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Chapitre 2 - La formation du personnel

Le succès d'un projet dépend notamment de la capacité technique du personnel en poste dans la zone d'intervention à exécuter toutes les activités prévues.

Un plan de formation

II est essentiel que le personnel du projet soit formé aux tâches qui l'attendent. Certains besoins en formation ont été sous-estimes au moment de la formulation des projets. Dans le cas du projet du Burkina Faso, la nécessité d'une formation aux enquêtes rapides de consommation n'a été relevée qu'après le démarrage du projet, le personnel du projet appelé à effectuer les enquêtes n'ayant aucune expérience dans cette technique. L'organisation de la formation non prévue auparavant, a causé un retard qui n'a pas permis à l'enquête d'atteindre les objectifs pour lesquels elle avait été programmée (détermination de la situation de départ).

Aucun projet n'a organisé de formation sur la méthode accélérée de recherche participative (MARP), bien qu'elle ait été parfois utilisée.

Dans le cas des projets du Niger et du Bénin, le système de suivi mis en place n'a pas donné les résultats attendus car, entre autres, le personnel n'avait pas été suffisamment formé à l'utilisation des instruments de suivi.

L'évaluation des besoins en formation du personnel du projet par rapport à toutes les activités prévues est une étape préliminaire à la mise en oeuvre des activités (Aide-mémoire No 2.1). D faut identifier tous ces besoins en début de projet dans le cadre d'un processus de concertation et de planification inter-institutionnelle.

LES PARTICIPANTS

La formation est la première étape vers la constitution d'équipes plurisectorielles appelées à travailler ensemble vers l'objectif commun. C'est alors que les agents techniques se retrouvent pour harmoniser leurs connaissances et leurs expériences, comprendre le rôle des uns et des autres, intégrer leurs interventions sur le terrain.

C'est dans la formation plus que dans toute autre activité que les projets ont manifesté leur caractère intersectoriel, en s'adressant aux agents techniques de différents ministères, et au personnel d'agences et d'organisations non gouvernementales (ONG).

La période retenue pour la formation n'étant pas convenable pour toutes les structures (surtout pour l'Education, compte tenu du calendrier scolaire), les projets du Burkina et du Bénin ont scindé les participants à la formation initiale selon la structure d'appartenance et prévu ainsi des sessions séparées de formation.

Ce critère d'homogénéité des participants n'est pas correct du point de vue méthodologique dans une perspective d'intersectorialité des activités.

En cohérence avec l'intersectorialité de l'approche d'un projet de nutrition, les sessions de formation doivent impliquer simultanément les agents des différentes structures concernées. Pour ce faire, il est essentiel de choisir des périodes de l'année convenables à tous les participants.

LES ENCADREURS

La pluridisciplinarité des thèmes à développer pendant la formation implique la présence d'une équipe pluridisciplinaire de formateurs/animateurs relevant de différentes structures. Un travail préliminaire d'harmonisation des interventions et des méthodologies s'avère nécessaire.

Le projet du Mali a déployé beaucoup d'efforts pour préparer la formation. Un atelier pédagogique_regroupant tous les encadreurs a précédé la session de formation: les objectifs de la formation, la méthodologie d'enseignement, le rôle de chacun, ainsi que les procédures d'évaluation ont été définis. Un responsable pédagogique de la session de formation a été nommé. Pendant la formation, l'équipe pédagogique s'est réunie régulièrement pour faire le point du déroulement de la formation.

L'organisation d'un atelier pédagogique de préparation à la formation, regroupant les différents membres de l'équipe d'encadrement, assure l'harmonisation des méthodes d'enseignement et d'évaluation.

LES OBJECTIFS ET LE PROGRAMME DE LA FORMATION

La formation du personnel impliqué dans un projet a pour objectif général l'acquisition ou le renforcement des connaissances et des pratiques dans un domaine technique donné. Les objectifs spécifiques (d'apprentissage) sont définis sur la base des besoins relevés auprès des participants.

Tous les projets ont défini à l'avance les objectifs généraux des sessions de formation qu'ils ont eu à organiser.

Pour ce qui concerne les objectifs d'apprentissage, aucun projet n'a pu contacter les participants à l'avance pour évaluer leurs besoins en formation. Cela aurait été souhaitable compte tenu de leur hétérogénéité.

Le projet régional a rencontré des difficultés dans ce sens au cours du premier atelier de formation, à cause des différents niveaux de connaissance en nutrition des participants, différences qui n'avaient pas été déterminées au préalable. Le projet a dû réorienter le programme du deuxième atelier en consacrant un temps à l'information de base afin de faciliter l'implication de tous dans une dynamique intersectorielle.

Dans le cas des projets du Bénin et du Niger, un test d'entrée et un "brainstorming" initial ont permis à l'équipe d'encadrement de définir avec les participants les besoins en formation et les objectifs spécifiques. Le programme de la formation a été ensuite élaboré de manière participative, selon les besoins ressentis et exprimés par les participants eux-mêmes. Sur la base des objectifs spécifiques ainsi définis, une évaluation participative de la formation a été effectuée à la fin de la session.

L'évaluation des besoins spécifiques en formation à l'aide d'un questionnaire envoyé à l'avance aux participants permet d'élaborer le programme de la formation sur la base des besoins relevés. On peut aussi évaluer les besoins au début de la session, avant toute activité didactique, à l'aide d'un "brainstorming" ou d'un test d'entrée. Cette démarche donne à la formation un caractère participatif, mais demande à l'équipe pédagogique beaucoup de souplesse.

Tous les projets ont prévu dans leurs sessions de formation un volet théorique et un volet pratique. Malheureusement le volet pratique a été souvent pénalisé à cause des contraintes liées à l'insuffisance du temps et des moyens.

Dans la programmation de la formation en nutrition, le projet du Niger a tenu compte à la fois de l'hétérogénéité des participants et de l'objectif du projet qui était celui de former des équipes pluridisciplinaires capables d'harmoniser leur travail sur le terrain.

Après une phase de mise à niveau des connaissances théoriques, les participants ont donc été appelés à réfléchir sur un problème donné, du type de ceux qu'ils rencontrent sur le terrain. Après la définition d'une stratégie multisectorielle impliquant tous les intervenants, les participants se sont scindés en groupes de travail où ils ont approfondi les aspects techniques de l'intervention pertinente à leurs structures d'appartenance.

Le programme d'une session de formation, doit prévoir une phase théorique d'harmonisation des connaissances et une phase pratique d'application sur le terrain d'une intervention intersectorielle. L'approfondissement des aspects techniques propres à chaque structure est confié aux groupes de travail.

LA CAPITALISATION DE LA FORMATION

Les connaissances et les aptitudes acquises au cours d'une formation constituent un capital qui risque de fondre avec le temps si les participants ne disposent pas immédiatement d'une documentation pratique à consulter sur le terrain chaque fois qu'ils s'apprêtent à mettre en application la formation reçue.

Plusieurs projets ont organisé un nombre important de sessions de formation en faveur des agents techniques, notamment au Niger, au Burkina Faso et au Bénin. Mais il faut observer que les participants sont rarement retournés à leur poste munis d'une documentation à consulter en cas de besoin.

Au Burkina Faso, des Guides ont été produits et distribués aux agents longtemps après leur formation. Au Niger, un projet de suivi a publié des documents pédagogiques destinés aux participants des sessions de formation du projet précédent. Ces actions de rattrapage n'ont permis de sauver qu'une part des bénéfices attendus de la formation.

Le Bénin, par contre, a pris une initiative intéressante pour assurer l'ancrage de la formation en nutrition des agents, en réalisant avant la formation un petit fascicule à distribuer aux participants. Ce fascicule a été préparé à l'aide de documents de la FAO, d'autres références existant dans le pays et de schémas préparés par les encadreurs.

Il est impératif que les participants reçoivent au cours de leur formation des documents, même de simple réalisation, résumant te contenu des enseignements reçus et qui pourront leur servir de référence dans la conduite de leurs activités.

LE SUIVI ET LE RECYCLAGE

La formation ne s'arrête pas à des événements isolés et d'une durée limitée, car l'apprentissage est un processus continu qui a besoin de suivi et de mises à jour périodiques.

Le projet du Bénin a inclus dans son plan d'action le recyclage périodique des agents techniques formés. Cela, a paré outre à consolider la formation des anciens agents, au problème des affectations du personnel en permettant aux nouveaux arrivés de s'intégrer dans le processus grâce à leur participation aux sessions de recyclage.

Les séances périodiques de suivi et de recyclage renforcent la formation. Elles permettent aux agents d'échanger leurs expériences sur la mise en pratique sur le terrain de la formation reçue. Elles permettent aussi aux agents nouvellement affectés dans la zone du projet de se mettre à niveau avec leurs collègues.

Les étapes à suivre pour l'organisation pédagogique des sessions de formation sont résumées dans l'aide-mémoire No 2.2.

Ce qu'il faut retenir

Aide-mémoire No 2.1
L'augmentation des capacités techniques des agents en poste dans la zone du projet (formation)

Pour toutes les composantes du projet, il faut prévoir une formation spécifique en:

- éléments de base de la nutrition
- techniques de collecte des données
- organisation et gestion des groupements
- techniques de communication
- techniques horticoles
- techniques de conservation
- techniques de transformation
- techniques de petit élevage/pisciculture
- éducation nutritionnelle
- utilisation des instruments de suivi et d'évaluation

Aide-mémoire No 2.2
L'organisation pédagogique des sessions de formation

Pour chaque formation:

- définir les objectifs de la formation

- impliquer simultanément les différentes structures concernées par le projet (intersectorialité des formations)

- faire appel à des encadreurs provenant de ces structures (pluridisciplinarité de l'enseignement)

- évaluer à l'avance les besoins en formation des participants à l'aide d'un questionnaire (ou bien, tout au début de la formation, à l'aide d'un test d'entrée)

- inviter les encadreurs à participer à un atelier pédagogique de préparation à la formation pour l'harmonisation des méthodologies d'enseignement et d'évaluation

- privilégier les méthodes participatives d'apprentissage

- établir le programme de la formation en prévoyant une session théorique et une session pratique d'application sur le terrain pour une intervention pluridisciplinaire

- prévoir des travaux de groupes pour approfondir les aspects techniques propres à chaque structure

- évaluer la formation à l'aide d'un test de sortie

- capitaliser la formation en distribuant aux participants de la documentation relative aux thèmes traités pendant la formation

- effectuer un suivi périodique en organisant des sessions de recyclage


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