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Système d’exploitation agricole mixte de haute altitude (Andes centrales)


CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricole mixte de haute altitude (Andes centrales) s’étend sur 121 millions d’ha de Cajamarca au nord du Pérou, à la Bolivie, au nord du Chili et au nord-est de l’Argentine (voir encadré 7.9). On estime que 40 pour cent du territoire du Pérou et de la Bolivie se situent à l’intérieur des limites de ce système, ainsi que de plus petites portions du Chili et de l’Argentine. Au nord, une série de chaînes entrecoupées de vallées longitudinales constitue la sierra péruvienne. Plus au sud, à une latitude d’environ 14° sud, les Andes se divisent en deux chaînes principales entourant les hauts plateaux ou altiplano du Pérou, de la Bolivie et du nord du Chili et de l’Argentine. Cette vaste zone de terre sans arbres est constituée de plateaux à plus de 3 500 m d’altitude caractérisés par un drainage interne. Certaines terres agricoles culminent à 4 500 m[227]. La pluviométrie, qui varie de 150 mm par an dans les parties ouest à 1 000 mm dans les parties est, est concentrée en une seule saison d’une durée variable. Les sols, ainsi que leurs potentiels agricoles sont extrêmement variables; toutefois, leur fertilité est généralement faible. L’érosion est partout sévère.

Encadré 7.9 Données de base: système d’exploitation agricole mixte de haute altitude (Andes centrales)

Population totale (m)

16

Population agricole (m)

7

Superficie totale (m ha)

121

Zone agroécologique

Semi-aride à sec/
subhumide

Superficie cultivée (m ha)

3

Superficie irriguée (m ha)

1

Population animale (m)

9

D’un point de vue agroécologique, la zone est extrêmement complexe[228]. La grande variation des types de sol et les changements brusques et fréquents d’altitude entraînent des changements très importants de température, d’humidité et de pluviométrie. Un gradient d’aridité, de l’est vers l’ouest, affecte les Andes centrales, ainsi que toute la chaîne du nord au sud. La température moyenne annuelle varie énormément avec l’altitude. La température moyenne journalière est généralement inférieure à 10°C et les gelées sont fréquentes, spécialement pendant la saison sèche.

Les traits caractéristiques de ce système sont, en plus de l’altitude, l’importance de la population indigène, la quasi-absence de grandes exploitations, inhabituelle en Amérique latine, et le faible niveau d’utilisation des intrants. La plupart du système faisait autrefois partie de l’Empire Inca, il en a conservé des éléments culturels forts, qui n’ont changé que superficiellement. La pauvreté est très fréquente dans ce système. En 1997, 68 pour cent de la population rurale du Pérou vivaient en dessous du seuil de pauvreté nationale; bien qu’aucune donnée récente ne soit disponible, on estime que ce chiffre doit être plus élevé en Bolivie.

La surface de près de 60 pour cent des exploitations de la sierra péruvienne était, selon le recensement de 1994, inférieure à 3 ha; la surface cultivée, constituée de parcelles souvent isolées, variait de 1,5 à 2,5 ha. Ce même recensement indiquait que sur l’altiplano la taille des exploitations atteignait 15 à 20 ha dont 1,5 à 2 ha cultivés. La parcellisation des surfaces cultivées ainsi que leur faible productivité due à l’altitude et à l’aridité, entraînent une pauvreté endémique, la dégradation fréquente des sols et l’érosion; aussi les migrations sont-elles devenues un élément important du système. Il existe un flux important de migrations permanente et saisonnière vers les nouvelles terres de l’est des Andes et, au-delà, vers les basses terres amazoniennes. Néanmoins, en dépit de ces migrations, on estime que la population rurale du système s’est accrue de 1,6 pour cent par an au cours de la période 1960-1990. On pense que ce taux de croissance devrait diminuer à l’avenir.

Les zones les plus densément peuplées de ce système d’exploitation agricole sont la sierra péruvienne avec environ 0,3 habitant par ha et l’altiplano bolivien où la densité peut atteindre 0,4 habitant par ha dans certains endroits, tels les zones autour de La Paz, Cochabamba et Potosi. Le reste des parties arides et sub-arides du Chili et de l’Argentine sont très peu peuplées. La moyenne de la densité de population rurale de l’ensemble du système d’exploitation agricole est de 0,06 personnes par ha (soit 17 ha par personne).

La surface cultivée du système est d’environ 3,1 millions d’ha, elle représente un tiers de la surface cultivée au Pérou et en Bolivie. On estime à 1,2 million d’ha la surface irriguée, située principalement dans la partie ouest aride du Pérou. D’après les statistiques de 1994, on estime que 1,2 million d’exploitations du Pérou[229] et 0,6 million d’exploitations de Bolivie[230] appartiennent à ce système. Le nombre total d’exploitations pour l’ensemble du système serait de plus de deux millions. Les droits légaux sur les propriétés et sur les autres ressources sont peu fréquents. Environ un tiers des exploitations de la sierra péruvienne a des titres de propriété légaux, tandis que les deux tiers restants font l’objet d’arrangements traditionnels. Bien qu’ils puissent y avoir des arrangements informels, il n’existe pratiquement pas de location formelle de la terre. La population agricole totale du système est de 7 millions de personnes, dont les trois quarts vivent au Pérou[231], dépend d’un système de production de subsistance mixte comprenant les pommes de terre, les cultures andines précolombiennes (quinoa et chénopode par exemple), l’orge, le maïs, et le pois du Cap. Les moutons sont nombreux dans la sierra péruvienne, tandis que les camélidés (lamas, alpagas) dominent plus au sud. Les cochons d’Inde représentent une production importante des plus hautes terres. Le potentiel d’irrigation est assez bon. Cependant, en raison de la topographie du système, la plupart de l’eau n’est disponible que sur les flancs les plus bas de l’ouest des chaînes.

Il existe dans la sierra péruvienne, selon l’altitude, trois principaux modèles de systèmes de production: i) la culture du maïs, du quinoa, du chénopode et des pommes de terre dans le fond des vallées. Lorsque l’eau est disponible, des petits systèmes traditionnels d’irrigation permettent des productions horticoles; ii) les pentes intermédiaires où les terrasses plus sèches à l’ouest sont utilisées pour la production d’orge et d’autres grains, tandis que les meilleurs pentes à l’est sont réservées à la culture des tubercules; et iii) les parties hautes où l’on pratique les cultures résistant aux gelées associées à des activités pastorales.

Sur l’altiplano plus au sud, l’utilisation de la terre dépend principalement du gradient de pluviométrie. L’agriculture est bien développée dans les zones les plus humides, tandis que dans les zones plus sèches, l’élevage extensif prédomine. Dans quelques zones arides et semi-arides telles que les valles altos de Bolivie, la dégradation importante des sols a modifié profondément les modèles de culture, rendant impossibles des cultures traditionnelles telles que le maïs.

Les rendements moyens de ce système sont non seulement limités par les conditions agroécologiques mais aussi par l’utilisation réduite d’intrants externes et par la faible productivité du travail familial. On estime que dans la sierra péruvienne, moins de 10 pour cent des petits agriculteurs utilisent des semences achetées, mais que près de 70 pour cent d’entre eux utilisent un engrais organique sous une forme ou sous une autre. Généralement les rendements du maïs ne dépassent pas 1 tonne/ha, ceux du quinoa sont de 0,85 tonne/ha et ceux de la pomme de terre de 10 tonnes/ha. Ils sont pour les autres céréales (blé, orge) de l’ordre de 1 à 1,2 tonne/ha, toutefois, ces rendements plus élevés peuvent être dus à la participation de producteurs plus importants. Plus au sud, sur l’altiplano les rendements baissent encore: pommes de terre 4 à 5 tonnes/ha, quinoa 0,6 tonne/ha et blé et orge de 0,6 à 0,7 tonne/ha.

Les programmes d’ajustement structurel et sectoriel survenus au cours de la deuxième moitié des années 80 et du début des années 90 ont entraîné des changements importants dans les économies nationales. La production alimentaire a connu des taux annuels de croissance de 3 pour cent pour la Bolivie et 5 pour cent pour le Pérou[232], alors que les exportations agricoles augmentaient plus rapidement encore: 8 et 9 pour cent respectivement pour ces deux mêmes pays. Les importations alimentaires ont aussi crû, mais à un taux plus faible, entraînant une nette amélioration des secteurs agricoles. Néanmoins, il a été démontré que la plupart de ces gains ont été obtenus grâce au secteur agricole moderne, laissant peu de bénéfices aux producteurs du système de haute altitude. Le secteur agricole moderne a aussi bénéficié de la plupart des ressources allouées aux zones rurales, y compris du développement de techniques agricoles améliorées. Le système est caractérisé par un manque général d’infrastructure de base en matière d’éducation, de santé, de routes et de marchés. En Bolivie, la part de l’ensemble des ressources publiques allouées au secteur agricole ne correspond pas à la contribution de ce secteur à l’économie du pays. En 1999, le PIB agricole représentait 16 pour cent du PIB national, mais ce secteur n’a reçu que 6 pour cent du budget public total. L’allocation des ressources au secteur agricole est plus équitable au Pérou: les dépenses et le PIB agricole sont tous deux autour de 7 pour cent.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE DE HAUTE ALTITUDE (ANDES CENTRALES)

Au cours des prochaines 30 années, les populations rurales du système ne devraient pas diminuer de façon significative. La compétition pour l’accès à la terre persistera alors que la baisse des prix réels des produits agricoles conduira les producteurs à étendre leurs surfaces cultivées et à augmenter la charge de bétail à l’hectare. La faible productivité explique l’apparente contradiction entre le faible rapport population/surface cultivée et la forte pression persistante sur la terre. L’érosion du sol, qui est très courante sur les pentes de la sierra péruvienne et sur l’altiplano, va probablement s’accentuer, à moins que l’on ne modifie profondément les modèles de culture et les pratiques de gestion des ressources naturelles. Une forte croissance économique au niveau national et, plus particulièrement, dans les vallées les plus basses et les basses terres de l’Amazonie pourrait accélérer le phénomène migratoire. Bien que la main-d’œuvre ait toujours été relativement abondante, elle pourrait devenir, comme l’humidité, les sols et les pentes, un facteur limitant la production.

L’évolution du système foncier et de la distribution des exploitations au cours des 30 prochaines années est un sujet très complexe. Elle dépendra surtout de la mise en place ou non de systèmes appropriés d’enregistrement, de financement et de marché des terres. La mise en place de tels systèmes nécessitera de très importantes réformes institutionnelles et législatives[233].

On s’accorde à trouver les niveaux de rendement bas; cependant, l’adoption des nouvelles technologies aujourd’hui disponibles requiert l’utilisation d’intrants qui ne sont pas, dans les conditions actuelles, à la portée de la plupart des producteurs. En fait, à l’avenir, la dégradation des ressources naturelles et le possible manque de main-d’œuvre vont poser un problème de plus en plus critique à résoudre pour pouvoir augmenter la productivité. Bien que l’extension de l’irrigation et la protection des cultures sous tunnels de plastiques puissent ouvrir de nouvelles voies, les possibilités de diversification des cultures sont plus réduites que dans d’autres zones.

Une meilleure organisation des communautés, pour permettre de tirer le meilleur profit du potentiel de valeur ajoutée des productions existantes, pourrait bien être la meilleure solution pour de nombreux producteurs. Le renforcement des relations avec les utilisateurs finaux (supermarchés, institutions et restaurants) et la transformation des matières brutes (lait, pomme de terre et céréales) pourraient permettre d’augmenter de façon importante les revenus des familles; d’autre part, il devrait être possible de tirer profit de l’exportation de spécialités telles que le quinoa et la laine de camélidés. Les principaux problèmes à résoudre pour permettre la réduction de la pauvreté et la croissance économique sont:

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE DE HAUTE ALTITUDE (ANDES CENTRALES)

Les conditions agroécologiques extrêmes, la fragmentation des exploitations, la pauvreté des sols et le manque d’emplois hors exploitation sont responsables de l’extrême pauvreté existant à l’intérieur du système d’exploitation agricole de haute altitude des Andes centrales. Aussi le développement durable de ce système est-il à la fois une nécessité et un défi. La dégradation des sols sur les pentes de la sierra péruvienne et sur l’altiplano compromet le potentiel de la productivité des terres à long terme[234]. Bien que la pauvreté soit reconnue comme la principale force affectant la dynamique des sols en zones montagneuses, son action sur les systèmes de production est complexe. Les projets de contrôle de l’érosion mis en œuvre dans le système n’ont eu que des résultats limités; les réponses purement techniques sont incapables de résoudre ce problème. Les solutions techniques doivent être associées à la création de conditions économiques améliorées pour les petits agriculteurs, tout en tenant compte des limitations qu’imposent la faible productivité du travail et la fragmentation des exploitations.

En produisant exclusivement des produits de faible valeur pour les marchés nationaux, les petits producteurs se trouvent face à une demande stagnante et à des consommateurs qui ne sont pas prêts à payer des prix plus forts pour des améliorations comme les variétés, les opérations après récolte et l’emballage. Toutefois, certaines productions du système pourraient devenir des spécialités au niveau international et se positionner sur des certains créneaux de marché. Il a été démontré que certains produits comme la laine de lama et d’alpaca, le quinoa, certaines variétés de pommes de terre et d’autres produits semblables pourraient être payés beaucoup plus cher sur les marchés, surtout s’ils pouvaient faire l’objet d’une appellation d’origine ou d’un contrôle. Des accords commerciaux équitables pourraient aussi permettre des augmentations de revenu; ils ne pourraient, toutefois, se faire qu’à petite échelle. La diversification vers les marchés d’exportation nécessitera l’amélioration des organisations des producteurs afin de coordonner les activités et de regrouper les volumes nécessaires pour des expéditions à l’exportation, ainsi que la mise en place de mécanismes efficaces pour la fourniture des intrants (y compris leur financement). Une assistance technique devra être apportée pour assurer le contrôle de la qualité, développer les opérations après récolte et l’emballage et pour établir des liens commerciaux efficaces.

Les revenus hors exploitation, surtout ceux associés à l’agroindustrie, peuvent puissamment contribuer au développement rural dans les zones des petites exploitations agricoles. L’agroindustrie entraîne souvent des changements techniques rapides de la part des petits agriculteurs participant; elle contribue aussi à augmenter la demande en produits locaux[235] et à créer des emplois hors exploitation (voir encadré 7.9). Cependant, le mauvais fonctionnement des marchés a, jusqu’à maintenant, empêché un développement important de l’agroindustrie orienté vers les petits agriculteurs. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne le crédit rural[236], le marché de la terre, l’assurance pour les activités agricoles, l’information, la technologie et les intrants spécialisés. Les agroindustries ont eu recours à un certain nombre de stratégies pour pallier les effets de ces imperfections des marchés: fourniture de crédit agricole, de technologie et d’intrants ainsi que location de la terre des petits agriculteurs[237].

Il est difficile de faire des recommandations précises pour de tels programmes et politiques en dehors du contexte d’une activité spécifique; cependant, ces recommandations concernent en général la réduction des coûts de l’information, l’amélioration des relations entre les marchés et les producteurs afin de leur assurer l’accès à ces marchés et le financement des coûts de production. Il est nécessaire de mettre place une stratégie capable d’assurer le renforcement de l’assistance technique. Il sera aussi important de réduire les coûts de transaction associés aux premières étapes de la collaboration entre l’industrie et les agriculteurs[238] grâce à des mécanismes d’arbitrage rapides, simples et exécutoires pour résoudre les conflits qui apparaissent souvent entre les agriculteurs et l’agroindustrie au cours de leurs transactions. L’aide à l’accès au crédit et à la levée des contraintes légales et commerciales qui empêchent les petits agriculteurs d’agrandir leurs exploitations, est aussi très importante. La diminution des coûts de formation (aussi bien pour les agriculteurs que pour l’agroindustrie) et l’assistance aux organisations d’agriculteurs sont aussi prioritaires.

Le système d’exploitation agricole de haute altitude est caractérisé par une très faible productivité des facteurs terre et travail, aussi l’accroissement de la productivité de ces deux facteurs est-il une priorité. La taille moyenne des petites exploitations est relativement grande, comparée à celle de nombreux autres systèmes agricoles; toutefois, en raison de la faible productivité de la terre et du travail, les agriculteurs tirent peu de bénéfices de leurs efforts. La faible productivité du système est, en partie, due aux conditions climatiques adverses et à la faible fertilité des sols; toutefois, le système est loin d’utiliser efficacement les ressources dont il dispose. La recherche participative et la diffusion de semences de variétés adaptées à cette zone de haute altitude (courte période végétative, tolérance à la sécheresse, etc.) doivent être considérées comme prioritaires. Il est bon de signaler la réussite de certain essais pour promouvoir des technologies indigènes, telles que la culture sur de longues plates-bandes de semis séparées par des tranchées profondes, destinées à réduire les effets du gel en empêchant la circulation d’air froid sur les plantes; des études complémentaires seraient nécessaires dans ce domaine.

Encadré 7.9 Organisation des agriculteurs pour la création de revenu, pour l’emploi hors exploitation et pour l’accroissement de valeur ajoutée à la production[239]

L’industrie de transformation laitière qui s’est développée chez les petits agriculteurs dans la zone des hautes terres de la sierra péruvienne démontre qu’il existe un potentiel de création de revenus supplémentaires pour les agriculteurs pauvres du système d’exploitation agricole des Andes centrales. Bien que l’agroindustrie traditionnelle joue un rôle majeur dans la transformation et l’approvisionnement en produits laitiers, une multitude de petits agriculteurs dispersés sur les hautes terres produisent et vendent encore traditionnellement leurs productions. En 1987, dans les sierras du District de Chuquibamba au Pérou, un groupe de 57 agriculteurs décida, avec l’aide d’une ONG, de construire sa propre petite usine laitière. Cette production, principalement orientée vers l’approvisionnement en fromage et en yoghourt des zones urbaines voisines augmenta rapidement, de 91 tonnes par an en 1987 à 639 tonnes en 1996. Cette expérience fit des émules dans les autres communautés et chez les agriculteurs individuels de la région. De 1991 à 1995, 16 usines laitières supplémentaires furent installées dans la région, regroupées à l’intérieur d’un seul district.Actuellement, l’ensemble des 17 usines transforme près de 11 000 tonnes de lait par an et procure un revenu brut annuel supplémentaire estimé à 6,6 millions de dollars EU à 1 100 agriculteurs, équivalent à 0,33 dollars EU par personne et par jour, représentant une amélioration de 17 pour cent du revenu des familles. Quelque 155 emplois, directs et indirects, ont ainsi été créés. L’investissement nécessaire à la création d’un poste de travail est faible, 1 400 dollars EU par travailleur.

Ce cas démontre qu’il est possible de réduire la pauvreté des petits agriculteurs; toutefois, seule une analyse plus approfondie pourra permettre d’évaluer la viabilité à long terme de ces usines laitières rurales de petite taille et leur compétitivité sur des marchés de produits laitiers libéralisés. L’intervention des ONG a été, dans cette expérience, essentielle pour la fourniture de l’assistance technique et financière indispensable ainsi que pour le développement du capital humain des paysans; toutefois cette intervention est probablement trop limitée pour pouvoir être dupliquée à grande échelle. L’amélioration des politiques publiques et des services est indispensable pour assurer le développement à long terme des initiatives de création de revenu pour les petits agriculteurs.

Il est important d’accélérer la mise en place de la réglementation et de l’enregistrement des propriétés agricoles; leur absence entrave sérieusement le développement du marché de la terre. La mise en place d’une telle réglementation, incluant l’information, les services notariés, l’identification des terres disponibles et les services d’hypothèque, faciliterait les achats de terres.

L’accroissement de la productivité est étroitement lié aux investissements dans les infrastructures et les services capables d’améliorer le capital humain de la population agricole grâce à l’éducation, aux soins de santé, à la mise à disposition de programmes gouvernementaux spécifiques pour la promotion et le développement du secteur agro-industriel, et à l’achèvement des réformes du marché des intrants[240]. Il ne semble pas que les conditions nécessaires pour atteindre ces objectifs soient réunies. Il est reconnu que la stabilité macroéconomique et un rapport de prix plus équilibré ne sont pas suffisants pour qu’une stratégie de développement rural puisse conduire à une croissance de la productivité agricole à grande échelle. Ces conditions doivent être complétées par un support gouvernemental, en particulier sous la forme d’investissements publics plus favorables à l’agriculture. A cet égard, il est nécessaire que des ajustements budgétaires permettent une meilleure allocation des ressources à l’agriculture.


[227] La limite d’altitude pour la culture de la pomme de terre est de 4200 m à la latitude 15° sud.
[228] Plus de 60 zones biotiques sur les 103 trouvées dans le monde sont représentées dans les Andes centrales et l’altiplano près du lac Titicaca.
[229] Institut national de statistique et d’informatique, 1996.
[230] Muñoz, 1999.
[231] La population rurale du système est estimée à 40 pour cent du total de la population rurale du Pérou et à 45 pour cent de celle de la Bolivie.
[232] Le taux de croissance a été calculé sur la période 1985-1996 pour la Bolivie et 1990-1996 pour le Pérou.
[233] La réglementation actuelle du marché de la terre a été établie au Pérou par la réforme foncière de 1953 qui demeure populaire parmi les petits agriculteurs mais empêche le regroupement des exploitations.
[234] Morales et Knapp, 1987.
[235] Bien documenté dans CEPAL, FAO et GTZ (1998).
[236] Les agroindustries orientées vers l’exportation ont souvent besoin de produits nécessitant des niveaux d’intrants et des coûts de production plus élevés que les cultures traditionnelles.
[237] de Grandi, 2001.
[238] Une collaboration très novatrice entre agriculteurs et agroindustrie a été établie dans la vallée Ica du Pérou. Une usine de transformation de tomates loue la terre des agriculteurs locaux qui travaillent sur leur propre terre comme employés de l’usine.
[239] Les agroindustries préfèrent généralement travailler avec le secteur commercial, car les coûts de transaction sont moins élevés qu’avec le secteur des petits agriculteurs.
[240] Il est peu probable qu’une réforme agraire soit conduite à moyen terme car les étapes préparatoires nécessaires (comme celles entreprises au Mexique dans le cadre du processus de réforme agraire) n’ont pas encore commencé en Bolivie et au Pérou.

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