SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

Rapport spécial: Pakistan-Province de Bélouchistan

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES DANS LA PROVINCE DU BÉLOUTCHISTAN AU PAKISTAN

19 juin 2000

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1. VUE D'ENSEMBLE

Suite à une forte sécheresse au Béloutchistan, une mission FAO/PAM, appuyée par le PNUD, s'est rendue sur place en mai pour évaluer l'étendue du problème, ses incidences sur la production et l'approvisionnement alimentaire ainsi que les besoins d'aide alimentaire pour l'année 2000/2001. Les conclusions de la mission sont fondées sur les déplacements qu'elle a effectués dans les régions les plus gravement touchées, ainsi que sur les entretiens qu'elle a eus avec des membres du gouvernement et des Nations Unies, des exploitants agricoles et des représentants de diverses ONG.

La mission a constaté que, cette année, l'absence presque totale de précipitations, désastreuse pour les récoltes et l'élevage, a mis en péril les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire d'un nombre important de personnes vulnérables. La situation est d'autant plus grave qu'il s'agit de la troisième année consécutive de sécheresse que traverse le pays et que de nombreuses familles d'agriculteurs souffrent encore des conséquences des deux dernières sécheresses. La récolte de blé pluvial a été pratiquement inexistante et les rendements de blé irrigué ont fortement diminué. La perspective est également médiocre pour les cultures « kharif » (période de la mousson) et la récolte de riz de cette année. De ce fait, la mission estime la production céréalière à 1,2 million de tonnes, volume inférieur de 20 pour cent à la moyenne. La province ayant besoin de 1,293 million de tonnes pour satisfaire ses besoins de consommation, le déficit pour la campagne commerciale de 2000/2001 est donc de 93 000 tonnes.

Si le déficit n'est pas trop important sur le plan national, il n'en demeure pas moins qu'une assez grande partie de la population, en particulier les nomades, ont perdu tout leur pouvoir d'achat en raison des pertes de récoltes et de bétail qui leur ont été infligées par deux années consécutives de sécheresse. Le problème n'est donc pas lié à l'insuffisance des ressources globales, mais plutôt au manque de moyens pour accéder à ces ressources. De nombreuses populations nomades et transhumantes, ainsi que de nombreux ménages sédentaires, sont dans une situation d'extrême précarité qui ne pourra qu'empirer pendant l'année, étant donné qu'ils vont progressivement épuiser les maigres expédients sur lesquels ils peuvent encore compter.

Pour surmonter cette crise, le gouvernement a déjà débloqué un milliard de roupies pour les besoins alimentaires de la population et du bétail et a prévu un budget supplémentaire de 1,5 milliard de roupies qui sera alloué à la province en cas de faibles précipitations pendant la mousson. Trente-cinq centres de secours ont été mis en place dans les 22 districts en difficulté. Ces centres sont des points de distribution de vivres et de produits fourragers. Huit camps ont également été mis sur pied afin de fournir denrées alimentaires et soins médicaux aux ménages qui ont dû quitter leur foyer pour chercher de l'eau et de la nourriture. Le gouvernement incite cependant les gens à rester dans leurs villages pour que l'on puisse leur acheminer les vivres sur place. La population est très éparpillée, ce qui rend l'accès aux ménages en difficulté très problématique. Les endroits les plus touchés sont donc des villages isolés, en particulier ceux qui sont situés le long de la frontière afghane. Les ressources fournies par le gouvernement permettent de subvenir aux besoins alimentaires d'une partie seulement de la population. Quelques ONG et intervenants privés fournissent également des denrées alimentaires en petites quantités ainsi que d'autres produits. L'aide alimentaire d'urgence à la population en difficulté devra être renforcée afin que l'ensemble des besoins soit couvert. Le gouvernement a demandé une aide alimentaire au PAM, qui met actuellement en _uvre une opération de secours d'urgence prévue sur six semaines, dont l'objectif est de veiller à l'état de santé et de nutrition de la population concernée pendant la période d'urgence, de protéger les biens de production des ménages dans les zones sinistrées et d'éviter que ne se produisent de mouvements massifs de migration. Quelque 16 456 tonnes de blé ainsi que 987 tonnes de légumineuses et d'huile devront être fournis pour que ces objectifs soient atteints.

Même s'il devait pleuvoir suffisamment cette année, il n'y aura pas de récolte de blé, qui est la principale denrée, avant le mois de mai prochain. La reprise du secteur de l'élevage demandera également un temps considérable. La situation restera donc critique au cours des douze prochains mois, même si les précipitations augmentent; dans le cas contraire, il va sans dire que la situation alimentaire des groupes vulnérables sera catastrophique. Pour parer à cette possibilité, il est nécessaire d'adopter dans les meilleurs délais des mesures préventives adéquates comprenant notamment une aide alimentaire et sanitaire ainsi que la fourniture de semences.

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2. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE ET AGGRAVATION DE LA SÉCHERESSE

Le Béloutchistan, qui couvre environ 44 pour cent de la superficie totale du pays, est la plus grande province du Pakistan. Néanmoins, 4,9 pour cent seulement de la population y vit. C'est essentiellement une région de parcours, qui ne compte que 5 pour cent de terres cultivables. Le secteur de l'élevage est très important dans cette province qui regroupe 20 pour cent environ du cheptel national. L'économie du Béloutchistan accuse cependant un retard important par rapport aux autres provinces du pays, en raison de la rareté des industries manufacturières et de la vétusté des infrastructures. Une très grande pauvreté règne dans la région.

L'eau, si précieuse pour les humains et le bétail, est rare, même pendant les meilleures années. Elle provient surtout de la pluie et de la neige. La moyenne des précipitations, calculée à long terme, est d'environ 150 mm par an. Certains canaux d'irrigation sont alimentés par un débit d'eau satisfaisant qui peut parfois, comme cela a été le cas cette année, connaître une baisse brutale. De plus, un nombre croissant de puits tubulaires ont été construits au cours des 15 à 20 dernières années dans le but d'extraire de l'eau souterraine pour les besoins de l'irrigation. La province compte aujourd'hui 22 500 puits tubulaires. Cependant, l'insuffisance des précipitations a eu une double conséquence: les nappes souterraines ont été mal alimentées et l'on a alors procédé à leur pompage continu sur une vaste échelle. De ce fait, la nappe phréatique a considérablement baissé. Les estimations disponibles signalent une diminution de deux à trois mètres par an dans de nombreuses régions. Cet abaissement de la nappe phréatique a nécessité que l'on creuse les puits tubulaires encore plus profondément pour accéder à l'eau. Ce processus a été exacerbé par le fait que les propriétaires de pompes électriques immergeables se sont vus appliquer, pour leur consommation d'électricité, un tarif fixe de 4000 roupies par mois. C'est ainsi que, dans certains endroits, on ne peut trouver de l'eau qu'à une profondeur de 200 à 300 mètres. Le problème d'approvisionnement en eau a été encore aggravé dans la province par le fait qu'elle a reçu moins de la moitié des précipitations moyennes à long terme en 1998/1999, et que de nombreuses régions n'ont connu que des chutes de pluie très faibles, voire inexistantes, en 1999/2000 (14 pour cent seulement de la moyenne à long terme, avec des valeurs échelonnées entre 0 pour cent et 28 pour cent).

Vingt-trois des 26 districts du pays ont été frappés par la sécheresse, sept d'entre eux de façon très brutale. La situation a même empiré dans certains districts qui n'étaient que modérément touchés, notamment celui de Zhob. Les districts qui ont le plus souffert représentent 59 pour cent de l'ensemble des zones pluviales de la province. Cependant, ils possèdent 13 700 puits tubulaires, soit 61 pour cent du total de la province, pour 57 pour cent de la superficie totale irriguée par ce moyen. Il est évident que la concentration trop importante des puits dans ces districts, qui entraîne une surexploitation des nappes et donc une raréfaction progressive de l'eau, est responsable en grande partie des problèmes actuels. Au fil des ans, un grand nombre des karezes et sources qui assurent normalement l'approvisionnement en eau se sont asséchés dans les districts les plus touchés.

Outre les dommages infligés à la production agricole, l'élevage du bétail a beaucoup souffert du manque d'eau dans les districts les plus gravement touchés, où vivent 45 pour cent des ovins et 35 pour cent des caprins.

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3. PRODUCTION VIVRIÈRE

3.1 Les précipitations en 1999/2000

Cette année, les pluies sont arrivées au Béloutchistan avec deux mois de retard. Nettement insuffisantes et mal réparties (figure 1), elles ont diminué de 75 pour cent à 80 pour cent dans de nombreuses régions et ont été inexistantes dans plus de 50 pour cent des stations observées. Ce phénomène s'est accompagné d'une hausse des températures ambiantes minimales qui ont accru l'évapotranspiration.

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De plus, les précipitations hivernales ont également été faibles dans l'aire du bassin versant de l'Indus, ce qui a considérablement amenuisé les réserves d'irrigation dans le secteur de Nasirabad au Béloutchistan. Il ne fait aucun doute que les semis des cultures kharif qui doivent avoir lieu en juillet devront être favorisées par d'abondantes pluies de mousson.

3.2 Production céréalière

Selon les estimations officielles, la production nationale de blé de cette année devrait atteindre 22 millions de tonnes. Cette quantité devrait permettre de pourvoir aux besoins du pays et de constituer des réserves. La production céréalière du Béloutchistan a cependant été très faible, enregistrant un déclin d'environ 23 pour cent par rapport à la moyenne des quatre dernières années. Le tableau 1 indique les productions respectives de cette province et de l'ensemble du pays.

Tableau 1: Production céréalière de l'ensemble du Pakistan et de la province du Béloutchistan - Moyenne 1995/96-1998/99

Céréales   Production totale du Pakistan (en milliers de tonnes)   Province du Béloutchistan
Production (en milliers de tonnes) Pourcentage
Blé 17 527 830 4.7
Riz 6 545 588 9.0
Autres céréales (maïs, sorgho, mil) 2 119 91 4.3
Ensemble des céréales 26 191 1 509 5.8

 

Blé: la production de blé irrigué devrait atteindre cette année 560 000 millions de tonnes, ce qui représente un recul d'environ 20 pour cent par rapport aux 697 000 tonnes de 1999. Les rendements de blé irrigué ont baissé dans les régions irriguées qui disposent de puits tubulaires. Cela a été également le cas dans le secteur de Nasirabad qui dispose d'un réseau de canaux d'irrigation mais qui a souffert cette année d'une importante diminution du débit de l'eau. En février, à l'époque du tallage, ce débit ne représentait que 34 pour cent de la valeur normale.

Dans la région irriguée par puits tubulaires, les nappes phréatiques ont continué de baisser, car, cette année, elles n'ont pas pu être alimentées par de nouvelles pluies. Dans ces régions, les agriculteurs se sont en général adaptés à la situation en réservant le peu d'eau disponible pour l'irrigation aux cultures d'arbres fruitiers, de manière à sauver les plantations et à maintenir les niveaux de production de ces cultures de rapport. La limitation de l'irrigation a par conséquent entraîné une forte baisse des rendements de blé irrigué.

La culture de blé pluvial a été extrêmement médiocre. Dans les districts les plus touchés, les terres étaient préparées, mais les semis n'ont pas eu lieu. La production est estimée à 5000 tonnes environ, ce qui ne représente même pas 10 pour cent de celle qui avait été obtenue l'année dernière.

La production globale de blé devrait être de 565 000 tonnes, chiffre inférieur de 25 pour cent de moins que la récolte de l'année dernière et 32 pour cent de moins que la moyenne.

La production de paddy est estimée à 588 000 tonnes, chiffre proche de la moyenne, mais inférieur de 8 pour cent au résultat de 1999.

La production des céréales secondaires (orge, sorgho, maïs et mil) devrait être nettement inférieure à la moyenne et en recul de 11 pour cent par rapport à celle de l'année dernière.

Le tableau 2 indique les estimations de la production céréalière de cette année par rapport à la production moyenne. Le tableau 3 indique, pour la province, les rendements et les superficies par districts (touchés ou épargnés par la sécheresse)

Tableau 2 : Béloutchistan - Production céréalière 1999/2000 par rapport à la production moyenne des quatre années précédentes (en milliers de tonnes)

Céréales Moyenne
1995/96-1998/99
1999/2000 Variation en pourcentage
Blé 830 5651/ -32
Riz 588 5882/ 0
Autres céréales 91 602/ -34
Total 1 509 1 213 -20

1/ Estimation
2/ Prévision

Tableau 3 : Béloutchistan - Superficies ensemencées en céréales, rendements et production en 1999 et 2000

RÉGION  1999 2000
Superficie
(en milliers

d'ha)
Rendement
(tonnes/ha)
Production(en milliers de tonnes) Superficie
(en milliers
d'ha)
Rendement
(tonnes/ha)
Production (en milliers de tonnes)
Blé irrigué            
Districts les plus touchés 82 554 2.46 203 301 104 620 1.45 151 699
Autres districts 184 561 2.68 493 723 208 467 1.96 408 595
Total pour le blé irrigué 267 115 2.61 697 024 313 087 1.79 560 294
Blé pluvial            
Districts les plus touchés 26 668 0.39 10 402 5 675 0 0
Autres districts 20 167 2.05 41 244 12 233 0.4 4 893
Total pour le blé pluvial 46 835 1.10 51 646 17 908 0.27 4 893
Total pour les deux sortes de blé 313 950 2.38 748 670 330 995 1.71 565 188
Paddy 148 000 4.32 639 000 142 000 4.14 588 000
Autres céréales 60 000 - 67 000 60 000 - 60 000

3.3 Les produits de l'élevage

On estime que le cheptel du Béloutchistan comprend 1 402 000 bovins, 213 000 buffles, 10 761 000 ovins et 10 098 000 caprins.

Les zones de parcours de la province s'étendent sur environ 22 millions d'hectares, soit 65 pour cent environ de la superficie totale. Si l'on considère que la production de matière sèche est de 150 kg par hectare, l'ensemble de la production annuelle de matière sèche comestible s'élève à 3,3 millions de tonnes (dans les années normales), alors que les besoins en fourrage des troupeaux (en ne tenant compte que des petits ruminants) atteignent 6, 3 millions de tonnes. Ceci explique qu'au fil des ans la capacité de charge des parcours a été dépassée par l'augmentation du cheptel. Celui-ci constitue pourtant la principale ou l'unique source de revenus pour les nomades et les éleveurs transhumants.

La sécheresse de cette année a eu de fâcheuses conséquences sur l'élevage du bétail. Quarante-cinq pour cent des ovins et 35 pour cent des caprins de la province vivent dans les districts les plus touchés. Cette année, l'absence de précipitations a provoqué l'assèchement de la maigre production de fourrage qui, de ce fait, n'a pas pu servir à l'alimentation du bétail. De lourdes pertes ont été signalées, de l'ordre de 45 pour cent à 55 pour cent pour les ovins et de 30 pour cent à 40 pour cent pour les caprins, pertes dues à une hausse du taux de mortalité et du nombre d'abattages forcés. Dans ces districts, les mises bas ont été rares et les nouveau-nés ont été vendus, sont morts ou ont été envoyés dans d'autres provinces, ce qui a compromis le renouvellement du cheptel. La mission estime que la production nationale de lait de brebis et de chèvre a régressé de 70 pour cent à 80 pour cent dans les districts les plus touchés.

Il est nécessaire de fournir rapidement à ces districts des aliments concentrés et du fourrage grossier pour au moins maintenir en vie les 1,2 million d'animaux d'élevage sélectionnés parmi les petits ruminants. Les besoins en aliments concentrés pourraient s'élever à 65 000 tonnes. Une autre solution consisterait à fournir 32 500 tonnes de mélasse enrichie à l'urée, ce qui suffirait pour les neuf prochains mois, jusqu'à la prochaine période d'agnelage. Des produits à administrer sous forme de breuvages ou à la seringue et des médicaments autres que les bains antiparasitaires sont également nécessaires pour lutter contre les parasites internes et externes.

3.4 Bilan de l'offre et de la demande de céréales pour 2000/2001

Le bilan céréalier du Béloutchistan pour 2000/2001 est fondé sur les hypothèses suivantes:

Tableau 4: Béloutchistan - Bilan céréalier pour 2000/2001 (en milliers de tonnes)

  Blé Riz (usiné)1/ Autres Total
Disponibilités totales 565 388 60 1 013
Prélèvement sur les stocks - - - -
Production nationale 565 388 60 956
Utilisations totales 913 133 60 1 106
Usage alimentaire 856 110 - 966
Semences, fourrage, pertes 57 23 60 140
Accroissement des stocks - - - -
Excédents(+)/déficits(-) -348 +255 - -93

1/ Le taux de conversion du paddy en riz est de 67 pour cent.

La province du Béloutchistan doit s'attendre à un déficit céréalier de 93 000 tonnes pour 2000/2001 . Le déficit de blé s'élève à 348 000 tonnes, l'excèdent de riz à 255 000 tonnes. Pendant cette période de pénurie alimentaire, et bien qu'elle préfère généralement le blé, la population consommera certainement plus de riz, dans la mesure des stocks disponibles.

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4. AIDE ALIMENTAIRE

4.1 Mesures gouvernementales

Le gouvernement du Pakistan a débloqué un montant de 1 milliard de roupies pour répondre aux besoins alimentaires de la population et du cheptel. Il a également prévu un budget supplémentaire de 1,5 milliard pour le Béloutchistan, qui sera octroyé selon l'évolution des pluies de mousson du sud-ouest. Trente-cinq centres de secours ont été mis en place dans les 22 districts touchés par la sécheresse. Ces centres sont des points de distribution de vivres pour la population et de produits fourragers. L'objectif de la première phase du programme gouvernemental était de fournir du fourrage à 25 000 éleveurs pendant dix semaines afin d'assurer la survie de leurs animaux. Dans certains districts, la quantité de produits fourragers fournie a été ajustée pour correspondre à une distribution de cinq semaines, car les besoins dépassent les secours demandés.

La seconde phase du programme, alimenté par des crédits du gouvernement fédéral et de la province du Béloutchistan et la contribution d'autres provinces, a pour objectif de fournir de la nourriture à 1,5 million de personnes et à un cheptel qui compte 10 millions de têtes. Huit camps ont été dressés pour les ménages qui ont dû quitter leur foyer pour chercher de l'eau et des vivres. Le gouvernement fournit des aliments et des services médicaux à toutes les personnes qui se rendent à ces centres. Il encourage cependant les gens à rester dans leur village afin que l'aide alimentaire leur soit acheminée sur place. La population est éparpillée, ce qui rend l'accès aux ménages en difficulté très problématique. La plus grande partie des secours a pu parvenir dans les zones urbaines et périurbaines, mais pas dans les régions plus reculées qui sont aussi les plus touchées, comme le long de la frontière afghane. Les ressources fournies par le gouvernement permettent de subvenir aux besoins de 15 pour cent seulement de la population. Quelques ONG et intervenants privés distribuent également de petites quantités de vivres ainsi que d'autres produits. L'aide alimentaire d'urgence à la population en difficulté devra être renforcée pour que l'ensemble des besoins soit couvert. Le gouvernement a demandé une aide alimentaire au PAM.

4.2 Stratégie de l'aide alimentaire et aide fournie par le PAM

La sécheresse a également sévi dans les pays voisins, en particulier en Afghanistan dont la situation est pire encore que celle du Pakistan, en raison des importantes pénuries alimentaires. Le plan d'action régional du PAM prévoit de fournir une aide alimentaire aux Afghans dans leur propre pays, afin de limiter l'exode de la population. Sur le plan logistique, l'un des axes qui permet d'accéder aux régions les plus touchées d'Afghanistan traverse le Béloutchistan. Si la fourniture d'aide alimentaire à la population sinistrée du Béloutchistan permet de remplir un objectif humanitaire précis, elle permet aussi d'en étendre la portée à un nombre de bénéficiaires beaucoup plus important en Afghanistan, puisque l'aide sera acheminée à travers une région dans laquelle on répond déjà à une situation d'urgence.

Le PAM a collaboré avec le gouvernement du Pakistan à l'échelon fédéral et régional pour instituer, en marge des structures gouvernementales officielles, une équipe de gestion de la situation de sécheresse, qui sera appuyée par un petit secrétariat. La composition de cette équipe est actuellement à l'étude. Elle devrait s'installer provisoirement à Quetta, être présidée par le Ministre de l'agriculture et de l'élevage et compter parmi ses membres le Secrétaire du Ministère (fédéral) de l'agriculture, de l'alimentation, des ressources naturelles et de l'élevage, le Secrétaire de cabinet (fédéral), le Commissaire aux secours (au niveau provincial), ainsi que le PAM, la FAO, l'UNICEF, l'OMS, le PNUD, le conseiller de l'ONU pour la problématique hommes- femmes, une représentante provinciale du Département de la planification et du développement chargée de la condition féminine, ainsi qu'une ou deux ONG établies au Béloutchistan. Le caractère non gouvernemental de cette équipe, qui devra compter sur l'appui de donateurs internationaux, devrait lui permettre d'opérer avec plus de souplesse.

Le PAM va élaborer un protocole d'entente avec le gouvernement pakistanais afin de définir les zones d'intervention et le partage des responsabilités. Les denrées alimentaires seront distribuées par l'intermédiaire des ONG; quant aux modalités de cette distribution, elles seront fixées en fonction de critères spécifiques établis de commun accord et seront conformes au mode d'action du PAM. Des vivres seront distribués aux femmes.

Ces secours d'urgence doivent permettre de répondre aux nécessités immédiates des populations sinistrées, mais les besoins alimentaires à plus long terme sont également pris en considération. Un nouveau bilan des incidences de la sécheresse sera effectué au mois de juillet afin d'évaluer l'aide nécessaire à l'avenir. La situation évoluant rapidement, ce bilan portera également sur des régions qui ne comptent pas actuellement parmi les zones les plus fortement touchées et servira de base à l'expansion de l'opération d'urgence prévue.

L'aide fournie par la PAM a pour objectifs:

La mission a remarqué que, alors que les disponibilités de céréales pour la campagne commerciale de 2000/2001 sont inférieures d'environ 8 pour cent aux besoins de la province, d'importants segments de la population sont en situation de crise alimentaire, en particulier dans les zones les plus touchées (voir tableau 5). Ces catégories menacées - essentiellement des populations nomades et transhumantes, mais également de nombreux ménages sédentaires - ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence.

Tableau 5: Béloutchistan - Répartition des districts en fonction de l'intensité de la sécheresse, 1999/2000

Districts les plus fortement touchés Districts dans lesquels l'intensité de la sécheresse a été variable (de modérée à violente) Districts qui n'ont pas été frappés par la sécheresse
Khuzdar Zhob 1/ Nasirabad
Karan Pishin Jeferabad
Chagai Musa Khalil Gwador
Mastung Kohlu  
Kalat Lesbella  
Loralai K.Abdullah  
K. Saifullah Quetta  
  Ziarat  
  Sibj  
  Bolan  
  Jhal Magsi  
  Dera Bugti  
  Barkhan  
  Panjgoor  
  Turbat  
  Awaran  

1/ La situation dans le district de Zhob s'est dégradée par la suite.

Pendant une année normale, le régime alimentaire de la population du Béloutchistan se compose de blé, de yaourt, de viande, de légumes et de fruits. Pendant la sécheresse, le riz et le blé, accompagnés de quelques autres denrées, sont les principaux aliments. Il n'y a souvent qu'un seul repas. En règle générale, les enfants sont nourris en premier, les femmes adultes en dernier. Les cas d'infection oculaire sont nombreux chez les enfants. Aucun cas d'émaciation n'a encore été signalé, mais il est probable que, sans une intervention adéquate, ce syndrome va se développer si la situation de crise perdure. Une aide alimentaire est nécessaire pour conjurer la crise qui se profile à l'horizon.

Les populations nomades et transhumantes en difficulté, qui sont les groupes cibles prioritaires, se sont rapprochés autant que possible des points d'eau utilisables. Les ménages sédentaires en détresse vont probablement rester dans leurs villages. L'aide alimentaire du PAM sera fournie aux communautés vivant dans les zones les plus touchées et qui ont besoin rapidement de cette aide. Les premiers bénéficiaires seront les ménages dépossédés de tout leur bétail, ceux qui sont dirigés par des femmes ainsi que ceux qui comptent des enfants, des femmes enceintes ou en période d'allaitement et des personnes âgées.

Le tableau 6 indique le programme détaillé de l'opération d'urgence organisée par le PAM.

Tableau 6: Aide alimentaire du PAM au Béloutchistan: une opération d'urgence de six semaines

District   Population Pourcen-tage Nombres de personnes touchées   Aide alimentaire (en tonnes)
Blé Légumi-neuses Huile
Chagai 166 823 60 100 094 2 205 132 132
Kharan 171 361 60 102 817 2 266 136 136
Kalat 202 128 40 80 851 1 782 106 106
Khuzdar 291 841 40 116 736 2 572 155 155
Mastung 138 977 40 55 591 1 223 73 73
Loralai 262 709 40 105 084 2 312 139 139
K. Saifulla 188 729 40 75 492 1 663 100 100
Zhob 276 495 40 110 598 2 433 146 146
TOTAL 1 699 063   747 262 16 456 987 987

4.3 Logistique de l'aide alimentaire

Dans le cadre de l'opération d'urgence qu'il dirige, le PAM prévoit d'acheter une partie du blé sur place, étant donné que la production céréalière du pays est satisfaisante. Une partie de l'huile végétale sera empruntée à ses stocks réservés au développement du pays et restituée par prélèvement dans le stock de l'opération d'urgence. Les légumineuses et le reste de l'huile végétale seront achetés sur place.

Le PAM a envisagé avec quelques donateurs la possibilité de prélever du blé sur les stocks de l'État et de reconstituer ces derniers avec l'aide alimentaire importée, ce qui permettrait aux donateurs de denrées de participer au programme de secours. Si elle est adoptée, cette méthode sera utilisée pour les opérations futures.

L'OXFAM et d'autres ONG fourniront l'aide alimentaire dans les huit districts les plus touchés. Le PAM collaborera également avec la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui fournira des produits non alimentaires, et avec d'autres organismes des Nations Unies comme l'UNICEF, l'OMS et le PNUD qui se chargeront de l'aide non alimentaire dans les régions touchées.

Une ration complète sera distribuée à 748 000 bénéficiaires. La ration quotidienne de base comprendra 500 g de farine de blé, 30 g d'huile et 30 g de légumineuses, ce qui représente environ 2 100 calories. En raison de la faible quantité de bois de chauffage disponible pour la préparation des repas, on privilégiera les légumineuses à cuisson rapide. Les enfants ainsi que les femmes enceintes et les mères allaitantes recevront de l'huile enrichie à la vitamine A et de la farine de blé enrichie avec du fer.

4.4 Surveillance de l'aide alimentaire

La surveillance des conditions générales de la sécurité alimentaire et des opérations de secours se fera en collaboration avec le forum des ONG. Un système de contrôle sera mis en place. Le PAM et le forum des ONG établiront un protocole d'entente pour préciser le type de données qu'il faudra recueillir, la fréquence de cette collecte de données, et le mécanisme de transmission des informations.

Le Béloutchistan est dans la phase de sécurité n° 2. Le personnel international qui se rend au Béloutchistan a besoin d'une autorisation d'accès. Le personnel des Nations Unies ne peut accéder aux zones rurales que s'il est accompagné d'une escorte armée fournie par le gouvernement. Les campagnes du Béloutchistan sont habitées par des sociétés tribales, et une grande partie de la population est armée. Mis à part les évidentes questions de sécurité, il faudra que la mise en _uvre de l'opération d'urgence tienne dûment compte de cette réalité. Une étroite collaboration avec les autorités locales et tribales est de ce fait d'autant plus importante.

Le présent rapport a été préparé sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour tout complément d'information.
Abdur Rashid
Chef, SMIAR FAO
Télex 610181 FAO I
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Courrier électronique:
[email protected]
Mme J. Cheng-Hopkins
Directeur régional, OAP, PAM
Télex: 626675 WFP 1
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