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La radio communautaire et rurale en Afrique du Sud

Par Mosotho Stone - Producteur radio, Réseau sud-africain d'information pour les radios communautaires (SACRIN)

Un projet du Forum national pour les radios communautaires (NCRF) & du Centre pour une communication démocratique (CDC), Johannesburg, Afrique du Sud

Biographie

Mosotho Stone est âgé de 25 ans. Il est diplômé en production de feuilletons radiophoniques (Institut pour la promotion du journalisme de Johannesburg), en radiophonie, en interprétation de scénarios et de production de films/télévision (Agence de programmes télévisés Topcast à Johannesburg). Mosotho Stone a été producteur, présentateur et coordinateur technique à Radio communautaire Buwa (à Soweto, Johannesburg) de 1996 à 1999. Il est actuellement responsable des projets spéciaux et de la production technique, auprès du Réseau sud-africain d'information pour les radios communautaires (SACRIN), un projet du Forum national pour les radios communautaires (NCRF)

Résumé de la communication

La communication montre la situation à laquelle sont confrontées les radios communautaires d'Afrique du Sud dans leur rôle d'appui au développement des communautés.

Les questions suivantes sont posées. Comment les radios communautaires d'Afrique du sud peuvent-elles diffuser des messages relatifs à l'éducation et au développement, l'agriculture représentant un aspect particulier du développement ? Comment promouvoir la participation des communautés, historiquement marginalisées sur les questions les plus cruciales ?

Depuis 1994, le secteur des radios communautaires a été souvent mobilisé pour la diffusion de ce type de messages et il a fait la preuve de son efficacité et de son impact.

La communication est divisée en trois parties.

Cette partie montre comment les radios communautaires peuvent être utilisées pour diffuser de l'information, car elles représentent le médium qui a le plus fort potentiel de pénétration et la meilleure accessibilité pour les communautés, particulièrement dans les zones les plus reculées du pays. Plusieurs types de programmations sont suggérés, sur la base du résultat des recherches effectuées par le réseau d'information des radios communautaires d'Afrique du sud (SACRIN), à travers son programme de production et de diffusion d'activités pour les stations de radio communautaire en Afrique du sud.

Il est ici question du nombre de programmes agricoles diffusés par les radios communautaires. La production agricole n'a jamais occupé une grande place dans ces radios pour diverses raisons, comme les délais d'obtention d'autorisations pour l'implantation de radios communautaires dans les zones rurales, l'absence de formation performante pour la production de programmes agricoles, et l'oppression que les agriculteurs ont subie avant l'arrivée de la démocratie en Afrique du Sud.

Un bilan des initiatives du secteur des radios communautaires pour introduire les nouvelles technologies utilisables à un coût abordable est dressé. Cette partie souligne quelques facteurs qui handicapent les progrès et la durabilité d'adoption des technologies de l'information et de la communication par le secteur des radios communautaires d'Afrique du Sud.

Radio Communautaire et Agriculture en Afrique du sud

Je tiens à remercier l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui a organisé cet atelier d'une grande importance pour les professionnels de la radio rurale et des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) au service du développement.

Je souhaite que l'atelier nous mène vers une utilisation plus vaste et efficace de la radio et des NTIC au service du développement dans le monde entier.

Tout d'abord, je tiens à préciser que je vous parle d'un point de vue tout à fait particulier. Je ne suis ni un universitaire, ni un expert en nouvelles technologies de l'information et de la communication, ni même un expert agricole.

Je ne suis en réalité qu'un speaker à la radio et j'ai travaillé ces cinq dernières années dans le secteur de la radio communautaire sud-africaine.

Ma seule expérience dans le domaine agricole remonte à mon enfance. En effet, j'ai été élevé dans la province sud-ouest de l'Afrique du Sud et suis allé tout jeune à l'école rurale tenue par des fermiers blancs. J'ai reçu une éducation agricole plus poussée en travaillant temporairement dans une famille d'agriculteurs. Maintenant, j'habite dans la ville de Johannesburg.

Je vous parle donc en tant que membre d'une radio communautaire sud-africaine, et en tant que sud-africain issu du monde rural. Rien de plus.

Les gens qui travaillent pour la radio communautaire sud-africaine utilisent une très vieille technologie de l'information et de la communication appelée radiodiffusion analogue.

Mais, bon nombre d'entre nous utilisent le courrier électronique pour communiquer avec d'autres radios et professionnels du secteur, voire naviguent sur Internet pour obtenir des informations. L'organisation pour laquelle je travaille actuellement, le Réseau sud-africain d'information pour les radios communautaires (SACRIN), utilise l'audio numérique satellitaire pour envoyer ses programmes aux radios communautaires dans tout le pays.

Mon avis sur les NTIC, je l'ai acquis en tant que membre d'une radio communautaire, qui se définit en opposition à la radio publique et à la radio commerciale. Contrairement à la radio publique et commerciale, le secteur sud-africain de radiodiffusion communautaire manque de ressources financières et humaines (compétences). Or, dans mon secteur, les NTIC sont hors de prix, en termes d'acquisition, de mise en place et de maintenance, compte tenu du coût des infrastructures et de la formation.

Notre plus grand défi dans le domaine de la radio communautaire sud-africaine - avec ou sans les NTIC - est le suivant : créer un contenu de qualité où une radio collabore avec sa communauté pour préparer des programmes reflétant et appuyant les objectifs de développement durable que s'est fixé la communauté. L'introduction des NTIC dans la radio communautaire doit réellement favoriser la programmation locale et le rôle de la station en matière de développement communautaire, sinon l'utilisation des NTIC ne sera pas renouvelée.

Je diviserai la suite de cet exposé en trois parties :

  1. Le rôle important que la radio rurale peut jouer - pour refléter la situation locale et la participation de la communauté - dans les radios communautaires d'Afrique du Sud, situées en zone urbaine ou rurale
  2. La situation actuelle de la radio rurale dans le secteur de la radio communautaire sud-africaine
  3. Les efforts réalisés par la radio communautaire sud-africaine pour aider les stations à diffuser informations et programmes, en utilisant les NTIC.

1. Le rôle de la radio rurale dans la radio communautaire

L'agriculture est une composante importante de l'économie sud-africaine, mais elle a été longtemps dominée par les Blancs, en termes de participation et de représentation. Les communautés démunies sud-africaines émergent lentement mais sûrement dans l'industrie agricole, avec une aide du gouvernement encore insuffisante. Ces communautés ont besoin d'aide, surtout dans le domaine de l'éducation et de l'information, pour développer quelque chose par elles-mêmes.

On peut penser que la radio communautaire a un rôle crucial à jouer - car c'est le moyen de communication le plus proche et le plus accessible aux communautés - pour diffuser des programmes éducatifs et d'information aux personnes qui s'intéressent aux questions d'agriculture et d'environnement.

Récemment, je discutais avec des professionnels de l'industrie agricole et avec des membres de communautés ; ils ont identifié les questions d'agriculture et d'environnement qui méritent d'être traitées par les communautés sud-africaines. Et la radio communautaire peut être un moyen utile de traiter les questions suivantes :

Différents types de programmes radio - tels que les émissions publiques en direct/par téléphone, les documentaires et les courtes annonces et spots publicitaires - pourraient être utilisés en fonction de leur impact sur le public.

Selon mon expérience à la radio communautaire sud-africaine, les émissions publiques en direct/par téléphone ont un impact considérable parce qu'elles donnent aux gens la possibilité de se faire entendre au cours de discussions centrées sur un thème particulier.

Les programmes comportent des discussions de groupe et des interviews avec des invités en studio. Le public peut y participer soit par téléphone, soit en assistant au spectacle. Il peut s'agir de concours et de jeux avec des prix pour les personnes qui appellent.

2. La situation actuelle de la radio rurale

Il existe très peu de programmes de radio rurale sur les stations de radio communautaire en Afrique du Sud.

La majorité des stations étaient, jusqu'à récemment, basées dans les villes. Heureusement, de plus en plus de stations rurales ont obtenu, ces deux dernières années, des licences pour radiodiffuser. Ces nouvelles stations, une fois implantées, pourraient donner aux programmes de radio rurale l'impulsion dont elles ont besoin. Ce qui ne signifie pas que les stations urbaines n'aient pas leur rôle à jouer.

Certaines stations reçoivent des scénarios et d'autres matériels d'information agricole du Réseau des radios rurales pour les pays en développement (DCFRN) installé au Canada.

D'autres reçoivent du Ministère de l'agriculture des cassettes préenregistrées.

Le Réseau sud-africain d'information pour les radios communautaires (SACRIN) envisage actuellement un partenariat avec le Ministère de l'agriculture pour promouvoir, dans les stations communautaires, des thèmes liés aux questions rurales, par des programmes en direct ou préenregistrés.

En règle générale, la radio rurale a un long chemin à parcourir sur les ondes de la radio communautaire sud-africaine.

Les programmes de radio rurale sont occultés par d'autres questions urgentes, comme la santé, l'éducation, l'eau, l'électricité, la sécurité et le chômage. Et à l'échelle de chaque station radio, il existe un réel besoin de former les équipes à la production de programmes de radio rurale.

3. L'utilisation des NTIC par le secteur de la radio communautaire sud-africaine

L'organisation pour laquelle je travaille, le Réseau sud-africain d'information pour les radios communautaires (SACRIN), est un projet commun du Forum national pour les radios communautaires (NCRF) et du Centre pour une communication démocratique (CDC).

Le Forum national pour les radios communautaires (NCRF), créé en 1993, est la maison-mère des radios communautaires sud-africaines. Il comprend 90 stations de radiodiffusion communautaire dont 50 émettent actuellement.

Le partenaire du NCRF au sein du projet SACRIN, le Centre pour une communication démocratique, a été créé en 1994-1995 pour servir les projets communautaires en Afrique du Sud.

Ces deux organisations sont basées à Johannesburg, de même que les salles de rédaction et les studios du SACRIN.

SACRIN peut diffuser par satellite de façon numérique et faire du montage de son en numérique ; il utilise également le courrier électronique et Internet. Depuis 1997, nous avons diffusé des programmes en direct ou préenregistrés de même que des spots radio, via satellite, vers les radios communautaires dans tout le pays.

Actuellement, les programmes SACRIN par satellite ne sont diffusés que dans un sens seulement : depuis les studios SACRIN vers les stations radio. Il existe 28 radios communautaires couvrant les neuf provinces qui diffusent des programmes en direct ou préenregistrés de SACRIN via satellite. Mais les radios ne peuvent transmettre par satellite : elles peuvent envoyer leurs informations au studio SACRIN seulement par téléphone, par télécopie ou par la poste.

Le personnel de quelques studios SACRIN et de certaines radios a commencé à recevoir une formation en matière de transmission de programmes audio/scénarios par Internet. On espère que d'ici 2002, le studio SACRIN de Johannesburg pourra recevoir des dossiers audio et des scénarios via Internet provenant des radios communautaires disséminées dans le pays. Le studio du SACRIN émettra par chaîne satellite et sur les sites Web Internet ou FTP vers les stations qui téléchargeront et diffuseront. En outre, les stations pourront échanger leurs dossiers audio et leurs scénarios entre elles, ou par les pages Internet communes à plusieurs radios d'une même région, sans passer par le studio SACRIN.

A l'avenir, on espère que de nombreuses stations SACRIN pourront naviguer plus souvent sur Internet et par courrier électronique pour le travail de recherche, et même pour prendre contact avec les bailleurs de fonds, les partenaires de projets, etc.

Plusieurs stations au KwaZulu-Natal ont déjà démarré un projet pilote où elles échangent des idées, des informations, des scénarios et des programmes audio sur Internet. Le projet est financé par un donateur basé en Afrique du Sud.

Le projet Internet du « Women'sNet », basé à Johannesburg, a mis au point, avec l'aide d'un donateur, un site FTP sorte de bureau central de radio communautaire, qui est connecté à sa page Web.

L'introduction des NTIC peut être amenée à se développer dans le domaine de la programmation radio rurale sud-africaine, si cela est nécessaire et pertinent.

Mais le développement de ces NTIC ne réussira que si cet effort technologique est viable tant sur un plan financier qu'humain (besoins de formation). La plupart des radios ne sont pas solides financièrement et la plupart des employés des stations ne sont pas qualifiés en matière de NTIC. Pour introduire les NTIC, on compte sur les donateurs et sur « l'assistance d'experts ». Cette dépendance représente un énorme obstacle à surmonter pour que les NTIC soient utilisées de façon dynamique et durable dans le secteur.

Nous, qui représentons la radio communautaire sud-africaine, nous engageons à utiliser les NTIC pour améliorer la performance des radios. Mais surtout nous nous engageons en faveur du développement durable, non seulement des radios, mais aussi des communautés qu'elles servent.

 

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