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Chapitre 8
ÉCONOMIE DE LA PRODUCTION


Le sous-secteur agricole de la production animale fait partie d'un système fermier complexe interdépendant. L'analyse de la production de l'élevage ne peut être uniquement calculée en termes d'intrants et de revenus mais doit également prendre en considération les autres activités agricoles. L'interaction entre la production animale et les autres sous-secteurs peut être complémentaire, telle l'utilisation du fumier ou compétitive, comme l'allocation des terres aux céréales ou au pâturage.

Le système fermier dans son ensemble, et l'élevage en particulier, est influencé par des facteurs externes, comprenant la politique gouvernementale sur le développement et la commercialisation de l'élevage, qui doivent être pris en compte dans toute analyse ou évaluation.

DÉFINITION ET ANALYSE DES COÛTS DE PRODUCTION

Le système fermier se définit comme la combinaison de tous les sous-systèmes/ entreprises de la ferme, la gestion et les objectifs du fermier et l'interaction entre tous ces éléments. C'est une unité à la fois de prise de décision et d'utilisation des terres qui englobe l'exploitation, les systèmes de culture et d'élevage afin de transformer sol, travail, gestion et capital en produits destinés à la consommation ou à la vente.

Les entreprises/sous-systèmes se définissent comme les différentes subdivisions du système fermier, chacun d'entre eux produisant un type de céréale ou un produit animal. Dans le cas de l'aviculture familiale, les produits sont la viande et les œufs, et le fumier représente un sous-produit. Le produit de l'aviculture familiale pour la consommation personnelle et la vente peut être considéré comme la gestion d'une ressource fixe pour un rendement économique. Dans cette optique, les principes économiques qui s'appliquent à la gestion de la faune, des parcs, des terres de parcours semblent plus appropriés que les concepts communément employés dans la production animale liée au travail et au capital ainsi que dans l'agro-industrie.

MÉTHODES ET CRITÈRES POUR L'ÉVALUATION DES COÛTS

Le coût de production peut être apprécié sous différents angles. Les intrants peuvent être externes (coûts non factoriels) ou internes (coûts factoriels). Les intrants internes sont sous le contrôle de l'exploitation fermière et comprennent les terres, le travail, la gestion et le capital. L'argent impliqué dans la production représente soit des coûts (payés) en espèces soit des coûts théoriques (calculés). Une autre méthode pour différencier les coûts est de distinguer les coûts variables des coûts fixes. Les coûts variables augmentent ou chutent suivant l'importance du produit et le niveau de l'opération. Ces coûts variables (pour des articles tels la nourriture, les vaccins et le travail temporaires) peuvent être contrôlés jusqu'à un certain point et n'apparaissent pas lorsqu'il n'y a pas production. Les frais fixes (pour des éléments tels qu'impôts, assurances, intérêts et amortissement des bâtiments et équipements) sont pris en compte qu'il y ait production ou non.

Le principe du coût occasionnel s'applique dans la comptabilité fermière. Il peut se définir comme le revenu pouvant être généré si l'intrant, la ressource ou le facteur de production avait été consacré à la meilleure alternative similaire possible.

De nombreux sous-systèmes ou entreprises fermiers fournissent plus d'un produit. La volaille produit des œufs, de la viande et du fumier. Lorsqu'on calcule le coût unitaire de production, la valeur monétaire de tous les sous-produits, (qu'ils soient vendus à l'extérieur où qu'ils soient utilisés en tant que substitut dans un autre sous-système ou entreprise de la ferme) doivent être déduits des frais généraux bruts, ce qui aboutit aux frais généraux nets. Pour avoir le coût unitaire, il convient de diviser les frais généraux nets par le nombre total d'unités de production.

Le modèle de calcul de coût divise les frais de production en deux catégories: les frais au comptant et les frais calculés. Les frais au comptant comprennent les paiements effectifs en espèces ou en nature pour intrants ou services utilisés. Les frais calculés sont déterminés par des formules mathématiques, incluant les éléments suivants:

Les frais calculés comprennent les coûts occasionnels qui sont liés à la situation de l'économie nationale: par exemple, le chômage et les taux élevés de dévaluation de la monnaie nationale. Ceci fait partie de la réalité socio- économique pour le petit exploitant, et influence le coût occasionnel du travail (qui baisse lorsque le chômage augmente fortement) et du capital (qui tend vers zéro lorsque le taux de dévaluation est plus élevé que le taux d'intérêt). En utilisant des matériaux locaux disponibles et recyclables pour le logement des volailles et l'équipement, les aviculteurs familaux minimisent l'introduction de capital extérieur dans leur entreprise.

La production avicole à grande échelle ne peut réellement être comparée à la petite aviculture familiale, car souvent les petits exploitants doivent faire face à des contraintes telles que l'absence d'un marché structuré et le manque de prix attractifs en fonction de la qualité et de l'uniformité du produit. Dès lors, le calcul des coûts en aviculture à grande échelle - tout comme en aviculture commerciale en parcours - n'est pas applicable aux petits systèmes d'aviculture familiale.

Elson (1992) a démontré que pour les poules pondeuses, les coûts de production - par douzaine d'œufs produits - augmente avec l'espace alloué par animal (densité). La densité minimale allouée dans l'Union européenne (telle que spécifiée dans la directive 1988/66 de la CEE) est de 22 sujets/m2 (450cm2/oiseau). Les coûts de la production pour oiseaux logés en cages à cette densité sont utilisés comme base de calcul. Le pourcentage de coût à ajouter en fonction du système de conduite est:

Une comparaison des normes de base de l'U.E. comparée aux systèmes avec perchoir et en liberté est fournie au tableau 8.1 ci-dessous.

Tableau 8.1 Performances et coûts de production de trois systèmes alternatifs au Royaume-Uni.


Systèmes



Cage

Perchoirs

Liberté

Performances




Densité

22

22

0.04

Nb. Œufs/poule logée

276

265

252

Consommation aliment g./oiseau/jour

115

16

135

Mortalité %

5

5

8

Poids, poule adulte

2.2

2.2

2.3

Nb. Oiseaux/travailleur

20.000

10.000

2.500

Coûts production (pence/douzaine œufs)




Nourriture

25.5

27.8

32.8

Amortissement poule

7.9

8.4

8.6

Travail

1.5

3.2

13.3

Electricité

1.2

1.2

0.7

Médicaments

0.1

0.1

0.2

Autres coûts

1.1

1.2

1.3

Total

37.4

41.8

56.9

Source: Elson (1992), d'après des données de Tucker (1989)
N.B. Les calculs ont été faits sur base de £140/tonne; poulettes £ 2,35/ unités; poule adulte 24,2p./kg

CADRE ÉCONOMIQUE ÉLARGI POUR ANALYSE

Toute activité économique consiste à transformer des ressources (sol, travail et capital) en biens et services destinés à satisfaire les besoins et désirs de la population. Une grande partie d'une évaluation quantitative d'une analyse coût/bénéfice n'est que de la simple comptabilité: assigner des valeurs monétaires à des quantités physiques mesurées ou estimées; les ranger en catégories sous une rubrique coût ou bénéfice, les additionner et finalement comparer les totaux. Une analyse économique rationnelle devra procurer un cadre au sein duquel les bénéfices de la production sont visualisés dans le système économique et comment ces bénéfices sont évalués par la société. Ceci peut s'effectuer uniquement par une analyse «avant et après» ou «avec et sans».

Les bénéfices peuvent se mesurer de deux façons:

Les effets techniques apparaissent dans une étude économique comme un changement dans la courbe des fournitures, la relation de base exprimant le prix minimal auquel différents niveaux de production peuvent être disponibles pour le marché. Ceci apparaît sur la Figure 8.1 ci-dessous comme l'inflexion vers le bas sur la courbe S0 à S1. La valeur indiquée pour ce changement dans la disponibilité potentielle est alors entièrement dépendante de la demande pour les produits avicoles. Lorsque la demande s'élève pour ces produits, des fournitures supplémentaires deviennent onéreuses et, dès lors, la production excédentaire se convertit en un accroissement substantiel des bénéfices pour la communauté. Il peut être rétorqué que cette situation arrive généralement dans les pays en développement où, comparés à la ration journalière de référence, les produits avicoles représentent des produits de luxe de valeur relativement élevée. Il en résulte que la courbe de demande D indique que la quantité désirée réagit fortement aux changements de prix et de revenu, alors qu'une consommation additionnelle ne diminue la valeur que faiblement. La demande pour les produits avicoles révèle une élasticité prix/revenu.

Ce modèle simple souligne l'impact économique général d'un accroissement de la production avicole tel qu'il se manifeste sur les marchés pour ces produits. Production et consommation s'élèvent de Q0 à Q1 mais le prix payé par le consommateur (et perçu par les producteurs) chute de P0 à P1. Les consommateurs gagnent de manière significative, engrangeant les bénéfices d'une offre plus élevée et de prix plus bas. Les producteurs en profitent également. Quoique le coût unitaire s'abaisse, l'augmentation de la production compense la réduction de prix et il apparaît évident d'après le diagramme que le revenu total P1Q1 perçu par les producteurs est plus élevé que le revenu précédent P0Qo0.

Fig. 8.1 Représentation du marché des produits avicoles des petits producteurs

Le bénéfice économique net global obtenu à partir d'une technologie améliorée de la production avicole familiale est représentée par la taille de la zone ombrée. C'est ce bénéfice économique net qu'une analyse des schémas et programmes de développement doit s'efforcer d'estimer


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