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2. ESPÈCES DE GRANDS MIGRATEURS

2.1 Thons et espèces de thonidés

2.1.1 Ressources

Les différentes espèces de thons et de thonidés sont généralement classées dans le sous-ordre des scombridés; celui-ci comprend les thons, les makaires, marlins et voiliers, les espadons et les espèces de thonidés des zones tropicales et tempérées de toutes les régions du monde (cartes 1 a 6). Nombre d'entre elles sont extrêmement prisées, tant pour la pêche industrielle que pour la peche sportive.

Le thon (Thunnini) comprend 13 espèces5 et 4 genres: Thunnus, Euthynnus, Katsuwonus et Auxis (les thons auxide et bonitou); les plus recherchées du point de vue de la peche industrielle appartiennent au genre Thunnus. Le thon rouge du nord (Thunnus thynnus) est présent dans le Pacifique et dans l'Atlantique. Le thon rouge du sud (T.maccoyii) vit également dans ces deux océans et dans l'océan Indien. Le thon obèse (T.obesus), l'albacore (T.albacares), et le germon (T.alalunga) se rencontrent sur toute l'étendue de ces trois océans. Le listao ou bonite à ventre rayé (Katsuwonus pelamis), de grande importance pour la peche industrielle mais de valeur marchande un peu plus faible, est également réparti dans les trois océans. Ces espèces sont généralement classées parmi les principales espéces commerciales de thons. Elles peuvent entreprendre de longues migrations á travers les océans (dans une moindre mesure en ce qui concerne le listao et l'albacore) et sont considérées comme hautement migratrices dans la Convention de 1982.

5 La plupart d'entre elles sont recensées à l'Annexe I de la Convention de 1982 en tant qu'espèces de grands migrateurs

Carte 1

Carte 1: Distribution des pêches de germon (tiré de Bartoo, 1987. Reproduit avec 1,aimable autorisation de 1'US Nat.Mar.Fish.Serv.)

Carte 2

Carte 2: Distribution des pêches de thon obèse (tiré de Bartoo, 1987. Reproduit avec 1'aimable autorisation de 1'US Nat.Mar.Fish.Serv.)

Carte 3

Carte 3: Distribution des pêches de thon rouge (tiré de Bartoo, 1987. Reproduit avec 1'aimable autorisation de l'US Nat.Mar.Fish.Serv.)

Carte 4

Carte 4: Distribution des pêches de listao (tiré de Bartoo, 1987. Reproduit avec 1,aimable autorisation de l'US Nat.Mar.Fish.Serv.)

Carte 5

Carte 5: Distribution des pêches de l'albacore (tiré de Bartoo, 1987. Reproduit avec l'aimable autorisation de l'US Nat.Mar,Fish.Serv.)

Carte 6

Carte 6: Distribution des pêches de makaire (tiré de Bartoo, 1987. Reproduit avec l'aimable autorisation de l'US Nat.Mar.Fish.Serv.)

D'autres espéces importantes de thon á caractére de grands migrateurs ont des distributions plus néritiques et vivent davantage à proximité des plateaux continentaux et aux alentours des îles et archipels, sans entreprendre de migrations transocéaniques. A cette catégorie appartiennent des espéces commercialement moins importantes comme celles du groupe des Thunnini, telles que Euthynnus spp. (thonine commune, thonine orientale, thonine noire) ou le thon à nageoire noire (T. atlanticus) qui figurent néanmoins á l'Annexe I de la Convention de 1982.

Le thon mignon ou tonggol, Thunnus tonggol (vivant dans la partie orientale de l'océan Indien), a un comportement analogue, mais constitue l'une des deux espèces de thonidés (l'autre étant Euthynnus lineatus) à ne pas avoir été recensées parmi les espéces de grands migrateurs.

Le terme anglais “billfish” (Istiophoridés) englobe les makaires (Makaira spp.), marlins (Tetrapturus spp.), et voiliers (Istiophorus spp.). Il n'existe plus qu'une seule espéce (Xiphias gladius) d'espadons (Xiphiidés). A l'exception de deux espéces de marlins,ces poissons ont une aire de distribution trés étendue, mais ne se trouvent pas nécessairement dans tous les océans. Toutes les espéces d'Istitiophoridés et de Xiphiidés fournissent une nourriture excellente et présentent un trés grand intérêt pour la pêche sportive; elles sont mentionnées dans la Convention de 1982.

Les autres espéces de thonidés importantes pour les pêches et ne figurant pas á l'Annexe I de la Convention de 1982 comprennent notamment deux espéces des mers australes, le thon élégant (Allothunnus fallai) et le thon papillon (Gasterochisma melampus)6, le thazard bâtard (Acanthocybium solandri), les bonites (Cybiosarda, Orcynopsis, Sarda) et les thazards et maquereaux (Scomberomorus spp.). Ces poissons offrent un potentiel intéressant pour nombre de pays en développement, étant souvent exploités pour la pêche artisanale et/ou sportive. Dans la plupart des cas ces ressources sont partagées par plusieurs pays et les stocks chevauchent généralement la limite des 200 milles. D'ordinaire leur état est mal connu, sinon inconnu et l'on peut s'interroger s'il y a lieu ou non de les faire figurer à l'Annexe I de la Convention de 1982.

En l'absence d'une définition biologique et juridique reconnue des espéces de grands migrateurs, la situation prête à confusion et la liste des espéces dont la Convention de 1982 fait état s'avére incomplére et parfois arbitraire.

6 L'une et l'autre espéces offrent d'importantes possibilités et font désormais partie des prises secondaries japonaises de thon rouge du sud

tableau 5
Tableau récapitulatif des flottilles pratiquant en partie ou exclusivement
la pêche hauturiére du thon
SecteurEnginPavillon principalEspéces-cibles
Pacifique N.E.ligne de traineE.-U., Canadagermon
Pacifique S.E.palangreJapon, Rép. de Corée, Taïwan, Taiwanthon obése, germon albacore
Pacifique Centre-Estsenne coulissanteVanuatu, Venezuela, Mexique, Panama,diversalbacore, listao
Pacifique Centre-Ouest et SudpalangreRép. de Corée, Taïwan, Japongermon, albacore, thon obé
canneJaponlistao
senne coulissanteJapon, Taïwan, Rép. de Corée, E,-U.m, Indonésie, Philippines, diverslistao, albacore
Océan Indien EstpalangreJapon, Taïwan, Rép. de Coréethon rouge, thon obése, albacore
Océan Indien Ouestsenne coulissanteFrance, Espagne, Japon, divers listao, albacore
palangreTaïwan, Rép. de Corée,thon rouge, thon obèse,
Atlantique Estsenne coulissanteFrance, Espagnelistao, albacore
palangreJapon, Ré.de Corée,Taiwan, diversthon rouge, thon obése, albacore,germon
Atlantique Centre-EstpalangreJaponthon rouge

Divers = essentiellement des pavillons de complaisance; les flottilles nationales de thoniers (par ex.Hawaii, Fidji, lles Salomon, Maldives, Sénégal, etc.), ne sont pas comprises.

2.1.2 Les pêches

La plupart des thons et thonidés sont capturés industriellement par différentes méthodes (canne, senne coulissante et palangre) dans tous les océans (Cartes 1á 6). La premiére et la troisiéme de ces méthodes sont utilisées pour les poissons qui se déplacent prés de la surface (par exemple le listao, petits et moyens albacores, germon et thons rouges du nord et du sud), tandis que la deuxiéme sert á prendre des poissons de plus grande profondeur (grands thons rouges du nord et du sud, thons obéses, albacores,germons, voiliers, marlins et espadons). Les deux derniéres espéces font surtout l'objet de captures accessories. La plupart des poissons pris à la canne sont destinés á la conserverie, tandis que ceux capturés á la palangre, á l'exception des germons, sont vendus principalement sue le marché du sashimi7. Les autres engins utilisés sont les lignes de trâine, les lignes à main, les filets dérivants, les pièges et les harpons. Des dispositifs de concentration du poisson (DCP), naturels ou artificiels, sont souvent utilisés en association avec la pêche à la senne coulissante, à la canne ou aux lignes á main. Des indications sur les navires de pêche, les pavillons et les techniques mises en oeuvre figurent au Tableau 5.

En 1991, 90% de toutes les captures de thon énumérées dans la Convention de 1982 (Fig.5) étaient le fait de seize pays outre les pays regroupés dans la catégorie “divers nca”8 et 80 autres pays ont réalisé des captures représentant au total 10% des prises totales. Parmi les 16 principaux pays pratiquant la pêche au thon, cinq seulement notifient à la FAO l'effectif et la composition de leurs flottilles de pêche9. Les données fournies sur les captures comportent des incohérences manifestes. Par exemple, Panama signale 17 700 tonnes de captures pour 444 navires enregistrés par la Lloyd (ce qui représente environ 40 tonnes par navire et par an), alors que le Venezuela fait état de 82 800 tonnes pour 80 navires immatriculés (soit environ 1 000 tonnes par navire), dénotant ainsi d'importantes erreurs de notification dans le cas des bateaux battant des pavillons de complaisance.

Figure 5

Figure 5: Captures en 1991 des thons énumérés á l'Annexe I à la Convention de 1982 et pourcentage cumulatif des captures totales pour chaque espèce

7 Marché réservé au thon de qualité supérieure, consommé crû, principalement au Japon

8 A partir de 1982 les captures enregistrées dans cette catégorie se rapportent exclusivement aux prises effectuées dans l'océan Atlantique par des navires des Iles Caïmans, de l'Equateur, de Malte, du Mexique, du Maroc, de Norvège, de Panama, de Vanuatu et du Venezuela, dont le tonnage est calculé globalement pour éviter toute divulgation de données confidentielles. Les captures réalisées dans le Pacifique correspondent aux prises totales de thon des Iles Caïman, du Costa Rica, de Colombie, de Chypre, de Salvador, du Honduras, de Panama, du Pérou, d'Espagne, de Vanuatu et de l'ancienne URSS (FAO,1993b)

9 Equateur, Ghana, République de Corée, Mexique et Taiwan (Prov. de Chine, indiquée sur la Fig.5 sous la rubrique “Divers Asie”)

Le tableau 6 récapitule les captures et l'état des stocks, par espéce et par océan. Les captures annuelles totales de thons et de thonidés ont enregistré une progression constante, passant d'une valeur moyenne annuelle d'environ 1,9 million de tonnes au début des années 1970 à 4,2 millions de tonnes en 1990. Les captures des principales espéces commerciales de thon sont passées de 1,4 á 2,8 millions de tonnes , dont 66% dans le Pacifique, 16% dans l'Atlantique, et le reste dans l'océan Indien. Les bonites á ventre rayé et les thons albacores constituent respectivement 45% et 35% des captures. Le Pacifique permet de réaliser 71% des captures mondiales de listao, et des pourcentages de 66%, 58% et 53%, en ce qui concerne respectivement le albacore, le thon obése et le germon.

Les pêches mondiales sont extrêmement actives. Au début des . années 1980, une partie des senneurs espagnols et françis se sont déplacés de l'Atlantique à l'océan Indien, contribuant pour beaucoup á l'accroissement des captures de thons et de thonidés dans l'océan Indien, qui ont plus que doublé entre le début des années 1980 et 1989. La plupart des senneurs des Etats-Unis ont cessé d'opérer dans le Pacifique oriental, parce qu'ils faisaient trop de captures accessoires de dauphins; une partie d'entre eux se sont maintanant déplacés vers le Pacifique occidental où la République de Corée et Taïwan (province de Chine) ont aussi entrepris des opérations de pêche de grande envergure á la senne coulissante. Prèsdes deux tiers des captures des principales espéces marchandes de thon sont faites par les pays10 qui pratiquent traditionnellement cette pêche, mais dans nombre de pays en développement11, la pêche du thon s'intensifie, notamment dansle secteur artisanal.

Les marchés du thon sont constitués á l'échelle mondiale et les produits échangés circulent librement entre les régions et les pays. La valeur des prises de thon mises á terre est comprise, pour la plupart des espéces entre 1 000 et 2 000 $ E.-U.par tonne, á l'exception du thon rouge (20 000 $ E.-U. /t)12 et du thon obése (8 000 – 12 000 $ E.-U./t). Les principales espéces en termes de recettes totales des flottilles de pêche sont l'albacore, le thon obése et la listao (Fig. 6), chacune ayant permis de réaliser plus de 1,8 milliard de dollars de recettes en 1991.

10 Japon, Taïwan (province de Chine), Espagne, République de Corée, E.-U. et France

11 Indonésie, Philippines, Mexique, Venezuela, Maldives, Equateur, Panama, Ghana, Iles Salomon

12 La valeur des captures débarquées de thon rouge a été multipliée par 6 depuis 1982, en raison de la diminution des prises et son niveau actuel exerce une pression accrue sur les stocks

Tableau 6
Principaux pays pêcheurs de thon, captures totales et état oitationpar océan et espéces ou groupes d'espéces
OcéanEspécePrincipaux pays de pêche(1990)Captures(milliers de tonnes)Etat d'exploitation
70–7475–7980–84198519861987198819891990
Atlantique GermonEspagne, Taïwan (PC)787264737564676469Nord:F
Sud:?O
Thon obéseJapon, Espagne, Partugal,France, Ghana515366776049577065F ou O
Thon rouge du nordFrance, Espagne, Italie, Japon162322262120252323Ouest:E
ListaoEspagne,Ghana,7585131114115108142115133?
 France,brésel          
AlbacoreEspagne, France,86124142148133136130155159Est:F
Venezuela, Taïwan (PC)          Ouest: ?
 Makaires, marlins, voiliers et espadonsEspagne, Italie, USA, Algérie, Japon 212129424145525451 Makaires 
         belu et
         balnc:F
         Voiliers:S ESpadons
Total principales espèces de thon, makaries et viiliers, et espadons 327378454480445422473481500 
Petits thonidés et maquereux-bonitesTurquie, Mexique, Ghana, Sénégal888612110086106120108112 
TOTAL OCÉAN ATLANTIQUE415464575580531528593589612 
IndienGermonTaiwan (PC)11111692842411940?F
Thon obéseCorée, Taiwan (PC), Japon163337434749544043F
Thon rouge dusudaJapon, Australie503843352726231916E
ListaoMaldives, Espagne,France, Indonésie383463137149169205238221L ou M
AlbacoreEspagne, France, Oman, Taiwan (PC)303855101118129180154180F
Makaires, voiliers et espadonsTaiwan(PC), Sri Lank, Inde, Japon6710171818181614Espadon: M
Total principales espéces de thon, makaires et voiliers, et espadons 151161224342387433521486514
Petits thons et thazardsInde,Sri Lanka,
Pakistan, EAU,
Yérmen,Iran
5686140214221262278278 285
TOTAL OCÉAN INDIEN207247364556608395799764799 
PacifiqueGermonTaïwan (PC), Japon,121118104105108110116162124Nord: F
E.-U., Corée         Sud: F
Thon obéseJapon, Corée83125111124150150121128150F
Thon rouge du nordJapon,E.-U.,201919111412696?
ListaoJapon, E.-U., Philip., Indonésie, Taiwan (PC)395506666661815756935868885M
AlbacoreMexique,E.-U.,Japon, 300390400476542602586627648Est: F Centre & Ouest:L
Makaires, violiers et espadonsJapon, Taïwan (PC)596062576673767681Espadon: M
Total principales espéces de thon, makaires et violiers, et espadons  97812781362143416951703184018701894 
Petits thons et thazardsIndonésie, Philip., Japon, Tahiland, Corée340369532627641695815874918 
TOTAL OCÉAN PACIFIQUE131816471894206123362398265527442812 
Total tous océans: gros thons, makaires et voiliers, espadons145618172040225625272558283428372908 
Total tous océans: petits thons et thazards4845417939419481063121312601315 
Total toutes espéces de thons et poissons assimilables au thon194023582833319734753621404740974223 

? - incertain ou inconnu,

L = légérement exploité,

M - modérément exploité,

F - fortement étotalement exploité,

S - sureexploité,

E - épuisé

Les captures d'espéces autres que les principales espéces commerciales ont également fortement augmenté, passant d'environ 0,5 million de tonnes au début des années 1970 á 1,5 million de tonnes en 1990. Dix pour cent seulement de ces captures se composent de makaires, voiliers, et marlins et d'espadons, et proviennent essentiellement du Pacifique et de l'Atlantique. Comme la plupart des espéces secondaries, autres que les voiliers, marlins et espadons, sont exploitées par des pêcheurs artisanaux, parfois rejetées á la mer par les pêcheurs industriels, et fréquemment mal identifiées, les statistiques correspondantes sont moins fiables. La trés rapide augmentation des captures observée de 1970 á 1990 refléte donc vraisemblablement une amélioration de la précision des statistiques. Les captures de 1990 étaient constituées principalement de thazard oriental (247 000 tonnes), d'auxide et de bonitou (215 000 tonnes), de thon mignon (141 000 tonnes), de thazard rayé indo-pacifique (115 000 tonnes), de thonine orientale (98 000 tonnes), d'espadon (77 000 tonnes), de bonite du Pacifique oriental (54 000 tonnes), de thazards (46 000 tonnes) et de thazard indo-pacifique (43 000 tonnes). Ces captures représentent au total plus de 400 000 tonnes de poisson.

2.1.3 Etat des stocks

Le Tableau 6 présente de maniére détaillée l'état des stocks. Compte tenu de l'imprécision des données concernant leur état, nombre de stocks des principales espéces marchandes de thon semblent fortement á pleinement exploitées. Certains sont surexploités13 ou en voie d'épuisement. Sur les 20 stocks des 20 principales espéces commerciales de thon, 14 sont dans ce cas, tandis que 5 sont légérement á modérément exploités, l'état du dernier étant incertain. Les figures 7–9 décrivent l'évolution des captures par espéce et par océan depuis 1970.

Germon. Le stock de germons de l'Atlantique Nord semble exploité de maniére intensive. Dans l'Atlantique Sud, l'exploitation dépasse le niveau de la production maximale équilibrée (PME), bien que l'ampleur de cette surexploitation reste incertaine. Dans l'océan Indien, le stock de germons semble intensément exploité, mais les évaluations correspondantes sont peu fiables. Dans le Pacifique Nord, le stock est vraisemblablement pleinement exploité, mais stable. Dans le Pacifique Sud, la partie profonde de la ressource (groupes plus âgés) est actuellement fortement exploitée. Sur la base des données provenant de cette pêcherie, la PME serait de 31 000 á 37 000 tonnes, mais pourrait être bien supérieure, si l'on augmentait la pêche de surface, encore que cela aurait peut-être des répercussions sur les captures de palangriers. Les captures combinées de la pêche aux filets dérivants, aux palangres et aux lignes de traîne réalisées en 1988–89 pourraient ne pas être viables á long terme; toutefois, les activités de pêche ont été réduites suite á la fermeture des pêcheries pélagiques á filet dérivant en 1991.

Thon obése. Dans l'Atlantique, les captures de thon obése atteignent ou dépassent le niveau de la PME, évaluée á 67 000–76 000 tonnes. Dans l'océan Indien, les stocks de thons obéses sont fortement exploités, mais devraient être en bon état. Dans le Pacifique, le stock de cette espéce est exploité á un niveau voisin de la PME (la production de la pêche á la palangre a atteint 139 000–170 000 tonnes).

13 Aux fins du présent document la surexploitation désigne la surexploitation du recutement (autrement dit, le taux de renouvellement annuel se trouve affecté par l'épuisement du stock de reproducteurs)

Figure 6

Figure 6: Recettes totales des flottilles de pêche du thon en dollars des Etats-Unies, et pourcentage par espèce (espèces figurant à l'Annexe I de la Convention de 1982 sur le Droit de la mer)

Thon rouge. Dans l'Atlantique Est et en Méditerranée, des réductions de l'effort de pêche, en particulier pour les poissons de petite taille, permettraient d'accroître la production á longue échéance. Dans l'Atlantique ouest, le stock est considéré comme surexploité et la biomasse des adultes ne représente á présente que 10 á 23% de ce qu'elle était en 1970. Dans le Pacifique Nord, l'eétat des thons rouges du Nord est mal connu, mais le stock semble surexploité en termes de rendenment par recrue, et le recrutement s'avére trés variable. Le rendement par recrue pourrait sans doute augmenter si l'âge minimum de capture augmentait á 2,5 ans. Les thons rouges du sud sont surexploités dans l'océan Indien, le Pacifique et l'Atlantique Sud; la biomasse des reproducteurs est en diminution constante, au moins jusqu'en 1990. La plupart des analyses récentes ont révélé une baisse du recrutement de 1975 á 1983, mais n'ont pu prévoir les niveaux de recrutement futurs.

Listao. Dans l'Atlantique, le stock de listao est sans doute modérément exploité, mais cela n'est pas établi de maniére certaine. Dans l'océan Indien, le stock semble en bon état, son potentiel est en grande partie inconnu. Les captures peuvent sans doute encore augmenter, tant dans le Pacifique oriental et central que dans le Pacifique Occidental.

Albacore Le taux d'exploitation du stock d'albacore de l'Atlantique Est est proche de la PME. Les captures de 1990, á savoir 147 000 tonnes, ont dépassé la PME estimée á 132 000 tonnes, du fait de classes d'âge abondantes, mais l'effort de pêche semble légérement inféreieur á celui qui correspond á la PME. L'état du stock de l'Atlantique Ouest est mal connu. Dans l'océan Indien, les albacores ne semblent pas menacés par la surexploitation, bien que les captures aient considérablement augmenté ces dix derniéres années. Des recherches plus approfondies sont néanmoins indispensables á une meilleure détermination de l'état des stocks. Dans le Pacifique central et occidental, la plupart des analyses récentes donnent á penser que les captures actuelles pourraient être doublées. Le stock du Pacifique oriental s'est amenuisé entre les années 1970 et 1982, puis s'est reconstitué grâce à la concentration de la pêche sur des poissons de plus grande taille (ce qui a amélioré le rendement par recrue) et au renforcement du recrutement qui s'est stabilisé depuis 1985. Aujourd'hui, le stock semble pleinement exploité ou proche de l'être.

Makaires, voiliers, marlins, et espadons. Les stocks de makaires bleus et blancs de l'Atlantique risquent d'être surexploités. Des préoccupations ont été experimées quant á l'état des stocks de voiliers de l'Atlantique Ouest et davantage encore au sujet des espadons de l'Atlantique. Les statistiques relatives aux voiliers, marlins et makaires, ainsi qu'aux espadons de l'océan Pacifique, sont incomplétes et même les données biologiques de base sont limitées. La connaissance de l'état des stocks est donc généralement insuffisante. Les espadons semblent sous-exploités dans l'océan Indien et modérément exploités dans le Pacifique.

Pour résumer, les stocks de plusieurs espéces de thon sont encore en bon état et font l'objet d'une exploitation relativement légére á modérée; tel est le cas notamment pour le listao dans tous les océans, le germon dans l'Atlantique, l'albacore dans le Pacifique occidental et central. D'autres stocks sont soumis á des pressions plus fortes, tels que l'albacore dans le Pacifique oriental et l'Atlantique. D'autres encore sont exploités en-deçá de leur PME, tels que les stocks de thon rouge du nord dans l'Atlantique Est et en Méditerranée, de germon dans l'Atlantique Sud et peut-être de thon obése dans l'Atlantique. Enfin certaines ressources de thon sont considérées comme en voie d'épuisement, par exemple le thon rouge du nord et le thon rouge du sud dans l'Atlantique. L'état des stocks de albacore dans l'Atlantique Ouest et du thon rouge du nord dans le Pacifique est inconnu et l'état des autres stocks peut être qualifié de fortement exploité à surexploité. Cette évaluation donne á penser que les espéces de thon á cycle de vie plus long, qui doivent faire l'objet d'une meilleure protection, sont soit surexploitées, soit épuisées, tandis que les espéces á cycle de vie plus court sont encore en assez bon état.

Figure 7

Figure 7: Evolution des captures de thon dans l'océan Atlantique (espèces figurant à l'Annexe de la Convention sur le Droit de la mer de 1982)

Figure 8

Figure 8: Evolution des captures de thon dans l'océan Pacifique (espèces figurant à l'Annexe de la Convention sur le Droit de la mer de 1982)

Figure 9

Figure 9: Evolution des captures de thon dans l'océan Indien (espèces figurant à l'Annexe de la Convention sur le Droit de la mer de 1982)

On ne dispose habituellement pas de données concernant les stocks d'espéces côtiéres de thonidés, pour lesquelles peu de travaux de recherche ont généralement été entrepris.

2.1.4 Aménagement des pêches

Arrangements internationaux

Une revue et une analyse détaillées des organismes internationaux d'aménagement des stocks de thon dans le monde ont été réalisées par la FAO dans la perspective de la création de la Commission thoniére de l'océan Indien (Shomura et Jayewardene, 1992). Certains des Etats dont les ressortissants pêchent le thon, coopèrent au sein de commissions internationales spécialisées des pâches, telles que la Commission inter-américaine du thon tropical (IATTC), dans le Pacifique oriental, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA), la Commission des pêches pour l'océan Indien (CPOI) de la FAO, la Commission Indo-Pacifique des pêches (CIPP) de la FAO, et l'Arrangement trilatéral sur le thon rouge du sud (conclu entre l'Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande). La Commission du Pacifique Sud (CPS) effectue des études scientifiques consacrées aux stocks de thon dans sa zone de compétence, tandis que l'Agence des pêches du Forum du Pacifique Sud (SPFFA) est chargée de réglementer l'accès aux ressources de thon qui relèvent de la juridiction des Etats Membres. La Convention de Wellington est entrée en vigueur dans le Pacifique Sud en 1991 en réaction à la pratique de la pêche au filet dérivant du germon du sud et a conduit á la pour suite de négociations destinées à élaborer un arrangement pour l'aménagement des ressources de germon du Pacifique Sud. Plusieurs autres activités sont actuellement en cours en vue de la création officielle de nouveaux organismes d'aménagement des stocks de thon dans le monde, notamment l'accord relatif à l'exploitation des thonidés du Pacifique oriental (EPTA), l'Organisation thonière du Pacifique oriental (OAPO), l'Organisation thonière de l'océan Indien occidental (WIOTO), et la Commission thonière de l'océan Indien de la FAO (IOTC).

L'IATTC, l'ICCAT et l'IOFC recueillent des données et éstablissent en collaboration des estimations concernant la totalité de l'aire de distribution des stocks. Toutefois, cela n'est pas le cas dans le Pacifique, où l'IATTC et la SPFFA/CPS couvrent une partie seulement de la zone concernée. L'exercice d'une pleine responsabilité sur toute l'aire de distribution est une condition nécessaire (quoiu'insuffisante) d'un aménagement adéquat et d'une amélioration de la situation à cet égard.

Préoccupations d'aménagement

La conservation des ressources de thon rouge en voie d'épuisement est la préoccupation majeure. La question des ressources de thon rouge a été soulevée par plusieurs pays et a été examinée dans le cadre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Il s'agit d'un excellent exemple d'espèce de grands migrateurs dont les migrations s'effectuent sur de très grandes distances, essentiellement dans les eaux côtières, où ils sont particulièrement exposés à un risque cumulé de capture en un grand nombre de lieux de pêche distincts, où ils font l'objet d'une exploitation en phases successives classique, à tous les stades de leur cycle de vie, depuis les jeunes thons aux thons adultes de 30 ans. Cette situation, dans laquelle le risque de capture est cumulé tout au long du cycle de vie, exige la mise en place d'un mécanisme spécial d'aménagement pour pouvoir protéger et développer les stocks. La récupération pour ce type d'espèces à cycle de vie long demandera du temps ainsi que l'adoption d'une stratégie à long terme comportant des mesures énergiques destinées à réduire le niveau d'exploitation des stocks et à protéger les jeunes poissons, avant leur maturité sexuelle et leur contribution notable à la reproduction du stock.

A l'occasion de la Consultation technique sur la pêche en haute mer, qui a eu lieu à Rome du 7 au 15 septembre 1992, l'IATTC a signalé l'existence d'un “chevauchement important des activités des organisations thonières existantes, appelé à s'aggraver à la faveur de la multiplication des organismes régionaux”. Une plus grande efficacité pourrait être atteinte si les organismes régionaux oeuvraient en collaboration plus étroite, par exemple dans le contexte d'un “mécanisme cadre”. La mise au point d'un mécanisme mondial d'aménagement des ressources de thon se justifie dans une large mesure du fait que la plupart des navires pratiquant la pêche du thon peuvent exploiter l'un ou l'autre des stocks d'une région à l'autre et d'un océan à l'autre. Il semble cependant qu'une organisation thonière mondiale soit appelée à rencontrer les mêmes difficultés que les commissions individuelles, si les dispositions réglementaires d'aménagement sont ignorées des Etats non parties à la Convention.

Un autre problème potentiel important de la plupart des pêcheries de thon tient à l'absence de tradition et de dispositifs de contrôle direct de l'effort de pêche, de limitation de la capacité globale des flottilles et d'allocation explicite des ressources. En dépit de ces handicaps, une surexploitation trop grave des stocks a été évitée jusqu'à présent14, dans la quasi-totalité des cas, grâce aux limitations imposées par la forte saturation du marché, ainsi qu'aux possibilités de développement des activités offertes par d'autres espèces ou par d'autres zones. A l'avenir, compte tenu des besoins croissants et de la hausse des prix, l'absence de contrôle de l'effort de pêche et de mécanisme d'allocation risque d'entraîner une extension de la surexploitation et l'épuisement des espèces de thon les plus petites et de plus faible valeur commerciale.

Ces dernières années, certains Etats côtiers ont entrepris de contrôler l'accès des flottilles de pêche lointaine à leurs zones économiques exclusives (par exemple le Mexique et plus récemment les Etats-Unis). D'autres font payer un droit aux pays pratiquant la pêche lointaine du thon à l'intérieur de leurs ZEE respectives (par exemple les pays du Pacifique Sud, le Sénégal, le Maroc) en fixant unilatéralement le nombre de navires autorisés et le volume des captures. Or, les conséquences de cette politique ne sont pas insignifiantes; d'une part, elle équivaut, de l'avis de certains universitaires, à la reconnaissance implicite d'un privilège des Etats côtiers en matière d'utilisation des stocks de grands migrateurs lorsqu'ils se trouvent à l'intérieur de leur ZEE (Munro, 1993). D'autre part, elle pose un problème d'aménagement parce que, faute d'un accord international sur le niveau du total admissible de capture (TAC), le tonnage global des flottilles et la répartition par Etat des ressources, la concurrence entre les Etats côtiers désireux de retirer le plus possible d'une ressource internationale commune, risque d'aboutir à des régimes d'exploitation non durables.

14 Sauf les stocks de thon rouge

La production totale potentielle des ressources de thon et de thonidés dépend de la combinaison de techniques de pêche utilisées, compte tenu de la capacité différente des diverses méthodes à capturer les poissons de chaque groupe d'âge; dans certains cas un accroissement de la production est possible (par exemple, en ce qui concerne le germon et l'albacore dans l'Atlantique, ainsi que le thon rouge du nord et du sud) si l'on protège les poissons de petite taille ou non parvenus à maturité et si les captures se limitent plus rigoureusement aux groupes d'âge plus anciens. L'observation des réglementations concernant la taille des prises recommandées par l'ICCAT, en particulier pour le thon rouge du nord en Méditerranée, doit impérativement être renforcée. Par ailleurs, la protection des poissons de petite taille risque de s'avérer soit inefficace à l'échelle mondiale dans le cas des stocks à taux élevé de mortalité naturelle, notamment les bonites à ventre rayé, soit inefficace (ou inacceptable) à l'échelle locale dans les régions d'intense émigration. En pareilles circonstances, l'évaluation des conséquences mondiales et locales des mesures d'aménagement exige au préalable une étude des interactions bio-économiques des différents secteurs des pêches. Des propositions pour la mise en place d'un mécanisme mondial d'aménagement des ressources de thon ont même été formulées.

Les captures accessoires de dauphins à la senne coulissante sont un sujet de préoccupation, surtout dans le cas des albacores du Pacifique oriental. Les activités de recherche, de surveillance et d'aménagement se sont attachées, avec succès, à réduire la mortalité accidentelle des dauphins. De nombreuses conserveries n'acceptent plus les thons capturés avec des dauphins. Cette mesure a des répercussions sur les opérations de pêche dans le Pacifique Est, où l'intensité des activités halieutiques a diminué (certains navires se sont déplacés vers le Pacifique Ouest). La nécessité de protéger les dauphins aura un effet inhibiteur et aboutira à une diminution des captures des grands albacores qui vivent habituellement en association avec les dauphins. Cela pourra entraîner une concentration de l'effort de pêche sur des poissons plus petits, qui forment normalement les bancs exempts de dauphins, et donc conduire à une exploitation sous-optimale.

2.2 Requins océaniques

2.2.1 Ressources

On compte près de 350 espèces de requins et la plupart d'entre eux s'aventurent loin du littoral ou passent certaines phases de leur cycle de vie dans les zones côtières (Compagno, 1984). Les cartes 7 et 8 indiquent la distribution de plusieurs grandes espèces de requins de type néritique ou océanique. On rencontre fréquemment les requins néritiques dans le domaine compris entre la zone littorale et le bord extérieur du plateau continental et sur les talus; le secteur dans lequel ils se trouvent peut en outre déborder dans les régions hauturières lorsque le plateau continental est suffisamment large. Les grands requins de type océanique vivent essentiellement en haute mer, et sont susceptibles d'entreprendre des grandes migrations à plus de 1 000 km de distance, bien qu'ils puissent se trouver à proximité immédiate de la côte, de telle sorte que leur domaine pénètre parfois les zones économiques exclusives, en particulier celles des pays insulaires.

Carte 7

Carte 7: Distribution des requins néritiques (tiré de Garcia et Majkowski, 1992. Reproduit avec l'aimable autorisation de l'Institut du droit de la mer, Université de Hawai)

Carte 8

Carte 8: Distribution des requins océaniques (tiré de Garcia et Majkowski, 1992. Reproduit avec l'aimable autorisation de l'Institut du droit de la mer, Université de Hawai)

Les requins figurent parmi les captures accessoires de nombreuses pêcheries océaniques et côtières, mais ils sont maintenant recherchés directement par la pêche à la palangre, à la ligne à main et parfois au chalut de fond. La pêche sportive s'y intéresse également. Les pêcheries de requin ont connu récemment un développement quantitatif à la faveur de l'essor du marché de la viande de requin et des produits dérivés.

2.2.2 Pêches

Peu de pêcheries de requins font l'objet de données suffisamment détaillées; les principaux pays qui pratiquent cette pêche se situent en Asie et en Europe et comprennent Taïwan (province de Chine), le Japon, la République de Corée, la France, la Norvège, la Russie, l'Espagne, et le Royaume-Uni, tandis que les consommateurs des Etats-Unis manifestent un intérêt croissant pour ce produit. En règle générale, les statistiques fournies à la FAO ne correspondent pas véritablement aux captures réelles, et les prises notifiées ne sont pas correctement classées par espèces. En raison de l'importance éventuelle des prises accessoires comptabilisées parmi d'autres statistiques de captures14 et des quantités rejetées, les séries chronologiques disponibles ne renseignent pas de facon fiable quant aux quantités prises en mer et devraient, dans le meilleur des cas être considérées comme des valeurs minimales, éventuellement indicatives des tendances. La pêche sportive revêt également une certaine importance, en particulier dans certains pays, mais l'insuffisance des données concernant son ampleur contribue à l'incertitude concernant le niveau réel des captures mondiales de requins.

Le volume des captures signalées a connu une constante augmentation depuis les années 1940 jusqu'à nos jours. D'après les données fournies à la FAO concernant l'année 1991 (1993b) quelque 700 000 tonnes de poissons cartilagineux ont été débarquées, dont environ 200 000 tonnes classées dans la catégorie des raies, 170 000 tonnes dans celle des requins, et 310 000 tonnes restées non classées. Globalement les captures identifiées de requins sont passées de 148 000 tonnes en 1970–74 à 170 000 tonnes en 1991. Il ressort malheureusement des statistiques que les plus fortes augmentations de captures correspondent au groupe notifié à la FAO comme étant celui des élasmobranches non identifiés. Cela illustre les problèmes posés par l'analyse des tendances mondiales propres aux différents stocks dans le cas des pêches de poissons cartilagineux. Il est cependant intéressant de remarquer que les captures notifiées de requins pélagiques ont légèrement diminué ces 20 dernières années, alors que les chiffres disponibles quant aux prises débarquées de requins démersaux ont un peu augmenté. Cela dénote peut-être une surexploitation au niveau mondial des stocks de requins océaniques, ainsi qu'une utilisation croissante des prises accessoires d'élasmobranches des pêches démersales. Compte tenu de l'importance des captures non identifiées, l'interprétation de ces tendances au niveau mondial reste néanmoins extrêmement sujette à caution.

15 En particulier les prises débarquées sous forme d'ailerons de requins. Les exportations d'ailerons de requins ont augmenté de 60% en volume et de 180% en valeur au cours des dix dernières années. Parallèlement les importations d'ailerons de requins ont augmenté de 70% en volume et de 250% en valeur au cours de la même période (Source: FAO FISHDAB, 1993)

Les squales ou chiens de mer constituent une part très importante des prises débarquées. Cette catégorie est prépondérante dans l'Atlantique Nord et dans le Pacifique Nord; par ailleurs, bien que la plupart des captures proviennent de la zone côtière du plateau continental, certains squales chiens de mer sont pris à des profondeurs pouvant atteindre 900 m. Les stocks de aiguillat commun font partie des stocks démersaux donnant lieu aux pêches plurispécifiques pratiquées dans l'Atlantique Nord Ouest et ils peuvent constituer des stocks chevauchants dans ce secteur comme au large du Canada. Les prises débarquées de squales aiguillats dans l'Atlantique Nord-Ouest (zone de pêche 21 de la FAO) signalées à la FAO en 1990/91 ont atteint environ 14 000 tonnes. Les prises débarquées mondiales de squales se sont élevées à près de 47 000 tonnes au cours de la même période.

Les requins taupe sont des espèces essentiellement océaniques. Le requin taupe commun (Lamna nasus), fait partie de ce groupe et donne lieu à des captures en quantités importantes à la ligne, à la palangre et au filet maillant dans les mers australes et septentrionales. Les captures réalisées dans les mers septentrionales sont régulièrement notifiées à la FAO, tandis que, selon toute vraisemblance, celles des mers australes dépassent les chiffres indiqués. Les stocks de requins taupe communs semblent avoir fortement diminué dans les années 1960 suite à une exploitation intensive. En fait les chiffres indiqués de captures de requins taupes ont récemment enregistré une baisse au niveau mondial, après avoir atteint un maximum de 44 000 tonnes en 1984, pour tomber à 14 500 tonnes en 1991. D'après la carte de la distribution des stocks de requins taupe (Carte 7), les requins de ce type constituent une ressource chevauchante sur le plateau continental du Pacifique nord et de l'Atlantique, ainsi qu'en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Pérou, au Chili, en Argentine et en Afrique du sud.

Répandu dans le Pacifique Nord, le requin saumon (Lamna ditropis) constitue une capture accessoire; fréquemment rejeté par les pêches au filet dérivant dont l'encornet et le saumon sont les espèces-cibles, comme par les pêches à la palangre des pays asiatiques, il suscite au demeurant un intérêt croissant en Alaska. Les stocks ont sans doute été épuisés depuis le milieu des années 1950 (Compagno, 1988).

Les requins bleus et petites taupes (Isurus paucus et I. oxyrinchus) figurent parmi les captures accessoires des pêches à la palangre d'espèces pélagiques dans les eaux tropicales. Les requins taupe bleue (I. oxyrinchus) sont très répandus entre les latitudes de 40°S à 50°N et représentent une espèce importante pour les pêches au filet maillant et à la palangre en raison de la qualité supérieure de leur viande. Ils sont également appréciés du point de vue de la pêche sportive, pour leur vigueur au moment de la capture. Les statistiques de captures ne sont guère fiables.

Les renards de mer (Alopias vulpinus, A. superciliosus et A. pelagicus) représentent un autre groupe important, comprenant aussi bien des espèces côtières que des espèces océaniques. Les captures de renards de mer sont le fait de palangriers russes et japonais du Pacifique central et du nord de l'océan Indien. Il existe d'autres pêcheries de ce type au large du sud de la Californie et de la côte nord-est des Etats-Unis.

Le squale peau bleue (Prionace glauca) est une espèce océanique répandue partout dans le monde, dans les eaux tempérées comme dans les eaux tropicales; il est considéré comme le plus courant des squales océaniques dans le Pacifique Est et dans l'Atlantique où il constitue communément une capture accessoire des pêches au thon à la palangre et au filet dérivant (Litvinov, 1989). Il migre vers le nord en été et vers le sud en hiver, en se concentrant sur les monts sous-marins. Il est réputé entreprendre des migrations régulières dans le sens des aiguilles d'une montre à travers l'Atlantique Nord. Il constitue une capture accessoire des pêches à l'architeuthis volant au filet dérivant dans lequel il s'emmêle pendant qu'il s'attaque aux encornets. Il est aussi capturé fréquemment au moyen de lignes à main, de filets pélagiques et de filets de fond. Cette espèce était prédominante dans les 7 000 tonnes de prises de squales débarquées au Japon au début des années 1970 (Gulland, 1971).

Le requin océanique (Carcharhinus longimanus) et le requin soyeaux (C. falciformis) figurent souvent parmi les captures accessoires des pêches à la palangre, à la senne coulissante et à la ligne à main partout dans le monde. Parmi les autres espèces présentes en quantités notables en haute mer et capturées essentiellement par les pêcheurs à la palangre de thons, comme de makaires, voiliers et marlins, on peut citer le requin crocodile (Pseudocarcharias kamoharai) et le requin tigre (Galeocerdo cuvier), bien que la présence de ce dernier soit étroitement liée au plateau continental.

L'énorme et facilement reconnaissable requin baleine (Rhincodon typus), (jusqu'à 18 m de long) est présent dans la zone située entre les tropiques (sous des latitudes comprises entre 30°N et 30°S). Cette espèce de grands migrateurs, le plus grand poisson du monde, se nourrit de plancton et de petites espèces pélagiques. Il s'agit du seul squale qui n'est jamais capturé à la palangre, mais généralement au moyen de filets ou encore au harpon (par exemple, au Sénégal, au Pakistan, en Inde et à Taïwan (Province de Chine). Autre animal filtreur, le requin pèlerin (Cetorhinus maximus) fait l'objet d'une exploitation intense en Chine et au Japon; Compagno (1988) fait observer que les pêches consacrées à cette espèce côtière pélagique n'ont jamais été durables.

2.2.3 Etat des stocks et questions d'aménagement

Le potentiel et l'état actuel de la plupart des stocks sont inconnus. La majorité des squales mentionnés ci-dessus sont vivipares ou ovovivipares et se caractérisent par un cannibalisme utérin (excepté le genre Carcharhinus et les organismes filtreurs). Ils ont un taux de fécondité peu élevé, une croissance lente et une longue durée de vie. Ils offrent donc une faible résilience à l'effort de pêche et donnent lieu à un risque élevé de surexploitation du recrutement. En s'appuyant sur les études de cas disponibles, Holden (1977), a mis en doute la durabilité des pêcheries de squales. Les exemples fournis par l'effondrement des pêcheries de requins taupes communs dans l'Atlantique Nord, de mangeurs d'hommes (Galeorhinus zyopterus) en Californie, de squales entre l'Ecosse et la Norvège, et de requins écoliers australiens (NMFS, 1985), témoignent manifestement de l'existence d'un tel risque. De l'avis de nombreux experts, la plupart des stocks de squales ne peuvent fournir que de très faibles productions durables, selon des taux fréquemment inférieurs á 10 pour-cent de leur biomasse. Malheureusement, comme il s'agit souvent de captures exclusivement accessoires, un aménagement des stocks visant à atteindre de tels niveaux de production durable s'avère très difficile à réaliser. Cette situation n'est sans doute pas sans aucun rapport avec le fait que les requins n'ont pas une image très positive auprès de la population.

Jusqu'à une date récente, les captures accessoires de requins pélagiques de grande taille étaient jugées inopportunes, et tout au plus n'étaient pas conservées sinon pour les ailerons. C'est pourquoi les relevés de captures n'ont guère été tenus à jour. Dernièrement, la tendance à débarquer des requins entiers a sans doute eu pour effet d'améliorer la qualité des données recueillies; toutefois, les données concernant la plupart des pêches ne permettent pas d'évaluer correctement des stocks. La vulnérabilité des stocks de requins n'est pas obligatoirement incompatible avec l'augmentation des prises débarquées observée ces cinquante dernières années, augmentation explicable par la conjonction des facteurs ci-dessous:

En fait il existe des signes évidents de l'effondrement de certains stocks en raison des activités de pêche ou de leur grave surexploitation.

Gulland (1971) a indiqué que le potentiel mondial de requins ne devrait pas dépasser quelques centaines de milliers de tonnes; il a signalé en outre que le fait de rapprocher le chiffre des captures mondiales et cette estimation très grossière des ressources potentielles -- pour pouvoir se faire une idée du niveau actuel de la pression exercée par les pêches -- n'avait guère de sens, et ce pour maintes raisons. Premièrement, les statistiques disponibles sont imprécises. Deuxièmement, une comparaison de ce genre ne détecterait pas un éventuel épuisement local des différentes espèces et des populations et, enfin, faute de séries chronologiques fiables concernant les captures, il serait impossible d'interpréter la valeur calculée des captures rapportées au potentiel de pêche (en particulier, de faibles rapports pourraient dénoter aussi bien une sous-exploitation qu'un épuisement des ressources). Compte tenu de l'importance des requins au sein de l'écosystème océanique, le manque d'intérêt pour ces espèces dont témoignent la communauté scientifique et les organismes régionaux des pêches, devrait être un sujet de préoccupation.

2.3 Tortues de mer

Bien que les tortues de mer ne figurent pas sur la liste des espèces de grands migrateurs de la Convention de 1982, leur aire de distribution géographique est très étendue et leurs migrations se font sur des distances très importantes. La plupart des captures ont lieu dans les zones côtières, directement sur les plages à l'époque de la ponte ou dans les zones côtières au filet maillant. Les pêches à grande échelle au filet dérivant dans les zones pélagiques sont également une cause potentielle de mortalité.

La structure exacte des populations n'est pas connue précisément, mais il s'agit fréquemment d'espèces menacées. Les tortues sont capturées à la main lorsqu'elles s'échouent sur les plages ou sont prises accidentellement dans les filets trémails, les pièges, les chaluts et même dans les palangres des pêcheurs de thon et de makaires, marlins et voiliers. Du fait que la mesure de l'abondance de ces espèces soulève des difficultés multiples, il n'existe pratiquement pas d'évaluations des populations. Les statistiques de prises de tortues sont vraisemblablement très insuffisantes et les captures d'oeufs ne sont pas signalées. Les captures notifiées qui avaient atteint 5 500 tonnes en 1970–74 et qui avaient culminé à environ 7400 tonnes en 1975–80 ont depuis diminué constamment pour tomber à 1255 tonnes seulement en 1991 (Tableau 1). Les causes de cette diminution ne sont pas connues. En règle générale, les captures ne devraient pas être considérées comme de bons indices d'abondance; ainsi ce phénomène de diminution des captures pourrait également résulter des restrictions imposées par le marché. En raison toutefois de la vulnérabilité de ces animaux et sans autre explication satisfaisante, il y a probablement lieu de considérer que cette information dénote une raréfaction des ressources. D'après le FAO Catalogue Sea Turtles of the World (Marquez, 1990) quatre espèces de tortues présentent incontestablement un caractère océanique (espèces de haute mer).

La tortue caouane (Caretta) semble entreprendre de longues migrations qui suivent les courants chauds (Gulf Stream, Kuroshio, courants de Californie). Bien que cette espèce ait été observée en haute mer, sa distribution géographique est peu connue; par contre l'existence d'importantes zones de nidification est connue dans tous les océans. Elle est communément exploitée pour la viande, le cuir, la graisse et les oeufs (de façon illicite). Les captures totales signalées ont diminué, passant de 480 tonnes en 1970–74 à 185 tonnes en 1988, uniquement dans l'Atlantique central. Ces dernières années, 32 000 tortues ont été tuées au large du littoral atlantique des Etats-Unis et 10 500 dans le Golfe du Mexique. Des morts accidentelles dues à l'explosion d'une ancienne plate-forme pétrolière ont également été rapportées.

La tortue verte (Chelonia mydas) peut migrer depuis les zones de concentration pour réproduction jusqu'aux aires de nutrition, à des milliers de kilomètres. Certaines populations (par exemple des Iles Ascension) pratiquent des migrations transocéaniques de 2000 kilomètres et retournent aux frayères natales. Leur capture se fait au moyen de toutes sortes d'engins et à la main, principalement pour la viande, tandis que les oeufs suscitent des activités très répandues de braconnage. Les captures notifiées ont diminué pour passer de 400–500 tonnes dans les années 1970 à 300–350 tonnes vers la fin des années 1980. Considérée comme menacée, l'espèce figure sur la liste de la CITES. Bien que le commerce international de cette espèce ait été interdit depuis la fin des années 1970, des pêches locales de subsistance persistent dans de nombreuses régions du monde.

La tortue caret (Erethmochelys imbricata) est la plus tropicale de toutes les tortues de mer. Une partie de la population n'est pas nécessairement de type migrateur. En dépit du manque d'informations disponibles quant à d'éventuelles migrations transocéaniques, on soupçonne qu'elles ont lieu entre des groupes d'îles d'Océanie. L'espèce est exploitée pour sa coquille, pour sa viande et pour ses oeufs. Elle est néanmoins considérée comme menacée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Grâce aux restrictions imposées par la Convention sur le commerce international des espèce de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), les exportations ont diminué substantiellement depuis 1979. Les importations totales de carapaces ouvragées (coquilles ouvragées) au Japon s'élevaient respectivement à 25 et 29 tonnes en 1987 et en 1988. De 1970 à 1986 le commerce mondial de carapaces de tortues pratiqué par le Japon représente l'équivalent d'une population de 600 000 adultes (Ogren, 1989, p.108). Les captures notifiées ont oscillé de 240 à 370 tonnes, mais ce chiffre est sans doute imprécis. Les concentrations de nidification sont rares.

La tortue cuir ou tortue luth (Dermochelys coriacea) est adaptée aux eaux plus froides, et sa présence est répandue dans une zone très vaste; elle nidifie en effet dans les eaux tropicales et subtropicales, et vit à l'âge adulte dans une zone comprise entre 40°S et 60°N. Aucune indication ne tend à démontrer une modification de l'aire de distribution. Par ailleurs, les signes de multiplication des nids observés dans l'Atlantique Ouest ()gren, 1989, p.149) sont néanmoins difficiles à interpréter. Du fait des captures accidentelles par les filets dérivants et dans les palangres, l'espèce est toujours considérée comme menacée dans toute son aire de distribution et figure à ce titre à l'Annexe 1 de la CITES. Touchée de façon particulièrement grave en Asie du Sud-Est, ses perspectives à venir semblent plutôt limitées dans l'Atlantique Ouest (Ogren, 1989, p. 151–152). Il n'existe aucun chiffre de prises identifiées de cette espèce, bien qu'elle soit très certainement pêchée dans toute son aire de distribution.

Des efforts sont déployés (par exemple dans le Golfe du Mexique et en Indonésie) pour réduire la mortalité accidentelle des tortues prises dans les chaluts de crevettes, grâce à des dispositifs de ségrégation leur permettant de s'échapper des chaluts dans lesquels elles pénètrent accidentellement.

2.4 Castagnoles et ailerons

Les castagnoles et ailerons mentionnés dans les statistiques de la FAO désignent un regroupement hétérogène de différentes familles (Bramidés16, Formionidés et Stromatéidés). Les captures cumulées ont augmenté pour passer de 37 000 tonnes en 1970–74 à 115 000– 140 000 tonnes à la fin des années 1980. Les Bramidés (Brama spp.) forment une famille importante de poissons sur lesquelles très peu de données sont disponibles. Dans le Pacifique l'aire de distribution de Brama japonica couvre la zone intertropicale. Importante capture accessoire des pêches au filet dérivant d'encornets Ommastrephes bartrami et sans doute également des pêches de saumon, il est néanmoins fréquent qu'elle soit rejetée en mer. Beamish et McFarlane (1989) ont estimé approximativement ces rejets à 300 000 tonnes, suivant l'hypothèse d'un rapport 1:1 entre les tonnages d'encornets et de castagnoles du Pacifique pris dans les filets. Dans l'océan Atlantique l'aire de distribution de Brama brama, couvre aussi la zone intertropicale, les ressources correspondantes étant exploitées au voisinage de l'Espagne et de l'Afrique occidentale. Les prises débarquées notifiées sont passées de 200 tonnes en 1970–75 à 7 000 tonnes en 1988. Vendues à l'état de poisson frais en Espagne, les prises sont, paraît-il, transformées en farine de poisson sur les chalutiers industriels au large des côtes d'Afrique occidentale. Brama dussumieri est une espèce tropicale, sans doute la plus “hauturière” de tous les brames de mer, qui fait l'objet de captures accessoires de la part des chalutiers de pêche lointaine. Parmi les autres espèces importantes capturées accessoirement par les palangriers figure Taractichthys spp. (pêchée avec Brama brama au large des côtes espagnoles et par les palangriers japonais dans le Pacifique) et Taractes spp.. Le potentiel comme l'état de ces sont complètement inconnus.

2.5 Balaous

Le balaou du Japon (Cololabis saira17) est répandu au large des côtes, en dépit du fait que la plupart des captures sont effectuées à proximité du plateau continental où a lieu la ponte. On recense trois stocks distincts dans le Pacifique Nord, l'un dans le secteur nord-ouest le long de la côte japonaise du Pacifique, un autre dans la mer du Japon, et un troisième dans le Pacifique central. D'après Chikuni (1985) ce dernier stock océanique n'a jamais été exploité industriellement. Le stock du secteur nord-ouest est semble-t-il intensément exploité et les captures ont baissé de près de 500 000 tonnes vers la fin des années 1950 à 235 000– 350 000 tonnes dans les années 1980 (Tableau 1). Les stocks actuellement exploités semblent l'être pleinement et aucun accroissement des captures ne paraît envisageable. Le potentiel offert par les stocks en plein océan est inconnu.

16 Seuls les bramidés figurent à l'Annexe I de la Convention de 1982

17 Cette espèce figure à l'Annexe I de la Convention de 1982 avec Scomberesox spp.

2.6 Coryphènes

Les deux espèces de coryphènes (Coryphaena hippurus et C. equiselis) figurent à l'Annexe I de la Convention de 1982. Elles sont amplement réparties dans tous les océans, à proximité des côtes des îles, et plus loin au large des masses continentales, hors de la zone d'influence des écoulements d'eau. Elles sont capturées par les lignes de traîne des pêches au thon et accidentellement par les sennes coulissantes et les filets dérivants. Cette pêche se développe à la faveur de l'usage plus répandu des dispositifs de concentration du poisson (DCP). Gulland (1971) a montré, à partir de données très limitées, que le potentiel devait être voisin d'un million de tonnes. Or, les chiffres actuels de captures notifiées à la FAO concernent uniquement C. hippurus et dénotent très vraisemblablement une connaissance imprécise de la répartition par espèce des prises débarquées. Les chiffres connus de prises débarquées (Tableau 1) sont passés de quelque 19 000 tonnes en 1970–74 à 23 000 tonnes en 1975–80 et 30 000–37 000 tonnes en 1988. Les captures proviennent essentiellement du Pacifique Nord (60 – 70%).

2.7 Espèces potentielles de grands migrateurs

La Section 2.1 consacrée aux thons et aux thonidés a déjà mentionné un certain nombre d'espèces importantes pour les pêches (Thunnus tonggol, Allothunnus fallai, Gasteroschisma melampus, Acanthocybium solandri, Scomberomorus spp.) qui ne figurent pas dans la Convention de 1982, bien qu'elles présentent un certain nombre de caractéristiques communes avec celles qui y figurent.

Les exocets (Exocetidés) sont un groupe d'espèces particulièrement important, en particulier pour les pays insulaires; or, il ne figure pas dans la Convention de 1982, en dépit du fait qu'il appartient semble-t-il au même ensemble d'espèces océaniques que le coryphène (Coryphaena spp.). Les principaux genres sont les suivants: Exocoetus, Cypselurus, Hirundichthys, Cheilopogon et Prognichthys. Certaines espèces sont de type néritique, mais d'autres sont incontestablement de type océanique. Leurs caractéristiques migratoires et la structure de leurs stocks sont mal connues. Au cours des deux dernières décennies, les prises totales débarquées notifiées sont restées comprises entre 60 000 tonnes et 90 000 tonnes, sans qu'aucune tendance claire ne se dessine. Environ 70% des prises viennent du Pacifique, 20% de l'océan Indien et 10% de l'Atlantique. Mahon (1990) fait état d'une production de 4 000–5 000 tonnes des Caraïbes orientales, essentiellement de Hirundichthys. Le potentiel de cette ressource est inconnu. D'après Suda (1973) les captures mondiales potentielles pourraient avoisiner 100 000 tonnes dans les zones côtières, outre les ressources potentielles inconnues offertes par les zones océaniques.

Les poissons-lunes de la famille des Molidés sont d'étranges représentants d'une faune dont on sait très peu de choses; cette famille compte trois espèces seulement dans le monde entier. Ces poissons sont pêchés en tant que captures accessoires des filets maillants et sont consommés, du moins en Méditerranée. Ils ne préelle importance pour les pêches, mais sont néanmoins intéressants à des fins de conservation de la biodiversité. L'escolier serpent (Gempylus serpens), l'escolier noir (Lepidocybium flavobrunneum) et le rouvet (Ruvettus pretiosus) de la famille des Gempylidés, sont des espèces capturées à proximité des côtes, mais dont les migrations les mènent loin du littoral. Elles font partie des captures accessoires habituelles des pêches de thon à la palangre, de même que le lanciers (Alepisaurus ferox et A. brevirostris).


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