Une récente étude de la FAO (lire ici) a constaté que l'élevage est l'une des causes principales des problèmes mondiaux d'environnement les plus pressants, à savoir le réchauffement de la planète, la dégradation des terres, la pollution de l'atmosphère et des eaux et la perte de biodiversité.
"L'avenir des interactions entre élevage et environnement dépendra de la manière dont nous résoudrons l'équilibre entre deux demandes concurrentes: produits animaux pour l'alimentation, d'une part, et services environnementaux, d'autre part ". Selon un rapport au Comité de l'agriculture (COAG), la FAO souligne les principales mesures correctrices nécessaires de toute urgence pour affronter l'impact de l'élevage sur l'environnement et "éviter qu'elle prenne des proportions catastrophiques".
Le niveau actuel des prix de la terre, de l'eau et des ressources fourragères mises en oeuvre pour la production animale ne reflète pas, dans de nombreux cas, leur rareté réelle. Il en résulte une utilisation excessive de ces ressources par le secteur de l'élevage et des inefficacités considérables. Toute politique formulée à l'avenir pour protéger l'environnement
L'élimination des distorsions de prix est de nature à améliorer l'efficacité technique de l'utilisation des ressources naturelles, mais pourrait ne pas être suffisante. Les externalités environnementales, tant négatives que positives, doivent être expressément prises en compte dans les politiques par l'application du principe «pollueur payeur ». Les éleveurs qui engendrent des externalités positives devront être rémunérés, soit par les bénéficiaires immédiats (cas des utilisateurs d'eau en aval), soit par le public dans son ensemble (ex. piégeage du carbone résultant d'une inversion de la dégradation des pâturages. La taxation des dommages environnementaux et l'incitation aux services environnementaux pourrait bien s'accentuer à l'avenir, d'abord en s'attaquant aux externalités au niveau local, mais de plus en plus aux impacts transfrontières.
Un certain nombre de solutions techniques sont susceptibles de diminuer l'impact de la production animale. Par exemple, dans les systèmes de cultures fourragères et de gestion intensive des pâturages, de bonnes pratiques agricoles peuvent réduire le recours aux pesticides et les pertes d'engrais, et les systèmes d'élevage extensif peuvent également contribuer à la préservation de la biodiversité en adoptant des approches sylvopastorales. Les progrès technologiques doivent se concentrer sur l'amélioration des aspects alimentaires, génétiques et sanitaires. La recherche et les méthodes de gestion relatives à la production fourragère doivent viser des rendements plus élevés dans le cadre de systèmes de production mieux adaptés aux conditions locales et plus respectueux de l'environnement.
Les problèmes environnementaux causés par les systèmes de production industriels - qui représentent 80 pour cent de la croissance du secteur de l'élevage- dérivent essentiellement de leur concentration dans des zones favorisées par un accès au marché ou la disponibilité d'aliments pour animaux.
Le coût d'opportunité de la production animale extensive est en train de changer, à mesure que s'intensifie la compétition pour d'autres utilisations
Les prochains défis. Les impacts de l'élevage sur l'environnement ne font pas l'objet de l'attention nécessaire, dit le rapport de la FAO: "Il s'agit donc essentiellement d'un problème de nature institutionnelle et politique portant notamment sur le manque de mécanismes propres à fournir un feedback environnemental, la prise en compte des diverses externalités et l'intégration dans l'organisation du secteur d'une fonctionnalité de préservation des ressources naturelles communes".
Le premier défi qui s'impose est de susciter une prise de conscience, de la part des parties prenantes du secteur, de l'ampleur des problèmes environnementaux et de la manière dont les mesures correctrices ne doivent pas se limiter à la protection d'écosystèmes spécifiques. "La mobilité intrinsèque de l'élevage lui permet de changer de localisation sans trop de gros problèmes," dit la FAO. "Par exemple, l'intensification peut alléger la pression sur les pâturages, mais aggraver celle sur les cours d'eau".
Quatre lignes d'action. Étant donné que les ressources planétaires sont limitées et que la demande d'une population de plus en plus nombreuse et riche exerce une pression croissante sur l'environnement, il est impératif pour le secteur de l'élevage d'évoluer radicalement. La FAO suggère quatre grandes lignes directrices:
Premièrement, poursuivre les efforts visant à assurer une utilisation efficiente des ressources dans la production animale en apportant des corrections aux prix des intrants et en remplaçant les méthodes actuelles de production peu satisfaisantes par des méthodes de production avancée. Deuxièmement, accepter que l'intensification de l'élevage soit inévitable, mais rendre ce processus écologiquement durable, par ex. par le recyclage des déchets sur les terres agricoles et l'application de technologies appropriées, en particulier pour la conduite de la production fourragère et du traitement des déchets. Troisièmement, adapter la production basée sur les herbages de façon à lui assigner, comme objectif important, voire prioritaire dans les zones vulnérables, la fourniture de services environnementaux. Quatrièmement, dépasser les cadres stratégiques existants au niveau local, national et international - Une volonté politique forte et pressante est indispensable pour entamer le processus d'action et d'investissement nécessaire pour conjurer les risques d'un immobilisme pour l'environnement".
Premièrement, poursuivre les efforts visant à assurer une utilisation efficiente des ressources dans la production animale en apportant des corrections aux prix des intrants et en remplaçant les méthodes actuelles de production peu satisfaisantes par des méthodes de production avancée.
Deuxièmement, accepter que l'intensification de l'élevage soit inévitable, mais rendre ce processus écologiquement durable, par ex. par le recyclage des déchets sur les terres agricoles et l'application de technologies appropriées, en particulier pour la conduite de la production fourragère et du traitement des déchets.
Troisièmement, adapter la production basée sur les herbages de façon à lui assigner, comme objectif important, voire prioritaire dans les zones vulnérables, la fourniture de services environnementaux.
Quatrièmement, dépasser les cadres stratégiques existants au niveau local, national et international - Une volonté politique forte et pressante est indispensable pour entamer le processus d'action et d'investissement nécessaire pour conjurer les risques d'un immobilisme pour l'environnement".
Le rapport propose que la FAO crée un programme spécifique pour aborder les interactions élevage-environnement par le biais de consultations de haut niveau, d'une assistance aux pays pour formuler et mettre en oeuvre des cadres de politique propres à affronter les problèmes environnementaux transfrontières, et la préparation de directives, de documents d'orientation et d'instruments d'aide à la décision.
Lire le rapport intégral de la FAO au COAG: Gestion des interactions Environnement-élevage (PDF, 134K) Voir aussi Focus: Agriculture et environnement, Boom de l'agroalimentaire, et Affronter la pénurie d'eau Pour la liste intégrale des documents du COAG Publié en avril 2007