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Chapitre 6

OFFRE ET DEMANDE DE PRODUITS FORESTIERS DANS LES PAYS A ECONOMIE DE MARCHE

6.1 Introduction

Déterminer comment l'offre et la demande de produits forestiers vont pouvoir évoluer constitue l'un des aspects les plus importants de l'étude des perspectives d'évolution du secteur (et l'un des principaux objectifs assignés à l'ETTS V). Les marchés des produits forestiers subissent l'influence d'un ensemble de facteurs complexes et interdépendants, dont bon nombre sont, par nature, à court terme (cycle conjoncturel, mode, nouveaux produits et nouvelles technologies), et les projections à long terme dans ce domaine sont forcément très aléatoires. Il est cependant possible de dégager et de chiffrer un certain nombre de tendances structurelles à long terme. Les techniques économétriques permettent de mesurer de manière scientifique les relations sur une longue période (dans le cas de l'ETTS V, les 28 années comprises entre 1964 et 1992) entre diverses variables essentielles et d'établir, à partir de là, des projections qu'il est possible de présenter et d'examiner objectivement, sans devoir trop faire fond sur l'avis des experts, qui peut souvent être considéré comme inspiré par leurs préjugés. L'analyse économétrique présente d'autres avantages en ce sens qu'elle garantit l'établissement d'hypothèses cohérentes (concernant, par exemple, la croissance économique globale) dans tous les pays, et permet de construire d'autres scénarios de consommation en retenant des hypothèses différentes pour les variables indépendantes, comme le PIB, l'investissement dans le logement ou les prix.

Le présent chapitre contient un bref exposé des tendances à long terme de la consommation et de la production de produits forestiers, un examen des facteurs sous-jacents et une présentation de l'analyse économétrique et des deux scénarios de base. Il est fondé sur l'analyse que Anders Baudin (Suède) et David Brooks (Etats-Unis) ont effectuée avec le concours de Johan Stolp (Pays-Bas) et de Peter Schwarzbauer (Autriche) et qui est présentée en détail dans deux documents de travail de l'ETTS V (ECE/TIM/DP/5 et DP/6). Les services de MM. Baudin et Brooks ont été mis à la disposition du secrétariat par leur gouvernement et organisation. Le Gouvernement français a fourni ceux de Mme Myriam Issartel qui a rassemblé et vérifié les séries de données à long terme, en particulier celles des prix, qui sont publiées sous forme graphique sous la cote ECE/TIM/DP/9. Le secrétariat souhaite exprimer sa profonde gratitude à tous les experts pour leurs travaux novateurs et exigeants et remercier les Gouvernements des Etats-Unis, de la France et de la Suède, pour leur très importante contribution.

Toute l'analyse a été effectuée au niveau des différents produits (sciages de résineux, contre-plaqués, papier journal, etc.), et les données y relatives seront publiées dans les documents de travail. Toutefois, pour simplifier la présentation, le présent chapitre est principalement axé sur les groupes de produits : sciages, panneaux, papiers et cartons (généralement regroupés sous le terme “papier”). Les tendances antérieures sont présentées en détail dans les publications régulières de la CEE/FAO, notamment le Bulletin du bois et les études périodiques à moyen terme. Le présent chapitre porte sur la consommation et la production de sciages, de panneaux et de papier dans les pays à économie de marché. La consommation de bois de chauffage est traitée au chapitre 9 et les perspectives pour les pays en transition au chapitre 10. De simples hypothèses, qui ne figurent pas ici, ont été formulées au sujet des perspectives de la consommation de bois de mine et autres bois ronds d'industrie.

Les méthodes économétriques ne sont utilisées que pour établir les prévisions de la production et de la consommation des pays à économie de marché occidentaux (les 17 pays indiqués dans les notes 8 et 11), qui représentent ensemble environ 80 % de la consommation de sciages et de panneaux et plus de 90 % de la consommation de papier. Néanmoins, pour éviter les doubles emplois et simplifier la présentation, les tendances et projections sont, dans la plus grande partie du présent chapitre, indiquées pour l'Europe dans son ensemble, y compris les pays pour lesquels des méthodes de prévision différentes ont été appliquées, notamment les pays en transition (voir chap. 10).

6.2 Tendances antérieures de la consommation et de la production

La consommation de sciages a fortement progressé entre 1964 et 1973 (en réalité, cette progression s'est amorcée au début des années 50, mais celles-ci ne sont pas comprises dans la base de données) mais, ensuite, l'évolution de la consommation a été davantage marquée par les fluctuations du cycle conjoncturel que par une expansion soutenue. La consommation de 1973 n'a été dépassée que trois fois (en 1979, 1980 et 1990) et il y a eu des périodes de faible consommation dans les années 80 (1981 à 1985) et dans les années 90 (1991 à 1994). La production européenne, à laquelle s'ajoutent les importations de sciages de résineux en provenance du Canada et de la Russie, et les importations de sciages de feuillus de l'Asie du Sud-Est et des Etats-Unis, a toujours représenté 85 à 95 % de la consommation. En 1994, cependant, les importations de sciages en provenance du Canada et de la Russie ont diminué, notamment à cause de difficultés d'approvisionnement et de la demande de l'énorme marché américain. Parallèlement, les exportations européennes (pays nordiques et Autriche) à destination d'autres régions ont progressé. Reste à voir s'il s'agit là d'un phénomène passager ou d'un véritable changement structurel.

TABLEAU 6.2.1

Consommation et production de produits forestiers par groupes de pays
(Moyenne de 1988–92, en millions)
 SciagesPanneaux dérivés du boisPapier
ProductionConsommationProductionConsommationProductionConsommation
(m3)(tonnes)
Europe :90,1101,538,041,867,264,7
Pays nordiques21,2    9,8  3,0  2,518,9  8,9
UE (12 pays)35,8  62,824,730,738,652,1
Europe centrale  8,7   5,8  2,6  1,6  4,2  2,8
Europe orientale13,2 12,5  4,7  4,4  3,5  3,4
Europe du Sud-Est  9,1  8,8  2,1  2,0  1,6  1,9
Pays baltes  2,2  1,8  1,0  0,6  0,4  0,3


TABLEAU 6.2.2

Pays européens à économie de marché : production et consommation de produits forestiers
(Moyenne de 1988-92, en millions)
 ConsommationProduction
Sciages (m3) :83,270,5
Résineux67,259,3
Feuillus16,011,2
Panneaux dérivés du bois (me):33,829,9
Contre-plaqués  5,5  2,6
Panneaux de particules24,824,4
Panneaux de fibres  3,5  3,0
Papier et carton (tonnes):59,662,2
Papier journal  8,1  8,1
Papier d'impression et d'écriture20,022,6
Autres papiers et cartons31,531,4

Note : Les chiffres concernent les 17 pays à économie de marché occidentaux pour lesquels a été effectuée une analyse économétrique.

FIGURE 6.2.1

Consommation européenne de panneaux
(Croissance annuelle moyenne)

FIGURE 6.2.1

La consommation de panneaux dérivés du bois a plus que doublé en 30 ans, la part de ce type de produits dans la consommation de sciages passant de 17 % à 44 % entre 1964 et 1994. Mais son rythme de croissance s'est ralenti. Sur l'ensemble de cette période, les panneaux sont passés d'une phase d'expansion très dynamique, pendant laquelle ils ont remplacé les sciages sur certains marchés et trouvé de nouveaux débouchés (par exemple les cuisines intégrées), à une phase de consolidation et de maturité, comme les sciages. Dans cette phase, les changements résultent essentiellement des fluctuations du cycle conjoncturel et de la concurrence entre les divers panneaux. La production n'est que légèrement inférieure à la consommation. L'Europe importe surtout des contre-plaqués de l'Asie du Sud-Est, mais le commerce intrarégional de panneaux est en train de s'intensifier car les fabricants se spécialisent et construisent de plus grandes unités, ce qui augmente les possibilités d'échange entre les pays.

La consommation de papiers et de cartons a également plus que doublé entre 1964 et 1994; le taux de croissance a été plus stable pour le papier que pour les sciages et les panneaux, et il n'y a aucun signe d'un ralentissement structurel de la croissance à la fin de la période considérée. Pour la plupart des années, la production européenne est légèrement supérieure à la consommation en raison des exportations vers de nombreuses autres régions (ce qui ne signifie pas que l'Europe dispose de suffisamment de matière première pour la production de papier; elle importe en fait de très grandes quantités de pâte, principalement d'Amérique du Nord).

6.3 Les utilisations finales : concurrence et substitution

i) Sciages et panneaux

Les sciages et les panneaux sont des produits semi-finis destinés à une grande variété de marchés, depuis les marchés généraux gros consommateurs (par exemple, fabrication de charpentes de toit) jusqu'aux marchés hautement spécialisés (par exemple, fabrication de violons). Sur chacun de ces marchés, divers facteurs déterminent le niveau de consommation. Dans pratiquement tous les cas, le prix relatif des sciages et des panneaux est important, mais leur adéquation technique aux besoins et attentes de l'utilisateur (qui varient avec le temps) ainsi que le prix et les caractéristiques des matériaux concurrents sont également très importants.

La mode joue également un rôle, ainsi que l'image du bois (et des produits concurrents). Le bois est-il perçu comme un matériau chaud, naturel et ne portant pas atteinte à l'environnement parce qu'il est renouvelable et qu'il vient de la forêt, ou est-il perçu comme un matériau démodé, préjudiciable à l'environnement et techniquement inadéquat ? En réalité, ces deux points de vue sont largement répandus et les spécialistes des relations publiques pour le bois (et les produits concurrents), conscients de l'importance de ces questions, ne ménagent pas leurs efforts pour faire prévaloir l'une ou l'autre image auprès du public.

En bonne logique, la consommation de bois devrait donc être analysée marché par marché. Ce type d'analyse a été réalisé dans certains cas, notamment dans une série d'études effectuées par Baudin, qui ont montré que les facteurs et les tendances variaient considérablement d'un marché à un autre : sur certains marchés, les sciages et les panneaux sont de bons créneaux, tandis que sur d'autres, c'est tout le contraire. Il n'est malheureusement pas possible d'effectuer ce type d'analyse, qui nécessite une grande quantité de données très détaillées, dans le cadre de l'ETTS V. Celle-ci doit reposer sur l'analyse économétrique des tendances au niveau national, réalisable à partir de la base de données existante. Il ne faudrait cependant jamais perdre de vue que les résultats présentés ci-après sont des agrégats obtenus en combinant les tendances observées sur différents marchés, qui ont leurs propres caractéristiques et dynamique.

FIGURE 6.3.1

Consommation de sciages par habitant

FIGURE 6.3.1

Il existe deux points très généraux qui, souvent, ne sont pas pris en compte par ceux qui analysent les tendances de la consommation de produits forestiers. Le premier est que les sciages et les panneaux peuvent être remplacés sur pratiquement tous leurs marchés 1. Ainsi, à l'intérieur de la période de projection de l'ETTS V, si les prix des sciages et des panneaux augmentent dans une proportion telle que les matériaux concurrents deviennent sensiblement moins chers, ou si les progrès techniques des matériaux concurrents ne sont pas égalés par ceux des sciages et des panneaux, il n'est pas exclu que les marchés des sciages et des panneaux connaissent une forte régression. Il est souvent implicitement admis que l'augmentation de la construction de logements entraîne forcément une consommation accrue de sciages et de panneaux. Si c'est plus ou moins le cas à court terme, sur la longue période envisagée dans le cadre de l'ETTS V, l'augmentation de la consommation de sciages et de panneaux n'est possible que si ces produits parviennent à maintenir ou à améliorer leur compétitivité sur tous leurs marchés, face à des produits concurrents qui bénéficient d'une promotion de plus en plus dynamique et qui, dans bien des cas, ont l'avantage d'être commercialisés par de plus grandes entreprises. Pour ce qui est de la promotion et de la commercialisation, les matériaux concurrents sont donc souvent mieux placés que le secteur des sciages et des panneaux, car les nombreuses petites et moyennes entreprises de ce secteur ont du mal à coopérer dans ce domaine et sont beaucoup plus lentes à réagir à l'évolution des marchés 2. Pour avoir une idée du terrain perdu par le bois, il suffit de visiter un musée recréant la vie rurale des siècles passés; on pourra ainsi constater le nombre de fonctions qui étaient assurées autrefois par le bois et qui le sont aujourd'hui par des matériaux entièrement différents 3.

Le second point est que, par un hasard de l'histoire, les pays riches actuels (ceux du nord-ouest de l'Europe, l'Amérique du Nord et le Japon) ont une solide tradition de l'utilisation du bois qui s'est développée avec le reste de l'économie. Il a été admis implicitement que la structure de la demande de bois dans ces pays était également valable pour les autres régions du monde. Or, il est peu probable que des pays qui n'utilisent pas traditionnellement le bois se décident à le faire lorsqu'ils deviennent plus riches, compte tenu des autres possibilités qui s'offrent généralement à eux, comme le montrent clairement les chiffres de la consommation de sciages par habitant que donne l'échantillon de pays riches illustré par la figure 6.3.1. Pour prendre les deux extrêmes, si le PIB par habitant de l'Arabie saoudite correspond à peu prés à celui des Etats-Unis, sa consommation de sciages par habitant est dix fois moindre. Il s'agit peut-être là d'un cas extrême, mais il ne faut pas oublier que le développement économique est possible sans une forte consommation de produits forestiers.

ii) Papiers et cartons

Comme il a été indiqué précédemment, la consommation de papiers et de cartons a progressé pendant très longtemps à un rythme très proche de celui du PIB mais, là aussi, l'évolution favorable d'un segment du marché a été contrebalancée par l'évolution défavorable d'un autre segment. Le papier journal a conservé la première place parmi les supports utilisés pour la diffusion d'informations et la publicité, malgré les progrès réalisés dans le domaine de la transmission électronique des données, qui tend à compléter les moyens existants plutôt qu'à les remplacer. La consommation d'autres papiers d'impression et d'écriture est montée en flèche en raison des progrès techniques (machines à photocopier, ordinateurs personnels et télécopieurs) qui ont démontré qu'il existait une synergie entre le papier et le traitement électronique des données. Désormais, la plupart des entreprises des pays à économie de marché sont équipées d'ordinateurs et les remplacements représentent l'essentiel des ventes. L'utilisation de ce matériel par les particuliers n'est pas aussi répandue. Dans dix ans, la plupart des ménages auront-ils leur propre micro-ordinateur? Cependant, certains marchés du papier ne se développent que lentement (par exemple, ceux des papiers de ménage et du papier hygiénique, dont les possibilités d'expansion sont limitées par l'accroissement de la population). Ailleurs, des menaces existent mais leurs conséquences sont imprévisibles (certains pays sont en train de légiférer pour freiner la croissance du volume des emballages dont beaucoup s'inquiètent); d'autres souhaiteraient que les couches jetables en duvet de cellulose soient remplacées par des couches réutilisables. Dans les deux cas, l'issue finale dépendra d'un ensemble complexe de paramètres, c'est-à-dire tout à la fois des facteurs techniques, des objectifs de la politique de l'environnement et de l'opinion publique.

6.4. Industries forestiéres européennes

En Europe comme ailleurs, la production de produits forestiers dépend de la disponibilité des matières premières tirées des ressources forestières nationales et de la taille et de la proximité des marchés, mais ces facteurs, si importants qu'ils soient, sont loin de suffire à expliquer son volume et ses tendances. En effet, le volume de la production dépend aussi beaucoup de la compétitivité des industries forestières européennes sur des marchés de plus en plus vastes qui impliquent couramment des transports de matière première bois et de produits forestiers sur des distances représentant la moitié du tour du monde 4. Cependant, la notion de compétitivité, bien qu'apparemment simple, est difficile à définir et encore plus difficile à mesurer.

La présente section vise à exposer quelques facteurs pertinents de la compétitivité des industries forestières européennes et à fournir quelques données par groupe de pays en donnant des informations sur la structure et la capacité de ces industries (taille, nombre d'unités, emplacement), et en résumant l'étude récemment effectuée pour la CEE/FAO sur les tendances de leur productivité et de leur rentabilité. Ces renseignements sont destinés à servir d'arrière-plan aux projections de la production de produits forestiers en Europe. Les tendances de la production elle-même sont présentées dans la section précédente.

Les grands secteurs (sciage, panneaux et pâte et papier) diffèrent beaucoup entre eux pour la taille des unités de production, l'intensité de capital, le régime de propriété et la technologie. La différence est particulièrement frappante entre le secteur du sciage, qui constitue dans de nombreux pays une industrie à petite échelle (voire artisanale) de caractère très traditionnel, et les deux autres secteurs qui sont devenus des secteurs très capitalisés, de haute technicité et aux activités de portée mondiale.

TABLEAU 6.4.1

Structure et capacité de l'industrie des panneaux dérivés du bois, 1994
 Usines
(nombre)
Capacité totale
(millions de m3)
Capacité moyenne
(milliers de m3)
Feuilles de placage163  1,4    8,4
Contre-plaqués325  3,8  11,7
Panneaux de particules23935,6148,8
Panneaux de fibres  87  6,5  74,8
Total panneaux, dont:81447,2  58,0
Pays nordiques  51  3,4  66,9
UE (12 pays)53933,1  61,4


FIGURE 6.4.1FIGURE 6.4.2
Capacité de l'industrie européenne des panneaux, 1994Taille moyenne des scieries, 1994
(Total: 47,2 millions de m3) 
FIGURE 6.4.1FIGURE 6.4.2

Dans la plupart des pays d'Europe, l'industrie du sciage 5 est caractérisée par un grand nombre de petites unités de production qui sont souvent sous-capitalisées - et, pour cette raison, incapables de se doter des derniers progrès techniques (notamment la commande par ordinateur) - et dépourvues, ou presque entièrement dépourvues, de services de commercialisation. On estime que, vers 1990, l'Europe comptait environ 30 000 scieries qui produisaient environ 85 millions de m3 par an, soit une moyenne de moins de 3 000 m3 par scierie. Une grande part de cette production est concentrée dans un petit nombre de grandes usines, mais dans certains pays, des centaines, voire des milliers de scieries, n'ont qu'une activité saisonnière ou occasionnelle. Par exemple, il y avait des usines produisant moins de 1 000 m3 par an qui étaient au nombre d'environ 1 000 en Autriche, 6 000 en Finlande, 2 000 en France, 3 000 en Italie et 1 500 en Espagne et en Suède. Dans la plupart des pays, on trouve quelques scieries de grandes dimensions, à forte production, mais dans quelques-uns seulement, on peut parler d'un secteur du sciage moderne, productif et compétitif. En Europe, on dénombrait quelque 80 scieries d'une production supérieure à 100 000 m3 par an, dont 59 étaient situées dans trois pays (11 en Autriche, 27 en Finlande et 21 en Suède). Dans ces trois pays, le secteur du sciage travaille pour l'exportation et affronte avec succès la concurrence sur le marché mondial. En Allemagne, il y a de très grandes usines, bien équipées, à proximité des centres de consommation (5 d'entre elles emploient plus de 200 salariés chacune).

Les petites scieries occupent quelquefois un créneau important sur le plan régional et jouent un rôle appréciable dans l'économie rurale (étant parfois le seul employeur de type industriel de la région), mais leur incapacité d'innover, notamment de créer et de lancer des produits adaptés aux besoins changeants des consommateurs, doit être considérée comme un frein à l'expansion de la consommation de produits forestiers.

En revanche, le secteur des panneaux dérivés du bois est très créateur et innovateur et progresse vers une utilisation toujours plus complexe des qualités techniques du bois et vers la capacité d'employer des matières premières aux caractéristiques techniques toujours plus variées, ce qui lui permet à la fois de fabriquer des produits possédant des avantages techniques par rapport aux sciages et à d'autres matériaux et de le faire dans bien des cas pour un coût moindre. La taille moyenne des unités de production augmente régulièrement.

En Europe, il existe un peu plus de 800 usines de panneaux dérivés du bois, dont la capacité globale est proche de 50 millions de m3. Plus de la moitié d'entre elles produisent des feuilles de placage ou du contre-plaqué, mais leur dimension est relativement petite comparée à celle des usines de panneaux de particules. Pour les trois quarts, la capacité européenne de production de panneaux concerne les panneaux de particules, qui sont presque entièrement produits dans les pays de l'UE (12). Ces dernières années, on a observé une rapide expansion de la capacité de production de panneaux de fibres de densité moyenne ainsi que de panneaux structuraux orientés. On produit davantage de panneaux à valeur ajoutée, tout comme de combinaisons de panneaux, en sorte qu'il est de plus en plus difficile de définir des catégories de panneaux utiles aux fins des prévisions à long terme.

Les unités de production les plus importantes se trouvent dans le secteur de la pâte, où les économies d'échelle et la concurrence internationale ont eu pour effet de porter la dimension et le coût d'une usine de pâte kraft de taille mondiale au-delà respectivement d'un demi-million de tonnes et d'un demi-milliard de dollars. En raison des économies d'échelle, les fabricants de pâte ont besoin d'un accès garanti à une source abondante et uniforme de matières premières à prix compétitif. Or, en Europe, en dehors des pays nordiques, les nouvelles usines (implantées en pleine campagne) ont de plus en plus de peine à trouver ces conditions. Les restrictions écologiques imposées aux émissions et aux effluents ont également pour effet de limiter le choix des sites convenant à l'installation de grandes usines de pâte. Le tableau 6.4.3 montre que près de la moitié de la capacité mondiale de production de pâte se trouve en Amérique du Nord et un tiers en Europe. La capacité des pays nordiques est presque le double de celle de l'UE. Les prévisions réunies par la FAO dans son étude annuelle sur ce secteur montrent qu'au cours des cinq prochaines années la capacité de production de pâte progressera probablement surtout hors d'Europe et de l'Amérique du Nord, principalement en Asie.

L'Amérique du Nord a une capacité de production de papier supérieure à celle de toute autre région, mais sa domination dans ce domaine est moins marquée que pour la pâte. En Europe, l'importance relative de l'UE et des pays nordiques est inverse, la capacité de l'UE (12 pays) étant approximativement le double de celle de ces pays. Cette situation est due à l'importance de l'accès aux marchés et des coûts de transport, à la dimension plus réduite des économies d'échelle et au grand nombre de papiers spéciaux qui ont été créés (les papiers courants sont souvent produits en Amérique du Nord et dans les pays nordiques).

Une étude sur la rentabilité, la productivité (totale, ainsi que de la main-d'oeuvre, du capital, des matières premières et de l'énergie) et les prix dans l'industrie forestière de neuf grands pays de la région de la CEE 6, faite par une équipe dirigée par M. M. Simula, examine les tendances entre 1974 et 1990. Elle montre que, dans l'industrie mécanique du bois (sciage et fabrication de panneaux), la rentabilité a été instable et sensible aux cycles conjoncturels. Dans la plupart des pays, la marge brute sur les ventes a généralement baissé, la position relative des prix s'étant érodée plus rapidement que la productivité n'augmentait. Les fluctuations du rendement du capital ont été beaucoup plus irrégulières que celles de la marge brute sur les ventes et, certaines années, ont été marquées par des chutes brutales dues à des récessions des cycles conjoncturels.

Dans le secteur des industries mécaniques du bois, la productivité totale n'a guère augmenté jusqu'au milieu des années 80, mais ensuite elle a progressé régulièrement dans de nombreux pays, le taux le plus élevé étant enregistré en Allemagne. La productivité de la matière première s'est peu améliorée, mais celle de l'énergie, stimulée par la montée en flèche des prix de l'énergie au cours de la période considérée, a nettement augmenté. La productivité du travail a progressé plus vite que celle de tout autre facteur de production, par l'effet d'un accroissement général et rapide du coût par unité de main-d'oeuvre et éventuellement aussi, dans certains pays, en raison des rigidités institutionnelles du marché du travail.

FIGURE 6.4.3FIGURE 6.4.4
Capacité mondiale de production de pâte, 1994Capacité mondiale de production de papier et de carton, 1994
FIGURE 6.4.3FIGURE 6.4.4

La productivité du travail s'est toutefois accrue plus lentement que le coût par unité de main-d'oeuvre, ce qui a contribué à faire baisser la rentabilité. En 1990, la productivité du capital était, dans presque tous les pays, inférieure à ce qu'elle était en 1974 (qui avait, certes, été une année exceptionnellement bonne de ce point de vue-là); elle était beaucoup influencée par les cycles conjoncturels. Seuls l'Allemagne et le Canada ont enregistré une croissance de la productivité du capital.

Le rapport entre prix à la production et l'ensemble des prix des facteurs a accusé une tendance à la baisse dans presque tous les pays. Pour que les industries mécaniques du bois puissent survivre à long terme, le recul de ce rapport doit être contrebalancé par un accroissement de la productivité totale; tel a été le cas en Autriche, en Allemagne et, dans une certaine mesure, au Canada. Ailleurs, d'autres adaptations seront nécessaires pour éviter une dégradation à long terme de la rentabilité, qui entraînerait une augmentation des prix des produits et/ou une diminution de la demande ou de la part du marché.

Dans l'industrie de la pâte et du papier, la rentabilité a évolué différemment suivant les groupes de pays. En Autriche et en Allemagne, elle a été modérée et peu sujette aux fluctuations. Dans le groupe des pays axés sur l'exportation (Canada, Finlande et Suède), elle a été très instable, mais sans accuser aucune tendance particulière à la hausse ou à la baisse. L'Espagne, les Etats-Unis, les Pays-Bas et le Portugal ont enregistré une forte augmentation, notamment en raison de la vigueur de la demande intérieure (Etats-Unis), de la disponibilité d'une matière première bon marché (Espagne et Portugal) et de la proximité des marchés et de puissants groupes industriels (Pays-Bas). Le coefficient capital-travail a augmenté dans tous les pays, quelquefois à un rythme très rapide (8,3 % par an en Autriche).

FIGURE 6.4.5

Evolution prévue de la capacité, 1994-99

6.4.5

Source: FAO, Pulp and Paper Capacities Survey, 1994-1999

La productivité totale s'est accrue dans tous les pays sauf au Canada. La productivité de l'énergie et celle de la main-d'oeuvre ont progressé partout mais, en général, celle du capital a diminué par rapport à 1974, tout en étant approximativement constante par rapport à 1975. Un facteur important à cet égard peut avoir été les gros investissements réalisés dans la lutte contre la pollution, qui sont traités comme des coûts, bien que les avantages (air et eau plus propres) ne soient pas considérés comme des productions. S'ils avaient pu être pris en considération, la productivité totale et celle du capital présenteraient un tableau plus positif.

Dans le secteur de la pâte et du papier, le rapport entre les prix à la production et les prix de l'ensemble des facteurs a diminué entre 1974 et le milieu des années 80. Ultérieurement, il a baissé dans les pays nordiques, en Autriche et en Allemagne, probablement à cause de l'évolution défavorable constatée pour les matières premières (surtout le bois de trituration, mais aussi, surtout en Allemagne, la pâte importée, ainsi que les vieux papiers). Pour la présente étude, on n'a pas pu utiliser de données sur l'endettement des entreprises, alors qu'il s'agit d'un élément essentiel du calcul de la rentabilité.

TABLEAU 6.4.2

Capacité antérieure et prévue de production de pâte et de papier
(Millions de tonnes)
 198919941999Part en 1994 (%)Variation entre 1994 et 1999
Pâte :     
Pays nordiques 22,5 24,3 27,6 13,9  3,3
UE (12 pays) 11,6  10,7 11,2   6,1  0,5
Autres pays d'Europe   6,0   5,7   5,9   3,3  0,2
EUROPE 40,0 40,8 44,7 23,2  4,0
Amérique du Nord 82,6 87,4 88,7 49,8  1,2
Autres pays 41,5 47,4 53,8 27,0  6,5
MONDE164,1175,6187,2100,011,7
Papier :     
Pays nordiques  20,2  23,5  26,7   8,0  3,2
UE (12 pays)  41,3  49,2  54,9 16,8  5,7
Autres pays d'Europe  10,8  12,7  13,4   4,3  0,7
EUROPE  72,2  85,4  95,0 29,1  9,6
Amérique du Nord  93,2104,5110,7 35,7  6,1
Autres pays  84,9103,3117,6 35,214,2
MONDE250,4293,2323,2100,030,0

Source: FAO, Pulp and Paper Capacities Survey, 1994-1999.

Note: Dans la classification de la FAO, la rubrique EUROPE ne comprend pas la Turquie.

Pour l'un et l'autre secteur, la présente analyse montre la manière dont ils ont pu, dans une large mesure, compenser le renchérissement, notamment de la main-d'oeuvre et de l'énergie, en améliorant la productivité, mais aussi que la productivité de la matière et, en particulier, celle du capital n'ont pas évolué de façon aussi satisfaisante, d'où une courbe de la rentabilité à long terme qui n'a pas, en général, été ascendante. C'est là un fait à ne pas négliger lorsqu'on examine la capacité de ces industries de rester compétitives à l'avenir par rapport à d'autres régions et à d'autres produits.

6.5 Prévisions de l'offre et de la demande 7

i) Introduction

Les prévisions de l'offre et de la demande de produits forestiers ont été élaborées à partir des éléments suivants : modèles statistiques de production et de consommation; projections indépendantes de l'activité macro-économique (PIB); projections concernant les facteurs qui influent directement sur la consommation de sciages et de panneaux (à savoir les investissements dans le logement, la production manufacturière et la fabrication de meubles, qui, combinés, donnent un “indice d'utilisation finale”), établies à partir des scénarios du PIB; et hypothèses (scénarios) concernant l'évolution d'autres facteurs influant sur la demande et sur l'offre. Ces autres facteurs comprennent les prix des produits et les coûts des matières premières.

Les projections de la demande et de l'offre sont des prévisions hypothétiques en ce sens qu'elles reposent explicitement sur des hypothèses concernant des facteurs exogènes, et qu'elles supposent implicitement des rapports stables sur la longue période dans le secteur forestier européen.

ii) Modélisation de la demande et de l'offre : méthode générale

La majeure partie de la production et de la consommation européennes de produits forestiers est à mettre à l'actif de neuf pays. Comme dans l'ETTS IV, l'analyse quantitative a donc été axée principalement sur ces pays; pour la faciliter, des mesures ont notamment été prises pour développer et améliorer la base de données ETTS. Le succès, au moins partiel, de ces mesures, a permis de renforcer l'analyse statistique et d'employer de nouvelles méthodes. Pour les autres pays d'Europe occidentale, on a eu recours à une méthode plus simple nécessitant moins de données.

iii) Modèles de la demande et de l'offre pour les principaux producteurs et consommateurs 8

Pour les principaux marchés et pays producteurs de produits forestiers en Europe, la base de données de l'ETTS a été élargie afin de faciliter l'élaboration des modèles de consommation plus détaillés, et de modèles de l'offre de produits. Dans les précédentes études sur les tendances du bois, comme dans la plupart des autres études sur la demande de produits forestiers, la consommation totale (apparente) est modélisée comme un élément dépendant du prix des produits et modifiant la demande, tel que le PIB 9. Aux fins de la présente étude, on a développé le modèle de la demande en procédant de deux façons.

Tout d'abord, la consommation a été divisée en deux : consommation de produits nationaux et consommation de produits importés. Des séries d'élasticités distinctes ont été évaluées pour chacune de ces composantes de la consommation. Cette méthode semble justifiée, vu que, dans de nombreux pays, les biens importés et les produits nationaux ne sont pas qualitativement les mêmes et passent par des réseaux de distribution différents.

Ensuite, le prix sur le marché intérieur et le prix à l'importation lorsqu'ils étaient connus, ont été inclus en tant que facteurs explicatifs dans les deux équations de la demande. Non seulement les deux séries de prix se situent à des niveaux différents, mais leur évolution est sensiblement différente. Il a donc été possible d'examiner un type de substitution important, à savoir la substitution entre les importations et la production nationale.

Enfin, dans la présente étude, tous les pays sont analysés séparément, alors que, dans les autres études, la plupart d'entre eux ont fait l'objet d'une analyse transversale fondée sur des séries chronologiques. Avec la méthode de l'analyse individuelle, la demande, l'offre et les échanges sont examinés simultanément.

On a également établi des modèles de l'offre de produits pour chacun de ces pays selon une méthode comparable à celle utilisée pour la modélisation de la demande; l'offre globale a été divisée en deux : offre sur les marchés intérieurs et offre sur les marchés d'exportation. Là encore, dans la limite des données disponibles, il a été possible d'examiner la dynamique du comportement des producteurs et la répartition de la production entre les marchés intérieurs et les marchés d'exportation. Outre le prix sur le marché intérieur et le prix à l'exportation, les facteurs retenus pour expliquer l'offre comprennent les coûts des matières premières (comme le prix des grumes, dans le cas de l'offre de sciages et les prix de la pâte dans le cas de l'offre de papier), un indice des taux de change et les niveaux de l'activité économique sur les marchés d'exportation.

Les considérations générales relatives aux deux équations de la demande sont les suivantes :

Demande intérieure : la demande intérieure est définie comme la quantité consommée qui a été produite dans le pays. Cette quantité est égale à la consommation apparente moins les importations. On suppose que la demande intérieure varie en fonction des prix, prix unitaires des quantités produites sur le territoire national et prix unitaires des quantités importées. En outre, la demande intérieure est censée dépendre de facteurs qui sont plus ou moins directement liés à l'utilisation finale du produit, et qui mesurent, indirectement, le niveau de l'activité dans les secteurs utilisateurs. Pour les produits en bois massif, un indicateur d'utilisation finale, indiqué ci-dessous, est appliqué alors que, pour les produits en papier, c'est le produit intérieur brut (PIB) qui est utilisé.

Demande d'importations : les mêmes facteurs que ceux utilisés pour le modèle de la demande intérieure sont censés s'appliquer au modèle de la demande d'importations. Les coefficients des prix doivent, cependant, être affectés du signe contraire.

L'indice d'utilisation finale pour les sciages et les panneaux est calculé à partir de trois indicateurs d'activité dans les secteurs consommateurs de produits forestiers : activité dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (définie comme investissements dans la construction de logements ou investissements dans le logement, dans la série de données de la comptabilité nationale de l'OCDE), fabrication de meubles et production industrielle. Il s'agit d'une moyenne pondérée de ces trois éléments dans laquelle la somme des coefficients de pondération est égale à l'unité. Les coefficients de pondération correspondent aux proportions de sciages utilisées dans le bâtiment et les travaux publics, pour la fabrication de meubles et pour d'autres usages (principalement la fabrication d'emballages). La méthode est la même que celle utilisée dans l'ETTS IV.

TABLEAU 6.5.1

Europe occidentale (17 pays) : taux de croissance moyens de la production et de la consommation, 1990–2020
(En pourcentage par an)
 Hypothèse basseHypothèse haute
ConsommationProductionConsommationProduction
Sciages résineux0,70,80,90,9
Sciages feuillus1,31,31,71,6
Sciages0,80,91,01,1
Contre-plaqués1,60,81,91,1
Panneaux de particules1,71,52,01,9
Panneaux de fibres1,81,42,11,6
Panneaux dérivés du bois1,61,42,01,8
Papier journal2,21,72,72,1
Papiers d'impression et d'écriture2,41,93,02,3
Autres papiers et cartons2,01,62,52,0
Papiers et cartons2,21,82,72,1


TABLEAU 6.5.2

Europe : consommation et production de produits forestiers (scénarios)
(x106)
  ConsommationProduction
Unité19902020+/-19902020+/-
Hypothèse basse :       
Sciagesm3101,5130,9+29,490,1116,6+26,5
Panneauxm3  41,8  65,8+24,038,0  56,2+18,2
Papier  t  64,7122,1+57,467,2111,9+44,7
Hypothèse haute :       
Sciagesm3101,5138,1+36,690,1124,3+34,2
Panneauxm3  41,8  72,1+30,238,0  61,1+23,1
Papier  t  64,7141,9+77,267,2124,4+57,2

Les deux équations de l'offre sont les suivantes:

Offre intérieure : par définition, cette quantité est égale à la demande intérieure. La variation de l'offre intérieure est censée dépendre des prix unitaires sur les marchés intérieurs et sur les marchés d'exportation ainsi que du coût des matières premières, c'est-à-dire du coût des grumes dans le cas des sciages et des contre-plaqués, du prix des déchets dans le cas des panneaux de particules et des panneaux de fibres et du prix de la pâte dans le cas des papiers et cartons.

Offre d'exportations : l'offre d'exportations (modélisée seulement pour quelques combinaisons pays/produit) est censée dépendre des mêmes prix que l'offre intérieure, ceux-ci étant affectés du signe contraire. Il est en outre tenu compte d'un indice de la valeur de change de la monnaie du pays par rapport à celle des principaux marchés, ainsi que d'un indice moyen pondéré du PIB des principaux marchés en Europe. Du fait que les séries de prix à l'exportation ne mesurent que le prix reçu par les exportateurs, et non de prix payé par les importateurs, l'indice du taux de change pondéré par les échanges est utilisé comme indicateur général de la compétitivité des exportations. Les prix payés par les importateurs sont exprimés en monnaie locale; la compétitivité sur ces marchés dépend, en partie, de la valeur de change de la monnaie du pays. L'indice du PIB européen est utilisé comme indicateur des tendances sur les marchés extérieurs 10.

FIGURE 6.5.1FIGURE 6.5.2
Europe occidentale(17 pays) : consommation de sciages, de panneaux et de papierEurope occidentale (17 pays) : consommation de produits forestiers
(Croissance annuelle moyenne, 1920–2020)(Croisance annuelle moyenne, hypothèse basse 1920–2020)
FIGURE 6.5.1FIGURE 6.5.2

Dans les équations de la demande comme dans celles de l'offre, tous les prix sont exprimés en monnaie nationale et ajustés d'après l'indice des prix à la consommation ou à la production du pays. Il s'agit là d'un changement par rapport à de nombreuses études internationales antérieures dans lesquelles les prix étaient tous exprimés en dollars des Etats-Unis.

Une description détaillée de l'élaboration des modèles, ainsi qu'une présentation complète des résultats de l'analyse statistique, figureront dans le document de travail de l'ETTS V (ECE/TIM/DP/5). Les résultats peuvent être résumés comme suit.

Lorsqu'on a pu inclure à la fois un prix pour les produits nationaux et un prix pour les importations, on s'est aperçu que les deux catégories de produits étaient interchangeables dans les équations de la consommation. En outre, les élasticités étaient généralement plus fortes (en valeur absolue) dans les équations de la demande d'importations que dans celles de la demande intérieure. En d'autres termes, à chaque variation de l'indice d'utilisation finale ou d'autres facteurs exogènes, la variation de la demande d'importations sera plus importante que la variation de la demande intérieure.

Des résultats analogues ont été obtenus avec les équations de l'offre. Lorsque le prix sur le marché intérieur et le prix à l'exportation étaient l'un et l'autre connus, on a constaté que les deux marchés étaient le plus souvent interchangeables. Comme dans les équations de la demande, les élasticités étaient généralement plus fortes, en valeur absolue, dans l'offre à l'exportation que dans l'offre intérieure.

iv) Modèles de la demande pour les autres pays d'Europe occidentale 11

Le modèle de la demande pour les autres pays d'Europe occidentale, qui est analogue au modèle des élasticités du PIB évalué dans l'ETTS IV, est couramment utilisé dans les ouvrages sur les produits forestiers. La consommation totale est modélisée en fonction d'un prix unique et du PIB; la variable dépendante retardée représente le retard avec lequel la consommation s'adapte aux variations du prix ou du PIB. Il s'agit d'un modèle en coupe instantanée fondé sur l'analyse de séries chronologiques. La demande n'est pas divisée en deux et un seul élément est analysé, la consommation (apparente) totale en fonction du prix du produit et du PIB. Les pays considérés étant, pour la plupart, des importateurs nets, la valeur moyenne des importations a été retenue comme variable pour les prix. Les prix et les revenus ont été exprimés dans la monnaie de chaque pays, puis convertis en un indice; les séries de données relatives à la consommation totale ont été également converties en un indice, ce qui a permis de procéder à une analyse transversale de séries chronologiques communes, sans avoir à convertir toutes les valeurs dans une monnaie unique.

Pour les deux groupes de pays, les élasticités ont été estimées d'après le revenu par habitant; une élasticité revenu et prix unique a été estimée pour chaque groupe. Les résultats détaillés figurent dans le document de travail de l'ETTS V. Compte tenu des limites imposées par les données, il n'a pas été établi d'équation de l'offre de produits pour ces pays; aux fins des prévisions, l'offre a été calculée à partir, d'une part, des prévisions concernant la consommation et, d'autre part, d'hypothèses concernant les taux d'auto-approvisionnement futurs.

FIGURE 6.5.3

Production de sciages, panneaux et papier (scénarios)

FIGURE 6.5.3

v) Méthodes de projection

La structure des modèles qui sont utilisés pour établir les projections est censée demeurer constante pendant la période sur laquelle portent les projections. Les variables indépendantes (exogènes) du système de modèles doivent elles-mêmes faire l'objet de prévisions afin que des projections puissent être obtenues pour les variables dépendantes (endogènes) du système, ce qui signifie que des prévisions ou scénarios doivent être établis pour les éléments suivants : indice d'utilisation finale (produits en bois massif), PIB (papier), prix et coûts (tous les produits).

Deux scénarios de base ont été établis, un scénario bas et un scénario haut, qui diffèrent seulement en ce qui concerne les hypothèses touchant le PIB. Les hypothèses suivantes ont été utilisées pour les variables indépendantes:

Au moyen du système de modèles, on obtient des projections pour la demande intérieure, la demande d'importations, l'offre intérieure et l'offre à l'exportation. A partir de ces projections, on calcule celles de la consommation (demande d'importations plus demande intérieure) et de la production (offre intérieure, qui est égale à la demande intérieure, plus offre à l'exportation). La différence entre production et consommation représente le solde net. Il convient cependant de souligner que ce système de modèles ne permet pas d'analyser les volumes des échanges ou leurs formes en tant que tels, mais donne des projections du solde net en tant que “sous-produit” des autres projections.

TABLEAU 6.5.3

Croissance de la consommation et de la production de produits forestiers par groupe de pays (scénarios)
(Croissance annuelle moyenne, en pourcentage, 1990–2020)
 SciagesPanneauxPapier
ConsommationProductionConsommationProductionConsommationProduction
Hypothèse basse:      
Europe:0,80,91,51,32,11,7
Pays nordiques0,40,80,50,71,61,2
UE (12 pays)0,80,91,61,32,21,9
Europe centrale0,80,61,72,01,62,1
Europe orientale0,90,81,21,21,71,6
Europe du Sud-Est1,31,32,01,92,92,0
Pays baltes1,90,71,00,31,10,7
Hypothèse haute:      
Europe:1,01,11,81,62,62,1
Pays nordiques0,61,00,60,82,11,5
UE (12 pays)1,01,22,01,72,82,3
Europe centrale1,10,82,02,31,82,5
Europe orientale0,90,91,21,21,71,6
Europe du Sud-Est1,41,42,22,13,12,3
Pays baltes1,90,71,00,31,10,7

Les projections de l'ETTS V portent sur des périodes de dix ans (cinq ans dans le document de travail), et les quantités obtenues doivent être considérées comme des moyennes décennales, centrées sur l'année médiane de la période considérée. Les projections n'indiquent que l'évolution à long terme et ne tiennent pas compte des variations conjoncturelles. Il convient de souligner, une fois de plus, le caractère hypothétique des prévisions; les projections sont obtenues à partir de modèles économétriques dont les coefficients estimés sont censés demeurer constants pendant la période sur laquelle portent les prévisions. En outre, les projections dépendent des prévisions initiales concernant l'indice d'utilisation finale, le PIB, les prix et les coûts.

Pour la période 1990–2020, les modèles et les hypothèses concernant le PIB sont utilisés directement pour obtenir des projections, à une exception près : pour les produits en papier, la FAO dispose d'une ventilation par pays (et même par fabrique) des données concernant le développement des capacités de production jusqu'en l'an 2000. Dans les pays où il est prévu que l'augmentation de la production de papier dépasse le développement des capacités de production pour cette période, l'augmentation de la production est fixée à un niveau équivalant à l'accroissement des capacités de production. C'est le cas pour un tiers des pays analysés et l'on suppose que les nouvelles capacités seront pleinement utilisées tandis que les anciennes seront, en moyenne, utilisées comme auparavant. Au-delà de l'an 2000, les projections ne sont soumises à aucune contrainte.

vi) Résumé des résultats

Sur la base des hypothèses exposées ci-dessus, tant la consommation que la production de produits forestiers de l'Europe occidentale (soit les 17 pays à économie de marché pour lesquels on a effectué une analyse économétrique) devraient continuer à progresser à long terme, mais à un rythme modéré. La consommation de papiers et cartons devrait augmenter plutôt plus vite que celle de panneaux, et la consommation de sciages plus lentement que celle de tous les autres produits. Pour les panneaux et le papier, la production européenne devrait progresser plus lentement que la consommation, d'où une augmentation des exportations nettes, mais l'inverse devrait se produire pour les sciages. La croissance la plus rapide sera enregistrée pour les papiers d'impression et d'écriture, dont la consommation a augmenté à un rythme très rapide au cours des dernières années.

Les taux de croissance annuels semblent relativement modérés pour la période de projection, mais en Europe (considérée dans son ensemble, y compris les pays en transition), ils devraient se traduire par de fortes augmentations en volume : 29 à 37 millions de m3 pour la consommation de sciages, 24 à 30 millions de m3 pour celle de panneaux et 57 à 77 millions de tonnes pour celle de papier, soit, sur les 30 ans, une progression, respectivement, d'un tiers, de la moitié et de près de 100 % par rapport à 1990. La question de la provenance des matières premières nécessaires à cette croissance de la consommation est examinée au chapitre 11.

Par groupe de pays, les taux de croissance les plus élevés sont prévus pour l'Europe du Sud-Est et les plus bas pour les pays en transition et les pays nordiques, mais la différence est plutôt faible entre les groupes où la croissance est la plus rapide et ceux où elle est la plus lente.

Dans ce chapitre, on n'a présenté que des scénarios de base, qui supposent des prix et des coûts constants et un rapport constant entre les investissements dans le secteur du logement et le PIB. D'autres scénarios, fondés sur des hypothèses différentes, sont présentés et examinés au chapitre 12, dans le contexte du bilan de l'offre et de la demande du secteur dans son ensemble.

Notes du chapitre 6

1 A titre d'anecdote, la petite fille du coordonnateur de l'ETTS V qui est âgée de trois ans a récemment reçu une boîte de crayons de couleur, fabriqués dans un matériau autre que le bois, qui sont censés être plus résistants que ceux en bois et sans danger pour l'environnement. Il est pratiquement impossible de les distinguer, à l'utilisation et par leur aspect, des crayons en bois.

2 Des progrès ont été réalisés à cet égard au cours de ces dernières années, mais pas suffisamment.

3 Le bois servait notamment à fabriquer des gobelets et des assiettes, des roues et des moyens de transport en général, de nombreux outils, des systèmes de drainage, des armes, des cordes (en écorce), des appareils de mouture, ainsi que l'ensemble de la structure des habitations, y compris le toit (charpente et revêtement extérieur), les murs, les planchers, etc.

4 Pour prendre deux exemples extrêmes, le transport de grumes et de plaquettes de la côte pacifique des Etats-Unis et du Canada vers le Japon et celui de bois de trituration du Chili et de l'Argentine vers les pays nordiques.

5 Source des données : Enquête sur la structure de l'industrie du sciage, vol.XLIV, No 2, du Bulletin du bois. Les données relatives à la capacité de sciage doivent toutes être considérées comme des estimations très approximatives en raison des difficultés de mesure et de comparabilité.

6 ECE/TIM/72.

7 Pour les pays à économie de marché seulement, les prévisions concernant les pays en transition étant examinées au chapitre 10.

8 Allemagne, Autriche, Espagne, Finlande, France, Italie, Royaume-Uni et Suède.

9 Cette méthode est également utilisée par la FAO dans le cadre de ses études sur les perspectives d'évolution de l'offre et de la demande de produits forestiers (Outlook Studies for supply and demand of forest products).

10 En introduisant dans cette équation une variable de la demande (PIB) on obtient la version simplifiée d'un système d'équations plus complexe qui permettrait d'établir un modèle de la demande sur les marchés extérieurs.

11 Belgique, Luxembourg, Danemark, Grèce, Irlande, Pays-Bas, Portugal, Suisse et Turquie.


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