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Développement de l'Aquaculture et des Systèmes Agricoles

AVANTAGES DES
PETITES EXPLOITATIONS AGRICOLES

DANS LES ZONES RURALES DU MONDE ENTIER, une exploitation agricole à petite échelle fonctionne presque toujours de manière à combiner plusieurs composantes de production. Différente de la monoculture à grande échelle, telle que les plantations de palmiers à huile la production de canne à sucre ou de blé sur descentaines d'hectares, une petite exploitation typique produit différentes cultures et des légumes, et élève du bétail. L'agriculteur bénéficie de ce genre de systèmes agricoles pour deux raisons principales:

Les systèmes agricoles du petit exploitant ont évolué depuis des siècles. Leurs caractéristiques du point de vue technologique et socioéconomique font partie du savoir indigène du groupe social dont les besoins de base sont ainsi satisfaits.

POURQUOI INTÉGRER L'AQUACULTURE AUX SYSTÈMES
AGRICOLES DES PETITES EXPLOITATIONS?

PENDANT DES SIÈCLES, LES AGRICULTEURS D'ASIE et d'Europe centrale ont intégré la pisciculture en étangs à d'autres systèmes agricoles grâce à des techniques reposant presque exclusivement sur le recyclage des produits dérivés de la production animale et végétale. Les aliments utilisés le plus fréquemment comme engrais sont les tourteaux à base d'huile et le son de céréales, alors que le fumier est utilisé pour fertiliser l'étang.

RELATIONS ENTRE LES FLUX DE MATÉRIEL ET LA MAIN-D'œUVRE
DANS UN SYSTÈME DE PETITE EXPLOITATION AU BANGLADESH

SOURCE: D'APRÈS LE DESSIN D'UN AGRICULTEUR DANS LIGHTFOOT ET AL. 1991. HOUSEHOLDS, AGROECOSYSTEMS AND RURAL RESOURCES MANAGEMENT. BANGLADESH AGRICULTURAL RESEARCH INSTITUTE AND ICLARM, MANILLE, PHILIPPINES, 80 P.

PRODUCTION DE CARPES DANS DES SYSTÈMES
AGRICOLES INTÉGRÉS EN BAVIÈRE (ALLEMAGNE)

EN EUROPE, nombre de zones rurales, dont certaines parties de la Bavière en Allemagne, pratiquent l'aquaculture comme partie intégrante des systèmes agricoles dans des étangs construits en pleine terre. La plupart de ces étangs ont été construits au Moyen Âge sur des terres n'ayant aucune ou peu de valeur pour les cultures. L'objectif principal était, et est encore aujourd'hui, de conserver l'eau (pour la donner aux animaux et lutter contre les feux), et d'améliorer la rétention d'eau afin de maintenir la nappe d'eau à un niveau stable pour l'agriculture. Les étangs servaient aussi à produire des carpes. Aujourd'hui, ces systèmes agricoles intégrés contribuent de manière significative à la production de carpes en Bavière.

Depuis le Moyen Âge, le cadre de gestion pour la production de carpes, en tant que composante d'un système agricole intégré, est resté virtuellement le même. Le fumier du bétail sert à fertiliser les étangs. Les carpes sont stockées de manière extensive et sont nourries avec des aliments bon marché, comme les sous-produits de la ferme. Bien que ce ne soit pas aussi commun de nos jours, la rotation de l'aquaculture avec des cultures au fond de l'étang était largement pratiquée en utilisant et en recyclant les substances nutritives contenues dans les sédiments déposés au fond de l'étang. Des commmerçants spécialisés dans la vente de poissons pêchent souvent les carpes et aident ainsi l'agriculteur à réduire au maximum ses coûts opérationnels. Une étude économique de ces pratiques a indiqué que les revenus de la vente de poissons couvraient à peine les dépenses. En dépit de cela, la production de poissons élargit la gamme des intrants de l'exploitation et diversifie les rendements, réduisant ainsi les risques de gestion. En outre, les gestionnaires de l'exploitation perçoivent la pisciculture extensive non seulement comme un moyen d'assurer un certain niveau de subsistance mais aussi comme un atout en temps de crise.

SOURCE: COFAD, communication personnelle.

La pisciculture possède de nombreux avantages en termes d'efficacité inhérente à la production par rapport à la production végétale et à l'élevage de bétail. L'aspect tridimensionnel de l'habitat de l'étang offre une variété de niches écologiques pouvant contenir de nombreux organismes très divers. En Chine, un étang bien géré peut contenir jusqu'à huit espèces différentes de poissons qui croissent harmonieusement ensemble parce qu'ils occupent différentes parties de l'eau de l'étang et exploitent différentes niches nutritionnelles. En outre, les organismes aquatiques sont des animaux à sang froid et dépensent ainsi une plus grande énergie pour leur croissance plutôt que pour maintenir la température de leur corps. De même, ils tirent leur nourriture tant des aliments naturels que complémentaires.

Il y a bien d'autres avantages potentiels pouvant dériver de l'aquaculture intégrée à d'autres composantes du système agricole d'un petit exploitant, notamment:

Un risque moindre

La diversification des systèmes agricoles grâce à l'aquaculture diminue les risques associés à l'agriculture à petite échelle en raison du fait que l'eau des étangs ne permet pas seulement de récolter des poissons, un produit comestible et commercial, mais d'irriguer aussi les cultures et d'abreuver le bétail durant la saison sèche, ce qui accroît la viabilité de la production tout au long de l'année.

Une sécurité alimentaire et économique accrue

L'excédent de la production aquacole peut signifier une disponibilité accrue de protéines pour la consommation familiale, ou bien les produits de l'aquaculture peuvent être traités comme tout autre produit pouvant être commercialisé en échange d'argent comptant ou pour acheter des objets essentiels à la famille. Ces deux stratégies augmentent la sécurité économique des familles.

L'INTÉGRATION DE L'AQUACULTURE AUX SYSTÈMES AGRICOLES
D'UNE PETITE EXPLOITATION AMÉLIORE L'ALIMENTATION
ET AUGMENTE LA SÉCURITÉ ÉCONOMIQUE

UNE ÉTUDE REALISÉE AUX PHILIPPINES a démontré que si le passage de la monoculture du riz à un système agricole intégré rizipisci-culture nécessitait un investissement plus élevé de 17 pour cent en main-d'œuvre et une augmentation du capital initial de 22 pour cent, la production supplémentaire de poissons avait cependant accru le revenu global de la ferme de 67 pour cent. Un projet regroupant 256 fermiers au Bangladesh a révélé que les bénéfices nets qui dérivaient de l'intégration de la pisciculture étaient supérieurs à 20 pour cent comparés à la seule riziculture en raison du fait que les agriculteurs utilisaient moins d'engrais et de pesticides. Les bénéfices globaux nets relatifs aux systèmes intégrés dépassaient 64 pour cent pendant la saison sèche et 98 pour cent pendant la saison pluvieuse.

SOURCES: Dela Cruz et al. 1992. Rice-fish research and development in Asia. ICLARM Conf. Proc. 24, 456 p. et Gupta et al. 1998. Integrating aquaculture with rice farming in Bangladesh: Feasibility and economic viability, its adoption and impact. ICLARM Tech. Rep. 55, 90 p.

Mise en valeur de la production

Certaines plantes comestibles, telles que l'épinard d'eau chinois et les châtaignes d'eau, peuvent être cultivées dans les étangs piscicoles. Grâce à des flotteurs et des supports adéquats, il en va de même pour les légumes et les herbes. D'autres plantes, qui poussent dans les étangs sans apports supplémentaires, telles quel'azolla, la lentille d'eau et la jacinthe d'eau, peuvent être utilisées soit comme engrais vert ou compost pour augmenter la fertilité du sol, soit comme aliment pour les poissons ou fourrage pour les animaux. Des étangs saisonniers ou alimentés par l'eau de pluie peuvent être utilisés pour les cultures quand celles-ci manquent d'eau durant la saison sèche, sans avoir recours à de l'eau supplémentaire ou à des substances nutritives. Les rotations de l'aquaculture avec l'agriculture ont prouvé que les sols agricoles s'amélioraient avec le temps.

Les usages multiples des étangs

L'eau des étangs ne sert pas uniquement à la pisciculture. Dans certaines régions du sud de l'Asie, les étangs servent à arroser et à irriguer les fruits et les légumes cultivés à la ferme, d'autres servent à la famille pour y jeter les eaux usées. Comme source d'eau pour l'irrigation, l'eau de l'étang est généralement plus riche en substances nutritives que l'eau de puits et contient même des algues bleu-vert qui fixent le nitrogène et améliorent la fertilité des sols. Après la récolte, la boue de l'étang, riche en substances nutritives, peut servir d'engrais, ou bien on peut faire pousser dans l'étang du fourrage et d'autres cultures.

Dans les zones où l'eau manque de manière saisonnière, l'importance d'un étang devient vitale quand il s'agit de favoriser la production agricole toute l'année, abreuver le bétail, fournir l'eau nécessaire au foyer et se protéger contre les feux.

Des bienfaits pour l'environnement

Là où les résidus des produits de la ferme existent en grandes quantités, leur uti-lisation dans les étangs rend le système non seulement plus efficace, mais empêche que ceux-ci soient jetés dans la nature. Certaines formes d'aquaculture intégrée, telles que la rizipisciculture, peuvent diminuer sinon éliminer l'utilisation de produits chimiques nuisibles. En effet, certaines espèces de poissons avalent les parasites du riz ainsi que les organismes porteurs de maladies nuisibles à l'homme, tels que les larves de moustiques et les escargots. Lorsque des espèces appropriées de poissons sont stockées dans les rizières, les poissons se nourrissent de mauvaises herbes et d'algues et leurs excréments non seulement réduisent l'utilisation d'herbicides mais augmentent aussi les niveaux de phosphore et de nitrogène contenus dans l'eau. En conséquence, cela diminue les besoins en engrais chimiques.

LES MULTIPLES UTILISATIONS DES ÉTANGS POUR L'AQUACULTURE ET
L'IRRIGATION AUGMENTENT LES REVENUS DES AGRICULTEURS

DANS LES SYSTÈMES AGRICOLES INTÉGRÉS du nord-est de la Thaïlande, la disponibilité en eau de l'étang réservée à l'irrigation a consi-dérablement amélioré les revenus de la ferme. Les agriculteurs ont pu produire et vendre leurs produits agricoles à meilleur prix pendant la saison sèche qui est particulièrement peu productive. Bien que la qualité de l'eau d'un étang diminue graduellement tout au long de la saison sèche, les agriculteurs s'y sont adaptés en élevant des espèces de poissons plus résistantes, telles que la silure qui respire l'air et réussit à bien se développer, même dans des conditions plutôt médiocres.

En Afrique, les bénéfices provenant de l'intégration de l'aquaculture ont favorisé son lancement, comme dans les différents projets qui reçoivent l'aide du Programme spécial de la FAO en matière de sécurité alimentaire. Récemment, cinq pays (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Ghana, Mali et Zambie) ont formé un réseau pour promouvoir les avantages qu'apportent tant l'intégration de l'aquaculture que l'irrigation.

SOURCES: COFAD, communication personnelle et Moehl et al. (en cours de rédaction). Proposal for an African network on integrated irrigation and aquaculture. Compte-rendu d'un séminaire tenu à Accra au Ghana du 20 au 21 septembre 1999.

INTÉGRATION DE LA RIZICULTURE
À LA PISCICULTURE AU BANGLADESH

LES RIZICULTEURS DU BANGLADESH ont traditionnellement profité de la migration saisonnière des poissons dans leurs rizières. Durant la mousson, lorsque les eaux submergent les champs de paddy, les poissons sauvages entrent dans les rizières et profitent des aliments naturels qui s'y trouvent et de la protection que leur offrent les tiges de riz. Lorsque les eaux refluent, les poissons sont pris au piège et on les récolte en même temps que le riz.

Grâce à des fonds provenant du Département du Royaume-Uni pour le développement international (DFID), CARE a encouragé les agriculteurs à répandre cette méthode et à l'améliorer. Environ 70 000 d'entre eux ont bénéficié de cette nouvelle approche dans le domaine de la rizipisciculture qui consiste à stocker une plus grande quantité de poissons dans les champs de paddy pendant la saison des pluies et celle du riz irrigué, et à améliorer les pratiques agricoles.

Il n'y a pas que les agriculteurs qui bénéficient de l'intégration du riz à la pisciculture en termes de revenus, aliments supplémentaires et réduction de main-d'œuvre, il y a aussi l'environnement et l'écologie.

En effet, l'énergie et les substances nutritives sont recyclées plus efficacement par le biais de la chaîne alimentaire, créant ainsi un système stable et hautement productif. L'alimentation et le mouvement des poissons dans l'eau améliorent en général la fertilité du sol.

La croissance des mauvaises herbes est un problème fréquent dans les rizières, mais les agriculteurs l'ont aisément résolu en les enlevant massivement à la main ou bien en appliquant des herbicides très coûteux. Lorsqu'elle est stockée dans les rizières, la carpe herbivore, qui ne s'alimente qu'avec des macrophytes, peut effectivement contrôler la croissance des mauvaises herbes et, en conséquence, réduire la main-d'œuvre et les coûts.

Pour la monoculture du riz, les agriculteurs doivent faire face aux infestations de parasites par des pesticides coûteux. Les résidus absorbés par les grains de riz peuvent se concentrer dans le corps humain à des taux dépassant 15 fois les normes recommandées par l'OMS. Les pesticides ne tuent pas seulement les insectes nuisibles, mais aussi ceux qui sont bénéfiques, ce qui a pour résultat de réduire tant la diversité des espèces que la capacité du riz à lutter contre les attaques d'autres parasites. Un agriculteur qui a empoissonné sa rizière n'utilisera pas toujours des pesticides puisque les bienfaits du poisson, en termes économiques, compensent largement les dommages causés au riz par les parasites.

SOURCE: DFID, communication personnelle.

COMMENT L'INTÉGRATION SERA-T-ELLE SOUTENUE?
Les leçons à retenir

LES DIFFÉRENCES RÉGIONALES dans le développement de l'aquaculture sont au cœur de nombreuses évaluations détaillées et de réunions indiquées dans la bibliographie de cette brochure. Plusieurs leçons sont à retenir et des exemples réussis sont indiqués ciaprès.

L'aquaculture devrait être étroitement liée aux autres composantes du système agricole afin d'en exploiter les effets complémentaires. Au Panama, l'intégration de l'aquaculture en étang à l'élevage signifie que l'exploitation devient économiquement plus efficace.

Dans certaines régions de l'Afrique et de l'Amérique latine, l'un des obstacles au développement de l'aquaculture s'est avéré être l'introduction trop zélée et non planifiée de la technologie. Ces approches, qui ont souvent ignoré ou n'ont pas suffisamment tenu compte des conditions socio-économiques, culturelles et écologiques des systèmes traditionnels agricoles, ont surtout misé sur la recherche technique et le transfert technologique. Cependant, lorsque l'aquaculture a été introduite comme un système de production unique, elle ne pouvait s'insérer dans les systèmes ruraux agricoles dont l'objectif n'était que la survie parce qu'elle détournait et réduisait les intrants nécessaires à la sécurité économique familiale. Les contraintes qui pèsent sur l'introduction de l'aquaculture au sein du développement rural africain auraient pu être évitées si l'aquaculture avait pu être lancée comme un élément intégré aux systèmes ruraux agricoles existants.

Même l'aquaculture introduite à petite échelle nécessite un investissement en capital. Malheureusement, dans le contexte rural des pays en développement, il existe peu de capitaux disponibles pour de nouveaux investissements. On garde l'argent pour les dépenses telles que les frais scolaires et les urgences médicales et on n'engage des frais dans l'agriculture que lorsqu'il n'y a virtuellement aucun risque, par exemple lorsqu'il s'agit de recruter de la main-d'œuvre supplémentaire ou pour les frais de commercialisation au moment des récoltes.

PROBLÈMES LIÉS AU DÉVELOPPEMENT DE L'AQUACULTURE
AVEC L'AIDE DE DONATEURS EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA

L'UNE DES CONTRAINTES PRINCIPALES à l'établissement soutenu de l'aquaculture en Afrique subsaharienne est un problème de politique de développement. Le développement de l'aquaculture en Afrique au sud du Sahara est centré en priorité sur la construction d'étangs d'eau douce à petite échelle introduits par la plupart des agences de développement dans le but d'améliorer la sécurité alimentaire d'une manière équitable et de réduire la vulnérabilité des familles les plus démunies. Malheureusement, ce groupe vulnérable est rarement capable de maximiser les avantages que présente l'aquaculture parce qu'il n'a pas toutes les qualités requises pour utiliser et entretenir une technologie aussi nouvelle et sophistiquée. En ne se concentrant que sur les faibles ressources disponibles, les agences de développement généralement ignorent ceux qui ont accès à ces ressources et abandonnent ainsi une occasion de faciliter le développement soutenu de l'aquaculture.

L'idée rationnelle par laquelle les politiques des agences d'aide extérieure entendaient promouvoir l'aquaculture et obtenir des bénéfices potentiels sociaux et économiques était basée sur un certain nombre d'hypothèses, notamment:

Toutes ces hypothèses se sont révélées fausses. Le savoir-faire technologique nécessaire pour qu'un étang devienne économiquement viable est devenu beaucoup plus élaboré. De même, promouvoir la pisciculture pour la consommation familiale est souvent l'approche erronée pour motiver les agriculteurs à adopter l'aquaculture. Le poisson, s'il n'est pêché qu'occasionnellement et en quantité non commerciale, est toujours considéré comme l'équivalent d'une culture de rente dans le contexte africain. Alors que la sécurité alimentaire fait partie intégrante de la stratégie de base des familles rurales, la production de poissons ne fait pas partie de cette stratégie et ne servirait toujours à priori qu'à gagner un peu d'argent comptant. Les engrais et les aliments sont relativement mal connus du petit producteur africain. Fertiliser les champs, quand c'est le cas, n'est fait que très irrégulièrement dans l'agriculture traditionnelle à petite échelle. En outre, les aliments et engrais disponibles pour la pisciculture ont des coûts généralement très élevés en Afrique subsaharienne. Même si les petits agriculteurs travaillent sur une base de rendement faible, il est difficile de les convaincre d'investir des intrants dans un système de production qu'ils ne connaissent pas. L'aquaculture nécessite un apport considérable en main-d'œuvre, même s'il est pratiqué sur une petite échelle. Le potentiel d'accroissement de la consommation familiale n'est pas suffisant pour convaincre les agriculteurs d'entretenir régulièrement leurs étangs.

SOURCE: COFAD, 1999. Back to basics - A study on traditional fisheries enhancement systems in Sub-Saharan Africa and their potential for development (inédit).

La production privée et décentralisée d'aliments pour les poissons a contribué au succès de l'intégration de l'aquaculture aux petites exploitations agricoles à Jessore au Bangladesh.

La main-d'œuvre peut être rare dans les zones rurales, surtout en Afrique. En dépit de cela, les analystes en économie ont souvent pensé que la main-d'œuvre nécessaire au fonctionnement d'un petit étang piscicole n'avait aucune incidence sur les coûts globaux. Ils ont calculé que les technologies nécessitant une main-d'œuvre relativement intensive, telle que la pisciculture (lorsqu'on la compare aux autres composantes du système agricole d'un petit exploitant), seraient possibles en Afrique sub-saharienne ou en Amérique latine parce que la main-d'œuvre est abondante. En réalité, cette abondance de main-d'œuvre n'existe pas fréquemment.

Souvent, les alevins de bonne qualité ne sont disponibles ni au bon moment ni en quantités suffisantes, ou bien leur coût est trop élevé parce que les alevins sont produits dans un petit nombre d'étangs centralisés trop éloignés pour quel'agriculteur puisse y avoir accès. Dans de nombreux pays, un réseau d'écloseries privées et décentralisées a contribué au succès de l'aquaculture intégrée aux systèmes agricoles.

LES PRODUCTEURS PRIVÉS D'ALEVINS LANCENT LA PISCICULTURE
DANS LES SYSTÈMES BASÉS SUR LA RIZICULTURE À MADAGASCAR

SI L'ON VEUT QUE L'AQUACULTURE contribue en dernier lieu au soutien des familles rurales, elle doit fonctionner comme un secteur d'activité privé. Le Gouvernement malgache et le Projet PNUD-FAO de «Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins», ont élaboré une nouvelle approche pour développer la rizipisciculture dans les zones montagneuses de Madagascar. Un réseau privé de producteurs d'alevins a progressivement été créé et, dès qu'un producteur est devenu opérationnel, la distribution d'alevins par le gouvernement a été suspendue. Ensuite, les services de vulgarisation encadrant les rizipisciculteurs dans cette zone ont participé à la stratégie de commercialisation des producteurs d'alevins qui comportait tant la démonstration de leurs propres opérations de rizipisciculture que l'organisation de réunions. Pour atteindre ce but, les producteurs d'alevins ont été formés aux méthodes de commercialisation ainsi qu'aux techniques d'apprentissage et de vulgarisation. Les activités ont été mises en pratique par un petit groupe d'encadreurs du gouvernement.

SOURCE: Van den Berg 1996. The private sector: A potential key element in the development of small-scale aquaculture in Africa - lessons from Madagascar. Bulletin FAO d'aquaculture n°. 12: 14-16.

Il existe d'autres raisons pour lesquelles le développement de l'aquaculture à petite échelle n'a pas toujours abouti. L'introduction de l'aquaculture dans les régions où la tradition n'existe pas dépendait souvent du support technique institutionnel fourni par les services de vulgarisation responsables de l'aquaculture. Ces services existent maintenant dans de nombreux pays mais leur efficacité n'a pas toujours donné les résultats souhaités. L'innovation a été tentée sans tenir compte du vaste contexte écologique, social et culturel qui détermine un système agricole donné au sein duquel les encadreurs reçoivent une formation sur une seule composante de la technologie. Cependant, les méthodes nouvelles devulgarisation, qui sont centrées sur la participation des groupes-cibles, ont prouvé que l'intégration de l'aquaculture aux systèmes agricoles des petits exploitants ont de grandes chances de réussir.

MÉTHODES ALTERNATIVES À LA VULGARISATION - LA FORMATION
EXPÉRIMENTALE DISPENSÉE DANS LES CHAMPS-ÉCOLES DES PRODUCTEURS
DU VIET NAM OUVRE DES DEBOUCHÉS POUR L'INTÉGRATION DE L'AQUACULTURE

L'APPROCHE PERMETTANT D'ATTEINDRE et de promouvoir une expertise humaine dans la Gestion Intégrée des Déprédateurs (GID) se fait par l'intermédiaire des Champs-Écoles des Producteurs (CEP) auxquels participent, dans chacun d'entre eux, environ 25 agriculteurs. Par exemple, les agriculteurs en Indonésie, Viet Nam, Cambodge, Ghana, Burkina Faso, Mali et Côte d'Ivoire ont passé cinq à six heures ensemble chaque semaine, dont deux heures sur le terrain pour observer l'écosystème.

AU VIET NAM, les bénéfices financiers obtenus par hectare à partir d'un échantillon des CEP prélevé dans plus de 1 300 villages étaient en moyenne de 20 à 25 pour cent supérieurs dans les champs GID que dans les champs normaux grâce à une augmentation du rendement de 4 pour cent qui lui-même résultait, pour une large part, de l'argent que les agriculteurs épargnaient sur les pesticides et transformaient en engrais et, pour une autre part, du changement de la période d'application des engrais. En effet, la période changeait parce que les agriculteurs comprenaient mieux l'écosystème de leurs cultures. Dans le cas des CEP, les agriculteurs observent soigneusement l'écosystème et prennent des décisions qu'ils mettent ensuite en pratique afin d'obtenir une meilleure production. En fait, les CEP fournissent la base technique permettant aux agriculteurs de se prendre en charge. Fréquemment, ces groupes d'agriculteurs s'entraident alors que l'investissement extérieur a cessé depuis longtemps.

DANS LES CEP, LE MATÉRIEL NÉCESSAIRE est formé presque uniquement de sacs plastique, crayons et papier. Les agriculteurs mettent des échantillons d'arthropodes dans des sacs plastique et, quand le travail de terrain est terminé, ils discutent en petits groupes sur ce qu'ils ont observé, préparent des diagrammes sur des affiches, et présentent leurs expériences aux autres agriculteurs.

LES AGRICULTEURS OBSERVENT LES POPULATIONS sur le terrain, mais ils testent aussi leurs liens trophiques en établissant des «zoos d'insectes». Ceci répond à leurs questions sur «qui mange qui» et «quelle quantité est avalée», etc. Ces interventions font progresser les agriculteurs dans leurs connaissances et les poussent à en savoir toujours plus.

L'ÉLIMINATION DE PRESQUE tous les pesticides entraîne une biodiversité que les agriculteurs utilisent de manière durable. Les escargots, grenouilles, insectesaquatiques et autres organismes représentent une part importante de la nourriture denombreuses familles pratiquant la riziculture.

LÀ OÙ LES RESSOURCES AQUATIQUES naturelles diminuent en raison du changement d'habitat, la pisciculture effectuée dans les rizières ou dans les plans d'eau adjacents prend alors toute son importance, d'autant plus que le poisson contient 50 pour cent des protéines animales consommées en Asie.

LA CONNAISSANCE ACCRUE des agriculteurs dans le domaine de la biodiversité des rizières, ainsi que la réduction des niveaux de pesticides, ouvre une nouvelle voie en ce qui concerne la sécurité alimentaire et l'augmentation des revenus; en effet, de nombreux riziculteurs décident de faire double usage de leurs champs et de l'écosystème aquatique des rizières en pratiquant la pisciculture.

ILS EXPÉRIMENTENT différentes possibilités de gestion en effectuant une «culture» de poissons avec une culture de riz dans le même champ, en cultivant des poissons dans leurs rizières entre deux récoltes de riz, ou bien en cultivant des poissons après la récolte du riz au lieu de faire une seconde culture de riz. Les agriculteurs examinent également les modifications physiques survenues dans leurs champs afin d'y insérer les poissons, par exemple en creusant des fossés de différentes formes et tailles, ou bien de petits étangs dans différents endroits. Ils innovent en adaptant leurs systèmes de production aux conditions locales du marché - c'est-à-dire en cultivant de gros poissons pour les vendre ou les consommer eux-mêmes, ou bien de plus petits poissons s'ils peuvent les vendre à meilleur prix dans le voisinage.

UNE MEILLEURE UTILISATION des ressources, un revenu accru et une bonne récolte de riz et de poissons permettent aux agriculteurs d'accepter plus volontiers la Gestion Intégrée des Déprédateurs et de rejeter les pesticides.

SOURCE: Kenmore et Halwart 1998. Functional Agrobiodiversity, Integrated Pest Management, and Aquatic Life Management in Rice. In: Proceedings of the FAO/CBD International Workshop on Opportunities, Incentives and Approaches for the Conservation and Sustainable Use of Biological Diversity in Agricultural Ecosystems and Production Systems. FAO, Rome, Italie.

Des exemples réussis d'intégration de l'aquaculture à petite échelle aux systèmes agricoles du petit exploitant sont typiques en ce sens qu'ils ont en commun les ressources nécessaires pour devenir viables du point de vue économique et commercial, et que la composante aquaculture est étroitement liée aux autres composantes du système agricole.

VIET NAM
LE SYSTÈME VAC

LE VIETNAMIEN qui dit «Nhat canh tri, canh vien» déclare que la première activité rentable est l'aquaculture et la seconde l'agriculture, l'horticulture ou le jardin potager.

L'existence de marchés suffisamment développés et stables est l'une des principales considérations permettant d'intégrer l'aquaculture aux systèmes des petites exploitations agricoles.

On estime qu'environ 30 pour cent des familles rurales vietnamiennes ont des étangs à usages multiples qui produisent des poissons. Le système agricole intégré est une approche traditionnelle pour assurer la sécurité alimentaire dans les régions rurales pauvres du Viet Nam. L'intégration de la ferme, du jardin, du bétail et de l'étang s'appelle le système VAC.

On trouve ce système VAC dans les terres basses irriguées, les zones pluvieuses monta-gneuses et les zones périurbaines. Dans un système typique de montagne, l'étang, l'étable, le jardin et la ferme sont situés au même endroit pour faciliter le recyclage des ordures. Un mélange de plantes annuelles et pérennes sont cultivées, y compris des légumes et des fruits, de la canne a sucre, du thé et du manioc. Les excréments du bétail, des cochons et de la volaille servent à fertiliser les cultures pérennes une ou deux fois par an, ainsi que les légumes, si nécessaire. La boue de l'étang sert également d'engrais une fois tous les trois ou quatre ans.

On pratique dans la zone de l'étang, qui couvre généralement 100 à 500 m2, une polyculture de plusieurs espèces de carpes indiennes et chinoises stockées à des densités de plus de deux alevins par m2. Les déchets de la cuisine, le fumier du bétail et l'engrais vert sont généralement utilisés comme engrais. Après une période de culture de trois mois, on récolte les poissons dans l'étang d'une manière continue puis on le remplit à nouveau. Les rendements annuels sont normalement de 2 000 à 3 000 kg par hectare, mais les systèmes semi-intensifs, surtout avec du tilapia, peuvent atteindre 4 500 et même 5 500 kg par hectare.

SOURCES: Le Thanh Luu 1992. The VAC system in northern Vietnam. In: Farmer-proven Integrated Agriculture-Aquaculture: a technology information kit. IIRR and ICLARM 1992, and Le Thanh Luu 1999. Small-scale aquaculture in rural development - trends and constraints. In: FAO. 1999. Report of the Asia-Pacific Fishery Commission Ad hoc Working Group of Experts in Rural Aquaculture. Bangkok, Thaïlande, 20-22 Octobre 1999. FAO rapport sur les pêches nº 610. FAO, Rome, Italie.

GUATEMALA - LES ÉTANGS NE FOURNISSENT
PAS SEULEMENT QUE DU POISSON

AU GUATEMALA, UN PROJET INTÉGRÉ d'aquaculture a débuté en 1982 grâce à un effort de collaboration entre la Direction Nationale des Services du Bétail, CARE, l'USAID et le Corps de la Paix. L'Université Auburn a fourni une assistance technique au Gouvernement guatémaltèque et CARE dans le domaine de la pisciculture. Le but du projet était d'améliorer l'alimentation et les revenus des familles rurales démunies dans les régions orientale, côtière et septentrionale du Guatemala. Pour ce faire, le projet a lancé la pisciculture à petite échelle dans les petites exploitations privées. Dans beaucoup de ces exploitations, on a intégré à l'élevage du bétail des étangs de 100 à 200 m2 creusés manuellement. Le fumier a été utilisé pour fertiliser les eaux des étangs et accroître les rendements de poissons, et la boue de l'étang, riche en protéines, a permis de fertiliser les jardins adjacents aux étangs. La population-cible - les agriculteurs pauvres - possédaient une parcelle de terre ne dépassant pas 0,9 hectare par famille et avaient un revenu annuel total de 700 dollars EU. En 1989, 1 200 étangs avaient été construits ou rénovés. Environ 15 pour cent de ces étangs étaient intégrés à l'élevage des animaux et 21 pour cent aux jardins potagers.

En 1998, une équipe d'évaluation s'est rendue à nouveau chez quelques-unes des 651 familles d'agriculteurs connues pour avoir eu des étangs fonctionnant lorsque le financement externe avait été retiré. L'équipe a constaté que 13 pour cent des étangs étaient bien gérés, que 48 pour cent étaient sous-utilisés et que 39 pour cent étaient abandonnés. Huit pour cent des agriculteurs pratiquant à ce moment-là l'aquaculture avaient intégré des animaux à leurs étangs, alors que 40 pour cent n'avaient eu cette expérience d'intégration que pendant la durée du projet. Il était intéressant de constater que c'était plus l'intégration de bétail et de vaches laitières que celle de la volaille qui avait été choisie. Les éleveurs qui utilisent leur bétail et leurs vaches laitières en association avec l'aquaculture semblent, en général, plus confiants financièrement et nourrissent leurs animaux avec l'herbe des pâturages. Sans une source consistante d'engrais pour fertiliser leurs étangs, les producteurs utilisent les restes de la cuisine et des aliments, ainsi que les produits de leur ferme pour nourrir les poissons. Malheureusement, ceci n'est pas suffisant pour obtenir des rendements élevés. En conséquence, le revenu annuel net de la vente de poissons est modeste; cependant, si l'on tient compte de la pauvreté de la famille moyenne participant au projet, la valeur nette en espèces de la récolte de poissons équivalait à environ deux mois du salaire d'un ouvrier agricole.

Plus important encore est le fait qu'environ la moitié des gestionnaires des étangs aient révélé que s'ils étaient profondément motivés pour conserver l'étang actif, c'était le besoin d'eau pendant la saison sèche pour irriguer leurs cultures et abreuver leur bétail. La plupart des agriculteurs possédaient des jardins potagers irrigués grâce à l'eau des canaux d'irrigation contrôlés par le gouvernement. L'eau était rationnée durant la saison sèche et les agriculteurs n'avaient pas la permission de prendre l'eau plus d'une fois toutes les deux ou trois semaines. C'est ainsi que les étangs étaient remplis jusqu'à ras bord quand l'eau était disponible et que, si besoin était, l'eau était utilisée au moment où l'eau du canal d'irrigation ne pouvait être prélevée ou bien était restreinte pendant la saison sèche. Sans les étangs, la production maraîchère serait impossible ou limitée pendant la saison sèche.

SOURCE: Lovshin et al. 1999. The influence of fish culture technology, extension methodology and socio-economics on the success of fish culture on limited resource farms in Guatemala and Panama: An ex-post evaluation. Université d'Auburn, Auburn, EU.

ZAMBIE - LA DIVERSIFICATION AGRICOLE PAR L'AQUACULTURE
ACCROÎT LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, LES REVENUS ET L'EFFICACITÉ
DE L'UTILISATION DE L'EAU

EN ZAMBIE, LE PROGRAMME spécial de la FAO pour la sécurité alimentaire, avec l'aide d'ALCOM, appuie un programme pilote de diversification des cultures par l'intégration de l'irrigation et de l'aquaculture.

L'aquaculture en étang dans le district de Mkushi, Province du Centre en Zambie. Le Programme spécial de la FAO pour la sécurité alimentaire, avec l'aide d'ALCOM, donne son soutien à un programme pilote visant à diversifier les cultures en y intégrant l'aquaculture et l'irrigation.

Dans une partie de ce programme, les agriculteurs du district de Mkushi ont construit plus de 50 étangs, alimentés grâce à l'eau canalisée à partir d'une source ou d'une rivière, sur les terres en pente garnies de jardins, tant en haut qu'en bas de la pente. Le maïs est la culture de rente mais on cultive aussi les betteraves, le choux, les oignons, les haricots, les légumineuses, les arachides et les tomates. Grâce à l'eau de l'étang, les jardins en bas de la pente sont irrigués à la main ou bien par gravité, et les jardins situés plus haut par des pompes. Les déchets d'aliments et de la production végétale, de même que les feuilles de plusieurs plantes sauvages sont des aliments importants, aussi sont-ils jetés dans l'étang avec les déchets de la brasserie, le son de blé et les excréments des poulets et lapins, si disponibles. Il est fréquent d'obtenir des récoltes annuelles atteignant 2 500 kg par hectare.

La pisciculture est perçue comme une activité importante, en particulier pour les agriculteurs qui possèdent du bétail et qui sont confrontés aux problèmes des maladies et du vol armé d'animaux dans leur région. Les contraintes varient suivant les endroits, mais elles sont généralement dues à des difficultés de gestion et au manque d'un nombre suffisant d'alevins de bonne qualité. Ces contraintes sont cependant levées dans certaines régions où les agriculteurs deviennent de plus en plus autonomes parce qu'engagés dans l'activité génératrice de revenus qui est celle de la fourniture d'alevins et, par voie de conséquence, sont de plus en plus qualifiés dans le domaine de la pêche, des engrais et de l'alimentation des poissons.

SOURCES: Simwanza et Maguswi, 2000. Report on Integrated Irrigation and Aquaculture (IIA) in Zambia. Document présenté au séminaire IIA à Accra, Ghana, 20-21 septembre 1999, et Verheust (ALCOM): communication personnelle.

CE QU'IL FAUT CONSIDÉRER AU MOMENT D'INTRODUIRE
L'AQUACULTURE DANS LES SYSTÈMES AGRICOLES

LES SYSTÈMES AGRICOLES INTÉGRÉS ont fait l'objet de nombreuses recherches, non seulement en ce qui concerne leur analyse biotechnique, mais également leurs implications sociales, économiques, institutionnelles et écologiques. Si l'aquaculture est considérée comme une composante additionnelle d'un système agricole, une nouvelle analyse des conditions propres au système s'avère nécessaire. Ceci est particulièrement vrai là où l'aquaculture n'est pas pratiquée traditionnellement. Malheureusement, on ne peut répondre ni rapidement ni facilement aux questions concernant l'intégration réussie et soutenue de l'aquaculture aux autres nombreux systèmes agricoles. Les facteurs sociaux, économiques, culturels, institutionnels et écologiques varient d'un endroit à l'autre, et devront toujours être examinés soigneusement et compris avant d'introduire l'aquaculture dans les systèmes agricoles existants. En Chine, où les populations, depuis plus longtemps que d'autres, ont intégré avec succès l'aquaculture aux autres systèmes agricoles, les systèmes ont évolué harmonieusement du point de vue social, économique et culturel. Si l'on transférait ces systèmes spécifiques à d'autres régions, il n'existe aucune garantie qu'ils réussissent parce que la disponibilité des ressources, le savoir-faire, les méthodes agricoles traditionnelles et bien d'autres aspects diffèrent suivant les cas. On peut se poser certaines questions importantes lorsqu'on pense à inté-grer l'aquaculture aux systèmes agricoles des petits exploitants. Ces questions sont résumées ci-dessous.

Suffisamment d'incitations

Le produit peut-il être vendu à un coût relativement bas et accessible aux consommateurs les plus démunis, ou bien y a-t-il un marché sur mesure et conséquent pour le produit, ou bien, si le produit est consommé à la maison, remplace-t-il un produit ou un aliment qui devrait être acheté par la famille?

Suffisamment de ressources

Les systèmes agricoles ont-ils des ressources suffisantes (main-d'œuvre, eau, terre, capital initial, etc.) pour insérer une composante complémentaire telle que l'aquaculture? Y a-t-il des fluctuations saisonnières du point de vue de la disponibilité? Ou bien l'aquaculture peut-elle remplacer une composante existante du système agricole qui fournisse un revenu additionnel avec des coûts d'opportunité égaux ou moindres?

Suffisamment de savoir-faire

Le savoir-faire actuel de la famille est-il suffisant pour gérer avec succès une composante d'aquaculture, ou bien est-il disponible à l'extérieur sur une base soutenue et peut-il être transféré?

Une source sûre d'intrants de production

Les intrants essentiels, tels que les alevins ou les reproducteurs, les aliments et les engrais sont-ils disponibles? Ces intrants de production sont-ils disponibles à des coûts qui rendent la production économiquement viable?

Une aide soutenue et efficace au service du développement

L'aide innovatrice au service du développement de l'aquaculture est-elle disponible et accessible aux agriculteurs? Est-elle fiable et efficace?

Un marché suffisamment développé et stable

Y a-t-il une demande suffisante et stable pour le produit? Les structures des prix fournissent-elles une bonne possibilité économique compte tenu des coûts des équipements et des frais opérationnels? Les récoltes élevées peuvent-elles être absorbées?

Les facteurs sociaux et culturels

Si l'on inclut l'aquaculture dans un système agricole donné, cela est-il socialement et culturellement acceptable? L'aquaculture entre-t-elle en conflit avec les modèles de valeur et de comportement? Peut-elle créer des problèmes, par exemple en ce qui concerne le système existant d'utilisation des ressources? Cela entraîne-t-il des modifications dans les systèmes existants de production, par exemple lorsqu'on veut passer des systèmes agricoles individuels à la production collective? Ou bien cela peut-il avoir des conséquences négatives sur le système spécifique féminin de division de la main-d'œuvre, c'est-à-dire en imposant un fardeau supplémentaire aux femmes?

Dans chaque système agricole existant où serait introduite une composante d'aquaculture, ces questions spécifiques et bien d'autres encore doivent être posées. Si les réponses aux questions sont positives, innover une technologie adaptée à l'aquaculture peut améliorer l'efficacité du système.

Pour répondre à ces questions, une série de méthodes et d' instruments ont été mis au point au cours des 20 dernières années, comme par exemple une éva-luation rapide du contexte rural, une étude sur la participation rurale, etc. Si l'on applique ces méthodes ou bien d'autres similaires avec leurs instruments respectifs, on peut envisager l'aquaculture, en tant que composante d'un ensemble de composantes d'un système agricole donné, comme un moyen d'innover avec succès cette technologie, même si elle ne fait pas partie du savoir indigène des agriculteurs.

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