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Nouvelles du monde


Généralités
Sylviculture et aménagement
Protection des forêts
Utilisation, nouvelles méthodes
Economie et statistique
Politique, législation et administration
Réunions
Revue des livres


Les articles qui paraissent ici sont des résumés de nouvelles choisies parmi celles qui peuvent intéresser les lecteurs de UNASYLVA. Ils sont classés par pays suivant l'ordre alphabétique, sous les références utilisées par la Division des Forêts et des produits forestiers. L'éditeur serait heureux de recevoir directement de ses lecteurs des articles intéressants et nouveaux pour cette partie de la revue.

Généralités

PÉROU

· Sous la direction du Dr. J. Vellard, assisté du Professeur M. Pieyre, un Centre français d'études andines a été fondé à Lima en 1948. Son but est de grouper les hommes de science français actuellement au Pérou comme aussi de mettre à la portée des savants français et péruviens les travaux réalisés en Europe et en Amérique sur les régions andines, en organisant un Secrétariat scientifique et des fichiers spécialisés.

Le Centre comprend une section géographique, une section biologique et une section anthropologique.

On relève dans le programme actuel des recherches un nombre considérable de points qui sont d'intérêt essentiel pour les forestiers, tels que les recherches sur les formes de l'érosion moderne, sur le climat, sur l'utilisation des sols, sur l'étude des photographies aériennes. Le Centre est d'ailleurs en relation avec la Commission «pour l'étude du potentiel économique, du Pérou».

SUISSE

· L'«Association suisse de l'industrie du bois», l'«Association suisse des marchands professionnels de bois» et l'«Association suisse d'économie forestière» viennent de conclure une Convention, paraphée à Berne et Soleure le 10 février 1949 pour la création d'un fonds autonome d'entraide.

Ce fond est alimenté par une contribution spéciale payée en partie par les propriétaires de forêts publiques on privées et en partie par les acheteurs de bois ronds à l'occasion de toute volute de grumes, et à raison de 10 centimes par m³ pour les premiers et 20 centimes pour les seconds.

Le fonds est géré par une Commission spéciale composée de représentants des trois Associations signataires, plus lin représentant de la Société Forestière suisse et présidé par l'inspecteur Général des forêts de la Confédération, avec voix consultative.

Un tiers des sommes disponibles sera consacré à l'étude des problèmes touchant directement l'économie forestière, en particulier l'amélioration et la rationalisation de l'exploitation forestière, et du transport des bois, ainsi qu'à la recherche de débouchés pour les produits ligneux de moindre valeur.

Un autre tiers est destiné à l'amélioration et à la rationalisation de l'industrie du bois, en particulier à l'amélioration de la formation professionnelle et au développement de l'utilisation des sciages.

Le dernier tiers est réservé à des problèmes mixtes et régionaux intéressant à la fois l'économie forestière, l'industrie et le commerce du bois.

YOUGOSLAVIE

· Après 6 ans d'interruption, la parution des Annales de Sylviculture Expérimentale, publiées par l'Institut Agronomique et Forestier de l'Université de Zagreb, en Yougoslavie, a été bien accueillie.

Le dernier numéro (volume 8) avait paru en 1942, Le volume 9 a paru en 1948. C'est un important ouvrage de 366 pages, contenant onze articles d'une haute tenue scientifique, traitant de sujets très divers depuis les caractères biologiques des peuplements mélangés d'aulne et de chêne jusqu'aux principes généraux de détermination des prix du bois sur pied, et de la reproduction du peuplier par boutures jusqu'aux propriétés techniques du bois de différentes espèces de pins.

Les articles sont suivis de brefs résumés en allemand ou en français, quelquefois dans les deux langues, et parfois en anglais. Dans l'ensemble, cette publication traite de recherches forestières très sérieuses et tons les forestiers apprendront avec satisfaction que l'Institut Agronomique et Forestier s'occupe à nouveau activement d'études et de recherches forestières dont les résultats contribueront à enrichir la science forestière dans le monde entier.

· Quatre instituts de recherches forestières ont été créés en 1948 dans les diverses républiques fédérées de Yougoslavie, avec pour sièges: Belgrade, Zagreb, Ljubljana et Skoplje. Ils sont placés sous la direction du Ministère des Forêts des différentes républiques, En outre, il existe pour l'ensemble de l'Union un Institut, dont le siège est à Splitu, et qui est consacré au développement de nouvelles méthodes améliorées de sylviculture sur les sols rocheux.

UNION DES RÉPUBLIQUES SOCIALISTES SOVIÉTIQUES

· L'Archipel des Kouriles comprend quelque 36 petites îles situées entre le Kamchatka méridional et l'extrémité nord du Japon (Kokkaido). Ces îles appartenaient primitivement à la Russie, mais après la guerre russo-japonaise, elles furent cédées au Japon en môme temps que la partie méridionale de l'île de Sakhaline; après la deuxième guerre mondiale, elles retournèrent à l'URSS. Elles occupent une superficie de 15.600 km² et ont une population de 6.000 habitants. Les forêts sont situées pour la plupart dans les quatre iles du sud: Urup, Iturup, Shikotan et Kunashiri. Le volume de bois sur pied est relativement faible: les forêts d'épicéa (Picea Jezuensis) et de sapins (Abies sachalinensis) présentent de l'intérêt au point de vue d'une exploitation éventuelle. L'épicéa domine surtout dans l'île de Kunashiri (25 pour cent de la totalité du peuplement exploitable); on en trouve également en petites quantités dans l'île de Shikotan. Dans la partie Nord-Ouest de Kunashiri on trouve des peuplements d'épicéas de hante qualité et souvent des forêts à deux étages avec des sapins et d'autres essences formant l'étage dominé. Les Japonais ayant, pendant des années, abattu les épicéas, beaucoup de peuplements sont maintenant devenus des forêts mixtes de sapin et d'épicéa, avec prédominance du sapin, on des forêts pures de sapin, l'épicéa a une hauteur moyenne de 18 m et atteint parfois 35 in, avec des diamètres allant de 28 à 72 cm. Les âges s'échelonnent de 80 à 250 ans. Il n'y a pas de massifs forestiers continus, en raison de l'étroitesse des îles (de 6 à 46 kms de large).

Les vents forts sont le facteur météorologique dominant du climat généralement humide des Kouriles. Par suite, les forêts n'atteignent un développement normal que dans les régions protégées du vent: sur les pentes abritées et dans les vallées ou les anses. La zone des arbres s'arrête à 400 on 500 m au dessus du niveau de la mer. Plus haut, on trouve seulement des pins rampants (Pinus Pumila) et des arbustes. On trouve quelques beaux peuplements, susceptibles d'être exploités, dans des anses isolées, ouvrant directement sur l'océan et, dans quelques cas seulement, reliées aux agglomérations par la terre ferme le long de la côte. Les températures douces de l'hiver (température moyenne de l'année 4 à 5° C) la couverture d'herbe luxuriante, les bambous, les précipitations abondantes et les nombreuses sources minérales, maintiennent le sol mon pendant l'hiver et rendent l'exploitation difficile. Dans les îles septentrionales de l'Archipel, il y a quelques groupes isolés d'aulnes et de saules, et parfois de bouleaux, croissant dans les endroits abrités des vents froids; l'importance économique de ces forêts est négligeable. La flore forestière de la rangée intermédiaire des petites îles rocheuses est encore moins riche en bois d'œuvre.

Sylviculture et aménagement

HONGRIE

· Les anciennes tables allemandes de production pour les forêts de chêne, longtemps utilisées en Hongrie, ont été jugées inapplicables dans les conditions actuelles. C'est pourquoi, le Professeur Fekete Zoltan de l'Université technique hongroise de Sopron, a entrepris la préparation de nouvelles tables de production pour les forêts de chêne, basées sur des places d'expérience permanentes situées dans les forêts de chêne hongroises. Les mensurations ont été effectuées sur 126 places d'expériences, chaque parcelle ayant une moyenne de 0,5 ha. Sur ces 126 places, 69 étaient composées de futaie et 57 de taillis. Ces tables de production, différentes poux les deux régimes des forêts de chêne viennent d'être publiées dans le volume. XLVI des recherches forestières de l'Université de Sopron.

INDE

· Les «Indian Forest Records» Sylviculture, vol. 7 n. 1 de Dehra Dun publient un rapport de T.V. Dent sur «le stockage des graines, en particulier des graines de plants forestiers indiens». Il faut une connaissance étendue des méthodes de ramassage, de stockage et du traitement des graines d'un grand nombre d'essences étant donné qu'au moins 8.100 ha de terres boisées sont régénérées artificiellement chaque année dans les différentes provinces et états des Indes et que le reboisement des régions dénudées est un sujet d'intérêt national. La première partie du rapport traite des principes généraux de stockage des graines, tels que la germination, le repos végétatif, la durée de la faculté germinative, le ramassage et l'extraction, les méthodes de stockage, la protection des semences emmagasinées contre les parasites, le transport et l'essai de germination. La deuxième partie résume toutes les données recueillies sur la durée de la faculté germinative des graines de 237 essences forestières indiennes classées alphabétiquement. Les semences d'espèces voisines tendent à avoir des qualités semblables de longévité et de conservation.

PUERTO RICO

· La praticabilité et les chances de succès des méthodes de coupes sélectives en forêt tropicale se trouvent amplement mises en évidence par une petite forêt de 50 acres située à l'intérieur de Puerto Rico au milieu de collines dénudées consacrées à la culture du tabac.

La forêt, partie d'une ferme achetée en 1926 par M. Angel Monserrate, a été traitée depuis cette époque suivant de véritables méthodes de jardinage, d'ailleurs simplement basées sur des règles de bon sens, le propriétaire n'ayant jamais été guidé par aucune connaissance particulière de sylviculture autre que celle tirée de sa propre expérience. Ce petit massif qui, au moment de son acquisition présentait le même aspect de dégradation que toutes les autres forêts de cette île surpeuplée, a réagi de façon remarquable à ce traitement prudent, qui va jusqu'à comporter l'inventaire précis des essences les plus précieuses.

Elle renferme les meilleures essences locales en belle proportion notamment Manikara nitida, Dacryodes excelsa, Buchenavia capitata, Sloanea berteriana, Cordia alliodora, etc, ainsi que des espèces convenant à la production des poteaux. Les arbres sont droits et bien venants, correctement espèces, les seuils abondants.

La surface entière est parcourue chaque année par les coupes et les produits sont utilisés au plus près, les bois ne pouvant convenir à lin autre usage étant utilisés pour la fabrication de charbon.

Le propriétaire estime que sa forêt constitue le terrain le pins productif de sa ferme. Il en a tiré en moyenne $ 1000 par au jusqu'en 1940, et de 1940 à 44 cette moyenne s'est élevée à $ 1500, dont plus de la moitié constitue un bénéfice net.

Un tel exemple mérite de retenir l'attention de tous les pays de l'Amérique tropicale.

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· Depuis plusieurs années des essaie ont été faits aux Etats-Unis en vue de réduire la transpiration des jeunes plants, immédiatement après la plantation, Pour faciliter leur reprise. Les émulsions isolantes qu'on avait employées jusqu'à ce jour n'avaient toutefois pas donné de bons résultats.

Diverses expériences ont été faites récemment par le Service Forestier Fédéral dans le Minnesota, l'Oregon et à la Station d'Expérience du Nord-Est en employant un produit désigné sons le nom de S/v Ceremul C fabriqué par la Socony Vacuum. Il s'agit d'une émulsion de cire et d'eau, la triethanolamine étant employée comme agent émulsif.

Les expériences ont été conduites principalement avec de jeunes plants de Pinus Ponderosa, en utilisant des dilutions variées de Ceremul dans l'eau, à certaines desquelles on a ajouté de l'argile. La partie supérieure des jeunes plants, en paquets de 50, est trempée dans la dilution. Les dilutions trop concentrées, tout en assurant un meilleur taux de reprise, provoquent une perte de vigueur des plants qui s'explique par le fait que les fonctions de la feuille autres que la transpiration se trouvent partiellement gênées. Mais en employant une partie de Ceremul pour 4 à 6 parties d'eau, on a obtenu une augmentation du taux de reprise allant jusqu'à 14 pour cent.

Avec des essences dont la transpiration est très forte, telles que le Douglas, la dilution optimum devrait sans doute descendre à une partie de Ceremul pour 10 parties d'eau.

· La Station d'Expérience forestière des Etats des Lacs a procédé depuis 1932 à d'intéressants essais sur la conservation des graines de pin blanc (P. Strobus). Ces essais présentent d'autant plus d'importance que les années de semence du pin blanc ne se produisent guère que tous les 3 à 5 ans, et que, en raison de sa haute teneur en matière grasse la graine nécessite des précautions très soigneuses pour sa conservation.

Les essais effectués sous cinq conditions de température différentes, et cinq degrés d'humidité différents ont montré que la meilleure méthode de préservation consistait à dessécher les graines jusqu'à ce qu'elles ne renferment pins que 7 pour cent d'humidité au plus, puis à les conserver dans des récipients à l'épreuve de l'humidité, sons une température de 36°F (22°C).

Dans ces conditions, la graine conserve sa vitalité pendant une durée d'au moins dix ans.

Protection des forêts

INDE

· La culture nomade, si intensément pratiquée dans la plupart des pays tropicaux est l'un des traits caractéristiques des tribus indigènes des Etats de l'Est de l'Inde. Elle s'y pratique surtout aux dépens des forêts de «sal» (Sharea robusta).

Le système, qui consiste à pratiquer deux on trois années de culture sur une surface débarrassée de bois, puis à l'abandonner pour y revenir au bout d'une période qui s'étendait autrefois jusqu'à 30 ans, mais qui actuellement se limite en général à 8-10 ans, entraîne une détérioration de la végétation et du sol d'autant plus rapide que cette rotation est plus courts.

Il est intéressant de noter que, en plus sieurs cas, les forestiers de cette région ont pu néanmoins réussir à persuader certaines tribus d'abandonner ce système primitif de culture. La difficulté est naturellement de trouver à proximité de l'emplacement des communautés, des terrains qui se prêtent à la culture permanente. Dans certains cas la chose a pu être réalisée. Dans d'autres on a dû déplacer la communauté tout en la laissant à proximité de son ancien habitat, en raison de traditions religieuses qu'il importe de respecter.

Mais, dans tous les cas, une répartition nouvelle des terres a en lieu, accompagnée d'une distribution de terrains de culture à chaque famille indigène, à raison de 5 à 6 acres de terrains pour culture irriguée et de 2 acres pour cultures sèches. Le reste des terrains a été divisé en: 1) Réserves forestières de classe A destinées à l'exploitation commerciale on à la protection - 2) Réserves forestières de classe B, destinées à assurer la satisfaction des besoins eu bois des villages et où le pâturage est autorisé contre paiement d'une taxe - 3) Terrains de parcours communs.

Les deux catégories de forêts sont soumises à un aménagement.

Mais, pour obtenir ce résultat il est indispensable d'apporter aux indigènes une aide matérielle. Les bêtes de trait, les graines de riz, le matériel agricole de première nécessité, le bois pour la construction des habitations ont été donnés gratuitement à chaque famille. Les réservoirs et les canaux d'irrigation ont été construite aux frais de l'Etat. Un prêt de riz a été fait pour permettre aux villageois d'attendre que les travaux destinés à leur assurer de nouvelles terres, soient terminés. Les villages ont été pourvus de dispensaires, d'écoles, d'un cours pour enseigner aux agriculteurs les principes de leurs nouvelles cultures, et en particulier ceux de la culture maraîchère.

Malgré les dépenses engagées, le résultat obtenu dans certains cas est intéressant, même du point de vue financier. Dans l'Etat de Rairakhol, un établissement de ce genre, qui a englobé 83 familles a coûté 13.000 Rs. entièrement financés par le budget forestier. Le revenu des terres louées s'élève à 600 Rs. annuellement, et, par ailleurs la vente des bambous sur les 10.000 acres de forêts qui ont pu être réservés fournit un revenu annuel de 1400 Rs.

ROYAUME-UNI

· La Commission Forestière du Royaume-Uni a pu enregistrer récemment les premiers résultats pratiques d'une expérience de reboisement commencée il y a 20 ans dans des conditions particulièrement difficiles.

Il s'agissait d'une étendue de 2.400 acres de dunes de sable mouvant sur la côte du Carmarthenshire, (South Wales) exposée à des vents d'une extrême violence.

Après bien des essais, le boisement fut entrepris avec du pin de Calabre (P. nigra var. calabrica), avec un très léger mélange de plu d'Autriche (P. nigra var austriaca), de P. contorta et d'épicéa. Le Pin de Calabre a parfaitement réussi développant, en particulier, un système radiculaire d'une extrême vigueur. Les plants ont tous été fournis par une petite pépinière établie à proximité des dunes. On a utilisé des plants de 2 ans, dont un de repiquage, puis plus tard des plants de 3 ans dont 2 de repiquage et les plantations ont été faites serrées à l'espacement de 4 f. 3 inch. (1m, 30) en tous sens. Ecimés, tordus par le vent, les arbres de lisière ont assuré à l'ensemble du massif une excellente protection.

Les sables avaient été primitivement fixés par des semis ou plantations de Psamma arenaria, qui était indigène, de Carex arenaria, Salix repens, Hippophae rhamnoides et diverses autres essences stabilisantes.

Les premières éclairices ont été marquées récemment dans cette plantation devenue aujourd'hui la forêt de Pembrey et ont fourni une importante quantité de pieux et de petits bois de mine.

Il est intéressant de signaler qu'après 20 ans de protection contre le vent et le sable, les terrains situés immédiatement derrière cette forêt sont devenus après drainage, d'inutilisables qu'ils étaient, des terres agricoles de première qualité.

· D'intéressantes observations ont été faites durant l'hiver 1946 aux environs d'Oxford, sur les racines de différentes essences résineuses croissant dans des peuplements qui avaient beaucoup souffert d'un coup de vent. Le sol se trouvait dans de médiocres conditions de drainage. Les racines secondaires mortes étaient extrêmement nombreuses dans les couches envahies par l'eau de façon intermittente pendant de longues périodes, moins nombreuses dans les couches supérieures, parfois sérieusement affectées par la sécheresse.

Mais il est apparu que les premières atteintes de la maladie n'étaient pas nécessairement, et étaient même rarement produites par les champignons qui deviennent ensuite extrêmement abondants sur tout le système radiculaire et provoquent la pourriture de la tige principale. Sur un jeune Douglas (Pseudotsuga taxifolia) infecté par Fomes annosus, il apparaissait clairement qu'une mortalité partielle des racines avait été causée par des facteurs non parasitiques, qu'une reprise de la croissance avait suivi, à laquelle l'infection avait rapidement succédé.

Ces observations apportent une importante présomption en faveur de la thèse suivant laquelle l'état physique du sol, notamment en ce qui concerne la circulation de l'air et de l'eau, aurait une influence prépondérante, créant les conditions favorables aux infections qui causent la mort des racines et la pourriture des souches.

UNIONS DES RÉPUBLIQUES SOCIALISTES SOVIÉTIQUES

· Le plan de conservation à long terme annoncé par l'U.R.S.S. en novembre dernier est activement poursuivi. Pratiquement tous les organismes d'enseignement supérieur participent à la réalisation de l'une ou l'autre de ses phases. Six expéditions comprenant 120 spécialistes de l'Académie Nationale des Sciences, de la Faculté de Biologie de l'Université de Moscou, de l'Institut Forestier de Léningrad, de l'Institut Fédéral des Améliorations Agricoles et d'autres organismes, sont maintenant sur place pour déterminer les régions où doivent être créées les huit longues zones continues dé protection.

A l'automne 1948, les fermes collectives et les fermes d'Etat, principalement en Ukraine ont planté 199.000 hectares de bandes forestières autour des champs cultivés.

Dans les régions de prairie et de semi-prairie, environ 2.242.000 hectares de forêts naturelles qui se trouvaient encore dans certains endroits favorisés par des conditions particulières de sol et d'humidité, ont été déclarées forêts de réserve et doivent être traitées avec un soin particulier.

Environ 1.869.000.000 de plants ont été prévus pour les vastes plantations de forêts au printemps de 1949.

Près de 7.825 tonnes de semences d'arbres forestiers, d'arbustes, et d'arbres, dont 6.225 tonnes de glands, ont été récoltés dans les régions de prairie et de serai prairie. Environ 10.000 hectares ont été affectés à des pépinières au printemps de 1949.

Pour accroître le nombre des spécialistes, le Ministère de l'Education a décidé, pour 1949, d'augmenter de 1.025 le nombre des étudiants admis dans les écoles supérieures forestières et agricoles et de 4.180 celui des élèves des écoles techniques de degré moyen. Les classes supérieures de spécialistes d'améliorations agricoles et de sciences forestières recevront 1.650 élèves des universités et 3.440 des écoles techniques.

Utilisation, nouvelles méthodes

CANADA

· La reprise de la concurrence dans les industries du papier et de la pâte à papier a stimulé les efforts faits en vue d'améliorer la qualité. Un nouveau procédé, étudié au Canada, et dans lequel les fibres sont ondulées, témoigne des efforts faits dans le domaine de la pâte de bois. Cette technique doit permettre, non seulement d'obtenir une plus grande variété des qualités de pâtes fabriquées, mais aussi d'augmenter le rendement d'environ 10 %. Tandis que les résultats énoncés s'appliquent au procédé au sulfite, des résultats analogues, obtenus par la même méthode, sont signalés dans la production du kraft, de la pâte à la soude et de la pâte mécanique.

Economie et statistique

CANADA

· Des études effectuées par une importante compagnie d'assurance sur la vie, il ressort que le taux des accidents mortels pour les bûcherons et ouvriers du bois est de 286 comparé à une moyenne de 100 pour l'ensemble des professions.

INDE

· L'Inde a plusieurs projets de développement d'une importance et d'un intérêt comparables à ceux de la Tennessee Valley Authority.

Parmi les plus importants on peut citer le projet du Mahanadi consistant en trois barrages (Hirakud, Tikarpara and Naraj) destiné à irriguer plus de huit millions d'hectares de terres et à produire 4 millions de kilowatts, tout en permettant l'établissement d'une vole d'eau navigable de 380 milles de la frontière des Provinces Centrales à la mer.

Le seul barrage d'Hirakud, à 9 milles en mont de Sambalpur submergera une surface de 54.000 hectares dont près de la moitié à l'état de forêts et de pâturages.

L'Indian Forester attire l'attention des forestiers sur la part prépondérante qu'ils doivent prendre dans l'établissement et la réalisation de ces projets. Il ne s'agit pas seulement de l'utilisation des bois sur les forêts destinées à être immergées, qui constituera une tâche particulièrement difficile. Il s'agit surtout de la protection par un boisement suffisant des bassins de réception et de réaliser dans l'utilisation des terres, entre l'agriculture, le pâturage et la forêt, un équilibre qui assure la conservation du sol. Il s'agit aussi de plantations d'alignement le long des canaux, de création de ressources en bois de chauffage et de construction pour les autres industries auxquelles ces projets donneront naissance.

On espère que tous les Etats et Provinces intéressés par ces projets stipuleront que dès le départ, les officiers forestiers locaux devront être associés à ces projets en vue d'assurer une coordination convenable des plans à établir.

MALAISIE

· Les statistiques suivantes sur la Malaisie ont été publiées lors de la Conférence de Mysore.

A. Superficie


Km³


Superficie totale

131.676

50.840

Superficie boisée totale

100.407

38-767

Superficie totale des forêts réservées

28.104

10.851

Pourcentage des forêts réservées par rapport à la superficie totale


21.3

Pourcentage des autres forêts par rapport à la superficie totale


54.9

B. Production forestière



1947

1948

1.000 cubic feet

1.000

1.000 cubic feet

1.000

Bois ronds (grumes)

16.620

471

19.014

538

Sciages

3.897

110

2.984

85

Poteaux

3.365

95

3.395

96

Bois de feu

16.959

480

13.091

371

Charbon de bois

3.952

112

4.406

125

TOTAL (équivalent en bois ronds)

48.690

1.379

45.875

1.299

C. Scieries

(I) Au 31 décembre 1947, 189 scieries fonctionnaient en Malaisie; le chiffre, au 31 décembre 1948, était de 187.

(II) La plus grande partie du bois figurant dans le tableau ci-dessus au §B, sous la rubrique «bois rond» est débité dans les scieries locales. Les chiffres fournis étaient de 241.571 tonnes en 1947 et de 271.618 tonnes en 1942.

(III) Environ 28.000 personnes travaillent en forêt à la production du bois d'œuvre et du chauffage et environ 4.000 sent employées dans les scieries.

D. Exportations

Le total des exportations pour 1948 s'élevait à 36.149 tonnes, évaluées à 3.984.464 $ (1 $ des Etablis. du Détroit = 2/4 d. ou environ 50 cents USA). Le tableau ci-dessous indique la répartition des exportations et donne les chiffres comparés à ceux de 1946 et 1947.

Exportations de sciages en provenance de Malaisie en 1948 (traverses comprises)

Destination

1948

1947

11946

(tonnes de 50 cubic feet)

Chine (Changhai)

7.822

4.192

8.332

Hong Kong

2.287

4.003

4.098

Sumatra (Palembang)

5.640

1.441

331

Riouw et autres iles néerlandaises

2.186

604

383

Indes (Calcutta - Bombay)

911

-

-

Pakistan (Karachi)

884

308

-

Irak (Bassorah)

233

660

-

Aden et Bahrein

2.936

1.379

700

Arabie (Djeddah)

7.419

2.490

3.328

Egypte (Alexandrie Suez - Port Saïd)

²145

200

-

Kenya (Mombassa)

1.460

-

-

Ile Maurice (Port Louis)

1.132

746

1.084

Soudan (Port Soudan)

179

-

-

Afrique du Sud (Durban) ³

218

-

-

Australie (Sydney - Adelaïde) ³

363

62

-

Royaume-Uni (Londres - Liverpool) ³

2.226

65

-

U.S.A. (New York) ³

8

-

-

Autres pays

80

2

-

TOTAL

36.149

16.152

18.255

Valeur f. o. b. approximative en $ des Etablissements du Détroit

3.984.464

1.907.098

2.583.026

1 Pour 8 mois seulement; les exportations étaient interdites avant mai 1946.
² La totalité était composée de traverses créosotées.
³ Tous les bois destinés à ces marchés étaient classés par le Ministère des Forêts.

NÉPAL

· La production papetière du Népal consiste uniquement en papier grossier fabriqué à la main. Toutefois le gouvernement du Népal a lancé un programme de développement industriel couvrant 3 périodes quinquennales, et qui prévoit la construction d'une fabrique de pâte et de papier pendant la première période et de nouvelles fabriques de papier pendant la deuxième et la troisième période.

NOUVELLE-ZÉLANDE

· Une étude de l'évolution probable des offres et des demandes jusqu'en 1975 indique que l'excédent des produits forestiers bruts pendant cette période se maintiendra au chiffre annuel d'environ 1,4 millions de m³ (50.000.000 de pieds cube) à partir de 1955.

Naturellement les prévisions d'offre et de demande pour un si grand nombre d'années sont entachées d'incertitude mais ces chiffres sont considérés comme vraisemblables. L'opinion générale est que la population augmentera naturellement et par immigration de 2 pour cent au maximum par an, ce qui donnera en 1975 un chiffre total d'environ 3.000.000 d'habitants; si les besoins intérieurs sont un peu plus élevés que les chiffres prévus, cela ne modifiera en rien les exportations, car le surplus de production qui leur est destiné provient uniquement des forêts de l'Ile du Nord. L'Ile du Sud n'est pas aussi riche en forêts, mais on prévoit néanmoins un faible excédent qui permettrait de couvrir les besoins.

Si la totalité des 1.400.000 m³ en excédent était transformée en sciages, elle fournirait environ 708.000 m³ pour l'exportation. Toutefois les domaines d'utilisation se diversifient et une partie sera transformée en pâte à papier. Bien que cet excédent soit prévu à partir de 1955 et les aimées suivantes, l'expansion industrielle ne sera pas assez rapide pour que dès cette date la totalité en soit disponible pour l'exportation. Actuellement, la Nouvelle-Zélande compte sur une exportation de 330.000 m³ de sciages et 81.000 tonnes métriques de pâte de bois et dérivés pour 1955; ces quantités on tout au moins celles de pâte, augmenteront au cours des années suivantes.

Le point essentiel du développement des forêts exotiques sera la coordination étroite avec l'industrie et on entend que cette mesure sera appliquée au moins dans une certaine mesure aussi bien aux compagnies importantes qu'au forêts d'Etat. De grandes scieries, équipées avec des soies alternatives seront créées et associées étroitement avec des usines de production de pâte chimique, de papier journal et de panneaux de construction. La nouvelle technique de sciage dans laquelle on a adapté la précision des scieries du nord de l'Europe au débit des grumes de diamètres relativement faibles, caractéristiques des forêts exotiques, a été appliquée sous l'impulsion du service forestier, lorsqu'il a mis en service sa première installation à Waipa, Rotorua en 1940. La raison de l'intervention de l'Etat dans ce domaine a été qu'un technique de transformation basée sur l'équipement plutôt primitif et mal adapté, utilisé pour le sciage des bois indigènes ne convenait pu au débit des grumes beaucoup plus petites et généralement plus noueuses qui predominent dans la forêt exotique; en outre, à moins que leurs avantages ne soient effectivement démontrés en ce qui concerne l'industrie du, bois, l'inertie et les tendances conservatrices traditionnelles aboutiraient au maintien des anciennes techniques et compromettraient tout l'avenir des forêts exotiques. Voir c'est croire; et l'industrie du bois en Nouvelle-Zélande est maintenant persuadée que l'équipement primitif d'autrefois ne convient plus au débit des bois exotiques.

La qualité de la production de la soierie d'Etat a été favorablement jugée et le service forestier a déjà mis sur les marchés du Pacifique une quantité limitée de ses sciages. Les principales caractéristiques de la production de l'Etat sont des bois débités exactement aux dimensions exigées, séchés artificiellement jusqu'au degré d'humidité en équilibre avec l'extérieur, classés, coupés de longueur, marqués et groupés en lots. Actuellement, seule la soierie d'Etat est à môme de fournir du bois remplissant ces conditions, et encore en quantités limitées pour l'exportation; mais on espère que les nouvelles scieries qui seront installées par les entreprises privées dans les deux on trois prochaines années suivront l'exemple de la soierie d'Etat, tant pour l'équipement que pour la qualité de la production. Il convient de mentionner que les scieries privées ont exporté de petites quantités de sciages de bois résineux qui ne sont pas comparables à la production obtenue avec les scies alternatives.

Mais dans la mesure où le commerce futur d'exportation est intéressé, la concurrence de l'Europe et de l'Amérique tendra probablement à limiter la production aux scieries qui, ail point de vue technique et commercial auront atteint un niveau élevé. Ce qui signifie que l'exportation sera réservée à quelques scieries relativement importantes et bien équipées, comme c'est le cas dans les pays scandinaves; ainsi, les acheteurs éventuels n'auront aucune crainte à avoir sur la qualité des produits qui leur seront offerts.

SURINAM

· La Compagnie Hollandaise Bruynzeel, d'Amsterdam, qui possède de grandes scieries en Indonésie et en Afrique du. Sud, en même temps qu'une usine à Amsterdam, vient de terminer la construction, dans le Surinam, d'une usine moderne combinée, comprenant une scierie et une fabrique de contreplaqué. Les bâtiments sont situés au bord du fleuve près de la ville de Paramaribo. La scierie consomme environ 150 m³ de bois par jour dont 40% sont transformés en produits finis, principalement en parquets, destinés à l'usage local dans le Surinam et les autres territoires des Caraïbes. L'usine de contreplaqué équipée avec des machines américaines, consomme près de 150 m³ de bois par jour, produisant environ 45 m³ de contreplaqué de 4,5 mm d'épaisseur. Ce contreplaqué sert à la fabrication des meubles, des portes, de l'ébénisterie, etc... Il est en grande partie exporté en Hollande à Curaçao et aux Caraïbes. Le bois utilisé est le Virola Surinamensis (Baboon on Banak) considéré autrefois comme ayant peu de valeur. La Compagnie est surtout alimentée en bois par le Surinam, mais en achète également en Guinée Française.

UNION DES RÉPUBLIQUES SOCIALISTES SOVIÉTIQUES

· En 1949, un nouveau barême des prix du bois sur pied doit entrer en vigueur dans toute l'Union Soviétique, et doit être appliqué par tous les services gouvernementaux et les fermes collectives exploitant des bois d'œuvre. Ce nouveau barème tient compte d'un certain nombre de facteurs:

1° Le lieu d'abatage. Pour déterminer les prix des bois, le pays est divisé en 6 zones on régions. Ces zones sont dans l'ensemble géographiques, mais pas entièrement. Par exemple, dans les régions de prairie, les forêts constituent lune zone et les forêts du Caucase et de Crimée une autre; les forêts de la Sibérie Occidentale, et de la Sibérie Orientale et de l'Extrême-Orient sont réunies dans une autre zone. D'autre part, les forêts réservées à un usage déterminé, comme les forêts de protection des versants, les lieux de repos et de tourisme, les forêts qui contiennent un excédent de vieux bois, ou qui, pour des raisons économiques, ne peuvent être actuellement qu'en partie exploitées, forment des zones séparées indépendantes de leur situation géographique. Il y a ainsi un chevauchement de zones.

2° La distance entre le lien d'abatage et les principales voies de transports ou les scieries locales. On distingue 7 divisions établies d'après la longueur du parcours de vidange: a) de 0 à 4 km; b) de 4,1 à 10 km; c) de 10,1 à 20 km; d) de 20,1 à 30 km; e) de 30 à 40 km; f) de 40 à 50 km; g) 50 km et au-delà.

3° Les dimensions et la nature du bois abattu. On distingue 4 sortes de produits: a) grumes de grandes dimensions (25 cm et plus de diamètre); b) grumes moyennes (de 13 à 24 cm de diamètre); c) grumes de petites dimensions (3 à 12 cm de diamètre) et d) bois de corde.

4° Les essences exploitées sont divisées en 4 groupes: a) résineux; b) bouleaux; c) peupliers et autres essences feuillues à bois tendre et d) chêne et autres essences feuillues à bois dur.

Un exemple concret, pour une zone seulement, peut illustrer ce qui précède. Dans la zone V où l'abatage est le plus important les prix sur pied sont les suivants, énoncés en roubles par mètre cube: pour les grumes d'épicéa de grandes dimensions et un parcours de 0 à 4 km, 26 roubles; pour une distance de 4,1 à 10 km, 16 roubles; pour une distance de 10,1 à 20 km 4 roubles.

Pour les grumes d'épicéa de dimensions moyennes, les prix sur pied pour les 3 longueurs de parcours déterminées, sont 18, 11 et 2,8 roubles; pour les petites grumes d'épicéa 9, 5,5 et 1,5 roubles; pour le bois de corde: 4, 2,2 et 0,6 roubles. Le bois de bouleau a presque les mêmes prix sur pied que les résineux.

Les tarifs appliqués au chêne et aux autres bois feuillus placés dans les mêmes conditions sont généralement 2 fois plus élevés que ceux des résineux, bien que le prix sur pied du bouleau et de l'érable soit de 15 à 10 pour cent inférieur à celui du chêne.

· En dépit d'efforts gigantesques, l'industrie forestière en URSS éprouve encore, de grandes difficultés de réadaptation aux nouvelles conditions imposées par la Révolution et les 2 guerres mondiales. Toutefois la production envisagée pour 1950 c'est-à-dire 280 millions de m³ de bois rond, est supérieure de 20 pour cent à celle de 1940. Pour comprendre les difficultés auxquelles l'industrie doit faire face, il faut se rappeler les faits suivants:

1. L'accroissement des besoins intérieurs

L'industrialisation rapide du pays crée des besoins toujours plus grands en produits forestiers. La remise en état des régions dévastées par la guerre augmente considérablement les besoins en bois de charpente et autres produits forestiers nécessaires à la reconstruction des 2.240.000 maisons détruites pendant les hostilités.

2. La répartition inégale des ressources forestières

L'Ukraine, ainsi que la plus grande partie du sud-ouest de la Russie d'Europe, est plutôt pauvre en bois, bien qu'ayant la population la plus dense et étant la région industriellement la plus développée. Sa consommation en bois est donc légèrement en excédent sur ses propres ressources et par suite, ses forêts ont été surexploitées. Cependant, la plupart de ses 6.500 bancs de sciage, avec une capacité annuelle de production de 80 millions de m³ étaient autrefois situés dans la partie occidentale de la Russie d'Europe. Môme jusqu'en 1937 la plus grande partie de l'exploitation était concentrée dans les bassins de la Volga, du Don, du Dnieper et de leurs affluents et dans le cours supérieur de la Dvina occidentale, représentant un territoire d'environ 54 millions d'hectares, c'est-à-dire seulement 10 pour cent de la superficie boisée du pays. De grandes quantités de bois de construction, de sciages et même de bois de feu ont été amenées de très loin dans la région, en grande partie par vole ferrée. D'autre part, le nord-ouest de la Russie d'Europe (provinces de Vologda et d'Arkhangelsk) a de vastes forêts, et cette région a été pendant longtemps un grand centre producteur de bois. Les produite de ces forêts cependant, étaient destinés, non à satisfaire les besoins intérieurs, mais à entretenir au important commerce d'exportation dans lequel la Russie, pendant des années, a occupé une place prépondérante. De grande quantités de bois d'œuvre et autres produits forestiers étaient expédiés chaque année par mer des ports de Leningrad, Mourmansk et Arkhangelsk vers l'Angleterre, les Pays-Bas, la Belgique, et les autres pays de l'Europe Occidentale, taudis que seule une faible partie de ces produits pouvait atteindre facilement le sud de la Russie. Pendant ce temps, d'immenses étendues de forêts vierges peu peuplées, dans le nord de la Russie d'Europe, dans l'Oural et surtout dans les bassins du Iénisséi, de l'Obi et de l'Angara en Asie étaient à peine exploitées. Le mouvement vers la Sibérie du nord, de l'Ouest et de l'Est et vers l'Extrême-Orient a commencé bien après 1940 et pendant les 4 années de 1929 à 1932, le volume de bois abattu dans ces nouvelles régions a doublé.

3. Déplacement du centre de l'industrie du bois de l'ouest vers le nord et l'est

On avait déjà compris, entre 1920 et 1930, le besoin d'un tel déplacement. Les usines étaient poux la plupart vieilles et insuffisantes, et elles manquaient de matières premières à proximité. La guerre en a hâté l'exécution. Beaucoup d'usines ont été détruites par l'ennemi, tandis que d'antres étaient démontées et transférées rapidement vers l'est avant l'arrivée de l'envahisseur. Pendant les deux dernières décades, les efforts du gouvernement ont tendu à exploiter les ressources des territoires jusqu'à présent peu équipés, ce qui a entraîné la construction de nouvelles voies ferrées reliant les grands fleuves aux canaux, pour permettre de transporter les grandes quantités des bois exploitables du nord et de l'est vers le sud, grand consommateur. Un des premiers objectifs fat de relier par chemin de fer et canaux les ports de la Mer du Nord à Léningrad et cette dernière ville à la Volga et à Moscou par le canal de la Volga à Moscou. Trois nouvelles voies ferrées, d'une longueur de 2.300 Kms ont été construites dans l'extrême-nord entre 1937 et 1942. Elles vont de l'est à l'ouest, traversant un terrain difficile et un toundra glacée, et sont reliées aux principales voies ferrées qui vont d'Arkhangelsk et Mourmansk vers le sud. Le résultat de ces nouvelles facilités de transport fat que la production des scieries situées à Arkhangelsk, qui était autrefois presque entièrement exportée, peut maintenant être affectée à la consommation intérieure, dans le sud et le centre de la Russie. L'exportation des bois à partir des ports de Léningrad, d'Arkhangelsk et de Mourmansk est actuellement très réduite et la nature des exportations se modifie également.

Le nouveau plan quinquennal prévoit la construction de 3.600 Km supplémentaires de voies ferrées à travers les régions boisées du nord de la Russie d'Europe, et la même longueur en Sibérie, nécessitant la fabrication de 195 millions de traverses. Plusieurs canaux profonds reliant les principales rivières doivent également être creusés. Quelques-uns ont déjà été construits, d'autres sont en voie de construction et seront terminés ail cours des prochaines années, d'autres ne sont encore qu'à l'état de plans. Ces canaux relieront la Volga au Dnieper, par les rivières Oka et Desna; la Volga à la Petchora et à la Vichegda par la Kama; la Volga à l'Obi par la Chusevaya et l'Iset; la Volga au Don; la Volga à la Dvina septentrionale et la Dvina occidentale au Dnieper. Un tel réseau de canaux et de voies ferrées permettra à toutes les parties du contre et du sud de la Russie d'Europe, à l'Ukraine, à la région charbonnière du Donetz, au Caucase septentrional et à la Transcaucasie, de recevoir le bois qui leur est nécessaire, en provenance de la Carélie et des bassins supérieurs de la Kama, de la Volga et de la Viatka.

Des réalisations semblables sont en cours dans l'Oural et la Russie d'Asie, surtout dans les bassins du Iénisséi et de l'Obi qui traversent les immenses forêts sibériennes. L'exploitation est intense le long de ces rivières. D'immenses radeaux, comprenant 30.000 m³ de bois sont flottés vers le sud jusqu'à Krasnoïarsk, Maklakovo, Novosibirsk, Barnaoul et de nombreux autres centres industriels - de Sibérie. A Igarka, près de l'embouchure du Iénisséi, de grandes scieries ont été construites, rivalisant avec celles d'Arkhangelsk. Igarka est accessible aux bateaux de gros tonnage, et peut, le cas échéant, devenir un grand port d'exportation de bois vers l'Europe occidentale par la route maritime encore incertaine du Grand Nord. On attache beaucoup d'importance à la construction, dans un proche avenir, de 20 nouvelles usines de pâte et de papier. L'industrie de la pâte de bois et du papier avant la guerre était groupée à l'ouest et dans les régions de la Carélie et de Léningrad, qui furent les principaux champs de bataille et, par conséquent, ont beaucoup souffert de la guerre. La première usine de pâte et de papier d'Extrême-Orient fut construite en 1942 à Komsomolsk sur le fleuve Amour. En Sibérie Occidentale, une usine de papier a été construite en 1936 à Barnaoul sur l'Obi, et une autre en 1937 à Krasnoïarsk sur l'Iénisséi.

4. Pénurie de main d'œuvre

La pénurie de main d'œuvre, surtout de main d'œuvre qualifiée, entrave l'industrie, notamment en raison du fait que la mécanisation de l'abatage est très activement poussée. Les pages de l'organe officiel du commerce des bois (Lesnaya Promyshlennost) se font l'écho des nombreuses plaintes provenant de différentes régions et selon lesquelles la capacité de la main d'œuvre est inférieure à la moyenne (seulement 80 polir cent) Sur les milliers de scies à moteur disponibles seules quelques centaines sont utilisées, et quelques centaines de tracteurs seulement sur plusieurs milliers sont en service. Les possibilités de logement encore insuffisantes et les autres difficultés qu'entraîne la vie dans un pays éloigné et peu développé, tendent à abaisser le niveau de productivité des travailleurs. Etant donné le faible rendement de la main d'œuvre, l'industrie du bois doit embaucher plus d'ouvriers qu'il ne serait nécessaire.

Toutes ces difficultés témoignent des soucis croissants d'une industrie qui essaye de surmonter les grandes destructions et la désorganisation entraînées par la guerre et de créer dans des territoires éloignés et non développés une nouvelle base industrielle capable de satisfaire tous les besoins d'un pays vaste et en pleine expansion. Son potentiel considérable lié à l'énorme richesse forestière du pays ne pourra cependant fournir son plein effet que lorsque les problèmes urgents de transports et de main-d'œuvre auront été résolus avec succès.

Politique, législation et administration

FINLANDE

· Le Gouvernement finlandais a nommé un Comité chargé de préparer un plan d'ensemble pour étudier les problèmes les plus importants relatifs à l'économie et à la production forestière. Le Professeur Yrjô Ilvessalo, membre de l'Académie de Finlande a été nommé Président du Comité dans lequel sont représentés les propriétaires forestiers, les économistes forestiers du gouvernement, les industries du bois et le autres organismes s'occupant de foresterie.

IRLANDE

· Un très intéressant article paru récemment dans l'Irish Forestry passe en revue les tendances actuelles de la politique forestière irlandaise. La critique qu'il en fait montre de toute évidence l'action que la FAO, qui est du reste citée dès la première ligne de cet article, peut exercer à ce sujet.

Après avoir rappelé que le chiffre de la consommation en bois de l'Irlande est considérablement inférieur, à la normale, et que tout progrès industriel ou social suppose inévitablement une augmentation de ce chiffre, l'auteur rappelle un rapport officiel établi en 1908, qui chiffrait entre 1 million et 1.200.000 acres l'étendue boisée nécessaire à l'Irlande pour assurer seulement à sa population les 10 c.f. par tête qui constituent cette maigre consommation.

Il estime donc insuffisant le chiffre de 600.000 acres de forêts que certains proposent même de réduire à 400.000, que le programme forestier actuel se propose comme but. Les progrès réalisés depuis 1908 sont d'ailleurs, estime-t-il, insignifiants, car, si 100.000 acres ont été plantés en 40 ans, il est probable qu'une surface au moins égale a été exploitée et non régénérée.

Il fait ressortir la nécessité d'une politique plus hardie de l'utilisation des terres «marginales», c'est-à-dire des terres qui ne se prêtent pas à la culture et n'ont qu'une valeur insignifiante comme terrains de parcours. Dans le passé, ces terres qui auraient parfaitement convenu à la forêt, ont été vendues et partagées à l'extrême entre de petits cultivateurs qui n'ont aucun moyen d'en assurer l'utilisation rationnelle, et qui, bien souvent, les laissent au contraire se dégrader; il en résulte dans ces régions une dépopulation des campagnes si accentuée qu'il est souvent même difficile d'y trouver la main-d'œuvre nécessaire pour les plantations et travaux forestiers.

Ces terres peuvent actuellement être rachetées, mais l'auteur attire l'attention sur la nécessité de ne pas se laisser séduire par une politique d'achat de terres à bon marché. Les terres bon marché sont les plus détériorées où aucune plantation à croissance rapide ne peut être assurée du succès. Or les plantations déjà réalisées à l'aide d'exotiques, Sitka, mélèze du Japon, tsugas et autres ont donné de splendides résultats. Leur accroissement annuel moyen atteint 250 cubic feet à l'acre, taudis que les mauvaises plantations de pin d'Ecosse produisent 30 cubic feet, et l'auteur regrette que, dans ces conditions, on ait utilisé autrefois le pin sur les plantations dans une proportion de 50 polir cent.

Enfin, il estime que le rythme prévu pour les plantations est beaucoup trop lent, et que, en raison de la tendance croissante à l'utilisation industrielle des bois de petit diamètre, on devrait substituer au rythme prévu de 10.000 acres par an un rythme de 20 ou 30.000 acres, qui, plantés en essences convenables, seraient susceptibles de fournir déjà dans 20 ans une appréciable quantité de matières premières pour les industries du papier, du carton et des panneaux de fibres.

Si sujettes à controverse que soient les vues exposées, on ne peut que souhaiter que des articles d'une semblable portée attirent l'attention sur la gravité des problèmes forestiers auxquels tous le pays du monde ont à faire face.

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

· L'Association des Banquiers Américains (American Bunkers Association) a établi pour 1949 un programme d'étude qui montre l'intérêt croissant que les banquiers attachent aux possibilités de financement de saines méthodes sylvicoles.

Ce programme aura pour objet de familiariser les banquiers des différents Etats avec les divers services administratifs forestiers fonctionnant dans ces Etats; l'étude des possibilités financières qu'offrent les forêts en coopération avec ces services et en utilisant les documents déjà publiés à cet égard par divers organismes bancaires: l'étude du problème des forêts de ferme en coopération avec les collèges d'agriculture; l'étude des problèmes du contrôle des incendies des forêts; et l'étude des moyens d'intégrer les financements bancaires à la production forestière.

Réunions

· La cinquième session de la Conférence annuelle de la FAO, se tiendra à Washington siège temporaire de l'organisation, à partir du 21 novembre 1949. Le Conseil de la FAO lors de sa récente réunion à Paris, n'a pu accepter la proposition du Gouvernement cubain de tenir la conférence à la Havane, en raison des charges supplémentaires que cette situation occasionnerait au budget déjà restreint de l'Organisation.

Revue des livres

L'AVÈNEMENT DU BOIS. Egon Glesinger 279 pp., illus. Simon et Schuster, New York, 1949 - 3 $ 50.

Le dernier ouvrage du Docteur Glesinger, écrit depuis qu'il a rejoint la direction de la FAO, a reçu une large audience dans la presse. Nous reproduisons ci-dessous, avec autorisation spéciale, des extraits d'un résumé impartial, paru dans «The Scientific Monthly», périodique publié par l'Association Américaine pour l'Avancement des Sciences. Bien que destiné au publie des Etats-Unis, ce résumé intéressera tous nos lecteurs.

«Le bois, affirme le docteur Glesinger, deviendra la matière première caractéristique de notre civilisation, car il possède trois qualités qui le rendent unique parmi toutes les autres matières premières, il est universel, il est abondant et il est inépuisable».

«L'auteur est qualifié pour le savoir. Les Forêts et leurs produits n'ont pas eu, à notre époque, de défenseur plus éloquent et plus enthousiaste que lui. Actuel Chef de la Section des Produits Forestiers de la FAO, il vint aux Etats-Unis en 1941, ayant été obligé par les Nazis à quitter l'Europe, où, depuis 1933, il était secrétaire général du Comité International du Bois, originairement patronné par la Societé des Nations. Bien que technologiste averti, sa conception sur les rôles possibles du bois pour le bien-être de l'homme dans tous les domaines physiques et chimiques est celle d'un économiste.

«Notre planète au pillage» par Fairbield Osborn et «Comment survivre» par William Vogt nous ont obligé à réfléchir sur la terre et ses ressources au point de vue mondial. Le livre de Glesinger complète magnifiquement ces ouvrages splendides en attirant notre attention sur un type particulier de terre et un genre particulier de ressources. Les forêts couvrent environ 3 milliards d'hectares soit un quart de la surface des terres. Bien que toutes les ressources forestières du Globe ne soient pas utilisables dans un but commercial, une partie seulement en est actuellement utilisée, même après des siècles d'exploitation.

«Répéter que le bois comme matière première a satisfait beaucoup de besoins humains depuis la plus haute antiquité devient presque un lieu commun. Mais dire que le matériau bois est capable de satisfaire toutes les exigences de notre vie est une des affirmations de Glesinger qui inspirera sans doute quelque incrédulité. Cependant aucun savant, ni aucun profane intelligent, ne récusera l'affirmation de l'auteur sans l'avoir lu et même sans lui donner l'occasion de prouver sa thèse.

«Nous avons reconnu depuis longtemps que le bois procure abri et chauffage, qu'il produit des aliments pour les hommes et les animaux. Il est la seconde source mondiale pour les libres textiles.

«Il est capable de procurer d'énormes quantités de combustibles et de lubrifiants pour moteurs. Du bois proviennent les contre-plaqués, les matières plastiques, les innombrables produits papetiers, et des produits chimiques les plus divers et aux applications innombrables.

«Les industries d'extraction, affirme Glesinger, bien que pratiquées depuis le début de l'histoire, sont encore dans leur enfance. Cependant, parmi tous les procédés de la Chimie Forestière, aucun n'est plus adapté à la nature de l'arbre que l'extraction des substances produites par les arbres vivants. Si tous les extraits de tous les arbres du globe étaient utilisés, ils ajouteraient une variété, une couleur et une richesse inouïes à l'arsenal des produits chimiques grâce auxquels le genre humain doit atteindre un niveau supérieur de vie et de bien-être.

«Le révoltant gaspillage des industries américaines utilisant des produits forestiers, aussi bien dans l'exploitation que dans la transformation, est une dépense inutile que l'auteur, avec sa tournure d'esprit européenne favorable à une utilisation conservatrice, critique à juste titre. Il plaide d'une manière convaincante pour la coordination complète des industries afin de faire cesser une compétition irrationnelle pour les ressources et d'obtenir une utilisation plus complète des matériaux bruts, y compris les produits désignés sous le nom de déchets. Il insiste sur le fait que, dans l'intérêt d'une distribution plus équitable de la richesse fournie par la production massive de nos ressources forestières pour le bénéfice de tous, l'industrie doit compter plus sur la technologie et moins sur la concurrence acharnée. Obtenir l'utilisation intégrale qu'il estime nécessaire exigerait une réorganisation si radicale des industries forestières qu'elle serait impraticable en cette époque de ressources encore assez abondantes, bien que sur leur déclin. Il est cependant à même de montrer des exemples d'une telle coordination, non seulement en Scandinavie, sous la poussée du développement économique et technologique, et dans l'Union Soviétique, sous le régime du plan quinquennal, mais même aux Etats-Unis, où plusieurs grandes entreprises, financièrement sûres, ont, avec plein succès, coordonné leur production et leurs opérations d'aménagement forestier. En un mot cela est réalisable ici, puisqu'en train de se réaliser.

«Que la destruction des forêts soit manifestement contraire à l'intérêt publie, on peut le démontrer; la question fut étudiée et le combat engagé par la profession forestière depuis plus d'au demi-siècle. La solution de ce problème, telle que la voit Glesinger, est une réglementation publique, c'est-à-dire fédérale, de l'aménagement des forêts particulières. Dans son projet, il se fait l'écho des efforts et des campagnes d'une longue lignée de fonctionnaires depusi Gifford Pinchot et y compris Franklin Roosevelt, les trois derniers Directeurs Généraux du service forestier des Etats-Unis et, plus récemment, le Président Truman.

«Ce livre est digne d'une sérieuse attention de la part de tout Américain pouvant avoir le moindre intérêt pour le rôle que la technologie moderne appliquée aux ressources forestières peut jouer pour la prospérité industrielle croissante et le confort de l'homme». HENRY CLEPPER, Société des Forestiers Américains Washington, D.C.

LA GRANDE FORÊT. Richard G. Lilliard XXIV. 399 p. illustré. Alfred A. Knopf. New-York - 1947 - 5,00 $.

La Grand Forêt est une entreprise ambitieuse, synthèse d'une vaste somme de consciencieuses recherches. On a condensé en un seul volume l'histoire des forêts américaines sur une période de plus de 3 siècles, et on raconte comment les forêts primitives servaient la nation, comment en retour elles furent traitées, et ce qui a été fait récemment pour remplacer une politique d'exploitation impitoyable par une politique de conservation. En choisissant ses matériaux et en composant son ouvrage, l'auteur a montré beaucoup de discernement et de compréhension de son sujet. Le livre est intéressant et agréable à lire.

Les premiers colons européens trouvèrent en Amérique une terre forestière et un sol riche, une abondance incroyable de gibier, de poissons et de plantes, un espace illimité pour une vie nouvelle et plus riche. Le système des colons forestiers se développa outre-mesure; les gens apprirent à vivre dans et par la forêt. Ils inventèrent des outils pour défricher la forêt et utiliser ses produits, ils mirent au point des fusils et des méthodes de chasse, et ils apprirent l'art de la guerrilla. La volonté, la résistance, l'ingéniosité et la faculté d'adaptation, développées chez les colons et leurs chefs par leur vie de pionniers influencèrent de façon décisive la politique future du pays et ouvrirent la vole à l'expansion de la nouvelle nation dans les grandes régions agricoles du centre du continent. Les colons forestiers, hommes, femmes, et enfants, acceptèrent une vie pénible et dangereuse comme prix de la réalisation du rêve américain.

A l'époque coloniale, la métropole regardait avidement vers la grande forêt américaine pour satisfaire ses besoins en bois de marine, en résines, potasse, et bois de construction et une exportation active et variée se développa. Mais dès que les colons, hommes ambitieux et déterminée, ne furent plus disposés à être, subordonnés au bon vouloir des entrepreneurs anglais, un commerce colonial indépendant commença à exercer sa concurrence sur les marchés accessibles du monde, avec, naturellement, la désapprobation de la métropole.

De plus les colons résistèrent aux efforts tenaces qui tendaient à réserver les meilleurs pins pour les mâts de la Royal Navy et cette résistance est considérée comme un des antécédents de la Révolution.

Les bois et les autres produits forestiers furent le principal soutien de l'expansion post-révolutionnaire dans le commerce, l'industrie, les transports et la colonisation de nouvelles terres. De riches récompenses furent gagnées, mais au prix de gaspillages immenses. En face de la recherche individuelle d'enrichissement rapide et de l'aspiration commune vers le progrès conforme au climat politique, on ne pensait guère à reconnaître les droits de la nation sur les forêts, en dépit de quelques efforts officiels trop dispersés pour les protéger.

La législation foncière trop largement libérale du pays et l'administration négligente ou vénale rendaient accessible aux particuliers l'acquisition pour un prix dérisoire de vastes fiefs de forêts publiques et l'édification de grandes fortunes dont des fragments revenaient peu à pou au publie sous forme de musées, des galeries d'art, ou autres souvenirs seigneuriaux.

Du reste ces barons réglementaient souvent la vie et l'économie des campagnes. Mais leurs excès dans l'usage de leur puissance suscita peu à peu des centres de rébellion, qui acquirent, lentement tout d'abord, des leaders au Congrès et ailleurs. Ainsi, les conséquences de plus en plus visibles de la vaste destruction des forêts pour des profits particuliers firent l'objet d'attaques de la part de leaders éminents, parmi lesquels Carl Schurz, B.E. Fernow, et plus spécialement Gifford Pinchot. Finalement, la lutte contre les monopoles de bois de sciage, et la nécessité d'une véritable gestion des forêts firent partie du programme de Théodore Roosevelt dans le but de soumettre les monopoles à l'intérêt général. Dans l'ensemble, la bataille fut gagnée.

A ses autres abus, souligne l'auteur, l'industrie du sciage ajouta pendant longtemps l'exploitation de sa main-d'œuvre. Plus tard, au début du 20ème siècle, les mouvements de protestation des travailleurs devinrent efficaces. Le combat âpre, tenace, souvent mal dirigé, parfois sanglant, mais finalement victorieux, des ouvriers pour un juste traitement est bien raconté.

Pendant trois siècles, la grande forêt fut un facteur puissant dans l'édification d'une nation industrialisée et mécanisée. A l'âge de la machine, le bois est un matériau vital. En temps de guerre, il sert à une foule d'usages depuis le charbon de bois des masques à gaz jusqu'aux navires en bois et à la cellulose des explosifs; en temps de paix, il n'est pas seulement utilisé pour les buts traditionnels de la construction; les forêts sont, de plus en plus, une source de médicaments, d'aliments et même de vêtements, une source de bois transformé dans les nouvelles et nombreuses industries chimiques, une source de bois pour la pâte, les contreplaqués, et les placages. Le besoin en forêts et en produits forestiers est aujourd'hui plutôt plus grand qu'autrefois.

Il y a des incertitudes que l'auteur reconnaît en ce qui concerne la conservation future des forêts, mais sa conclusion finale est que «Bien que la forêt vierge soit maintenant disparue, les puissantes forêts encore admirables joueront dans l'avenir, comme dans le passé un rôle prépondérant dans la vie américaine».

Il est raisonnable d'observer, cependant, que beaucoup reste encore à faire pour atteindre ce but.


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