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Système d’exploitation agricole mixte pluvial


CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

La population totale de ce système est estimée à 40 millions de personnes dont 16 millions d’agricoles (voir encadré 3.7). Bien qu’il abrite un cinquième de l’ensemble des ménages agricoles de la région, ce système ne couvre qu’une superficie de 17 millions d’hectares; aussi les densités de population y sontelles élevées, comparables à celles des systèmes irrigués. Les producteurs sont propriétaires ou fermiers. La pluviométrie annuelle varie de 300 à 1000 mm et la période végétative de 180 à 365 jours. Un grand nombre de cultures et d’arbres entre dans les assolements mis en place autour des habitations.

Encadré 3.7 Données de base: le système d’exploitation agricole mixte des terres sèches

Population totale (m)

40

Population agricole (m)

16

Superficie totale (m ha)

17

Zone agroécologique

Sec-humide à subhumide

Superficie cultivée (m ha)

14

Superficie irriguée (m ha)

0,6

Population animale (m)

8

Les cultures arboricoles (olives, fruits et noix) représentent une composante importante et peuvent dominer le système dans zones les plus humides. Elles peuvent être intercalées avec des céréales et des cultures maraîchères jusqu’à ce que les arbres aient atteint leur taille adulte. Les principales cultures annuelles sont le blé, l’orge, la lentille, le pois chiche, la pomme de terre, la betterave à sucre et la fève. Les cultures d’été sont mises en place après une jachère d’hiver. Le maraîchage, les cultures oléagineuses et les fleurs peuvent aussi être pratiquées, souvent sous protection (tunnels de polyéthylène) pour des marchés spécialisés du nord de l’Europe et d’ailleurs. De nombreuses exploitations ont un haut niveau de capitalisation et utilisent un niveau élevé d’intrant; les agriculteurs sont très sensibles aux opportunités de marché. Il existe un certain nombre d’entreprises laitières spécialisées et d’entreprises de production de volaille à l’intérieur du système. Les céréales dominent souvent dans les zones les plus sèches; l’interdépendance entre les familles qui partagent fréquemment leurs ressources et leur équipement est alors plus grande. Les systèmes d’exploitation sont diversifiés et il existe une interaction saisonnière avec l’élevage (surtout moutons et chèvres) pour l’utilisation des résidus de récolte et autres fourrages. L’encadré 3.8 décrit brièvement un ménage typique de ce système d’exploitation agricole.

Encadré 3.8 Ménage typique du système d’exploitation agricole mixte pluvial

Un ménage typique cultive environ cinq hectares en plusieurs parcelles de différentes qualités autour du village. Les céréales (environ trois ha) et les légumineuses sont gérées collectivement en blocs afin de faciliter les opérations mécanisées et la gestion du pâturage après récolte. L’exploitation possède des petites parcelles de production d’olives, de fruits et de raisins. Une vache et quelques moutons sont gardés autour du village. Le revenu hors exploitation (principalement emploi saisonnier en ville) est important.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE PLUVIAL

Les principaux problèmes rencontrés sont les difficultés d’accès aux terres de bonne qualité pour un nombre croissant de petits agriculteurs, l’érosion du sol sur les pentes lors des pluies d’orage, l’érosion éolienne sur les sols légers surexploités et les difficultés de diversification des cultures. Les stratégies et les politiques de recherche et de vulgarisation des institutions ne répondent pas aux principaux besoins des petits agriculteurs. Les principales tendances sont la diminution de la culture du blé remplacé par des légumineuses dans la rotation, l’augmentation de la taille des exploitations, la mécanisation (y compris l’utilisation croissante de l’irrigation d’appoint), la migration vers les zones urbaines et la dépendance de plus en plus grande à l’égard des revenus hors exploitation pour assurer la nourriture et la sécurité des moyens de subsistance. Les femmes sont de plus en plus marginalisées dans le processus de production et leur travail se déplace progressivement, alors que les hommes dominent le processus de mécanisation pour toutes les cultures principales.

La densité de population continue de croître. L’influence sur le système des subventions céréalières et des problèmes d’accès au marché est grandissante. L’agriculture de subsistance diminue dans certaines zones, tandis que les grandes exploitations commerciales se spécialisent dans la production de culture à haut niveau d’intrants pour l’exportation et dans l’élevage. En même temps il semble que de nombreux gouvernements délaissent ce secteur, particulièrement les petits agriculteurs (absence de réglementation des importations et de support spécifique aux petits agriculteurs). Près de la côte, la concurrence pour la terre est, dans certaines zones, importante: demande de terre pour les habitats urbains, le tourisme et d’autres formes de spéculation économique (Liban et Maghreb par exemple). Le secteur du tourisme pourrait offrir de nouvelles possibilités d’emploi à certains agriculteurs.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE PLUVIAL

L’intensification de la production devrait permettre de réduire la pauvreté dans ce système, grâce notamment à une gestion plus efficace des ressources naturelles et à un meilleur accès aux marchés. Les interventions et développements suivants pourraient avoir un impact important: i) gestion intégrée des ressources en eau; ii) agriculture de conservation sur les pentes et les sols vulnérables; et iii) introduction de nouvelles cultures et de variétés adaptées à cycle court et résistantes à la sécheresse. Les mesures d’amélioration suivantes sont particulièrement recommandées pour les systèmes des petits agriculteurs: i) restauration des terrasses et contours des sols; ii) couverture végétale du sol sous les arbres; et iii) gestion des bassins versants par les communautés locales ou les associations.

Les programmes de réforme agraire qui furent entrepris il y a plusieurs années devraient être poursuivis. Ils devraient mettre l’accent sur le remembrement des parcelles, une distribution plus équitable de la terre et des ressources en eau, et un meilleur accès aux services. Conjointement à ces programmes et avec la participation active des groupes de petits agriculteurs, il est nécessaire de poursuivre les activités de recherche sur les systèmes de gestion des sols et de l’eau y compris les techniques traditionnelles en usage dans la région. De plus, des stimulants économiques devront être identifiés pour améliorer la gestion des ressources en eau et pour développer des initiatives communautaires pour une gestion à long terme des ressources en eau - y compris la réhabilitation des systèmes de terrasses et la réintroduction des cultures intercalaires. Le succès de ces mesures dépendra, en grande partie, du renforcement du rôle des femmes dans la gestion des ressources des bassins versant et leur restauration.

Il semble qu’il soit possible de développer de nouveaux créneaux (ethnique par exemple) et des productions biologiques pour les marchés internationaux, par exemple olives, vins, pistaches, fruits, raisin, dates, épices, herbes aromatiques, maraîchage. Il est nécessaire de faciliter l’accès des petits agriculteurs aux marchés.

A cet égard, il est possible de développer des méthodes simples de transformation et de commercialisation directe par les producteurs, et de faciliter le stockage aux points stratégiques.

Il est urgent de réformer les institutions destinées à aider les agriculteurs ainsi que les structures sociales pour encourager les jeunes à rester dans les zones rurales. La restructuration des systèmes de recherche intéressant les agriculteurs et des systèmes de vulgarisation à partir des demandes exprimées par les agriculteurs et en partenariat avec eux est un des moyens d’y parvenir. Une attention particulière doit être portée aux technologies destinées aux femmes des petites exploitations et au travail des femmes. Un grand nombre de techniques peuvent être adaptées à partir d’expériences réalisées dans d’autres régions (Afrique et Asie). Des voyages d’étude et des ateliers interrégionaux pour les agriculteurs, les chercheurs et les vulgarisateurs pourraient être très utiles. De nouvelles recherches agricoles et socioéconomiques plus systématiques sur l’intégration agriculture-élevage, sur la réduction des risques et sur la stabilité et la durabilité des systèmes agricoles devraient être entreprises. Il est aussi nécessaire de s’interroger sur les raisons du manque d’études récentes de cas sur les systèmes agricoles de la région. La priorité doit être accordée au développement de méthodes de recherche faisant intervenir la participation effective des agriculteurs et au support des activités de recherche issues des agricultures eux-mêmes.

Des mesures politiques sont nécessaires pour éliminer toute une série d’actions et de pratiques qui ont des impacts négatifs importants sur l’environnement telles que les labours profonds et fréquents et l’utilisation excessive de pesticides et d’eau d’irrigation. Il est aussi nécessaire d’assurer la promotion de la gestion améliorée des ressources naturelles, de la diversification des entreprises et des possibilités de revenu hors exploitation.


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