La vocation fondamentale de la Terminologie unifiée en matière de dendroénergie (TUD/UWET) est de constituer un cadre approprié pour établir le volume et le type de bois-énergie issu de différentes sources nécessaire pour satisfaire les besoins des utilisateurs. Ainsi, le combustible ou le moyen employé pour transporter l'énergie sont les paramètres de base à prendre en compte et à classifier correctement. Ces combustibles, tant sous leur forme commerciale que non commerciale, doivent toujours être considérés comme des produits de valeur susceptibles de satisfaire la demande.
On présente, dans le tableau 1, une vue conceptuelle des systèmes dendroénergétiques où on fait apparaître comment la dendroénergie circule physiquement pour satisfaire la demande. Sur le tableau figurent les trois sources d'approvisionnement que sont la nature (forêts et arbres hors des forêts), les industries du bois et la société. On y fait également référence à l'utilisateur, en indiquant les principaux secteurs de la demande. Des considérations relatives au commerce du bois-énergie viennent compléter le tableau.
À titre de complément de l'approche générale présentée au tableau 1, on propose dans le tableau 2 un système détaillé de classification des biocombustibles. La principale considération sur laquelle repose cette classification est la reconnaissance du lieu où est produite la biomasse. En d'autres termes, il s'agit d'établir si le biocombustible est lié aux activités forestières, agricoles ou municipales. On y a ajouté un groupe sur l'utilisation des agrocarburants afin de distinguer les biocombustibles classiques (qui sont généralement liés à l'exploitation forestière) de ceux qui sont plus modernes et axés essentiellement sur la plantation annuelle ou pluriannuelle.
Les groupes établis par rapport à l'offre sont des subdivisions importantes qui identifient clairement l'origine des biocombustibles. En ce qui concerne l'utilisateur final, on peut observer la diversité de combustibles qui peut exister pour chaque groupe, ce qui permet de comparer et de vérifier les données relatives tant à l'offre qu'à la demande. Dans la dernière colonne du tableau 2, on énumère les différents types de combustibles, primaires, secondaires et même tertiaires, qu'on peut employer pour produire de la chaleur, de l'électricité et de l'énergie motrice. Il est fréquent que les combustibles secondaires et tertiaires proviennent de la biomasse brute produite par plusieurs sources suite à l'application de processus de transformation assez complexes.
Les sources de bioénergie
Les biocombustibles : Ce sont des combustibles organiques primaires et/ou secondaires issus de la biomasse qu'on peut utiliser pour produire de l'énergie thermique par combustion ou par une autre technologie. Cette catégorie comprend tant les cultures spécifiquement destinées à la production d'énergie que les plantations polyvalentes ou encore les sous-produits (résidus et déchets). Le terme "sous-produit" englobe ce qu'on appelle improprement résidus et déchets solides, liquides ou gazeux provenant des activités d'élaboration de la biomasse. Les principales définitions employées dans la terminologie TUD/UWET mentionnent trois types de biocombustibles: les combustibles dérivés du bois, les agrocarburants et les sous-produits d'origine municipale.
Tableau 1. Diagramme présentant différents combustibles ligneux, depuis la source d'approvisionnement jusqu'à l'utilisateur final
Tableau 2 : Classification des biocombustibles
En fonction de la production et de l'offre |
Groupes communs |
En fonction des utilisateurs, exemples de demande |
Les combustibles ligneux, ou dendrocombustibles
On range dans cette catégorie tous les types de biocombustibles dérivés directement ou indirectement des arbres et des arbustes qui poussent sur des terrains forestiers ou autres. La définition de forêt employée dans l'évaluation des ressources forestières de la FAO de 1990 (Étude FAO : Forêts 124, p. 7) est très large. Elle englobe les terrains ayant un couvert vertical au sol minimal de 20 pour cent dans les pays développés et de 10 pour cent dans les pays en développement. Les combustibles ligneux comprennent aussi la biomasse dérivée d'activités sylvicoles (coupes par éclaircie, élagages et autres) et de récolte et d'exploitation (cimes, racines, branches, etc.), ainsi que des sous-produits industriels dérivés d'industries forestières primaires et secondaires qu'on utilise comme combustible, et également les combustibles ligneux issus des forêts de plantation à destination énergétique.
On partage, en fonction de leur origine, les combustibles ligneux en trois groupes : les combustibles ligneux directs, les combustibles ligneux indirects et les combustibles ligneux récupérés (ce classement est repris dans le tableau 1). Ces groupes sont définis comme suit :
• Combustibles ligneux directs : bois récolté directement dans les forêts (forêts naturelles et plantations), c'est-à-dire dans des terrains où le couvert vertical au sol occupe plus de 10 pour cent de la superficie sur une étendue de plus de 0,5 ha ; dans des terrains boisés autres (terrains ayant un couvert vertical au sol compris entre 5 et 10 pour cent de la superficie, où les arbres peuvent atteindre une hauteur d'au moins 5 mètres arrivés à maturité in situ, ou des terrains ayant un couvert vertical au sol de plus de 10 pour cent de la superficie, où les arbres ne peuvent atteindre une hauteur de 5 mètres arrivés à maturité in situ, et couverts végétaux d'arbustes ou de maquis) ou dans d'autres types de terrains destinés à l'approvisionnement en énergie pour couvrir la demande. Cette catégorie comprend tant les combustibles ligneux inventoriés (recensés dans les statistiques officielles) que ceux qui ne le sont pas. Les combustibles ligneux directs sont brûlés directement ou transformés en un autre combustible, comme le charbon de bois, les gaz de pyrolyse, les granules comprimés ("pellets"), l'éthanol, le méthanol, pour ne citer que ceux-là.
• Combustibles ligneux indirects : il s'agit généralement de sous-produits industriels dérivés d'industries primaires du bois (scieries, usines de panneaux de particules, usines de pâte à papier) et secondaires (ébénisterie, menuiserie) tels que les résidus de sciage, les dosses, les chutes d'avivage et de dressage, la sciure, les copeaux, la liqueur noire, etc. Les combustibles ligneux indirects sont brûlés directement ou transformés en un autre combustible, par exemple en charbon de bois, en gaz de pyrolyse, en granules comprimés, en éthanol, en méthanol, etc.
• Combustibles ligneux récupérés : biomasse ligneuse dérivée de toutes les activités économiques et sociales sans rapport avec le secteur forestier. Il s'agit généralement de déchets de construction ou de démolition de bâtiments, de palettes, de caissons de stockage ou de transport, de cageots ou d'autres déchets qui sont brûlés tels quels ou transformés en copeaux, en granules comprimés combustibles, en briquettes ou en poudre.
On peut répartir en quatre types de produits les combustibles ligneux à prendre en compte s'agissant de comptabiliser les ressources dendroénergétiques : bois de feu, charbon de bois, liqueur noire et autres combustibles, qu'on définira comme indiqué dans le tableau 3 ci-dessous.
• Bois de feu : comprend le "bois brut" en petites pièces (bûchettes, bois menu), copeaux, granules comprimés combustibles et/ou poudre provenant des forêts ou d'arbres isolés, ainsi que des sous-produits de l'industrie du bois et les produits ligneux récupérés. Il conserve la structure originale de base du bois et on peut l'utiliser directement ou après qu'on l'a transformé en autre combustible ligneux, comme par exemple le charbon de bois. Quand c'est nécessaire, on peut préparer le bois en produits plus adaptés, comme les bris et copeaux de bois et les granules comprimés, sans qu'il soit nécessaire d'opérer des transformations physico-chimiques importantes.
Bris et copeaux de bois : bois brut qu'on a réduit délibérément pour en faire des fragments de très petite taille ou résidus propres à un usage énergétique.
Granules (ou boulettes, tablettes, cylindres, etc.) de bois comprimés : on peut les considérer comme un combustible dérivé de l'autoagglomération de matériaux ligneux auxquels on fait subir l'effet combiné de la chaleur et d'une forte pression dans une extrudeuse.
• Charbon de bois : résidu solide issu de la carbonisation, distillation, pyrolyse et torréfaction du bois (troncs et branches d'arbres) et de sous-produits du bois, grâce à des systèmes continus et discontinus (fours à carboniser creusés dans la terre, en brique et métal). Cette catégorie comprend notamment les briquettes de charbon de bois.
• Briquettes de charbon de bois : elles sont produites avec du charbon de bois, qui, une fois trituré et séché, est moulé (généralement sous haute pression) après ajout d'agglutinants pour former des pièces uniformes.
• Liqueur noire : liqueur alcaline obtenue à partir des digesteurs employés pour produire la pâte au sulfate ou à la soude au cours du processus de production du papier, où l'énergie provient principalement de la lignine extraite du bois au cours du processus d'élaboration de la pâte à papier.
• Autres combustibles ligneux : on range dans cette catégorie un large éventail de combustibles liquides et gazeux dérivés du bois et du charbon de bois en général moyennant des procédés pyrolytiques ou enzymatiques. Elle englobe les gaz de pyrolyse, l'éthanol, le méthanol et des produits qui suscitent de plus en plus d'intérêt mais qui n'ont pour le moment pas la même importance que les précités en tant que produits énergétiques.
Tableau 3 : Types de combustibles par source d'approvisionnement
Offre (sources) | |||
Produits |
Combustibles ligneux directs |
Combustibles ligneux indirects |
Combustibles ligneux récupérés |
Bois |
XXX |
XXX |
XXX |
Charbon de bois |
XXX |
XXX |
XXX |
Liqueur noire |
XXX |
||
Autres (méthanol, éthanol, gaz de pyrolyse) |
XXX |
XXX |
XXX |