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RÉMISSIONS, RÉSURGENCES, RECRUDESCENCES ET INVASIONS GÉNÉRALISÉES

Figure 18. Périodes d’invasion et de rémission du Criquet pèlerin, de janvier 1860 à décembre 2000

Les invasions généralisées du Criquet pèlerin se produisent suite à une série d’événements au cours desquels les effectifs acridiens se sont accrus. Cela commence par une période de rémission normalement calme, suivie par des résurgences localisées et des recrudescences à partir desquelles une invasion généralisée peut se développer et finalement se résorber, permettant un retour à une période de rémission.

Depuis 1860, neuf invasions généralisées et dix recrudescences majeures, interrompues par des périodes de rémission et des résurgences localisées, ont eu lieu (voir Fig. 18). Ces dernières ont duré de quelques mois à plusieurs années.

Rémissions

En temps normal, le Criquet pèlerin est présent à de faibles densités dans des zones semi-arides ou arides, loin des principales régions agricoles. Il ne provoque alors pas de dégâts significatifs aux cultures et les bandes larvaires et les essaims sont rares ou totalement absents. Ces périodes sont appelées rémissions.

La zone au sein de laquelle ces populations sont confinées et se déplacent est appelée aire de rémission. Elle couvre 16 millions de km environ et inclut environ 30 pays.

Rémission

Recrudescence

Invasion

Déclin

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1861-67

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1868

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1869-81

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1882-88

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1889-1910

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1911

1912

1912-19

1917-19

1920-25

1925-26

1926-34

1932-34

1935-39

1940-41

1940-48

1946-48

1948

1949-50

1949-63

1961-63

1964-67

1967-68

1968

1969

1969-72

1972-74

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1975-76

1977-80

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1981-85

1985

1986-88

1988-89

1990-92

1992-94

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1995

1996-98

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1999-

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Figure 19. Il est plus probable qu’une grégarisation de grande ampleur se produise quand les densités moyennes sont relativement élevées (selon les critères d’évaluation appliqués aux ailés solitaires) sur de vastes superficies. La grégarisation sera accélérée dans les zones où l’habitat propice est localisé, entraînant le regroupement des criquets. De 1926 à 1976, des grégarisations se sont produites, ou ont certainement eu lieu, uniquement dans certaines zones de l’aire de rémission du Criquet pèlerin, comme indiqué ci-dessous. Il s’agit principalement de zones dans lesquelles deux générations de reproduction peuvent avoir lieu successivement sur une brève période.

Source: Waloff, Z. 1981 In D. Pedgley, ed. Desert Locust Forecasting Manual.

Récentes recrudescences

Printemps 1996

Yémen:
Désert intérieur de la Shabwah

Été 1999

Soudan:
Nord-Kordofan et États du Nord

Conseil: les invasions de Criquet pèlerin ne se développent pas du jour au lendemain. Il faut plusieurs mois de bonnes conditions de reproduction et d’activité acridienne accrue avant qu’une résurgence localisée ne se développe dans un ou plusieurs pays. En l’absence de lutte et si les conditions favorables persistent, la situation peut évoluer en une recrudescence régionale qui peut s’étendre à d’autres régions et finalement aboutir à une invasion généralisée. Dans de nombreux cas, les résurgences ou les recrudescences n’entraînent pas d’invasions majeures du fait du succès des opérations de lutte, de précipitations insuffisantes ou de la migration des ailés vers des zones non favorables.

Résurgences

La période de transition entre une situation de rémission et une situation d’invasion généralisée est caractérisée par des résurgences et des recrudescences. Une résurgence se produit lorsque les effectifs acridiens augmentent pendant plusieurs mois suite à la concentration, la multiplication et la grégarisation. Bien qu’une résurgence soit souvent localisée et limitée à certains habitats, elle peut conduire à la formation de bandes et d’essaims si elle n’est pas maîtrisée (voir Fig. 19).

Les premières étapes d’une résurgence passent souvent inaperçues. Les larves peuvent être dissimulées dans la végétation et échapper ainsi facilement à toute observation durant les prospections. De même, les ailés peuvent être présents en si petit nombre qu’aucun ou peu d’entre eux seront trouvés. Il est également possible que des ailés soient amenés d’une vaste zone par un flux d’air convergent de basse altitude, probablement associé à la pluie nécessaire au succès de la première reproduction de la séquence.

Durant les premières étapes d’une résurgence, la majeure partie de la population est souvent largement dispersée à des densités bien inférieures aux densités grégaires. De petites taches larvaires apparaissent et de petits essaims de faible densité se développent. Les essaims se dispersent souvent et se reforment. A ce stade, il se peut qu’une grande partie de la population ne se trouve pas encore dans des groupes au comportement grégaire.

Recrudescences

Les recrudescences sont le résultat de reproductions réussies sur plusieurs générations par une population initialement de petite taille. A chaque génération, la part de la population totale regroupée dans des bandes et des essaims augmente au détriment des individus épars; les effectifs totaux de criquets pèlerins ainsi que la taille et la cohésion des bandes et des essaims augmentent. Plusieurs résurgences se produisant simultanément suivies de deux générations ou plus de reproduction transiens à grégaire peuvent conduire à une recrudescence.

Une telle situation dépend d’une succession de pluies importantes et largement répandues dont les premières au moins tombent dans l’aire de rémission habituellement aride. Au fur et à mesure du développement de la recrudescence, des migrations ont lieu, amenant les ailés d’une zone de reproduction à la zone suivante. Plus d’une recrudescence peut se produire au même moment mais dans des régions différentes. Beaucoup de recrudescences s’éteignent sans avoir entraîné d’invasion majeure. Par exemple, sur les cinq recrudescences qui se sont produites depuis 1970, une seule a conduit à une invasion généralisée. Une telle situation peut être le résultat d’une combinaison de plusieurs facteurs tels que la mauvaise répartition des pluies entraînant des conditions défavorables à la reproduction, la migration des ailés vers une zone dans laquelle ils meurent rapidement, ou des opérations de lutte.

Les quelques recrudescences analysées avec soin sont celles qui ont conduit à des invasions généralisées, même de courte durée. Au cours de ces recrudescences, la séquence des déplacements a souvent été différente. De plus, plusieurs d’entre elles semblent avoir débuté dans des zones où une reproduction de rémission a très rarement lieu. Les zones de rémission les plus fréquemment infestées peuvent ne pas être les zones les plus importantes.

Figure 20. Les invasions généralisées prennent souvent fin grâce à une combinaison de facteurs naturels et humains tels qu’une migration à grande échelle vers des habitats non propices, la mauvaise répartition des pluies saisonnières entraînant un manque de nourriture et des activités de reproduction insuffisantes, et les opérations de lutte.

Invasions généralisées

Il y a des périodes d’une ou de plusieurs années, appelées invasions généralisées, au cours desquelles persistent, sur de vastes étendues, d’importantes infestations acridiennes principalement sous forme de bandes ou d’essaims. Une invasion généralisée peut se produire lorsqu’il existe des conditions propices à la reproduction et quand les opérations de lutte ne parviennent pas à stopper l’évolution d’une série de résurgences locales en une recrudescence ne pouvant pas être maîtrisée. On parle d’invasion généralisée majeure lorsque deux régions au moins sont affectées simultanément. Les invasions généralisées sont séparées par des périodes de rémission durant lesquelles les bandes et les essaims sont rares ou totalement absents et la plupart des populations acridiennes présentes à de faibles densités.

Six invasions généralisées majeures du Criquet pèlerin se sont produites au 20e siècle; une d’entre elles a duré près de 13 ans. La zone dans laquelle les invasions généralisées ont lieu couvre environ 29 millions de km, ce qui est presque le double de la superficie de la zone de rémission, et peut englober 57 pays.

Déclin

Généralement, les invasions généralisées s’affaiblissent suite à une combinaison de facteurs naturels et d’interventions humaines (voir Fig. 20). Une des causes naturelles est la mauvaise répartition des pluies dans une zone où la reproduction est normalement couronnée de succès. Par exemple, en 1955, il n’y a pas eu de petite saison des pluies dans la Corne de l’Afrique, ce qui a entraîné la première interruption de présence des populations grégaires depuis 1950. Une autre cause est la migration vers des zones d’où soit les ailés soit leur descendance ne peuvent pas revenir. Un exemple spectaculaire est la migration transatlantique des essaims en octobre et novembre 1988. Une intervention humaine par le biais des opérations de lutte joue également un rôle significatif pour mettre fin aux invasions généralisées.

Question fréquemment posée n° 8 (voir réponse page 42)

Est-ce que les rémissions, résurgences, recrudescences et invasions généralisées se produisent de façon cyclique, par exemple, tous les sept ans?

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