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2. LES FORETS NATURELLES DE MONTAGNE DE LA CRETE-CONGO-NIL

2.1. Le Parc National des Volcans

2.1.1. Généralités

Le Parc National des Volcans s’étend au Nord du Rwanda à cheval sur les préfectures de Ruhengeri et de Gisenyi, le long de la frontière avec la République Démocratique du Congo (RDC) et l'Ouganda. Il couvre le versant Sud de la Chaîne des Volcans. Il s’étire sur 40 km environ et sa largeur varie entre 1 et 8 kilomètres. Sa superficie actuelle généralement acceptée est de 150 km². 85% du Parc se trouve dans la préfecture de Ruhengeri et 15% dans la préfecture de Gisenyi (ORTPN, p.1). L’altitude varie entre 2400 et 4507 m. La gestion du Parc National est assurée par l’Office Rwandais du Tourisme et des Parcs Nationaux.

Le Parc National des Volcans est la partie rwandaise de l’ancien Parc Albert créé en 1925 au Congo-Ruanda-Urundi ; la première réserve en Afrique. Il était destiné à sauver les derniers représentants du gorille de montagne (Gorilla gorilla beringei), espèce en voie d’extinction. Depuis le 30 juin 1983, il fait partie intégrante du réseau international de Réserves de la Biosphère par décision du Conseil International du programme sur l’homme de l’UNESCO. <<Ce réseau est constitué par les principaux types d’écosystèmes mondiaux et a pour objectif la conservation de la nature et la recherche scientifique au service de l’homme, pour servir de référence et mesurer les impacts de l’homme sur l’environnement>> (République Rwandaise, MINISAPASO, 1985,p.56).

2.1.2 Evolution spatiale du Parc National des Volcans.

La superficie du Parc National des Volcans a fortement diminué. Depuis sa création, il a été constamment grignoté par les agriculteurs-éléveurs, soit clandestinement soit publiquement. Les paysans riverains au Parc, confrontés à l’exiguïté des terres de culture et de pâturages ont toujours tenté d’accroître leur patrimoine foncier en s’appropriant quelques mètres carrés sur le parc à chaque saison cultivable. L’opération, clandestine était directement imperceptible.

L’Etat, confronté à une démographie galopante et à l’amenuisement de l’exploitation familiale, mais aussi soucieux de développer des cultures de rente, a procédé à trois amputations de taille depuis 1958 à 1979. A la veille de l’indépendance du pays en 1962, les autorités belges ont autorisé le défrichement de 7.000 ha en vue de l’installation de la population. Entre 1969 et 1973, 10.500 ha ont été convertis en terres agricoles. La dernière amputation date de 1979 année où 1.300 ha furent distribués à la population (Webber, W.p57). La dernière localité à avoir été conquise sur le Parc National des Volcans est celle de Cundura en Commune Mukingo.

Ces terres furent accordées à des projets agricoles, principalement pour la culture du pyrèthre. Le but recherché par l’Etat était de satisfaire les besoins de la paysannerie en terre mais aussi s’assurer une augmentation de devises. Lorsque le tourisme s’avéra compétitif, on arrêta la distribution des champs conquis par le parc. En 1986, plusieurs centaines d’hectares, illégalement appropriés par les paysans, furent réincorporés dans le Parc National des Volcans (Webber,W. 1987, p.57).

Ces amputations ont fait passer la superficie du Parc National des Volcans de 328 km² en 1958 à 150 km² en 1986. Entre les deux années, le Parc a diminué de 54% (Webber, 1987,p.57). Cette reconversion des zones les moins élevées du parc s’est accompagnée d’un appauvrissement et/ou perte de la biodiversité adaptée à cette écologie.

Le premier effet de cette réduction du parc fut la disparition complète de la forêt de montagne (en dessous de la forêt de bambous) dominée par le Neoboutonia (icyanya). La zone à bambou fut elle-même réduite. Tous les animaux et les oiseaux adaptés à cette zone ont été contraints de se replier dans la zone de haute altitude avec tout ce que cela comporte comme conséquence.

2.1.3. Richesses floristiques

Le Parc National des Volcans héberge une végétation variée qui est typique des formations d’altitude de l’Afrique Centrale et des montagnes de l’Afrique de l’Est. L’étagement altitudinal (2600 à 4507 m sur le sommet du Karisimbi) en commande la distribution faisant apparaître nettement les différentes zones de végétations.

On distingue généralement (du pied au sommet des volcans) :

1. La forêt à Neoboutonia (aujourd’hui détruite par les activités humaines) dont quelques lambeaux subsistent en forêts reliques dans des secteurs spatialement réduits ; l’espèce dominante était le Neoboutonia macrocalyx.

2. La forêt de bambou (Arundinaria alpina) entre 2500 et 3200 m d’altitude. Sa largeur moyenne est de 2 à 3 km. La végétation y est très rare en sous-bois. Elle est actuellement attaquée par l’homme, alors que c’est elle qui est le domaine privilégié où le gorille tire son alimentation.

3. La forêt à Hagenia qui couvre le groupe oriental des volcans entre 2600 et 3200 m. L’espèce dominante est le Hagenia abyssinica et secondairement le Dombeya goetzenii jusqu’à 2800 m.

4. La zone à Hypericum entre 3100 et 3500 m où cette espèce forme un taillis d’une hauteur moyenne de 8 m. Etant donné l’interpénétration des zones Hagenia et Hypericum, on utilise souvent l’appellation de zone à Hagenia-Hypericum.

5. La zone à Senecio-Lobelia entre 3500 et 4200 m, c’est la limite supérieure de la végétation arbustive. Elle est dominée par Senecio johnstonii et Lobelia wallonstoni. On y trouve des fougères arborescentes.

6. La partie alpine située entre 4200 et 4507 m. C’est une formation basse d’herbes, de lichens et de mousses. Les mousses sont prédominantes sur le sommet du Karisimbi.

A ce schéma de base, se superposent plusieurs sous types de végétation. 245 espèces de plantes vasculaires y ont été identifiées (MINAGRI, 1988 p.5).

2.1.4. Richesses faunistiques.

Le Parc National des Volcans est relativement pauvre en espèces à cause essentiellement de ses dimensions spatiales très réduites et de l’altitude élevée. Néanmoins on y trouve beaucoup d’espèces endémiques.

Jusqu’à date, on y a recensé près de 115 espèces de mammifères regroupées dans 15 familles dont le Gorille de montagne (Gorilla gorilla beringei), 187 espèces d’oiseaux, 27 espèces de reptiles et amphibiens et 33 espèces d’arthropodes (MINAGRI, 1988 p.5).

2.1.4.1. Les primates.

Le Gorille de montagne (Gorilla gorilla beringei) se rencontre uniquement dans la chaîne des volcans. Sa population est d’environ 650 individus dont une partie environ, 150 seulement, se trouve en permanence en territoire rwandais. Le gorille est l’espèce la plus remarquable du Parc National des Volcans. La constitution de cette aire en réserve protégée fut d’ailleurs motivée par sa présence. La population des gorilles se divise en trois groupes : les gorilles sauvages, les gorilles touristiques (visités régulièrement) et les gorilles de recherche. Au Rwanda, les gorilles touristiques sont répartis en 5 groupes à savoir : le groupe 9, le groupe 11, le groupe 13, le groupe 5 et le groupe Susa.

La dynamique de la population de gorille des Virunga a été analysée par Aveling et Harcout (1984), Harcourt et Fossey (1981) et Webber et Vedder (1983) (ORTPN, p.3). Selon les deux études les plus récentes, la population de gorilles diminua de moitié entre 1960 et 1971. Cette diminution est due à la réduction spatiale du parc, tant au Rwanda qu’en Ouganda, ainsi qu’aux perturbations par l’homme dans l’ensemble de la Chaîne des Volcans plus particulièrement au Congo. Entre 1971 et 1981, la population connut une stabilisation relative. Les estimations récentes chiffrent à 650 environ la population totale de gorille dans la Chaîne.

Tableau n°5 : Population de gorilles dans la Chaîne des Virunga, 1959-1981 (estimation).

Année

1959-1960

1971-1973

1976-1978

1981

1986

Population

400-500

260-290

252-285

242-266

293

Source : 1. ORTPN,p.5

2. Webber,W.1987, p.58-60.

2.1.4.2. Les herbivores.

Le Parc National des Volcans héberge d’autres primates dont le singe doré (Cercopithecus mitis kandi) qui est une espèce endémique à la Chaîne des Volcans, le Cercopithèque de Lhoest (Cercopithecus l’hoesti) entre le Gahinga et le Muhabura et le Cercopithèque ascagne (Cercopthecus ascagnus) sur le Gahinga (ORTPN,p.6).

La faune du Parc National des Volcans, compte aussi des herbivores dont l’éléphant, le buffle, le céphalophe, le patamochère et le daman des arbres. Un comptage effectué en 1977 estimait à 67-70 individus la population d’éléphants (Loxodonta africana) ceux traversant régulièrement la frontière. Les éléphants se rencontrent principalement dans les régions comprises entre deux volcans, mais peuvent monter jusqu’à 3000 m dans la région de Karisoke. Ils ont même été aperçus jusqu’au sommet du Gahinga et du Bisoke. Mais on en voit plus dans la zone de base altitude à Kinigi et à Kidaho depuis une dizaine d’années. On y retrouve aussi le buffle (Syncerus caffer) qui y est devenu rare (probablement à cause de la très forte réduction spatiale des secteurs plats), le céphalopode à front noir (Cephalophus nigriffons) et le Guib harnaché (Tragelaphus scriptus) qui sont la cible des braconniers, le céphalophe à dos jaune (Cephalophus sylvicultor) signalé jadis, le potamochère (Potamochoerus porcus) et l’hylochère (Hylochoerus meinertzhageni) observés sur les flancs du Muside. Enfin, le daman des arbres (Dendrohyrax arboreus) y est très fréquent et le porc-épic est visible jusqu’à 2800 m (ORTPN,p.6).

2.1.4.3. Les carnivores.

9 espèces de carnivores ont été aperçues dans le Parc National des Volcans. Il s’agit essentiellement de :

• léopard (Pathera pardu) assez courant dans la chaîne des volcans dans les années 1920 (Gyldenstolpe, 1924) mais aucune observation depuis 1971 ;

• hyène (Crocuta crocuta), principalement entre le Bisoke et le Sabyinyo ;

• chacal à flancs rayés (Canis adustus) observés dans les terrains cultivés aux alentours immédiats du parc ;

• civette (Viverra civetta) et le chat sauvage africain (Felix sylvestris) aperçus sur la Gahinga ;

• serval (Leptailurus serval) aperçu sur le Mikeno (Stewart) ;

• chat doré (Profelis aurata) capturé sur le Karisimbi et le Gahinga ;

• genette (genetta sp.) et la mangouste rouge (ou naine) (Herpestes Sanguineus).

ces deux dernières espèces sont les plus connues des populations riveraines au parc (ORTPN,p.7).

2.1.4.4. L’Avifaune.

178 espèces d’oiseaux ont été répertoriées dans le Parc National des Volcans à l’extérieur dans un rayon de 500 m. Quatorze sont endémiques à la Chaîne des Volcans. Parmi ces oiseaux figurent le Cryptospiza shelleyi et le Bradypterus graveri qui sont des espèces endémiques et menacées.

2.1.5. Le rôle du Parc National des Volcans.

Le Parc National des Volcans joue un double rôle dans la vie du Rwanda à savoir le rôle écologique et le rôle économique.

Le Parc National des Volcans héberge beaucoup d’espèces végétales et animales endémiques notamment le gorille de montagne. Cette réserve joue un rôle important dans la formation de pluie et dans la conservation des ressources en eau. Toute l’eau utilisée par l’homme dans la région des laves provient du Parc National des Volcans. La nature du sol (poreux) favorise l’infiltration des eaux qui réapparaissent plus loin sous forme de résurgences (en dehors du champ de lave). Selon Webber (1984), ce système est capital pour la préfecture de Ruhengeri. En 1972, Spinage estimait que le Parc National des Volcans possédait 10% des ressources en eau du pays malgré sa superficie réduite. De plus la couverture végétale dense stabilise les sols et participe ainsi à la régularisation de l’écoulement des eaux ; réduisant ainsi les risques d’inondation destructive des zones situées en contrebas. La population des communes Nkumba et Kidaho où les portions de la végétation naturelle a été détruite en connaissent les conséquences.

Quant au rôle économique, il convient de signaler que le Parc national des Volcans assure des rentrées de devises assez considérables. Il est le moteur du tourisme au Rwanda. En 1984, il a rapporté 70% des rentrées en devises du Rwanda. C’est donc un élément important de l’économie nationale.

Par ailleurs, le Parc National des Volcans a un rôle indéniable dans l’économie locale. En effet, le Centre de Recherche de Karisoke, le bureau du P.N.V. à Kinigi emploient une centaine d’homme sans compter les porteurs et les ouvriers pour les travaux d’entretien de l’infrastructure.

2.2. La Forêt de Gishwati.

La forêt de Gishwati d’une superficie d’environ 28.000 ha couvre la Crête-Congo-Nil sur une longueur d’environ 25 km à des altitudes variant de 2000-2991 m.

C’est une forêt qui est très dégradée par l’action de l’homme et du bétail.

De la forêt à caractère primaire il ne reste guère que la partie sud-ouest d’une surface d’environ 4.500 ha. Un écrémage des plus beaux arbres accessibles a été effectué par les fraudeurs et est encore en cours, mais il subsiste une haute futaie dense composée surtout de Strombosia scheffleri, Syzigium parvifolium et Symphonia globulifera.

D’après d’Huart (Rapport n°4) «la faune semble s’y être bien maintenue ; les espèces suivantes sont signalées comme «courantes » : Colombe d’ Angola, Cercopithèque (Hoest et à diadèmes) potamochère, céphalophe à front noir, daman arboricole, serval, chat doré, chat sauvage, genette, civette, mangouste, chacal, rat de Gambie, porc-épic. La présence de plusieurs groupes de chimpanzés a été confirmée.

Ensuite il faut mentionner des îlots de haute futaie dense qui existent encore par endroits (spécialement au Nord-Est et Nord-Ouest) et une strate secondaire avec une fréquence élevée de grands arbres au Sud-Est de la forêt. Le Consultant en conservation de la nature relève au sujet de cette zone que les milieux encore bien conservés ont permis à de nombreuses espèces animales de s’y maintenir.

Le reste de la forêt est principalement occupé par des formations secondaires : Peuplements à dominance de Neoboutonia macrocalyx et Polyscias fulva et des bambousaies à Arundinaria alpina (environ 32% de la superficie totale). Ces deux strates étant parfois en mélange à une faible densité avec des essences de la haute futaie primaire.

C’est essentiellement dans cette bambousaie que, pour le moment, le projet GBK a réalisé des défrichements pour y implanter des reboisements de bois d'œuvre (2000 ha) et de pâturages de Kikuyu (2000 ha).

Les dernières informations actuelles confirment la disparition totale de cette forêt naturelle.

2.3. La Forêt de Mukura.

La forêt de Mukura fait suite au massif de Gishwati. Elle est située à des altitudes de 2000 à 2990 mètres. Il ne reste guère qu’environ 2000 ha de cette forêt qui subit une forte dégradation suite aux activités humaines (abattage illicite, exploitation minière, pâturage, etc.).

Quoiqu'en grande partie secondaire (dominance de Neoboutonia en particulier) et irréguliers, certains peuplements forestiers sont encore relativement denses. L’échantillonnage effectué par Combe (Rapport n°3) relève 67% de haute futaie dense et 33% d’alternance irrégulière de haute futaie, de peuplements clairières et de vides. Les peuplements denses sont situés surtout dans les vallons où l’on peut reconnaître quelques Parinari excelsa, Symphonia globulifera, Podocarpus etc. qui rappellent l’existence de la forêt primaire. Il faut noter spécialement, la présence de régénération naturelle par endroits.

Le Consultant en conservation de la nature remarque qu’à Mukura l’avifaune est plus pauvre que dans les autres forêts naturelles et que la faune des grands mammifères a été fort appauvris. Subsisteraient : le daman arboricole, le serval, le chat sauvage, chat doré, genette, civette, chacal, rat de Gambie, éventuellement aussi quelques léopards.

A noter que la forêt de Mukura remplit un rôle de réservoir hydrique extrêmement important, car un grand nombre de rivières prennent leur source dans ce massif ou ses abords immédiats.

2.4. La Forêt de Nyungwe.

La forêt de Nyungwe, d’une superficie d’environ 97.000 ha, est de loin le plus important massif forestier naturel de la Crête-Congo-Nil. Malgré une dégradation continue par les activités humaines (défrichements en lisière, abattage des arbres les plus précieux, exploitation minière), sa valeur est encore majeure tant au niveau écologique qu’au niveau du potentiel de production. D’où l’intérêt qu’il suscite parmi les conservateurs de la nature et les aménagistes.

 

La description de ce massif est complexe, par la variété des milieux et de l’ampleur du territoire concerné.

Dans l’optique d’un aménagement global du terrain, le Consultant en conservation de la nature (Rapport n°4) a préféré se baser sur une description élaborée par le Dr J.P. Vande Weghe qui tient compte «des composantes dynamiques de l’écosystème de la forêt et des entités géographiques bien distinctes » plutôt que s’en tenir à la description forestière traditionnelle.

Ci-après est fait un bref résumé.

Quatre zones principales sont à distinguer.

Zone A :

Zone dominée par la forêt ombrophile dense et occupant surtout la partie occidentale de la forêt. Cette formation est relativement Hétérogène car la physionomie des associations qui le composent varie avec l’altitude et le degré d’humidité. On peut y discerner 4 composantes :

-La forêt ombrophile de basse altitude (2000/2100 m)

Forêt constituée d’une alternance de formations denses et ouvertes mais ces dernières limitées à des espaces restreints au fonds des vallées et aux pentes abruptes. Les arbres sont très hauts (Entandophragma jusqu’à 55-60 m dans les fonds de vallées ; Newtonia ; Symphonia et Parinari (45-55 m) sur les flancs de vallées. Epiphytisme prononcé à cause du taux d’humidité élevé.

-La forêt ombrophile de haute altitude (200/2100 m à 2500/2600 m).

Fonds de vallées dominés par des Ekebergia, Prunus et Cassipourea ainsi que des essences secondaires. Flancs de vallée dominés par des Sizigium, Parinari, Symphonia, Carapa, Ocotes. Forêt moins haute avec épiphytisme moins prononcé.

- La forêt mésophyle de crête (1700/2300 m).

Strate arborescente de 10 à 15 m de haut sur les crêtes convergeant vers la cuvette de Rangiro. Caractérisée par Ficalho, Faura, Dichaethantera, Harungana, Hypericum, Maesa. La strate herbacée est dominée par des fougères.

-La forêt marécageuse (1750/1950 m).

Forêt éclaircie à dominance de Syzigium, Carapa et Anthocleista, Epiphytisme exubérant.

Zone B.

Partie orientale de la crête. Caractérisée par d’immenses surfaces dominées par les Macaranga et d’autres formations diverses dans les zones ouvertes.

-Forêt à Macaranga (2100-2500/2600 m).

Forêt de 15 à 25 m de haut avec des futaies pures de Macaranga et localement des peuplements de Syzigium. Clairières avec des espèces secondaires.

 

-Forêt à Podocarpus (2500-2600/2900 m).

Sur les hauts sommets de la zone.

-Zones ouvertes et fourrés à Hagenia

Bordent les larges vallées marécageuses.

-Fourrés à Philippia

Ces bruyères arborescentes recouvrent les crêtes rocailleuses et les crêtes quartzitiques par une bande à Erica.

Zone C.

Zone située au sud du centre du massif. En bordure des marais vers 2350-2400 m, quelques Podocarpus puis une bande de forêt ouverte dominée par Syzigium, Neoboutonia, Cassipoura et Dombexa. A partir de 2500-2600 m, bambouaise à Arundinaria alpina de 3-4 m de haut enserrant les formations plus ou moins denses de Podocarpus.

Zone D.

Zone située dans la pointe sud du massif entre 2300 et 2500 m d’altitude. Il s’agit d’une grande bambousaie de 10 à 12 m de haut entourant des îlots de forêts ou des arbres isolés où dominent Ficalhoa, Faurea, Prumus et Crisophyllum.

Comme on peut le constater ces quatre Zones majeures ne constituent pas des entités végétales homogènes, mais leur intérêt biologique réside dans le fait qu’elles représentent des habitats distincts d’espèces animales et que certaines d’entre elles constituent des stades d’évolution vers des formations climatiques révélant l’évolution de la forêt.

En ce qui concerne l’aspect sylvicole de la forêt, les sondages effectués par Combe (Rapport n°3) montrent également la présence d’une grande variété de types de peuplements.

Les peuplements avec une haute futaie dense représentent environ 56% de la surface, tandis que 44% sont couverts éparsément de grands arbres, de peuplements clarifiés, de bambous ou de vides.

Pour montrer l’importance de la diversité de la forêt de Nyungwe, il faut mentionner sa faune. Bien que celle-ci n’ait pas encore été étudiée d’une manière très approfondie, on peut déjà tenir compte des études de M. STORZ (Doc. 1981 et 1983) sur les grands mammifères et de J.P. Vande Weghe sur l’avifaune.

STORZ mentionne l’observation de 25 espèces de mammifères. Les primates sont en nombre important. Citons particulièrement le colobe blanc et noir, le Cercopithèque de l’Hoest, le singe argenté, mais aussi le chimpanzé et le babouin et, plus rares, le cercocèbe à joues grises et le monde. Il y a aussi des carnivores : serval, chat doré, genettes etc. mais le léopard aurait disparu. A noter que les artidactyles (Potamochère, Hylochère, Céphalophes, Guib harnaché etc.) ne se rencontrent plus qu’en petit ombre car ils souffrent spécialement du braconnage qui est particulièrement virulent dans la forêt de Nyungwe. Celui-ci s’adresse aussi particulièrement aux Rodentés tels qu’écureuils ; aulacodes, athérure, rat de gambie, porc-épic.

Enfin il faut signaler que les éléphants qui étaient présents en assez grand nombre il y a quelques années sont en voie d’extinction complète. Seuls cinq exemplaires ont été observés dans le marais de Kamiranzovu. Le buffle quant à lui aurait complètement disparu.

STORZ insiste sur le rôle important que jouent les animaux dans les cycles d’échange de la matière et de l’énergie, dans la limitation naturelle du nombre d’individus par le jeu de la compétition alimentaire, dans la fécondation et la propagation des espèces végétales. Il faut donc relever que la pression que subit actuellement la faune suite aux activités humaines (en particulier, par le braconnage) risque d’entraîner un déséquilibre de la forêt dont on ne peut mesurer les conséquences.

 

En ce qui concerne l’avifaune, les observations de Vande Weghe (cité par Rapport n°4) ont permis d’identifier 240 espèces différentes dans le massif de Nyungwe. Un total de 183 espèces d’oiseaux vit dans les habitats forestiers, parmi lesquelles 121 espèces sont strictement forestières. De plus, les habitats anthropiques (habitations, défrichement routes etc.) comptent 92 espèces dont 16 à 20% d’espèces forestières.

D’une manière générale, cet auteur constate que le nombre d’espèces présentes dans chaque habitat s’appauvrit avec l’altitude et que la niche écologique de ces oiseaux est plus large que celle des oiseaux vivant dans les horizons altitudinaux inférieurs. Il faut donc relever que les horizons inférieurs sont à la fois plus riche en espèces et les plus fragiles. Dans l’optique d’un aménagement futur du massif, il faudra tenir compte de ce fait que 1,2% seulement de la surface du massif dont située à une altitude inférieure à 1800 m ; et que ces surfaces sont localisées dans la zone A à la lisière de la forêt, en contact direct avec les Zones habitées.

La description de la forêt de Nyungwe serait incomplète si l’on omettait de mentionner outre le braconnage, certaines activités humaines marquent la forêt de son impact.

Evidemment la plus grave atteinte à la forêt est causée par les défrichements de lisière. Chaque année des centaines d’hectares de forêt disparaissent pour être utilisés à des fins agricoles.

Mais la forêt de Nyungwe est aussi particulièrement marquée par d’autres activités l’atteignant au sein même du massif.

Il s’agit d’abord des abattages illicites réalisés par les scieurs de long qui procèdent à un écrémage systématique des plus beaux arbres.

Cette activité est présente sur quasi l’ensemble de la forêt mais elle est plus particulièrement favorisée par la route Butare-Cyangugu qui traverse d’Est en Ouest toute la forêt, rendant plus facile le transport des bois fraudés.

D’autre part une population de quatre à six mille chercheurs d’or restent dans la forêt durant des périodes prolongées. Il y construisent des habitations temporaires, pratiquent la chasse, et surtout remuent des millions de mètres cube de terre à la recherche de l’or. Les détériorations de l’environnement dues à cette activité se sont récemment accrues du fait que leurs travaux ne se situent plus seulement dans les lits de rivières mais aussi parfois sur les talus latéraux. Il faut cependant noter que l’activité des orpailleurs ne s’étend pas sur toute la forêt mais surtout dans la zone-Ouest (lits de la Tangara, Karamba, Nyungwe).

Enfin, il faut relever que si le bétail ne présente pratiquement pas de problème dans Nyungwe, l’apiculture qui est pratiquée intensivement dans certaines Zones cause parfois des déprédations du fait que des apiculteurs mettent le feu à des Zones de fourrés.

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