et l’écologie des ressources halieutiques. La faune piscicole de la Méditerranée est par exemple très diversifiée. On dénombre ainsi plus d’une centaine d’espèces commerciales de ressources démersales. Une autre particularité écologique importante de la Méditerranée est que l’on peut distinguer deux grands bassins, un bassin oriental et un bassin occidental, séparés par le détroit de Sicile, et composés chacun d’unités écologiquement et océanographiquement différentes (Fonteneau, 1995). Ces unités sont, pour le bassin occidental, les mers d’Alboran, Ligure et Tyrrhénienne, et le bassin algéro-provençal et, pour le bassin oriental, les mers Adriatique, Ionienne, Egée, et du Levant.

Le pourtour de la Méditerranée est de l’ordre de 20 000 km (Farrugio, 1996). En prenant en compte les côtes des Etats insulaires ainsi que les îles faisant partie des Etats continentaux, on peut cependant estimer la longueur de côtes totale de la Méditerranée à environ 45 000 km. A partir de l’étude de la figure 1, on peut constater que quatre pays se partagent près de 75% de la longueur de côtes totale, tandis que dix pays possèdent chacun moins de 2% de la longueur totale.

Le plateau continental (jusqu’à 200 m) en Méditerranée couvre une superficie totale de l’ordre de 750 000 km². La répartition du plateau entre les différents pays diffère légèrement de celle de la longueur de côtes totale. La largeur du plateau continental n’est par conséquent pas homogène selon les pays, ce qui a évidemment une incidence sur la productivité naturelle et les types de pêche pratiqués sur les zones côtières.

Figure 1. Répartition de la longueur de côtes et du plateau continental en Méditerranée (source : annexe 2)

En divisant la surface du plateau continental par la longueur de côtes totale, on peut en déduire que le plateau continental est relativement étroits, avec une largeur moyenne de 17 km, soit environ 9 miles marins. Cinq pays se partagent près de 75% de la surface totale du plateau continental, tandis que douze pays possèdent chacun moins de 2% de la surface totale.

Sur le plan juridique, la Méditerranée, qui est une mer fermée ou semi-fermée selon l’art. 122 de la Convention des Nations Unies de 1982 sur le Droit de la Mer, se singularise par l’absence de Zones économiques exclusives (ZEE). Cela se traduit par la coexistence d’eaux sous juridiction nationale (généralement comprises entre 8 et 12 miles marins) et de la Haute mer.

Une partie significative des espèces commerciales de valeur marchande élevée (stocks démersaux) est inféodée aux eaux sous juridiction nationale. Dans certaines zones, des stocks démersaux sont toutefois considérés comme étant des stocks chevauchants, et aussi partagés entre deux ou plusieurs pays (ex. Golfe du Lion, Adriatique, Golfe de Gabès, Canal de Sicile). Par ailleurs, dans la mesure où la délimitation des stocks démersaux au moyen de l’isobathe 200 m peut paraître questionable du point du vue bio-écologique, il est théoriquement fort probable qu’une partie conséquente des stocks démersaux de la Méditerranée appartiennent en fait à la catégorie des stocks chevauchants.

En règle générale, une grande partie des stocks halieutiques de la Méditerranée (démersaux, grands pélagiques et petits pélagiques) peuvent être considérés comme des stocks transfrontaliers, c.a.d. chevauchants et/ou partagés, dont la gestion ne peut s’envisager que dans le respect de la réglementation juridique internationale de la pêche, qui oblige notamment tous les Etats à coopérer.

1.2 Contexte macro-économique

L’étude du contexte macro-économique contribue à une meilleure compréhension des priorités de politique générale des pays, qui elles-mêmes sont susceptibles d’influencer les objectifs de politique sectorielle en matière de pêche. L’étude des questions macro-économiques permet également d’évaluer les possibles difficultés rencontrées par les pays pour se doter de moyens institutionnels, humains et financiers nécessaires à l’aménagement des pêcheries (ex. administration, recherche, statistiques).

La population totale des pays riverains de la Méditerranée est estimée à 395,5 millions d’habitants en 1994. Le groupe des pays membres de l’Union européenne (UE) comprend près de 42%, et celui des pays de l’Afrique du Nord 30% du total.

Cette population se répartit sur un territoire d’une superficie d’environ 8,5 millions de km², soit une densité globale de l’ordre de 46 hab/km². La densité de la population est cependant d’environ 104 hab/km² en moyenne régionale(non compris Malte où la densité est extraordinairement élevée). Cet écart considérable entre valeur régionale et moyenne régionale s’explique par l’existence de pays dotés de vastes territoires peu peuplés comme l’Algérie ou la Libye.

Il n’a malheureusement pas été possible de donner une indication sur la population littorale de la Méditerranée, ce qui aurait permis de quantifier l’importance de la concentration de la population le long des côtes, que l’on sait par ailleurs particulièrement élevée.

La somme des Produits intérieurs bruts (PIB) des pays de la Méditerranée (non compris la Bosnie-Herzégovine) s’élevait en 1994 à environ 3 356 milliards de $EU. Ce PIB "régional" se répartit essentiellement entre les pays membres de l’UE (environ 87% du total).

Le Produit national brut (PNB) per capita est très variable selon les pays, en raison des écarts importants de niveau de développement économique au sein de la région. D’après la classification de la Banque Mondiale fondée sur le PNB per capita des dix-neuf pays concernés par les estimations, cinq d’entre eux sont des pays à fort revenu, douze sont des pays à revenu intermédiaire et deux sont des pays à faible revenu.

L’étude de la contribution du secteur primaire à la création de richesses nationales donne une indication du degré de dépendance économique des pays vis-à-vis du secteur de l’agriculture. En général, cet indicateur varie en fonction du niveau de développement du pays. Par exemple, dans les cinq pays à fort revenu, cet indicateur est relativement faible avec une valeur inférieure à 9%. Néanmoins, ce ratio peut varier aussi en Méditerranée en fonction de l’état d’exploitation du patrimoine naturel (ressources extractives, tourisme...) et/ou de l’importance de l’aide extérieure. Cet indicateur est, en moyenne régionale, de l’ordre de 14%.

Le taux de chômage est un indicateur permettant d’aborder l’étude des questions liées au coût d’opportunité du travail, et incidemment d’évaluer l’importance que les pays peuvent accorder aux questions relatives à l’emploi dans le cadre des objectifs de politique générale, et, le cas échéant, dans le cadre des objectifs de la politique d’aménagement des pêcheries. Le taux de chômage s’élève en moyenne régionale à 15% en 1994 (non compris la Bosnie et la Libye). Trois pays, dont les deux pays insulaires, ont un taux inférieur à 9%, tandis que cinq pays ont un taux supérieur ou égal à 20%.

Il convient de souligner que l’étude du taux de chômage présente un intérêt tout particulier lorsque l’on dispose également de cette information au niveau local, c.a.d. dans les zones administratives bordant le littoral méditerranéen, de manière à pouvoir le comparer au taux national. Par exemple, en France, le taux de chômage en 1994 était de 12% au niveau national, mais était déjà de 16% en 1989 dans les départements bordant la Méditerranée. En Italie, le taux de chômage était en moyenne de 17% en 1989 dans certaines régions littorales, contre 12% au niveau national pour la même année.

Un autre indicateur pertinent concernant l’étude des coûts d’opportunité, et également de la représentativité sociale du secteur de l’agriculture, est la proportion d’emplois dans l’agriculture par rapport à la population active. Cette proportion s’établissait en moyenne régionale à environ 22% en 1994. Les écarts sont toutefois importants en fonction des pays, et peuvent aller d’un facteur 1 à 10.

Tableau 1. Principaux indicateurs macro-économiques - année de référence 1994

(source : Banque Mondiale et ATLASECO)

Pays Population

(000)

PIB

(millions $EU)

PNB per capita

($EU/hab)

PIB secteur Iaire / PIB Taux de chômage Emplois secteur Iaire / pop. active
Albanie

3 200

1 810

380

55 %

18 %

55 %

Algérie

27 400

41 940

1 650

12 %

25 %

27 %

Bosnie

4 500

nd

nd

nd

nd

nd

Croatie

4 800

14 020

2 560

13 %

13 %

16 %

Chypre

700

7 600

10 260

6 %

3 %

14 %

Egypte

56 800

42 920

720

20 %

20 %

40 %

Espagne

39 100

482 840

13 440

3 %

24 %

12 %

France

57 900

1 330 380

23 420

2 %

12 %

5 %

Grèce

10 400

77 720

7 700

16 %

10 %

23 %

Israël

5 400

77 780

14 530

9 %

8 %

4 %

Italie

57 100

1 024 630

19 300

3 %

11 %

9 %

Liban

3 900

6 440

2 800

11 %

20 %

11 %

Libye

5 200

26 000

5 650

8 %

nd

14 %

Malte

400

3 000

8 000

3 %

4 %

4 %

Maroc

22 400

30 800

1 140

21 %

16 %

45 %

Slovénie

2 000

14 250

7 140

4 %

14 %

8 %

Syrie

13 840

17 000

1 250

30 %

13 %

25 %

Tunisie

8 800

15 770

1 790

15 %

15 %

28 %

Turquie

60 800

131 010

2 500

16 %

11 %

53 %

Serbie

10 800

10 000

1 000

15 %

24 %

22 %

La diversité des situations macro-économiques des pays de la Méditerranée peut également être mise en évidence à partir de l’étude d’éléments d’analyse qualitative. Par exemple, dans certains pays, des systèmes de contrôle des prix gérés par l’Etat sont encore en vigueur, alors que dans d’autres les prix sont entièrement libéralisés. Il existe également des pays où les prix sont soutenus à l’aide de mécanismes de régulation du marché, ou d’incitation économique.

L’existence au sein de la région de systèmes économiques différents a nécessairement une incidence, à des degrés divers, sur l’aménagement des pêcheries de la Méditerranée. En effet, ces facteurs peuvent conditionner les mouvements, ou transferts, d’unités de pêche au sein de sous-régions de la Méditerranée. Ils peuvent également agir sur l’effort de pêche exercé sur une ressource donnée. Ils peuvent aussi tout simplement conditionner, au plan local, la poursuite ou non des activités de pêche pour des raisons d’équilibre financier des entreprises concernées.

Un autre élément à prendre en compte dans le cadre de l’aménagement des pêcheries méditerranéennes se réfère aux politiques d’aménagement des zones littorales. Selon les pays, les priorités dans ce domaine peuvent être très différentes, avec parfois un accent mis sur d’autres secteurs que celui de la pêche : tourisme (la Méditerranée accueillait un tiers du tourisme mondial à la fin des années 80), urbanisme, transport, secteur industriel, environnement, etc. Les informations dans ce domaine sont néanmoins difficiles à obtenir.

Les incidences des politiques d’aménagement des zones littorales sur l’aménagement des pêcheries sont diverses. Les principales concernent l’environnement marin (qualité de l’eau et des biotopes), l’occupation de l’espace, et également l’allocation des ressources halieutiques entre la pêche commerciale et la pêche sportive.

1.3 Ressources halieutiques et production de la pêche

D’après les statistiques de la FAO (qui sont fondées sur les déclarations des pays), et sur la base d’une hypothèse selon laquelle la part des captures réalisées par la Turquie dans la mer Méditerranée représente environ 20% des captures totales réalisées par ce pays dans la zone CGPM (c.a.d. incluant la mer Noire), les captures de la pêche en Méditerranée plafonnent depuis le milieu des années 80 autour de 1,1 millions t/an. Un léger fléchissement de la production a cependant été enregistré au cours de la période 1990-92. La production estimée par les statistiques officielles s’est établie en 1995 à environ 1 155 200 t.

Les captures réalisées par des pays autres que les pays méditerranéens sont marginales en volume (2 000 à 4 000 t/an), mais significatives en valeur dans la mesure où ce ne sont quasiment que des thonidés et assimilés.

Sur l’ensemble des captures, les ressources démersales représentent environ 40-45% du total, les petits pélagiques 40% et les grands pélagiques environ 5%, le reste (5-10%) étant constitué d’espèces "non identifiées". Les ressources démersales sont composées pour moitié de poissons démersaux, pour moitié de mollusques et pour une faible part de crustacés (environ 5% des démersaux).

Figure 2. Evolution des captures totales de la pêche en Méditerranée - 1984-95

(source : FAO)

Les stocks de démersaux sont considérés, en général, comme étant pleinement voire surexploités. Cette affirmation repose notamment sur le constat de l’évolution de quelques rendements (ex. captures par unité d’effort des chalutiers) et de quelques indices biologiques comme la diminution des tailles individuelles des poissons capturés. Pourtant, la production des pêcheries démersales, d’après les statistiques officielles, est en augmentation régulière depuis au moins deux décennies. Cette augmentation apparente de la production pourrait être imputable à des facteurs humains, comme l’amélioration des statistiques, ou alors à des facteurs environnementaux, comme l’augmentation de la productivité des eaux méditerranéennes consécutive aux "pollutions" d’origine humaine.

Par ailleurs, en dépit d’un régime théorique de surexploitation, certaines pêcheries pourraient se maintenir grâce à la biologie et l’écologie particulière de certaines espèces. Par exemple, des espèces pourraient être capables d’assurer un bon recrutement malgré un faible niveau de biomasse reproductrice, de même que quelques grands adultes pourraient être invulnérables à la pêche, car vivant une bonne partie de l’année dans des zones refuges inaccessibles à la pêche (Farrugio, 1996).

Les stocks de petits pélagiques sont soumis à une forte variation inter-annuelle de leur abondance, principalement pour des raisons environnementales. En général, les stocks sont considérés comme étant pleinement exploités, en particulier en ce qui concerne les stocks d’anchois pour lesquels la demande sur les marchés s’est accrue. Les stocks de sardines ne sont pour leur part pas toujours pleinement exploités.

Les stocks de grands pélagiques, et notamment ceux de thon rouge qui sont les mieux connus, sont pleinement exploités.

A l’heure actuelle, il subsiste de nombreuses inconnues concernant la dynamique des populations de poisson en Méditerranée. Certaines connaissances scientifiques demeurent en effet fragmentaires. A cet égard, on peut mentionner les domaines scientifiques suivants : étude de la structure des stocks, étude des interactions pêche/ressource, et étude des interactions ressource/environnement. Ces problèmes résultent notamment du manque de fiabilité des données statistiques sur les captures et l’effort de pêche, mais ils sont également une conséquence de la complexité des questions liées à la gestion des stocks dans des pêcheries aussi plurispécifiques que celles de la Méditerranée.

Si les statistiques officielles permettent d’avoir des indications pertinentes sur les grandes tendances de l’évolution des captures, il est cependant reconnu que celles-ci ne permettent pas toujours d’élaborer des modèles d’évaluation des stocks entièrement satisfaisants. A titre illustratif, on peut comparer les statistiques de production officielles pour 1995 ( source : FAO) aux statistiques recueillies sur la base de l’étude bibliographique réalisée dans le cadre du présent document, et qui couvrent la période 1993-95. La production de la pêche en Méditerranée s’établit, d’après les estimations officielles, à environ 1 155 200 t tandis que la production officieuse est estimée à environ 1 308 400, soit une différence de l’ordre de 13%. Il n’a malheureusement pas été possible d’établir une comparaison sur la composition des captures.

La figure 3 renseigne sur la répartition des captures entre les différents pays en fonction du mode d’estimation. On s’aperçoit globalement que cette répartition diffère essentiellement lorsque l’on compare le groupe des pays membres de l’UE et celui des pays d’Afrique du nord. D’après les estimations officielles, le premier groupe contribue à hauteur de 59,5% tandis que le deuxième groupe contribue à hauteur de 25,9%. D’après les estimations officieuses, on obtient respectivement 63,9% et 21,9%.

Figure 3. Captures de la pêche en Méditerranée (sources : annexe 2)

En ramenant la production totale "officieuse" à la longueur de côte, on obtient un ratio de l’ordre de 30 t/km à l’échelle de la région. Selon les pays, ce ratio est très variable. En dehors de toutes considérations biologiques, celui-ci se situe apparemment en dessous de la moyenne dans le cas des pays insulaires, ou possédant de nombreuses îles (ex. Croatie, Chypre, Grèce, Malte) ou alors dans le cas des pays dotés de flottilles en restructuration (ex. Albanie, Liban, Libye, Syrie). Ce ratio serait en revanche généralement élevé dans le cas des pays à forte tradition halieutique ou possédant une flottille mobile (ex. Algérie, Espagne, Italie, Maroc, Tunisie).

Le chiffre d’affaires de la pêche en Méditerranée a été estimé à environ 5 150 millions $EU en 1995, sur la base d’une production annuelle de 1,2 millions t et d’une valeur moyenne des débarquements de l’ordre de 4 300 $EU/t (source : FAO / FIDI). D’après ces estimations, la part de chiffre d’affaires réalisée par les pays membres de l’UE et par les pays de l’Afrique du nord s’élève respectivement à environ 86% et 10% du total.

1.4 Eléments de comparaison entre la pêche et l’aquaculture marine

Il est de plus en plus couramment admis que l’aménagement des pêcheries en Méditerranée ne saurait être totalement dissocié des questions liées au développement de l’aquaculture, pour des raisons de synergie ou de compétition entre les deux secteurs.

En Méditerranée, l’aquaculture marine connaît depuis une décennie un essor important dans le domaine de la conchyliculture mais aussi de l’élevage de poisson (bars, dorades). La production est ainsi passée d’environ 85 500 t en 1985 à 251 100 t en 1995, soit un triplement de la production en dix ans (source : FAO). Au cours de cette période, la proportion de mollusques est passée de 97% à 80%, tandis que celle de poisson marin est passée de 2% à 19%.

L’une des caractéristiques majeures de l’aquaculture en Méditerranée est que les marchés sont fortement intégrés, avec notamment une convergence importante des produits vers l’Italie.

Sur la base d’une production aquacole marine de 251 100 t (estimations FAO) et d’une production halieutique d’environ 1 310 000 t (estimations officieuses), la Méditerranée assure actuellement une production d’environ 1 560 000 t/an, dont 16% provient de l’aquaculture. Selon les pays, cette contribution est cependant très variable : 21% en moyenne dans le cas des pays membres de l’UE, et 3% dans le cas des pays de l’Afrique du Nord.

D’après les statistiques de la FAO, la production totale de la pêche et de l’aquaculture marine en Méditerranée est passée d’environ 1 189 200 t en 1985 à 1 365 600 t en 1995, soit une augmentation en 10 ans de l’ordre de 180 000 t (+15%). Cette augmentation correspond globalement à l’essor de la production aquacole. La contribution de l’aquaculture à la production totale est ainsi passée au cours de la dernière décennie de 7,2% à 18,4%.

Le tableau 2 présente l’évolution de la contribution de l’aquaculture marine à la production de poisson en Méditerranée au niveau national dans quelques pays où l’aquaculture sur le littoral méditerranéen a atteint un niveau de développement significatif.

Le chiffre d’affaires de l’aquaculture en Méditerranée est estimé à 708,4 millions $EU environ, soit 14% du chiffre d’affaires de la pêche méditerranéenne. La contribution de l’aquaculture au chiffre d’affaires à la production du secteur des pêches et de l’aquaculture en Méditerranée est par conséquent d’environ 12% à l’heure actuelle.

Tableau 2. Contribution de l’aquaculture marine à la production de poisson en

Méditerranée (source : FAO / AQUACULT.PC)

1985

1990

1995

Albanie

10,8%

37,1%

15,3%

Chypre

0,0%

1,9%

12,3%

Egypte

0,0%

0,0%

12,6%

France

20,2%

37,4%

48,8%

Grèce

0,2%

6,1%

17,9%

Israël

0,0%

2,1%

29,5%

Italie

14,4%

24,5%

31,5%

Malte

0,0%

0,0%

51,4%

Maroc

0,3%

1,2%

3,6%

Tunisie

0,2%

1,1%

0,7%

Turquie

0,0%

2,1%

6,8%

Si les interactions entre la pêche et l’aquaculture en Méditerranée sont évidentes en ce qui concerne la commercialisation des produits, les interactions pouvant exister sur le plan de l’organisation sociale et économique des producteurs sont mal connues. L’une des questions centrales en la matière concerne la capacité d’accueil de l’aquaculture pour les pêcheurs en voie de reconversion.

Des informations parcellaires existent dans ce domaine, mais qui ne permettent toutefois pas de généraliser à l’échelle de la région. En Espagne, une étude de 1991 indique par exemple que consécutivement à la restructuration de la flottille méditerranéenne, un nombre considérable de pêcheurs s’est reconverti en aquaculture marine de même qu’en aquaculture continentale. Cependant, dans beaucoup de pays, les possibilités de reconversion des pêcheurs vers l’aquaculture semblent assez réduites, compte tenu des logiques d’entreprise différentes caractérisant ces deux secteurs et du niveau de qualification insuffisant des pêcheurs pour entreprendre dans ce secteur d’activité.

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