Lalerte précoce permet une détection rapide de lapparition ou de laugmentation soudaine de lincidence de maladies animales graves avant quelles ne se développent dans des proportions épidémiques et ne provoquent de conséquences socioéconomiques sérieuses. Elle comprend toutes les initiatives, principalement celles basées sur la surveillance de la maladie, le compte rendu et les analyses épidémiologiques menant à une meilleure prise de conscience et connaissance de la répartition et du comportement des foyers de la maladie (et de linfection). Lalerte précoce permet de prévoir lexistence, la source et lévolution probables des foyers de maladie et de suivre lefficacité des campagnes de lutte contre la maladie.
Les programmes dalerte précoce sont essentiels pour la fièvre de la Vallée du Rift (FVR). Ils constituent la pierre angulaire de la planification dintervention contre la maladie. Dans les régions où la FVR est présente, la prévision de la forte probabilité dépidémies au moins trois mois, et parfois jusquà six mois avant quelles ne se déclenchent, permet de préparer une réponse effective contre la maladie. A linverse, si les responsables officiels nont pas connaissance dun foyer de FVR avant quil ne se déclenche, la capacité des autorités de santé animale et humaine à élaborer une campagne effective de lutte contre la maladie sera sérieusement limitée.
Comme cela est le cas avec tous les aspects de la planification dintervention contre la FVR, une coopération étroite est essentielle avec les responsables homologues du Ministère de la santé, et des systèmes conjoints nationaux et locaux dalerte précoce doivent être développés.
Le succès de la capacité dun pays à prévoir et à détecter rapidement des foyers de FVR dépend des éléments suivants:
la mise en réseau établie avec des organes régionaux et internationaux de suivi de la FVR (tels que EMPRES et IGAD) et une connaissance des données mensuelles dévaluation du risque régional générées par les sources RSSD;
de bons programmes de sensibilisation des exploitants et du public sur la FVR et dautres maladies épidémiques du bétail représentant une menace importante, qui impliquent lamélioration de linterface vétérinaire/exploitant;
la formation des responsables vétérinaires de terrain, du personnel vétérinaire auxiliaire, des responsables de la vulgarisation agricole, des autorités locales et des propriétaires de bétail sur la reconnaissance clinique de la FVR et dautres graves maladies épidémiques du bétail, et sur la nécessité dune action rapide;
le développement de moyens épidémiologiques solides au sein des services nationaux de santé animale, grâce auxquels la FAO et dautres sources internationales peuvent accéder aux informations de prévisions disponibles sur les conditions environnementales et épidémiologiques propices à la FVR, les interpréter et agir sur cette base;
une surveillance active durable de la maladie, pour compléter la surveillance passive, basée sur une coordination étroite entre les propriétaires de bétail, les services vétérinaires de terrain et de laboratoire/épidémiologie, et le recours à des techniques telles que des questionnaires participatifs, des enquêtes sérologiques et un suivi des abattoirs pour compléter les recherches de terrain de la maladie clinique;
des mécanismes sûrs de signalisation des maladies à caractère durgence aux sièges vétérinaires régionaux et/ou nationaux/fédéraux;
la mise en uvre dun système dinformation sur les maladies à caractère durgence (tel que le Système dinformation sur les maladies transfrontalières des animaux [TADInfo]);
le renforcement des moyens de diagnostic de laboratoire pour la FVR dans les laboratoires vétérinaires provinciaux et nationaux;
le développement de liens solides entre les laboratoires nationaux et les laboratoires de référence régionaux et internationaux;
le renforcement des moyens épidémiologiques nationaux pour appuyer les stratégies de préparation aux urgences et de gestion des maladies;
une signalisation internationale rapide et complète des maladies par tous les pays à lOIE et aux organisations régionales de santé animale;
une liaison étroite avec les autorités vétérinaires de pays voisins à la fois à un niveau national et local près des frontières communes.
Une discussion approfondie des questions susmentionnées dépasse lobjet de ce manuel. Pour plus dinformations, il faudra se référer au Manual on the preparation of national animal disease emergency preparedness plans (Manuel de santé animale de la FAO n° 6) et au Manual on livestock disease surveillance and information systems (Manuel de santé animale de la FAO n° 8). Cependant, certaines des questions les plus importantes pour la préparation dalerte rapide pour la FVR seront décrites ci-après.
Dans de nombreux pays, même ceux dans lesquels des foyers de FVR se sont déclarés dans le passé, peu de vétérinaires et demployés de santé animale ont eu une expérience directe et personnelle de la maladie. Si la FVR est considérée comme une menace majeure, cette insuffisance doit être corrigée. Un programme de formation systématique devrait être mis en place pour tous ceux qui, selon leur capacité professionnelle, peuvent éventuellement être les premiers à entrer en contact avec une incursion ou un foyer de la maladie. Les programmes de formation devraient être complets et réguliers, à la fois parce que la maladie peut frapper dans nimporte quelle partie du pays et aussi en raison du renouvellement du personnel. La formation doit sétendre au personnel dans les zones les plus éloignées du pays, ainsi quà des responsables choisis (responsables de vulgarisation agricole, autorités locales) et à des propriétaires de bétail.
Il ne sera manifestement ni praticable ni nécessaire de former du personnel à un niveau élevé dexpertise sur la maladie. Il suffit que les personnes formées soient familiarisées avec les caractéristiques cliniques, pathologiques et épidémiologiques de base de la FVR, et sachent ce quelles doivent faire si elles soupçonnent sa présence. La chose peut-être la plus importante à inculquer aux gens est une «disposition desprit»; sils sont confrontés à un foyer inhabituel de maladie impliquant un déferlement davortements et des morts chez les jeunes ruminants, soit sur le terrain soit dans un laboratoire de diagnostic (par le biais des prélèvements soumis pour le diagnostic), ils devraient inclure la FVR dans léventail de leurs possibilités de diagnostic différentiel et agir en conséquence. Les gens doivent être formés sur les étapes à suivre pour sécuriser un diagnostic de confirmation, y compris sur la collecte et le transport des prélèvements pour le diagnostic, et sur les actions immédiates de lutte contre la maladie à entreprendre sur un site de foyer de la maladie. Une formation plus spécialisée sera nécessaire pour le personnel des équipes spécialistes du diagnostic (voir ci-après).
Un certain nombre de possibilités de formation peuvent être choisies, si elles conviennent:
envoyer le personnel clé de terrain ou de laboratoire dans un autre pays pour acquérir une expérience personnelle lorsquun foyer de FVR sy déclare, ou utiliser toute autre opportunité pour que le personnel de terrain et de laboratoire puisse profiter de lexpérience des pays engagés dans le processus de contrôle dun foyer (par exemple en participant à des ateliers);
des opportunités de formation internationale se présentent de temps en temps. Plusieurs pays ayant un accès à des installations à haute sécurité microbiologique de laboratoire et pour les animaux proposent des cours de formation dans lesquels les maladies exotiques peuvent être démontrées par une infection expérimentale despèces de bétail vulnérables. Le personnel de laboratoire peut être formé dans des laboratoires de référence régionaux ou internationaux; des programmes de formation sont également organisés occasionnellement par des organisations internationales;
des ateliers nationaux de formation sur les maladies à caractère durgence, qui devraient constituer le pilier de la formation et cibler les responsables vétérinaires gouvernementaux de terrain et de laboratoire, les vétérinaires de santé publique et de quarantaine, et les vétérinaires privés. Idéalement, ces ateliers devraient regrouper des représentants des pays voisins et devraient filtrer les informations jusquaux exploitants, par le moyen dateliers organisés par ceux qui ont été formés;
des manuels de diagnostic de terrain, qui sont des plus utiles sils sont préparés dans un format simple, pratique et graphique, pouvant toujours être transportés dans un véhicule et disponibles pour une consultation rapide sur le lieu dun foyer de la maladie.
Ces programmes font partie des aspects les plus essentiels, mais parfois négligés, de la planification de la préparation aux maladies à caractère durgence. Ils sont nécessaires pour encourager «lappropriation » et le soutien des campagnes de lutte/éradication des maladies à caractère durgence de la part des éleveurs et autres intervenants clés. Ils induisent également une approche participative de la planification et de la mise en uvre des programmes de lutte contre la maladie, pour compléter lapproche directive plus traditionnelle adoptée par les gouvernements.
Commerce de bétail entre la corne de lAfrique et la péninsule arabique (port de Berbera, nord de la Somalie)
MARC BLEICH
Les stratégies de communication devraient viser à faire prendre conscience aux parties prenantes de la nature et des conséquences potentielles de la FVR et dautres maladies importantes du bétail, ainsi que des avantages à tirer de la prévention et de la lutte/ éradication. En outre, ces stratégies devraient toujours comporter le ralliement de la communauté à la cause commune de la prévention et de la lutte contre une épidémie de maladie, débouchant idéalement sur des groupements de défense sanitaire des exploitants et des organisations déleveurs.
Un des messages importants à transmettre est quil est essentiel dinformer le responsable gouvernemental de santé animale le plus proche et de demander son aide aussitôt quun foyer inhabituel de la maladie est observé. La manière de procéder doit être expliquée avec soin. Les campagnes de publicité ne devraient pas seulement être orientées vers les exploitants mais aussi vers les autorités locales et les négociants de bétail.
Les négociants de bétail constituent un groupe cible important pour les campagnes de sensibilisation du public, et ils sont souvent occultés. Le déplacement des animaux effectué par les négociants de bétail est souvent le facteur épidémiologique clé dans lexpansion des maladies épidémiques contagieuses du bétail. La nécessité dinstaurer un climat de confiance entre les responsables de santé animale et les négociants de bétail est de la même importance que celui mentionné pour les exploitants, et les thèmes généraux de sensibilisation sur les maladies à caractère durgence doivent être similaires. Il faut insister sur limportance de «bien faire», comme se procurer des animaux des zones indemnes de maladie si possible; ne pas acheter de bétail malade; et suivre les règles de quarantaine, vaccination, tests ou identification des animaux. Les conséquences potentielles de lexistence dune maladie pour le commerce interne et international doivent être soulignées.
Il est recommandé quune équipe spécialiste denquête sur les maladies à caractère durgence ou de diagnostic de FVR soit nommée dans un pays de telle sorte quelle puisse être mobilisée lorsquun foyer suspect de la maladie est signalé sur le terrain. Ces dispositifs devraient être établis préalablement à toute urgence. Les membres doivent être disponibles et équipés pour se rendre rapidement vers le site dun foyer. Ils doivent être munis de tout léquipement nécessaire pour une enquête préliminaire de la maladie et pour la collecte et le transport des prélèvements pour le diagnostic.
La composition de léquipe de diagnostic variera selon les circonstances, mais elle pourrait inclure:
un virologiste et/ou un pathologiste vétérinaire du laboratoire de diagnostic vétérinaire central ou régional;
un épidémiologiste spécialiste, de préférence avec une expérience personnelle ou une formation en matière de FVR;
un vétérinaire avec une expérience très vaste des maladies endémiques chez les espèces sensibles de bétail; et
un entomologiste spécialiste.
Idéalement, une équipe de diagnostic conjointe de spécialistes médicaux et vétérinaires devrait être mobilisée dans toute situation de foyer. Léquipe se rendrait auprès du site dun foyer avec le personnel vétérinaire local sur requête du chef des services vétérinaires (CVO) - et se verrait fournir les moyens de transport pour ce faire. Elle devrait procéder aux examens cliniques, rassembler des éléments et mener les enquêtes épidémiologiques et entomologiques préliminaires. Elle devrait opérer une série de prélèvements spécifiques pour le diagnostic de la FVR et pour toute maladie endémique ou exotique qui pourrait être incluse dans le diagnostic différentiel, et les rapporter au laboratoire.
Léquipe doit également être en mesure dentreprendre toute action immédiate nécessaire de lutte contre la maladie sur le site du foyer et lautorité nécessaire pour ce faire doit lui être conférée; elle doit être habilitée à donner toute instruction immédiate aux responsables locaux de santé animale.
Léquipe doit immédiatement rendre compte au responsable vétérinaire dEtat/provincial/régional et au CVO de son appréciation du foyer de la maladie. Elle doit signaler les actions entreprises pour sécuriser un diagnostic de confirmation et donner des conseils sur les stratégies futures de lutte contre la maladie, y compris déclarer des zones infectées et de surveillance. Elle peut également donner des conseils sur toutes les mesures nécessaires pour améliorer le dépistage des maladies depuis la zone du foyer et sur lopportunité détablir un centre local de lutte contre la maladie.
Le diagnostic rapide et certain des maladies peut être assuré uniquement dans des laboratoires entièrement équipés, avec une série de réactifs de diagnostic standardisés, un personnel expérimenté et un débit suffisant de prélèvements de diagnostic pour valider leur expertise. Les installations relativement simples requises pour tester les sérums par ELISA sont une possibilité réaliste pour la plupart des pays disposant dinstallations P-2. Par ailleurs, le développement dune expertise de diagnostic en maladies exotiques pour les tests, qui requièrent la manipulation du virus vivant de la FVR (par exemple des tests SN), ne devrait être tenté que dans des laboratoires avec les équipements de biosécurité appropriés (P-3/P-4).
Il ne serait donc pas praticable et excessivement coûteux pour la plupart des pays de maintenir un laboratoire de diagnostic vétérinaire national ayant la pleine capacité deffectuer un diagnostic de confirmation pour toutes les maladies transfrontalières et à caractère durgence, dont beaucoup seront exotiques. Cependant, il faut sattendre à ce que tous les pays disposant de populations de bétail significatives aient un laboratoire de diagnostic vétérinaire. Celui-ci doit être équipé et compétent pour entreprendre une large gamme de techniques standard en pathologie, virologie, bactériologie et sérologie à un niveau où lidentification préliminaire des agents étiologiques pour la plupart, si ce nest toutes, des maladies du bétail à caractère durgence, peut être tentée. Si la FVR est considérée comme une menace importante, il faudrait envisager de développer des moyens pour certains tests-clés de diagnostic primaire pour lantigène de la FVR (tissu formolé et immuno-histochimie, ou PCR) et la détection des anticorps (tests ELISA).
Les récipients pour le transport des prélèvements devraient être conservés dans les laboratoires vétérinaires aux niveaux à la fois central et étatique ou provincial, et être facilement mis à disposition des responsables vétérinaires de terrain et des équipes spécialistes du diagnostic. Les récipients devraient idéalement consister en des bouteilles universelles de verre antifuites primaires avec un bouchon en métal qui se visse et une rondelle en caoutchouc, ou des bocaux en plastique de bonne qualité avec un bouchon qui se visse. Ceux-ci sont ensuite emballés dans un récipient secondaire antifuites (par exemple une boîte de peinture en acier ou une boîte réfrigérante en plastique ou en mousse de polystyrène extrudé StyrofoamTM) avec un matériau absorbant et un emballage de glace, à son tour placé dans un conteneur externe robuste bien étiqueté. Des notes de conseils sur le prélèvement devraient également être fournies.
Il existe un réseau mondial de laboratoires et de centres collaborateurs de référence FAO et OIE pour la FVR, disponibles pour fournir aux pays des conseils et une assistance. Leurs noms, coordonnées complètes et zones géographiques de compétence figurent à lAnnexe 1.
Comme composante de la planification dintervention contre la FVR, les pays devraient établir des contacts et un dialogue avec les laboratoires et centres collaborateurs de référence appropriés. Les pays devraient déterminer la nature et la gamme des prélèvements pour le diagnostic ou agents isolés à envoyer pour un diagnostic de confirmation ou une caractérisation approfondie. Les moyens spécifiques de transport, les méthodes demballage et de réfrigération, létiquetage des emballages (y compris ladresse correcte et toute déclaration nécessaire auprès des douanes ou de lAssociation du transport aérien international [IATA]) devraient tous être précisés. Cette information devrait être répertoriée dans les plans des pays.
Les agents étiologiques potentiels ou confirmés issus des foyers de maladie à caractère durgence doivent être envoyés au laboratoire international de référence approprié pour une caractérisation plus poussée. Il est recommandé que plusieurs isolats de différents lieux géographiques et pris à différentes phases du foyer soient transmis. La présentation déchantillons dans tout laboratoire en dehors du pays dorigine devrait toujours faire lobjet dun accord préalable avec le destinataire et le transport devrait seffectuer dans des récipients conformément aux normes IATA.
Les laboratoires et les centres collaborateurs de référence peuvent offrir, par exemple, des opportunités de formation et des conseils spécialisés sur la planification et les réactifs standardisés de diagnostic.
Les trois conditions essentielles pour quune épidémie se déclare sont une population de bétail sensible, une augmentation massive des populations de moustiques vecteurs et la présence dun virus. En supposant la présence permanente, ou du moins limportante proximité du virus dans des régions où la maladie sest manifestée auparavant, les deux premiers facteurs deviennent la clé de la prévision précoce dun flambée probable de FVR.
Les travaux antérieurs sur la prévision étaient centrés sur un site détude au Kenya, où il a été constaté que les données réelles de terrain sur lactivité du virus de la FVR sur une période de 40 années correspondaient à la valeur positive dune statistique basée sur le nombre des jours de pluie et la quantité des précipitations. La valeur moyenne mobile sur trois mois a formé une pointe positive lorsque lactivité du virus de la FVR sest déclarée, et elle était fonction de précipitations persistantes cumulées, plutôt que de fortes précipitations sur une courte période. Les données étaient basées sur les donnés longitudinales de précipitations produites et enregistrées selon lancienne méthode. Les caractéristiques de la zone de convergence intertropicale (ZCIT) étaient également importantes comme déterminant des conditions prévalant et propices à lactivité du virus de la FVR. Ces données ont permis une prévision des foyers de FVR, avec une période de quatre à dix semaines pendant laquelle les vaccinations pouvaient être effectuées avant que des cas ne se déclarent.
Des études plus sophistiquées ont été possibles lorsque les données par satellite de télédétection (RSSD) sont devenues disponibles. Ces données ont permis un suivi national et régional des précipitations et des conditions climatiques et de leurs effets sur lenvironnement. Les mesures de durée dennuagement par des nuages à sommets froids (CCD) sont étroitement corrélées aux précipitations et ont remplacé la laborieuse collecte quotidienne de données sur les précipitations de plusieurs stations. Les conditions climatiques sont régionales en Afrique orientale et dans la corne de lAfrique, et peuvent être étudiées sur cette base. Lanalyse détaillée a été faite avec des données sur lisolement du virus sur une période de 25 ans et avec lindice de végétation normalisé par différence (NDVI) pour les zones détude. Les données de NDVI sont dérivées denquêtes mesurant la relative «coloration verte» et «coloration brune» de la végétation. Lorsque la nappe deau monte jusquau point où une inondation peut se produire, le ratio approche 0,43 à 0,45. Ce point a été atteint lors de chacune des périodes épizootiques dans la période étudiée.
Zone favorable à la reproduction des moustiques dans la région dAfar en Ethiopie
VINCENT MARTIN
Suivi dun troupeau sentinelle assuré par un agent de terrain en Mauritanie
FABIEN SCHNEEGANS
Des études rétrospectives plus récentes utilisant les mêmes données réelles de terrain ont inclus les températures de surface océanique (SST) pour les océans Indien et Pacifique. Lorsque celles-ci étaient combinées aux données NDVI, elles approchaient les 100 pour cent dexactitude dans la prévision des périodes dactivité du virus de la FVR pendant la période détude. La période préépizootique de prévision est de deux à cinq mois avant que lactivité épizootique du virus ne se déclare.
De nouvelles statistiques ont été dérivées des données satellite, appelées BERMS. Ces systèmes mesurent les précipitations dans les aires de sédimentation des systèmes de rivières/oueds et sont basés sur des cartes numériques des réseaux de cuvettes et de rivières. Ils peuvent prédire les périodes pendant lesquelles des inondations peuvent se produire, ce qui est particulièrement précieux pour les zones de plaines dinondation dans les pays de la corne de lAfrique et de la péninsule arabique. Des données antérieures considèrent que les BERMS peuvent être en mesure de prédire lactivité du virus cinq mois avant son déclenchement. Les avantages des RSSD pour lépidémiologie de prédiction de FVR se situent dans les coûts relativement bas des systèmes utilisés pour lanalyse. Ceux-ci sont rapidement disponibles aux niveaux national et régional et laissent du temps pour des mesures préventives telles que la vaccination des troupeaux vulnérables et les méthodes de lutte contre les larves de moustiques, lorsque cela est possible. Il existe dimportants sites de reproduction des moustiques dans les eaux dinondation dans les zones sahéliennes de lAfrique occidentale, qui se prêtent à une lutte par larvicides. Les zones de plaines dinondation dans la corne de lAfrique ne permettent pas de telles méthodes de lutte.
Les organismes internationaux sont les mieux placés pour analyser les données satellite et autres, et pour signaler aux pays à risque une alerte précoce sur les conditions météorologiques probables favorables à une activité accrue de la FVR. La FAO, par le biais du Système mondial dinformation et dalerte rapide sur lalimentation et lagriculture (SMIAR) et du Programme EMPRES/ Elevage, jouera un rôle central dans la production de ces données sur une base continue, fournissant ainsi un service dalerte/ évaluation des risques précoce.
Il faut rappeler que peu de travail a été accompli dans dautres parties dAfrique pour valider les systèmes RSSD parce que les données réelles de terrain nont pas été mises à disposition et que plusieurs années de travail acharné sont nécessaires pour produire de telles données. Des foyers récents en Somalie et dans le nordest du Kenya en 1997-1998 ont montré rétrospectivement que les foyers dactivité du virus de la FVR dans ces pays peuvent être mis en corrélation avec des valeurs élevées de NDVI.
Les activités doivent être orientées vers une surveillance active de la maladie afin de mettre au point des informations de base sur les schémas de transmission interépidémique du virus, les zones à risque et lalerte précoce de toute activité accrue du virus ou accroissement des populations de moustiques vecteurs. Cette surveillance devrait être accomplie par la biais de visites régulières sur le terrain et des contacts avec les éleveurs de bétail et les communautés, et devrait prévoir des enquêtes sérologiques périodiques et des techniques épidémiologiques participatives conçues dans ce but et géographiquement représentatives. La détection de lactivité du virus de la FVR par sérologie est habituellement trop tardive pour être dune quelconque utilité dans la lutte contre la maladie.
Les troupeaux sentinelles sont dimportants moyens dobtenir des informations épidémiologiques de base sur la FVR. Il sagit de troupeaux de petits ruminants situés dans des zones géographiques représentatives. Les lieux où lactivité des moustiques est probablement la plus importante, par exemple près des rivières, des marécages et des barrages, devraient être sélectionnés.
Des dispositions devraient être prises avec les propriétaires pour assurer que les animaux sentinelles soient disponibles pour une inspection et un échantillonnage réguliers, et que les animaux soient identifiés de manière permanente par le biais du marquage des oreilles. Des dispositions devraient également être prises de telle sorte que toute maladie dans les troupeaux puisse être signalée et analysée rapidement. Des échantillons de sérum devraient être prélevés à intervalles réguliers sur 20 à 30 jeunes ruminants adultes de petite taille dans les troupeaux et testés pour les anticorps IgM et IgG contre la FVR. Dune manière générale, les troupeaux sentinelles devraient être prélevés deux à quatre fois par an, en particulier pendant et aussitôt après les saisons des pluies.