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1. Vue d’ensemble

Toute politique de gestion durable des écosystèmes forestiers doit se définir dans les perspectives de la collecte et de l’analyse des données sur les produits forestiers en vue des prises de décisions pertinentes au cours de la formulation et de la planification des actions et/ou programmes à entreprendre.

En République de Guinée, malgré les efforts louables pour la fourniture des données statistiques sur les produits forestiers, il subsiste encore des insuffisances liées à leur disponibilité et à leur fiabilité. C’est ce qui constitue des obstacles majeurs pour toute conception de stratégie de développement viable du secteur forestier. Les conséquences qui découlent d’une telle situation sont la conduite et l’entretien d’une planification erronée de l’exploitation des produits ligneux.

Il est évident que le choix des stratégies d’aménagement est lié à la connaissance des conditions locales, l’état de la forêt et de ses produits, les aspects biologiques et technologiques, les contraintes économiques liées à la production, la consommation et le commerce du bois.

Les deux dernières décennies ont connu des sentiments partagés face à la problématique d’exploitation, de valorisation, de commerce de produits forestiers dont les efforts et les effets sont difficiles à cerner sur le plan statistique.

La méconnaissance des prix des bois sur pied et même exploités et les erreurs faciles à commettre sur les prévisions de production et commercialisation rendent incertaines les données statistiques de façon générale sur les produits ligneux et dérivés.

Certes depuis l’avènement de la 2ème République, des efforts louables ont été déployés pour la promotion de la forêt et de son environnement.

Beaucoup de projets se sont investis dans la collecte d’informations dans le cadre des actions soutenues et durables des programmes d’aménagement entrepris sur toute l’étendue du territoire. Les inventaires réalisés par les organismes internationaux et les partenaires au développement n’ont pas connu de continuité ce qui rend douteux les paramètres dendrométriques recensés, par conséquent inaptes pour l’élaboration des données de base pouvant servir à la gestion actuelle ou pour la confection des plans d’actions à entreprendre à moyen et à long terme.

De nos jours encore, il est très difficile de fournir une statistique crédible sur nos produits forestiers et l’envergure de leur exploitation, d’autant que les renseignements disponibles sont soit partiels, soit révolus ou d’une fiabilité douteuse parce que basés sur des données très agrégatives ou sur des hypothèses mal étayées. Aussi les produits forestiers dans leur gamme riche et variée sont de plus en plus exposés non seulement à la forte demande pour les besoins domestiques mais aussi et surtout aux emprises à appétit de gain immédiat auxquelles se livrent beaucoup d’exploitants qui méprisent les normes définies et les scieurs non autorisés opérant en toute illégalité.

La définition des produits forestiers, la détermination de leur valeur en terme économique, leur nature, leur usage, le volume de leur prélèvement à l’échelle nationale, la quantité de leur importation et exportation pose des problèmes très complexes dont la gestion ne peut être évaluée en dehors des systèmes plus vastes. Les dynamiques rurales, l’évolution des réalités macro-économiques (fluctuation de la valeur monétaire, l’endettement, le prix des produits de base, les mesures d’ajustement structurel etc.…) sont autant d’éléments qui influencent de façon déterminante le rythme et le volume de l’exploitation des produits forestiers.

Les statistiques fournies tant sur le volume sur pied que sur la consommation des produits forestiers dans toute leur gamme semblent être très éloignées de la réalité ou elles sont fournies à titre indicatif.

Dans tous les cas de figure, les forêts à travers leurs multiples fonctions et productions ont joué et continuent de jouer un rôle clé dans le développement socio-économique de notre pays. Les produits forestiers ligneux et dérivés récoltés non seulement pour la consommation intérieure mais aussi pour l’exportation, représentent une part importante à l’échelle macro-économique. Malheureusement, leurs valeurs réelles, leur nature et leurs usages ne sont pas tout à fait évalués avec clarté. Dans le même cadre une insuffisance part du fait que jusqu’à présent les études menées sur les produits forestiers ne se sont appuyées que sur les emplois classiques des produits ligneux (bois d’œuvre, bois énergie, bois de service). En dehors de ceux-ci, nous avons la récolte du miel, du caoutchouc, des fruits, des plantes médicinales des produits d’origine animale, des aliments du fourrage etc.…. dont le volume, la valeur sortent de toute évaluation économique.

Aussi, un aspect de la production forestière non des moindres qui n’est pas du tout évalué en terme financier est l’utilisation des fonctions spéciales : régulation du climat, de la production, de la conservation et de la régulation des cours d’eau, de la santé et d’hygiène, de la récréation et du loisir dans le cadre touristique.

Malgré toutes ces sous évaluations, toutes ces incertitudes et insuffisances, le Ministère du Plan et de la Coopération (1999) nous fournit la participation de la forêt au P.I.B. pour quelques années.

 

Tableau N°1 : Contribution de la forêt au P.I.B. de 1994 à 1998

Année

1994

1995

1996

1997

1998

Contribution. en %

2,24

-

2,20

2,15

2,11

Source Ministère du Plan et de la Coopération 1999.

1.1. Situation des produits forestiers

La République de Guinée avec une répartition régionale inégale selon les zones écologiques, les formations forestières naturelles totalisent encore de nos jours une superficie d’environ 13.186.000 d’ha couvrant 53,66% du territoire national.

 

Tableau N°2 : Les formations naturelles.

Types de formation

Superficie en ha

% du territoire naturel

- Mangroves

- Forêts denses humides

- Forêts denses sèches et forêts claires

- Savanes boisées

260.000

700.000

1.600.000

10.636.000

1,02

2,85

6,51

43,25

Total

13.186.000

53,63%

Source GTZ (2000)

Quant aux plantations, leur surface est paradoxalement incertaine pour les raisons suivantes :

Un certain nombre de plantations ont été réalisé sur les périmètres de reboisement enregistrés ou non, inclus ou non dans le domaine classé.

Certaines plantations notamment celles qui sont réalisées par les ONG et les privées sont mal répertoriées.

Certaines plantations ont disparu par l’effet des feux de brousse et le manque d’entretien.

D’après le rapport annuel de la Direction Nationale des Eaux et Forêts (DNEF 1995) il y aurait 7.303,91 ha de plantation réussie. La répartition spatiale de ces plantations n’est pas spécifiée.

Selon le plan d’action forestier tropical (PAFT 1988) les 13.186.000 ha de forêts naturelles contiendraient un volume de 418.000.000 de m3. Sur la base des hypothèses avec des accroissements théoriques variant entre 17 à 32.000.000 m3.

Tableau N°3 Estimation pour les volumes sur pied :

 

Types de formations forestières

 

Mangroves

Forêts denses humides

Forêts denses sèches

Savanes boisées

Total

Surfaces x 100 ha

250

700

1600

10600

13.150

Volume sur pied m3/ha

30

170

50

20

 

Volume to-tal sur pied en Millions de m3

7,5

119

80

212

418,5

Accroissem. Annuel moyen en m3/ha/an

5 à 8

3 à 6

2 à 3

1 à 2

 

Accroissem. total x 1000 m3

1250 à 2000

2100 à 4200

3200 à 4800

10.600 à 212.000

17.150 à 32200

Source PAFT/Annexe 1. 1988.

Mackinnon et Mackinnon (1986) cité par Roger W. (1996) déclare qu’originellement la forêt guinéenne à l’exception des mangroves couvrait environ 18.200.000 ha soit 74% du pays.

Selon l’auteur, plusieurs estimations de la couverture forestière ont été publiées mais elles ne concordent pas en raison des différences méthodologiques et d’une situation en évolution rapide.

La FAO (1988) cite l’auteur, estimait qu’il restait 2.050.000 ha de forêts denses de feuillues dans le pays en 1980 tandis qu’à la même époque la République de Guinée en 1987 n’annonçait plus que 1.075.000 ha de forêts à couvert dense ou moyennement fermé selon Atlanta Consult (1989) et de 400.000 ha de forêts denses selon Esteve et al. (1986).

Les plus grandes surfaces restantes et les seules à contenir de grands pans de forêt primaire sont les réserves forestières de Ziama (112.300 ha dont 75.000 ha de haute futaie) et de Diécké (55.600 ha dont 52.000 ha de haute futaie).

Les inventaires ont montré que les réserves exploitables de bois d’œuvre de la Guinée Forestière s’élèvent actuellement à 10,1 millions de m3 sur une surface de 1.250.000 ha dont la grande partie est dispersée dans les forêts claires (Atlanta Consult, 1989)

Les statistiques sur les produits forestiers sont très complexes. Cette complexité s’explique par le nombre d’usages et de variables qui rentrent en jeu.

Dans la présente étude, nous utiliserons dans le souci d’uniformiser et de rationaliser la fourniture d’informations aux organisations internationales, la terminologie, les définitions, la nomenclature et la classification des produits forestiers.

Selon le questionnaire sur le secteur forestier (FAO, 1998), ces termes et définitions sont ceux harmonisés en se référant au système harmonisé du conseil de coopération douanière (SH 96) et à la révision 3 de la classification type pour le commerce international des Nations Unies (CTCI rev. 3 janvier 98).

1.1.1. Les bois ronds :

Le bois rond est le bois à l’état naturel tel qu’il a été abattu ou récolté autrement avec ou sans écorce, fendu, grossièrement équarri ou sous une autre forme. Il peut être également imprégné et dégrossi ou taillé en pointe. Cette catégorie comprend tous les bois provenant des arbres poussant hors forêt y compris le volume récupéré sur les déchets naturels et les déchets d’abattage et de transport pendant la période envisagée. Les produits considérés sont les grumes de sciage et de placage, le bois des mines, les bois de trituration, les autres bois ronds d’œuvre et d’industrie, et le bois de chauffage.

Au niveau national et local, la production et la consommation du bois rond se concentrent surtout sur :

Le bois de chauffage (y compris le bois de carbonisation)

Le bois rond industriel (bois brut).

1.1.1.1. Bois de chauffage :

Le bois de chauffage et le charbon de bois sont les seuls combustibles d’origine local les plus utilisés en Guinée. Ils représentent plus de 98% de l’énergie totale utilisée par les ménages. Le bois de chauffage est beaucoup plus utilisé que le charbon de bois à l’échelle nationale.

La consommation des bois de chauffe des ménages ruraux représente 60% de la consommation nationale. La collecte est assurée par les membres de la famille (généralement femmes et enfants).

Dans les zones urbaines, le bois de feu est le plus souvent acheté, mais la proportion des familles achetant leur bois est variable. Elle est plus faible dans les petites agglomérations ou les habitants peuvent ramasser ou récupérer à partir des arbres, arbustes, détruites naturellement ou à la suite des défrichements.

Dans les grandes villes l’achat du bois de chauffe atteint 80% et pratiquement 100% à Conakry.

1.1.1.2. Bois rond industriel :

Cette rubrique comprend tous les bois ronds sauf le bois de chauffage (grumes de sciage et placage, bois de trituration et autres bois ronds industriels).

La production du bois industriel a pris de l’importance après la levée de l’interdiction de l’exploitation industrielle au début des années 90. La modernisation de l’habitat et du mode de vie a crée des besoins et des usages nouveaux et variés surtout en bois d’œuvre (construction, ameublement, ponts etc.…) et bois de service (perches, poteaux potelets, piquets et gaulettes etc.…) pour les constructions.

La production du bois rond est assurée essentiellement par des exploitants artisanaux (2/3 des exploitants agrées) à la hache et scie, mais surtout les tronçonneurs et scieurs de long travaillant avec des tronçonneuses à côté d’un tiers d’exploitants industriels produisant des grumes pour sciage et placage destinés soit à l’exportation soit à la transformation sur place par quelques scieries locales.

Selon les estimations faites par PAFT (Plan d’action forestier tropical) citées par Djiramba D. et col. (1999) depuis 1987 le volume équivalant en bois rond est de l’ordre de 275.000 m3 pour une disponibilité théorique de 1.000.000 de m3. Ce chiffre très approximatif et hypothétique, souligne l’auteur correspondrait à une consommation de 67,2 dm3 par habitant des zones rurales.

Le même auteur poursuit que les besoins pour l’an 2000 ont été estimés au maximum à 500.000 m3.

1.1.1.2.1.Grumes de sciage et de placage :

Cette catégorie comprend les grumes grossièrement équarries ou non, à scier ou à fendre longitudinalement pour la fabrication de sciage ou de travers de chemin de fer. Sont également inclus les grumes pour la production de placage par déroulage ou par tranchage. Les bûches destinées à la fabrication des allumettes sont comprises. Les grumes pour sciage et placage occupent une place importante dans la production nationale de bois et dérivés. Elles viennent en 3ème place après le bois de chauffe et le charbon de bois.

Généralement connues sous l’appellation de bois d’œuvre, les grumes de sciage et de placage sont destinées soit à l’exportation soit essentiellement à la transformation locale en sciage (madriers, bastings, chevrons, planches).

1.1.1.2.2. Bois de détrituration, rondins et bois fendus (néant).

1.1.1.2.3. Autres bois ronds industriels.

Cet agrégat comprend en particulier les bois ronds utilisés pour la tige d’allumettes, poteaux et généralement ce qui est dénommé en Guinée bois de service (perches, piquets, gaulettes et potelets, etc.…) utilisés localement dans le bâtiment pour échafaudage, coffrage dans la construction artisanale comme piquet, traverses ainsi que dans les habitations, dans l’agriculture et l’élevage pour la confection des clôtures.

Cette catégorie occupe la 4e place dans la production et consommation de bois rond au niveau national. Selon les estimations de l’office guinéen de bois (OGUIB, 1998) la production/consommation de bois de service varie entre 45.000 à 50.000 m3 par an. La moyenne annuelle à partir de 1994 est de 45.000 m3.

Les emplois de ces bois, en général utilisés en état c’est à dire non peu transformés sont très nombreux et si diversifiés qu’il est difficile de les énumérer même incomplètement. On les regroupera très sommairement en 4 grandes sous catégories.

Perches : de petits ou moyens diamètres 5 à 10 cm au milieu, long de 3 à 5 m pour toiture, échafaudage etc.…

Poteaux : du plus fort diamètre de 10 à 20cm au milieu, long de 5 à 12m pour hangars, lignes électriques et téléphoniques, ponts rustiques etc.…

Piquets : diamètres très variables de 8 à 40cm, long jusqu’à 2m. Ils sont utilisés pour clôtures et supports de barbelés y compris les bois tordus pour les tapades sèches et lourdes de certaines régions de savane et des compléments pour les tapades vives.

Divers : ils comprennent les supports des plantes rampantes, des brindilles pour diverses fins domestiques, les cure-dents, les bambous et rotins qui sont de plus en plus prisés sur le marché de Conakry et certaines grandes villes du pays.

1.1.2. Charbon de bois :

Bois carbonisé par combustion partielle ou par l’application de chaleur de source externe utilisé comme combustible ou à d’autres fins.

Le charbon de bois est le 2ème combustible d’origine locale après le bois de chauffage. En Guinée le charbon de bois s’obtient en forêt par carbonisation du bois dans des fours en terre.

L’utilisation du charbon de bois est très intense dans les zones urbaines et surtout à Conakry qui consomme plus de 80% de la totalité du charbon produit. Utilisé à des fins domestiques notamment pour la cuisson avec le fourneau malgache. Plus de 80% des ménages de la capitale possède au moins un fourneau et 60% des mêmes possèdent deux ou plus de fourneaux.

La consommation nationale du charbon de bois au cours de ces 5 dernières années est de l’ordre de 30.000 tonnes par an.

1.1.3. Plaquettes et particules (néant)

1.1.4. Résidus de bois.

Déchets de bois qui n’ont pas été réduits en petits fragments. Ils sont constitués essentiellement de déchets d’industries : déchets de scierie, dosse, délignure, sciure, écorce, déchets de charpente et de menuiserie etc.… Cette catégorie de bois a commencé à prendre de l’ampleur dans son usage par son volume de production d’une part et d’autre part par son utilisation dans les foyers améliorés

A cause de la pénurie de bois de chauffage dans les centres urbains, sans oublier qu’elle est gratuite au niveau de la plupart des menuiseries.

Les contours sont encore très mal connus puisqu’ils échappent encore à toute investigation. Cependant, cette année un projet soutenu par l’UNESCO est entrain d’étudier les possibilités d’usage des résidus de bois à Mamou dans la fabrication de la pâte à papier pour alimenter la presse de cette localité.

1.1.5. Les sciages :

En Guinée le sciage est essentiellement constitué de produits en plot ou en avivée (madriers, basting, chevrons planches, lattes) obtenus au cours de la première transformation du bois d’œuvre (grume). Les sciages sont utilisés dans le bâtiment, la menuiserie, le coffrage les ponts et l’ameublement.

Les scieries produisent 1 à 2 % de la consommation nationale soit 2 à 3000m3 et le reste est fourni par les scieurs de long. A défaut de la production locale de sciage de qualité, des importations ont lieu à partir du Gabon et de la Sierra Léone par voie maritime (environ 1600m3 de sciage et contre-plaqué/an).

La consommation nationale de sciage est estimée à environ 120.000m3/an soit 0,015m3/habitant/an. Selon la GTZ dans projet conseiller forestier (2000).

1.1.6. Panneaux à base de bois.

Nous avons sous cette rubrique les feuilles de placage, les contre-plaqués, les panneaux de particule et de fibre. Cette catégorie est importée en totalité. Les importations pour 1997 et 1998 sont respectivement de l’ordre de 3216m3 pour 1.820.378.208 FG et 3512m3 pour 2.017.742.336 FG pour panneaux et contre-plaqués tous confondus.

1.1.7. Pâte de bois

1.1.8. Pâte, autres fibres (néant)

1.1.9. Vieux papiers

1.1.10. Papiers et cartons

Cet agrégat comprend :

Le papier journal, autres papiers d’impression et écriture, autres papiers et cartons, mais non les objets fabriqués avec du papier.

L’augmentation du niveau de vie des populations, surtout l’accroissement du taux de scolarisation et d’alphabétisation ont entraîné une hausse conséquente dans la consommation nationale des papiers et cartons.

Les quantités importées pour les années 1997 et 1998 sont respectivement dans l’ordre de 5,475t.m et 5.893t.m de papiers et cartons toutes catégories confondues.

 

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