Page précédente Table des matières Page suivante


CHAPITRE 2 Les pays exportateurs de bananes


2.1 Introduction

Dans les contrées tropicales, les bananes figurent au nombre des denrées de base primordiales et leur production pour la vente sur les marchés locaux constitue, avec l'industrie laitière et l'horticulture, l'une des rares activités qui procurent un revenu annuel régulier aux ménages. La plupart des bananes sont cultivées pour les marchés locaux ou l'autoconsommation, et seule une fraction de la production totale est destinée à la vente sur le marché mondial[13]. La production de bananes pour l'exportation ou l'autoconsommation procèdent de techniques si différentes que les analystes préfèrent les considérer comme deux activités économiques distinctes. La production destinée à la consommation domestique ou aux marchés locaux est une production à petite échelle, qui n'utilise que peu d'intrants agricoles et qui nécessite beaucoup de main d'œuvre. Les coûts de production sont bas et comparables à ceux des autres denrées de base principales comme la patate douce, le riz, le maïs et l'igname[14]. La production tournée vers les marchés d'exportation s'appuie sur une utilisation intensive d'intrants agricoles et des technologies sophistiquées. Même au sein de la production bananière destinée à l'exportation, les technologies peuvent varier considérablement; par exemple, le rendement au sol dans de vastes bananeraies à vocation commerciale peut être jusqu'à 6 fois plus élevé que celui obtenu dans une exploitation à petite échelle (900 caisses par hectares chez des petits producteurs équatoriens contre 5 400 aux îles Canaries). Ce chapitre décrit l'évolution des systèmes de production de bananes destinées à l'exportation depuis le milieu des années 80, et présente leur perspective de production à moyen terme.

2.2 Équateur

L'Équateur est le principal exportateur de bananes dans le monde et sa part du commerce mondial des bananes est en progression. Ses exportations ont augmenté: d'un million de tonnes en 1985, elles sont passées à 3,6 millions de tonnes en 2000, ce qui équivaut à un taux annuel moyen d'environ 9 pour cent - soit le taux le plus élevé des cinq premiers pays exportateurs. Cette croissance s'est appuyée principalement sur une expansion de la superficie cultivée et, dans une moindre mesure, a été soutenue par une augmentation du rendement au sol (figure 16). Dans les années 70 et 80, quelques 18 pour cent des bananes vendues dans le monde étaient originaires d'Équateur; dans les années 90, cette part est passée à 30 pour cent. Il est estimé que la production et le commerce de bananes en Équateur procurent un emploi direct à 380 000 personnes.

Figure 16 - Équateur: exportations de bananes, surfaces cultivées et rendement 1985-2001

Source: FAOSTAT

Figure 16 - Équateur: exportations de bananes, surfaces cultivées et rendement 1985-2001

Source: FAOSTAT

Comparée à celle d'autres pays d'Amérique latine exportateurs de bananes, la production bananière équatorienne se fait à relativement petite échelle. Elle est y effectuée par des sociétés nationales, tandis que les sociétés bananières transnationales ne maîtrisent qu'une petite part de la production (moins de un pour cent). Un recensement réalisé par le Ministère de l'agriculture et de l'élevage d'Équateur en 2000 a révélé que presque 90 pour cent des 150 000 hectares de culture bananière enregistrés appartiennent à des petites et moyennes exploitations, d'une superficie comprise entre 10 et 50 hectares. Le recensement a dénombré au total 5 000 producteurs de bananes enregistrés dans le pays, et il a estimé la taille moyenne des exploitations à 30 hectares[15] (tableau 7). La production se concentre dans les provinces littorales d'El Oro et Guayas, et dans celle de Los Rios. A elles trois, ces provinces centralisent plus de 90 pour cent de la superficie des plantations bananières et 63 pour cent des cultivateurs de bananes[16].

Tableau 7 - Équateur: Part de la superficie plantée par taille d'exploitation

Taille de l'exploitation
(ha)

Nombre d'exploitations

Part de l'ensemble de
la superficie plantée (%)

1 - 30

3 956

80

31 - 50

480

10

51 - 100

366

7

> 100

139

3

Source: Programa Nacional del Banano et Proyecto SICA-BIRF/MAG-Equateur

La production de bananes en Équateur procède de divers systèmes. Quelques plantations sont dotées de réseaux d'irrigation et de drainage, elles sont équipées de câbles de traction et leurs besoins en main d'œuvre se résument à un ouvrier par hectare. D'autres sont des cultures pluviales, qui utilisent peu d'intrants agricoles; leurs systèmes de drainage sont inopérants, leurs installations pour le traitement des fruits sont rudimentaires, et ces plantations peuvent employer jusqu'à cinq ouvriers par hectare. La productivité des terres et du travail varie donc considérablement: elle peut aller de 1 000 caisses par hectare dans une plantation traditionnelle jusqu'à 3 000 caisses par hectare dans des plantations modernes. On s'attend à ce que la diffusion récente d'innovations technologiques dans les petites et moyennes plantations creuse davantage l'écart dans la productivité au sol entre ces deux niveaux technologiques. Au cours des années 90[17], la diffusion des pompes à eau pour l'irrigation au goutte à goutte, du matériel et des installations dévolus à l'emballage, des systèmes de drainage et des câbles de traction s'est étendue de 24 pour cent à 71 pour cent de l'ensemble de la surface plantée. En 2000-2001, le rendement moyen au sol en Équateur était de 1 800 caisses par hectare, contre 2 600 caisses/ha au Costa Rica, et 1 200 caisses/ha au Honduras.

On pourrait considérer le marché équatorien des bananes d'exportation comme une monopsone, par laquelle un petit nombre d'intermédiaires s'approvisionnent en fruits destinés à l'exportation auprès d'un grand nombre de petites exploitations faiblement organisées. Le gouvernement fixe un prix plancher minimum payé au producteur, mais celui-ci n'est pas toujours respecté (voir tableau 8). Les prix sont négociés différemment selon la qualité de l'acheteur, selon qu'il s'agit d'une compagnie bananière transnationale, d'un grand, ou d'un petit exportateur national.

En premier lieu, les compagnies bananières transnationales, à l'instar de quelques grands producteurs nationaux, ont généralement des accords contractuels avec les exploitants. Les contrats spécifient la technique de production, la périodicité des livraisons et le prix par caisse. Les fruits produits sont de qualité supérieure et destinés principalement aux marchés à hauts revenus d'Amérique du Nord et d'Europe, qui absorbent plus de 70 pour cent de toutes les exportations de bananes équatoriennes.

En second lieu, les grands exportateurs nationaux possèdent généralement des plantations, mais leur commerce s'approvisionne en majeure partie auprès de producteurs indépendants. Ils sont moins exigeants sur la qualité des bananes que les compagnies transnationales et ont pour marché traditionnel l'Europe de l'Est.

Enfin, un certain nombre de petites sociétés exportatrices achètent aux producteurs indépendants le second choix des fruits de qualité supérieure des compagnies bananières transnationales et des grands exportateurs nationaux, pour les vendre aux pays d'Amérique latine, dont le Chili, l'Argentine et l'Uruguay, où opèrent également des exportateurs de plus grande envergure[18]. Ces petites sociétés ont aussi, au cours des dernières années, pénétré avec succès les marchés de l'Europe de l'Est et des pays méditerranéens.

Tableau 8 - Équateur: prix officiel minimum recommandé pour les bananes

Date

Prix officiel minimum
(dollars EU/caisse)

Décembre 1996

4,20

Juillet 1997

3,30

Janvier 1998

4,25

Janvier1999

4,35

Mars 1999

3,55

Juin 1999

2,60

Novembre1999

2,20

Janvier 2000

2,85

Mars 2000

2,45

Avril 2000

2,18

Janvier 2001

2,90

Octobre 2002

3,00

Janvier 2003

3,20

Source: SICA

Figure 17 - Équateur: prix minimum officiel et prix réel des bananes Janvier 2001 - Juillet 2003

Source: SONICONTI S.A.

Au cours des vingt dernières années, l'Équateur a augmenté ses volumes d'exportation vers tous ses marchés. La part des exportations vers les acheteurs traditionnels comme les États-Unis et l'Europe s'est contractée, au détriment des économies en transition d'Europe de l'Est et d'Asie. Le régime d'importation sous licence de la Communauté européenne instauré après 1993 a joué un rôle dans ce déplacement des échanges, comme on le verra expliqué au Chapitre 3. En dépit de ces changements, l'Amérique du Nord et la Communauté européenne demeurent les deux principaux marchés d'exportation (tableau 9).

Tableau 9 - Équateur: moyenne des exportations de bananes par destination (en tonnes et pourcentage)

Période

1988-1990

%

1998-2000

%

États-Unis

916 379

55

1 075 184

32

Canada

149 388

9

136 235

4

Communauté européenne

343 771

21

645 510

19

Autres pays d'Europe ø

955

0

171 202

5

Europe de l'Est

1 428

0

81 604

2

Ex-URSS

17 703

1

394 244

11

Amérique du Sud

80 887

5

428 640

13

Moyen-Orient

45 315

3

125 077

4

Japon

93 501

6

188 708

6

Autres pays d'Asie, Chine incl.

7 959

0

163 561

5

Total

1 657 286

100

3 409 965

100

Y Suisse, Islande, Malte et Norvège
Source: FAO

L'accroissement des exportations au cours des années 90, en dépit de leur faible valeur unitaire, indique qu'en Équateur, la production de bananes d'exportation est une activité compétitive. Cependant, un plan stratégique mis en place par la Corporation équatorienne pour la promotion des exportations et des investissements (CORPEI) a identifié, dans le secteur de la banane équatorienne, plusieurs goulets d'étranglement qui seraient susceptibles d'entraver son futur développement: la pauvreté des infrastructures du pays, la complexité de son système juridique, la méconnaissance de l'impact des systèmes actuels de production sur l'environnement et une main d'œuvre peu qualifiée. Ce plan stratégique coïncide avec la publication d'un rapport de l'association humanitaire Human Rights Watch[19], qui affirme que les droits fondamentaux du travail ne sont pas reconnus dans les plantations bananières équatoriennes. Ce rapport indique que les ouvriers agricoles y perçoivent les plus bas salaires de tous les pays exportateurs de bananes de l'Amérique latine, que les femmes y sont victimes de discrimination, et que le travail des enfants y est fréquent. D'après une étude réalisée en 2000 par l'association américaine US/LEAP (U.S. Labour Education in the Americas Project), le salaire mensuel moyen d'un ouvrier dans une plantation bananière équatorienne était de 56 dollars EU, contre 500 dollars EU au Panama, 200 à 300 dollars EU en Colombie et 150 à 200 dollars EU au Honduras (Galarza, cité par Perillo 2000).

Néanmoins, les perspectives semblent favorables à la production bananière équatorienne. Premièrement, la récente ouverture d'un nouveau terminal de chargement par Dole (Bananapuerto, en 1999), et l'amélioration des terminaux d'exploitation à Puerto Bolivar indiquent que la capacité d'exportation du pays est en progression. Deuxièmement, la superficie cultivée dévolue aux bananes d'exportation s'est accrue de 2,6 pour cent par an au cours des années 90, en dépit du déclin des valeurs unitaires d'exportation qui ont enregistré, elles, un recul de 4 pour cent par an. Selon les prévisions de la FAO, les prix du marché mondial pourraient poursuivre leur repli au cours de la décennie actuelle, mais à un moindre taux (1,5 pour cent par an environ) en comparaison des décennies précédentes, ce qui laisserait suggérer que la superficie des cultures bananières ne diminuerait pas à moyen terme[20]. Troisièmement, la productivité de la main-d'œuvre et la taille des plantations sont moins élevées en Équateur que dans les autres pays voisins exportateurs de bananes, ce qui suggère qu'il existe un potentiel pour des gains de productivité à partir d'économies d'échelle[21].

Enfin, la productivité au sol des cultures de bananes d'exportation a crû d'environ 4 pour cent par an au cours des années 90, et cette croissance pourrait se poursuivre au cours de l'actuelle décennie si l'on parvient à contrôler efficacement la maladie fongique provoquée par la cercosporiose noire. La cercosporiose noire (Mycosphaerella fijiensis Morelet, voir au Chapitre 4) est arrivée en Équateur 1987 et d'après certains rapports, elle infestait en 2000 plus de 20 pour cent de la superficie des cultures bananières dans la province d'El Oro.

2.3 Costa Rica

Avec des exportations de bananes estimées à deux millions de tonnes en 2000, le Costa Rica se place au second rang des principaux pays exportateurs, après l'Équateur. Les bananes constituent la principale exportation agricole de ce pays, suivie à une certaine distance par les ananas et le café. Les bananes sont produites dans des plantations relativement vastes par des producteurs indépendants et des compagnies multinationales, qui contrôlent environ 50 pour cent la superficie des cultures bananières.

Figure 18 - Costa Rica: exportations de bananes, superficie cultivée et rendements 1985-2001

Source: FAOSTAT

Figure 18 - Costa Rica: exportations de bananes, superficie cultivée et rendements 1985-2001

Source: FAOSTAT

La superficie des plantations et la production de bananes ont enregistré une croissance notable entre 1985 et 1995. La production a augmenté de 8 pour cent par an, et la superficie s'est accrue au taux légèrement supérieur de 11 pour cent. Cette croissance a résulté d'un important programme de réhabilitation et d'extension (Ley de Fomento Bananero), mis en œuvre au début des années 90: entre 1990 et 1993, tant la superficie dévolue à la culture bananière que l'emploi dans ce secteur ont doublé. Mais la production, elle, n'a pas doublé, et la productivité a enregistré un recul[22]. Elle s'est ensuite reprise de 1993 à 1998, retrouvant des niveaux proches de ceux obtenus à la fin des années 80. Néanmoins, depuis la fin des années 90, production et productivité ont stagné car les prix en baisse de la banane et les attaques de cercosporiose noire n'ont guère encouragé une utilisation massive d'intrants ou une extension de la superficie cultivée (tableaux 2.4 et 2.5). En dépit d'une décennie marquée par différentes phases de recul et de stagnation, la productivité du Costa Rica demeure la plus élevée de tous les pays latino-américains.

Tableau 10 - Costa Rica: Productivité du sol et de la main d'œuvre dans le secteur bananier 1990 et 2000


1988-1990

1998-2000

Superficie récoltée (ha)†

26 238

47 959

Emploi Y

18 800

33 800

Production (milliers de tonnes)†

1 471 353

2 390 000

Rendement au sol (caisse/ha)

3 092

2 749

Rendement au sol (caisse/ha) ‡

2 700

2 240

Productivité de la main d'œuvre (milliers de tonnes/ouvrier)

78

72

† FAOSTAT; ‡ Ministerio de Agricultura y Ganadería, Secretaría Ejecutiva de Planificación Sectorial Agropecuaria (2002);
Y Calculé à partir de données de la FAO (1999)

Tableau 11 - Costa Rica: évolution de la performance technique dans les années 90

Année

Exportations
(caisses)

Superficie
(ha)

Emploi

Performance† (%)

1990

74 138

28 296

18 800

100

1991

80 854

33 400

22 400

92

1992

91 358

38 119

25 500

92

1993

101 064

49 394

33 100

78

1994

103 342

52 737

35 334

75

1995

112 089

52 166

34 900

82

1996

106 579

49 191

33 000

83

1997

101 173

49 192

34 000

79

1998

115 828

46 968

34 000

94

1999

116 494

48 887

34 000

91

2000

103 823

47 982

32 148

83

2001

95 865

44 423

29 764

82

† La performance est mesurée en tant que productivité multifactorielle par rapport à 1990
Source: Calculé à partir de données de FAOSTAT, CORBANA et Banco Central de Costa Rica

À la fin des années 90, l'industrie bananière costaricienne employait plus d'ouvriers que n'importe quel autre secteur agricole du pays. Environ 33 000 personnes travaillaient dans les exploitations et les usines d'emballage, et 63 000 autres personnes étaient, directement ou indirectement, employées dans des services complémentaires liés ce secteur. Dans sa grande majorité, cette main d'œuvre est peu qualifiée, et perçoit un salaire qui est environ du double du salaire minimum national. Les travailleurs bénéficient généralement (en plus de leur rémunération) d'avantages en nature tels que l'hébergement, l'eau, des équipements d'assainissement et l'électricité. Dans la plupart des cas, les femmes employées dans l'industrie bananière assurent une source de revenus secondaires au foyer. La FAO indique que le pourcentage de femmes employées dans l'industrie bananière est supérieur aux 29,4 pour cent de la moyenne nationale. La plupart travaillent dans des stations de conditionnement[23].

Au Costa Rica, depuis 1880, les bananes sont produites et commercialisées à l'exportation par des multinationales. On ne peut pas sous-estimer l'importance de l'industrie bananière pour le Costa Rica: d'après la Corporation Bananière Nationale (CORBANA), les bananes représentent le second revenu d'exportation du pays après le textile (si l'on exclut les industries de hautes technologies tournées vers l'exportation) et a généré en 2001 près de 500 millions de dollars de recettes d'exportation.

Tableau 12 - Costa Rica: Exportations par destination (en tonnes et pourcentage)


1990

Part (%)

2000

Part (%)

EU

576 388

43

1 071 141

57

CE

740 188

55

642 145

34

Europe de l'Est

0

0

26 667

1

Autres

28 293

2

143 391

8

Total

1 344 870


1 883 344


Source: CORBANA 2002

Les exportations de bananes du Costa Rica se sont développées à un taux de 5 pour cent par an entre 1985 et 2000[24]. À l'instar de la surface cultivée et de la production, les exportations ont enregistré une stagnation dans la seconde moitié des années 90. Les deux principaux importateurs traditionnels des bananes costariciennes sont les États-Unis et la Communauté européenne, mais depuis les années 90, les pays d'Europe de l'Est absorbent eux aussi une part de ses exportations. Les principales sociétés exportatrices sont Cobal (Chiquita), Bandeco (Del Monte) et Standard Fruit Co. (Dole). À elles trois, ces sociétés concentrent plus de 80 pour cent des exportations de bananes du pays.

Les perspectives à moyen terme sont incertaines pour les exportations de bananes costariciennes. Au cours de la présente décennie, ce pays pourrait tirer parti de ses normes environnementales strictes en matière de production pour élargir ses échanges avec les marchés à hauts revenus. Mais cela dépendra de sa capacité à réduire ses coûts de production, notamment en matière de main d'œuvre et de maîtrise de la cercosporiose noire. Or, en ce qui concerne ce dernier point, une réduction des coûts paraît peu envisageable: les experts signalent en effet que la cercosporiose noire a récemment développé une résistance aux fongicides systémiques, et qu'il va donc falloir intensifier leur utilisation[25].

2.4 Colombie

En Colombie, les bananes sont, en terme d'importance, le troisième produit agricole d'exportation après le café et les fleurs. En 2000, le pays a exporté plus de 90 pour cent de sa production de bananes Cavendish, estimée à 1,9 million de tonnes. La culture bananière occupe approximativement 60 000 hectares, soit 7 pour cent de la totalité de la superficie cultivée consacrée à la culture fruitière. Le «banano criollo», cultivé pour le marché national[26], occupe environ 16 pour cent de la superficie bananière, le restant étant consacré aux bananes d'exportation. La production est concentrée dans les départements d'Antioquia et du Madgalena[27], deux régions où sévit la guérilla. Antioquia rassemble presque 70 pour cent de la superficie des cultures bananières et produit la majeure partie des bananes plantains destinées à l'exportation. La Colombie poursuit avec succès dans les régions montagneuses la culture des bananes dessert Gros-Michel, qui sont vendues sur le marché national.

Figure 19 - Colombie: exportations de bananes, superficies cultivées et rendements 1985-2001

Source: FAOSTAT

Figure 19 - Colombie: exportations de bananes, superficies cultivées et rendements 1985-2001

Source: FAOSTAT

Tableau 13 - Colombie: production, superficie cultivée et productivité au sol 1985 - 2000

Période

Production
(tonnes)

Superficie
(ha)

Productivité
(caisses/ha)

1985-1990

1 253 580

34 452

2006

1998-2000

1 605 807

44 268

2000

Source: FAOSTAT

La superficie bananière en Colombie a progressé de façon presque linéaire entre 1982 et 1994, puis le secteur est entré dans une phase de déclin. Productivité et production, cependant, se sont comportées différemment. En 1985, les ravages de la cercosporiose ont provoqué une brusque chute de la productivité, qui n'a pas pu se ressaisir avant la fin de la décennie. Quelques gains de productivité ont été réalisés au début des années 90, grâce à une utilisation plus intensive d'intrants agricoles, et sans doute également à des économies d'échelle (ainsi que le suggère la réduction du nombre d'exploitation). Mais depuis la productivité a stagné (figure 19). Quant à la production, son évolution tout au long des années 90 a reflété les événements survenus dans le département d'Antioquia. La rupture des accords de paix a engendré un regain de violence à Urabá (Antioquia), qui a entraîné une chute de la production de 1992 à 1997. Mais au cours des années suivantes, la production s'est reprise et a dépassé les niveaux atteints en 1992. Dans le département de Magdalena, où prévalent des faibles technologies, et où les unités d'exploitation sont plus petites[28], les récoltes ont été affectées par des maladies et des mauvaises conditions météorologiques, ce qui a entraîné un lent déclin de la productivité.

Tableau 14 - Colombie: production de bananes, superficie récoltée et rendements dans les départements d'Antioquia et de Magdalena en 1992 et 2001


1992

2001


Production
(tonnes)

Superficie
(ha)

Rendement
(tonnes/ha)

Production
(tonnes)

Superficie
(ha)

Rendement
(tonnes)/ha)

Croissance
p/a (%)

Antioquia

1 089 120

27 573

39,5

1 142 463

29 927

38,1

0,34

Magdalena

540 280

13 507

40,0

457 607

13 459

33,4

-4,8

Total

1 629 400

41 043

39,7

1 600 070

43 385

36,8

-1,25

Source: Ministerio de Agricultura y Desarrollo Rural, Colombie

Depuis que la variété Cavendish a remplacé la Gros Michel au début des années 70, les exportations de bananes colombiennes n'ont cessé de croître. En 2000, les recettes d'exportation de la banane avoisinaient les 450 millions de dollars EU, soit 4 pour cent de la valeur totale des exportations du pays. Ces bananes étaient destinées à hauteur de 62 pour cent à la Communauté européenne, et à hauteur de 32 pour cent aux États-Unis, le principal partenaire commercial du pays. Comme dans le cas des exportations équatoriennes et costariciennes, les pays d'Europe de l'Est représentent une part croissante des exportations de bananes colombiennes depuis les années 90 (tableau 15).

Tableau 15 - Colombie: exportations par destination (en tonnes et pourcentage)


1988-1990

Part (%)

1998-2000

Part (%)

EU

496 976

50

653 763

41

Canada

42 074

4

106 185

7

CE

380 580

39

568 955

36

Autres pays de l'Europe occidentale

8 399

1

41 899

3

Europe de l'Est

6 455

1

85 399

5

Ex-URSS

13 447

1

75 985

5

Moyen Orient

28 709

3

34 225

2

Autres pays d'Asie

5 238

1

46 758

2

Total

981 879


1 613 169


Source: FAO

Les secteurs public et privé s'efforcent conjointement d'améliorer à la fois la compétitivité et la productivité des bananeraies colombiennes, ainsi que les conditions de vie de la population active concernée. Le secteur public prend en charge l'amélioration des infrastructures directement liées à la production et aux exportations de bananes - routes, installations portuaires et aéroportuaires incluses. Le secteur privé s'intéresse pour sa part au développement de technologies sans risque pour l'environnement, visant à restreindre l'utilisation de produits chimiques, à améliorer la gestion de l'eau et la maîtrise de l'érosion des sols[29]. Jusque-là, le programme a montré des résultats concluants à Urabá, et des efforts ont été entrepris pour l'étendre au département de Magdalena. Toutefois, dans la mesure où la production bananière est localisée dans des zones de guérilla, la situation politique demeure l'un des facteurs les plus susceptibles d'influer significativement, dans les années à venir, sur un accroissement de la production et des exportations de bananes.

2.5 Les autres pays d'Amérique latine

Au Guatemala, au Honduras et au Panama, les bananes contribuent pour une part considérable à l'économie du pays. Elles sont une importante source à la fois d'emploi et de recettes d'exportation. Cependant, au cours des 15 dernières années (1985-2000), la production cumulée de ces trois pays a stagné, de fait de plusieurs facteurs préjudiciables: mauvaises conditions météorologiques, conflits dans la filière, récoltes affectées par des maladies, accroissement des coûts de production[30] et prix des bananes en perte de vitesse. On a pu observer après 2000 une forte reprise, tant au plan de la production que des exportations, surtout au Guatemala et au Honduras, deux pays touchés fin 1998 par l'ouragan «Mitch». Les exportations ont aussi considérablement progressé en 2002, et les prévisions pour 2003 font état d'une récolte abondante.

Figure 20 - Guatemala, Honduras et Panama: production de bananes 1980 - 2002

Source: FAOSTAT

Figure 21 - Guatemala: superficie bananière et rendements 1985-2000

Source: FAOSTAT

Figure 22 - Honduras: superficie bananière et rendements 1985-2000

Source: FAOSTAT

Figure 23 - Panama: superficie bananière et rendements 1985-2000

Source: FAOSTAT

Tableau 16 - Guatemala, Honduras et Panama: recettes d'exportation des bananes en pourcentage de l'ensemble des productions agricoles exportées (en milliers de dollars EU par an et en pourcentage)



1988-1990

1998-2000

Guatemala

Bananes

70 484

164 725

Ens. des produc. agricoles

809 857

1 557 141

Part des bananes

9%

11%

Honduras

Bananes

351 370

74 137

Ens. des produc. agricoles

648 892

502 324

Part des bananes

54%

15%

Panama

Bananes

199 721

156 443

Ens. des produc. agricoles

276 220

309 689

Part des bananes

73%

51%

Le Honduras a été frappé par un ouragan de catégorie 5 (Mitch) en Octobre1998
Source: Calculé à partir de données de FAOSTAT

Tableau 17 - Guatemala, Honduras et Panama: exportations de bananes par destination (en tonnes et pourcentage)

 

1988-1990

Part (%)

1998-2000

Part (%)

EU

1 032 985

48

1 102 846

58

Canada

53 509

2

39 319

2

CE

833 485

39

615 713

33

Autres pays de l'Europe occidentale

75 184

4

20 607

1

Europe de l'Est

1 949

0

4 065

0

Ex-URSS

1 564

0

13 050

0

Amérique du Sud

108 614

5

110 018

6

Moyen-Orient

37 222

1

16 609

0

Total

2 144 513


1 922 226


Source: FAO

De tous les pays exportateurs de bananes de l'Amérique latine, le Guatemala est celui qui témoigne, au cours des décennies, de la plus grande stabilité de sa superficie bananière. Au cours des quatre dernières décennies, cette superficie s'est maintenue aux alentours de 20 000 hectares, et la productivité au sol n'a que légèrement augmenté. Des années 60 au début des années 90, la production a progressé au taux modéré de 1 pour cent par an, puis cette progression s'est accélérée au cours des années 90, atteignant un taux de 5 pour cent par an. Le récent déplacement des plantations bananières sur la côte ouest, sur d'anciennes terres de culture sucrière pour faciliter l'accès aux marchés de la côte Ouest des États-Unis a joué un rôle de premier plan dans cette accélération.

Les bananes représentent, en terme d'importance, le troisième revenu des exportations agricoles du Guatemala, derrière le café et le sucre. Les exportations de bananes ont enregistré une progression considérable de 5,4 pour cent par an depuis les années 60, la plus forte augmentation étant intervenue au cours des années 90. Les perspectives d'accroissement de la production et des exportations bananières sont mitigées: les infrastructures des transports et des voies de communication pêchent par leur faiblesse, et compte tenu de la médiocrité des résultats économiques du pays, aucune amélioration n'est prévue au cours de l'actuelle décennie,

Au Honduras, les plantations de bananes sont localisées principalement sur la côte nord, et les plus gros producteurs sont affiliés à Chiquita et à Dole. Un tiers des terres dévolues aux bananes d'exportation est cultivé par des producteurs indépendants et des coopératives paysannes, qui ont, pour la plupart, des arrangements contractuels avec les compagnies bananières transnationales. Production et exportations de bananes ont décrû au taux cumulé de 4,5 pour cent par an depuis 1985, et ont été gravement perturbées en octobre 1998, après le passage de l'ouragan «Mitch» qui a détruit près de 70 pour cent de la récolte. Les exportations ont alors chuté à 109 000 tonnes en 1999, contre quelques 500 000 tonnes au cours des années précédentes. Cependant, en 2002, grâce à une active campagne de replantage, les exportations avaient récupéré en trois ans leurs niveaux d'avant le passage de l'ouragan. La culture bananière, qui a bénéficié de fonds d'investissement pour sa réhabilitation, a démontré par là sa forte capacité de récupération. Les estimations préliminaires pour l'année 2002 indiquent que les exportations sont actuellement d'un demi million de tonnes, soit un niveau légèrement supérieur à ceux antérieurs au passage de l'ouragan.

Le Panama a longtemps été l'un des premiers exportateurs mondiaux de bananes, mais sa production a nettement chuté au cours de la dernière décennie. Cela résulte de plusieurs facteurs: augmentation des coûts de production, ravages causés par la cercosporiose noire, et conflits dans la filière. Chiquita, le principal exportateur du pays, a récemment vendu sa grande plantation sur le littoral pacifique à une coopérative de travailleurs.

Figure 24 - Honduras, Panama et Guatemala: exportations de bananes 1980-2000

Source: FAOSTAT
Note: La chute des exportations du Honduras en 1999 résulte des dommages causés par l'ouragan Mitch en octobre 1998.

En dépit de décennies d'efforts pour se positionner comme producteur majeur, le Nicaragua n'a jamais hissé ses bananes au rang d'un important produit d'exportation. Les exportations de bananes ont enregistré une chute conséquente au cours des trois dernières décennies, à un taux de 3,7 pour cent par an: elles ont dégringolé d'un pic de 130 000 tonnes en 1974, à 44 000 tonnes en 2000. En 1982, après le départ de Standard Fruit (Dole) du pays, les exportations ont rapidement reculé. En 2000, les recettes d'exportation de bananes étaient de quelques 8 millions de dollars EU, soit 1,3 pour cent du total des exportations.

Le Brésil, où Del Monte a récemment réalisé d'importants investissements, devient un exportateur de plus en plus important. On s'attend à ce que ses exportations de bananes dépassent 220 000 tonnes en 2002, quand elles n'étaient que de 105 000 tonnes en 2001 et de 72 000 tonnes en 2000. Cette toute récente explosion découle de la capacité du pays à concurrencer l'Équateur sur les marchés argentin et uruguayen. Les prix brésiliens à la production étaient en moyenne de 3 dollars EU par caisse en 2001 et de 2,8 dollars EU en 2002, là où ceux de l'Équateur (son concurrent) étaient de 2,95 dollars EU en 2001 et de 3,4 dollars EU en 2002. De facto, non seulement le Brésil est devenu le principal fournisseur du MERCOSUR, mais il a également pénétré les marchés américains et européens.

2.6 La région des Caraïbes

Les bananes sont, avec le sucre et le rhum, un produit agricole d'exportation primordial des états caribéens des anciennes Îles du Vent (Sainte-Lucie, Dominique, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines), de la Jamaïque, du Belize, de la République dominicaine et du Suriname. En Jamaïque et en République dominicaine, la production bananière est principalement une production à petite échelle, qui repose en grande partie sur une main d'œuvre familiale. Les coûts de production y sont supérieurs à ceux des régions de «bananes dollar». Leurs prix à l'exportation (voir tableau 18) sont eux aussi plus élevés, en raison de la préférence commerciale octroyée par la Communauté européenne, qui absorbe plus de 90 pour cent des exportations de bananes de ces îles. Les bananes jouent également un rôle important dans l'économie des Antilles françaises, notamment dans les départements de Martinique et de Guadeloupe, mais leur cas n'est pas examiné dans ce rapport car leur production, destinée exclusivement à la France, ne pénètre pas dans les échanges internationaux.

Tableau 18 - Caraïbes: Valeur unitaire des exportations en 2000 et valeur par rapport aux pays ACP exportateurs

Exportateur

Valeur unitaire des
exportations
(dollars EU/tonnes)

Valeur par rapport
aux pays ACP (%)

Équateur

258

45

Colombie

281

49

Autres bananes dollars

282

49

Costa Rica

301

52

Philippines

376

65

Caraïbe

576

100

Afrique

581

100

Source: FAOSTAT

Relativement aux pays voisins producteurs de «bananes dollars», les Îles du Vent et la Jamaïque ont une production de bananes à petite échelle, qui confère à cette industrie un rôle clé dans la préservation de leur tissu social et économique. La superficie moyenne des exploitations y est d'un hectare, et le rendement de 11 tonnes/ha. La production a augmenté au cours des années 80 et au début des années 90, mais elle a depuis progressivement décliné. À la fin des années 80, encouragés par la stabilité des prix, les petits exploitants se sont multipliés: au début des années 90, aux Îles du Vent, ils étaient quelques 25 000 impliqués dans les exportations de bananes[31]. Mais dans la première moitié des années 90, lorsque le cours mondial de la banane a chuté, la production a décliné de 7,5 pour cent par an, et la superficie plantée s'est réduite de 6 pour cent.

La République dominicaine, cependant, s'est comportée différemment et s'est hissée au rang de principal exportateur de la région des Caraïbes. Des quelques 280 000 tonnes de bananes exportées en 2001, 47 pour cent étaient originaires de République dominicaine. En 1990, le pays a obtenu le statut de pays ACP et ses exportations de bananes dans la Communauté européenne ont bénéficié d'une franchise de droits. Ses exportations à destination de ce marché ont rapidement progressé, et en 1993, le pays exportait déjà 62 000 tonnes de bananes, soit plus de 80 pour cent des exportations totales de bananes. La République dominicaine a exporté en 2002 plus de 60 000 tonnes de bananes biologiques. Le pays a réussi à maîtriser la cercosporiose noire, grâce à la fois à la situation géographique de ses plantations (elles sont situées dans des régions relativement sèches) et aux techniques de lutte intégrée contre les parasites.

La culture des bananes biologiques en République dominicaine a débuté en 1982, lorsque Mark Freedman a établi une parcelle de démonstration dans le Río Limpio. Le gouvernement et de nombreux organismes privés étaient impliqués dans les premiers épisodes de ce projet. Au nombre des partenaires se trouvaient le Centro Regional de Estudios de Alternativas Rurales (CREAR), le Centro de Agricultura Sostenible con Tecnología Apropiada (CASTA), le Centro de Agricultura con Tecnología Apropiada para la Comunidad (CAOTACO) et la Escuela Campesina de Agricultura Sostenible (ECAS). En dépit des importants coûts de certification, cette transition vers l'agriculture biologique s'est opérée sans difficultés, car la plupart des cultivateurs n'utilisaient déjà que peu d'intrants agricoles. À cet égard, les principales sociétés (Savid S.A. et Horizontes Orgánicos) ont fourni aux cultivateurs une aide technique et financière[32]. L'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni constituent les principaux marchés des bananes biologiques.

En Jamaïque et dans les Îles du Vent, les exportations de bananes et les recettes d'exportation liées à ce secteur ont observé une tendance de déclin similaire à celle de la production depuis le milieu des années 90. A Sainte-Lucie, par exemple, les recettes de la banane ont décliné au taux annuel moyen de 11 pour cent pendant la période 1990-2000, tandis que la valeur unitaire de production chutait de 4 pour cent par an (figure 26). La part des bananes caribéennes dans le commerce mondial, qui était de 4 pour cent dans le années 70, s'est réduite à 3 pour cent en 2000. Pourtant, dans ces îles, l'industrie bananière demeure une activité économique clé: en 2000, elle représentait 12 pour cent du PIB de Sainte-Lucie, et près de 40 pour cent de la globalité de ses recettes d'exportation. L'industrie bananière emploie directement ou indirectement quelques 30 pour cent de la population active, soit 57 000 personnes environ, et procure un précieux revenu mensuel régulier aux foyers ruraux. Pour cette raison, la communauté internationale, ONG incluses, a maintes fois souligné l'importance du maintien des préférences commerciales pour la banane des Caraïbes sur le marché de la Communauté européenne (voir au Chapitre 3.)

Figure 25 - Sainte Lucie: valeur unitaire de la production de bananes (en dollars CE constants par kg)

Source: Windward Islands Banana Development and Exporting Company

Entre 1999 et 2001, avec une part se montant à 58 pour cent, Sainte-Lucie était le principal exportateur de bananes des Îles du Vent. La part de Saint-Vincent-et-les Grenadines se montait, elle, à 42 pour cent. La Grenade est le plus petit état producteur. Ses exportations se sont progressivement contractées depuis les années 60 et celles à destination de la Communauté européenne ont récemment été perturbées, au motif des normes de qualité requises pour l'importation. Les exportations sont effectuées par les Associations de planteurs de bananes (Banana Grower Associations - BGA), et elles sont coordonnées par la Windward Islands Banana Development and Exporting Company (WIBDECO), fondée en 1994 et précédemment connue sous le nom de Windward Island Banana Growers Association (WINBAN). WIBDECO est une entreprise conjointe entre les gouvernements des états de Dominique, Sainte-Lucie, la Grenade et Saint-Vincent-et-les Grenadines et les associations officielles de planteurs de ces îles. En 1996, en partenariat avec Fyffes, la firme basée en Irlande, WIBDECO a pris le contrôle des entreprises bananières de Geest (avec un chiffre d'affaire de plus de 300 millions de dollars EU), et la société est désormais responsable de la commercialisation. La quasi totalité des bananes exportées par les Îles du Vent est destinées à la Communauté européenne (voir tableau 19), où elles occupent une part de marché d'environ 10 pour cent.

Les bananes Îles du Vent ont pour principal débouché le marché du Royaume-Uni. En 2001, elles y ont capturé une part d'environ 65 pour cent. Le commerce de la banane est régi par des contrats d'exclusivité entre les exportateurs et le Royaume-Uni. Le principal problème des Îles du Vent réside dans leur difficulté à délivrer des bananes de qualité. Toutefois, malgré ce handicap, elles ont élargi leur part de marché grâce à la différenciation de leur produit: leurs bananes possèdent un goût caractéristiques (elles sont petites et sucrées) et certaines sont issues du commerce équitable (voir au Chapitre 5).

Tableau 19 - Caraïbes: exportations par destination (en tonnes et pourcentage)


1988-1990

Pourcentage

1998-2000

Pourcentage

EU

2 273

1

8 201

3

CE

328 947

99

300 609

97

Source: FAO

En Jamaïque, la majeure partie des bananes d'exportation émane de quelques grandes plantations. La Banana Export Company (BECo), qui expédie uniquement au Royaume-Uni, les commercialise. Après 20 ans de déclin régulier, les exportations de bananes jamaïcaines ont enregistré leur plus bas niveau en 1984, avant de connaître une période d'importante croissance: de 12 500 tonnes en 1985, elles ont atteint un pic de 89 000 tonnes en 1996. De 1995 à 2000, exportations de bananes et recettes d'exportation ont reculé de quelque 15 pour cent par an. Cet effondrement a résulté de mauvaises conditions météorologiques, ainsi que d'une chute de 5 pour cent par an des prix à l'exploitation en termes réels. Actuellement, le gouvernement et la CE s'efforcent, à travers le Banana Support Programme, d'améliorer la compétitivité de l'industrie bananière jamaïcaine en augmentant sa productivité, en réduisant les frais généraux et les coûts d'exploitations, et en améliorant la qualité, le traitement et la commercialisation des fruits.

Figure 26 - Jamaïque: exportations de bananes 1965-2001

Source: FAOSTAT

La plupart des bananes caribéennes sont produites sur des terrains pentus prédisposés à l'érosion, au sein d'un système qui n'est pas viable écologiquement[33]. Les petits exploitants ne sont pas assurés contre les pertes liées aux intempéries, et en dépit des fortes facultés de récupération de la culture, des intrants agricoles sont indispensables pour replanter après une catastrophe naturelle - tels que tempête tropicale ou ouragan, communs dans cette région. Par exemple, après les ravages causés par l'ouragan Lili en 2002, les petits exploitants des Îles du Vent se sont en partie appuyés sur les crédits bon marché fournis par des sociétés basées à l'étranger (les supermarchés du Royaume-Uni) pour acheter les moyens de production qui devaient leur permettre de rester dans la course[34].

De plus en plus de producteurs de la région des Caraïbes se tournent vers la production biologique et le commerce équitable. Par leur travail de lobbying et de promotion, les ONG ont joué un rôle prépondérant en amenant l'opinion publique (en même temps que l'ensemble de la communauté internationale) à prendre conscience que la consommation de bananes du Royaume-Uni avait un impact important sur l'environnement et les conditions de vie des petits exploitants. Pour les consommateurs du Royaume-Uni, qui apprécient leurs qualités distinctives de taille et de goût, l'achat des bananes caribéennes se double aujourd'hui d'une dimension éthique. Cependant, les aides allouées aux exploitants qui se tournent vers la production biologique sont revues à la baisse, les prix des bananes biologiques risquent de se rapprocher de ceux des bananes issues de l'agriculture conventionnelle et le fort taux de croissance que la demande de bananes du commerce équitable a connu ces cinq dernières années est en train de s'affaiblir (voir au Chapitre 5).

Les perspectives à moyen terme ne sont guère favorables pour la production à petite échelle de bananes d'exportation dans les pays des Caraïbes. En premier lieu, les organisations de producteurs de cette région affirment que les stratégies commerciales des grandes surfaces peuvent faire chuter les prix jusqu'à des niveaux économiquement non rentables, compte tenu des technologies utilisées dans la région. D'après l'Association des exportateurs de bananes caribéen (Caribbean Banana Exporters Association - CBEA), qui représentante des planteurs au Belize, en Jamaïque et aux Îles du Vent les chaînes de supermarchés du Royaume-Uni sont en train de céder le marché à des offres concurrentielles et de réduire le nombre de leur fournisseurs: elles se tournent vers les multinationales qui importent des bananes dollar et des bananes camerounaises dans la Communauté européenne, et les fournisseurs caribéens ne sont pas en mesure de concurrencer leurs prix inférieurs. En second lieu, la protection du marché qui leur est actuellement octroyée dans la Communauté européenne peut s'éroder à moyen terme quand la Communauté commencera à appliquer son régime d'importation uniquement tarifaire à partir de 2006 (voir au Chapitre 3). On s'attend à ce que ce système, à long terme, tire à la baisse les prix à l'exportation des bananes caribéennes - et ce, que les pays ACP continuent ou non de bénéficier d'une préférence avec exemption des droits de douanes, et indépendamment du niveau du tarif non-préférentiel. Enfin, presque 90 pour cent du bénéfice de WIBDECO proviennent des rentes de licence dans la Communauté européenne. Ce bénéfice disparaîtra si le système uniquement tarifaire s'accompagne d'une réduction des préférences douanières. D'après certains analystes, aucun petit exploitant agricole de la région des Caraïbes ne pourrait demeurer concurrentiel sans recevoir d'aides, ni sans ajouter une valeur au produit en se tournant vers l'agriculture biologique et en fournissant un produit de qualité supérieure[35].

Au Belize, la production de bananes est effectuée dans des plantations relativement vastes, qui font une utilisation massive d'intrants et s'appuient sur des technologies modernes[36]. Les bananes ont joué un rôle clé dans le développement des districts de Stann Creek et de Tolède, au sud du pays, où la population souffre d'une assez grande pauvreté[37]. Après une période de stagnation en 1972-1984, la production de bananes a progressé de façon conséquente depuis le milieu des années 80 jusqu'à devenir le troisième produit agricole d'exportation en terme d'importance. La production a augmenté à un taux de 8,6 pour cent entre 1985 et 2000, jusqu'à ce que l'ouragan Iris (de catégorie 4) frappe la côte sud en octobre 2001 et endommage de vastes superficies de cultures bananières. Les exportations ont chuté de 24 pour cent en 2001, et d'encore 26 pour cent en 2002.

Les exportations de bananes du Belize dépendent fortement d'un accès préférentiel à la Communauté européenne. Ce secteur est intégré verticalement: les exploitants vendent leur production à Fyffes, seul acheteur et exportateur du pays. Ce secteur a prouvé qu'il pouvait accroître rapidement sa production, et les analystes estiment qu'il existe un potentiel pour amener les rendements et les superficies à dépasser le niveau record atteint en 2002[38]. Cependant, les bananes du Belize souffrent d'une mauvaise image, tant à cause des stratégies de prix abusifs pratiquées par Fyffes qu'à cause des conflits relatifs aux droits des ouvriers dans les plantations, qui peut avoir un effet dissuasif sur consommateurs européens[39].

2.7 Les Philippines

Pour les Philippins, les bananes constituent une importante denrée alimentaire. Elles représentent également une source de revenu pour les petits exploitants locaux, et une rentrée de devises pour le pays. En termes de superficie, de volume et de valeur de production, les bananes se placent au premier rang des récoltes fruitières des Philippines. En 2000, la culture bananière concernait 400 000 hectares, contre 100 000 hectares pour la culture des mangues, le second fruit d'exportation en terme d'importance.

On trouve aux Philippines de nombreuses variétés de bananes. La croissance de la consommation nationale au cours de la dernière décennie semble découler d'une augmentation de la production et de la commercialisation des variétés locales. Les variétés les plus populaires sont Latundan, Lakatan et Bungulan; les petits producteurs préfèrent cultiver la première. Les plantations de deux autres variétés ne se sont pas étendues, en raison du coût onéreux de la lutte contre la cercosporiose noire, le virus du bunchy top et la fusariose, et du haut degré d'expertise technique nécessaire à la maîtrise de ces maladies auxquels ces bananiers sont sensibles. Les variétés préférées pour l'exportation sont la Cavendish naine, la Cavendish géante, l'Umalag et la Grande Naine[40]. Les Philippines sont le principal exportateur de chips de bananes, dont la demande mondiale est en progression. Ces chips sont exportées dans 30 pays, et les deux plus gros importateurs sont les États-Unis et la Communauté européenne.

Tableau 20 - Philippines: taille des exploitations, rendement au sol et destination des fruits des petites et grandes plantations

Type d'exploitation

Petite

Grande

Taille de l'exploitation (ha)

< 2

> 20

Rendement au sol (tonnes/ha)

3-10

> 20

Marché

National

Exportation

Source: Bureau of Agricultural Research 2002

La production à petite échelle domine, et elle participe au revenu de quelques 6 millions de foyers. Les trois quarts de l'ensemble des producteurs concentrent presque 90 pour cent de la superficie bananière. Il s'agit d'exploitations familiales de taille modeste; les bananes y sont cultivées sur de petits lopins, en même temps que d'autres denrées de base et cultures de rente. Elles sont destinées à la consommation familiale, ou à la vente locale. Seul un pourcentage relativement faible de la totalité de la superficie bananière concerne la production tournée vers les marchés d'exportation, qui fait, elle, appel à de hautes technologies. Le rendement annuel moyen des terres est de 9,4 tonnes par hectare pour l'ensemble du pays, mais il peut atteindre 40 tonnes/ha dans les grandes plantations. Le faible rendement des petites exploitations est imputable à la fréquence des maladies (virus et bactérie de Bugtok) et à la médiocrité des technologies de production utilisées. Les petits exploitants rencontrent des difficultés à produire et délivrer un produit d'exportation. Les motifs invoqués sont: le peu de disponibilité de matériel végétal de bonne qualité; la forte influence des ravageurs et des maladies; les pertes consécutives à la récolte; des infrastructures inadéquates; des coûts liés à la fois au marché, à un manque d'accès aux crédit, et aux transports[41].

Les bananes n'étaient autrefois cultivées que pour fournir une denrée de base ou approvisionner les marchés locaux. Leur exportation n'a débuté qu'à la fin des années 60, avec l'installation des sociétés transnationales, qui étaient en quête de faibles coûts de production et de transport à proximité du Japon. Dans les vingt dernières années, production et exportations de bananes ont progressé à un des taux les plus rapides parmi les exportateurs mondiaux de bananes. On estime à 1,4 million de tonnes le volume de bananes exportées en 2000, pour un montant de près de 300 millions de dollars EU Les Philippines arrivent au quatrième rang de l'ensemble des pays exportateurs de bananes. En 2000, elles ont contribué à hauteur de presque 10 pour cent à l'offre mondiale. La proximité du pays avec la Chine laisse entrevoir des perspectives favorables, mais la Chine, dont la propre production de bananes augmente rapidement, pourrait devenir à moyen terme un exportateur net. Les principaux marchés des Philippines sont le Japon (66 pour cent), la Chine (12 pour cent), la République de Corée (7 pour cent), la province chinoise de Taiwan (6 pour cent) et les Émirats arabes unis (6 pour cent). L'Arabie saoudite et l'Iran représentent également des marchés en expansion pour les Philippines. Deux tiers des bananes exportées sont cultivées sur l'île de Mindanao, qui produit également 95 pour cent des ananas destinés à l'exportation.

2.8 Afrique

Les bananes constituent une denrée de base importante dans la majeure partie de l'Afrique Centrale, Orientale et Occidentale. À la différence des pays d'Amérique latine, où prédomine la variété Cavendish, les exploitations africaines cultivent des variétés locales et exotiques. La plupart des exploitations sont à petite échelle, elles n'utilisent que peu d'intrants agricoles, et elles ont une moindre productivité, en comparaison des producteurs de bananes dollar. Les sociétés transnationales y bénéficient également d'une forte implantation, par le biais de grandes exploitations dotées de technologies sophistiquées et tournées vers une production à l'exportation.

D'après FAOSTAT, depuis les années 60, la production de bananes en Afrique a augmenté d'environ 2,2 pour cent par an. La superficie récoltée, elle, a progressé un peu plus lentement, d'1,7 pour cent par an. Au cours de la même période, la productivité au sol a augmenté faiblement, de moins de un pour cent par an. Cependant, l'évolution du rendement au sol n'a pas été identique dans tous les pays. Dans les pays de l'Afrique de l'Est (Ouganda, Rwanda et Burundi), où les bananes sont produites comme denrées de base ou destinées à une consommation nationale, la productivité a dégringolé, passant de 30 à 40 tonnes/ha dans les années 70 à environ 15 tonnes/ha en 2000. Ce déclin résulte de plusieurs facteurs conjugués: attaques de ravageurs, affaiblissement de la fertilité des sols et moindre utilisation d'intrants. D'après l'INIBAP, ce déclin de la productivité est la conséquence du passage d'une culture de subsistance à une production orientée vers la commercialisation. Les récoltes se sont intensifiées pour répondre à la demande accrue des centres urbains et, en l'absence de mesures de conservation et de fertilisation des sols, l'érosion des sols s'est aggravée, leur fertilité s'est détériorée, et les cultures ont développé une plus grande vulnérabilité aux ravageurs et aux maladies. On assiste en ce moment à un déplacement géographique de la production, qui s'éloigne des principales grandes villes pour s'établir dans des régions où le sol est plus fertile. Les bananeraies sont maintenant situées à proximité des principaux axes de communication, et elles utilisent des variétés offrant une meilleure résistance sur des sols médiocrement fertiles - variétés utilisées pour la production de bière incluses.

Figure 27 - Le Cameroun et la Côte d'Ivoire: exportations de bananes 1985-2001

Source: FAOSTAT

Les producteurs de bananes d'exportation utilisent des quantités relativement importantes d'intrants agricoles. La Côte d'Ivoire et le Cameroun sont les deux principaux pays exportateurs de bananes. Leurs marchés sont l'Europe, et dans une moindre mesure, le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal voisins. Les exportations de bananes ivoiriennes et camerounaises, qui ont représenté 98 pour cent de l'ensemble des exportations africaines de bananes en 2001, ont augmenté au taux soutenu de 10 pour cent par an de 1987 à 2000. Cette croissance contraste fortement avec le déclin constant qu'elles avaient connu entre 1960 et 1968, où elles reculaient de 2 pour cent par an.

Au Cameroun, les exportations de bananes ont baissé fortement entre le début des années 60 et les années 80: elles étaient de 140 000 tonnes en 1961, mais ne dépassaient plus guère les 20 000 tonnes en 1987. Les exportations se sont reprises momentanément au cours des années 70 grâce au soutien de l'Organisation camerounaise de la banane (OCB), qui a aidé les planteurs à lutter contre la maladie de Panama. Mais dans les années 80, la cercosporiose et des problèmes météorologiques ont affecté la production. Les exportations ont alors de nouveau chuté, enregistrant leur plus bas niveau en 1987. Cette même année, des sociétés étrangères ont commencé à jouer un rôle de premier plan dans le développement de la production des bananes d'exportation. Cette année-là, la société Del Monte s'est engagée dans une entreprise en participation avec la Cameroon Development Corporation (CDC). Aujourd'hui, CDC et Del Monte plantent quelques 2100 hectares de bananiers: CDC fournit la terre et la main d'œuvre, Del Monte procure les crédits et l'aide technique, et commercialise le produit. Aujourd'hui, CDC est le principal employeur du pays après l'État, et ses importations d'intrants agricoles bénéficient d'une exemption de taxes du gouvernement.

En 1990, l'Organisation camerounaise de la banane (OCB) a été rachetée par la Compagnie Fruitière, la société en charge de la vente au détail des fruits de l'OCB en Europe, et qui est aujourd'hui sous le contrôle de Dole. Dole et Del Monte ont toutes les deux réalisé d'importants investissements dans l'irrigation, les installations de traitement des fruits et les équipements d'assainissement. À ce jour, l'industrie bananière emploie directement quelques 10 000 personnes dans les zones rurales. Depuis 1988, les exportations de bananes ont enregistré un taux de croissance annuel de 10 pour cent. En 2002, leur volume s'est monté à presque 260 000 tonnes: selon les estimations, 215 000 tonnes ont été destinées à la Communauté européenne; le restant a été exporté vers les pays de l'Europe de l'Est et d'Afrique du Nord, et dans les pays africains voisins.

En Côte d'Ivoire, les bananes figurent, avec les ananas, au nombre des principaux fruits d'exportation. Les bananes destinées à l'exportation sont cultivées dans des exploitations de taille variable, et selon différentes techniques de production. Il peut s'agir de petites exploitations qui n'utilisent que peu d'intrants agricoles, ou de grandes plantations qui en font une utilisation intensive. Cependant, des exploitations de taille modeste disparaissent peu à peu: généralement situées sur des sols pauvres, accrochées à flanc de coteaux et handicapées par une disponibilité réduite en eau, ces petites exploitations rencontrent des difficultés croissantes à demeurer compétitives. L'accroissement de la production de bananes au cours des récentes années (5,4 pour cent par an dans la période 1987-2001) est allée de pair avec une augmentation de l'échelle de production, qui résultait à son tour de la disparition d'exploitations plus petites[42].

Les hausses de la production se sont accompagnées d'une expansion des exportations selon un schéma similaire à celui du Cameroun. Après une phase de déclin assidu du milieu des années 70 jusqu'au milieu des années 80, les exportations ont connu une croissance soutenue de 9 pour cent par an entre 1987 et 2000, passant de 82 000 tonnes en 1987 à 240 000 tonnes en 2000. Cette croissance coïncide avec une participation accrue des sociétés multinationales et la dissolution, par le gouvernement, en 1985, de la Coopérative de producteurs pour la commercialisation des fruits et légumes de la Côte d'Ivoire (COFRUITEL), un organisme qui, depuis 1978, regroupait les producteurs de bananes et commercialisait leurs fruits. Aujourd'hui, la production de bananes d'exportation consiste en un système intégré, au sein duquel une poignée de grands opérateurs spécifient la technologie de production à employer, puis commercialisent les fruits à l'échelle internationale. Le gouvernement n'est plus impliqué dans la production et son rôle se borne à contrôler la situation phytosanitaire des fruits exportés. Presque 80 pour cent de la totalité des bananes exportées sont destinées à la Communauté européenne, et le restant est expédié vers l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. La majeure partie de la production provient de 65 plantations qui, ensemble, couvrent 5500 hectares environ, et emploient quelques 20 000 personnes. Les producteurs sont regroupés au sein de l'Organisation Centrale des Producteurs Exportateurs d'Ananas et de Bananes (OCAB), fondée en 1991. Les principales sociétés exportatrices sont la Société pour le développement de la culture de la banane (SCB), Banador et Canavèse. La SCB (une filiale de Dole) détient une part de 50 pour cent environ de l'ensemble des exportations de bananes; la part de Banador (une filiale de Chiquita) se monte à 25 pour cent, et celle de Canavèse à 10 pour cent.


[13] L’Inde et le Brésil, premier et troisième producteurs mondiaux de bananes, ne figurent pas au nombre des septs exportateurs majeurs.
[14] Frison, E and Sharrock, S. (2000) The economic, social and nutritional importance of banana in the world. In Bananas and Food Security; Aniane, France; Louma productions.
[15] Cette taille d’exploitation est comparable, par exemple, à une moyenne de 360 hectares au Costa Rica.
[16] SICA: http://www.sica.gov.ec/index.html (visité en juin 2003)
[17] Chang, J.F. (1999) Bananeras ecuatorianas necesitan aumentar productividad. Quito. FUNDAGRO.
[18] Espinel, R.L. (2001) El problema del banano en el Ecuador: una propuesta de regulación; Proyecto SICA Banco Mundial; Quito; SICA.
[19] Human Rights Watch (2002), Tainted Harvest: Child Labor and Obstacles to Organizing on Ecuador's Banana Plantations.
[20] FAO (2003) Projection à moyen terme pour les exportations de bananes; CCP: BA/TF 03, Rome
[21] Une étude récente portant sur les effets de la dollarisation de l’économie équatorienne (janvier 2000) sur la production de bananes a révélé que (à supposer que les prix de la main d’œuvre et du pétrole demeurent inchangés) la taille des exploitations et le volume des rendements pourraient devoir augmenter dans des proportions conséquentes si les plantations veulent rester dans la course. Voir Chang, J.F. (2000) Efectos de la dolarización en el costo de producción de banano en el Ecuador; Quito, FUNDAGRO.
[22] La productivité est ici définie en tant que performance relative de la productivité multifactorielle (sol et main d’œuvre). Voir par exemple: Coelli, T. (1996) A guide to DEAP Version 2:1; A Data Envelopment Analysis (Computer) Programme; University of New England, Australia; www.Une.edu.au/econometrics/cepa.htm (site visité en juin 2003)
[23] FAO (1999) L’incidence des modifications de l’offre et de la demande de bananes sur le revenu, l’emploi et la sécurité alimentaire. Comité des Produits BA/TF 99/6, Rome
[24] L’estimation de l’offre à l’exportation pendant la période 1985-2000 utilisant des données de la FAO revèle une élasticité du prix unitaire et un facteur de croissance à long terme de la production (croissance non attribuable au prix) de 8 pour cent par an.
[25] Guzmas, M. (2002) Situacion de la Sigatoka negra en Costa Rica y pociones para el manejo de la enfermedad. Memorias XI Reunion Internacional de ACORBAT. Cartagena de Indias, Colombie
[26] Les plantations de bananes créoles sont situées principalement dans la Valle del Cauca, à Tolima et Antioquia et leur volume ne represente que 5 pour cent de l’ensemble de la production de bananes colombiennes.
[27] Municipalités d’Apartado, Carepa, Chigorodo et Turbo dans l’Antioquia, et de Cordoban Rio Frio, Orihueca, Sevilla et Aracataca dans le Magdalena.
[28] On trouvera une description détaillée de la production de bananes dans cette région dans: Ministerio de Agricultura y Desarrollo Rural (2001) Cadena productiva del banano; acuerdo regional de competitividad, núcleo empresarial Costa Atlántica Norte. Santa Marta. D.T.C. e H. Marzo 2001.
[29] http://www.augura.com.co/programadegestionsocialyambiental/banatura.htm (site visité en septembre 2003)
[30] Une augmentation des coûts d’irrigation due à la récurrence de périodes de séchresse anornalement longues en juin et juillet (canículas), et des coûts sanitaires liés à une invasion plus massive de cercosporiose noire.
[31] Smith, A. (2000) Macroeconomic situation facing small - scale banana producers active in the world market; In. Organic Banana 2000: Towards an organic banana initiative in the Caribbean. INIBAP.
[32] FAO. 2001. World markets for organic fruits and vegetables; Rome.
[33] Un autre des problèmes écologiques lié à la production de bananes concerne la destruction des sacs plastiques imprégnés de pesticides utilisés pour protéger les bananes des ravageurs.
[34] Sopisco News, 44/2002
[35] Reid, E.D. (2000) Status of banana production in the Windward Islands and the prospects for organic banana production; In. Organic banana 2000: Towards an organic banana initiative in the Caribbean. INIBAP
[36] Le Belize est situé, géographiquement, en Amérique Centrale, mais d’un point de vue géopolitique, il appartient aux Caraïbes et il fait partie des pays ACP.
[37] Le sud du Bélize constitue la limite la plus au nord pour la production de bananes, en raison de températures plus basses et de tempêtes de grêle qui limitent la production
[38] Michael Hubbard (2000) Country report on assistance to Belize: evaluation of EC assistance to ACP banana producers. Eva - EC Association
[39] Mark Moberg (2000) Local stratagems, global spoils: monopoly power and contract farming in the Belizean banana industry; in Thomas Collins and John Wingard, eds. Communities and capital: local struggles against corporate power and privatization. Athènes: University of Georgia Press
[40] Bureau of Agricultural Research, 2002.
[41] R.R.C. Espino et al. (1999) National research, development and extension agenda for banana. In Proceedings of the 9th INIBAP-ASPNET Regional Advisory Committee. Communication faite lors de la réunion à la South China Agricultural University. Chine 2-5 Novembre 1999.
[42] OCAB (2000) Le commerce, l’environnement et le développement durable en Afrique de l’ouest et du centre dans une perspective sectorielle: cas de la production et de l’exportation de l’ananas, de la banane et de la mangue de Côte d’Ivoire. In. Séminaire sur le commerce, l’environnement et le développement durale pour l’Afrique de l’ouest et du centre. Organise par l’ICTSD, juillet 2000. Gabon

Page précédente Début de page Page suivante