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Comment trouver de l'information sur l'après-récolte dans la jungle d'Internet

Par François Mazaud - Fonctionnaire principal, Service de gestion après-récolte, de la FAO

Biographie

François Mazaud est diplômé en agriculture (Ecole Nationale de Meunerie et des Industries des Céréales, Diplôme d'ingénieur d'État en industries des céréales, Paris, France) et en gestion (Université d'Aix en Provence, France).

François Mazaud est, depuis 1990, Fonctionnaire principal à la FAO, Responsable du groupe de gestion après récolte (AGSI) et Coordonnateur du programme spécial de prévention des pertes alimentaires (PFL).

Résumé de la communication

15 à 20% des grains cultivés dans le monde sont perdus avant consommation. L'amélioration des opérations après récolte permettrait de nourrir des millions de personnes de plus. C'est pourquoi les organisations internationales qui travaillent dans le secteur des systèmes après récolte ont manifesté le besoin de disposer d'un secrétariat de référence et d'animation qui permettrait de recueillir les informations et les expériences et de les diffuser largement. C'est ainsi qu'a été lancé INPhO (Réseau d'information sur les opérations après récolte). Aujourd'hui, INPhO compte plus de 30 000 dossiers. Le secrétariat est basé au siège de la FAO, à Rome, Italie.

Le site INPhO de la FAO couvre toute la chaîne de production, depuis la récolte jusqu'au recettes de cuisine issues du monde entier !

En se connectant à INPhO, les présentateurs de radio rurale peuvent consulter la librairie virtuelle, les bases de données, le Who's Who de l'après-récolte ou le bulletin d'information mensuel. Le site s'avère convivial, complet et interactif.

Information disponible à http://inpho_web/no_indeex/pres_eng/def_l.htm ou sur CD-ROM.


Produire de la nourriture en quantité suffisante, ce n'est que la moitié du chemin

L'action de la FAO contre les pertes après-récolte


PRODUIRE DE LA NOURRITURE EN QUANTITÉ SUFFISANTE, CE N'EST QUE LA MOITIÉ DU CHEMIN

Quelle part de vérité accorder aux rapports indiquant que plus 40% de la production vivrière est perdue avant d'être consommée, que si on réduisait les pertes de 5% on aurait de quoi nourrir des millions de personnes, ou encore que la nourriture ainsi perdue dans quelques pays en développement équivaut à des dizaines, voire des centaines de millions de dollars ?

Malheureusement, nombre de ces allégations sont vraies. Les facteurs qui conditionnent ces pertes sont si nombreux et se situent à des niveaux tellement différents de la chaîne de récolte, transformation, conservation, qu'on prend rarement conscience de l'importance globale du phénomène. Il est difficile de généraliser car la variation des pertes d'une année sur l'autre est importante. Une moyenne mondiale de 15 à 20% de grains perdus est probablement proche de la réalité. Si on examine la limite supérieure, on se rend compte que cette perte correspond à la perte d'un ou plusieurs des facteurs qui y ont contribué. Cela signifie que 20% de la terre, 20% de la force de travail et 20% des intrants (semences, engrais etc.) sont effectivement perdus.

Les difficultés que l'on rencontre à récolter, protéger et conserver des céréales ou des légumes sont antérieures à la production agricole organisée et existent depuis l'époque où les hommes vivaient de la cueillette de graines sauvages. Même les hommes préhistoriques se sont posé le problème de protéger autant que possible ce qu'ils cueillaient, en attendant que les produits saisonniers frais soient à nouveau disponibles. Les périodes d'abondance ne durent jamais longtemps et une fois qu'elles sont passées, il faut subsister avec ce que l'on a pu conserver, jusqu'à la prochaine récolte. Il est clair que tout - les grains, la viande, les fruits, les légumes, les noix, les baies et le fourrage pour les animaux - semble être disponible à peu près en même temps. La nourriture doit donc être conservée d'une saison sur l'autre, protégée des prédateurs et des moisissures et rester comestible. Dans beaucoup de sociétés, la survie de la population est liée à ce qu'elle peut récolter et conserver.

Depuis ces époques lointaines, les choses ont changé, notamment par le fait que la chaîne alimentaire, qui va du producteur au consommateur, est généralement constituée de composants spécifiques, même lorsqu'ils ne sont pas totalement intégrés. Chacun veut acheter au prix le plus bas possible et vendre au prix le plus élevé possible et donc, à chaque étape, on cherche des solutions alternatives. Les producteurs sont en général à la recherche de quantités. Les acteurs intermédiaires demandent habituellement à la fois quantité et qualité. Mais chacun recherche une qualité spécifique. Les différentes étapes demandent du travail, du temps et de l'énergie, ce qui fait monter les prix au fur et à mesure que l'on parcourt les éléments de la chaîne. Le problème évolue en permanence et aujourd'hui la demande porte surtout sur de la nourriture de bonne qualité à des prix contenus, mais les étapes intermédiaires de la production - récolte, traitement et conservation - sont de plus en plus coûteuses.

Les pertes physiques sont les problèmes les plus évidents dans la chaîne des pertes après récolte : larves d'insectes qui détruisent les grains de l'intérieur, pigeons qui les dévorent entièrement ou écureuils qui les emportent pour les consommer plus tard. Mais il existe d'autres formes de pertes, quelquefois difficiles à détecter. Il peut s'agir de pertes qualitatives, ce qui signifie une diminution de la valeur nutritive, ou de contaminations par la formation de substances comme les mycotoxines qui peuvent être dangereuses pour la santé humaine. Ces pertes après-récolte, qu'elles soient quantitatives ou qualitatives, appellent des interventions spécifiques qui, si elles ne sont pas entreprises correctement, peuvent conduire à la mort par empoisonnement ou à des famines.

Les agriculteurs disposent de moyens de contrôle de la production alimentaire, à travers l'approvisionnement en eau, en engrais ou la sélection des semences, par exemple. Il y a toutefois des facteurs sur lesquels ils n'ont pas de prise, comme les sécheresses, les inondations ou les attaques de ravageurs. Les pertes de grains ou de légumes peuvent être réduites de diverses façons : plus on consacre de moyens pour maintenir ou augmenter la durée de stockage des grains et des légumes et moins on aura de pertes, même s'il n'est pas réaliste de penser qu'on pourra les supprimer complètement. Aujourd'hui on peut protéger les récoltes des attaques de la plupart des insectes par des traitements chimiques ou par d'autres méthodes, plus naturelles et on a mis au point des méthodes efficaces pour réduire le taux d'humidité des grains par fumage ou en pulvérisant de fines couches de sable ou de cendres. Les prédations par les autres animaux sont mieux maîtrisées, par l'élimination des prédateurs concernés. La pire forme de dommages, qui est sans doute la plus facile à maîtriser, est celle qui est due aux micro-organismes. Un séchage et un stockage bien conduits peuvent pratiquement éliminer totalement l'activité micro-biologique. Des grains convenablement séchés ne germeront pas s'ils sont conservés dans de bonnes conditions.

Comment apporter des améliorations rationnelles

Comme nous l'avons vu, l'amélioration des systèmes après-récolte ne se réduit pas à une question technique, mais relève de la combinaison de différents facteurs qu'il faut traiter simultanément. Très souvent, la solution technique prise isolément n'est pas la solution la plus importante. Nous savons comment réduire les pertes, mais ce qui est important, c'est de transmettre ce savoir à ceux qui en ont besoin dans des formes accessibles et avec la possibilité de le mettre en œuvre. Au cours de la période récente, de nombreuses institutions de recherche et de formation ont consacré des ressources importantes à améliorer la combinaison des facteurs intervenant dans les systèmes de post production pour les principales cultures de base. Ceci a conduit à l'accumulation d'une quantité appréciable d'expériences pratiques et d'informations techniques utiles. L'analyse de cette information existante sur les systèmes de post production a montré que, toute importante qu'elle soit, elle n'est pas accessible sous une forme qui permette sa transmission à grande échelle.

Pour répondre aux besoins croissants en matière d'information sur les systèmes après-récolte, la FAO a participé à la création de PhAction, un forum mondial consacré à l'après-récolte, associant une dizaine d'institutions avec le but de créer et de développer des systèmes d'information après récolte et d'améliorer la recherche dans ce domaine. La FAO présente l'avantage de disposer d'un savoir multidisciplinaire, d'une couverture planétaire à travers ses pays membres et d'un rôle de facilitation à travers l'utilisation du courrier électronique, d'Internet, etc.

PhAction collabore avec une série de partenaires publics et privés dans les pays en développement pour partager l'information et assurer la mise au point et la diffusion de systèmes après récolte innovants. Bientôt l'adhésion à PhAction sera étendue aux principales institutions régionales de recherche, aux ONG stratégiques, aux entrepreneurs et centres d'agro-industrie.

Le lien entre tous les membres de PhAction sera assuré par une lettre d'information ainsi que par INPhO (réseau international sur les opérations après récoltes), qui est accessible à travers le site Internet de la FAO (www.fao.org/inpho). Ce site, qui accueille déjà plus de 10 000 visiteurs par mois, leur propose ses bases de données, ses documents et ses lettres d'information.

Un secrétariat d'INPhO sera mis en place au siège de la FAO à Rome et sera intégré au travail quotidien du service d'agro-industrie et de gestion après récolte (AGSI) qui couvre toutes les activités après-récolte et notamment la transformation agro-alimentaire, la conservation et la récolte. Toute l'information gérée par le secrétariat sera mise à la disposition des pays membres de la FAO et à d'autres acteurs, à travers des réseaux qui seront mis en place dans les différentes régions et pays.

François Mazaud est fonctionnaire principal au sein du service d'agro-industrie et de gestion après récole, FAO, Rome.

L'ACTION DE LA FAO CONTRE LES PERTES APRÈS-RÉCOLTE

Au fil des années et avec son programme spécial de prévention des pertes alimentaires, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a mis en place plus de 200 projets de prévention des pertes alimentaires. Ces projets ont débouché sur diverses approches de l'amélioration de l'efficacité des systèmes après récolte et permis la diminution des pertes alimentaires.

 

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