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4 RÉPERCUSSIONS SUR LA SÉCURITE ALIMENTAIRE


4.1 Aspects de la sécurité alimentaire

Au Zimbabwe, la sécurité alimentaire, exprimée par la disponibilité de maïs (produit alimentaire de base) reste une question essentielle du fait de l’accroissement du phénomène de la faim, provoqué par la sécheresse. Pendant un certain temps, les importations de produits agricoles vivriers ont représenté une partie importante des échanges commerciaux. La situation de la sécurité alimentaire a été gravement menacée par la production accrue de cultures commerciales qui sont devenues plus rentables du fait de l’Accord sur l’agriculture. La baisse des recettes des cultures vivrières, a conduit les agriculteurs à intensifier les cultures commerciales non alimentaires, qui sont normalement cultivées dans les grandes exploitations. Les petits agriculteurs ont opté pour les cultures vivrières de subsistance et ils écoulent les excédents. En tant que telle, la superficie affectée aux cultures alimentaires a progressé, mais dans une moindre mesure que pour les cultures commerciales. (Mangoyana et Meda, 2001).

L’offre de céréales au Zimbabwe, dépend en grande partie de la production interne, surtout lorsque le régime des pluies est irrégulier. La figure 10 montre que les hausses soudaines d’importations de céréales, ont eu lieu en 1992-1993, du fait de la sécheresse. Dans le cas du Zimbabwe, la hausse des importations, au cours du Cycle d’Uruguay, peut être attribué aux mesures prises par les pouvoirs publics (en réponse aux pénuries alimentaires) et non à un engagement vis-à-vis de l’OMC.

Figure 10. Part de la production et des importations dans les disponibilités en céréales, au Zimbabwe

Source: FAO

4.2 Évolution de la pauvreté et de la sous-alimentation

Au Zimbabwe, les politiques agricoles postérieures à l’indépendance (1980) ont été axées sur l’obtention d’un niveau élevé de sécurité alimentaire, par le biais de la production, tout en améliorant les conditions de vie des populations rurales, longtemps marginalisées. Les pouvoirs publics ont stimulé la production agricole par des politiques et des mesures directes relatives aux terres, à l’eau, aux infrastructures, au crédit et à la technologie. Ces mesures concernent le développement de l’irrigation, le soutien des intrants, les fournitures nécessaires aux labours, l’octroi de crédits et le renforcement de la recherche. Elles ont aussi créé des points de dépôts et de ramassage, et fixé des prix garantis et des marchés. Les stimulations indirectes, sous la forme de subventions et de politiques des revenus, ont été employées pour stimuler la production et la demande. Au cours de la même période, l’insécurité alimentaire, tant au niveau des ménages que du pays a reculé.

Avec l’introduction du Programme économique d’ajustement structurel et la mise en place des Accords du Cycle d’Uruguay, on a assisté à une modification des politiques de sécurité alimentaire. La réduction de la portée des opérations par l’Office de commercialisation des céréales et la fermeture de plusieurs points de ramassage est envisagée. Il convient aussi de noter que la libéralisation a entraîné un accroissement chronique insoutenable du prix des aliments, au cours du Programme économique d’ajustement structurel (1991-1996). En 1995, les autorités ont fixé le plafond (936 000 tonnes) et le plancher (500 000 tonnes) des stocks de maïs.

Des études ont démontré que l’insécurité alimentaire des ménages s’est détériorée au cours de la libéralisation. Dans l’ensemble, le Zimbabwe est considéré comme un pays dans lequel la sécurité alimentaire est assurée pour les besoins nationaux, mais la faim existe encore dans les ménages puisque 30 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique (SAPRI, 2001). La consommation énergétique moyenne a baissé de 2 233 kcal par habitant/jour en 1980 à 2 000 kcal par habitant/jour en 1993. La situation devrait encore se détériorer d’ici 2010 (FAO, 1997 Meda et Mangoyana). Au cours de la période 1970-1997, l’apport énergétique quotidien a reculé de 2 225 kcal (niveau supérieur à la moyenne de la SADC qui était de 2 173 kcal en 1970) à 2 145 kcal en 1997 (au-dessous de la moyenne de la SADC de 2 224 kcal), soit un recul de 14 pour cent. En outre, l’apport quotidien par habitant de matières grasses n’a progressé que de 6,8 pour cent pour au Zimbabwe, contre une moyenne régionale de 16,9 pour cent, ce qui indique un accroissement de l’insécurité alimentaire dans le pays, au fil des ans (Rapport sur le développement humain de la SADC, 2000). Actuellement, l’insécurité alimentaire dans le pays est très forte dans les couches les plus démunies de la population dans les villes et dans de nombreux ménages des zones méridionales et orientales du pays. L’aide alimentaire bilatérale devrait être prise en considération pour couvrir une partie des besoins d’importation, selon le Rapport de la veille mondiale de la FAO (2001). Les rapports tendus entre les autorités du Zimbabwe et les donneurs potentiels sont encore plus préoccupantes.

De ce fait, les pouvoirs publics ont eu recours à des politiques d’intervention, pour parvenir à la sécurité alimentaire. Par exemple le Règlement 350 (1993) pris au titre du Control of Goods Act, exige un permis pour l’importation et l’exportation de céréales. Ces contrôles des importations et des exportations ont été imposés et supprimés à plusieurs reprises. Les contrôles sur les importations de blé ont été levés en 1996, ceux sur les exportations en 1997. La pénurie actuelle de céréales a obligé les pouvoirs publics à renoncer aux exportations de céréales et à en renforcer les importations.

En vue d’accroître la sécurité alimentaire, le Ministère de l’agriculture a mis en place des incitations, dans le cadre d’un programme de crédits pour les intrants, afin d’aider les petits agriculteurs, au début de l’an 2000. Il a également entrepris de modifier les prix à la production. Ces mesures devraient faire progresser la production d’environ 2,5 millions de tonnes, au cours de la prochaine campagne pour parvenir ensuite à 3,1 millions de tonnes par an. Cela devrait permettre de couvrir entièrement les besoins nationaux de maïs, de maintenir une réserve stratégique, et de développer les exportations. Toutefois, pour l’instant, le pays doit faire face à une pénurie de céréales généralisée, due à une mauvaise gestion des céréales par les autorités.


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