4. LARDOGLYPHUS SPP.


4.1   Noms spécifiques
4.2   Description et caractères distinctifs
4.3   Cycle biologique
4.4   Ecologie
4.5   Dommages causés au poisson traité
4.6   Facteurs écologiques à prendre en considération pour la réduction des pertes


Les espèces de Lardoglyphus appartiennent à la famille des acaridés, groupe Astigmata. On a observé l'infestation du poisson traité par trois espèces: L. konoi (Sasa et Asanuma); L. Zacheri Oudemans; et L. angelinae Olsen. L'espèce la plus répandue est L. konoi.

SOURCE: adulte et hypopus - adaptée de Hughes (1976) avec l'autorisation du Controller of her Majesty's Stationary Office (Royaume-Uni). (Copyright de la Couronne)

Figure 3 Face dorsale de la femelle et adulte de Lardoglyphus konoi (à gauche) et face ventrale de l'hypopus de L. zacheri (à droite)

4.1. Noms spécifiques et noms communs

L. konoi a parfois été appelé "Fish mite" (An.). Il n'existe pas de nom commun pour L. angelinae ni pour L. zacheri.

4.2. Description et caractères distinctifs

ADULTE - Se présente comme à la figure 3 (à gauche): corps ovale et 4 paires de pattes. Longueur du corps: 0,3 à 0,6 mm environ; les femelles sont plus grosses que les mâles. Comme pour la plupart des acaridés, le corps est lisse et d'un blanc crème translucide, il porte plusieurs paires de soies, qui ne sont visibles qu'avec une bonne loupe ou un microscope à faible pouvoir grossissant. Les femelles se distinguent des autres acaridés qui s'attaquent aux aliments stockés parce qu'elles ont des griffes appariées (et non uniques) et les mâles se distinguent par le fait que leur troisième paire de pattes se termine par deux épines peu acérées au lieu de griffes: ces caractéristiques de Lardoglyphus spp. ne sont visibles qu'au microscope à fort pouvoir grossissant. L'identification précise des espèces exige des techniques particulières d'utilisation du microscope et des connaissances spécialisées.

HYPOPUS - Se présente comme à la figure (à droite) - face ventrale. La longueur du corps est d'environ 0,2 mm. Les pattes sont plus épaisses que celles de l'adulte. Les soies du corps sont courtes, et parfois épaisses en petites épines. Il n'y a pas de pièces buccales actives. La face ventrale du corps porte de nombreuses petites ventouses, en particulier concentrées sur une plaque à ventouses située à l'arrière de la base de la quatrième paire de pattes.

AUTRES STADES - La protonymphe et la tritonymphe ont un aspect analogue à celui de l'adulte, mais sont plus petites. La larve est aussi plus petite et ne possède que trois paires de pattes.

4.3. Cycle biologique

Les adultes et les nymphes de Lardoglyphus se nourrissent sur le poisson sec ou en train de sécher. La femelle adulte dépose ses oeufs sur le poisson; après avoir éclos en larves à six pattes, l'acarien passe par les stades de protonymphe à huit pattes et de tritonymphe pendant son développement jusqu'au stade adulte. Ce développement peut être très rapide. A 23ºC et à 87 % d'humidité relative, les cycles biologiques de L. konoi et L. zacheri ne durent que respectivement neuf à onze et dix á onze jours; aux températures optimales, le développement peut être encore plus rapide. Les taux maximaux de multiplication de la population n'ont pas été estimés pour ces acariens, mais ils sont probablement de l'ordre de plusieurs milliers de fois par mois. Dans ce type de situtation, les acariens peuvent pulluler en quelques jours, et étant donné que des populations peu nombreuses de Lardoglyphus passent facilement inaperçues, une infestation massive semble parfois se produire soudainement.

Certains protonymphes ne se transforment pas directement en tritonymphes, mais deviennent d'abord des hypopus. Ceux-ci ne se nourrissent pas, mais sont au stade de la dispersion. Ils se fixent à l'aide de leurs ventouses sur la cuticule des larves et des adultes. Sur les larves, on les trouve sur la membrane molle située entre les segments, en particulier à l'avant du corps; sur les adultes, on les observe le plus souvent sous les élytres, sur la face dorsale de l'abdomen. Ils peuvent rester sur l'insecte pendant plusieurs jours, et sont donc souvent transportés vers de nouveaux sites d'infestation avant de se détacher et de se transformer en tritonymphes. Bien que Vijayambika et John (1974) se soient interrogés sur l'importance des facteurs écologiques dans la production des hypopus, la plupart des chercheurs (par exemple, Hughes, 1956, Matsumoto, 1970, 1973) ont montré que les proportions d'hypopus dans les populations de Lardoglyphus dépendent de facteurs comme les températures et taux d'humidité défavorables, les pénuries d'aliments ou le surpeuplement.

4.4. Ecologie

Les conditions optimales pour le 0 développement de Lardoglyphus konoi sont une température de 30 à 35 ºC et une humidité relative de 97 %. L. konoi ne peut se développer à une humidité relative de 66 % ou moins, mais cette espèce se multiplie à des taux d'humidité de 75 % et plus (jusqu'à 98 %). On connaît mal les réactions de L. zacheri et L. angelinae à la température et à l'humidité, mais elles sont probablement analogues à celles de L. konoi. Lardoglyphus spp. peut donc devenir ravageur dans de nombreuses conditions tropicales et subtropicales, en particulier si l'air est humide et si le poisson n'est pas bien séché.

Les infestations du poisson traité par Lardoglyphus spp. sont généralement associées à celles de Dermestes spp. et de Necrobia rufipes. Cela est dû en partie aux similitudes àes exigences physiques et nutritionnelles de tous ces ravageurs, mais surtout au fait que les coléoptères nuisibles sont les principaux agents de dispersion d'hypopus de Lardoglyphus.

4.5. Dommages causés au poisson traité

La nutrition des adultes et des nymphes de Ladoglyphus. spp. provoque des pertes quantitatives de poisson traité séché. La contamination par des corps vivants et morts, qui peuvent être très nombreux, peut entraîner une perte quantitative. L'ampleur et la valeur des pertes causées au poisson séché par Lardoglyphus spp. n'ont été évaluées ni en laboratoire, ni sur le terrain.

4.6. Facteurs écologiques à prendre en considération pour la réduction des pertes

L'infestation initiale du poisson est souvent causée par des hypopus apportés par des coléoptères nuisibles. Les techniques indiquées aux sections 2.6 et 3.6 pour réduire l'infestation initiale de coléoptères permettent aussi de limiter les infestations de Lardoglyphus spp. L'émiettement du poisson, provoqué par des attaques de coléoptères et de mouches et par la manipulation, accroît la superficie accessible de la chair de poisson et peut donc favoriser des infestations encore plus massives de coléoptères.

Le seuil d'humidité pour Lardoglyphus konoi se situe entre 66 et 75 % d'humidité relative. Si le poisson est bien séché, il n'y aura que peu ou pas d'infestations de coléoptères. Les limites de température pour le développement ne sont pas connues, mais on suppose que des températures de 40 à 45º C devraient tuer ces acariens.

On n'a pas étudié la réaction de Lardoglyphus spp. au sel. On a observé des infestations de produits salés de la pêche et de poisson séché non salé par L. konoi, mais on n'a pas noté la teneur en sel des produits infestés.